COMMENT L'ANALYSE D'IMAGES PEUT-ELLE ASSISTER LE CONTROLE AUTOMATIQUE D'UN MICROSCOPE ELECTRONIQUE À TRANSMISSION?

 
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COMMENT L’ANALYSE D’IMAGES PEUT-ELLE ASSISTER LE CONTROLE
          AUTOMATIQUE D’UN MICROSCOPE ELECTRONIQUE À TRANSMISSION?
        Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban
                                             Laboratoire MIPS, Université de Haute Alsace
                                          4, rue des Frères Lumière, 68093 Mulhouse, France
                                     Téléphone: +(33)389-33-64-32, email: nicolas.coudray@uha.fr

                             ABSTRACT                                      Dans notre étude, nous verrons de quelle manière des
                                                                      outils de traitement d’images peuvent assister les outils de
                                                                      contrôle des Microscopes Electroniques à Transmission
     Ce papier présente une méthode automatique d’analyse
                                                                      (MET) actuellement existants, ceci dans le cadre biologique
     d’images acquises au microscope électronique à transmis-
                                                                      des protéines membranaires. Les protéines membranaires
     sion. Les algorithmes simulent les décisions d’un microsco-
                                                                      font partie de tous les organismes vivants et comprendre leur
     piste lors de l’évaluation de protéines cristallisées en deux
                                                                      fonctionnement est un défi important. Plusieurs techniques
     dimensions dans des membranes. L’objectif est d’évaluer le
                                                                      ont été mises au point afin de mettre en forme ces protéines
     succès de la cristallisation à travers un processus d’analyse
                                                                      et faciliter leur étude [6]. Parmi ces techniques, la cristallisa-
     de régions d’intérêt. L’approche est décomposée en trois
                                                                      tion 2D consiste à arranger les protéines membranaires dans
     étapes correspondant aux niveaux de grossissement du mi-
                                                                      des couches bi-lipidiques (les membranes) selon un proces-
     croscope. Lors de la première étape à faible grossissement,
                                                                      sus expérimental complexe [7]. Trouver les conditions adap-
     l’algorithme évalue la qualité de la grille sur laquelle le
                                                                      tées à la cristallisation d’une protéine donnée est un proces-
     spécimen est placé. Lors de la deuxième étape à moyen
                                                                      sus long et difficile qui nécessite la préparation d’une grande
     grossissement, les membranes dans lesquelles les protéines
                                                                      quantité d’expériences. Toutes ces expériences doivent en-
     ont été cristallisées sont analysées. Les images sont classi-
                                                                      suite être analysées au MET afin d’identifier si la présence
     fiées selon une méthode basée sur l’analyse d’histogramme
                                                                      éventuelle de membranes cristallines. Ceci doit ainsi permet-
     pour rejeter les images les moins significatives. Les images
                                                                      tre de valider les conditions requises pour la cristallisation
     restantes sont étudiées par un algorithme basé sur
                                                                      des différentes protéines. Dans ce contexte, il est important
     l’extraction et l’analyse de contours pour identifier les
                                                                      de développer des outils qui permettent d’automatiser
     membranes et sélectionner les régions potentiellement cris-
                                                                      l’analyse du spécimen biologique.
     tallines. Lors de la dernière étape à fort grossissement, un
                                                                           De nombreux efforts ont d’ores et déjà été mis en œuvre
     algorithme extrait automatiquement les pics de diffraction
                                                                      pour le contrôle automatique du microscope et l’acquisition
     des régions sélectionnées à moyen grossissement. Les tests
                                                                      des images par balayage de l’échantillon [3, 4]. En ce qui
     montrent des résultats encourageants.
                                                                      concerne l’analyse de ces images, si certains outils sont étu-
                                                                      diés depuis peu pour quelques applications [10, 13], l’analyse
                        1. INTRODUCTION
                                                                      automatique de ces images n’en est encore qu’à son tout dé-
                                                                      but, particulièrement pour les cristaux 2D.
     De nombreux efforts ont été placés dans le contrôle automa-           Le logiciel GRACE développé par Oostergetel et al. [4]
     tique des instruments en y associant des techniques de vision    a été un des premiers à s’attacher à ce problème en proposant
     ou de traitement d’images. La microscopie en particulier a       un outil principalement semi-automatique pour les images de
     fait l’objets de nombreux travaux afin d’automatiser             cristaux 2D, mais il s’agit d’un outil restreint à l’acquisition
     l’acquisition des images [3, 8, 11]. Les travaux effectués sur   des images.
     la gestion de certains réglages (comme l’autofocus) ainsi             Le system LEGINON a principalement été développé
     qu’un contrôle des déplacements permet de balayer les spé-       pour une autre méthode d’étude des protéines appelé ‘single
     cimens observés de manière complètement automatiques.            particles’. Une proposition a été faite pour adapter le système
     Les quantités élevées d’images qui peuvent être ainsi acqui-     à l’analyse de cristaux 2D en effectuant une reconnaissance
     ses doivent alors être analysées, ce qui constitue un exercice   de larges cristaux rectangulaires et bien contrastés obtenus
     d’autant plus long que le nombre d’images est grand. Ces         avec des protéines catalase [5]. L’approche est cependant
     quantités importantes d’informations à traiter constituent de    bien trop limitée à un type de protéines et à un cas rare de
     nouveaux défis pour la communauté du traitement d’images         types d’images pour pouvoir être adapté à d’autres cas.
     qui doivent trouver des méthodes adaptées pour traiter les            L’analyse automatique de larges quantités d’images
     différents types d’images ainsi acquises.                        constitue ainsi un champ émergent pour la recherche en trai-
                                                                      tement d’images. Lorsque cela est possible, il semble impor-

Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut-
elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi
Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
tant de pouvoir intégrer le système d’analyse au système               lors de l’analyse manuel ou semi-automatique de ces échan-
     d’acquisition afin que l’analyse puisse être faite en-ligne.           tillons [4].
     Ainsi, il est non seulement possible d’extraire des rensei-
     gnements sur le spécimen, mais il devient aussi possible               2. EVALUATION DE LA QUALITE DE LA GRILLE A
     d’avoir un retour sur l’échantillon et ainsi adapter le proces-                  FAIBLE GROSSISSEMENT
     sus d’acquisition des images. Le processus d’acquisition de-
     vient ainsi intimement lié au processus d’analyse. Cette dé-
                                                                            Pour observer des échantillons au MET, ceux-ci sont placés
     marche peut permettre de rendre l’ensemble de
                                                                            sur une grille de cuivre de 3 mm de diamètre sur laquelle est
     l’automatisation beaucoup plus efficace, comme expliqué ci-
                                                                            posé un fin film de carbone. Ce film est fragile et endomma-
     après. Le succès d’une expérience de cristallisation 2D peut
                                                                            gé en de nombreux endroits. Il est important d’identifier ces
     être évalué en détectant des pics de diffractions du spectre
                                                                            régions tôt dans le processus afin de ne plus s’y attarder par
     d’une image acquises à fort grossissement (à environ 5 Å
                                                                            la suite et éviter ainsi de perdre du temps à acquérir des ima-
     /pixel). Cependant, à ce grossissement, effectuer un simple
                                                                            ges aux endroits où il n’y a pas d’information à extraire.
     balayage suivi d’une analyse d’image est très inefficace en
                                                                                  Pour évaluer la qualité de la grille en cryo-microscopie,
     terme de méthodologie et de temps étant donné la taille de la
                                                                            Zhang et al. [11] ont développé un processus qui nécessite
     grille à balayer (3 mm de diamètre) et le champ de la caméra
                                                                            une image de référence acquise par l’utilisateur sur la grille
     à ce grossissement (environ 500 nm x 500 nm). Cette démar-
                                                                            étudiée. Le défi auquel notre algorithme a dû répondre était
     che est d’autant plus hasardeuse que le spécimen peut être
                                                                            d’évaluer des grilles en cristallographie électronique sans
     rare sur la grille. Il est ainsi plus pertinent de balayer la grille
                                                                            nécessiter aucune référence de la part de l’utilisateur. Au-
     à un grossissement plus faible afin de diriger le spécimen
                                                                            cune référence ne peut d’ailleurs être incluse dans le pro-
     vers les régions les plus intéressantes.
                                                                            gramme même car la géométrie des orifices de la grille peut
           Ainsi, nous avons adopté une approche en 3 étapes, cor-
                                                                            varier d’une grille à une autre, et les conditions
     respondant chacune au balayage partiel de la grille à un gros-
                                                                            d’éclairement peuvent elles aussi varier.
     sissement [1]. Pour chaque étape, des outils de traitements
                                                                                  Pour atteindre notre objectif, nous avons développé une
     spécifiques doivent être crées pour extraire des informations
                                                                            méthode originale basée principalement sur une analyse
     sur le spécimen. Ces informations permettent non seulement
                                                                            globale et locale d’histogrammes. Après avoir identifier les
     de quantifier le succès de la cristallisation mais ils sont éga-
                                                                            orifices de la grille, une première évaluation de la qualité est
     lement une aide au pilotage du microscope. Ces 3 étapes sont
                                                                            effectuée pour un premier tri. Les informations recueillies
     effectuées à trois niveaux durant lesquels la grille est balayée
                                                                            durant cette première passe sont utilisées pour effectuer une
     à faible, moyen puis fort grossissement. Les renseignements
                                                                            seconde évaluation de la qualité et préciser la qualité de cha-
     extraits aux deux premières étapes permettent d’optimiser le
                                                                            que orifice. Seuls les coordonnées orifices de qualité accep-
     pilotage aux deux dernières étapes :
                                                                            tables sont conserver pour que des images à plus fort grossis-
     (1) A faible grossissement : les images sont acquises pour
                                                                            sement puissent y être acquises. Les différentes étapes de
     visualiser l’ensemble de la grille en cuivre sur laquelle le
                                                                            l’algorithme sont exposées ci-dessous.
     spécimen a été placé. La qualité de la grille est évaluée et les
                                                                                  Lors de la première étape, une étude globale de
     régions d’intérêts sont identifiées : il s’agit des orifices de la
                                                                            l’histogramme de l’image permet d’identifier la position des
     grille, les zones occupées par la grille elle-même étant trop
                                                                            orifices de la grille (Figure 1) : l’opacité de la grille en cuivre
     opaques pour que des membranes puissent y être identifiées.
                                                                            aux électrons engendre un pic étroit dans les niveaux de gris
     De plus, comme quasiment toutes les grilles sont localement
                                                                            sombres de l’histogramme (à droite de l’histogramme de la
     abîmées, il s’agit de ne sélectionner que les orifices en bon
                                                                            Figure 1). Le seuil est placé au premier minimum local après
     état. L’algorithme proposé est développé dans la section II de
                                                                            ce pic afin de séparer la grille des orifices.
     ce papier.
                                                                                  Puis, une étude locale de chaque orifice est effectuée.
     (2) A moyen grossissement (environ x 5.000) : les images
                                                                            Nous considérons quatre types d’orifices (Figure 2) :
     sont acquises au niveau des orifices sélectionnées à faible
                                                                            (A) les orifices où la grille est en bon état et où les membra-
     grossissement. A cette étape, les membranes sont visibles et
                                                                            nes sont suffisamment larges et contrastées pour être visibles
     analysées pour sélectionner les régions potentiellement cris-
                                                                            à cette résolution,
     tallines et ainsi restreindre le balayage effectué à fort grossis-
                                                                            (B) les orifices en bon état où les membranes sont trop petites
     sement. Cette partie, développée dans la section III, est divi-
                                                                            ou trop faiblement contrastées pour pouvoir être visibles à ce
     sée en deux étapes : une pré-classification basée sur l’analyse
                                                                            grossissement,
     des histogrammes et une analyse de contour d’images pour la
                                                                            (C) les orifices où le film de carbone est endommagé et par-
     localisation des membranes.
                                                                            tiellement visible,
     (3) A fort grossissement (x50.000) : des images des régions
                                                                            (D) les orifices où le film de carbone est endommagé et
     potentiellement cristallines sont acquises et le spectre de
                                                                            complètement absent.
     puissance est analysé pour identifier la présence ou l’absence
                                                                                  Les orifices de type (A) et (C) peuvent être identifiés
     de pics de diffractions. Cette étape est traitée dans la section
                                                                            par une première évaluation de la qualité qui peut être faite
     IV.
                                                                            en-ligne : la méthode proposée est basée sur un seuillage
           L’approche générale s’avère être une simulation du
                                                                            local de l’histogramme de chaque orifice (Figure 2) : pour
     comportement du biologiste qui procède de manière similaire
                                                                            chaque orifice, le dernier pic Plast de l’histogramme est iden-

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elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi
Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
tifié et seuillé. Ce pic représente les pixels les plus clairs de
     l’image. Pour les images de type (A), la surface occupée par
     la zone segmentée contient des ‘trous’ dus à la présence des
     membranes contrastées dont le niveau de gris est inférieur à
     celui du fond. L’enveloppe convexe de cette zone segmentée
     occupe la quasi-totalité de l’orifice (lors de
     l’implémentation, une erreur de +/- 5% est autorisée entre
     l’aire de l’enveloppe convexe du fond et l’aire de l’orifice).
     Pour les orifices de type (C), la zone la plus claire ne repré-                         Ts
     sente pas le film de carbone mais la zone où le film est ab-
     sent. En effet, la déchirure permet de laisser passer plus
     d’électrons par rapport au film de carbone. Ainsi, la zone
     segmentée ne contient pas de ‘trous’ et son aire convexe est        Figure 1 Histogramme typique d’une image de la grille
     inférieure à celle de l’orifice. Les orifices de types (C) sont     acquise à faible grossissement et le seuil Ts utilisé pour
     les plus importants à identifier car les morceaux de carbone        segmenter les orifices.
     repliés aux bords des déchirures ressemblent à des membra-
     nes lorsque l’image est acquise à moyenne résolution. Afin
     d’éviter cette confusion qui mènerait à de faux positifs lors
     des études suivantes, il est important d’identifier ces en-
     droits. Pour les orifices de types (B) et (D), l’objet segmenté
     est sans ‘trou’ et son aire convexe occupe la totalité de
     l’orifice. La seule différence entre ces deux types d’orifices
     est leur niveau de gris moyen qui est plus sombre lorsque le
     film de carbone est présent. Ce niveau de gris moyen peut
     varier d’une acquisition à l’autre et d’un microscope à
     l’autre selon les paramètres d’acquisition par exemple. Il
     n’est donc pas possible de connaître a priori à quel moment
     un niveau de gris est suffisamment clair pour que l’on
     puisse considérer que le film est absent. Si l’essentiel est
     d’éviter la détection de faux positifs, l’algorithme peut être
     conserver tel quel : l’acquisition d’images sur des orifices de
     types (D) constitue une perte de temps mais ne constitue
     aucun danger pour les étapes suivantes.
     Pour pouvoir éviter cette perte de temps sans pour autant
     faire appel à une intervention de l’utilisateur, nous avons
     introduit une seconde passe d’évaluation de qualité. Celle-ci
     est basée sur les informations recueillies lors de la première
     passe : après la première passe de l’étude de qualité, les gril-    Figure 2 Les différentes classes d’orifices : ligne 1 : type
                                                                         (A) lorsque le film de carbone est en bon état et les mem-
     les de types (A) et (C) ont été identifiées, ce qui permet
     d’extraire un niveau de gris de référence du fond lorsque le        branes visibles ; ligne 2 : type (C) lorsque le film est dé-
                                                                         chiré ; ligne 3 : type (B) ou (D): présence éventuelle du
     film de carbone est présent et absent. Cette information est
     utilisée lors de la seconde passe pour différencier les orifices    film de carbone et de membranes trop petites ou trop peu
                                                                         contrastées pour être visibles, ou bien absence du film de
     de types (B) et (D). S’il n’y a aucun orifice de type (A), la
                                                                         carbone ; colonne 1 : images en niveaux de gris centrées
     moyenne GL C et l’écart type STDC de la distribution des            sur les orifices ; colonne 2 : histogramme local de chaque
     pixels de fond identifiés dans les orifices de classes (C) sont     orifice et, entouré de rouge, le dernier pic de
     utilisés pour déterminer le seuil de classification type (B) /      l’histogramme à segmenter ; colonne 3 : images binaires
     type (D) :                                                          des orifices après la segmentation du dernier pic de
                           Tempty = GL C − 2 × STDC ,              (2)   l’histogramme. La taille des orifices est d’environ 60 x 60
     A partir de la première passe d’évaluation, des informations        µm.
     statistiques concernant la taille et la forme des orifices peu-
     vent être extraites et utilisées lors de la seconde passe pour
     éliminer les orifices dont la géométrie ou la taille est sus-
     pecte.

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3. ANALYSE DES IMAGES A MOYEN
                       GROSSISSEMENT

     3.1.        Pré-classification des images par analyse de
            l’histogramme

     La pré-classification des images proposée est une méthode
     rapide pour rejeter des images qui ne nécessitent aucune            Figure 3 Image (échelle : 1 µm) et histogramme d’intérêt
     analyse. Cette étape est effectuée sur l’histogramme de
     l’image lissée par un filtre médian de taille 5x5.
           Quatre classes d’histogramme sont proposées : les his-
     togrammes d’intérêt, les histogrammes d’agrégats, les his-
     togrammes de grille et les histogrammes de bruit :
     (1) Les histogrammes d’intérêts (Figure 3) constituent ceux
     qui valent la peine d’être analysés. Le pic principal est situé
     dans la partie droite de l’histogramme, témoignant d’une
     partie claire dominante (fond et membranes non empilées).
     Les images ayant ce type d’histogramme sont sélectionnées
     pour être analysées plus en détails.                                Figure 4 Image (échelle : 1 µm) et histogramme d’agrégats
     (2) Les histogrammes d’agrégats (Figure 4) au contraire pos-
     sèdent leu pic principal dans la partie gauche de
     l’histogramme (zone sombre) et témoignent de la présence
     importante d’empilement et d’agrégats. Dans ce cas, l’image
     est rejetée et n’est pas analysée plus en détail.
     (3) Les histogrammes de grille (Figure 5) sont observés
     lorsque l’image acquise est proche de la grille en cuivre.
     Celle-ci est opaque aux électrons et on observe dans
     l’histogramme un pic aux niveaux de gris quasi-nuls ;
     l’histogramme commence par un maximum. La grille est
     segmentée en choisissant un seuil au premier minimum local          Figure 5 Image (échelle : 1 µm) et histogramme de grille
     après le pic. Si plus de la moitié de l’image est occupée par la
     grille, alors la zone sur laquelle il est possible d’extraire de
     l’information potentiellement utile est considérée comme
     trop faible et l’image est rejetée.
     (4) Les histogrammes de bruit (Figure 6) peuvent être causés
     par différents types de bruits : des restes de détergent (produit
     utilisé lors la reconstruction des membranes et qui devrait, à
     ce stade, avoir été retiré), des artefacts importants ou petits
     trous dans le film de carbone (non observés à faible grossis-
     sement ou créés par une surexposition au faisceau
     d’électrons), ou bien une autre contamination de                    Figure 6 Image (échelle: 1 µm) et histogramme de bruit
     l’échantillon. Ces types d’histogramme possèdent plusieurs
     pics dans la zone droite de l’histogramme (pixels clairs). Au-
     cun autre traitement n’est effectué sur ces images.
                                                                              La segmentation de spécimens biologiques est une
                                                                         étape difficile, surtout lorsque le contraste, les niveaux de
     3.2.       Sélection de région d’intérêt (ROI)                      gris, la forme et la taille des objets peuvent varier de ma-
                                                                         nière importante. Malgré l’utilisation de la coloration néga-
     Seules les images ayant un histogramme d’intérêt sont analy-        tive par des métaux lourds, le contraste ainsi rehaussé loca-
     sées plus en détails pour identifier des régions d’intérêt po-      lement est encore insuffisant pour pouvoir séparer les mem-
     tentiellement cristallines. A l’issue de cette étape,               branes du fond avec un simple seuillage. Comme les mem-
     l’algorithme fournit les coordonnées des régions d’intérêt          branes sont identifiables grâce à leur contraste local,
     (ROI) sélectionnées pour qu’elles puissent être acquises à un       l’approche utilisée repose sur une méthode de détection de
     grossissement plus élevé afin de vérifier la présence de cris-      contours. La présence d’un contour témoignant avec une
     taux.                                                               forte probabilité de la présence d’une membrane, les ROI

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sont sélectionnées près des contours trouvés. La taille MxM
                                                                             4. ANALYSE A FORT GROSSISSEMENT DU
     des ROI doit être au moins aussi large que la taille de la
                                                                                    SPECTRE DE PUISSANCE
     zone acquise à fort grossissement si l’on veut éviter les ac-
     quisitions redondantes. Ainsi, si la taille de l’image à un        Les images acquises à fort grossissement (environ 5 Å/pixel)
     moyen grossissement de x5.000 est de NxN pixels, alors,            doivent être acquises d’après les coordonnées sélectionnées
     pour représenter une région acquise à un fort grossissement        dans les images à moyen grossissement. La transformée de
     de x50.000 la taille MxM des ROI doit être de :                    Fourier est utilisée pour détecter la présence éventuelle de
                                      N                           (1)   pics de diffractions qui confirmeraient la présence d’une
                                  M=                                    structure cristalline [4, 12].
                                      10
     Les différentes étapes du processus sont les suivantes :                 La fonction de transfert en contraste (CTF) du micros-
     (a) Détection des contours de l’image lissée avec un filtre de     cope engendre dans l’espace réciproque un bruit qui peut être
     Prewitt ;                                                          important. Ce bruit se présente sous forme d’anneaux
     (b) Pour chaque objet (groupe de pixels connexes), le rec-         concentriques et sont appelés anneaux de Thon [9]. Leur
     tangle convexe le plus petit est déterminé (bounding box) ;        présence ne permet pas d’identifier les pics par un simple
     (c) Chaque rectangle est ensuite divisé en carrés de taille        seuillage de l’image. La méthode proposée ne nécessite au-
     MxM (Figure 7, gauche). La sous-segmentation des bounding          cune connaissance a priori sur l’éventuelle maille de la struc-
     box plutôt que de l’image entière permet de mieux position-        ture à identifier, sur la CTF ou sur les réglages du microsco-
     ner les ROI autour des contours détectés.                          pes : le fond de l’image réciproque est d’abord évaluer pour
     (d) La quantité de ROI est ensuite réduite en éliminant les        éliminer les effets des anneaux de Thon (Figure 8), puis il est
     moins intéressantes :                                              soustrait à l’image réciproque initiale (Figure 9). L’image
     - un seuil est choisi pour s’assurer que la quantité de contours   dont le fond est corrigé peut alors être seuillée pour identifier
     à l’intérieur d’une ROI est suffisamment importante,               les pics.
     - les ROI qui se chevauchent sont limités afin d’éviter les              Pour estimer le fond d’une image réciproque, le profil
     acquisitions redondantes,                                          radial moyen peut être mesuré (exemple par le programme
     - pour chaque ROI, le niveau de gris dans l’image initiale est     MRC) ou en estimant la CTF. La valeur Vf du profil radial
     étudié pour éliminer les régions trop foncées (agrégats de         moyen peut s’exprimer comme suit :
     membranes ou artefacts) d’où aucune information ne peut                                         ∑ ( x f ,θ , y f ,θ )
     être extraite à fort grossissement.                                                      Vf = θ                                  (2)
     Les ROI restantes (Figure 7, droite) sont retenues pour être                                          nθ
     analysées à fort grossissement et pour identifier la présence      où f est la fréquence et nθ le nombre de pixels utilisés de
     possible de structure cristalline.                                 coordonnées (xf,θ,yf,θ) ayant la même fréquence f mais diffé-
                                                                        rents angles θ. Vf est l’estimé du niveau de gris du fond sous-
                                                                        trait au spectre de puissance initial. L’image résultante est
                                                                        ensuite seuillée (Figure 8 et Figure 9). Le profil moyen doit
                                                                        représenter le niveau de gris radial du fond, mais sa valeur
                                                                        peut être légèrement biaisée aux fréquences où se trouvent
                                                                        des pics de diffractions. Pour réduire leur effet, les valeurs
                                                                        extrêmes ne sont pas considérées lors du calcul de Vf.
                                                                              Pour rendre l’exécution du processus plus efficace, la
                                                                        fenêtre d’analyse de la FFT a été réduite lors de
                                                                        l’implémentation. Comme la coloration négative utilisée
                                                                        limite la résolution à 20 Å, l’analyse a été réduite aux fré-
                                                                        quences plus basses. Au-delà de 20 Å, il est inutile
                                                                        d’analyser l’image. La zone d’intérêt est déterminée par le
                                                                        cercle C20 positionné à 20 Å (Fig. 8) dont le rayon (en
                                                                        pixels) est donné par :
                                                                                                                        4Å           (3)
                                                                                                       Rrc = R fft ×
                                                                                                                       20Å

                                                                        avec (2.Rfft) la longueur totale en pixels de la fenêtre de Fou-
                                                                        rier (1024 pixels dans notre cas lorsque la FFT est faite sur
                                                                        toute l’image), 4 Å la taille d’un pixel dans le plan réel et 20
                                                                        Å la résolution limite d’intérêt. De plus, en raison de la sy-
     Figure 7 (gauche) MxM ROI sélectionnées d’après les                métrie de la FFT, le profil radial moyen peut être calculé sur
     contours détectés (étapes (a) à (c)) et (droite) ROI restan-       la moitié de la fenêtre avec θ = [0 ; π]. Notons enfin que,
     tes après réjection des zones les moins intéressantes              comme l’analyse repose sur le profil radial, le microscope
     (étape (d)). La taille des images est d’environ 10 x 10 µm.        doit être réglé afin de réduire l’astigmatisme.

Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut-
elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi
Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
A moyen grossissement, l’étape de pré-classification
                                                                                des images constitue une étape utile en terme de gain de
                                                                                temps. Elle évite le traitement à moyen et fort grossissement
                                                                                des images où aucune ou peu d’informations peuvent encore
                                                                                être extraites. Différentes images acquises avec différents
                                                                                microscopes (Hitachi H-7000, Hitachi H-8000, Philips
                                                                                CM200 et FEI Tecnai F30) ont été testées et les résultats ne
                                                                                montrent aucune erreur significative de cette pré-
                                                                                classification. Seules certaines images d’agrégats de mem-
                                                                                branes peuvent mener à discussions quant à savoir si elles
                                                                                doivent être analysées ou non.
     Figure 8 Transformée de Fourier (gauche) d’une image                            Quant à la sélection des régions d’intérêts, il s’agit
     d’un cristal à fort grossissement, avec Rfft la moitié de la               d’une étape difficile à évaluer objectivement, mais on peut
     taille de l’image, C20 le cercle de rayon Rrc à la résolution              cependant affirmer que l’objectif principal est atteint puis-
     de 20 Å ; profil radial moyen (droite).                                    que cette étape permet de réduire considérablement le temps
                                                                                d’acquisition et la quantité d’images acquises à fort grossis-
                                                                                sement en triant les zone plus ou moins intéressantes. Nous
                                                                                sommes en train de développer une méthode multi-échelles
                                                                                pour la segmentation de ces images [2]. Cette approche de-
                                                                                vrait permettre d’extraire plus d’informations sur
                                                                                l’échantillon (taille des membranes, forme, degré
                                                                                d’agrégation) et de mieux positionner les régions d’intérêt
                                                                                (au milieu des membranes plutôt que sur les bords).
                                                                                     Quant à l’algorithme développé pour les images acqui-
                                                                                ses à fort grossissement, les résultats obtenus se montrent
                                                                                satisfaisants et concordent avec les observations. Nous
     Figure 9 Image réciproque après correction du fond à                       avons remarqué que des spots de diffractions pouvaient en-
     l’intérieur du cercle C20 (gauche), puis image seuillée                    core être identifiés lorsque que seulement un quart de
     (droite)                                                                   l’image 1024 x 1024 pixels était occupé par une membrane
                                                                                cristalline. La mise en place d’un critère de qualité du cristal
                   5. RESULTATS ET DISCUSSION                                   peut ensuite être basé sur plusieurs critères ; dans
     L’algorithme développé pour les images acquises à faible                   l’implémentation courante, le nombre de pics de diffractions
     grossissement a été testé sur deux grilles différentes. La clas-           détectés et la résolution de ces pics sont enregistrés pour
     sification automatique est très proche de la classification ma-            informer l’utilisateur sur la qualité du cristal.
     nuelle (Table 1 et Table 2). Les quelques orifices faux néga-
     tifs sont principalement dus au seuil exigent quant à la taille
     des orifices (la surface d’un orifice doit être au moins 75%                                    6. CONCLUSION
     celle de l’orifice le plus grand). Il n’y a par contre aucun faux          Dans ce papier, nous avons présenté un processus automati-
     positif ce qui est très bien puisque ce sont ceux qui auraient             que permettant d’évaluer la qualité de la cristallisation de
     été les plus problématiques.                                               protéines. Cette série d’algorithmes basés sur des principes
                                                                                simples de traitement d’images montre comment le traite-
     Table 1. Comparaison entre une classification manuelle et                  ment d’image peut intervenir pour non seulement évaluer
     automatique d’orifices de grilles                                          une quantité d’images, mais aussi fournir des informations à
     A/ Grille 1                                                                différentes étapes du processus d’acquisition afin de rendre
                                               Classification manuelle
                                            Orifices         Orifices rejetés   cette acquisition plus pertinente. Les algorithmes dévelop-
                                          sélectionnés                          pés ne requièrent aucune intervention de l’utilisateur. A fai-
                           Orifices
      Classification    sélectionnés
                                               166                              ble grossissement, l’algorithme développé donne des résul-
      automatique      Orifices rejetés
                                                2                   19
                                                                                tats très bons pour l’évaluation de la qualité des grilles. Cet
                                                                                algorithme n’est pas spécifique à notre spécimen car les gril-
                                                                                les sont les supports habituels utilisés pour l’observation de
     B/ Grille 2                                                                spécimens au MET. A moyenne résolution, une méthode est
                                               Classification manuelle
                                            Orifices         Orifices rejetés
                                                                                proposée pour éliminer les images puis les régions sur les-
                                          sélectionnés                          quels les informations quant aux membranes sont les moins
                           Orifices
                                               164                              intéressantes. Enfin, un algorithme de détection de pics de
      Classification    sélectionnés
      automatique      Orifices rejetés                                         diffraction à fort grossissement est proposé pour identifier si
                                                5                  125
                                                                                l’expérience de cristallisation 2D a échoué ou réussie.

Nicolas Coudray, Jean-Luc Buessler, Argyro Karathanou, Gilles Hermann, Hubert Kihl, Jean-Philippe Urban, "Comment l’analyse d’images peut-
elle assister le contrôle automatique d’un microscope électronique à transmission ?", 2ème Conférence sur la Vision Artificielle (CVA), Tizi
Ouzou, Algérie, Vol. 2, pp. 257-263, 2007.
Remerciements. Ce travail est soutenu par EU 6th frame-                  M. Roseman, F. J. Sigworth, N. Volkmann, and C. S.
     work (HT3DEM, LSHG-CT-2005-018811). Les images utili-                    Potter, "Automatic particle selection: results of a com-
     sées dans ce papier ont été acquises en colaboration avec le             parative study," Journal of Structural Biology, vol. 145,
     Biozentrum, Bâle et le Max-Planck Institute for Biochemis-               pp. 3-14, January 2004.
     try, Martinsried.

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