Comment éduquer les jeunes aux médias ? - Partie analytique Romuald Mazy Dresse E. Murhula Nashi Communication 2019 - 2020 Août 2020 ...
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Comment éduquer les jeunes aux médias ? Partie analytique Romuald Mazy Dresse • E. Murhula Nashi • Communication • 2019 - 2020 • Août 2020
Table des matières Introduction… 5 Contextualisation… 9 Cadrage du projet… 15 Objectifs de communication… 23 Aspects juridiques… 26 Études d’opportunités : besoins et/ou demandes… 28 Analyse de la concurrence… 28 Analyse du public cible, segmentation et ciblage… 34 Partenariats potentiels … 36 Partenariats financiers… 37 Mode de financement… 38 Annexes… 39 Bibliographie… 42 Webographie… 42
Je souhaite adresser mes remerciements à toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation de cet ouvrage. Je suis reconnaissant auprès de Thibaut Coeckelberghs, pour son œil expert de communicant et d’éducateur aux médias. Je tiens également à remercier chaleureusement Camille Balseau, pour son apport et son soutien indéfectible tout au long de ce travail. J’exprime également ma gratitude envers Vincent Herregat, Adrienne Thiéry, Caroline Sonkes, et Jonathan Fischbach, d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes interrogations. Je remercie également Romain Van Laethem et Yves Dresse, pour leur soutien durant toutes ces années d’étude ainsi que durant la réalisation de ce travail. Je tiens à remercier Axel Druart, qui m’aura aiguillé et guidé au début de ce travail. Je souhaite particulièrement remercier monsieur Murhula Nashi, professeur et promoteur à l’Institut supérieur de formation sociale et de communication.
Introduction La question de recherche est la suivante : « Étant donné que l’information médiatique propage le néolibéralisme comme idéologie dominante et réduit la critique de notre modèle sociétal, quel outil de communication adopter afin d’éduquer le jeune public à être critique envers la propagande médiatique ? ». Il a été décidé de proposer une valise pédagogique à destination des enseignants et de l’ASBL Comme un lundi afin que les différents acteurs de l’enseignement du secondaire puissent éduquer les jeunes aux médias. L’éducation aux médias est définie comme « l’éducation visant à donner la capacité à accéder aux médias, à comprendre et apprécier, avec un sens critique, les différents aspects des médias et de leur contenu et à communiquer dans divers contextes. » Qu’est-ce que Par messages médiatiques, on entend « le contenu informatif et l’éducation aux créatif des textes, sons et images véhiculés par divers moyens de médias ? communication y compris la publicité, dont la télévision, le cinéma, la vidéo, les sites web, la radio, les jeux vidéo et les communautés virtuelles ». 1 1• Conseil Supérieur de l’Éducation aux Médias (CSEM). L’éducation aux médias en 10 questions. [PDF]. Octobre 2011. Editeur responsable : ROOSEN Tanguy. URL : http://www.educationauxmedias. eu/sites/default/files/files/2011-09-26-brochure_10_questions.pdf Date importante dans 05.06.2008 • Décret portant sur la création du Conseil supérieur de le développement de l’Éducation aux Médias et assurant le développement d’initiatives l’éducation aux médias et de moyens particuliers en la matière en Communauté française en Belgique Une mallette pédagogique est un outil de médiation mis à disposition des écoles, bibliothèques, et autres. Elle est composée Qu’est-ce d’outils polyvalents, multisensoriels et ludopédagogiques. Elle qu’une mallette est adaptable à plusieurs tranches d’âges. Elle propose des outils pédagogique ? et activités éducatives aux enseignants. C’est donc un support à disposition des établissements scolaires. 2 2 • Ludivine. Qu’est-ce qu’une malle pédagogique ? In : Miam Projet. Autour de la miam [en ligne]. Disponible sur : http://miamprojet.blogspot.com/2012/12/quest-ce-quune-malle-pedagogique.html (consulté le 08 août 2020). L’information médiatique… pour aller plus loin Le sujet de ce TFE se concentre essentiellement sur l’information telle qu’elle est donnée au travers des grands médias. Il s’agit donc d’expliquer aux jeunes élèves et étudiants le fonctionnement de ceux- ci, leurs objectifs, le système d’autocensure et de démontrer qu’ils ne sont pas un contre-pouvoir, mais bien les chiens de garde du système . Nous verrons un peu plus loin, lors de l’analyse de la concurrence 3 et des solutions déjà existantes, pourquoi ces dernières ne sont pas assez efficaces et la nécessité de proposer des solutions nouvelles avec des modes de financement indépendants des structures étatiques et médiatiques en place. Noam Chomsky et Edward Herman expliquent, dans leur essai intitulé « La fabrication du consentement » : « Nous avons toujours défendu l’idée que le fonctionnement « naturel » de tels 4 mécanismes (médiatiques. NDLR) laissant sporadiquement apparaître des faits dérangeants dans les strictes limites de présupposés intangibles, tout en excluant les points de vue plus fondamentalement dissidents (qui peuvent s’exprimer dans la presse alternative), sont à la base d’un système de propagande infiniment plus crédible et efficace qu’un système de censure officielle au service d’un ordre du jour patriotique. » 3 • BALBASTRE Gilles, KERGOAT, Les nouveaux chiens de garde [DVD]. Paris : Epicentre films, 2012. 104 4 • CHOMSKY Noam, HERMAN Edward, La fabrication du consentement, Marseille : Agone, 2009, 662 p. (ISBN : 978-2-7489-0071-9) 5
Ce que les auteurs du livre expliquent ci-dessus c’est la finesse et le caractère ténu du fonctionnement médiatique. Cela démontre à quel point il est impératif de donner aux jeunes les connaissances, les codes et les grilles de lectures afin de pouvoir assimiler le contenu médiatique en connaissance de cause et d’en faire des citoyens avisés et responsables. Le néolibéralisme Du latin neo qui signifie nouveau et liberalis, qui signifie généreux, noble et digne. On retrouve aussi la notion de personne libre dans l’étymologie du néolibéralisme. Le Monde diplomatique définit le néolibéralisme comme suit : « Le néolibéralisme désigne le renouvellement des thèses économiques libérales qui ont inspiré les politiques économiques des pays occidentaux. Ces politiques, devenues dominantes, ont pour objet de créer un environnement propice à l’afflux des mouvements de capitaux — source d’épargne disponible pour l’investissement —, par la dérégulation des marchés, la réduction du rôle de l’État, des dépenses publiques et de la fiscalité (en particulier au bénéfice des entreprises), un contrôle strict de l’évolution de la masse monétaire pour prévenir les effets inflationnistes, la privatisation des entreprises publiques et l’abaissement du coût du travail. »5 Caractéristiques du néolibéralisme : • Une limitation du rôle de l’État dans les matières économique, sociale et juridique • L’ouverture de plusieurs nouveaux domaines d’activité à la loi du marché • Une conception de l’individu comme « entrepreneur de lui-même » c’est-à-dire en tant que « capital humain » qu’il doit développer s’il parvient à s’adapter Pour que le libéralisme s’ancre dans nos esprits, la télévision joue son rôle en invitant , plus de 300 fois, 6 sur deux années, de septembre 2008 à décembre 2010, 3 économistes, tous appartenant de près ou de loin à de grands groupes financiers, à savoir : • Christian de Boissieu • Alain Minc • Daniel Cohen En revanche, deux autres économistes, moins habitués au plateau télé (suite à leurs opinions pas assez « libérale »), à savoir Frédéric Lordon et Jean Gadrey. Ils ont, pour leur part, été invités 21 fois sur un 7 plateau de télé à la même période. Il est important de noter que les partisans du néolibéralisme (à savoir l’immense majorité des économistes présents sur les plateaux de télévision) le présente comme faisant l’objet d’un consensus et comme immuable. Il n’y a pas d’autres alternatives possibles. Ses conséquences (fermetures d’entreprises, croissance quasi nulle, chômage en augmentation, augmentation des travailleurs pauvres…) sont présentées comme des phénomènes inévitables. Plusieurs reproches sont adressés au néolibéralisme : • Un accroissement progressif des inégalités sociales (augmentation de la précarité) • Une réduction de la souveraineté nationale • Freine le développement des pays les plus pauvres • Entraine une transformation de l’humain vers une valeur marchande 5 • Néolibéralisme. In : Le Monde diplomatique. Néolibéralisme [en ligne]. Disponible sur : https://www.monde-diplomatique.fr/index/sujet/neoliberalisme (consulté le 8 juillet 2018) 6 • BALBASTRE Gilles, KERGOAT, Les nouveaux chiens de garde [DVD]. Paris : Epicentre films, 2012. 104 7 • USUL2000, L’Economiste (Frédéric Lordon). (2014), France. In : YouTube (31 min), 30 octobre 2014. Disponible sur : https://youtu.be/87sEeVj057Q (consulté le 19 mai 2017). 6
Modèle de propagande Dans son livre « La fabrication du consentement », Noam Chomsky et Edward Herman définissent les médias comme suit : « Un système qui sert à communiquer des messages et des symboles à la 8 population. Ils ont vocation à distraire, amuser, informer, et à inculquer aux individus les valeurs, croyances et codes comportementaux qui les intégreront aux structures sociales au sens large. » Une fois cette définition ingérée, nous pouvons aller plus loin en résumant le modèle de propagande décrit dans cet ouvrage. Au sein de nos sociétés, il est difficile d’observer le fonctionnement d’un système de propagande lorsque les médias sont des grandes entreprises privées et où la censure officielle se fait quasi inexistante. Afin de résumer au mieux le modèle de propagande, il est nécessaire de comprendre qu’une information, avant d’être publiée, passe par plusieurs filtres que voici : 1 • Taille, actionnariat, fortune du propriétaire du média et orientation lucrative 2 • Poids de la publicité et des annonceurs 3 • Poids des sources gouvernementales ou économiques et des « experts » financés et adoubés par ces sources primaires et agents de pouvoirs 4 • Les moyens de contre-feux permettant de discipliner les médias 5 • La lutte contre l’« islam » et la « guerre au terrorisme » comme religion nationale et mécanisme de contrôle MM. Chomsky et Herman expliquent ensuite que tous ces déterminants interagissent et se renforcent mutuellement. La matière première de l’information passant successivement par ces différents filtres pour au final se réduire à « un résidu aseptisé prêt à être publié ». Ces filtres déterminent donc l’interprétation de l’information après avoir défini précisément ce qui constitue une information valable et rendent compte des fondements des processus produisant l’équivalent des campagnes de propagandes les plus efficaces. Analyse de l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur l’environnement médiatique L’éducation aux médias est un enjeu essentiel de la société de demain. Avec une exposition aux médias toujours plus grande suite à l’explosion des réseaux sociaux. Le site Digimedia a dévoilé une étude réalisée en 2016 sur les habitudes et comportements des internautes sur le web. Il révèle que, en moyenne, les Belges consacrent plus de 5 heures par jour à l’usage combiné de la radio, la télévision, la presse écrite et les jeux. À noter également les nouvelles habitudes sur Facebook : « La passivité d’usage de Facebook se mesure aussi directement aux actions 9 de ses utilisateurs sur le réseau social. Si les Belges sont enclins à liker, commenter et partager du contenu, ils le sont beaucoup moins pour publier des photos (32 %) et statuts (30 %). La lecture d’articles (53 %) et le suivi de l’actualité (48 %) constituent en revanche deux modes de consommation de contenus à succès. Et la tendance s’observe là aussi sur d’autres marchés. » Il semble que malgré le fait que la vente de quotidiens papier ait diminué ces dix dernières années, la consommation des médias s’est accrue. D’après une enquête d’opinion en ligne menée par la Reuters Institute for the Study of Journalism de l’université d’Oxford, « les consommateurs de médias en10 Belgique prêtent moins d’attention à ce qui est vrai ou non sur internet, avec seuls 46 % des répondants 8 • CHOMSKY Noam, HERMAN Edward, La fabrication du consentement, Marseille : Agone, 2009, 662 p. (ISBN : 978-2-7489-0071-9)/ PP 25-26 9 • MALENGREAU, Denys. Les Belges et Internent : l’analyse complète. In : DIGIMEDIA. Think different [en ligne]. Disponible sur : https://www.digimedia.be/ News/fr/19205/les-belges-et-internet-l-analysecomplete.html (consulté le 9 août 2018). 10 • BELGA. 53 % des Belges font confiance aux médias, contre 53 % des français. In : RTBF. À la une [en ligne]. Mis à jour le 14 juin 2018 à 9 h 38. Disponible sur : https://www.rtbf.be/info/medias/detail_53-desbelges-font-confiance-aux-medias-contre-35-des-francais-seulement?id=9945034 consulté le 10 août 2018. 7
se disant «très ou extrêmement préoccupés» à ce sujet, contre 62 % en France, 64 % aux USA et 85 % au Brésil. » Un autre baromètre médiatique diffusé par la RTBF et réalisé parmi 37 pays à travers le monde, dont 11 24, en Europe indique qu’une grande partie de la population s’informe à travers les réseaux sociaux et que les sources majeures d’informations chez les Belges sont la télévision et le web. Si les canaux d’informations évoluent, les grands médias restent dominants. Les jeunes sont confrontés à un déferlement d’informations et il semble judicieux de leur donner des codes de lecture de la propagande médiatique. On aurait pu penser que suite à l’explosion des médias sociaux, ceux-ci apporteraient une pluralité dans l’information et une multiplication des points de vue. Cette hypothèse s’est avérée quelque peu utopiste. En effet, internet et les médias sociaux ne sont pas un outil de communication de masse pour les internautes qui ne disposent pas d’une large audience. C’est- à-dire que lorsqu’un média arrive sur les réseaux sociaux, il emporte avec lui son audimat acquis précédemment. Seuls les grands médias, les grands groupes commerciaux ont pu faire connaître leur offre auprès d’un grand public. Max Frankel, ancien rédacteur en chef du New York Times explique qu’au plus les grands médias cibleront les internautes, « au plus il y aura de sexe, de sport, de violence et de comédies à leurs menu, négligent ou passant purement et simplement à la trappe les informations concernant les guerres ou les réformes du système de protection sociale . » 12 Les changements survenus ces dernières années dans le domaine de la communication n’ont fait que renforcer l’applicabilité du modèle de propagande. Qui est le public visé ? Le public visé est les jeunes de 16 à 24 ans avec comme cœur de cible les 16-18 ans (dernier cycle du secondaire). Ce public est défini en sociologie comme la Génération Z (1995 à 2011). Plus précisément, elle est caractérisée comme suit : - Immédiate - Hyperconnectée - Axée sur le visuel - Polycompétent - Autonome - Créatif - Grande présence de l’information et d’internet - Concentrée sur l’image - Communautaire 11 • DEGRAUX, Xavier. Comment les Belges s’informent-ils ? Les chiffres clés (étude Oxford). In : Xavier Degraux.be [en ligne]. Disponible sur : https://www. xavierdegraux.be/belges-infos-chiffres-etude-oxford (consulté le 8 août 2018). 12 • CHOMSKY Noam, HERMAN Edward, La fabrication du consentement, Marseille : Agone, 2009, 662 p. (ISBN : 978-2-7489-0071-9) 8
Contextualisation Comme un lundi est une ASBL bruxelloise de création audiovisuelle dédiée à la jeunesse née en 2010 à l’initiative de Thibault Coeckelberghs, ancien étudiant de l’ISFSC. L’ASBL poursuit 4 objectifs bien distincts : • Activer le droit à l’expression et à la participation des jeunes • Outiller les jeunes aux différentes pratiques médiatiques • Recueillir et diffuser les voix des jeunes • Éduquer et émanciper les jeunes en développant leur esprit critique (notamment sur nos modèles médiatiques, politiques, économiques et sociaux.) Dans cette perspective, l’organisation s’articule autour de deux pôles de travail : • Pôle “Ateliers” : Animation d’ateliers pratiques durant lesquels les jeunes s’initient à différentes techniques audiovisuelles pour s’exprimer sur différents sujets. • Pôle “Créations” : Réalisation professionnelle d’outils de sensibilisation (vidéos, documentaires, podcasts) sur des questions sociétales liées à la jeunesse, qui font ensuite l’objet d’animations de sensibilisation. La structure de l’ASBL se constitue ainsi : • Une Assemblée générale composée de 15 personnes majoritairement âgées de moins de 35 ans. Ils sont invités à collaborer bénévolement aux projets, et apportent leur aide quand ils peuvent (relecture de dossiers, retours sur certains outils, soutien à la communication…). • Un Conseil d’Administration composé de trois personnes, majoritairement âgées de moins de 35 ans. • L’équipe principale responsable de la gestion quotidienne de l’ASBL : Thibault Coeckelbergh animateur, réalisateur radiophonique, gestion administrative Sarah Segura animatrice, réalisatrice audiovisuelle Pauline Bombaert animatrice, réalisatrice audiovisuelle, respon- sable du projet « Par- lons Jeunes » 9
Les partenariats Le DGDE est le partenaire historique de l’ASBL. Le Délégué général de la Communauté française aux droits de l’enfant est une Institution publique indépendante instituée en Belgique par le décret du 20 juin 2002 et l’arrêté du 19 décembre 2002. Depuis sa création Comme un lundi se met au service d’associations qui sont devenues « partenaires » à terme. C’est ainsi que Comme un lundi est devenue membre de l’Assemblée générale de Badje ASBL par exemple. L’ASBL Badje, Bruxelles Accueil et Développement pour la Jeunesse et l’Enfance, est une fédération pluraliste bruxelloise active dans le secteur de l’accueil des enfants et des jeunes. En matière d’éducation aux médias et dans le secteur associatif, on peut difficilement parler de « concurrents » d’autant plus que, n’ayant aucune reconnaissance (ni d’organisation d’éducation permanente, ni d’organisation de jeunesse, ni de centre de ressource en éducation aux médias) l’ASBL ne brigue aucun budget à partager avec d’autres. Il est donc impossible de se considérer concurrent de Média Animation, AMJ ou d’autres structures quasi étatiques. Il est à noter que l’ASBL se veut indépendante et donc non politisée (ce qui ne signifie pas que ses actions sont politiques). On peut seulement parler de valeurs communes ou d’objectifs similaires à d’autres structures. L’ASBL se rapproche ainsi de ce que peut proposer une association telle que le GSARA, Scan R, Citizen Motion et Urbanisa’son. Le GSARA ASBL a Urbanisa’son est pour mission de une ASBL belge de susciter le regard Libre et la RTBF créations sonores et critique, l’expression Citizen Motion est une visuelles. Existant individuelle et boite de productions depuis 2007 sous la collective et de Projet médiatique audiovisuelles et forme d’un collectif, promouvoir les œuvres et citoyen, Scan-R d’éducation aux Urbanisa’son s’est cinématographiques. donne la parole médias. Que ce soit finalement constitué Née en 1976 avec aux 12-25 ans par ses reportages, en ASBL en 2015. l’apparition de la de la Fédération ses documentaires, Sa particularité est de vidéo en Belgique, Wallonie-Bruxelles en ses projets baser ses projets, que l’association développe collaboration avec la transmédia ou encore ce soit des ateliers, une réflexion ses ateliers vidéo des créations ou des sur l’audiovisuel réalisés auprès de. installations, sur la et soutient le notion de territoire et développement de la ce qui l’entoure. création. 10
Identité graphique Logo typographique avec des formes rondes et pleines en bleu brillant. La typographie utilisée est Etalon Bold, elle a été modifiée pour dessiner les formes du logo ci-dessus. Etalon Bold Parlons Jeunes Le projet phare de l’ASBL est le projet « Parlons Jeunes » (www.paronsjeunes.be). Lancé à l’initiative de Comme un lundi ASBL et du Délégué Général aux Droits de l’Enfant, ce projet bénéficie d’une reconnaissance en « Cohésion sociale » par la COCOF. Il est ainsi subsidié jusqu’en 2022 par la région Bruxelloise. Le site dédié à la diffusion de la parole des jeunes en FWB « parlonsjeunes.be » créé par Comme un lundi est plus actif que jamais puisqu’en période de confinement Comme un lundi ASBL a donné la parole à des centaines de jeunes sur la manière dont ils traversaient cette période particulière. Ce projet s’axe autour de deux éléments très importants dans l’éducation aux médias. D’une part, la mise en pratique permet d’intégrer les impératifs que peuvent vivre les acteurs du monde médiatique, mais permet également d’offrir un espace d’expression à la jeunesse. Ce projet est en lien direct avec la mise en place de la mallette pédagogique. Celle-ci faisant office de référence théorique, elle peut être utilisée dans le cadre de cet atelier pratique. 11
Habitudes communicationnelles de l’émetteur L’ASBL communique à travers une page Facebook. Leur communauté est de 1032 abonnés et 937 « j’aime ». On peut compter une moyenne entre 5 et 10 likes par post. L’ASBL poste fréquemment (au moins un post par jour). L’organisation republie également beaucoup de post d’autres pages partenaires. Elle communique également via une page Instagram qui se focalise sur leur projet principal c’est-à-dire « Parlons Jeunes ». Elle contient 161 publications, et leur communauté est composée de 247 abonnés. Les publications sont un peu moins régulières que sur Facebook. Le nombre de likes moyen par poste est de 7. 12
www Site internet de l’ASBL qui reprend tous les partenariats, activités et autres propositions faites par Comme un lundi. Il reprend également l’équipe et explique l’histoire de l’ASBL. Le site web est actuellement en chantier. La rédaction du dossier pour la reconnaissance en Organisation de Jeunesse a réorienté les objectifs et les méthodes de travail de l’ASBL et il a fallu repenser la communication. La nouvelle version du site est prévue pour septembre 2020. Chaine Viméo en lien avec le projet « Parlons Jeunes ». Ce projet vise à libérer la parole des jeunes et à la faire exister dans le paysage médiatique autour de diverses thématiques sociales. Ils ont 165 vidéos, 10 abonnés et 13 j’aime. 13
Série de vidéo sur la jeunesse encadré par Comme un lundi. Deux vidéos sortent du lot et atteignent presque 2000 vues. La chaîne à 120 abonnés. 14
Cadrage du projet Jonathan Fischbach , ancien président de enseignons.be et ancien professeur du cours d’éveil à la 13 citoyenneté, a accepté de répondre à plusieurs questions quant à la situation actuelle dans les écoles pour les cours d’éducation aux médias. Il a révélé que ceux-ci étaient quasi inexistants sauf dans le cas où le professeur prend lui-même l’initiative. Mais bien souvent, ceux-ci n’ont pas les ressources théoriques nécessaires ou ils n’ont pas le temps d’accumuler les compétences nécessaires en dehors de leur temps de travail. En revanche, ceux-ci sont très demandeurs d’experts qui se rendent dans les écoles telles que le CPCP, Média-Animation, le CSEM, l’ASBL Crilux, Actions Médias Jeunes etc. Une analyse plus approfondie et une critique de la concurrence seront détaillées un peu plus loin. Afin de justifier la création d’un outil pour éduquer les jeunes aux médias et de démontrer la demande croissante de ce type de projet, voici l’extrait d’un article publié par le CSEM, intitulé : « Dix ans d’éducation aux médias en Fédération Wallonie-Bruxelles : Constats, diagnostic synthétique et recommandations stratégiques ». Celui va permettre de comprendre les enjeux du secteur de l’éducation aux médias : 14 « Si, comme le montre l’introduction, l’éducation aux médias est reconnue, il faut bien admettre qu’elle est loin d’occuper une place importante dans le monde scolaire. Les différentes disciplines sont censées prendre en compte cette éducation dont la nécessité est devenue incontournable avec l’expansion du réseau Internet : aucun enseignant ne peut aujourd’hui prétendre ignorer la concurrence que constitue ce réseau multiforme d’informations. Il est devenu indispensable de former les élèves à utiliser ce formidable instrument de connaissance, mais aussi de méconnaissance ! Il en va de l’utilisation d’Internet comme des médias audiovisuels : personne à l’école n’est véritablement en charge de cette éducation. L’éducation aux médias devrait être partout, mais elle risque souvent de n’être nulle part ! À côté d’initiatives isolées portées par des enseignants motivés ou des opérateurs compétents, l’éducation aux médias n’occupe qu’une place très marginale dans les référentiels éducatifs de la Fédération Wallonie- Bruxelles et donc dans les programmes disciplinaires. En l’état actuel, seuls les référentiels de sciences humaines et d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté énoncent des compétences en éducation aux médias. Par ailleurs, si le développement des nouvelles technologies a depuis quelque temps suscité l’intérêt des responsables politiques et scolaires, l’éducation au numérique ne peut pas se substituer à une éducation aux médias nécessairement plus large. Outre les dimensions proprement techniques (par exemple la maitrise des langages informatiques), les usages médiatiques comprennent en effet des aspects communicationnels, culturels et sociaux évidents. Ceux-ci doivent faire l’objet d’une maitrise raisonnée comme le montre le développement actuel des « réseaux sociaux ». Il faut apprendre à « lire » textes et images sur Internet (et ailleurs) comme il faut apprendre à lire un livre, mais il faut aussi apprendre à « naviguer » sur ce réseau pour trouver l’information pertinente, à « écrire » sur un blog ou sur un site web avec des mots, des photos ou des vidéos et, enfin, à « organiser » l’information que l’on veut transmettre de façon responsable via tous les nouveaux médias (ordinateur, tablette, smartphone…). Lire et écrire concernent plus particulièrement les enseignants de langue maternelle, mais également celles et ceux d’expression artistique. Être capable de rechercher et d’organiser l’information médiatique est aujourd’hui une compétence essentielle qui doit être maitrisée dans pratiquement toutes les disciplines notamment en histoire, en géographie et en sciences humaines ou naturelles. L’utilisation des médias nécessite également une éducation citoyenne si l’on veut favoriser des attitudes à la fois responsables et respectueuses. L’éducation à la philosophie et à la citoyenneté est sans aucun doute un lieu 13 • FISCHBACH, Jonathan. (Ancien président et collaborateur de enseignons.be). Propos recueillis par MAZY DRESSE Romuald en 2017. 14 • CSEM. « Dix ans d’éducation aux médias en Fédération Wallonie-Bruxelles : Constats, diagnostic synthétique et recommandations stratégiques ». [PDF]. Le conseil supérieur de l’éducation aux médias. 9 mai 2019. URL : www.csem.be/sites/default/files/files/CSEM_Évaluation_Décret_9_mai_2019 (1) .pdf 15
essentiel pour une prise en compte raisonnée de l’environnement médiatique multiple et complexe où baignent désormais tous les élèves, souvent dès leur plus jeune âge. Enfin, peut-on imaginer un Parcours d’Éducation culturelle et artistique qui ne prendrait pas en compte l’efflorescence médiatique actuelle, qui s’exprime par des voies nouvelles tout en prenant des formes inédites et tout à fait originales ? Cela implique également que l’éducation aux médias s’intègre dans la formation initiale des enseignants, de tous les enseignants. Une telle formation est indispensable pour que ces derniers puissent eux-mêmes acquérir les compétences nécessaires à un usage réfléchi et pertinent des médias. Depuis la première évaluation du Décret en 2013, de timides avancées ont été constatées. - L’éducation aux médias apparait dans les objectifs à poursuivre dans la Charte des référentiels (domaines « sciences humaines » et « éducation à la philosophie et à la citoyenneté »). Le contenu de cette charte découle de l’avis 3 du Pacte pour un enseignement d’excellence qui devrait définir le tronc commun en termes de contenus. - Un protocole de collaboration a été signé entre l’Administration générale de l’enseignement et le CSEM. Quelques initiatives ont été constatées : présentation du cadre de compétences en éducation aux médias aux inspecteurs du Service général d’Inspection, participation d’un inspecteur de l’Enseignement spécialisé à la sélection des projets scolaires d’éducation aux médias (seulement 10 par an), avis annuel du CSEM lors de l’élaboration du programme de formation de l’Institut de Formation en cours de Carrière… En 2018, une recherche-action portant sur les usages pédagogiques de la presse en ligne a débuté. Le Conseil insiste pour que les conclusions de cette recherche-action soient entendues par le Gouvernement et suivies d’effets. Devant un tel constat, le Conseil réitère ses recommandations de 2013 et les complète : - Soutenir la diffusion et la promotion du cadre de compétences en éducation aux médias dans tous les milieux éducatifs, scolaires et non scolaires, et plus particulièrement auprès des responsables pédagogiques et des concepteurs de programmes scolaires. Cette recommandation s’adresse également aux responsables de la formation initiale des enseignants. - Soutenir la diffusion des outils développés par le Conseil qui montrent comment l’éducation aux médias permet de développer les compétences en Éducation à la Philosophie et à la Citoyenneté. - Intégrer pleinement les compétences en éducation aux médias au projet « École numérique » (ou à l’initiative qui lui succèdera), car, comme indiqué ci-dessus, la maitrise des compétences techniques ne peut suffire ; les aspects communicationnels et sociaux ont souvent été négligés jusqu’à présent. - La recommandation qui précède oblige à s’interroger sur la faiblesse des moyens dévolus au soutien annuel des projets scolaires en éducation aux médias (l’appel à projets du CSEM). Alors que, chaque année, une quarantaine de projets émergent, dix seulement peuvent être subventionnés ! Par nature, l’éducation aux médias évolue rapidement. Le Conseil a constaté la difficulté de reconnaitre (= de labelliser) des initiatives pédagogiques intéressantes sur le long terme. Il est souhaitable de supprimer cet article du Décret et de le remplacer par un soutien accru des initiatives pédagogiques en cours, notamment en augmentant les moyens des centres de ressources en éducation aux médias. On peut se rendre compte, au travers de nombreuses initiatives et projets, que le public visé (enseignement secondaire et supérieur ainsi que le cœur de cible : les 16-18 ans) est intéressé par les médias. On remarque d’ailleurs que le public visé est issu de la génération Z qui baigne au sein d’un univers numérique où la présence de l’information est décuplée. Une analyse précise du public cible sera détaillée un peu plus loin. La cible lit la presse, la commente et critique l’actualité . De nombreux ateliers mêlant les journalistes 15 ou professionnels du secteur et des élèves du secondaire connaissent un franc succès grandissant. Pour m’être rendu à un atelier axé autour de la manipulation de photos dans la presse organisé par Crilux ASBL, 15 • AJP. La presse quotidienne et les jeunes. Un « guide des bonnes pratiques ». À l’usage des jeunes et des journalistes. [PDF]. AJP. Juin 2015. Bruxelles. URL : http://www.ajp.be/telechargements/diversite/bonnespratiques.pdf 16
j’ai pu y observer des jeunes très intéressés par ce qu’on leur expliquait. On sent une volonté chez cette génération de ne pas se laisser enfumer par le feu médiatique, mais plutôt de comprendre les enjeux et de s’approprier une grille de lecture. Par ailleurs, une étude intitulée « Le nouvel environnement médiatique 16 des jeunes. Quels enjeux pour l’éducation aux médias ? » menée par Jacque Piette (2014) démontre que les jeunes passent énormément de temps sur les réseaux sociaux à rechercher des informations et à décoder l’actualité. Mais que puis-je bien reprocher à l’environnement médiatique actuel ? Sans évoquer ici mon avis personnel de ce qui a été mis en place jusqu’ici en termes d’éducation aux médias — cela sera détaillé plus loin lors de l’analyse de la concurrence — l’objectif ici sera d’expliquer ici l’environnement médiatique belge ainsi que ses dérives. Interrogée lors d’une interview, Adrienne Thiéry, chargée de projet audio visuelle chez Actions Médias jeunes, nous dresse un état des lieux de l’environnement médiatique, particulièrement le rôle de la publicité et des annonceurs : « L’importance de la publicité dans nos vies, particulièrement en lien avec 17 les médias. Elle est omniprésente et a un effet pervers, car les médias en ont besoin pour vivre, mais cela empiète beaucoup sur le contenu médiatique. En effet, la publicité a de l’influence le contenu médiatique. Par exemple les séries TV : On appelle ça soap-opéras, car c’est la pub qui a droit de vie ou de mort sur les séries, sur sa diffusion, etc. C’est un système assez ancien et qui date. Par exemple dans James Bond, on a remplacé son traditionnel verre de Martini par un verre de bière, ce qui en fait la bière la plus chère de l’histoire du cinéma. On peut se rendre compte, avec cet exemple, que la publicité peut aller jusqu’à modifier des scénarios. Et c’est le genre de choses qu’on aborde en animations. On apprend aux plus jeunes à reconnaitre la publicité. Pour s’en passer, il faudrait changer de système économique. » Il est communément admis que la pluralité médiatique est une des pierres angulaires de la liberté de la presse et cela assure la diversité d’opinion. On estime pourtant que sous l’illusion de choix, se dissimule en réalité une seule option idéologique qui propage une même vision unilatérale du monde. Dès lors, il parait très difficile de percevoir une alternative au néo-libéralisme au sein des grands groupes médiatiques belges. Mais quels sont-ils ces grands groupes ? Les médias belges — et parmi ceux-ci les trois quotidiens que sont La Libre, Le Soir et la DH — sont concentrés 18 en plusieurs grands groupes qui possèdent également radios, chaînes de télévision, sites internet, distributeurs, sociétés de production et sont directement liés à des banques, agences de presse, multinationales diverses, et indirectement à des Think tanks ultralibéraux et lobbys patronaux. Nous nous contenterons d’en détailler trois : IPM, Corelio et Rossel. 1. IPM est détenu à 100 % par le groupe Maja, lui-même entière propriété de la Compagnie de Développement des médias, possession de la famille Le Hodey, dont Axel Miller, ancien président de Dexia et actuel patron D’Ieteren, est président du Conseil d’administration. IPM SA possède deux journaux, La Libre Belgique et La Dernière Heure/Les Sports, ainsi que leurs éditions régionales et leurs sites internet. Le groupe détient 50 % des parts de la Libre Match, dont les 50 % restant sont la propriété du groupe Lagardère via sa filiale Hachette Livre. IPM possède encore 29 % de Audiopresse qui elle-même possède 34 % des parts de RTL Belgium (RTL-TVI, Club TTL, Plug RTL), RTL Belgium elle-même possession à 66 % du groupe RTL basé au Luxembourg, lui-même conglomérat de médias luxembourgeois créé en 2000 par la fusion de la CLT-UFA et de la société de production britannique Pearson TV. Audiopresse est par ailleurs une société holding détenue par les éditeurs de presse quotidienne francophone belge et gérant une participation dans le groupe RTL Belgium. IPM détient encore 13 % de l’agence de presse Belga ; 99,8 % des parts de Twizz radio (DH Radio) ; 52 % de Médiascap qui a des participations indirectes dans SARL Libération qui édite le journal Libération. IPM est aussi actionnaire à 50 % de Courrier international EBL qui édite le Courrier international belge, journal lui-même 16 • PIETTE, Jacques. « Le nouvel environnement médiatique des jeunes. Quels enjeux pour l’éducation aux médias ? ». [PDF]. 2005. Québec. URL : https:// core.ac.uk/download/pdf/288193905.pdf 17 • THIERY, Adrienne. (Chargée de projet audiovisuel chez Actions Médias jeunes). Propos recueillis par MAZY DRESSE, Romuald en juin 2020. 18 • PENASSE, Alexandre. Seriez-vous libre ce soir ? In : Kairos [en ligne]. Disponible sur : https://www.kairospresse.be/article/seriez-vous-libre-ce-soirr/ (consulté le 24 janvier 2020). 17
possession du Courrier international France. En 2008, IPM possédait 26 % des parts de marché en télévision et, en 2013, 21,73 % des parts de marché en presse. 2. Corelio est un groupe de presse dont les actionnaires sont Mediacore, Cecan, Krantenfonds, De Eik, Vedesta. Corelio possède 62 % de Mediahuis (DeStandaard, Het nieuwsblad, Het belang van Limburg), Médiahuis — qui détient 19,5 % de Belga — qui est à 38 % la possession de Concentra. Corelio détient également 29,2 % des parts de Audiopresse. Corelio possède également 100 % de CorelioPublishing qui détient 25 % de De vijver média qui elle-même est la propriété de Telenet (50 %) et Waterman et Waterman… Corelio possède également 50 % des parts de Nostalgie, appartenant à Radio Nostalgie France elle-même détenue à 100 % par le NRJ Group auquel appartiennent NRJ France et NRJ Belgique. Nostalgie détient également 50 % des actions de Radio Nostalgie fla- mande, dont l’autre moitié est détenue par IPM. Le président de Corelio est Thomas Leysen. Ce dernier fut président de la FEB (fédération des entreprises de Bel- gique, lobby patronal), est actuellement président d’Umicore, groupe « spécialisé en technologie de matériaux », et président de la KBC. Il est également membre de la Table Ronde des Industriels Européens (5), puissant lobby réunissant les plus grandes entreprises européennes. En 2008, Corelio possédait 10 % des parts de marchés en radio et 26 % en télévision. 3. Le groupe Rossel. Son président, Bernard Marchant, est ancien conseiller fiscal cher Arthur Andersen, société parmi les « Big five » dont la notoriété est plus liée au scandale de la multinationale Enron pour laquelle elle réalisait des audits, que comme éditeur de journal. Passé par la vice-présidence europe du groupe informatique Olivetti et plus tard directeur général de Beckaert, leader mondial du métal), il terminera, avant d’arriver chez Rossel, par un poste de président directeur général du groupe français Telecom. Le Groupe Rossel (Le Soir, Le Soir Magazine), possède Sud Presse (100 %, ce sont des éditions régionales), Éditions Urbaines (99,5 %, Vlan), Imprimerie des éditeurs (99,95 %), cette dernière possédant 49 % de Mass Transit Média (Métro), dont les 51 % restants appartiennent à Concentra. Rossel possède encore 24,9 % de Radio H, propriétaire de Cobelfra (Radio Contact, Mint) et Inadi (Bel RTL) ; Radio H est par ailleurs la propriété (17,54 %) de RTL Belgium. Audiopresse qui détient 34 % de ce dernier est aussi la propriété de Rossel (29,34 %). Enfin, Rossel détient à 50 % Mediafin (L’Echo) et à 50 % Grenz-Echo (Grenz-Echo), deux structures auxquelles appartient Holding Echos. Rossel possédait, en 2008, 26 % des parts de marché en télévision et, en 2013, 21,73 % en presse. Restent : — le groupe Roularta(7) qui édite le Vif/L’express, Bizz, Data News, Knack, Sport Foot Magazine, Trends- Tendance, trends.be, le Vlan, RTVM, Canal Z, Télépro ; – De Persgroep : Het Laaste Nieuws, 7sur7.be, De Morgen, De Tijd, L’Echo, Tv familie, Humo, Story, VTM, 2BE, Joe FM, Vacature.com, Regiojobs.be, Autotrack.nl, des toutes boîtes, un opérateur de télécommunication (Jim Mobile), etc. » Suite au détail de la propriété des médias, bien que rébarbatif, on en convient, il était indispensable de vous le détailler pour bien comprendre l’illusion du choix au sein de la presse belge. On peut également dresser le même constat en France, comme l’illustre la carte à la page suivante. Il est impossible d’évoquer la liberté d’opinion de la presse sans en évoquer les propriétaires ainsi que les intérêts qu’ils servent. Cela permet aussi d’expliquer l’alignement idéologique des médias susmentionnés. En effet, il parait difficile qu’un journaliste du Soir (Groupe Rossel) critiquant Sud presse (Groupe Rossel toujours) ne s’en sorte indemne professionnellement. Cette analyse suffit à expliquer et défendre l’idée qu’il me parait très difficile que la presse se permette alors de critiquer le système économique actuellement en place, celui-là même qui a permis à son propriétaire de s’enrichir. 18
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Pour aller un peu plus loin, afin de démontrer mes propos, voici un florilège d’exemples de la presse belge et française sur divers cas médiatique bien précis : Exemple de la gestion des sources de la presse internationale en temps de guerre 19 Interrogé par Le Monde (25 mars 2000) sur le caractère « moutonnier » qu’il prête aux journalistes M. Shea (porte-parole de l’OTAN NDLR) répond : « Je ne voudrais par généraliser. Je n’ai pas porté d’accusation globale. J’ai simplement voulu signaler que dans ce genre de situation, où 400 journalistes soient un peu trop dépendants d’une seule source d’information. J’étais un peu gêné d’être dans la situation où des journalistes, qui ne pouvaient être sur le terrain au Kosovo, voyaient en moi une sorte de source universelle, d’être omniscient. Les journalistes avaient un peu trop investi sur ma personne, et ce n’était pas sain. » Le rôle des patrons des groupes presse dans la guerre contre le Kosovo 20 « En somme, pour coûteux qu’il serait, « l’humanitaire de la guerre » devait faire germer quelques placements rentables dans les cratères des bombes. La promesse, aussi cynique que le nom de code des premiers bombardements (« rock’n’roll »), sans doute en souvenir des concerts auxquels MM. Clinto et Blair avaient assisté dans leur jeunesse), fut imprudente. Les pays occidentaux ont au total manifesté beaucoup moins d’allant à construire la paix qu’à financer la guerre. Ainsi, chaque missile de croisière tiré contre la Yougoslavie coûta un million de dollars, un peu moins pour un missile « Tomahawk » (les États- Unis ayant eu en effet le bon goût d’emprunter à un peuple qu’ils avaient exterminé le nom d’une arme qu’ils utiliseraient pour prévenir une épuration ethnique). Du haut de leurs Mirage 2000 D (38 millions d’euros pièce), construits par M. Dassault, les Français, eux, ont préféré larguer les bombes Matra d’une tonne guidées au laser (152 000 euros pièce) que fabriquait M. Lagardère. Matra était également propriétaire d’un groupe presse (Europe 1, Paris Match, Le Journal du Dimanche, l’Événement, etc.) qui ne recula devant aucun moyen même le plus vil pour salir les opposants à la guerre. » Exemple du traitement médiatique des grèves de 2015 21 Le soir, 20/10/2015, premier article sur la page du site l’après-midi tout comme sur le site de La Libre le même jour : « Grève du rail : la 2e heure de pointe la plus embouteillée de 2015 »), et insistant sur ce qui peut diviser plutôt que sur ce qui devrait fédérer la lutte : ce lundi matin, cette énième perturbation dans la circulation des trains avait ainsi de quoi irriter des navetteurs dont le parcours ferroviaire ressemble souvent à un parcours du combattant. Si vous y ajoutez des grèves tournantes — qui font que vous n’en prenez pas pour un, mais pour plusieurs jours vus l’exiguïté et l’interconnexion du territoire belge –, il y a de quoi mécontenter les plus empathiques » (Le Soir, éditorial du 20/10/2015). Exemple de traitement journalistique au sujet des riches belges protégés fiscalement 22 Dès lors, vous étonnerez-vous encore de certains éditos, comme celui de La Libre du 06 janvier 2014, faisant suite à une visite organisée par les syndicats à Bruxelles pour montrer les lieux où vivent les grosses fortunes fiscalement protégées, édito dans lequel le journaliste écrivait : « À la veille du week- end, les responsables syndicaux ont réalisé un “safari” dans Bruxelles, un mini-trip destiné à pointer du doigt les “espèces fiscales protégées” de Bruxelles. Amusant ? Plutôt navrant… (…) la stigmatisation 19 • HALIMI Serge, VIDAL Dominique, MALER Henri et coll. L’opinion, ça se travaille… Les médias et les guerres justes. Marseille : Agone, 2000-2014, 270 p. (Eléments). (ISBN : 978-2-7489-0219-8). P. 120 20 • Ibidem, p.84. 21 • PENASSE, Alexandre. Seriez-vous libre ce soir ? In : Kairos [en ligne]. Disponible sur : https://www.kairospresse.be/article/seriez-vous-libre-ce-soirr/ (consulté le 24 janvier 2020). 22 • Ibidem 20
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