EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale
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Février 2020 EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale Pour recevoir automatiquement nos publications par mail, abonnez-vous ! CLIQUEZ ICI
SOMMAIRE Vue d’ensemble ............................................................................................................. (p.3) Grandes tendances mondiales .................................................................................... (p.4) Pétrole et autres matières premières ......................................................................... .(p.6) Conjoncture économique Etats-Unis....................................................................................................................... (p.8) Chine ............................................................................................................................ (p.12) Japon ............................................................................................................................ (p.14) Pays émergents ........................................................................................................... (p.16) Zone euro ..................................................................................................................... (p.18) Royaume-Uni ............................................................................................................... (p.22) France .......................................................................................................................... (p.24) Marchés financiers Marchés boursiers ...................................................................................................... (p.26) Taux d’intérêt ............................................................................................................... (p.28) Marchés des changes ................................................................................................. (p.30)
VUE d’ENSEMBLE L’épidémie de coronavirus : une nouvelle source d’inquiétude pour la croissance mondiale L’accord commercial dit de phase I, signé mi-janvier, et la sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 janvier étaient en passe de créer un contexte plus favorable à la croissance économique après les nombreux rebondissements dans ces deux dossiers qui ont émaillé l’année 2019. Les derniers indicateurs économiques ont montré une certaine résilience de l’économie américaine, avec le maintien sur un sentier de croissance de l’ordre de 2 % l’an, en dépit d’un effritement de l’investissement productif. Dans la zone euro, le tassement de la croissance fin 2019 a déçu mais les enquêtes de conjoncture de janvier ont plutôt rassuré. Comme dans d’autres pays, le secteur manufacturier paraissait retrouver quelques couleurs après une très mauvaise année 2019. Ce tableau plutôt empreint d’un certain optimisme concernant le développement économique à court terme va- t-il être mis à mal par la propagation rapide du coronavirus, essentiellement en Chine jusqu’ici ? A ce stade, il est difficile d’apporter une réponse quantitativement étayée. Ce que l’on peut observer à travers les informations venant de Chine c’est que certains pans de l’activité économique sont à l’arrêt depuis quelques jours. Les autorités ont décidé de mettre en quarantaine des zones habitées par plusieurs dizaines de millions de personnes, dont les déplacements sont limités au strict minimum. Les magasins sont désertés et le travail dans les usines perturbées. Par ailleurs, beaucoup de compagnies aériennes ont interrompu leurs liaisons avec la Chine. L’activité économique risque d’être très perturbée à court terme, ce qui devrait avoir un impact non négligeable sur la croissance chinoise au 1er trimestre. Si l’épidémie se poursuit plus longtemps, deux effets sont à attendre. Premièrement, une moindre demande de la Chine, donc d’exportations de ses partenaires. Certains pays, à l’image des voisins asiatiques de la Chine et en Europe de l’Allemagne, pourraient être assez exposés. Certains secteurs sont aussi très dépendants de la Chine, comme le luxe : les achats des Chinois (réalisés lors de voyages à l’étranger ou dans leur propre pays) représentent environ un tiers du marché du luxe. Le transport aérien va aussi pâtir de cette épidémie. Par ailleurs la désorganisation des chaînes de valeur pourrait être une seconde voie de perturbation de l’économie mondiale si l’épidémie se prolongeait, avec des conséquences en cascade sur les approvisionnements. Sur les marchés financiers, le développement de l’épidémie de coronavirus s’est traduit par un retour de l’aversion pour le risque, d’où une baisse des marchés actions et des rendements des emprunts d’Etat. Le prix du pétrole et d’autres matières premières a aussi fléchi, les investisseurs s’inquiétant des répercussions sur la demande. Dans ce contexte, doit-on s’attendre à des réponses du côté de la politique économique ? Les autorités chinoises ont d’ores et déjà injecté de nouvelles liquidités dans le système économique. Du côté de la Fed et de la BCE, le mois de janvier a été marqué par le statu quo. Mais les deux banques centrales vont suivre de près l’évolution des marchés financiers au cours des prochaines semaines. Lors de l’épidémie de SRAS en 2003, les marchés financiers s’étaient retournés à la hausse lorsque le pic de l’épidémie avait été dépassé. -3-
GRANDES TENDANCES MONDIALES PIB mondial* 10 8 Var. trim. annualisée : 2,9 % Gliss. ann. : 3,2 % 6 4 2 0 -2 Dernier point: 2019T4 (estimation) -4 -6 Variation trimestrielle du PIB au taux annuel Glissement annuel du PIB *Etats-Unis, Zone euro, Japon, Royaume-Uni, Chine, Brésil, Inde et Russie (70% du PIB mondial) Source : IHS, calculs LBP Indice Monde JP Morgan PMI Commerce mondial et indice PMI mondial des carnets de 60 commandes à l'exportation dans l'industrie manufacturière 20 70 55 15 65 50 10 60 45 5 55 0 50 40 -5 45 35 -10 40 Synthétique Industrie manufacturière Services 30 -15 35 -20 Commerce mondial (taux de variation sur un an, en %) 30 PMI Mondial manufacturier-nouvelles commandes à l'exportation (éch. D.) -25 25 Source: IHS Markit, LBP Source: CPB, LBP Ventes mondiales de semi-conducteurs 45000000 80 Milliers de $, mm3 40000000 Glissement annuel (D) 60 35000000 40 30000000 25000000 20 20000000 0 15000000 -20 10000000 -40 5000000 Source : SIA, LBP 0 -60 -4-
GRANDES TENDANCES MONDIALES Le commerce mondial peine à redémarrer La croissance de l’économie mondiale a légèrement faibli en fin d’année tandis que le commerce mondial s’est de nouveau effrité. Le redressement des enquêtes de conjoncture continue de s’opérer même s’il demeure très graduel surtout dans l’industrie. Pendant l’automne, la croissance de l’activité s’est pourrait vraisemblablement s’opérer le mois maintenue aux Etats-Unis (+2,1 % en rythme prochain en répercussion des effets liés au annualisé) et en Chine (+6,1 % sur un an). Elle s’est coronavirus chinois. en revanche affaiblie en zone euro (+0,4 % au taux Dans les services, l’indice a continué sa progression annuel). en janvier (52,7 contre 52 en décembre). Malgré l’accalmie observée sur le front des tensions La production industrielle se redresse timidement, le commerciales depuis la sortie de l’été, le commerce mondial s’effrite encore redémarrage des échanges peine à se concrétiser. Outre le conflit commercial entre la Chine et les L’indicateur du commerce mondial de l’institut Etats-Unis, des aspects sectoriels continuent hollandais CPB a reculé d’un mois sur l’autre en d’affecter les échanges mondiaux (difficultés de novembre. Le volume des échanges de marchandises l’automobile). Après plusieurs mois de redressement, les demeure sensiblement en deçà de son point haut de ventes mondiales de semi-conducteurs se sont infléchies l’automne dernier (-1,2 % sur un an). en novembre. En novembre, la production industrielle mondiale L’indice PMI mondial se redresse un peu dans l’industrie s’est légèrement redressée. Pour mémoire, elle s’était et dans les services contractée un mois plus tôt. Après lissage, il apparaît qu’elle a stagné au cours des 6 derniers mois. En janvier, l’indice PMI mondial dans l’industrie manufacturière, calculé par JP Morgan à partir des Petit ressaut de l’inflation enquêtes nationales, a légèrement progressé à 50,4 L’inflation a connu un léger ressaut au mois de (contre 50,1 le mois précédent). décembre, portée par la progression des prix de Les chefs d’entreprise ont signalé une légère l’énergie. Elle a atteint 2,3 % aux Etats-Unis, 1,3 % au accélération de leur production en réponse à un Royaume-Uni et 1,4 % en zone euro (en janvier). Au remplissage plus prononcé des carnets de Japon, elle demeure toujours aussi faible (+0,8 %). commandes. Le volume d’activité demeure toutefois L’inflation sous-jacente (hors alimentation et relativement peu dynamique. Les flux d’échanges énergie) s’est maintenue à +2,3 % sur un an au mois internationaux ne sont pas encore tout à fait stabilisés. Les ajustements à la baisse concernant la main d’œuvre de décembre aux Etats-Unis. Elle a été notamment se sont quasiment stoppés. soutenue par une hausse du coût du logement et des services médicaux. Elle s’est un peu tassée en janvier en L’activité a été surtout soutenue par la production de zone euro, à 1,1 % sur un an, suite notamment à une biens de consommation. Celle de biens d’investissement augmentation des prix des voyages organisés en s’inscrit toujours en net repli. Allemagne. Au Japon, où le salaire moyen mensuel a reculé, la progression de l’inflation sous-jacente est D’un point de vue géographique, les difficultés du toujours aussi faible (+0,4 % sur un an en novembre). secteur industriel restent particulièrement marquées en zone euro (Allemagne mais aussi Espagne et Italie), comme pour certains grands émergents (Russie) ou Romain Sarron certains grands acteurs asiatiques développés (Japon, Corée du sud). En revanche, en Chine et aux Etats-Unis, Achevé de rédiger le 06/02/2020 l’activité se redresse. Un tassement des enquêtes -5-
PETROLE ET AUTRES MATIERES PREMIERES Chute du cours du baril en janvier Le cours du baril de Brent a clôturé le mois de janvier à 58,2 $, en forte baisse par rapport à décembre. L’épidémie de coronavirus a en effet entraîné une chute du prix du pétrole, en raison du rôle majeur joué par la Chine sur le marché pétrolier. Le cours du baril de Brent de la mer du Nord s’est novembre, confortant la place des Etats-Unis comme établi à 58,2 $ à la fin du mois de janvier, en baisse par 1er producteur mondial d’or noir. La baisse continue du rapport à la fin du mois de décembre (-7,8 $). Les nombre de foreuses (rigs) en activité depuis le début perspectives de demande mondiale d’énergie s’étaient de l’année n’empêche pas une hausse de la pourtant améliorées depuis l’annonce d’un accord production grâce aux gains de productivité. commercial partiel entre Pékin et Washington. Mais Chute du prix du pétrole liée à l’épidémie de coronavirus l’épidémie de coronavirus qui sévit en Chine a entraîné une chute du cours du brut. La Chine, L’épidémie de coronavirus Covid-19 survenue en importateur majeur, a en effet réduit de 20 % sa demande Chine en janvier a entraîné une forte baisse du prix du de pétrole en janvier. pétrole. La Chine est en effet le premier importateur mondial d’hydrocarbures et le deuxième consommateur Réduction de la production de l’OPEP et de ses alliés de pétrole du monde. Les mesures de limitation des L’offre de pétrole des pays de l’OPEP demeure mouvements de personnes mises en place par les modérée. La production de l’OPEP s’établissait en janvier autorités chinoises ont entraîné une chute des à 28,4 millions de barils par jour (Mbj), en baisse de transports aériens, routiers et fluviaux, entraînant une 0,64 Mbj par rapport au mois de décembre. forte baisse des importations de brut. Les 14 pays de l’OPEP ainsi que 10 pays alliés Face à ces incertitudes, l’OPEP+ a mis en place la réunion (OPEP+), dont la Russie, ont annoncé à l’issue de leur d’un comité technique mixte au début du mois de février, dernier sommet en décembre, qu’ils allaient réduire afin d’évaluer l’impact de l’épidémie sur la demande leur production de 1,7 million barils par jour (Mbj) à de brut. Les négociations ont été longues, les membres partir du mois de janvier. Il s’agit d’une réduction de l’organisation n’étant pas d’accord sur la stratégie supplémentaire de 0,5 Mbj par rapport aux quotas déjà en à mettre en œuvre. D’un côté, l’Arabie Saoudite et ses vigueur qui avaient été mis en place en décembre 2018. alliés ont plaidé pour une baisse de la production L’objectif initial est de soutenir le prix du baril, dans un supplémentaire qui permettrait selon eux d’entraîner une contexte d’augmentation importante de la production hausse du cours du brut. De l’autre côté, la position de américaine de pétrole. Les pays de l’OPEP+ ont la Russie a d’abord été contre une intensification des dépassé leurs engagements en janvier, grâce coupes. Moscou redoute en effet que cela affaiblisse son notamment à l’Arabie Saoudite qui a réduit sa économie et profite avant tout aux Etats-Unis, dont la production plus que ce que l’accord prévoit, afin de production ne cesse d’augmenter. Le comité a finalement soutenir le prix du pétrole. Par ailleurs, la production recommandé dans ses conclusions de prolonger l’accord libyenne a chuté en janvier, à 0,76 Mbj après 1,15 Mbj de réduction jusqu’à fin 2020 et de procéder à une en décembre, en raison de la guerre civile qui a entraîné réduction supplémentaire de 0,6 Mbj jusqu’à la fin du un blocage des ports et de champs pétroliers. 2ème trimestre. Il n’est pas certain que cette intensification de l’accord Baisse du cours des matières premières industrielles suffise à soutenir le cours du brut sur la durée. Le prix L’indice S&P GS métaux industriels a chuté au cours du baril fluctue autour de 60 $ depuis le mois de juin, du mois de janvier sous l’effet de l’épidémie de malgré les limites de production déjà en place. Plusieurs coronavirus. La Chine consomme en effet près de la paramètres entrent en jeu : du côté de l’offre, les pays moitié de la production mondiale des principaux hors OPEP+ devraient augmenter leurs exportations métaux et est le premier producteur d’acier et de de pétrole (Brésil, Canada, Norvège). De plus, il faudrait cuivre. La mise à l’arrêt de l’économie chinoise (cf. Chine) que l’ensemble des pays signataires respectent l’accord, a entraîné une chute des cours des matières premières ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent. industrielles. La fin de l’année 2019 avait été marquée par un regain Baisse du prix des produits de base agricoles de tensions au Moyen-Orient entre l’Iran et les Etats- Unis. Ces derniers avaient en effet mené des attaques Les prix des produits agricoles (principalement blé, aériennes sur le territoire irakien, entraînant la mort d’un maïs, soja) ont baissé en janvier par rapport à haut gradé iranien. La riposte de l’Iran est finalement décembre. Le commerce des denrées agricoles reste restée mesurée et les deux parties ont fait preuve d’une étroitement lié aux conditions météorologiques. apparente volonté de désescalade. L’absence d’intempéries en Amérique du Sud est ainsi menaçante pour les récoltes de soja et de maïs. Les La production américaine augmente malgré la baisse du facteurs externes ont également un rôle important et nombre de foreuses en activité l’épidémie de coronavirus pèse sur le cours des céréales. La production américaine augmente et soutient Flore Deschard toujours l’offre mondiale. D’après les données de l’EIA, Achevé de rédiger le 06/02/2020 elle aurait atteint un niveau record proche de 13 Mbj en -7-
ETATS-UNIS La demande interne s’essouffle La croissance du PIB s’est maintenue proche de son potentiel fin 2019. La convalescence du secteur industriel se poursuit. Elle pourrait être perturbée par les répercussions du coronavirus. La Fed confirme son statu quo, tandis que la campagne présidentielle occupe de plus en plus les débats. D’après la première estimation disponible, la croissance La convalescence du secteur industriel se poursuit du PIB a atteint 2,1 % en rythme annualisé au La production industrielle a rechuté en décembre 4ème trimestre. Sur l’ensemble de l’année 2019, (-0,3 % d’un mois sur l’autre) sous l’effet d’un net recul de l’économie américaine enregistre un gain de 2,3 %, après la production énergétique en raison de la douceur des +2,9 % en 2018. températures. L’activité manufacturière a légèrement Le profil infra-annuel de la croissance atteste d’une progressé (+0,2 %), malgré le repli de la production de certaine stabilisation de l’économie américaine, qui biens de consommation. progresse en ligne avec son potentiel depuis le printemps L’indice PMI Markit dans le secteur manufacturier 2019. Par conséquent, l’output gap (écart entre le niveau s’est légèrement effrité en janvier (51,9 après 52,4 en observé du PIB et son niveau potentiel) a cessé de décembre). Les chefs d’entreprise ont rapporté un s’accroître. Surtout, l’évolution récente du PIB a effritement des nouvelles commandes en provenance de davantage tenu au soutien apporté par la demande l’étranger, ce qui les a notamment conduits à ralentir les extérieure nette (sous l’effet d’une très vive contraction embauches. L’amélioration se poursuit en revanche des importations) qu’à la progression de la demande dans le secteur des services pour lequel l’indice PMI interne. D’une part la consommation des ménages a est ressorti à 53,2 en janvier (après 52,8 en décembre). ralenti. Surtout, l’investissement productif demeure Le volume global d’activité et les anticipations demeurent particulièrement déprimé. toutefois encore bien en deçà de leur niveau d’il y a un an. La consommation privée ralentit Coronavirus, des répercutions probables au-delà de la Les dépenses de consommation privée se sont Chine sensiblement modérées (+1,8 % au taux annuel au Ces résultats d’enquêtes n’intègrent toutefois pas 4ème trimestre) en cohérence avec la faible progression d’impact lié à l’épidémie de coronavirus en Chine. Il des ventes au détail. Ces évolutions coïncident avec le est difficile d’en apprécier les effets induits sur les ralentissement du pouvoir d’achat du revenu économies partenaires de la Chine. Mais le poids disponible des ménages qui a été compensé dans une conséquent de cette dernière dans l’ensemble des certaine mesure par la baisse du taux d’épargne (- chaînes de valeur suggère de probables -0,2 point par rapport au trimestre précédent). En outre, répercussions à l’échelle mondiale. Dans le cas des l’orientation à la hausse des marchés boursiers, permise Etats-Unis, l’impact direct lié à une baisse de la demande par la dissipation des tensions commerciales avec la des ménages chinois ou encore de la consommation Chine et la politique accommodante de la Fed s’est intermédiaire des entreprises devrait rester limité. traduite par un redressement de la confiance des ménages stimulée par ailleurs par le dynamisme du En revanche, la position de marché occupée par la Chine marché du travail. dans la production industrielle mondiale sur certains secteurs (composants électroniques, électriques et S’ils ont freiné leurs dépenses de consommation, les informatiques notamment) en fait un fournisseur important ménages ont en revanche accéléré leurs achats de de l’industrie américaine. La mise à l’arrêt prolongée biens immobiliers. L’investissement en logement a en d’usines en Chine pourrait alors engendrer des effet progressé de 5,8 % au taux annuel au 4ème trimestre ruptures d’approvisionnement dans certains secteurs après déjà +4,6 % au 3ème trimestre, porté par la détente outre-Atlantique dont le préjudice sera en premier lieu des taux sur les crédits hypothécaires intervenue dans le fonction du poids du dit secteur dans l’ensemble de la courant de l’année. production. Au fil des années les chaînes de valeur mondiales se sont considérablement rallongées et L’investissement productif reste à la peine compliquées, ce qui laisse envisager de multiples effets L’investissement productif s’est contracté pour le de second rang. L’impact négatif pourrait dans une 3ème trimestre consécutif (-1,5 % l’an après -2,3 % au certaine mesure être compensé par la capacité de trimestre précédent). Dans le détail, les dépenses l’industrie américaine à substituer de nouveaux d’investissement en biens d’équipement se sont repliées fournisseurs à leurs producteurs chinois. Mais ce de 2,9 % en rythme annualisé tandis que celles allouées type d’adaptation est plus ou moins rapide selon les aux bâtiments non résidentiels ont de nouveau secteurs (degré de spécificité des produits, volumes) lourdement chuté (-10,1 %). Ce recul de et il peut s’avérer coûteux. Par ailleurs, les producteurs l’investissement était plutôt attendu au regard du américains pourraient également pallier d’éventuels tassement des commandes et de la faiblesse des défauts d’approvisionnement en mobilisant leurs stocks. importations. Ces dernières se sont très fortement Autre conséquence liée à l’épidémie de coronavirus, contractées fin 2019 (-8,7 % au taux annuel), pâtissant la Chine pourrait retarder les achats de produits notamment d’un effet de stock défavorable. américains qu’elle s’était engagée à réaliser dans le cadre de l’accord commercial signé le mois dernier. -9-
ETATS-UNIS Statu quo à la Fed Les liquidités injectées par la Fed depuis le mois de septembre ont mis fin à la surchauffe. Mais dans quelle La dernière réunion du Comité de politique monétaire mesure la banque centrale pourra-t-elle suspendre (FOMC) de la Réserve fédérale (Fed) s’est tenue les ces opérations sans risquer de nouvelles tensions ? 28 et 29 janvier. Depuis la précédente réunion, deux des J. Powell a concédé que les économistes de la Fed principaux facteurs d’incertitude qui affectent avaient sans doute sous-estimé le niveau de réserves l’économie mondiale depuis plusieurs mois ont compatible avec le bon fonctionnement du marché évolué favorablement. Les Etats-Unis et la Chine ont monétaire, ce dernier devant selon lui ne pas descendre signé un accord commercial partiel tandis que le retrait en deçà de 1 500 Md$. Le relèvement de 5 points de base britannique de l’Union européenne a franchi une étape à 1,60 % du taux de rémunération des réserves décisive. excédentaires (IOER) y participera. Il suggère par ailleurs Les membres du FOMC ont peu amendé leur appréciation une certaine stabilisation du marché monétaire. de la situation économique et ont par conséquent estimé La trajectoire des comptes publics a de quoi inquiéter que le réglage de la politique monétaire restait approprié au regard de l’évolution de la conjoncture économique. Le Congressional Budget Office (CBO) a publié son Toutefois, ces derniers ont exprimé quelques inquiétudes rapport annuel sur l’économie et les finances à propos de la faiblesse persistante de l’inflation. Au cours publiques dans lequel il revient sur la détérioration de la traditionnelle conférence de presse, Jérôme Powell présente et à venir des comptes publics américains. a mentionné plusieurs points de vigilance : des L’organisme anticipe un niveau moyen de déficit discussions commerciales sont toujours en cours, public de l’ordre de 5 % sur la décennie 2020-2030. notamment avec des partenaires autres que la Chine, Cette dérive budgétaire s’explique par le déficit de la crise du coronavirus chinois constitue un problème recettes engendré par la réforme fiscale de 2017 et par très sérieux et enfin les injections de liquidités sur le une hausse des dépenses sociales (santé, retraites) marché du repo vont se prolonger. attribuable au vieillissement démographique. Dans ce contexte, la dette fédérale connaitrait une très vive Sur ce dernier point, J. Powell a par ailleurs affirmé que progression, se rapprochant de 100 % du PIB à l’horizon l’institution allait continuer d’injecter de l’ordre de 2030. 60 Md$ chaque mois sur le marché du repo au moins jusqu’en avril. Pour mémoire, des tensions sur les taux La dégradation des comptes publics américains pourrait d’intérêt de ce marché (prêts de très court terme entre même s’accroître encore davantage puisque D. Trump a institutions financières garantis par des obligations évoqué un nouveau plan de baisses d’impôts afin d’Etat) s’étaient manifestées au mois de septembre. notamment de pérenniser les mesures fiscales tirées de La Fed les avait expliquées par un besoin supplémentaire la réforme de 2017. Cette annonce a par ailleurs été de cash de la part des entreprises pour payer leurs impôts confirmée par S. Mnuchin. et par le règlement d’achat de Treasuries par les banques. Elections présidentielles : D. Trump dans un fauteuil ? Cela avait contraint l’institution à injecter des liquidités en urgence (300 Md$ en quatre jours) puis à instaurer dans Le dernier discours sur l’état de l’Union de la la foulée des opérations de pension-livrée. mandature actuelle a été pour D. Trump l’occasion de dresser un bilan flatteur de son action. Le président Dans un rapport publié fin 2019, la Banque des américain a insisté sur son bilan économique et Règlements Internationaux (BRI) met en avant notamment sur les bonnes performances du marché d’autres raisons à caractère plus structurel. En effet, de l’emploi. le taux d’intérêt pratiqué sur les opérations de repo devenant plus élevé que celui offert par la Fed en Ce dernier jouit à l’heure actuelle d’une côté de rémunération des réserves excédentaires placées par les popularité particulièrement élevée. Cela atteste que la banques, ces dernières sont progressivement passées du procédure de destitution lancée à son endroit par les statut d’emprunteuses à celui de prêteuses de cash à démocrates n’a pas du tout eu les effets escomptés. Cela partir de la mi-2018. Parallèlement, leurs achats de a surtout eu pour conséquence de rassembler tout le Treasuries ont beaucoup augmenté (relance camp républicain derrière D. Trump. Dans le même budgétaire), mobilisant beaucoup de cash. Ce dernier temps, la première étape des primaires démocrates est donc venu à manquer d’autant que les banques n’ont (caucus de l’Iowa) a tourné au fiasco et aurait accordé le pas ponctionné leurs réserves et que la Fed, dans une plus grand nombre de délégués à Pete Buttigieg dont démarche de normalisation de sa politique monétaire, l’offre politique se situe à mi-chemin entre le modéré avait commencé à réduire ses achats d’actifs. Selon la Biden et les candidats plus radicaux (Sanders et Warren). BRI, la demande de liquidité sur le marché repo a Face à l’incertitude du résultat, le parti démocrate a également été soutenue par des opérations finalement choisi de ne reconnaître aucun vainqueur. d’arbitrage de grande ampleur entre bons du Trésor et produits dérivés à l’initiative d’acteurs tels que les hedge funds. Romain Sarron Achevé de rédiger le 06/02/2020 -11-
CHINE Chine : croissance du PIB 14 (variation trimestrielle en rythme annualisé et variation sur un an, %) 12 10 Variation sur un an Variation trimestrielle en rythme annualisé 8 T4 2019 : 6,0 % 6,1 % 6 4 2 0 Source : IHS, LBP Chine : ventes au détail en valeur et en volume 25 (variation sur un an, MM3, %) 20 valeur 15 déc.-19; 7,7 10 5 volume 5,3 0 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 Source : NBS, LBP Chine : Indices PMI de climat des affaires 64 62 60 58 Caixin services NBS non manuf. 56 54 52 50 48 Caixin manuf. 46 NBS manuf. 44 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Source : IHS, IHS Markit, LBP -12-
CHINE L’épidémie de coronavirus met à mal l’activité La croissance chinoise s’est établie à 6,1 % en 2019. Des signes d’amélioration de l’activité étaient apparus en fin d’année. Mais l’épidémie de coronavirus qui touche actuellement la Chine a entraîné une paralysie de l’économie, sans visibilité sur la durée de la crise. Des signes d’amélioration de l’activité économique est en partie dû à la signature de l’accord partiel sont apparus en fin d’année. Cependant, une épidémie commercial sino-américain le 15 janvier1. Cependant de coronavirus a débuté en Chine en décembre et a l’indice de climat des affaires n’incluait pas l’épidémie entraîné la paralysie de pans entiers de l’économie de coronavirus et son impact sur l’économie chinoise, chinoise à partir de fin janvier. L’impact final sur la qui a largement modifié les perspectives pour les croissance économique est encore difficile à quantifier mois à venir. mais devrait être conséquent, au moins au 1er trimestre. L’épidémie de coronavirus devrait peser sur la croissance La croissance chinoise s’est établie à 6,1 % en 2019 Une épidémie de coronavirus a démarré en décembre Au 4ème trimestre 2019, le PIB chinois a augmenté de dans la province de Hubei. Elle touche à ce jour plus de 6,0 % sur un an, comme au 3ème trimestre. La 28 000 personnes, a provoqué près de 600 décès et croissance annuelle du PIB s’établit à 6,1 % en 2019, progresse rapidement. La Chine est le principal pays après 6,6 % en 2018. Il s’agit du rythme de croissance concerné mais le virus est présent sur au moins vingt- observé le plus faible depuis 1990. L’économie chinoise sept autres pays, dont la France. Des mesures drastiques a été affectée par les tensions commerciales avec les de mise en quarantaine ont été prises. Plus de 60 Etats-Unis tout au long de l’année 2019 de manière millions d’habitants sont ainsi assignés à résidence directe, à travers la demande externe, et indirecte à sur l’ensemble du territoire chinois et les travers la demande interne via un choc de confiance mouvements de personnes sont étroitement négatif pour les ménages et les entreprises. Cependant, contrôlés. De nombreuses compagnies aériennes ont le ralentissement en cours de l’économie chinoise est suspendu leurs vols en provenance et à destination de la également structurel. La Chine fait face à des défis de Chine. grande ampleur, dont notamment son déclin Au-delà de la seule catastrophe sanitaire que démographique. Le taux de natalité en 2019 a atteint un représente cette épidémie, les conséquences nouveau record de 1,05 naissance pour 100 habitants. négatives sur l’économie risquent d’être nombreuses Des signes d’amélioration sont apparus en fin d’année et devraient être bien plus importantes que celles entraînées par le virus du SRAS en 2003 (un point de Les statistiques décrivent une amélioration de l’activité croissance du PIB chinois en moins sur l’année). La au mois de décembre. La production industrielle maladie est apparue peu de temps avant les festivités du chinoise a accéléré en décembre (+6,9 % sur un an Nouvel An chinois, une période d’arrêt de l’activité après +6,2 % en novembre). Les ventes au détail (en industrielle mais au cours de laquelle des millions de volume) ont également accéléré, avec une progression Chinois consomment plus que d’habitude et voyagent. La de 6,0 % sur un an en décembre, après +4,9 % en demande intérieure chinoise devrait donc lourdement novembre. Les ventes de voitures ont continué à pâtir de la situation. décliner (-0,9 % sur un an en décembre), mais à un rythme beaucoup moins rapide que les mois L’économie mondiale est également touchée via les précédents. L’investissement en capital fixe a conséquences sur les chaînes de valeur globales augmenté de 5,4 % sur l’année, après +5,9 % en 2018. dont la Chine est un maillon majeur. Le pays Il a ralenti de manière très marquée dans le secteur représente 30 % de la production industrielle mondiale et manufacturier (+3,1 % en 2019, après +9,5 % en 2018), 15 % de l’ensemble des exportations de biens illustrant l’impact négatif de la guerre commerciale pour manufacturés. Or de nombreuses usines sont les entreprises chinoises. actuellement à l’arrêt, ce qui pourrait entraîner des difficultés d’approvisionnement à l’échelle mondiale si Par ailleurs, les exportations chinoises de biens (en cela se prolongeait. Les secteurs de l’électronique, mais valeur et en dollars) ont augmenté en décembre, de également de l’automobile et du textile, seraient 7,6 % sur un an (après -1,3 % en novembre). Cette nette particulièrement affectés. Les premiers pays touchés progression illustre une reprise de la demande dans le seront les pays d’Asie du Sud-Est, voisins de la contexte d’amélioration des relations commerciales Chine. Par ailleurs, les engagements pris par la Chine sino-américaines. dans le cadre de l’accord commercial avec les Etats-Unis La signature de l’accord commercial améliore la confiance risquent d’être mis à mal (cf. Etats-Unis). L’indice de climat des affaires PMI Caixin, basé En réponse à la crise, la banque centrale chinoise a principalement sur les réponses d’entreprises privées, a annoncé l’injection de 174 Md$ de liquidités dans le baissé en janvier (51,1 après 51,5 en décembre) dans système bancaire en plus de mesures afin de faciliter le secteur manufacturier. La composante relative aux le crédit aux entreprises. nouvelles commandes, y compris en provenance de Flore Deschard l’étranger, s’est détériorée. En revanche, le niveau des Achevé de rédiger le 06/02/2020 perspectives des entrepreneurs pour les 12 prochains mois est à son plus haut depuis 22 mois. Cet optimisme 1 Cf. Focus de l’ActuEco du 13 janvier 2020 -13-
JAPON Japon : croissance de la production manufacturière et enquête PMI 60 Production (MM3, var. sur 3 mois 65 en rythme annualisé) 40 60 20 55 0 50 -20 45 -40 40 PMI manufacturier - Ech. de droite -60 (ligne continue = MM3) 35 -80 30 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Source : IHS, Markit, LBP -14-
JAPON Le tableau reste sombre Les indicateurs relatifs aux entreprises, aux ménages et aux échanges extérieurs suggèrent un important ralentissement de l’économie japonaise en cette fin d’année. Alors que le frein des tensions commerciales s’atténue, l’épidémie de coronavirus en Chine pourrait peser sur l’activité. Les indicateurs relatifs à la fin de l’année 2019 confortant l’idée d’une modération des dépenses des laissent entrevoir un recul de l’activité au ménages suite à la hausse de la taxe sur la 4ème trimestre. La production industrielle a de nouveau consommation début octobre. Les ventes au détail ont chuté et les échanges extérieurs sont restés grippés. Au stagné en décembre (+0,2 %) après le rebond observé en début de l’année, les perspectives de croissance restent novembre (+4,5 %) et la très forte chute du mois mitigées. Le climat des affaires indique toujours une d’octobre. L’indice de confiance des ménages reste à contraction de l’activité dans le secteur manufacturier. De un niveau relativement bas en janvier. De plus, le plus la faiblesse persistante des salaires ne permet pas salaire moyen mensuel a reculé sur un an en d’anticiper un fort dynamisme des dépenses des novembre (-0,2 % après une stagnation en octobre). Sa ménages. Par ailleurs, l’épidémie de coronavirus pourrait composante régulière, qui exclut les bonus et les avoir des conséquences négatives pour l’économie paiements d’heures supplémentaires a augmenté au japonaise. Cependant, la mise en œuvre par le même rythme qu’en octobre (+0,2 %). Les salaires réels gouvernement Abe d’un plan de relance budgétaire de ont chuté sur un an (-0,9 %). La consommation des grande ampleur (121 Md$, son calendrier n’est pas ménages (60 % du PIB japonais) devrait continuer à être connu) constitue un potentiel facteur de soutien. freinée par la faiblesse des salaires. La situation des entreprises reste préoccupante. Sur le marché du travail, les tensions restent présentes mais ne s’aggravent plus. Le taux de La situation économique des entreprises demeure chômage s’établissait à 2,2 % en décembre, sans sortir préoccupante. La production manufacturière a de la fourchette de ses fluctuations mensuelles ordinaires. augmenté en décembre (+1,2 % par rapport au mois Le ratio des offres aux demandes d’emploi est par ailleurs précédent, après -0,9 % en novembre). Cependant, sur en légère baisse depuis cet été. l’ensemble du 4ème trimestre 2019, la production manufacturière a reculé de 4,0 % par rapport au Le niveau de l’inflation reste très bas trimestre précédent (après -0,5 % au 3ème trimestre). La progression des prix à la consommation a L’indice PMI de climat des affaires manufacturier a légèrement augmenté en décembre, à +0,8 % sur un augmenté en janvier (48,8 après 48,4 en décembre) an, après +0,5 % en novembre. La hausse de deux mais indique à nouveau une contraction de l’activité. points de la taxe sur la consommation (de 8 à 10 %) en L’indice relatif à la production en janvier a baissé pour le octobre a soutenu la croissance des prix. Les prix dans treizième mois consécutif, les entrepreneurs pointant du l’alimentation ont accéléré sur un an et le recul des prix de doigt la détérioration de la demande. Le volume de l’énergie a été moindre en décembre, sous l’effet d’une nouvelles commandes s’est à nouveau réduit. Dans le hausse du prix du pétrole en fin d’année. L’inflation secteur des services, l’indice a augmenté (51,0 après sous-jacente (hors alimentation et énergie) reste très 49,4), passant au-dessus du seuil de 50, indiquant une basse, à +0,6 % sur un an. L’indicateur de prix (hors expansion de l’activité. En dépit de cette amélioration, la produits alimentaires frais) suivi par la Banque du Japon confiance des entrepreneurs s’est cependant fortement (BoJ) ne progresse que de 0,8 % sur un an, toujours bien dégradée dans le secteur des services en raison en deçà de l’objectif de la banque centrale (2 %). La d’inquiétudes liées au vieillissement de la population BoJ a donc reconduit mi-janvier sa politique et à la faiblesse de l’activité. monétaire ultra-accommodante, malgré une révision à la hausse de ses perspectives de croissance. Les échanges commerciaux déclinent au 4ème trimestre L’épidémie de coronavirus pourrait peser sur l’économie Les exportations ont reculé au 4ème trimestre en valeur japonaise (-1,9 % par rapport au trimestre précédent) et en volume (-2,2 %). Les ventes de véhicules et de pièces détachées L’économie japonaise, historiquement tournée vers à destination des Etats-Unis ont notamment reculé, de l’extérieur, a pâti des retombées des tensions même que les exportations à destination du reste de commerciales sino-américaines en 2019. Alors que ce l’Asie. Malgré la signature d’un accord commercial front est en train de s’apaiser suite à la signature de partiel entre la Chine et les Etats-Unis mi-janvier, la l’accord partiel entre Pékin et Washington, l’épidémie de reprise des échanges extérieurs n’est que coronavirus pourrait à son tour peser sur la progressive. Les importations ont également reculé croissance nippone en ce début d’année. La Chine est au 4ème trimestre en valeur (-2,1 % par rapport au en effet le 1er partenaire commercial du Japon et plus de trimestre précédent) et en volume (-2,9 %). Ce recul 50 % des exportations japonaises se font à destination de reflète la dégradation de la demande interne japonaise. l’Asie, qui devrait être la région du monde la plus affectée par l’épidémie (cf. Chine). La croissance des salaires reste au plancher Flore Deschard Connu jusqu’en novembre, l’indicateur mensuel de la consommation des comptes nationaux stagne sur le mois, Achevé de rédiger le 06/02/2020 -15-
PAYS EMERGENTS -16-
PAYS EMERGENTS Perspectives modérées au Brésil, redressement en Inde et en Russie Au Brésil, la consommation des ménages demeure un pilier de la croissance. En Russie, les dépenses budgétaires soutiennent l’activité. En Inde, la demande interne se raffermit. La banque centrale a de nouveau maintenu son taux directeur inchangé face à la résurgence de l’inflation. Au Brésil, l’activité industrielle est en difficulté alors que le accélération du calendrier politique. V. Putin a ainsi secteur des services reste dynamique. En Russie comme annoncé une réforme de la Constitution dont l’objectif est en Inde, l’activité accélère. de préparer l’après 2024 (date du terme de son mandat). À ce jour, toutes les options semblent ouvertes. Au Brésil, la consommation soutient l’activité En Inde, l’activité se redresse, l’inflation aussi Les indicateurs dressent un tableau mitigé de l’économie brésilienne à la fin de l’année 2019. Dans La reprise de l’activité dans le secteur manufacturier l’industrie, la situation est préoccupante avec notamment continue de s’opérer à un rythme très prononcé. une nouvelle baisse de la production (-1,2 % sur un an L’indice PMI a nettement progressé au mois de janvier en décembre après -1,8 %). Le niveau de la production (55,3 après 52,7 en décembre). Ce surcroit d’activité industrielle est plus bas de 18 % par rapport au point haut s’explique par un fort regain de la demande, notamment de mai 2011. Cependant, l’indice PMI de climat des externe. Pour y faire face, les chefs d’entreprise ont affaires dans le secteur manufacturier se maintient sensiblement accru leur production, mobilisé leurs stocks au-dessus du seuil de 50 (à 51,0 en janvier après 50,2 et embauché de la main-d’œuvre supplémentaire. en décembre). Le secteur des services (70 % du PIB L’ampleur du redressement de la demande observé brésilien) semble en meilleure santé. La production du suggère que la consommation des ménages, secteur a progressé de 1,8 % sur un an en novembre. particulièrement éprouvée depuis plusieurs mois, L’indice PMI pour le secteur des services est en hausse serait aussi en train de se redynamiser. La production en janvier (à 52,7 après 51,0). Du côté de la de biens de consommation demeure la plus vive mais consommation des ménages, les ventes au détail en celle de biens d’équipement s’est accélérée début 2020, valeur ont crû de 2,9 % sur un an en décembre, après témoignant d’un probable redémarrage de +4,2 % le mois précédent. La demande des ménages l’investissement. Confirmant l’amélioration des devrait continuer à constituer un moteur clef de la enquêtes constatée depuis la fin de l’année, la production croissance brésilienne. Le taux de chômage s’est industrielle a progressé de 1,8 % sur un an en novembre établi à 11 % en décembre, comme en novembre. après plusieurs mois de recul. L’inflation a fortement augmenté en décembre, à L’indice des prix à la consommation a nettement 4,3 % sur un an après 3,3 % en novembre, sous l’effet de progressé en décembre, enregistrant une hausse de d’une flambée du prix de la viande. L’inflation se situe 7,4 % sur un an. Cela fait à présent cinq mois que les prix donc au-dessus de la cible de la banque centrale du à la consommation gagnent de la vigueur. Au point que Brésil (4,25 % pour 2019, 4,00 % pour 2020). Cela n’a l’inflation dépasse la limite supérieure de la bande de pas empêché l’institution monétaire de baisser début fluctuation de moyen terme fixée à 6 % par la banque février le Selic de 25 points de base (pb, après déjà quatre centrale. Cette remontée des tensions inflationnistes est baisses de 50pb), à 4,25 %, afin de soutenir l’activité. principalement due à la flambée des prix des produits alimentaires (qui comptent pour la moitié dans l’indice En Russie, l’activité et le calendrier politique s’accélèrent général). En décembre, ces derniers ont crû de 12,2% sur La croissance du PIB s’est finalement établie à 1,3 % un an, plus forte progression depuis six ans, tirés en 2019 après +2,5 % en 2018. Après un début d’année notamment par le prix des légumes (+60,5% en plutôt maussade, l’activité a sensiblement accéléré au décembre). La banque centrale a de nouveau opté pour cours du 2nd semestre. Cela résulterait principalement le statu quo annonçant toutefois des mesures ciblées de de mesures de soutien budgétaire beaucoup plus soutien au crédit à la consommation. prononcées depuis l’été après un 1er semestre La hausse de la dépense publique et les légères particulièrement terne. De leur côté, les dernières baisses d’impôts annoncées lors de la présentation enquêtes suggèrent que la détérioration de l’activité du budget 2020-2021 pour relancer la consommation industrielle se modère. L’indice PMI dans le secteur et l’investissement ne semblent pas suffisantes pour manufacturier a légèrement augmenté en janvier (47,9 soutenir notablement l’économie indienne à court contre 47,5 en décembre). terme. Bien qu’il ait un peu assoupli la discipline La nomination d’un nouveau 1er ministre budgétaire (cible de déficit public portée à 3,5 % du PIB), (Mikhail Mishustin) et le remaniement ministériel qui a le gouvernement demeure contraint par le ralentissement suivi s’inscrivent dans une volonté d’accroître le des recettes engendré par les baisses d’impôts soutien budgétaire à l’économie. Le nouveau consenties ces derniers mois et le ralentissement de gouvernement disposerait d’une manne de plus de l’activité. A ce titre, la trajectoire budgétaire repose sur 400 Md$ à investir dans des grands projets nationaux une prévision de croissance du PIB jugée plutôt optimiste. dans le but de redynamiser l’économie. Un surcroît de Le budget prévoit en outre plus 30 Md$ de recettes tirées dépenses publiques (de l’ordre de 10 Md$) devrait par de privatisations, notamment dans le secteur financier. ailleurs être consacré à des mesures sociales en 2020. Flore Deschard et Romain Sarron Ce volontarisme économique est à rapprocher d’une Achevé de rédiger le 06/02/2020 -17-
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