EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale

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EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale
Février 2020

     EcoPanorama
      Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale

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SOMMAIRE

    Vue d’ensemble ............................................................................................................. (p.3)
   Grandes tendances mondiales .................................................................................... (p.4)
   Pétrole et autres matières premières ......................................................................... .(p.6)

    Conjoncture économique
   Etats-Unis....................................................................................................................... (p.8)
   Chine ............................................................................................................................ (p.12)
   Japon ............................................................................................................................ (p.14)
   Pays émergents ........................................................................................................... (p.16)
   Zone euro ..................................................................................................................... (p.18)
   Royaume-Uni ............................................................................................................... (p.22)
   France .......................................................................................................................... (p.24)

    Marchés financiers
   Marchés boursiers ...................................................................................................... (p.26)
   Taux d’intérêt ............................................................................................................... (p.28)
   Marchés des changes ................................................................................................. (p.30)
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VUE d’ENSEMBLE

 L’épidémie de coronavirus : une nouvelle source d’inquiétude
                 pour la croissance mondiale

L’accord commercial dit de phase I, signé mi-janvier, et la sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’Union
européenne le 31 janvier étaient en passe de créer un contexte plus favorable à la croissance économique
après les nombreux rebondissements dans ces deux dossiers qui ont émaillé l’année 2019. Les derniers indicateurs
économiques ont montré une certaine résilience de l’économie américaine, avec le maintien sur un sentier de
croissance de l’ordre de 2 % l’an, en dépit d’un effritement de l’investissement productif. Dans la zone euro, le
tassement de la croissance fin 2019 a déçu mais les enquêtes de conjoncture de janvier ont plutôt rassuré.
Comme dans d’autres pays, le secteur manufacturier paraissait retrouver quelques couleurs après une très
mauvaise année 2019.
Ce tableau plutôt empreint d’un certain optimisme concernant le développement économique à court terme va-
t-il être mis à mal par la propagation rapide du coronavirus, essentiellement en Chine jusqu’ici ? A ce stade, il
est difficile d’apporter une réponse quantitativement étayée. Ce que l’on peut observer à travers les informations
venant de Chine c’est que certains pans de l’activité économique sont à l’arrêt depuis quelques jours. Les
autorités ont décidé de mettre en quarantaine des zones habitées par plusieurs dizaines de millions de personnes,
dont les déplacements sont limités au strict minimum. Les magasins sont désertés et le travail dans les usines
perturbées. Par ailleurs, beaucoup de compagnies aériennes ont interrompu leurs liaisons avec la Chine. L’activité
économique risque d’être très perturbée à court terme, ce qui devrait avoir un impact non négligeable sur la
croissance chinoise au 1er trimestre. Si l’épidémie se poursuit plus longtemps, deux effets sont à attendre.
Premièrement, une moindre demande de la Chine, donc d’exportations de ses partenaires. Certains pays, à
l’image des voisins asiatiques de la Chine et en Europe de l’Allemagne, pourraient être assez exposés. Certains
secteurs sont aussi très dépendants de la Chine, comme le luxe : les achats des Chinois (réalisés lors de voyages
à l’étranger ou dans leur propre pays) représentent environ un tiers du marché du luxe. Le transport aérien va aussi
pâtir de cette épidémie. Par ailleurs la désorganisation des chaînes de valeur pourrait être une seconde voie
de perturbation de l’économie mondiale si l’épidémie se prolongeait, avec des conséquences en cascade sur
les approvisionnements.
Sur les marchés financiers, le développement de l’épidémie de coronavirus s’est traduit par un retour de
l’aversion pour le risque, d’où une baisse des marchés actions et des rendements des emprunts d’Etat. Le prix
du pétrole et d’autres matières premières a aussi fléchi, les investisseurs s’inquiétant des répercussions sur la
demande.
Dans ce contexte, doit-on s’attendre à des réponses du côté de la politique économique ? Les autorités
chinoises ont d’ores et déjà injecté de nouvelles liquidités dans le système économique. Du côté de la Fed et de
la BCE, le mois de janvier a été marqué par le statu quo. Mais les deux banques centrales vont suivre de près
l’évolution des marchés financiers au cours des prochaines semaines. Lors de l’épidémie de SRAS en 2003, les
marchés financiers s’étaient retournés à la hausse lorsque le pic de l’épidémie avait été dépassé.

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GRANDES TENDANCES MONDIALES

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                                                                                                       10

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                                                                                                                                                                                            Gliss. ann. : 3,2 %
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                                                                                                       -4

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                                                                                                             *Etats-Unis, Zone euro, Japon, Royaume-Uni, Chine, Brésil, Inde et Russie (70% du PIB mondial)
                                                                                                       Source : IHS, calculs LBP

                               Indice Monde JP Morgan PMI                                                               Commerce mondial et indice PMI mondial des carnets de
60                                                                                                                     commandes à l'exportation dans l'industrie manufacturière
                                                                                                       20                                                                                                               70
55
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45                                                                                                      5                                                                                                               55

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40
                                                                                                        -5                                                                                                              45
35
                                                                                                       -10                                                                                                              40
                    Synthétique             Industrie manufacturière            Services
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                                                                                                       -20                       Commerce mondial (taux de variation sur un an, en %)                                   30
                                                                                                                                 PMI Mondial manufacturier-nouvelles commandes à l'exportation (éch. D.)
                                                                                                       -25                                                                                                              25
     Source: IHS Markit, LBP

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                         Ventes mondiales de semi-conducteurs
45000000                                                                                   80
                       Milliers de $, mm3
40000000
                       Glissement annuel (D)                                               60
35000000
                                                                                           40
30000000

25000000                                                                                   20

20000000                                                                                   0

15000000
                                                                                           -20
10000000
                                                                                           -40
 5000000
                                                                       Source : SIA, LBP
         0                                                                                 -60

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GRANDES TENDANCES MONDIALES

                                  Le commerce mondial peine à redémarrer
La croissance de l’économie mondiale a légèrement faibli en fin d’année tandis que le commerce
mondial s’est de nouveau effrité. Le redressement des enquêtes de conjoncture continue de s’opérer
même s’il demeure très graduel surtout dans l’industrie.
Pendant l’automne, la croissance de l’activité s’est              pourrait vraisemblablement s’opérer le mois
maintenue aux Etats-Unis (+2,1 % en rythme                        prochain en répercussion des effets liés au
annualisé) et en Chine (+6,1 % sur un an). Elle s’est             coronavirus chinois.
en revanche affaiblie en zone euro (+0,4 % au taux
                                                                  Dans les services, l’indice a continué sa progression
annuel).
                                                                  en janvier (52,7 contre 52 en décembre).
Malgré l’accalmie observée sur le front des tensions
                                                                  La production industrielle se redresse timidement, le
commerciales depuis la sortie de l’été, le
                                                                  commerce mondial s’effrite encore
redémarrage des échanges peine à se concrétiser.
Outre le conflit commercial entre la Chine et les                 L’indicateur du commerce mondial de l’institut
Etats-Unis, des aspects sectoriels continuent                     hollandais CPB a reculé d’un mois sur l’autre en
d’affecter les échanges mondiaux (difficultés de                  novembre. Le volume des échanges de marchandises
l’automobile). Après plusieurs mois de redressement, les          demeure sensiblement en deçà de son point haut de
ventes mondiales de semi-conducteurs se sont infléchies           l’automne dernier (-1,2 % sur un an).
en novembre.
                                                                  En novembre, la production industrielle mondiale
L’indice PMI mondial se redresse un peu dans l’industrie          s’est légèrement redressée. Pour mémoire, elle s’était
et dans les services                                              contractée un mois plus tôt. Après lissage, il apparaît
                                                                  qu’elle a stagné au cours des 6 derniers mois.
En janvier, l’indice PMI mondial dans l’industrie
manufacturière, calculé par JP Morgan à partir des                Petit ressaut de l’inflation
enquêtes nationales, a légèrement progressé à 50,4
                                                                  L’inflation a connu un léger ressaut au mois de
(contre 50,1 le mois précédent).
                                                                  décembre, portée par la progression des prix de
Les chefs d’entreprise ont signalé une légère                     l’énergie. Elle a atteint 2,3 % aux Etats-Unis, 1,3 % au
accélération de leur production en réponse à un                   Royaume-Uni et 1,4 % en zone euro (en janvier). Au
remplissage plus prononcé des carnets de                          Japon, elle demeure toujours aussi faible (+0,8 %).
commandes. Le volume d’activité demeure toutefois
                                                                  L’inflation sous-jacente (hors alimentation et
relativement peu dynamique. Les flux d’échanges
                                                                  énergie) s’est maintenue à +2,3 % sur un an au mois
internationaux ne sont pas encore tout à fait stabilisés.
Les ajustements à la baisse concernant la main d’œuvre            de décembre aux Etats-Unis. Elle a été notamment
se sont quasiment stoppés.                                        soutenue par une hausse du coût du logement et des
                                                                  services médicaux. Elle s’est un peu tassée en janvier en
L’activité a été surtout soutenue par la production de            zone euro, à 1,1 % sur un an, suite notamment à une
biens de consommation. Celle de biens d’investissement            augmentation des prix des voyages organisés en
s’inscrit toujours en net repli.                                  Allemagne. Au Japon, où le salaire moyen mensuel a
                                                                  reculé, la progression de l’inflation sous-jacente est
D’un point de vue géographique, les difficultés du
                                                                  toujours aussi faible (+0,4 % sur un an en novembre).
secteur industriel restent particulièrement marquées
en zone euro (Allemagne mais aussi Espagne et Italie),
comme pour certains grands émergents (Russie) ou
                                                                                                           Romain Sarron
certains grands acteurs asiatiques développés (Japon,
Corée du sud). En revanche, en Chine et aux Etats-Unis,                                     Achevé de rédiger le 06/02/2020
l’activité se redresse. Un tassement des enquêtes

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EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale
PETROLE ET AUTRES MATIERES PREMIERES

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PETROLE ET AUTRES MATIERES PREMIERES

                                        Chute du cours du baril en janvier
Le cours du baril de Brent a clôturé le mois de janvier à 58,2 $, en forte baisse par rapport à décembre.
L’épidémie de coronavirus a en effet entraîné une chute du prix du pétrole, en raison du rôle majeur
joué par la Chine sur le marché pétrolier.
Le cours du baril de Brent de la mer du Nord s’est               novembre, confortant la place des Etats-Unis comme
établi à 58,2 $ à la fin du mois de janvier, en baisse par       1er producteur mondial d’or noir. La baisse continue du
rapport à la fin du mois de décembre (-7,8 $). Les               nombre de foreuses (rigs) en activité depuis le début
perspectives de demande mondiale d’énergie s’étaient             de l’année n’empêche pas une hausse de la
pourtant améliorées depuis l’annonce d’un accord                 production grâce aux gains de productivité.
commercial partiel entre Pékin et Washington. Mais
                                                                 Chute du prix du pétrole liée à l’épidémie de coronavirus
l’épidémie de coronavirus qui sévit en Chine a
entraîné une chute du cours du brut. La Chine,                   L’épidémie de coronavirus Covid-19 survenue en
importateur majeur, a en effet réduit de 20 % sa demande         Chine en janvier a entraîné une forte baisse du prix du
de pétrole en janvier.                                           pétrole. La Chine est en effet le premier importateur
                                                                 mondial d’hydrocarbures et le deuxième consommateur
Réduction de la production de l’OPEP et de ses alliés
                                                                 de pétrole du monde. Les mesures de limitation des
L’offre de pétrole des pays de l’OPEP demeure                    mouvements de personnes mises en place par les
modérée. La production de l’OPEP s’établissait en janvier        autorités chinoises ont entraîné une chute des
à 28,4 millions de barils par jour (Mbj), en baisse de           transports aériens, routiers et fluviaux, entraînant une
0,64 Mbj par rapport au mois de décembre.                        forte baisse des importations de brut.
Les 14 pays de l’OPEP ainsi que 10 pays alliés                   Face à ces incertitudes, l’OPEP+ a mis en place la réunion
(OPEP+), dont la Russie, ont annoncé à l’issue de leur           d’un comité technique mixte au début du mois de février,
dernier sommet en décembre, qu’ils allaient réduire              afin d’évaluer l’impact de l’épidémie sur la demande
leur production de 1,7 million barils par jour (Mbj) à           de brut. Les négociations ont été longues, les membres
partir du mois de janvier. Il s’agit d’une réduction             de l’organisation n’étant pas d’accord sur la stratégie
supplémentaire de 0,5 Mbj par rapport aux quotas déjà en         à mettre en œuvre. D’un côté, l’Arabie Saoudite et ses
vigueur qui avaient été mis en place en décembre 2018.           alliés ont plaidé pour une baisse de la production
L’objectif initial est de soutenir le prix du baril, dans un     supplémentaire qui permettrait selon eux d’entraîner une
contexte d’augmentation importante de la production              hausse du cours du brut. De l’autre côté, la position de
américaine de pétrole. Les pays de l’OPEP+ ont                   la Russie a d’abord été contre une intensification des
dépassé leurs engagements en janvier, grâce                      coupes. Moscou redoute en effet que cela affaiblisse son
notamment à l’Arabie Saoudite qui a réduit sa                    économie et profite avant tout aux Etats-Unis, dont la
production plus que ce que l’accord prévoit, afin de             production ne cesse d’augmenter. Le comité a finalement
soutenir le prix du pétrole. Par ailleurs, la production         recommandé dans ses conclusions de prolonger l’accord
libyenne a chuté en janvier, à 0,76 Mbj après 1,15 Mbj           de réduction jusqu’à fin 2020 et de procéder à une
en décembre, en raison de la guerre civile qui a entraîné        réduction supplémentaire de 0,6 Mbj jusqu’à la fin du
un blocage des ports et de champs pétroliers.                    2ème trimestre.
Il n’est pas certain que cette intensification de l’accord       Baisse du cours des matières premières industrielles
suffise à soutenir le cours du brut sur la durée. Le prix
                                                                 L’indice S&P GS métaux industriels a chuté au cours
du baril fluctue autour de 60 $ depuis le mois de juin,
                                                                 du mois de janvier sous l’effet de l’épidémie de
malgré les limites de production déjà en place. Plusieurs
                                                                 coronavirus. La Chine consomme en effet près de la
paramètres entrent en jeu : du côté de l’offre, les pays
                                                                 moitié de la production mondiale des principaux
hors OPEP+ devraient augmenter leurs exportations
                                                                 métaux et est le premier producteur d’acier et de
de pétrole (Brésil, Canada, Norvège). De plus, il faudrait
                                                                 cuivre. La mise à l’arrêt de l’économie chinoise (cf. Chine)
que l’ensemble des pays signataires respectent l’accord,
                                                                 a entraîné une chute des cours des matières premières
ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent.
                                                                 industrielles.
La fin de l’année 2019 avait été marquée par un regain
                                                                 Baisse du prix des produits de base agricoles
de tensions au Moyen-Orient entre l’Iran et les Etats-
Unis. Ces derniers avaient en effet mené des attaques            Les prix des produits agricoles (principalement blé,
aériennes sur le territoire irakien, entraînant la mort d’un     maïs, soja) ont baissé en janvier par rapport à
haut gradé iranien. La riposte de l’Iran est finalement          décembre. Le commerce des denrées agricoles reste
restée mesurée et les deux parties ont fait preuve d’une         étroitement lié aux conditions météorologiques.
apparente volonté de désescalade.                                L’absence d’intempéries en Amérique du Sud est ainsi
                                                                 menaçante pour les récoltes de soja et de maïs. Les
La production américaine augmente malgré la baisse du
                                                                 facteurs externes ont également un rôle important et
nombre de foreuses en activité
                                                                 l’épidémie de coronavirus pèse sur le cours des céréales.
La production américaine augmente et soutient                                                             Flore Deschard
toujours l’offre mondiale. D’après les données de l’EIA,
                                                                                         Achevé de rédiger le 06/02/2020
elle aurait atteint un niveau record proche de 13 Mbj en

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ETATS-UNIS

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ETATS-UNIS

                                         La demande interne s’essouffle
La croissance du PIB s’est maintenue proche de son potentiel fin 2019. La convalescence du secteur
industriel se poursuit. Elle pourrait être perturbée par les répercussions du coronavirus. La Fed
confirme son statu quo, tandis que la campagne présidentielle occupe de plus en plus les débats.
D’après la première estimation disponible, la croissance           La convalescence du secteur industriel se poursuit
du PIB a atteint 2,1 % en rythme annualisé au
                                                                   La production industrielle a rechuté en décembre
4ème trimestre. Sur l’ensemble de l’année 2019,
                                                                   (-0,3 % d’un mois sur l’autre) sous l’effet d’un net recul de
l’économie américaine enregistre un gain de 2,3 %, après
                                                                   la production énergétique en raison de la douceur des
+2,9 % en 2018.
                                                                   températures. L’activité manufacturière a légèrement
Le profil infra-annuel de la croissance atteste d’une              progressé (+0,2 %), malgré le repli de la production de
certaine stabilisation de l’économie américaine, qui               biens de consommation.
progresse en ligne avec son potentiel depuis le printemps
                                                                   L’indice PMI Markit dans le secteur manufacturier
2019. Par conséquent, l’output gap (écart entre le niveau
                                                                   s’est légèrement effrité en janvier (51,9 après 52,4 en
observé du PIB et son niveau potentiel) a cessé de
                                                                   décembre). Les chefs d’entreprise ont rapporté un
s’accroître. Surtout, l’évolution récente du PIB a
                                                                   effritement des nouvelles commandes en provenance de
davantage tenu au soutien apporté par la demande
                                                                   l’étranger, ce qui les a notamment conduits à ralentir les
extérieure nette (sous l’effet d’une très vive contraction
                                                                   embauches. L’amélioration se poursuit en revanche
des importations) qu’à la progression de la demande
                                                                   dans le secteur des services pour lequel l’indice PMI
interne. D’une part la consommation des ménages a
                                                                   est ressorti à 53,2 en janvier (après 52,8 en décembre).
ralenti. Surtout, l’investissement productif demeure
                                                                   Le volume global d’activité et les anticipations demeurent
particulièrement déprimé.
                                                                   toutefois encore bien en deçà de leur niveau d’il y a un an.
La consommation privée ralentit
                                                                   Coronavirus, des répercutions probables au-delà de la
Les dépenses de consommation privée se sont                        Chine
sensiblement modérées (+1,8 % au taux annuel au
                                                                   Ces résultats d’enquêtes n’intègrent toutefois pas
4ème trimestre) en cohérence avec la faible progression
                                                                   d’impact lié à l’épidémie de coronavirus en Chine. Il
des ventes au détail. Ces évolutions coïncident avec le
                                                                   est difficile d’en apprécier les effets induits sur les
ralentissement du pouvoir d’achat du revenu
                                                                   économies partenaires de la Chine. Mais le poids
disponible des ménages qui a été compensé dans une
                                                                   conséquent de cette dernière dans l’ensemble des
certaine mesure par la baisse du taux d’épargne (-
                                                                   chaînes      de   valeur       suggère     de    probables
-0,2 point par rapport au trimestre précédent). En outre,
                                                                   répercussions à l’échelle mondiale. Dans le cas des
l’orientation à la hausse des marchés boursiers, permise
                                                                   Etats-Unis, l’impact direct lié à une baisse de la demande
par la dissipation des tensions commerciales avec la
                                                                   des ménages chinois ou encore de la consommation
Chine et la politique accommodante de la Fed s’est
                                                                   intermédiaire des entreprises devrait rester limité.
traduite par un redressement de la confiance des
ménages stimulée par ailleurs par le dynamisme du                  En revanche, la position de marché occupée par la Chine
marché du travail.                                                 dans la production industrielle mondiale sur certains
                                                                   secteurs (composants électroniques, électriques et
S’ils ont freiné leurs dépenses de consommation, les               informatiques notamment) en fait un fournisseur important
ménages ont en revanche accéléré leurs achats de                   de l’industrie américaine. La mise à l’arrêt prolongée
biens immobiliers. L’investissement en logement a en               d’usines en Chine pourrait alors engendrer des
effet progressé de 5,8 % au taux annuel au 4ème trimestre          ruptures d’approvisionnement dans certains secteurs
après déjà +4,6 % au 3ème trimestre, porté par la détente          outre-Atlantique dont le préjudice sera en premier lieu
des taux sur les crédits hypothécaires intervenue dans le          fonction du poids du dit secteur dans l’ensemble de la
courant de l’année.                                                production. Au fil des années les chaînes de valeur
                                                                   mondiales se sont considérablement rallongées et
L’investissement productif reste à la peine
                                                                   compliquées, ce qui laisse envisager de multiples effets
L’investissement productif s’est contracté pour le                 de second rang. L’impact négatif pourrait dans une
3ème trimestre consécutif (-1,5 % l’an après -2,3 % au             certaine mesure être compensé par la capacité de
trimestre précédent). Dans le détail, les dépenses                 l’industrie américaine à substituer de nouveaux
d’investissement en biens d’équipement se sont repliées            fournisseurs à leurs producteurs chinois. Mais ce
de 2,9 % en rythme annualisé tandis que celles allouées            type d’adaptation est plus ou moins rapide selon les
aux bâtiments non résidentiels ont de nouveau                      secteurs (degré de spécificité des produits, volumes)
lourdement     chuté    (-10,1 %).   Ce    recul     de            et il peut s’avérer coûteux. Par ailleurs, les producteurs
l’investissement était plutôt attendu au regard du                 américains pourraient également pallier d’éventuels
tassement des commandes et de la faiblesse des                     défauts d’approvisionnement en mobilisant leurs stocks.
importations. Ces dernières se sont très fortement                 Autre conséquence liée à l’épidémie de coronavirus,
contractées fin 2019 (-8,7 % au taux annuel), pâtissant            la Chine pourrait retarder les achats de produits
notamment d’un effet de stock défavorable.                         américains qu’elle s’était engagée à réaliser dans le
                                                                   cadre de l’accord commercial signé le mois dernier.

                                                             -9-
EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale
ETATS-UNIS

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ETATS-UNIS

Statu quo à la Fed                                                Les liquidités injectées par la Fed depuis le mois de
                                                                  septembre ont mis fin à la surchauffe. Mais dans quelle
La dernière réunion du Comité de politique monétaire
                                                                  mesure la banque centrale pourra-t-elle suspendre
(FOMC) de la Réserve fédérale (Fed) s’est tenue les
                                                                  ces opérations sans risquer de nouvelles tensions ?
28 et 29 janvier. Depuis la précédente réunion, deux des
                                                                  J. Powell a concédé que les économistes de la Fed
principaux facteurs d’incertitude qui affectent
                                                                  avaient sans doute sous-estimé le niveau de réserves
l’économie mondiale depuis plusieurs mois ont
                                                                  compatible avec le bon fonctionnement du marché
évolué favorablement. Les Etats-Unis et la Chine ont
                                                                  monétaire, ce dernier devant selon lui ne pas descendre
signé un accord commercial partiel tandis que le retrait
                                                                  en deçà de 1 500 Md$. Le relèvement de 5 points de base
britannique de l’Union européenne a franchi une étape
                                                                  à 1,60 % du taux de rémunération des réserves
décisive.
                                                                  excédentaires (IOER) y participera. Il suggère par ailleurs
Les membres du FOMC ont peu amendé leur appréciation              une certaine stabilisation du marché monétaire.
de la situation économique et ont par conséquent estimé
                                                                  La trajectoire des comptes publics a de quoi inquiéter
que le réglage de la politique monétaire restait approprié
au regard de l’évolution de la conjoncture économique.            Le Congressional Budget Office (CBO) a publié son
Toutefois, ces derniers ont exprimé quelques inquiétudes          rapport annuel sur l’économie et les finances
à propos de la faiblesse persistante de l’inflation. Au cours     publiques dans lequel il revient sur la détérioration
de la traditionnelle conférence de presse, Jérôme Powell          présente et à venir des comptes publics américains.
a mentionné plusieurs points de vigilance : des                   L’organisme anticipe un niveau moyen de déficit
discussions commerciales sont toujours en cours,                  public de l’ordre de 5 % sur la décennie 2020-2030.
notamment avec des partenaires autres que la Chine,               Cette dérive budgétaire s’explique par le déficit de
la crise du coronavirus chinois constitue un problème             recettes engendré par la réforme fiscale de 2017 et par
très sérieux et enfin les injections de liquidités sur le         une hausse des dépenses sociales (santé, retraites)
marché du repo vont se prolonger.                                 attribuable au vieillissement démographique. Dans ce
                                                                  contexte, la dette fédérale connaitrait une très vive
Sur ce dernier point, J. Powell a par ailleurs affirmé que
                                                                  progression, se rapprochant de 100 % du PIB à l’horizon
l’institution allait continuer d’injecter de l’ordre de
                                                                  2030.
60 Md$ chaque mois sur le marché du repo au moins
jusqu’en avril. Pour mémoire, des tensions sur les taux           La dégradation des comptes publics américains pourrait
d’intérêt de ce marché (prêts de très court terme entre           même s’accroître encore davantage puisque D. Trump a
institutions financières garantis par des obligations             évoqué un nouveau plan de baisses d’impôts afin
d’Etat) s’étaient manifestées au mois de septembre.               notamment de pérenniser les mesures fiscales tirées de
La Fed les avait expliquées par un besoin supplémentaire          la réforme de 2017. Cette annonce a par ailleurs été
de cash de la part des entreprises pour payer leurs impôts        confirmée par S. Mnuchin.
et par le règlement d’achat de Treasuries par les banques.
                                                                  Elections présidentielles : D. Trump dans un fauteuil ?
Cela avait contraint l’institution à injecter des liquidités en
urgence (300 Md$ en quatre jours) puis à instaurer dans           Le dernier discours sur l’état de l’Union de la
la foulée des opérations de pension-livrée.                       mandature actuelle a été pour D. Trump l’occasion de
                                                                  dresser un bilan flatteur de son action. Le président
Dans un rapport publié fin 2019, la Banque des
                                                                  américain a insisté sur son bilan économique et
Règlements Internationaux (BRI) met en avant
                                                                  notamment sur les bonnes performances du marché
d’autres raisons à caractère plus structurel. En effet,
                                                                  de l’emploi.
le taux d’intérêt pratiqué sur les opérations de repo
devenant plus élevé que celui offert par la Fed en                Ce dernier jouit à l’heure actuelle d’une côté de
rémunération des réserves excédentaires placées par les           popularité particulièrement élevée. Cela atteste que la
banques, ces dernières sont progressivement passées du            procédure de destitution lancée à son endroit par les
statut d’emprunteuses à celui de prêteuses de cash à              démocrates n’a pas du tout eu les effets escomptés. Cela
partir de la mi-2018. Parallèlement, leurs achats de              a surtout eu pour conséquence de rassembler tout le
Treasuries ont beaucoup augmenté (relance                         camp républicain derrière D. Trump. Dans le même
budgétaire), mobilisant beaucoup de cash. Ce dernier              temps, la première étape des primaires démocrates
est donc venu à manquer d’autant que les banques n’ont            (caucus de l’Iowa) a tourné au fiasco et aurait accordé le
pas ponctionné leurs réserves et que la Fed, dans une             plus grand nombre de délégués à Pete Buttigieg dont
démarche de normalisation de sa politique monétaire,              l’offre politique se situe à mi-chemin entre le modéré
avait commencé à réduire ses achats d’actifs. Selon la            Biden et les candidats plus radicaux (Sanders et Warren).
BRI, la demande de liquidité sur le marché repo a                 Face à l’incertitude du résultat, le parti démocrate a
également été soutenue par des opérations                         finalement choisi de ne reconnaître aucun vainqueur.
d’arbitrage de grande ampleur entre bons du Trésor et
produits dérivés à l’initiative d’acteurs tels que les
hedge funds.                                                                                                Romain Sarron
                                                                                           Achevé de rédiger le 06/02/2020

                                                              -11-
CHINE

                                            Chine : croissance du PIB
     14                  (variation trimestrielle en rythme annualisé et variation sur un an, %)

     12

     10                     Variation sur un an
                                                         Variation
                                                         trimestrielle en
                                                         rythme annualisé
     8
                                                                                                    T4 2019 : 6,0 %
                                                                                                             6,1 %
     6

     4

     2

     0

Source : IHS, LBP

                      Chine : ventes au détail en valeur et en volume
 25                            (variation sur un an, MM3, %)

 20
                                                                                               valeur
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                                                                                                   déc.-19; 7,7
 10

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                                                                                   volume

                                                                                                              5,3
     0
          07        08     09      10      11       12     13      14       15     16     17   18     19
          Source : NBS, LBP

                                   Chine : Indices PMI de climat des affaires
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                                                                NBS non manuf.
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                                                                                   Caixin manuf.
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                                                         NBS manuf.
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  2009         2010       2011      2012     2013        2014    2015       2016   2017    2018     2019     2020
 Source : IHS, IHS Markit, LBP

                                                                                                                      -12-
CHINE

                               L’épidémie de coronavirus met à mal l’activité
La croissance chinoise s’est établie à 6,1 % en 2019. Des signes d’amélioration de l’activité étaient
apparus en fin d’année. Mais l’épidémie de coronavirus qui touche actuellement la Chine a entraîné
une paralysie de l’économie, sans visibilité sur la durée de la crise.
Des signes d’amélioration de l’activité économique            est en partie dû à la signature de l’accord partiel
sont apparus en fin d’année. Cependant, une épidémie          commercial sino-américain le 15 janvier1. Cependant
de coronavirus a débuté en Chine en décembre et a             l’indice de climat des affaires n’incluait pas l’épidémie
entraîné la paralysie de pans entiers de l’économie           de coronavirus et son impact sur l’économie chinoise,
chinoise à partir de fin janvier. L’impact final sur la       qui a largement modifié les perspectives pour les
croissance économique est encore difficile à quantifier       mois à venir.
mais devrait être conséquent, au moins au 1er trimestre.
                                                              L’épidémie de coronavirus devrait peser sur la croissance
La croissance chinoise s’est établie à 6,1 % en 2019
                                                              Une épidémie de coronavirus a démarré en décembre
Au 4ème trimestre 2019, le PIB chinois a augmenté de          dans la province de Hubei. Elle touche à ce jour plus de
6,0 % sur un an, comme au 3ème trimestre. La                  28 000 personnes, a provoqué près de 600 décès et
croissance annuelle du PIB s’établit à 6,1 % en 2019,         progresse rapidement. La Chine est le principal pays
après 6,6 % en 2018. Il s’agit du rythme de croissance        concerné mais le virus est présent sur au moins vingt-
observé le plus faible depuis 1990. L’économie chinoise       sept autres pays, dont la France. Des mesures drastiques
a été affectée par les tensions commerciales avec les         de mise en quarantaine ont été prises. Plus de 60
Etats-Unis tout au long de l’année 2019 de manière            millions d’habitants sont ainsi assignés à résidence
directe, à travers la demande externe, et indirecte à         sur l’ensemble du territoire chinois et les
travers la demande interne via un choc de confiance           mouvements de personnes sont étroitement
négatif pour les ménages et les entreprises. Cependant,       contrôlés. De nombreuses compagnies aériennes ont
le ralentissement en cours de l’économie chinoise est         suspendu leurs vols en provenance et à destination de la
également structurel. La Chine fait face à des défis de       Chine.
grande ampleur, dont notamment son déclin
                                                              Au-delà de la seule catastrophe sanitaire que
démographique. Le taux de natalité en 2019 a atteint un
                                                              représente cette épidémie, les conséquences
nouveau record de 1,05 naissance pour 100 habitants.
                                                              négatives sur l’économie risquent d’être nombreuses
Des signes d’amélioration sont apparus en fin d’année         et devraient être bien plus importantes que celles
                                                              entraînées par le virus du SRAS en 2003 (un point de
Les statistiques décrivent une amélioration de l’activité
                                                              croissance du PIB chinois en moins sur l’année). La
au mois de décembre. La production industrielle
                                                              maladie est apparue peu de temps avant les festivités du
chinoise a accéléré en décembre (+6,9 % sur un an
                                                              Nouvel An chinois, une période d’arrêt de l’activité
après +6,2 % en novembre). Les ventes au détail (en
                                                              industrielle mais au cours de laquelle des millions de
volume) ont également accéléré, avec une progression
                                                              Chinois consomment plus que d’habitude et voyagent. La
de 6,0 % sur un an en décembre, après +4,9 % en
                                                              demande intérieure chinoise devrait donc lourdement
novembre. Les ventes de voitures ont continué à
                                                              pâtir de la situation.
décliner (-0,9 % sur un an en décembre), mais à un
rythme beaucoup moins rapide que les mois                     L’économie mondiale est également touchée via les
précédents. L’investissement en capital fixe a                conséquences sur les chaînes de valeur globales
augmenté de 5,4 % sur l’année, après +5,9 % en 2018.          dont la Chine est un maillon majeur. Le pays
Il a ralenti de manière très marquée dans le secteur          représente 30 % de la production industrielle mondiale et
manufacturier (+3,1 % en 2019, après +9,5 % en 2018),         15 % de l’ensemble des exportations de biens
illustrant l’impact négatif de la guerre commerciale pour     manufacturés. Or de nombreuses usines sont
les entreprises chinoises.                                    actuellement à l’arrêt, ce qui pourrait entraîner des
                                                              difficultés d’approvisionnement à l’échelle mondiale si
Par ailleurs, les exportations chinoises de biens (en
                                                              cela se prolongeait. Les secteurs de l’électronique, mais
valeur et en dollars) ont augmenté en décembre, de
                                                              également de l’automobile et du textile, seraient
7,6 % sur un an (après -1,3 % en novembre). Cette nette
                                                              particulièrement affectés. Les premiers pays touchés
progression illustre une reprise de la demande dans le
                                                              seront les pays d’Asie du Sud-Est, voisins de la
contexte d’amélioration des relations commerciales
                                                              Chine. Par ailleurs, les engagements pris par la Chine
sino-américaines.
                                                              dans le cadre de l’accord commercial avec les Etats-Unis
La signature de l’accord commercial améliore la confiance     risquent d’être mis à mal (cf. Etats-Unis).
L’indice de climat des affaires PMI Caixin, basé              En réponse à la crise, la banque centrale chinoise a
principalement sur les réponses d’entreprises privées, a      annoncé l’injection de 174 Md$ de liquidités dans le
baissé en janvier (51,1 après 51,5 en décembre) dans          système bancaire en plus de mesures afin de faciliter
le secteur manufacturier. La composante relative aux          le crédit aux entreprises.
nouvelles commandes, y compris en provenance de                                                      Flore Deschard
l’étranger, s’est détériorée. En revanche, le niveau des
                                                                                      Achevé de rédiger le 06/02/2020
perspectives des entrepreneurs pour les 12 prochains
mois est à son plus haut depuis 22 mois. Cet optimisme        1    Cf. Focus de l’ActuEco du 13 janvier 2020

                                                            -13-
JAPON

                      Japon : croissance de la production manufacturière
                                       et enquête PMI
60      Production (MM3, var. sur 3 mois                                                   65
             en rythme annualisé)

40                                                                                         60

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                                       PMI manufacturier - Ech. de droite
-60
                                            (ligne continue = MM3)                         35

-80                                                                                        30
      07     08     09     10     11   12   13    14     15    16     17    18   19   20

      Source : IHS, Markit, LBP

                                                                                                -14-
JAPON

                                               Le tableau reste sombre
Les indicateurs relatifs aux entreprises, aux ménages et aux échanges extérieurs suggèrent un
important ralentissement de l’économie japonaise en cette fin d’année. Alors que le frein des
tensions commerciales s’atténue, l’épidémie de coronavirus en Chine pourrait peser sur l’activité.
Les indicateurs relatifs à la fin de l’année 2019                confortant l’idée d’une modération des dépenses des
laissent entrevoir un recul de l’activité au                     ménages suite à la hausse de la taxe sur la
4ème trimestre. La production industrielle a de nouveau          consommation début octobre. Les ventes au détail ont
chuté et les échanges extérieurs sont restés grippés. Au         stagné en décembre (+0,2 %) après le rebond observé en
début de l’année, les perspectives de croissance restent         novembre (+4,5 %) et la très forte chute du mois
mitigées. Le climat des affaires indique toujours une            d’octobre. L’indice de confiance des ménages reste à
contraction de l’activité dans le secteur manufacturier. De      un niveau relativement bas en janvier. De plus, le
plus la faiblesse persistante des salaires ne permet pas         salaire moyen mensuel a reculé sur un an en
d’anticiper un fort dynamisme des dépenses des                   novembre (-0,2 % après une stagnation en octobre). Sa
ménages. Par ailleurs, l’épidémie de coronavirus pourrait        composante régulière, qui exclut les bonus et les
avoir des conséquences négatives pour l’économie                 paiements d’heures supplémentaires a augmenté au
japonaise. Cependant, la mise en œuvre par le                    même rythme qu’en octobre (+0,2 %). Les salaires réels
gouvernement Abe d’un plan de relance budgétaire de              ont chuté sur un an (-0,9 %). La consommation des
grande ampleur (121 Md$, son calendrier n’est pas                ménages (60 % du PIB japonais) devrait continuer à être
connu) constitue un potentiel facteur de soutien.                freinée par la faiblesse des salaires.
La situation des entreprises reste préoccupante.                 Sur le marché du travail, les tensions restent
                                                                 présentes mais ne s’aggravent plus. Le taux de
La situation économique des entreprises demeure
                                                                 chômage s’établissait à 2,2 % en décembre, sans sortir
préoccupante. La production manufacturière a
                                                                 de la fourchette de ses fluctuations mensuelles ordinaires.
augmenté en décembre (+1,2 % par rapport au mois
                                                                 Le ratio des offres aux demandes d’emploi est par ailleurs
précédent, après -0,9 % en novembre). Cependant, sur
                                                                 en légère baisse depuis cet été.
l’ensemble du 4ème trimestre 2019, la production
manufacturière a reculé de 4,0 % par rapport au                  Le niveau de l’inflation reste très bas
trimestre précédent (après -0,5 % au 3ème trimestre).
                                                                 La progression des prix à la consommation a
L’indice PMI de climat des affaires manufacturier a              légèrement augmenté en décembre, à +0,8 % sur un
augmenté en janvier (48,8 après 48,4 en décembre)                an, après +0,5 % en novembre. La hausse de deux
mais indique à nouveau une contraction de l’activité.            points de la taxe sur la consommation (de 8 à 10 %) en
L’indice relatif à la production en janvier a baissé pour le     octobre a soutenu la croissance des prix. Les prix dans
treizième mois consécutif, les entrepreneurs pointant du         l’alimentation ont accéléré sur un an et le recul des prix de
doigt la détérioration de la demande. Le volume de               l’énergie a été moindre en décembre, sous l’effet d’une
nouvelles commandes s’est à nouveau réduit. Dans le              hausse du prix du pétrole en fin d’année. L’inflation
secteur des services, l’indice a augmenté (51,0 après            sous-jacente (hors alimentation et énergie) reste très
49,4), passant au-dessus du seuil de 50, indiquant une           basse, à +0,6 % sur un an. L’indicateur de prix (hors
expansion de l’activité. En dépit de cette amélioration, la      produits alimentaires frais) suivi par la Banque du Japon
confiance des entrepreneurs s’est cependant fortement            (BoJ) ne progresse que de 0,8 % sur un an, toujours bien
dégradée dans le secteur des services en raison                  en deçà de l’objectif de la banque centrale (2 %). La
d’inquiétudes liées au vieillissement de la population           BoJ a donc reconduit mi-janvier sa politique
et à la faiblesse de l’activité.                                 monétaire ultra-accommodante, malgré une révision à
                                                                 la hausse de ses perspectives de croissance.
Les échanges commerciaux déclinent au 4ème trimestre
                                                                 L’épidémie de coronavirus pourrait peser sur l’économie
Les exportations ont reculé au 4ème trimestre en valeur
                                                                 japonaise
(-1,9 % par rapport au trimestre précédent) et en volume
(-2,2 %). Les ventes de véhicules et de pièces détachées         L’économie japonaise, historiquement tournée vers
à destination des Etats-Unis ont notamment reculé, de            l’extérieur, a pâti des retombées des tensions
même que les exportations à destination du reste de              commerciales sino-américaines en 2019. Alors que ce
l’Asie. Malgré la signature d’un accord commercial               front est en train de s’apaiser suite à la signature de
partiel entre la Chine et les Etats-Unis mi-janvier, la          l’accord partiel entre Pékin et Washington, l’épidémie de
reprise des échanges extérieurs n’est que                        coronavirus pourrait à son tour peser sur la
progressive. Les importations ont également reculé               croissance nippone en ce début d’année. La Chine est
au 4ème trimestre en valeur (-2,1 % par rapport au               en effet le 1er partenaire commercial du Japon et plus de
trimestre précédent) et en volume (-2,9 %). Ce recul             50 % des exportations japonaises se font à destination de
reflète la dégradation de la demande interne japonaise.          l’Asie, qui devrait être la région du monde la plus affectée
                                                                 par l’épidémie (cf. Chine).
La croissance des salaires reste au plancher
                                                                                                          Flore Deschard
Connu jusqu’en novembre, l’indicateur mensuel de la
consommation des comptes nationaux stagne sur le mois,                                     Achevé de rédiger le 06/02/2020

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PAYS EMERGENTS

      -16-
PAYS EMERGENTS

                    Perspectives modérées au Brésil, redressement en Inde et en Russie
Au Brésil, la consommation des ménages demeure un pilier de la croissance. En Russie, les
dépenses budgétaires soutiennent l’activité. En Inde, la demande interne se raffermit. La banque
centrale a de nouveau maintenu son taux directeur inchangé face à la résurgence de l’inflation.
Au Brésil, l’activité industrielle est en difficulté alors que le     accélération du calendrier politique. V. Putin a ainsi
secteur des services reste dynamique. En Russie comme                 annoncé une réforme de la Constitution dont l’objectif est
en Inde, l’activité accélère.                                         de préparer l’après 2024 (date du terme de son mandat).
                                                                      À ce jour, toutes les options semblent ouvertes.
Au Brésil, la consommation soutient l’activité
                                                                      En Inde, l’activité se redresse, l’inflation aussi
Les indicateurs dressent un tableau mitigé de
l’économie brésilienne à la fin de l’année 2019. Dans                 La reprise de l’activité dans le secteur manufacturier
l’industrie, la situation est préoccupante avec notamment             continue de s’opérer à un rythme très prononcé.
une nouvelle baisse de la production (-1,2 % sur un an                L’indice PMI a nettement progressé au mois de janvier
en décembre après -1,8 %). Le niveau de la production                 (55,3 après 52,7 en décembre). Ce surcroit d’activité
industrielle est plus bas de 18 % par rapport au point haut           s’explique par un fort regain de la demande, notamment
de mai 2011. Cependant, l’indice PMI de climat des                    externe. Pour y faire face, les chefs d’entreprise ont
affaires dans le secteur manufacturier se maintient                   sensiblement accru leur production, mobilisé leurs stocks
au-dessus du seuil de 50 (à 51,0 en janvier après 50,2                et embauché de la main-d’œuvre supplémentaire.
en décembre). Le secteur des services (70 % du PIB                    L’ampleur du redressement de la demande observé
brésilien) semble en meilleure santé. La production du                suggère que la consommation des ménages,
secteur a progressé de 1,8 % sur un an en novembre.                   particulièrement éprouvée depuis plusieurs mois,
L’indice PMI pour le secteur des services est en hausse               serait aussi en train de se redynamiser. La production
en janvier (à 52,7 après 51,0). Du côté de la                         de biens de consommation demeure la plus vive mais
consommation des ménages, les ventes au détail en                     celle de biens d’équipement s’est accélérée début 2020,
valeur ont crû de 2,9 % sur un an en décembre, après                  témoignant       d’un    probable      redémarrage      de
+4,2 % le mois précédent. La demande des ménages                      l’investissement.      Confirmant     l’amélioration  des
devrait continuer à constituer un moteur clef de la                   enquêtes constatée depuis la fin de l’année, la production
croissance brésilienne. Le taux de chômage s’est                      industrielle a progressé de 1,8 % sur un an en novembre
établi à 11 % en décembre, comme en novembre.                         après plusieurs mois de recul.
L’inflation a fortement augmenté en décembre, à                       L’indice des prix à la consommation a nettement
4,3 % sur un an après 3,3 % en novembre, sous l’effet de              progressé en décembre, enregistrant une hausse de
d’une flambée du prix de la viande. L’inflation se situe              7,4 % sur un an. Cela fait à présent cinq mois que les prix
donc au-dessus de la cible de la banque centrale du                   à la consommation gagnent de la vigueur. Au point que
Brésil (4,25 % pour 2019, 4,00 % pour 2020). Cela n’a                 l’inflation dépasse la limite supérieure de la bande de
pas empêché l’institution monétaire de baisser début                  fluctuation de moyen terme fixée à 6 % par la banque
février le Selic de 25 points de base (pb, après déjà quatre          centrale. Cette remontée des tensions inflationnistes est
baisses de 50pb), à 4,25 %, afin de soutenir l’activité.              principalement due à la flambée des prix des produits
                                                                      alimentaires (qui comptent pour la moitié dans l’indice
En Russie, l’activité et le calendrier politique s’accélèrent
                                                                      général). En décembre, ces derniers ont crû de 12,2% sur
La croissance du PIB s’est finalement établie à 1,3 %                 un an, plus forte progression depuis six ans, tirés
en 2019 après +2,5 % en 2018. Après un début d’année                  notamment par le prix des légumes (+60,5% en
plutôt maussade, l’activité a sensiblement accéléré au                décembre). La banque centrale a de nouveau opté pour
cours du 2nd semestre. Cela résulterait principalement                le statu quo annonçant toutefois des mesures ciblées de
de mesures de soutien budgétaire beaucoup plus                        soutien au crédit à la consommation.
prononcées depuis l’été après un 1er semestre
                                                                      La hausse de la dépense publique et les légères
particulièrement terne. De leur côté, les dernières
                                                                      baisses d’impôts annoncées lors de la présentation
enquêtes suggèrent que la détérioration de l’activité
                                                                      du budget 2020-2021 pour relancer la consommation
industrielle se modère. L’indice PMI dans le secteur
                                                                      et l’investissement ne semblent pas suffisantes pour
manufacturier a légèrement augmenté en janvier (47,9
                                                                      soutenir notablement l’économie indienne à court
contre 47,5 en décembre).
                                                                      terme. Bien qu’il ait un peu assoupli la discipline
La     nomination     d’un   nouveau    1er    ministre               budgétaire (cible de déficit public portée à 3,5 % du PIB),
(Mikhail Mishustin) et le remaniement ministériel qui a               le gouvernement demeure contraint par le ralentissement
suivi s’inscrivent dans une volonté d’accroître le                    des recettes engendré par les baisses d’impôts
soutien budgétaire à l’économie. Le nouveau                           consenties ces derniers mois et le ralentissement de
gouvernement disposerait d’une manne de plus de                       l’activité. A ce titre, la trajectoire budgétaire repose sur
400 Md$ à investir dans des grands projets nationaux                  une prévision de croissance du PIB jugée plutôt optimiste.
dans le but de redynamiser l’économie. Un surcroît de                 Le budget prévoit en outre plus 30 Md$ de recettes tirées
dépenses publiques (de l’ordre de 10 Md$) devrait par                 de privatisations, notamment dans le secteur financier.
ailleurs être consacré à des mesures sociales en 2020.                                         Flore Deschard et Romain Sarron
Ce volontarisme économique est à rapprocher d’une
                                                                                                   Achevé de rédiger le 06/02/2020

                                                                    -17-
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