COMMUNICATION EFFICACE SUR LES RISQUES POUR L'ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ - Rapport stratégique sur les tendances récentes, les théories et les concepts

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COMMUNICATION EFFICACE
SUR LES RISQUES POUR
L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ

Rapport stratégique sur les tendances
récentes, les théories et les concepts
COMMUNICATION EFFICACE
SUR LES RISQUES POUR
L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ

Rapport stratégique sur les tendances
récentes, les théories et les concepts
Résumé
Ce rapport offre une présentation stratégique de la communication efficace sur les risques pour l’environnement et la
santé dans le monde, tout particulièrement en Europe. Il survole les dernières tendances, les théories et les concepts sur
ce sujet, et recense les principales difficultés et les bonnes pratiques. Les constats dressés par le rapport sont complétés
par trois études de cas : sur la promotion de la qualité de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie ; sur la contamination
de l’eau dans la région de la Vénétie en Italie ; et sur l’action sanitaire contre la chaleur en Styrie (Autriche).

Mots clés
RISK COMMUNICATION
ENVIRONMENT
HEALTH

WHO/EURO:2022-4208-43967-63404

© Organisation mondiale de la Santé 2022

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concepts. Copenhagen: WHO Regional Office for Europe; 2021 ».

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Proposition de citation : Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé : rapport stratégique sur les tendances
récentes, les théories et les concepts. Copenhague : Bureau régional de l’OMS pour l’Europe ; 2022. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

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Conception graphique : Veranika Ardytskaya
Sommaire
SIGLES ET ABRÉVIATIONS........................................................................................................................ iv
REMERCIEMENTS.......................................................................................................................................... v
INTRODUCTION............................................................................................................................................. 1
1. THÉORIES ET CONCEPTS....................................................................................................................... 7
   1.1 Théories et concepts de la communication sur les risques pour l’environnement
       et la santé................................................................................................................................................ 7
   1.2 Difficultés de la communication sur les risques pour
       l’environnement et la santé............................................................................................................15
   1.3 Bonnes pratiques favorisant une communication efficace sur les risques pour
       l’environnement et la santé............................................................................................................17
2. ÉTUDE DE CAS N°1. PROMOUVOIR LA QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR
   DANS LES ÉCOLES EN HONGRIE......................................................................................................22
   2.1 Contexte................................................................................................................................................22
   2.2 Campagne de communication sur la qualité de l’air intérieur dans les écoles
       primaires...............................................................................................................................................23
   2.3 Campagne de communication.....................................................................................................23
   2.4 Canaux...................................................................................................................................................26
   2.5 Résultats................................................................................................................................................29
   2.6 Enseignements...................................................................................................................................30
3. ÉTUDE DE CAS N°2. CONTAMINATION DE L’EAU DANS LA RÉGION DE
   LA VÉNÉTIE (ITALIE)...............................................................................................................................33
   3.1 Contexte................................................................................................................................................33
   3.2 Contamination de l’eau dans la région de la Vénétie...........................................................34
   3.3 Méthode de communication........................................................................................................34
   3.4 Mesures adoptées après la crise et mesures en cours..........................................................37
   3.5 Résultats................................................................................................................................................38
   3.6 Enseignements...................................................................................................................................38
4. ÉTUDE DE CAS N°3. ACTION CONTRE LES EFFETS DE LA CHALEUR SUR LA
   SANTÉ EN STYRIE (AUTRICHE)..........................................................................................................40
   4.1 Contexte................................................................................................................................................40
   4.2 Protection contre les effets de la chaleur sur la santé en Autriche..................................41
   4.3 Campagne de communication.....................................................................................................42
   4.4 Résultats................................................................................................................................................48
   4.5 Actions futures....................................................................................................................................48
   4.6 Enseignements...................................................................................................................................49
5. CONCLUSIONS.........................................................................................................................................51
RÉFÉRENCES..................................................................................................................................................52
ANNEXE 1. ANALYSE DES DIFFICULTÉS ET DES BONNES PRATIQUES................................60
Sigles et abréviations

ESB         Encéphalopathie spongiforme bovine
HERA        Programme de recherche sur l’environnement et la santé
MCJ         Maladie de Creutzfeldt–Jakob
NPHC        Centre national de santé publique (Hongrie)
PFAS        Substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées
(code) QR   Quick response
ZAMG        Zentralanstalt für Meteorologie und Geodynamik
            (Institut central de météorologie et de géodynamique, Autriche)

iv
Remerciements

Le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe adresse ses remerciements à toutes les
personnes qui ont rendue possible la publication de ce rapport. Les auteurs du présent
rapport sont deux chercheurs indépendants, le docteur Glenn O’Neil et le docteur
Sarah Grosso. Le professeur Martin Bauer, directeur du Master of Science Social and
Public Communication, du Département de science psychologique et comportementale
de la London School of Economics and Political Science, a révisé le rapport et apporté sa
contribution à la partie théorique et conceptuelle. Le docteur Sinaia Netanyahu et le
docteur Julia Nowacki du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, ont participé à la
structure et à l’élaboration stratégique du rapport et des études de cas, et à la révision
de ses versions successives.

Les auteurs sont reconnaissants du soutien apporté par les personnes ayant accordé un
entretien en vue des études de cas et/ou fourni d’importantes informations et ressources,
outre la révision des études de cas (cf. ci-dessous). Les auteurs remercient également James
Creswick et Cristiana Salvi du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, pour la révision
du rapport. Les membres du réseau du programme de recherche sur l’environnement
et la santé (HERA) en Europe ont également eu l’opportunité de réviser la publication et
d’apporter des commentaires.

          La présente publication entre dans le cadre du projet HERA, financé par le
          programme d’innovation et de recherche Horizon 2020 de la Commission
          européenne (accord de subvention n° 825417).

Entretiens et révision des études de cas

Étude de cas n° 1. Promotion de la qualité de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie

Dr Tamas Szigeti, chef du projet InAirQ, directeur du laboratoire Hygiène de l’air, Centre
national de la santé publique, Budapest (Hongrie).

Étude de cas révisée par le docteur Szigeti et Veronika Gál, directrice des communications,
Centre national de la santé publique, Budapest (Hongrie).

Étude de cas n° 2. Contamination de l’eau dans la région de la Vénétie en Italie

Dr Gisela Pitter, Directrice médicale, UOC Screening and Health Impact Assessment, Azienda
Zero, région de la Vénétie (Italie).

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Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Étude de cas révisée par le docteur Pitter, Leda E. Nemer, consultante au Bureau européen
de l’OMS pour l’investissement en faveur de la santé et du développement, Venise (Italie),
et par le docteur Francesca Russo, directrice des services de la santé publique et de la
promotion du développement de l’hygiène, région de la Vénétie (Italie).

Étude de cas n° 3. Action sanitaire contre la chaleur en Styrie (Autriche)

Dr Eva Franziska Matthies-Wiesler, chercheuse principale, Helmholz Centre, Munich
(Allemagne)

Christian Pollhammer, fonctionnaire du gouvernement provincial de Styrie,
Département 8 – Santé, soins infirmiers et gestion de la science et des soins, Division
médicale, Graz (Autriche).

Sonja Spiegel, directrice adjointe de la section VII – Systèmes de santé, département 2 –
Prévention des radiations, environnement et santé, ministère fédéral des Affaires sociales,
de la Santé, des Soins et de la Protection du consommateur, Vienne (Autriche).

vi
Introduction

Un environnement sain est essentiel à l’amélioration de la santé et à la protection
de la vie. La riposte à la COVID-19 et à d’autres menaces sanitaires climatiques et
environnementales a produit des recherches, de l’expérience et un savoir considérables
à propos de la communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé.

En guise de contribution à ces efforts, ce rapport offre une présentation stratégique de la
communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé dans le monde,
tout particulièrement en Europe. Le présent rapport décrit les principales théories,
les concepts et les difficultés, de même que les bonnes pratiques inhérentes à une
communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé. Il expose trois
études de cas, qui permettent d’illustrer les pratiques et les difficultés actuelles d’une telle
communication.

Ce rapport a été commandé par le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, dans le cadre
du programme de recherche sur l’environnement et la santé (HERA) en Europe, financé
par une subvention au titre d’Horizon 2020, de la Commission européenne. Le projet
HERA a reçu un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020
de l’Union européenne (accord de subvention n° 825417).

Le but de ce projet est de fixer les priorités d’un programme de recherche sur
l’environnement, le climat et la santé dans les pays de l’Union européenne, en adoptant
une approche globale, systémique et inclusive face aux changements climatiques
mondiaux, et en couvrant les principaux aspects de politique et de recherche stratégique.

Définition

La définition par l’OMS de la communication sur les risques est la suivante :

  Échange en temps réel d’informations, de conseils et d’opinions entre experts ou
  responsables officiels et personnes se trouvant face à une menace (un risque) contre leur
  survie, leur santé ou leur bien-être économique ou sociale. Son objectif ultime est que
  chaque personne exposée au risque soit capable de prendre des décisions informées
  pour atténuer les effets de la menace (le risque), telle qu’une flambée de maladie, et de
  prendre des mesures de protection et de prévention (OMS, s.d.).

La communication sur les risques peut faire référence à un vaste ensemble de
questions allant au-delà de la santé publique, notamment des risques et des menaces
technologiques, environnementales, sociétales ou catastrophiques (Glik, 2007 ;

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Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Leiss, 2004). La perception du risque est quant à elle, le jugement subjectif que des
personnes se forment sur les caractéristiques et la gravité d’un risque, tel qu’un
danger potentiel (Gellman & Turner, 2013 ; Sandman, 1989). Le présent rapport traite
de la communication sur les risques pour l’environnement et la santé. Les principaux
aspects de ce type de communication sont les suivants (Gamhewage, 2014 ; Glik,
2007 ; WHO, 2013) :

•   La communication sur les risques concernait traditionnellement la diffusion
    d’informations au public sur les risques à l’investissement (cargos n’arrivant pas
    à leur port de destination, par exemple), les risques ou les menaces pour la santé
    (dus à un déversement de pétrole par exemple) ou les flambées de maladie (telles
    qu’une épidémie), mais elle a évolué jusqu’à prendre en compte actuellement une
    large gamme de risques et de menaces.
•   La communication sur les risques pour l’environnement et la santé couvre à la fois
    les risques graves, tels que les accidents industriels, et les risques chroniques de
    long terme, tels que la pollution atmosphérique. Bien que les mêmes théories et
    tactiques de communication s’appliquent, la nature des risques influence la façon
    de les aborder.
•   Le cœur de la communication sur les risques ne porte plus seulement sur la
    diffusion de l’information, mais également sur une meilleure compréhension du
    processus de communication menant à des changements de croyances et de
    comportements.
•   La communication sur les risques n’a pas de frontières et s’avère appropriée et
    applicable localement aussi bien que mondialement.
•   La communication sur les risques comprend à la fois la communication interne –
    avec les agents de santé de première ligne par exemple – et la communication
    externe, avec les publics affectés.
•   Les grandes tendances mondiales façonnent la communication sur les risques,
    accroissant sa visibilité et créant des difficultés significatives (cf. ci-dessous).
•   La communication sur les risques pour l’environnement et la santé s’appuie sur
    des perspectives interdisciplinaires incluant de nombreux domaines, notamment
    la gestion des risques, la gestion des catastrophes, la promotion de la santé, les
    études médiatiques, la communication de crise, et sur des champs plus vastes tels
    que la psychologie, l’anthropologie, la santé, le droit et la philosophie.

Bien que communication sur les risques et communication de crise soient souvent
utilisés de façon synonyme, les deux termes comportent des différences fondamentales.
La communication de crise implique souvent de communiquer sur les risques, mais
elle est en grande partie centrée sur le maintien ou la restauration de la réputation
d’organisations touchées par des crises (Coombs & Holladay, 2011 ; Heath & O’Hair, 2010).

2
Introduction

Par ailleurs, la communication sur les risques exécutée en situation de crise comporte
un fort élément de préparation (Glik, 2007). La communication sur les risques peut être
également appliquée à des risques chroniques et aigus pour la santé. Toutefois, les liens
entre communications sur les risques et de crise sont puissants : un risque qui n’est pas
géré correctement peut mener à une situation de crise (Coombs & Holladay, 2011), et la
communication sur les risques pendant des crises telles que les situations d’urgence de
santé publique est un centre d’intérêt fondamental (OMS, 2017a).

Grandes tendances

Un certain nombre de mutations et de changements majeurs (de « grandes tendances »)
se sont produits au cours des décennies récentes et ont influencé la communication sur
les risques pour l’environnement et la santé.

Des risques de plus en plus complexes, mondiaux et incertains

Bien que d’énormes progrès aient été réalisés en matière de santé de la population
mondiale au cours du siècle dernier, les menaces et les risques environnementaux pour la
santé publique se sont multipliés, et sont devenus plus complexes, incertains et mondiaux
par nature (Martuzzi & Tickner, 2004 ; WHO, 2020b). Alors que la pandémie de COVID-19
a été la crise dominante de la période 2020-2021, des risques chroniques de plus long
terme, tels que la pollution de l’air, les agents chimiques nocifs, les déchets et les sites
contaminés continuent de menacer la santé et le bien-être des citoyens européens, en
particulier les plus vulnérables (Jakab, 2017 ; WHO, 2020b). Tandis que les risques pour
la santé publique liés à l’environnement persistent – tels que l’eau non potable et un
assainissement déficient –, de nouveaux risques émergent rapidement ; la gestion des
déchets électroniques et les dangers des microplastiques en sont de récents exemples
(WHO, 2020a). Les conséquences du changement climatique sur la santé sont de plus
en plus largement reconnues, tout comme les divers risques constatés dans les zones
côtières, rurales et urbaines de l’Europe (WHO, 2018b).

Recul de la confiance dans les experts et les autorités

Dans le monde entier, les sondages montrent un recul de la confiance du public dans les
gouvernements, les entreprises, les médias et les organisations non gouvernementales
(ONG) ; le crédit accordé à ces institutions et à leurs systèmes a diminué (Edelman, 2021 ;
Hosking, 2019). Bien que la confiance dans les professionnels de santé individuellement,
soit traditionnellement élevée (Brownlie, 2008), des responsables politiques ont pendant
la pandémie de COVID-19, publiquement mis en cause la véracité des mises en garde
des experts en santé publique (Cairney & Wellstead, 2021). Le recul de la confiance
dans les autorités et les responsables politiques est également lié aux incohérences des
comportements de ces derniers dans la riposte aux menaces et aux risques. Un exemple

                                                                                           3
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

de cela a été constaté au Royaume-Uni, où le manquement aux règles de confinement
imposées en raison de la COVID-19 aurait affaibli les messages de santé publique et la
confiance du public dans les réponses gouvernementales (Fancourt, Steptoe & Wright,
2020). Toutefois, les preuves du « recul de la confiance » ne sont pas homogènes, et le
risque existe d’une culture du « syndrome du déclin », qui le nourrirait : il est prouvé
que certaines institutions, mais pas toutes, perdent leur bastion de confiance dans la
société (certaines tendances sectorielles existent également, comme c’est le cas pour les
médecins aux États-Unis depuis les années 1970). La confiance peut être perdue pendant
une crise, puis revenir, comme cela a été le cas avec les spécialistes du climat pendant le
« climategate » de 2009 – Bauer, Pansegrau et Shukla (2019) considèrent que le pouvoir
des données scientifiques obéit au modèle du « saut à l’élastique ». Dans certains pays –
par exemple, au Royaume-Uni et aux États-Unis –, la confiance globale dans la science est
demeurée stable, voire a augmenté pendant la pandémie de COVID-19 ; elle n’a décliné que
dans certains groupes, tels que ceux des personnes politiquement à droite (Bauer, 2018 ;
Bauer, Pansegrau & Shukla, 2019). Au niveau mondial, la confiance dans les scientifiques
demeure élevée (73 % d’après un sondage mondial début 2021, en baisse cependant par
rapport aux 80 % de 2020) ; un examen des sondages mondiaux portant sur la COVID-19
et la confiance a conclu que « les scientifiques et les experts médicaux bénéficiaient d’une
montée du soutien public » (Jensen, Kennedy & Greenwood, 2021). Quant à la confiance
dans les responsables gouvernementaux, elle a été durablement faible – s’établissant à
41 %, en recul par rapport aux 43 % de 2020 (Edelman, 2021).

Passage d’une communication unilatérale à une communication bilatérale, voire
multidirectionnelle

La communication entre des organisations et des publics n’est plus envisagée
comme un processus unilatéral, dans lequel les organisations et leurs responsables
officiels s’expriment, tandis que les publics écoutent et font ce qu’on leur dit. Qu’il
s’agisse d’entreprises, d’institutions gouvernementales ou d’ONG, les organisations
reconnaissent de plus en plus la valeur et la nécessité du dialogue avec les publics, au
moyen d’interactions, d’engagements, d’écoute et de relations (Macnamara, 2016). En
outre, la communication bilatérale et multidirectionnelle s’est montrée plus efficace
que la communication unilatérale. En matière de communication sur les risques, il a
été prouvé qu’une meilleure connaissance des positions des publics et l’écoute de leurs
préoccupations rendaient ces derniers plus ouverts au dialogue et au changement
(Renn, 2010 ; van Zwanenberg & Millstone, 2006). Les trois études de cas examinées
aux fins de cette recherche (cf. chapitres 2 à 4 plus bas) révèlent toutes l’usage d’une
communication multidirectionnelle et soulignent l’importance du dialogue avec les
publics concernés.

Perte d’influence des médias traditionnels et fragmentation des canaux médiatiques

Les médias traditionnels, tels que la radio, la télévision et les journaux d’information,
jouaient un rôle important d’« intermédiaires » et d’« élaboration de l’agenda » auprès des

4
Introduction

publics, sélectionnant et filtrant effectivement ce qu’ils considéraient comme importants
et appropriés pour leurs publics, et soutenant les questions politiques, sociales ou
économiques qu’ils voyaient comme vitales. Pourtant au cours des décennies récentes, ce
rôle influent des médias traditionnels a diminué à mesure que les canaux médiatiques se
fragmentaient et se multipliaient ; les personnes reçoivent de plus en plus de nouvelles
et d’informations de sources multiples, en provenance notablement, des réseaux sociaux.
Aux États-Unis en 2020, un peu plus de la moitié (55 %) de la population compte « parfois »
ou « souvent » sur les réseaux sociaux pour ce qui concerne les nouvelles, un chiffre qui
était même un peu supérieur chez les moins de 30 ans (Infield, 2020). Une étude datée
de 2017 établissait que 42 % des Européens consultaient les réseaux sociaux chaque jour
et que ce chiffre augmentait chaque année de 4 % ; le même usage accru était constaté
chez les jeunes aux États-Unis (Eurobaromètre, 2018 ; Infield, 2020). Les réseaux sociaux
peuvent également créer un effet de « chambre d’écho », dans laquelle les personnes
consomment des nouvelles conformes à leurs croyances politiques, sont rarement
contestées et partagent des nouvelles et des opinions avec des personnes de même
sensibilité uniquement (Malecki, Keating & Safdar, 2021). Bien que les personnes comptent
sur les réseaux sociaux pour l’apport de nouvelles, ces réseaux sont invariablement la
source la moins investie de confiance depuis 2016 ; l’utilisation des moteurs de recherche
est la première source de confiance, devant les médias traditionnels (Edelman, 2021).

La montée des fausses nouvelles, de la « malinformation » et de l’« infodémie »

Aujourd’hui, la « mésinformation » (diffusion non intentionnelle de fausses informations)
s’est transformée en « désinformation » (diffusion délibérée d’informations trompeuses),
puis en quelque chose de plus sinistre, la « malinformation » (informations vraies
réarrangées et diffusées pour nuire) (Baines & Elliott, 2020). Ce virage a été exacerbé par
la pandémie de COVID-19 et « l’infodémie » – diffusion rapide d’une quantité excessive
d’informations, vraies comme fausses – qu’elle a engendrée. De tels événements avaient
été observés précédemment pendant la crise due à la flambée d’encéphalopathie
spongiforme bovine (ou ESB) / maladie de Creutzfeldt-Jakob (ou MCJ), communément
connue sous le nom de maladie de la « vache folle », dans les années 1980 et 1990 (Dora,
2006). Au début de 2020, il a été constaté que la quantité d’informations peu crédibles
sur la COVID-19 ayant été diffusées sur la plateforme du réseau social Twitter égalait
la quantité d’informations provenant de sources plus crédibles telles que les médias
traditionnels et les centres de lutte contre les maladies (Buchanan, 2020). Les « fausses
nouvelles » et la croyance dans les mensonges ou les allégations fallacieuses à propos
de sujets tels que les vaccins et le changement climatique étaient déjà des motifs de
préoccupation avant la COVID-19. Il a été montré que ce qui est en question n’est pas
que les personnes soient mal informées ou ignorantes de faits scientifiques de base ;
mais plutôt que cela reflète leurs croyances et idéologie plus profondes (Scheufele &
Krause, 2019). Même lorsque les propos erronés sont corrigés directement chez les
personnes qui les tiennent, ces personnes ne changent pas nécessairement d’opinions ;

                                                                                          5
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

elles vont plus probablement s’auto-justifier et même renforcer leurs opinions initiales
(Krause et al., 2020 ; Uscinski et al., 2020). Toutefois, être mal informé et professer ce
type d’opinions est une chose ; les diffuser en est une autre : des études ont montré
que les fausses nouvelles se répandaient plus vite que les informations vérifiées et – de
façon inquiétante –, jusqu’à 100 fois plus largement (Vosoughi, Roy & Aral, 2018). La
confiance dans toutes les sources d’information – médias traditionnels, réseaux sociaux
et médias contrôlés (c’est-à-dire les sites Web d’entités officielles) – a reculé au niveau
mondial entre 2020 et 2021, chute considérée comme étant le résultat de l’infodémie
de COVID-19 (Edelman, 2021).

L’importance de la communication sur les risques, soulignée par la COVID-19

La pandémie de COVID-19 a accéléré et cristallisé un grand nombre des tendances
susmentionnées : la nature mondiale et incertaine de la menace, le manque de confiance
dans les experts de la santé et dans les faits sanitaires de la part de certains publics, et
la diffusion rapide d’informations erronées. La COVID-19 a illustré encore davantage
l’importance d’une communication efficace sur les risques. Les études réalisées à ce
jour sur la manière dont les personnes perçoivent les risques de la COVID-19 montrent
l’importance des facteurs sociaux, culturels et de ceux liés à l’expérience dans la motivation
des comportements de prévention en matière de santé (Abrams & Greenhawt, 2020 ;
Dryhurst et al., 2020). Les perceptions se sont révélées encore davantage polarisées lorsque
la réticence à adopter des comportements de prévention tels que le port du masque s’est
trouvée renforcée par la foi dans les théories conspirationnistes et la confiance dans les
médias conservateurs (Romer & Jamieson, 2020). Ce n’est pas seulement un phénomène
« occidental » : une étude conduite en Afrique subsaharienne a montré que la croyance
dans des informations erronées au sujet de la COVID-19 (telles que l’allégation selon
laquelle la COVID-19 a été conçue pour réduire la population mondiale) était associée
avec la non-application de mesures sanitaires (Osuagwu et al., 2021). Comme le démontre
l’étude de cas n°3 sur l’action contre les effets de la chaleur sur la santé (cf. chapitre 4 ci-
dessous), la COVID-19 a dominé les voies de communication et potentiellement réduit
l’attention accordée par les publics aux autres risques pour l’environnement et la santé,
tels que les vagues de chaleur.

Ces grandes tendances ont des conséquences claires et concrètes sur la mise en œuvre
d’une communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé, comme
cela est discuté ci-dessous.

6
1. Théories et concepts

1.1 Théories et concepts de la communication sur les risques pour
l’environnement et la santé

Les théories de la communication sur les risques pour l’environnement et la santé
s’appuient sur un certain nombre de disciplines, comme mentionné plus haut, et sur
une combinaison de littérature et d’orientations spécialisées, associées aux pratiques
constatées dans les institutions et chez les acteurs de la santé. Il n’est donc pas
surprenant qu’il existe des théories et des approches concurrentes de la communication
sur les risques pour l’environnement et la santé (Covello, Slovic & von Winterfeldt, 1986 ;
van Zwanenberg & Millstone, 2006). Il existe toutefois un consensus général sur la
pertinence et l’importance de certains concepts pour ce type de communication,
comme souligné dans ce chapitre.

À un haut niveau, la communication sur les risques pour l’environnement et la santé
peut être conceptualisée à l’aide des éléments du modèle de communication classique
(Covello, Slovic & von Winterfeldt, 1986 ; Berry, 2007). Bien qu’il faille reconnaître les
limites du modèle classique – qui est très simplifié et en grande partie unilatéral –, celui-
ci offre un panorama des points communs et des particularités de la communication sur
les risques, comparée à la communication en général (cf. Tableau 1).

Tableau 1. Particularités de la communication sur les risques par rapport au modèle de
communication classique1

    Élément            Particularités de la communication sur les risques pour
                       l’environnement et la santé
                       • Multiples sources scientifiques/sanitaires
                       • Désaccords entre experts
                       • Sources pseudo-scientifiques et/ou non crédibles
                       • Manque de confiance dans les sources
      Expéditeur
                       • Intérêts différents
       (source)
                       • Les publics pouvant être sources (par exemple, en situation de
                           catastrophe)
                       • Complexité ou nature extrêmement technique des messages
                       • Incertitude du contenu du message
       Message         • Messages concurrents sur les thèmes de l’environnement et de
                           la santé
1
   Modèle adapté de Covello, Slovic & von Winterfeldt (1986) et de Berry (2007), fondé sur le modèle de
1947 de Shannon–Weaver, avec addition par les auteurs actuels du « Contexte » et de la « Rétroaction »
(ces éléments figurent dans de nombreux modèles ultérieurs).

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Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Tableau 1 (suite)

                       •   Récits sélectifs ou tendancieux
                       •   Réseaux sociaux mettant plus en valeur les fausses informations
                           que les informations vérifiées
       Canal
                       •   Attention particulière aux aspects sensationnels
                       •   Bruit interne considérable inhérent aux situations de crise, qui
                           affectent la capacité à envoyer/recevoir des informations
                       •   Écrasante quantité d’informations disponibles
                       •   Bruit externe considérable (informations fausses et mensongères,
        Bruit
                           notamment des théories conspirationnistes), inhérent à
                           l’infodémie, qui distrait les récepteurs des informations vérifiées
                       •   Publics captifs et non captifs
                       •   Mauvaise compréhension/interprétation des informations
    Récepteur          •   Perception inexacte des risques
                       •   Rôle clé des facteurs sociaux, politiques, culturels et liés à
                           l’expérience
                       •   Nécessaire adaptation locale en dépit des phénomènes mondiaux
     Contexte          •   Rôle des conditions, structure et systèmes en place
                       •   Présence de risque(s) aigu(s) et/ou chronique(s)
                       •   Compréhension des croyances/perceptions des risques par les
                           publics
                       •   Écoute et suivi sociaux pour faciliter la compréhension
    Rétroaction
                       •   Mettre en place des canaux pour recevoir les réactions du public

Les quatre types d’effets (ou objectifs) visés par la communication sur les risques peuvent
être résumés en quatre catégories générales (Covello, Slovic & von Winterfeldt, 1986 ;
Gamhewage, 2014 ; Renn, 2010).

                    La fonction d’explication : développer une compréhension des
                    risques, des évaluations des risques, des menaces et des dangers,
                    en rassurant et dans l’idéal, en tenant compte des perceptions
                    dominantes du risque par les publics ;

                    La fonction de changement de comportements : encourager
                    l’adoption de comportements réduisant les risques par les
                    personnes, et réduire ou éliminer le risque pour leur vie, leur santé,
                    et celle des autres ;

                    La fonction de construction de la confiance : promouvoir la
                    crédibilité des institutions en charge des risques ;

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Théories et concepts

                  La fonction de participation : impliquer les publics dans la
                  planification de la décision en matière de gestion des risques ;
                  permettre le dialogue, comprendre et améliorer les relations.

En vue d’obtenir les effets voulus, deux questions essentielles sont considérées de
l’avis général comme des points importants de la communication sur les risques pour
l’environnement et la santé : le risque et la confiance.

1.1.1 Perceptions du risque
La notion du risque existe à la fois dans l’évaluation des experts – c’est-à-dire dans les
perceptions des experts – et dans les perceptions du public. L’un des points cruciaux dans
la question du risque consiste à savoir comment les perceptions diffèrent chez les experts
et dans le public. Le public pensant (et les responsables politiques et les décideurs) sont
influencés non seulement par les faits scientifiques, mais par d’autres facteurs et contraintes
différentes, qui peuvent être groupés comme suit (Dryhurst et al., 2020 ; Gamhewage, 2014 ;
WHO, 2013) :

•   facteurs et contraintes cognitifs : connaissances et compréhension de la situation à
    risque et compétences à la prendre en charge ;
•   facteurs et contraintes liés aux émotions et à l’expérience : expérience personnelle
    directe et celle des amis et de la famille ; et
•   contraintes socioculturelles : influences et valeurs sociales, religieuses et culturelles
    donnant la priorité à certains dangers plutôt qu’à d’autres – le choix d’accorder une
    attention particulière à certains dangers et d’en ignorer d’autres est influencé par
    le sexe, l’éducation, les croyances économiques et politiques, l’idéologie et la classe
    sociale.

Sandman (1989) soutient que la perception du risque est un jugement subjectif formé de
deux éléments : le danger et l’indignation. Plus le sentiment d’indignation est élevé, plus
l’intensité avec laquelle les personnes percevront le risque sera forte (pouvant même
prévaloir sur le danger réel). Même un danger insignifiant peut être perçu comme étant
à haut risque lorsque l’indignation est forte (Gilk, 2007 ; WHO, 2013). Les perceptions du
risque et des avantages sont fortement influencées par le contenu du message, qui a peu
à voir avec les faits. Dans le cas d’un danger inconnu et émergent tel que la pandémie
de COVID-19, l’indignation accompagnée d’une réaction émotionnelle commandera
davantage la perception que les faits scientifiques (Malecki, Keating & Safdar, 2021). Comme
le montre l’étude de cas n°1 sur la lutte contre la pollution de l’air intérieur dans les écoles
en Hongrie (cf. chapitre 2 plus bas), lorsque la perception du risque est faible, la pression
exercée par le public sur les responsables politiques pour qu’ils agissent contre ces risques

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Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

est également inférieure. Un ensemble de facteurs pouvant déclencher l’indignation a été
identifié (Gamhewage, 2014 ; Gilk, 2007 ; Sandman, 1989) ; ceux-ci comprennent :

•    la méconnaissance ou la nouveauté d’un danger ;
•    la nature involontaire du problème ;
•    un danger affectant les générations futures ;
•    la nature artificielle (industrielle) du risque ;
•    un danger qui ne peut être vu ni pressenti ;
•    les tentatives d’étouffement de l’affaire ou le silence ;
•    des résultats potentiellement mortels et/ou catastrophiques ;
•    les tentatives de persuasion des publics au sujet de l’affaire ;
•    la survenue d’accidents ;
•    deux vérités simultanées à propos de l’affaire ;
•    le désaccord entre experts ;
•    des conflits d’intérêt ;
•    des types de comportement contradictoires ; et
•    la répartition inéquitable du risque.

À un même instant, la perception du risque et l’indignation varient fortement d’une
personne à une autre. La lutte contre la pandémie de COVID-19 a nettement montré
l’influence des croyances, des conceptions du monde et de l’idéologie sur le risque perçu.
Cela n’est pas nouveau : une corrélation forte avait été trouvée précédemment entre les
valeurs culturelles et les risques perçus des déchets nucléaires et du changement climatique
(Balog-Way, McComas & Besley, 2020). Les personnes tendent à percevoir les risques
comme étant plus menaçants si leurs autres croyances contiennent des connotations
négatives, et comme moins menaçants si celles-ci contiennent des connotations positives
(Renn, 2010). C’est pourquoi la compréhension des perceptions du risque par les publics
dans le but de concevoir des messages plus efficaces est une préoccupation constante en
communication sur les risques ; c’est également l’une des raisons principales de l’intérêt
pour le développement du dialogue et des relations avec les publics (Glik, 2007 ; WHO,
2013).

1.1.2 Gagner et maintenir la confiance
Une communication sur les risques efficace implique bien davantage qu’une bonne
appréhension des chiffres (Fischhoff, 1995) ; le risque comprend les expériences des
personnes, les valeurs et la confiance dans les institutions (Dryhurst et al., 2020). La perte
de confiance dans les autorités et les experts, telle qu’elle est décrite plus haut, est une

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Théories et concepts

préoccupation majeure de la communication sur les risques. La confiance dans les autorités
sanitaires par exemple, peut compenser une perception négative du risque, tandis qu’un
manque de confiance peut s’ajouter à la négativité des perceptions (Renn, 2010). Les
problèmes causés par la perte de confiance sont aggravés en situation de crise car lorsque
des personnes sont angoissées, elles deviennent souvent méfiantes et moins susceptibles
d’accepter la validité des messages de communication (Glik, 2007). L’expérience de la
COVID-19 a également démontré l’inverse, lorsque la confiance des personnes dans les
scientifiques et les agents de santé a augmenté (Jensen, Kennedy & Greenwood, 2021).
En outre, lorsque les personnes ont peu de connaissances sur un risque, et seulement
une expérience indirecte, la confiance dans les autorités et les experts est encore plus
importante, quoiqu’il existe des rôles variés pour ce que l’on nomme les « élites », tels
que les responsables politiques, les personnalités médiatiques et les célébrités (Siegrist &
Cvetkovich, 2000 ; Uscinski et al., 2020). Lorsque les personnes ont confiance dans les
autorités – si elles sont convaincues que les autorités « s’occupent » d’elles –, elles peuvent
également avoir une perception moindre du risque et moins s’intéresser à le connaître.

La confiance comprend de multiples facettes, qui peuvent être décrites à travers six
composantes (Renn, 2010 ; Renn & Levine, 1991) (cf. Figure 1).

Figure 1. Les 6 composantes de la confiance

                                   Équité          Cohérence

                   Objectivité                                    Sincérité

                                                                         Bonne
             Compétence
               perçue                   Confiance                    foi – « bonne
                                                                       volonté »

Gagner la confiance n’implique pas nécessairement pour les autorités de remplir toutes
les composantes, mais des incohérences persistantes peuvent mener à la méfiance ; si
les publics ne font pas confiance aux autorités, ils ne feront pas confiance au message
(van Zwanenberg & Millstone, 2006). Paradoxalement, la méfiance peut également avoir
des effets positifs pour la communication sur les risques, dans certains situations ; par
exemple, une moindre confiance dans le gouvernement de la part de certains citoyens
pendant la pandémie de COVID-19 a été un facteur de motivation du respect des
distances sociales et du port du masque, car certains responsables politiques conseillaient

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Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

le contraire (Cairney & Wellstead, 2021). Des études montrent que la création et le gain de
la confiance sont des tâches complexes, que la diffusion d’informations et l’empathie avec
les publics ne pourront mener à bien seules ; l’écoute, des réactions systématiques et le
dialogue sont nécessaires (Glik, 2007 ; Macnamara, 2016 ; Renn, 2010).

Les prédispositions des publics sont liées aux concepts de risque et de confiance. Comme
l’a illustrée la pandémie de COVID-19, les prédispositions des personnes, telles que leurs
croyances et leurs opinions se sont révélées prédictives de leurs attitudes et de leurs
comportements vis-à-vis des mesures sanitaires de prévention de la COVID-19 (Dryhurst
et al., 2020 ; Green et al., 2020 ; Romer & Jamieson, 2020). Il est de plus en plus admis que
l’éducation du public par des informations scientifiquement valides n’aura qu’un succès
limité si elle ne tient pas compte de leurs prédispositions, au coté de leurs perceptions
du risque et de leur confiance (Ho et al., 2019). Les faits scientifiques dénués d’émotions
seront concurrencés par des histoires chargées en émotions, qui accompagnent
l’indignation et attirent l’attention, comme cela a été constaté pendant la pandémie
de COVID-19 (Krause et al., 2020). Lors du traitement d’informations scientifiques (ou
erronées), les personnes comptent souvent sur des approches « heuristiques » – des
raccourcis mentaux permettant de rendre plus digestes des informations complexes –,
ce qui ne mène pas toujours aux croyances, et comportements conséquents, les plus
rationnels ou les meilleurs, en raison de l’influence potentielle des prédispositions et des
arguments émotionnellement chargés (Krause et al., 2020).

1.1.3 Communiquer la complexité et l’incertitude
La communication sur les risques pour l’environnement et la santé amène souvent à
avoir affaire aux concepts de complexité et d’incertitude, en particulier dans les situations
d’urgence. L’une des préoccupations initiales de la communication sur les risques était
le sentiment de devoir expliquer des sujets scientifiques complexes à des publics pour
contrecarrer leur incompréhension, leur manque de savoir scientifique ou leur pure
ignorance (Glik, 2007 ; van Zwanenberg & Millstone, 2006). Mais le « modèle du déficit de
connaissance », dans lequel le public, considéré comme un tout, peine pour comprendre
des faits scientifiques, a été largement discrédité (Krause et al., 2020). En outre, des études
conduites au Royaume-Uni montrent qu’en réalité, la connaissance des faits scientifiques
par le public augmente (Bauer, 2018). Un sondage réalisé au niveau mondial début 2021 a
montré que le désir du public d’« accroître (sa) culture scientifique » a augmenté de 43 %
entre 2020 et 2021 (Edelman, 2021).

L’obligation d’expliquer des sujets scientifiques complexes a été remplacée par la nécessité
de mieux connaître ce que les publics savent déjà, où sont leurs lacunes de connaissances
et comment le risque communiqué trouve sa place parmi leurs prédispositions, leurs
perceptions du risque existant et leur niveau de confiance (Abrams & Greenhawt, 2020 ;
Renn, 2010). En Europe par exemple, le niveau de connaissance du changement climatique

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