Conseil économique et social - Undocs.org

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Nations Unies                                                                                   E/2021/60
               Conseil économique et social                                             Distr. générale
                                                                                        4 mai 2021
                                                                                        Français
                                                                                        Original : anglais

Session de 2021
23 juillet 2020-22 juillet 2021
Point 5 de l’ordre du jour
Débat de haut niveau

               Situation et perspectives de l’économie mondiale
               à la mi-2021*

  Résumé
                     Les perspectives de croissance mondiales se sont améliorées dans le contexte
               du déploiement rapide des vaccins dans quelques grandes économies. Après une forte
               contraction de 3,6 % en 2020, l’économie mondiale devrait désormais, selon les
               projections, progresser de 5,4 % en 2021. Alors que le monde s’achemine vers la
               reprise économique, la pandémie est loin d’être terminée dans la plupart des pays. Le
               nombre de nouvelles infections quotidiennes était plus élevé en avril 2021 que le
               nombre de nouvelles infections signalées au pic de la pandémie en décembre 2020.
               La forte disparité de la couverture vaccinale entre les pays et les régions fait peser sur
               l’économie mondiale le risque grave d’une reprise inégale et fragile. L’accès universel
               et en temps voulu aux vaccins contre la maladie à coronavirus 2019 (COVID -19)
               restera un moyen essentiel de vaincre la pandémie et de mettre l’économie mondiale
               sur la voie d’une reprise inclusive et résiliente.
                     La forte croissance enregistrée en Chine et aux États-Unis d’Amérique a
               amélioré les perspectives de reprise mondiale, mais cela ne suffira probablement pas
               à relever les économies du reste du monde. Les perspectives économiques des pays
               d’Asie du Sud, d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine et des Caraïbes restent
               fragiles et incertaines. Devant les risques d’une pandémie prolongée et n’ayant pas
               les moyens budgétaires de stimuler la demande, les pays les plus vulnérables du
               monde sont confrontés à la perspective d’une décennie perdue. Nombre de pays en
               développement ne devraient retrouver qu’en 2022 ou 2023 leur niveau de production
               d’avant la pandémie.
                     Selon les estimations, la pandémie a plongé dans l’extrême pauvreté 114,4
               millions de personnes, dont 57,8 millions de femmes et de filles. Les femmes – qui
               représentent la plupart des travailleurs de la santé, des pourvoyeurs de soins et des
               prestataires de services essentiels – ont été à l’avant-garde de la lutte contre la

             * Le présent document contient des mises à jour du rapport publié en janvier 2021 sous le titre
               World Economic Situation and Prospects 2021 (publication des Nations Unies, numéro de
               vente : E.21.II.C.1).

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            pandémie. Les pertes d’emplois et de revenus ont été plus lourdes pour les femmes,
            car elles ont été plus nombreuses que les hommes à quitter le marché du travail pour
            répondre aux besoins de la famille. La santé des femmes, y compris la san té de la
            procréation, a subi de graves revers, le nombre de grossesses non désirées a augmenté,
            la maternité a été retardée et l’éducation des filles a été interrompue, ce qui a
            considérablement compromis les progrès vers l’égalité des sexes. Les femmes sont
            également confrontées à un risque croissant d’exhérédation et de violence sexiste, et
            les femmes chefs d’entreprise sont touchées de manière disproportionnée par les
            fermetures d’entreprises, ce qui creuse davantage les écarts de revenu et de richesse
            entre les sexes. En raison de ces incidences graves et disproportionnées de la
            pandémie sur les femmes et les filles, il faut adopter en faveur de celles -ci des
            politiques et des mesures de soutien plus ciblées, pour non seulement accélérer la
            reprise, mais aussi la rendre inclusive et résiliente.

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           I. Tendances macroéconomiques mondiales
              Vue d’ensemble de la situation à l’échelle mondiale
              1.    Les perspectives de croissance mondiale se sont améliorées depuis le début de
              l’année, dans le contexte du déploiement rapide des vaccins contre la maladie à
              coronavirus 2019 (COVID-19) dans quelques grandes économies, notamment en
              Chine et aux États-Unis d’Amérique. La pandémie est cependant loin d’être terminée
              pour la grande majorité des pays, où le nombre de cas confirmés est élevé et, dans
              certains cas, augmente encore. On prévoit maintenant que l’économie mondiale
              enregistrera une croissance de 5,4 % en 2021 (voir tableau 1), ce qui représente une
              révision en hausse par rapport au taux de 4,7 % prévu dans World Economic Situation
              and Prospects 2021.
              2.    Cette révision en hausse tient essentiellement à l’amélioration des perspectives
              de croissance en Chine et aux États-Unis, les deux plus grandes économies. Les
              États-Unis, grâce à une campagne de vaccination rapidement menée, à des mesures
              de relance budgétaire supplémentaires et à la réouverture de l ’économie, devraient
              connaître une croissance de 6,2 % en 2021, soit le taux le plus élevé depuis 1966.
              Portée par une forte reprise des exportations et une demande intérieure robuste,
              l’économie chinoise devrait enregistrer un taux de croissance de 8,2 % en 2021. Les
              perspectives sont toutefois moins encourageantes pour les autres économies du
              monde. L’Europe, qui s’efforce toujours de contenir la deuxième vague de la
              pandémie, enregistrerait un taux de croissance de 4,1 % seulement en 2021, ce qui
              compenserait à peine les pertes de production de 2020.
              3.    Les perspectives de croissance sont également sombres pour un grand nombre
              de pays d’Afrique, d’Asie du Sud, ainsi que d’Amérique latine et des Caraïbes, où la
              pandémie fait toujours rage. L’Inde, où les nouvelles infections quotidiennes ont
              dépassé les 300 000 au cours de la troisième semaine d’avril, est à présent le nouveau
              foyer de la pandémie. Le pire est loin d’être atteint en Argentine, au Brésil, en
              Colombie et au Pérou. Dans 99 pays, le nombre de nouvelles infections quotidiennes
              était plus élevé en avril 2021 que lors du pic pandémique de décembre 2020. Dans la
              grande majorité des pays en développement, la production économique restera
              inférieure aux niveaux de 2019 pendant la majeure partie de 2021. Ne disposant pas
              d’une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour stimuler la demande, bon
              nombre de ces pays seront confrontés à une croissance faible ou stagnante et à la
              perspective d’une décennie perdue.
              4.    L’accès universel et en temps voulu aux vaccins contre la COVID -19 restera
              essentiel pour assurer une reprise de l’économie mondiale générale et inclusive. Les
              campagnes de vaccination généralisées contribueront à créer une immunité de groupe
              et permettront la réouverture et la reprise des activités économiques. Cependant, les
              disparités flagrantes et croissantes de la couverture vaccinale entre les pays – et la
              montée du nationalisme vaccinal – compromettront gravement le relèvement au
              niveau mondial.
              5.    Au 24 avril 2021, 1,01 milliard de doses de vaccin avaient été administrées dans
              le monde, dont près de la moitié en Chine, aux États-Unis d’Amérique et au Royaume-
              Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Seulement une personne sur dix dans
              le monde avait reçu une dose de vaccin (voir fig. I). Le taux de vaccination n’était
              que de 1 % en Afrique. L’obtention de vaccins pour leurs habitants restera un défi de
              taille pour de nombreux pays en développement, étant donné que quelques pays
              développés se sont procurés la majeure partie de l’offre disponible pour constituer des
              stocks nationaux. Il serait extrêmement important que ces pays partagent leurs stocks
              de vaccins avec les pays en développement, qui peinent à obtenir des vaccins pour
              leurs habitants. Le scepticisme et l’hésitation à l’égard des vaccins constituent des

21-05758                                                                                                     3/28
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                       obstacles supplémentaires à la vaccination universelle. Selon des résultats d ’enquêtes,
                       plus d’un tiers de la population adulte en Allemagne, aux États-Unis et en France a
                       exprimé son hésitation à se faire vacciner contre la COVID -19.

Tableau 1
Croissance de la production mondiale (2019-2022)

                                                                                                                  Écart par rapport aux
                                                                                                                 prévisions publiées dans
                                                                                                                 World Economic Situation
                                                                    Variation annuelle en pourcentage              and Prospects 2021

                                                                 2019         2020 a         2021 b     2022 b         2021          2022

Monde                                                             2,5          -3,6            5,4        4,1           0,7           0,7
Pays développés                                                   1,7          -5,0            5,0        3,4           1,0           0,9
États-Unis d’Amérique                                             2,2          -3,5            6,2        3,2           2,8           0,5
Japon                                                             0,3          -4,8            3,3        2,2           0,3           0,4
Union européenne                                                  1,5          -6,4            4,1        3,8          -0,7           1,1
             c
   UE-15                                                          1,3          -7,3            4,3        4,2          -1,0           1,7
   UE-13 d                                                        3,7          -4,0            4,0        3,5          -0,4           0,2
   Zone euro                                                      1,3          -6,9            4,2        3,9          -0,8           1,3
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord               1,3          -9,9            5,1        5,5          -1,7           3,5
Autres pays développés                                            1,7          -3,5            3,6        2,9          -1,3           0,7
Économies en transition                                           2,2          -2,7            3,3        3,3          -0,1           0,3
Europe du Sud-Est                                                 3,7          -3,5            4,2        3,5           0,2           0,4
Communauté d’États indépendants et Géorgie                        2,2          -2,6            3,3        3,3          -0,1           0,3
   Fédération de Russie                                           1,3          -3,0            3,0        3,0           0,0           0,6
Économies en développement                                        3,6          -1,7            6,1        5,0           0,4           0,4
Afrique                                                           2,9          -3,5            3,6        3,7          -0,2           0,0
   Afrique du Nord                                                3,2          -5,5            5,6        4,0          -0,4          -0,4
   Afrique de l’Est                                               6,5           0,1            3,3        4,5           0,3           0,4
   Afrique centrale                                               1,9          -1,8            3,0        3,2           0,1          -0,4
   Afrique de l’Ouest                                             3,3          -1,0            2,7        3,6           0,2          -0,1
   Afrique australe                                              -0,2          -6,1            2,2        2,6          -0,7           0,0
Asie de l’Est et du Sud                                           4,9          -0,1            7,1        5,7           0,6           0,5
   Asie de l’Est                                                  5,3           1,0            7,1        5,2           0,7           0,0
          Chine                                                   6,1           2,3            8,2        5,8           1,0           0,0
                   e
   Asie du Sud                                                    3,1          -5,6            6,9        8,3           0,0           3,0
          Inde e                                                  4,6          -6,8            7,5      10,1            0,2           4,2
Asie occidentale                                                  1,2          -3,2            3,7        3,4          -0,1           0,0
Amérique latine et Caraïbes                                      -0,3          -7,3            4,3        3,3           0,5           0,7
   Amérique du Sud                                               -0,7          -6,8            4,1        3,1           0,3           0,4
          Brésil                                                  1,4          -4,1            3,0        2,4          -0,2           0,2
   Mexique et Amérique centrale                                   0,6          -8,2            4,7        3,6           0,9           1,2
   Caraïbes                                                       0,5          -8,1            4,3        6,8           0,5           4,0
Pays les moins avancés                                            4,9          -0,3            4,0        5,0          -0,9           0,4
Pour mémoire :

4/28                                                                                                                             21-05758
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                                                                                                                   Écart par rapport aux
                                                                                                                  prévisions publiées dans
                                                                                                                  World Economic Situation
                                                                     Variation annuelle en pourcentage              and Prospects 2021

                                                                  2019         2020 a         2021 b     2022 b         2021          2022

Commerce mondial f                                                 1,2          -8,1            9,4        5,7           2,5           2,0
Croissance de la production mondiale pondérée par les
coefficients de parité de pouvoir d’achat (PPA) g                  2,8          -3,5            5,5        4,4           0,5           0,7

Source : Organisation des Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales.
  a
      Partiellement estimé.
  b
      Prévisions.
  c
      Les 15 États membres de l’Union européenne au 31 décembre 2003.
  d
      Les 13 États qui ont rejoint l’Union européenne depuis 2004.
  e
      Sur la base de l’année civile.
  f
      Comprend les biens et les services.
  g
      Par rapport à l’année de référence 2015.

Figure I
Progrès mondiaux de la vaccination contre la COVID-19 : nombre de doses administrées
pour 100 personnes

Source : Organisation des Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, sur la base des données établies par Roser
   et al. (2020), « Coronavirus Pandemic (COVID-19) ». Consulté le 24 avril 2021 à l’adresse suivante : https://ourworldindata.org/
   coronavirus.
Note : les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n ’impliquent de la part
   du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes
   ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La ligne en pointillé reproduit approximat ivement
   le tracé de la ligne de contrôle au Jammu-et-Cachemire convenu par l’Inde et le Pakistan. Les parties ne se sont pas encore
   entendues sur le statut définitif du Jammu-et-Cachemire. La frontière définitive entre la République du Soudan et la République
   du Sud-Soudan n’a pas encore été déterminée. La souveraineté sur les îles Falkland (Malvinas) fait l’objet d’un différend entre le
   Gouvernement de l’Argentine et le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.
   La carte représente les pays ou territoires ou parties de ceux-ci pour lesquels des données sont disponibles ou analysées dans
   World Economic Situation and Prospects 2021. Il est donc possible que les zones ombrées ne coïncident pas rigoureusement
   avec la délimitation de leurs frontières ou limites.

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            6.    Outre les progrès sur le front des vaccins, la vigueur et le rythme du relèvement
            seront déterminés par la structure sous-jacente de l’économie et son degré de
            dépendance à l’égard de certains secteurs. Étant donné que les restrictions des
            déplacements ont touché de manière disproportionnée les flux touristiques, ce sont
            les économies dépendantes du tourisme qui ont enregistré la plus forte contraction en
            2020. Les économies tributaires des exportations de produits de base ont subi une
            contraction similaire de la production. Dans le contexte d’une amélioration des
            perspectives mondiales et d’une forte demande de la part de la Chine, les cours
            internationaux des produits de base se sont orientés en hausse, ce qui apportera un
            certain soutien à la reprise dans les pays exportateurs de ces produits. Les mesures
            supplémentaires de relance budgétaire aux États-Unis, qui comprennent de vastes
            plans d’infrastructure, devraient également stimuler la demande de certains produits
            de base. Pour les économies dépendantes du tourisme, y compris les petits États
            insulaires en développement, la lenteur de la normalisation des voyages
            internationaux continue d’assombrir les perspectives de croissance à court terme.
            7.    Les pays tributaires des recettes du tourisme et des exportations de produits de base
            devront cependant s’attendre à une reprise plus lente que ceux dont l’économie repose sur
            l’industrie manufacturière et il leur faudra tenir compte de leurs déficiences économiques
            structurelles pour orienter la reprise et pouvoir mieux résister aux chocs à venir.
            8.     Les pays dont l’économie repose sur l’industrie manufacturière ont enregistré
            en 2020 une contraction relativement faible de leur activité. Ils devraient également
            enregistrer une reprise économique plus rapide et plus vigoureuse en 2021 (voir
            fig. II). La forte demande mondiale de produits électroniques grand public et de
            matériel de travail à domicile continuera de stimuler les exportations des économies
            manufacturières – y compris la Chine et nombre de pays d’Asie de l’Est – qui sont
            bien intégrées dans les réseaux mondiaux de production électrique et électronique.

            Figure II
            Croissance de la production globale et variation par secteur d’activité principal

            Source : estimations du Département des affaires économiques et sociales de l ’ONU.
            Note : les nombres entre parenthèses sont les coefficients de variation de la croissance de la
               production 2010-2022 pour les agrégats sectoriels.

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                   9.    Le rythme de la reprise dans les différentes économies dépendra également de
                   l’ampleur et de l’efficacité des mesures de relance budgétaire. En mars 2021, les
                   gouvernements avaient engagé 16 000 milliards de dollars au titre de ces mesures
                   dans le monde entier, soit l’équivalent d’environ 19 % du produit brut mondial de
                   2020 1. Entre-temps, les bilans des quatre principales banques centrales du monde – le
                   Système fédéral de réserve des États-Unis, la Banque centrale européenne, la Banque
                   du Japon et la Banque populaire de Chine – se sont alourdis de près de 10 000
                   milliards de dollars depuis le début de la crise. Les pays qui ont adopté de vastes
                   politiques de soutien aux marchés du travail et aux entreprises ont pu limiter les pertes
                   d’emplois et de revenus.
                   10. Dans la plupart des pays en développement, les mesures de relance budgétaire
                   ont en revanche été beaucoup plus limitées. Dans les pays les moins avancés, par
                   exemple, elles n’ont représenté en moyenne que 2,1 % du produit intérieur brut (PIB),
                   soit un neuvième de la moyenne mondiale. La crise a également aggravé les tensions
                   budgétaires et amplifié les risques de non-viabilité de la dette, laissant craindre un
                   surendettement généralisé. Au 28 février 2021, 36 pays à faible revenu étaient
                   surendettés ou risquaient fortement de le devenir 2.
                   11. L’impact économique de la pandémie a manifestement aggravé la pauvreté et
                   les inégalités internes. À l’échelle mondiale, le PIB par habitant s’est contracté de
                   4,6 % en 2020, les pertes de revenus étant concentrées dans le bas de la courbe de
                   distribution des revenus. Selon les estimations, 114,4 millions de personnes
                   supplémentaires, dont 57,8 millions de femmes et de filles, se sont retrouvées en
                   situation d’extrême pauvreté. Dans de nombreuses régions du monde, la crise a eu de
                   lourdes conséquences pour les femmes et les filles, qui ont subi des pertes
                   considérables d’emploi et de revenu, ce qui a creusé davantage l’écart de pauvreté
                   entre les sexes.

                   La pandémie a perturbé les marchés du travail dans le monde entier
                   12. La pandémie a perturbé les marchés du travail, touchant de manière
                   disproportionnée certains secteurs d’activité et groupes de travailleurs.
                   L’Organisation internationale du Travail estime que 8,8 % du nombre total d’heures
                   ouvrées – soit l’équivalent de 255 millions d’emplois à temps plein – ont été perdus
                   en 2020 3. Plus grave encore, 81 millions de personnes dans le monde ont quitté la
                   population active, ce qui a entraîné une baisse du taux d’activité mondial de 2,2 points
                   de pourcentage en 2020, bien plus prononcée que celle de 0,2 point de pourcentage
                   enregistrée pendant la crise financière mondiale.
                   13. La baisse du taux d’activité a été plus prononcée pour les femmes, car les graves
                   répercussions de la pandémie sur les secteurs où les femmes sont surreprésentées ont
                   contraint nombre d’entre elles à quitter le marché du travail. Les mesures de
                   confinement et de distanciation sociale ont entraîné des pertes d ’emplois
                   disproportionnées dans les secteurs des services de proximité et à forte intensité de
                   main-d’œuvre, notamment l’hébergement et la restauration, les arts et spectacles, le
                   commerce de gros et de détail, l’industrie manufacturière et la construction (voir

           __________________
               1
                   Fonds monétaire international (FMI), base de données du Moniteur des finances publiques sur les
                   mesures de relance budgétaire prises par les pays en réponse à la pandémie de COVID -19.
                   Consultable à l’adresse suivante : www.imf.org/en/Topics/imf-and-covid19/Fiscal-Policies-
                   Database-in-Response-to-COVID-19.
               2
                   FMI, « List of LIC DSAs for PRGT-Eligible Countries as of 28 February 2021 »(liste des analyses
                   de viabilité de la dette des pays à faible revenu admis à bénéficier des ressources du Fonds
                   fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance, au 28 février 2021
               3
                   Organisation internationale du Travail (OIT), « Observatoire de l’OIT : le COVID-19 et le monde
                   du travail, 7 e éd. – estimations actualisées et analyses » (25 janvier 2021).

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            fig. III). Nombre de ces secteurs emploient généralement une forte proportion de
            femmes, de jeunes et de travailleurs peu qualifiés. Cet impact inégal sur les femmes
            aggrave les inégalités qui existaient déjà entre les sexes sur le marché du travail.

            Figure III
            Impact de la pandémie sur les femmes et l’emploi par secteur

            Source : Organisation des Nations Unies, estimations du Département des affaires économiques et sociales, sur la
               base des données de l’OIT, base de données ILOSTAT et « Observatoire de l’OIT : le COVID‑19 et le monde du
               travail, 2 e éd. – Estimations actualisées et analyses », 7 avril 2020.
            Note : les variations de l’emploi pour chaque secteur ont été estimées sur la base d’un échantillon maximum de
               51 pays. La taille des bulles reflète la part de chaque secteur dans l’emploi mondial. Les secteurs à
               prédominance féminine sont définis comme des secteurs où les femmes représentent plus de 39 % de l’emploi,
               ce qui correspond à la part moyenne des femmes dans l’emploi total mondial.

            14. L’emploi informel – généralement dépourvu de sécurité et ne comportant ni
            protection sociale, ni accès aux soins de santé – a été particulièrement touché. Les
            emplois informels représentent près de 70 % de l’ensemble des emplois en Afrique,
            en Asie du Sud et en Asie de l’Est (voir fig. IV). Étant donné que les femmes
            travaillent en majorité dans le secteur informel, ce sont elles qui ont été touchées le
            plus durement par l’impact disproportionné de la pandémie sur ce secteur. La
            pandémie a également rendu plus précaire l’emploi de nombreux travailleurs peu
            qualifiés et à faible revenu qui ne peuvent travailler à domicile.

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                   Figure IV
                   Emploi informel par région
                   (Part de l’emploi)

                   Source : Organisation des Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, sur la
                      base des données de l’OIT, base de données ILOSTAT.
                   Note : les chiffres régionaux sont tirés des données de l’emploi informel provenant des pays où
                      elles sont disponibles.

                   15. La pandémie laissera des traces durables sur les marchés du travail et elle aura
                   réduit à néant les progrès réalisés contre la pauvreté et les inégalités de revenu dans
                   de nombreux pays. Il faut adopter des politiques du travail actives et ciblée s en vue
                   de réduire autant que possible ces conséquences défavorables pour les travailleurs les
                   plus vulnérables et les plus durement touchés, notamment les femmes, les jeunes,
                   ainsi que les travailleurs peu qualifiés et les travailleurs du secteur informe l. Les
                   compléments de ressources et les politiques de rétention du personnel, comme le
                   subventionnement des salaires et les programmes de travail à court terme, resteront
                   des instruments essentiels pour soutenir les travailleurs les plus touchés. En outre, les
                   incitations à l’embauche ainsi que l’aide à la recherche d’emploi et à l’appariement
                   employeur-salarié pourraient faciliter la réaffectation des travailleurs, notamment en
                   cas de déplacements permanents de la demande de main -d’œuvre entre les secteurs.
                   16. Étant donné l’impact disproportionné de la pandémie sur l’emploi des femmes,
                   les politiques du marché du travail doivent s’inspirer d’approches tenant compte des
                   questions de genre, notamment du fait que les effets sur les mères qui travaillent
                   pourraient être persistants et que la réinsertion des femmes dans la population active
                   prend plus de temps que celle des hommes 4. La promotion de modalités de travail
                   aménagées, et leur maintien après la crise, restera essentielle dans les années à venir
                   pour soutenir les mères qui travaillent.

           __________________
               4
                   Marie Hyland, Simeon Djankov et Pinelopi Koujianou Goldberg, « Gendered laws and women in
                   the workforce », American Economic Review: Insights, vol. 2, n o 4 (décembre 2020).

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                    Découplage de la liquidité et de l’investissement
                    17. Malgré des injections massives de liquidités et des coûts d’emprunt au plus bas,
                    l’investissement mondial s’est fortement contracté en 2020. Dans les principales
                    économies développées, les dépenses d’investissement globales se sont contractées à
                    des degrés divers, et les dépenses de matériel et d’outillage ont diminué dans la
                    plupart des pays (voir fig. V). Aux États-Unis, le recul de l’investissement privé
                    global a été moins prononcé que dans d’autres pays, en grande partie grâce à la
                    résilience de l’investissement résidentiel ainsi qu’à l’augmentation des dépenses
                    d’investissement dans les produits de propriété intellectuelle, qui englobent les
                    produits issus de la recherche-développement dans les industries biopharmaceutique
                    et informatique.

                    Figure V
                    Croissance de l’investissement dans les économies développées, par type d’actif
                    (En pourcentage)

                    Sources : autorités nationales.
                    Note : les données pour l’Allemagne, le Japon et le Royaume-Uni concernent l’investissement
                       total, tandis que les données pour les États-Unis concernent l’investissement privé.

                    18. Dans toutes les régions en développement, la faiblesse de la demande et
                    l’assombrissement des perspectives économiques ont pesé sur l’investissement (voir
                    fig. VI). Le recul de l’investissement global est en partie imputable au ralentissement
                    des flux mondiaux d’investissement étranger direct, en baisse de 42 % en 2020 5. La
                    Chine est restée une exception notable, les mesures de relance ayant financé des
                    investissements publics massifs. Pour les économies exportatrices de produits de
                    base, notamment celles d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie occidentale, la baisse
                    initiale des prix mondiaux des produits de base a pesé sur les investissements dans les
                    secteurs liés à ces produits.

            __________________
                5
                    CNUCED, Moniteur de l’investissement étranger direct, n o 38 (24 janvier 2021).

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           Figure VI
           Croissance de l’investissement dans certaines économies du Groupe des 20
           (En pourcentage)

           Source : Organisation des Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales.
           Note : les données relatives aux investissements de la Chine en 2020 sont des estimations.

           19. Bien qu’une reprise modérée soit prévue pour 2021, la prudence des
           investisseurs et le fort endettement des sociétés pourraient continuer à peser sur
           l’investissement global. Aux États-Unis, le projet de loi sur les infrastructures, d’un
           montant de 2 000 milliards de dollars, devrait permettre de remédier aux goulets
           d’étranglement dans les domaines de l’énergie, des transports et des infrastructures
           numériques, et aussi stimuler les investissements dans la recherche-développement et
           l’économie verte. Dans l’Union européenne, le cadre financier pluriannuel pour la
           période 2021-2027 qui, conjugué au plan de relance de 750 milliards d’euros,
           représente une enveloppe globale de 1 800 milliards d’euros, prévoit des
           investissements dans l’innovation technologique, l’atténuation des changements
           climatiques et le développement rural.
           20. La hausse des prix mondiaux de l’énergie et des cours de certains métaux
           viendra à l’appui d’une reprise des investissements dans les économies en
           développement exportatrices de produits de base. L’investissement privé dans les
           technologies numériques, les semi-conducteurs et le matériel médical devrait
           augmenter dans de nombreux pays en développement. Les flux d’investissement
           étranger direct en provenance de Chine, dans le cadre de l ’initiative « Une Ceinture
           et une Route », resteront une source supplémentaire de formation du capital pour de
           nombreux pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Nombre
           de pays en développement risquent cependant d’avoir de grandes difficultés à stimuler
           l’investissement public, étant donné la marge de manœuvre budgétaire limitée dont
           ils disposent et le poids leur dette publique, ce qui ralentira la croissance de la
           productivité à long terme.
           21. Dans la perspective générale d’une évolution des modes de consommation, de
           production et d’échange, les pays en développement devront donner la priorité aux
           investissements dans les secteurs qui présentent un fort potentiel de croissance,
           notamment celui de l’infrastructure numérique, ce qui leur permettrait de réduire la
           fracture numérique et de combler le retard de connectivité que nombre d ’entre eux

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                    accusent encore. Dans un certain nombre de pays en développement, moins de 20 %
                    des entreprises sont connectées à l’Internet 6. Les décideurs devront également donner
                    la priorité aux investissements tenant compte des questions de genre en vue de
                    remédier aux effets disproportionnés de la pandémie sur les femmes. Il s’agit
                    notamment de dépenses ciblées de formation et d’éducation des femmes et des filles,
                    de planification familiale et de santé maternelle, ainsi que d ’investissements visant à
                    améliorer l’accès des femmes à l’infrastructure numérique et aux services financiers.

                    Vent favorable pour le commerce mondial mais risque de reprise désordonnée
                    22. Le commerce mondial doit s’attendre à une reprise forte mais inégale. Après une
                    forte contraction de 8,1 % en 2020, le commerce des biens et services devrait
                    progresser de 9,4 % en 2021 et de 5,7 % en 2022. Alors que le commerce des services
                    reste limité par les restrictions frappant les voyages internationaux, le commerce des
                    marchandises a déjà dépassé les niveaux d’avant la pandémie et atteint un niveau
                    record en janvier 2021. Le relèvement a été beaucoup plus rapide qu ’au lendemain de
                    la crise financière mondiale, lorsque le commerce de marchandises avait mis environ
                    deux ans et demi pour se rétablir.
                    23. Ces perspectives favorables pour le commerce mondial sont toutefois tempérées
                    par des risques non négligeables, notamment l’éventualité de nouveaux confinements
                    et une recrudescence des tensions commerciales entre les principales économies. Les
                    chiffres élevés du commerce mondial masquent également de grand es disparités
                    régionales (voir fig. VII). Les exportations manufacturières de la Chine et d ’autres
                    économies d’Asie de l’Est ont pris un essor spectaculaire depuis le milieu de l’année
                    2020, sous l’effet de l’augmentation de la demande mondiale de produits électriques
                    et électroniques et de matériel médical. Cette performance contraste fortement avec
                    les mauvais résultats à l’exportation de l’Afrique, de l’Asie occidentale et de la
                    Communauté d’États indépendants. Dans ces régions, les exportations de
                    marchandises restent nettement inférieures à leur niveau d’avant la pandémie, surtout
                    parce que les exportations de pétrole brut et de produits de base ne se sont pas
                    totalement rétablies.

            __________________
                6
                    Raúl Katz, Fernando Callorda et Juan Jung, « Can digitization mitigate COVID-19 damages?
                    Evidence from developing countries », Social Science Research Network, 14 mai 2020.

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           Figure VII
           Exportations de marchandises en volume, par groupe régional (moyenne mobile
           sur 3 mois)
           (Janvier 2019 =100)

           Source : Organisation des Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, d ’après des données du
              Bureau d’analyse des politiques économiques des Pays-Bas.
           Note : les groupes régionaux ne sont pas tout à fait comparables à ceux qui sont utilisés dans World Economic
              Situation and Prospects 2021, mais sont représentatifs de tendances régionales. Dans ce graphique, les
              économies émergentes d’Asie sont la Chine, Hong Kong (R.A.S.), l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Pakistan,
              les Philippines, la République de Corée, Singapour, la Province chinoise de Taiwan, la Thaïlande et le Vietnam.

           24. Les perspectives mondiales s’améliorant, les prix mondiaux des produits de base
           ont enregistré une forte hausse durant les premiers mois de 2021. Les prix du pétrole
           ont retrouvé leurs niveaux d’avant la pandémie, le Brent s’échangeant actuellement à
           environ 65 dollars le baril. Cette reprise plus rapide que prévu a été favorisée par la
           forte diminution des stocks de pétrole brut qui avait eu lieu dans la plupart des pays.
           Entre-temps, les cours des principaux métaux de base, tels que le cuivre, le minerai
           de fer et l’étain, ont atteint leurs niveaux les plus élevés depuis près de dix ans.
           L’augmentation prévue de la demande a été stimulée par les plans de dépenses en
           infrastructures (notamment aux États-Unis) et les investissements dans les énergies
           renouvelables, notamment les énergies solaire et éolienne, le stockage de l’énergie et
           les véhicules électriques. Les cours de la plupart des produits de base agricoles ont
           également augmenté pour dépasser de loin leurs niveaux d’avant la pandémie, sous
           l’effet de la forte demande de la Chine et de difficultés d u côté de l’offre, dues
           notamment à la sécheresse en Amérique du Sud.
           25. La remontée générale des prix internationaux des produits de base a permis de
           limiter l’impact économique de la pandémie sur de nombreux pays en développement
           lourdement tributaires de l’exportation de ces produits. Elle a ravivé les espoirs de
           relèvement en apportant un soutien indispensable aux équilibres extérieur et
           budgétaire. En même temps, le risque que ces fortes hausses des prix des produits de
           base ne se répercutent sur les prix de détail devient préoccupant, car cela assombrirait
           les perspectives de pays comme l’Inde qui sont des importateurs de ces produits.

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                    26. Les perspectives à court terme du tourisme mondial restent très incertaines, car
                    de vastes restrictions des voyages sont toujours en vigueur. Les arrivées
                    internationales ont diminué d’environ 85 % au premier trimestre de 2021 par rapport
                    au premier trimestre de 2019 7. Dans un contexte d’extension progressive de la
                    couverture vaccinale, la plupart des pays devraient assoupl ir prudemment les
                    restrictions des déplacements au cours de la période considérée, ce qui favorisera une
                    certaine reprise des flux touristiques internationaux et, partant, améliorera les
                    perspectives de croissance des économies dépendantes du tourisme des Caraïbes et
                    d’autres petits États insulaires en développement.

                    Les risques d’instabilité financière sont considérables
                    27. Le déploiement rapide de mesures de relance monétaire et budgétaire massives
                    en réponse à la pandémie a permis d’éviter un effondrement économique et de
                    stabiliser les marchés financiers dans le monde entier. Après les sorties de capitaux
                    record subies par les pays en développement au début de la pandémie, les entrées de
                    capitaux ont bondi au second semestre 2020 en raison de l’abondance des liquidités
                    mondiales et de l’optimisme croissant quant à une reprise économique rapide.
                    28. En réduisant les coûts d’emprunt à court et à long terme, en assurant la liquidité
                    du marché et en accordant des crédits aux entreprises et aux ménages, les banques
                    centrales ont évité un étranglement brutal du crédit et la défaillance de
                    l’intermédiation financière. Le nombre de faillites d ’entreprises a jusqu’à présent été
                    limité, ce qui dément la prédiction d’un « tsunami d’insolvabilité » 8.
                    29. La situation restant assez incertaine et l’endettement ayant augmenté, des
                    risques d’insolvabilité pourraient surgir rapidement, surtout pour les petites et
                    moyennes entreprises. En outre, le marché obligataire est devenu plus instable en mars
                    2021, lorsqu’un fort accroissement des rendements à long terme des obligations d’État
                    des États-Unis a déclenché d’importantes sorties de capitaux de plusieurs économies
                    en développement. Cette volatilité a rappelé à quel point le marché peut changer
                    d’humeur rapidement. Nombre de pays en développement, qui sont très endettés et
                    ont d’importants besoins de financement, sont très exposés à une hausse des taux
                    d’intérêt et à un brusque durcissement des conditions financières mondiales.
                    30. La hausse rapide des prix des actifs et l’accroissement de l’endettement public
                    et privé, alimentés en partie par des conditions monétaires très favorables, ont creusé
                    l’écart entre les performances des marchés financiers et celles de l ’économie réelle.
                    Les décideurs, tant dans les pays développés que dans les pays en développement,
                    devront trouver le juste équilibre entre le soutien de la reprise et la prévention d ’une
                    crise financière.

                    Des interventions mieux ciblées sont nécessaires
                    31. Les interventions rapides et audacieuses des pouvoirs p ublics ont été cruciales
                    pour éviter une crise économique plus profonde. Ayant une marge de manœuvre
                    budgétaire limitée et une lourde dette publique, de nombreuses économies en
                    développement n’ont pu déployer des mesures de relance suffisantes pour gérer l a
                    crise sanitaire et stimuler la reprise. Cette situation risque de creuser les inégalités
                    entre les pays. Il faudra s’employer en priorité, par la voie de mesures budgétaires, à
                    lutter contre la pauvreté et les inégalités, y compris les inégalités entre l es sexes et les
                    autres inégalités structurelles.
            __________________
                7
                    Organisation mondiale du tourisme, Baromètre OMT du tourisme mondial, vol. 19, no 2 (mars 2021).
                8
                    Ryan Banerjee, Joseph Noss et Jose María Vidal Pastor, « Liquidity to solvency: transition
                    cancelled or postponed? », Bulletin n o 40 (Bâle, Suisse, Banque des règlements internationaux,
                    25 mars 2021).

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               32. D’importantes mesures de relance budgétaire et une forte expansion monétaire
               ont permis d’atténuer les tensions sur les marchés financiers au début de la pandémie.
               Dans nombre de pays développés, le gonflement des liquidités qui en a résulté n’a
               cependant pas stimulé l’investissement productif. L’assouplissement des conditions
               du crédit a au contraire alimenté des bulles spéculatives et mis la stabilité financière
               en péril dans plusieurs pays. La hausse des prix des actifs, conséquence de
               l’assouplissement monétaire, creusera probablement davantage les inégalités, étant
               donné que ce sont surtout les ménages relativement riches qui possèdent des actions
               et des obligations.
               33. Dans la plupart des pays, les mesures de soutien n’ont pas tenu compte de
               l’impact très inégal de la pandémie sur les différents secteurs et acteurs de l’économie.
               Si le soutien financier a profité aux grandes entreprises, il est rarement parvenu
               jusqu’aux petites entreprises, surtout celles du secteur informel. La pandémie, par
               exemple, a plus durement touché les microentreprises et petites et moyennes
               entreprises – dont beaucoup sont détenues par des femmes – étant donné leur accès
               limité au financement. Compte tenu de l’importance de ces entreprises pour l’activité
               économique et la création d’emplois, il faudrait que les banques centrales prévoient à
               leur intention des soutiens de trésorerie et des appuis financiers, en particulier pour
               celles qui sont détenues par des femmes et d’autres groupes marginalisés de la
               population.

           II. Effet disproportionné de la pandémie sur les femmes
               34. La pandémie de COVID-19 et ses conséquences économiques ont affecté les
               femmes de manière disproportionnée. La généralisation du confinement à domicile,
               les fermetures d’écoles et l’arrêt des activités dans les secteurs des services de
               proximité ont amplifié les différences préexistantes entre les sexes en matière de
               santé, d’éducation et d’emploi. L’expérience des épidémies précédentes et les données
               préliminaires de la pandémie actuelle montrent que les femmes et les filles sont
               confrontées à des défis uniques et que, dans certains cas, leur situation est pire que
               celle des hommes. Les progrès vers la réalisation des cibles des obj ectifs de
               développement durable liées à l’égalité des sexes et à la non-discrimination risquent
               d’être gravement compromis en l’absence de mesures ciblées et tenant compte des
               questions de genre.

               Les femmes sont très exposées et pourtant sous-protégées
               35. Il ressort des données disponibles ventilées par sexe que parmi les cas de
               COVID-19 signalés, le taux d’infection des femmes est un peu plus élevé que celui
               des hommes (voir fig. VIII). Or, dans les économies en développement, les hommes
               représentent une part disproportionnée des cas signalés, qui dépasse 70 % dans
               plusieurs pays Ces chiffres reflètent probablement les obstacles structurels qui
               empêchent les femmes d’accéder aux tests de dépistage de la COVID-19. Les hommes
               sont cependant surreprésentés dans les décès liés à la COVID-19 (voir fig. VIII), ce
               qui tient sans doute à des facteurs biologiques et sociaux. Il est probable que le taux
               relativement faible de décès dus à la COVID-19 déclarés pour les femmes s’explique
               par l’accès limité de ces dernières aux tests de dépistage et aux traitements.

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                    Figure VIII
                    Part des cas confirmés de COVID-19 et des décès, par sexe et par groupe de pays

                    Source : Organisation des Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, sur la base
                       des données du système de suivi des données genrées relatives à la COVID-19 du projet « Sex,
                       Gender and COVID-19 ». Consultable à l’adresse suivante : https://globalhealth5050.org/
                       the-sex-gender-and-covid-19-project/the-data-tracker/ (consulté le 27 avril 2021).
                    Note : les données ventilées par sexe couvrent 57 % du nombre total de cas et 70 % du nombre
                       total de décès.

                    36. Les femmes sont clairement en première ligne dans la lutte contre le virus. Au
                    travail et à la maison, ce sont elles qui assurent la majeure partie des services de santé
                    et des soins. Les professions de la santé, dans le monde, sont exercées à 70 % par des
                    femmes. Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement
                    économiques, les femmes occupent environ 90 % des emplois du secteur des soins de
                    longue durée et plus de 80 % des emplois dans celui de l’assistance sociale, y compris
                    la garde d’enfants, le travail domestique et les soins. Les femmes sont également
                    surreprésentées dans les emplois du secteur des services de proximité donnant lieu à
                    de fréquents contacts avec la clientèle, par opposition aux services de soutien. En
                    outre, les retards pris dans le déploiement des vaccins exposent davantage les femmes
                    que les hommes, car elles sont surreprésentées parmi les groupes les plus vulnérables,
                    notamment les personnes âgées, et aussi en raison des grossesses.
                    37. Les femmes et les filles subissent également des dommages indirects sans
                    commune mesure. La réorientation des ressources opérée en réponse à l ’urgence de
                    santé publique a considérablement perturbé les services de santé, ce qui a eu des
                    répercussions négatives sur les services essentiels de santé sexuelle et procréative
                    destinés aux femmes et aux filles. Le nombre de décès maternels et de mortinaissances
                    a augmenté, en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, en
                    partie en raison de la réduction de l’accès aux soins et du redéploiement du personnel
                    des services de maternité vers les équipes de soins intensifs et les équipes médicales 9.

            __________________
                9
                    Barbara Chmielewska et autres, « Effects of the COVID-19 pandemic on maternal and perinatal
                    outcomes: a systematic review and meta-analysis », The Lancet Global Health, 31 mars 2021.

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                   Dans le même temps, jusqu’à 1,4 million de grossesses non désirées ont eu lieu en
                   2020 dans 115 pays en développement par suite de l’interruption de l’accès aux
                   contraceptifs ou de leur utilisation, ce qui risque d’avoir des conséquences
                   bouleversantes 10.
                   38. Les femmes enceintes courent un risque plus élevé de contracter une forme
                   grave de la COVID-19 en cas d’infection. Elles sont également exposées à des risques
                   liés aux vaccins. Les données empiriques montrent que les femmes sont sous -
                   représentées dans les essais cliniques, et cette situation risque d’influer sur l’efficacité
                   de la vaccination des femmes contre la COVID-19. La violence contre les femmes a
                   augmenté partout dans le monde. L’Organisation des Nations Unies a mis en garde
                   contre une « pandémie parallèle » de violence et de harcèlement fondés sur le sexe 11,
                   qui occasionnerait des coûts humains élevés, ainsi que des coûts économiques
                   considérables résultant d’une contraction de la production potentielle et d’une
                   moindre productivité 12.

                   Le risque supplémentaire d’un effondrement de la natalité
                   39. Les signes d’un effondrement de la natalité se manifestent dans plusieurs
                   économies développées et rien ne laisse prévoir une explosion nataliste future. Les
                   statistiques de l’état civil en France, en Italie et au Japon révèlent des baisses abruptes,
                   voire supérieures à 10 %, du taux de natalité à la fin de 2020 et au début de 2021. Le
                   taux de natalité chute généralement au lendemain des récessions économiques, en
                   raison de l’insécurité financière et de l’insécurité de l’emploi, et il peut rester déprimé
                   assez longtemps sous l’effet des séquelles économiques qui perdurent. Par exemple,
                   après la crise financière mondiale, les taux de fécondité dans plusieurs économies
                   développées ne se sont jamais rétablis, alors qu’ils avaient augmenté au cours des dix
                   années précédentes. La contraction du nombre de naissances, si elle se prolongeait,
                   perturberait davantage l’équilibre démographique dans des pays déjà accablés par la
                   diminution et le vieillissement de leur population et par des lourdes restrictions de
                   l’immigration. Ces faibles taux de natalité se traduiraient par une hausse des taux de
                   dépendance, qui sont déjà élevés, et compromettrait la viabilité des systèmes de
                   retraite dans un certain nombre de pays développés, dont plusieurs pays européens et
                   le Japon. Une contraction de l’offre de main-d’œuvre aurait également un effet négatif
                   sur la production potentielle et, partant, sur la croissance économique.

                   L’éducation des filles en péril
                   40. En moyenne, les écoles ont été fermées pendant environ la moitié de l ’année
                   scolaire, entre mars 2020 et février 2021. Pour 168 millions d’enfants, elles le sont
                   encore 13. La crise creuse les écarts de scolarisation et de réussite scolaire entre les
                   sexes, car les filles sont plus nombreuses que les garçons à ne pas réintégrer
                   l’enseignement primaire ou secondaire 14. Après l’épidémie de maladie à virus Ebola
                   de 2014-2016, par exemple, ces écarts ont considérablement augmenté au Lib éria et
           __________________
              10
                   Fonds des Nations Unies pour la population, « Impact of COVID-19 on family planning: what we
                   know one year into the pandemic », note technique, 11 mars 2021.
              11
                   Ginette Azcona et autres, From Insights to Action: Gender Equality in the Wake of COVID-19
                   (New York, Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
                   (ONU-Femmes), 2020).
              12
                   Pour les coûts économiques de la violence sexiste, voir Zainab Ibrahim, Jayanthi Kuru -Utumpala
                   et Jay Goulden, Counting the Cost: the Price Society Pays for Violence against Women (Genève,
                   CARE International, 2018).
              13
                   Fonds des Nations Unies pour l’enfance, COVID-19 and School Closures: One Year of Education
                   Disruption (New York, mars 2021).
              14
                   Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, « UNESCO COVID-19
                   education response: how many students are at risk of not returning to s chool? », document de
                   sensibilisation (Paris, juillet 2020).

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