COMMENT L'ANALYSE D'IMAGES PEUT-ELLE ASSISTER LE CONTROLE AUTOMATIQUE D'UN MICROSCOPE ELECTRONIQUE À TRANSMISSION?
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COMMENT L’ANALYSE D’IMAGES PEUT-ELLE ASSISTER LE CONTROLE AUTOMATIQUE D’UN MICROSCOPE ELECTRONIQUE À TRANSMISSION? Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban Laboratoire MIPS, Université de Haute Alsace 4, rue des Frères Lumière, 68093 Mulhouse, France Téléphone: +(33)389-33-64-32, email: nicolas.coudray@uha.fr ABSTRACT Dans notre étude, nous verrons de quelle manière des outils de traitement d’images peuvent assister les outils de contrôle des Microscopes Electroniques à Transmission Ce papier présente une méthode automatique d’analyse (MET) actuellement existants, ceci dans le cadre biologique d’images acquises au microscope électronique à transmis- des protéines membranaires. Les protéines membranaires sion. Les algorithmes simulent les décisions d’un microsco- font partie de tous les organismes vivants et comprendre leur piste lors de l’évaluation de protéines cristallisées en deux fonctionnement est un défi important. Plusieurs techniques dimensions dans des membranes. L’objectif est d’évaluer le ont été mises au point afin de mettre en forme ces protéines succès de la cristallisation à travers un processus d’analyse et faciliter leur étude [6]. Parmi ces techniques, la cristallisa- de régions d’intérêt. L’approche est décomposée en trois tion 2D consiste à arranger les protéines membranaires dans étapes correspondant aux niveaux de grossissement du mi- des couches bi-lipidiques (les membranes) selon un proces- croscope. Lors de la première étape à faible grossissement, sus expérimental complexe [7]. Trouver les conditions adap- l’algorithme évalue la qualité de la grille sur laquelle le tées à la cristallisation d’une protéine donnée est un proces- spécimen est placé. Lors de la deuxième étape à moyen sus long et difficile qui nécessite la préparation d’une grande grossissement, les membranes dans lesquelles les protéines quantité d’expériences. Toutes ces expériences doivent en- ont été cristallisées sont analysées. Les images sont classi- suite être analysées au MET afin d’identifier si la présence fiées selon une méthode basée sur l’analyse d’histogramme éventuelle de membranes cristallines. Ceci doit ainsi permet- pour rejeter les images les moins significatives. Les images tre de valider les conditions requises pour la cristallisation restantes sont étudiées par un algorithme basé sur des différentes protéines. Dans ce contexte, il est important l’extraction et l’analyse de contours pour identifier les de développer des outils qui permettent d’automatiser membranes et sélectionner les régions potentiellement cris- l’analyse du spécimen biologique. tallines. Lors de la dernière étape à fort grossissement, un De nombreux efforts ont d’ores et déjà été mis en œuvre algorithme extrait automatiquement les pics de diffraction pour le contrôle automatique du microscope et l’acquisition des régions sélectionnées à moyen grossissement. Les tests des images par balayage de l’échantillon [3, 4]. En ce qui montrent des résultats encourageants. concerne l’analyse de ces images, si certains outils sont étu- diés depuis peu pour quelques applications [10, 13], l’analyse 1. INTRODUCTION automatique de ces images n’en est encore qu’à son tout dé- but, particulièrement pour les cristaux 2D. De nombreux efforts ont été placés dans le contrôle automa- Le logiciel GRACE développé par Oostergetel et al. [4] tique des instruments en y associant des techniques de vision a été un des premiers à s’attacher à ce problème en proposant ou de traitement d’images. La microscopie en particulier a un outil principalement semi-automatique pour les images de fait l’objets de nombreux travaux afin d’automatiser cristaux 2D, mais il s’agit d’un outil restreint à l’acquisition l’acquisition des images [3, 8, 11]. Les travaux effectués sur des images. la gestion de certains réglages (comme l’autofocus) ainsi Le system LEGINON a principalement été développé qu’un contrôle des déplacements permet de balayer les spé- pour une autre méthode d’étude des protéines appelé ‘single cimens observés de manière complètement automatiques. particles’. Une proposition a été faite pour adapter le système Les quantités élevées d’images qui peuvent être ainsi acqui- à l’analyse de cristaux 2D en effectuant une reconnaissance ses doivent alors être analysées, ce qui constitue un exercice de larges cristaux rectangulaires et bien contrastés obtenus d’autant plus long que le nombre d’images est grand. Ces avec des protéines catalase [5]. L’approche est cependant quantités importantes d’informations à traiter constituent de bien trop limitée à un type de protéines et à un cas rare de nouveaux défis pour la communauté du traitement d’images types d’images pour pouvoir être adapté à d’autres cas. qui doivent trouver des méthodes adaptées pour traiter les L’analyse automatique de larges quantités d’images différents types d’images ainsi acquises. constitue ainsi un champ émergent pour la recherche en trai- tement d’images. Lorsque cela est possible, il semble impor- Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut- elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
tant de pouvoir intégrer le système d’analyse au système lors de l’analyse manuel ou semi-automatique de ces échan- d’acquisition afin que l’analyse puisse être faite en-ligne. tillons [4]. Ainsi, il est non seulement possible d’extraire des rensei- gnements sur le spécimen, mais il devient aussi possible 2. EVALUATION DE LA QUALITE DE LA GRILLE A d’avoir un retour sur l’échantillon et ainsi adapter le proces- FAIBLE GROSSISSEMENT sus d’acquisition des images. Le processus d’acquisition de- vient ainsi intimement lié au processus d’analyse. Cette dé- Pour observer des échantillons au MET, ceux-ci sont placés marche peut permettre de rendre l’ensemble de sur une grille de cuivre de 3 mm de diamètre sur laquelle est l’automatisation beaucoup plus efficace, comme expliqué ci- posé un fin film de carbone. Ce film est fragile et endomma- après. Le succès d’une expérience de cristallisation 2D peut gé en de nombreux endroits. Il est important d’identifier ces être évalué en détectant des pics de diffractions du spectre régions tôt dans le processus afin de ne plus s’y attarder par d’une image acquises à fort grossissement (à environ 5 Å la suite et éviter ainsi de perdre du temps à acquérir des ima- /pixel). Cependant, à ce grossissement, effectuer un simple ges aux endroits où il n’y a pas d’information à extraire. balayage suivi d’une analyse d’image est très inefficace en Pour évaluer la qualité de la grille en cryo-microscopie, terme de méthodologie et de temps étant donné la taille de la Zhang et al. [11] ont développé un processus qui nécessite grille à balayer (3 mm de diamètre) et le champ de la caméra une image de référence acquise par l’utilisateur sur la grille à ce grossissement (environ 500 nm x 500 nm). Cette démar- étudiée. Le défi auquel notre algorithme a dû répondre était che est d’autant plus hasardeuse que le spécimen peut être d’évaluer des grilles en cristallographie électronique sans rare sur la grille. Il est ainsi plus pertinent de balayer la grille nécessiter aucune référence de la part de l’utilisateur. Au- à un grossissement plus faible afin de diriger le spécimen cune référence ne peut d’ailleurs être incluse dans le pro- vers les régions les plus intéressantes. gramme même car la géométrie des orifices de la grille peut Ainsi, nous avons adopté une approche en 3 étapes, cor- varier d’une grille à une autre, et les conditions respondant chacune au balayage partiel de la grille à un gros- d’éclairement peuvent elles aussi varier. sissement [1]. Pour chaque étape, des outils de traitements Pour atteindre notre objectif, nous avons développé une spécifiques doivent être crées pour extraire des informations méthode originale basée principalement sur une analyse sur le spécimen. Ces informations permettent non seulement globale et locale d’histogrammes. Après avoir identifier les de quantifier le succès de la cristallisation mais ils sont éga- orifices de la grille, une première évaluation de la qualité est lement une aide au pilotage du microscope. Ces 3 étapes sont effectuée pour un premier tri. Les informations recueillies effectuées à trois niveaux durant lesquels la grille est balayée durant cette première passe sont utilisées pour effectuer une à faible, moyen puis fort grossissement. Les renseignements seconde évaluation de la qualité et préciser la qualité de cha- extraits aux deux premières étapes permettent d’optimiser le que orifice. Seuls les coordonnées orifices de qualité accep- pilotage aux deux dernières étapes : tables sont conserver pour que des images à plus fort grossis- (1) A faible grossissement : les images sont acquises pour sement puissent y être acquises. Les différentes étapes de visualiser l’ensemble de la grille en cuivre sur laquelle le l’algorithme sont exposées ci-dessous. spécimen a été placé. La qualité de la grille est évaluée et les Lors de la première étape, une étude globale de régions d’intérêts sont identifiées : il s’agit des orifices de la l’histogramme de l’image permet d’identifier la position des grille, les zones occupées par la grille elle-même étant trop orifices de la grille (Figure 1) : l’opacité de la grille en cuivre opaques pour que des membranes puissent y être identifiées. aux électrons engendre un pic étroit dans les niveaux de gris De plus, comme quasiment toutes les grilles sont localement sombres de l’histogramme (à droite de l’histogramme de la abîmées, il s’agit de ne sélectionner que les orifices en bon Figure 1). Le seuil est placé au premier minimum local après état. L’algorithme proposé est développé dans la section II de ce pic afin de séparer la grille des orifices. ce papier. Puis, une étude locale de chaque orifice est effectuée. (2) A moyen grossissement (environ x 5.000) : les images Nous considérons quatre types d’orifices (Figure 2) : sont acquises au niveau des orifices sélectionnées à faible (A) les orifices où la grille est en bon état et où les membra- grossissement. A cette étape, les membranes sont visibles et nes sont suffisamment larges et contrastées pour être visibles analysées pour sélectionner les régions potentiellement cris- à cette résolution, tallines et ainsi restreindre le balayage effectué à fort grossis- (B) les orifices en bon état où les membranes sont trop petites sement. Cette partie, développée dans la section III, est divi- ou trop faiblement contrastées pour pouvoir être visibles à ce sée en deux étapes : une pré-classification basée sur l’analyse grossissement, des histogrammes et une analyse de contour d’images pour la (C) les orifices où le film de carbone est endommagé et par- localisation des membranes. tiellement visible, (3) A fort grossissement (x50.000) : des images des régions (D) les orifices où le film de carbone est endommagé et potentiellement cristallines sont acquises et le spectre de complètement absent. puissance est analysé pour identifier la présence ou l’absence Les orifices de type (A) et (C) peuvent être identifiés de pics de diffractions. Cette étape est traitée dans la section par une première évaluation de la qualité qui peut être faite IV. en-ligne : la méthode proposée est basée sur un seuillage L’approche générale s’avère être une simulation du local de l’histogramme de chaque orifice (Figure 2) : pour comportement du biologiste qui procède de manière similaire chaque orifice, le dernier pic Plast de l’histogramme est iden- Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut- elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
tifié et seuillé. Ce pic représente les pixels les plus clairs de l’image. Pour les images de type (A), la surface occupée par la zone segmentée contient des ‘trous’ dus à la présence des membranes contrastées dont le niveau de gris est inférieur à celui du fond. L’enveloppe convexe de cette zone segmentée occupe la quasi-totalité de l’orifice (lors de l’implémentation, une erreur de +/- 5% est autorisée entre l’aire de l’enveloppe convexe du fond et l’aire de l’orifice). Pour les orifices de type (C), la zone la plus claire ne repré- Ts sente pas le film de carbone mais la zone où le film est ab- sent. En effet, la déchirure permet de laisser passer plus d’électrons par rapport au film de carbone. Ainsi, la zone segmentée ne contient pas de ‘trous’ et son aire convexe est Figure 1 Histogramme typique d’une image de la grille inférieure à celle de l’orifice. Les orifices de types (C) sont acquise à faible grossissement et le seuil Ts utilisé pour les plus importants à identifier car les morceaux de carbone segmenter les orifices. repliés aux bords des déchirures ressemblent à des membra- nes lorsque l’image est acquise à moyenne résolution. Afin d’éviter cette confusion qui mènerait à de faux positifs lors des études suivantes, il est important d’identifier ces en- droits. Pour les orifices de types (B) et (D), l’objet segmenté est sans ‘trou’ et son aire convexe occupe la totalité de l’orifice. La seule différence entre ces deux types d’orifices est leur niveau de gris moyen qui est plus sombre lorsque le film de carbone est présent. Ce niveau de gris moyen peut varier d’une acquisition à l’autre et d’un microscope à l’autre selon les paramètres d’acquisition par exemple. Il n’est donc pas possible de connaître a priori à quel moment un niveau de gris est suffisamment clair pour que l’on puisse considérer que le film est absent. Si l’essentiel est d’éviter la détection de faux positifs, l’algorithme peut être conserver tel quel : l’acquisition d’images sur des orifices de types (D) constitue une perte de temps mais ne constitue aucun danger pour les étapes suivantes. Pour pouvoir éviter cette perte de temps sans pour autant faire appel à une intervention de l’utilisateur, nous avons introduit une seconde passe d’évaluation de qualité. Celle-ci est basée sur les informations recueillies lors de la première passe : après la première passe de l’étude de qualité, les gril- Figure 2 Les différentes classes d’orifices : ligne 1 : type (A) lorsque le film de carbone est en bon état et les mem- les de types (A) et (C) ont été identifiées, ce qui permet d’extraire un niveau de gris de référence du fond lorsque le branes visibles ; ligne 2 : type (C) lorsque le film est dé- chiré ; ligne 3 : type (B) ou (D): présence éventuelle du film de carbone est présent et absent. Cette information est utilisée lors de la seconde passe pour différencier les orifices film de carbone et de membranes trop petites ou trop peu contrastées pour être visibles, ou bien absence du film de de types (B) et (D). S’il n’y a aucun orifice de type (A), la carbone ; colonne 1 : images en niveaux de gris centrées moyenne GL C et l’écart type STDC de la distribution des sur les orifices ; colonne 2 : histogramme local de chaque pixels de fond identifiés dans les orifices de classes (C) sont orifice et, entouré de rouge, le dernier pic de utilisés pour déterminer le seuil de classification type (B) / l’histogramme à segmenter ; colonne 3 : images binaires type (D) : des orifices après la segmentation du dernier pic de Tempty = GL C − 2 × STDC , (2) l’histogramme. La taille des orifices est d’environ 60 x 60 A partir de la première passe d’évaluation, des informations µm. statistiques concernant la taille et la forme des orifices peu- vent être extraites et utilisées lors de la seconde passe pour éliminer les orifices dont la géométrie ou la taille est sus- pecte. Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut- elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
3. ANALYSE DES IMAGES A MOYEN GROSSISSEMENT 3.1. Pré-classification des images par analyse de l’histogramme La pré-classification des images proposée est une méthode rapide pour rejeter des images qui ne nécessitent aucune Figure 3 Image (échelle : 1 µm) et histogramme d’intérêt analyse. Cette étape est effectuée sur l’histogramme de l’image lissée par un filtre médian de taille 5x5. Quatre classes d’histogramme sont proposées : les his- togrammes d’intérêt, les histogrammes d’agrégats, les his- togrammes de grille et les histogrammes de bruit : (1) Les histogrammes d’intérêts (Figure 3) constituent ceux qui valent la peine d’être analysés. Le pic principal est situé dans la partie droite de l’histogramme, témoignant d’une partie claire dominante (fond et membranes non empilées). Les images ayant ce type d’histogramme sont sélectionnées pour être analysées plus en détails. Figure 4 Image (échelle : 1 µm) et histogramme d’agrégats (2) Les histogrammes d’agrégats (Figure 4) au contraire pos- sèdent leu pic principal dans la partie gauche de l’histogramme (zone sombre) et témoignent de la présence importante d’empilement et d’agrégats. Dans ce cas, l’image est rejetée et n’est pas analysée plus en détail. (3) Les histogrammes de grille (Figure 5) sont observés lorsque l’image acquise est proche de la grille en cuivre. Celle-ci est opaque aux électrons et on observe dans l’histogramme un pic aux niveaux de gris quasi-nuls ; l’histogramme commence par un maximum. La grille est segmentée en choisissant un seuil au premier minimum local Figure 5 Image (échelle : 1 µm) et histogramme de grille après le pic. Si plus de la moitié de l’image est occupée par la grille, alors la zone sur laquelle il est possible d’extraire de l’information potentiellement utile est considérée comme trop faible et l’image est rejetée. (4) Les histogrammes de bruit (Figure 6) peuvent être causés par différents types de bruits : des restes de détergent (produit utilisé lors la reconstruction des membranes et qui devrait, à ce stade, avoir été retiré), des artefacts importants ou petits trous dans le film de carbone (non observés à faible grossis- sement ou créés par une surexposition au faisceau d’électrons), ou bien une autre contamination de Figure 6 Image (échelle: 1 µm) et histogramme de bruit l’échantillon. Ces types d’histogramme possèdent plusieurs pics dans la zone droite de l’histogramme (pixels clairs). Au- cun autre traitement n’est effectué sur ces images. La segmentation de spécimens biologiques est une étape difficile, surtout lorsque le contraste, les niveaux de 3.2. Sélection de région d’intérêt (ROI) gris, la forme et la taille des objets peuvent varier de ma- nière importante. Malgré l’utilisation de la coloration néga- Seules les images ayant un histogramme d’intérêt sont analy- tive par des métaux lourds, le contraste ainsi rehaussé loca- sées plus en détails pour identifier des régions d’intérêt po- lement est encore insuffisant pour pouvoir séparer les mem- tentiellement cristallines. A l’issue de cette étape, branes du fond avec un simple seuillage. Comme les mem- l’algorithme fournit les coordonnées des régions d’intérêt branes sont identifiables grâce à leur contraste local, (ROI) sélectionnées pour qu’elles puissent être acquises à un l’approche utilisée repose sur une méthode de détection de grossissement plus élevé afin de vérifier la présence de cris- contours. La présence d’un contour témoignant avec une taux. forte probabilité de la présence d’une membrane, les ROI Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut- elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
sont sélectionnées près des contours trouvés. La taille MxM 4. ANALYSE A FORT GROSSISSEMENT DU des ROI doit être au moins aussi large que la taille de la SPECTRE DE PUISSANCE zone acquise à fort grossissement si l’on veut éviter les ac- quisitions redondantes. Ainsi, si la taille de l’image à un Les images acquises à fort grossissement (environ 5 Å/pixel) moyen grossissement de x5.000 est de NxN pixels, alors, doivent être acquises d’après les coordonnées sélectionnées pour représenter une région acquise à un fort grossissement dans les images à moyen grossissement. La transformée de de x50.000 la taille MxM des ROI doit être de : Fourier est utilisée pour détecter la présence éventuelle de N (1) pics de diffractions qui confirmeraient la présence d’une M= structure cristalline [4, 12]. 10 Les différentes étapes du processus sont les suivantes : La fonction de transfert en contraste (CTF) du micros- (a) Détection des contours de l’image lissée avec un filtre de cope engendre dans l’espace réciproque un bruit qui peut être Prewitt ; important. Ce bruit se présente sous forme d’anneaux (b) Pour chaque objet (groupe de pixels connexes), le rec- concentriques et sont appelés anneaux de Thon [9]. Leur tangle convexe le plus petit est déterminé (bounding box) ; présence ne permet pas d’identifier les pics par un simple (c) Chaque rectangle est ensuite divisé en carrés de taille seuillage de l’image. La méthode proposée ne nécessite au- MxM (Figure 7, gauche). La sous-segmentation des bounding cune connaissance a priori sur l’éventuelle maille de la struc- box plutôt que de l’image entière permet de mieux position- ture à identifier, sur la CTF ou sur les réglages du microsco- ner les ROI autour des contours détectés. pes : le fond de l’image réciproque est d’abord évaluer pour (d) La quantité de ROI est ensuite réduite en éliminant les éliminer les effets des anneaux de Thon (Figure 8), puis il est moins intéressantes : soustrait à l’image réciproque initiale (Figure 9). L’image - un seuil est choisi pour s’assurer que la quantité de contours dont le fond est corrigé peut alors être seuillée pour identifier à l’intérieur d’une ROI est suffisamment importante, les pics. - les ROI qui se chevauchent sont limités afin d’éviter les Pour estimer le fond d’une image réciproque, le profil acquisitions redondantes, radial moyen peut être mesuré (exemple par le programme - pour chaque ROI, le niveau de gris dans l’image initiale est MRC) ou en estimant la CTF. La valeur Vf du profil radial étudié pour éliminer les régions trop foncées (agrégats de moyen peut s’exprimer comme suit : membranes ou artefacts) d’où aucune information ne peut ∑ ( x f ,θ , y f ,θ ) être extraite à fort grossissement. Vf = θ (2) Les ROI restantes (Figure 7, droite) sont retenues pour être nθ analysées à fort grossissement et pour identifier la présence où f est la fréquence et nθ le nombre de pixels utilisés de possible de structure cristalline. coordonnées (xf,θ,yf,θ) ayant la même fréquence f mais diffé- rents angles θ. Vf est l’estimé du niveau de gris du fond sous- trait au spectre de puissance initial. L’image résultante est ensuite seuillée (Figure 8 et Figure 9). Le profil moyen doit représenter le niveau de gris radial du fond, mais sa valeur peut être légèrement biaisée aux fréquences où se trouvent des pics de diffractions. Pour réduire leur effet, les valeurs extrêmes ne sont pas considérées lors du calcul de Vf. Pour rendre l’exécution du processus plus efficace, la fenêtre d’analyse de la FFT a été réduite lors de l’implémentation. Comme la coloration négative utilisée limite la résolution à 20 Å, l’analyse a été réduite aux fré- quences plus basses. Au-delà de 20 Å, il est inutile d’analyser l’image. La zone d’intérêt est déterminée par le cercle C20 positionné à 20 Å (Fig. 8) dont le rayon (en pixels) est donné par : 4Å (3) Rrc = R fft × 20Å avec (2.Rfft) la longueur totale en pixels de la fenêtre de Fou- rier (1024 pixels dans notre cas lorsque la FFT est faite sur toute l’image), 4 Å la taille d’un pixel dans le plan réel et 20 Å la résolution limite d’intérêt. De plus, en raison de la sy- Figure 7 (gauche) MxM ROI sélectionnées d’après les métrie de la FFT, le profil radial moyen peut être calculé sur contours détectés (étapes (a) à (c)) et (droite) ROI restan- la moitié de la fenêtre avec θ = [0 ; π]. Notons enfin que, tes après réjection des zones les moins intéressantes comme l’analyse repose sur le profil radial, le microscope (étape (d)). La taille des images est d’environ 10 x 10 µm. doit être réglé afin de réduire l’astigmatisme. Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut- elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
A moyen grossissement, l’étape de pré-classification des images constitue une étape utile en terme de gain de temps. Elle évite le traitement à moyen et fort grossissement des images où aucune ou peu d’informations peuvent encore être extraites. Différentes images acquises avec différents microscopes (Hitachi H-7000, Hitachi H-8000, Philips CM200 et FEI Tecnai F30) ont été testées et les résultats ne montrent aucune erreur significative de cette pré- classification. Seules certaines images d’agrégats de mem- branes peuvent mener à discussions quant à savoir si elles doivent être analysées ou non. Figure 8 Transformée de Fourier (gauche) d’une image Quant à la sélection des régions d’intérêts, il s’agit d’un cristal à fort grossissement, avec Rfft la moitié de la d’une étape difficile à évaluer objectivement, mais on peut taille de l’image, C20 le cercle de rayon Rrc à la résolution cependant affirmer que l’objectif principal est atteint puis- de 20 Å ; profil radial moyen (droite). que cette étape permet de réduire considérablement le temps d’acquisition et la quantité d’images acquises à fort grossis- sement en triant les zone plus ou moins intéressantes. Nous sommes en train de développer une méthode multi-échelles pour la segmentation de ces images [2]. Cette approche de- vrait permettre d’extraire plus d’informations sur l’échantillon (taille des membranes, forme, degré d’agrégation) et de mieux positionner les régions d’intérêt (au milieu des membranes plutôt que sur les bords). Quant à l’algorithme développé pour les images acqui- ses à fort grossissement, les résultats obtenus se montrent satisfaisants et concordent avec les observations. Nous Figure 9 Image réciproque après correction du fond à avons remarqué que des spots de diffractions pouvaient en- l’intérieur du cercle C20 (gauche), puis image seuillée core être identifiés lorsque que seulement un quart de (droite) l’image 1024 x 1024 pixels était occupé par une membrane cristalline. La mise en place d’un critère de qualité du cristal 5. RESULTATS ET DISCUSSION peut ensuite être basé sur plusieurs critères ; dans L’algorithme développé pour les images acquises à faible l’implémentation courante, le nombre de pics de diffractions grossissement a été testé sur deux grilles différentes. La clas- détectés et la résolution de ces pics sont enregistrés pour sification automatique est très proche de la classification ma- informer l’utilisateur sur la qualité du cristal. nuelle (Table 1 et Table 2). Les quelques orifices faux néga- tifs sont principalement dus au seuil exigent quant à la taille des orifices (la surface d’un orifice doit être au moins 75% 6. CONCLUSION celle de l’orifice le plus grand). Il n’y a par contre aucun faux Dans ce papier, nous avons présenté un processus automati- positif ce qui est très bien puisque ce sont ceux qui auraient que permettant d’évaluer la qualité de la cristallisation de été les plus problématiques. protéines. Cette série d’algorithmes basés sur des principes simples de traitement d’images montre comment le traite- Table 1. Comparaison entre une classification manuelle et ment d’image peut intervenir pour non seulement évaluer automatique d’orifices de grilles une quantité d’images, mais aussi fournir des informations à A/ Grille 1 différentes étapes du processus d’acquisition afin de rendre Classification manuelle Orifices Orifices rejetés cette acquisition plus pertinente. Les algorithmes dévelop- sélectionnés pés ne requièrent aucune intervention de l’utilisateur. A fai- Orifices Classification sélectionnés 166 ble grossissement, l’algorithme développé donne des résul- automatique Orifices rejetés 2 19 tats très bons pour l’évaluation de la qualité des grilles. Cet algorithme n’est pas spécifique à notre spécimen car les gril- les sont les supports habituels utilisés pour l’observation de B/ Grille 2 spécimens au MET. A moyenne résolution, une méthode est Classification manuelle Orifices Orifices rejetés proposée pour éliminer les images puis les régions sur les- sélectionnés quels les informations quant aux membranes sont les moins Orifices 164 intéressantes. Enfin, un algorithme de détection de pics de Classification sélectionnés automatique Orifices rejetés diffraction à fort grossissement est proposé pour identifier si 5 125 l’expérience de cristallisation 2D a échoué ou réussie. Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut- elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
Remerciements. Ce travail est soutenu par EU 6th frame- M. Roseman, F. J. Sigworth, N. Volkmann, and C. S. work (HT3DEM, LSHG-CT-2005-018811). Les images utili- Potter, "Automatic particle selection: results of a com- sées dans ce papier ont été acquises en colaboration avec le parative study," Journal of Structural Biology, vol. 145, Biozentrum, Bâle et le Max-Planck Institute for Biochemis- pp. 3-14, January 2004. try, Martinsried. REFERENCES [1] N. Coudray, J.-L. Buessler, H. Kihl, and J.-P. Urban, "Automated Image Analysis for Electron Microscopy Specimen Assessment," in 15th EUropean SIgnal Proc- essing COnference (EUSIPCO 2007), 2007, pp. 120- 124. [2] N. Coudray, J.-L. Buessler, H. Kihl, and J.-P. Urban, "TEM images of membranes: a multiresolution edge- detection approach for watershed segmentation," in Physics in Signal and Image Processing (PSIP), Mul- house, France, 2007. [3] S. Nickell, F. Förster, A. Linaroudis, W. Del Net, F. Beck, R. Hegerl, W. Baumeister, and J. M. Plitzko, "TOM software toolbox: acquisition and analysis for electron tomography," Journal of Structural Biology, vol. 149, pp. 227-234, March 2005. [4] G. T. Oostergetel, W. Keegstra, and A. Brisson, "Auto- mation of specimen selection and data acquisition for protein electron crystallography," Ultramicroscopy, vol. 74, pp. 47-59, July 1998. [5] C. S. Potter, H. Chu, B. Frey, C. Green, N. Kisseberth, T. J. Madden, K. L. Miller, K. Nahrstedt, J. Pulokas, A. Reilein, D. Tcheng, D. Weber, and B. O. Carragher, "Leginon: A System for Fully Automated Acquisition of 1000 Micrographs a Day," Ultramicroscopy, vol. 77, pp. 153-161, July 1999. [6] H. Stahlberg, "Transmission Electron Microscopy of Transmembrane Proteins (Thesis)," Lausanne: École Polytechnique Fédérale de Lausanne, 1997, p. 120. [7] H. Stahlberg, D. Fotiadis, S. Scheuring, H. Rémigy, T. Braun, K. Mitsuoka, Y. Fujiyoshi, and A. Engel, "Two- dimensional crystals: a powerful approach to assess structure, function and dynamics of membrane pro- teins," FEBS Letters, vol. 504, pp. 166-172, August 2001. [8] C. Suloway, J. Pulokas, D. Fellmann, A. Cheng, F. Guerra, J. Quispe, S. Stagg, C. S. Potter, and B. O. Car- ragher, "Automated molecular microscopy: The new Leginon system," Journal of Structural Biology, vol. 151, pp. 41-60, July 2005. [9] F. Thon, "Phase contrast electron microscopy," Electron Microscopy in Material Sciences, pp. 571-625, 1971. [10] J. Wilson, "Automated evaluation of crystallisation ex- periments," Crystallography Reviews, vol. 10, pp. 73- 84, 2004. [11] P. Zhang, A. Beatty, J. L. S. Milne, and S. Subrama- niam, "Automated Data Collection with a Tecnai 12 Electron Microscope: Applications for Molecular Imag- ing by Cryomicroscopy," Journal of Structural Biology, vol. 135, pp. 251-261, September 2001. [12] Z. Zhang, H. van den Bedem, N. K. Sauter, G. Snell, and A. M. Deacon, "Automated diffraction image analy- sis and spot searching for high-throughput crystal screening," Journal of Applied Crystallography, vol. 39, pp. 112-119, 2006 2006. [13] Y. Zhu, B. Carragher, R. M. Glaeser, D. Fellmann, C. Bajaj, M. Bern, F. Mouche, F. d. Haas, R. J. Hall, D. J. Kriegman, S. J. Ludtke, S. P. Mallick, P. A. Penczek, A. Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut- elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
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