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Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Décembre 2020 i Tracer la voie de la reprise PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR
En 2020, la pandémie de COVID-19 a plongé Madagascar dans une récession comparable à celle de la crise constitutionnelle de 2009, effaçant près d’une décennie d’effort en matière de réduction de la pauvreté. Malgré une stabilisation attendue en 2021, les répercussions de la pandémie feront planer une ombre durable sur les perspectives économiques du pays et pourraient être aggravées par des évènements climatiques affectant des populations déjà vulnérables. Pour retrouver le chemin de la croissance, le pays devra étendre ses mesures d’urgence visant à préserver les moyens de subsistance et prévenir une résurgence de la pandémie, mais aussi les conjuguer à des réformes structurelles visant à accélérer la transformation économique de Madagascar, renforcer sa résilience aux chocs, et accroître la sécurité alimentaire. ii
AVANT-PROPOS Les gains engrangés depuis près d’une décennie en termes d’augmentation des revenus par habitant et de réduction de la pauvreté ont été brutalement inversés en 2020 par le coup d’arrêt porté par la pandémie de COVID-19. Le recul de l’activité économique a frappé les populations les plus vulnérables et amenuisé les ressources budgétaires disponibles pour les investissements prioritaires et les programmes sociaux. Au-delà des répercussions de la crise, la croissance économique reste entravée par différents obstacles structurels : l’insuffisance du capital humain, la forte prévalence de l’informalité et de l’agriculture de subsistance, le manque et le mauvais entretien des infrastructures de connectivité, les freins à la concurrence et à l’entrepreneuriat, et la faiblesse de la gouvernance. En l’absence de réformes ambitieuses, la crise risque d’exacerber ces contraintes et de freiner durablement le développement du pays. Si Madagascar est parvenu à enrayer la propagation de la pandémie, le gouvernement doit rester vigilant et prêt à répondre à de nouveaux foyers de contamination. Alors que les grandes économies du monde font face à une intensification de la pandémie au dernier trimestre 2020, Madagascar n’est pas à l’abri d’une recrudescence des cas et doit redoubler ses efforts de préparation. À court terme, les priorités consistent à étendre le dépistage et le traçage des cas contacts, à développer les capacités de distribution et d’administration des vaccins prochainement disponibles, à préparer l’éventuelle extension de ses programmes de protection sociale et des mesures d’aide aux entreprises et aux travailleurs. Plus généralement, il convient de consolider les systèmes de santé et de protection sociale pour renforcer la résilience aux chocs, améliorer les moyens de subsistance et garantir une croissance inclusive. De nouvelles réformes doivent être lancées pour rebâtir une économie plus solide après la crise. Au-delà des mesures d’atténuation de la crise à court terme, l’amorce d’une reprise pérenne dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à porter des réformes d’envergure destinées à accélérer la transformation économique et mobiliser des ressources nationales pour combler le manque criant d’infrastructures et de capital humain. Pour accélérer cette transformation économique, il lui faudra notamment réformer l’environnement économique pour améliorer l’accessibilité et la contestabilité des marchés, accélérer la dématérialisation de l’économie, améliorer la sélectivité et l’efficacité des investissements publics, stimuler la productivité agricole, et renforcer la sécurité alimentaire. Marie-Chantal Uwanyiligira Responsable pays iii
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR, DÉCEMBRE 2020 | TRACER LA VOIE DE LA REPRISE CONTENUS AVANT-PROPOS iii REMERCIEMENTS vii PREMIÈRE PARTIE: ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE 1 1. La crise de la COVID-19 a provoqué une contraction brutale de l’activité mondiale et nationale 2 2. Les populations urbaines sont affectées de manière disproportionnée par la hausse de la pauvreté 8 3. La stabilité macroéconomique et financière a été maintenue en dépit des circonstances 9 DEUXIÈME PARTIE: PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES ET RISQUES 13 1. Une reprise est attendue en 2021, mais les perspectives restent très incertaines 14 2. Une crise durable pourrait générer des risques d’instabilité 15 TROISIÈME PARTIE: POLITIQUES PRIORITAIRES POUR UNE REPRISE DURABLE 18 1. Prévenir une résurgence de la pandémie et préserver les moyens de subsistance 19 2. Reconstruire en mieux pour une reprise économique durable 20 ENCADRÉS Encadré 1 Mesures de riposte du gouvernement face à la crise 5 Encadré 2 Perspective internationale sur les mesures de protection sociale face à la crise 22 TABLEAUX Tableau 1 Principaux indicateurs économiques 3 Tableau 2 Principaux indicateurs budgétaires 9 Tableau 3 Principaux indicateurs de la balance des paiements 12 FIGURES Figure 1 Contribution des différents secteurs à la croissance du PIB 2 Figure 2 Principales composantes de la demande 2 Figure 3 Part des pays du monde en récession 4 Figure 4 Commerce mondial et transport aérien de passagers 4 Figure 5 Arrivées de touristes à Madagascar 4 iv
CONTENUS Figure 6 Nombre de cas de COVID-19 à Madagascar 7 Figure 7 Part de l’emploi affectée par la COVID-19 7 Figure 8 Production de riz 8 Figure 9 Taux d’exécution du budget 10 Figure 10 Dépenses, recettes et solde budgétaire des comptes publics 10 Figure 11 Évolution de la balance courante et des investissements directs à l’étranger (IDE) 11 Figure 12 Taux de pauvreté et PIB réel par habitant 14 Figure 13 Taux de pauvreté en 2019 14 Figure 14 Dette publique (en pourcentage du PIB) 16 Figure 15 Ratio de la dette publique au PIB 16 Figure 16 Scénarios de croissance du PIB en 2020-2021 17 Figure 17 Couverture des services de santé de base 19 Figure 18 Coût d’une connexion fixe haut débit 21 Figure 19 Investissements publics et qualité des infrastructures 22 Encadré 2.1 Typologie des mesures de protection sociale adoptées pendant la pandémie de COVID-19 23 Encadré 2.2 Typologie des programmes du marché du travail 24 Encadré2.3 Type de mesures de protection sociale pendant la COVID 25 Encadré 2.4 Couverture de la population par le Registre social 26 v
REMERCIEMENTS Cette édition des Perspectives Économiques de Madagascar a été préparée par une équipe dirigée par Marc Stocker (Economiste Principal, EAEM2), composée de Faniry Razafimanantsoa (Economiste, EAEM2) ; Minosoa Lalaina (Consultante, EAEM2) ; Siv Tokle (Responsable Principale des Opérations, HAES1); Rachel Ravelosoa (Economiste Principale en Protection Sociale, HAES1); Tinahy Emmanuelle Aristide (Consultante, HAWS3); Laura B. Rawlings (Lead Economist, HAES2) ; Zo Randrianatoandro (Consultant, HAWS3) ; Fanjaniaina Prisca Mamitiana (Consultante - Secteur Privé, EAEF2); Cristian Quijada Torres (Spécialiste Principal en Secteur Privé, EAEF2) ; Maud Juquois (Economiste Principale - Santé, HAEH1); Fedja Pivodic (Economiste – Santé, HAEH1) ; Ibrahim El ghandour (Spécialiste en Secteur Public, EAEG2); Lira Rajenarison (Spécialiste en Secteur Public, EAEG2) ; Tiago Carneiro Peixoto (Spécialiste Principal en Gouvernance, EAEG2); Olivia Rakotomalala (Consultante, EAEG2); Noro Aina Andriamihaja (Spécialiste Principale – Secteur Financier, EAEF2); Maimouna Gueye (Spécialiste Principale – Secteur Financier, EAEF2); Mampionona Amboarasoa (Economiste – Agriculture, SAEA2) et Alexandra Jarotschkin (Economiste, EAEPV). Jose Luis Diaz Sanchez (Economiste, EAEM2) et Vibhuti Mendiratta (Economiste Principale, EAEPV) ont fourni des commentaires précieux. Le rapport a été préparé sous la direction et la supervision générales de Idah Z. Pswarayi-Riddihough (Directeur pays, AECS2), Marie-Chantal Uwanyiligira (Country Manager, AEMMG), Mathew Verghis (Practice Manager, EAEM2), et Paulo Guilherme Correa (Program Leader, EAEDR). L’équipe exprime également sa reconnaissance à ses homologues du gouvernement pour le partage des données utilisées pour l’analyse, à Amélie Courau pour les services de traduction, à Cybil Maradza pour les services de mise en page, à Diana Styvanley (Chargée des Affaires Externes, ECRAE) pour l’appui en communication et à Rondro Rajaobelison (Assistante de programme, AEMMG) pour l’appui logistique. vii
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR, DÉCEMBRE 2020 | TRACER LA VOIE DE LA REPRISE PREMIÈRE PARTIE ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE 1
PREMIÈRE PARTIE: ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE 1 La crise de la COVID-19 a provoqué une contraction brutale de l’activité mondiale et nationale 1. Avant la pandémie, Madagascar avait entamé et courants à un niveau raisonnable et d’une une reprise économique durable et progressé dans stabilisation de la monnaie en termes réels effectifs. la lutte contre la pauvreté. La relance économique Dans ce contexte et grâce aux bons résultats des précédant la crise de la COVID-19 a été rendue secteurs d’exportation comme le textile, l’exploitation possible par le retour à une stabilité politique et minière et le tourisme, la croissance a atteint 4,4 pour économique, la performance de secteurs porteurs cent 2019, son taux le plus élevé depuis plus d’une tournés vers les exportations, d’importants flux décennie. Les recettes du tourisme ont bénéficié d’une de financements extérieurs et un nouvel élan de hausse de 19 pour cent des entrées de visiteurs, qui réformes. L’économie a poursuivi son redressement ont atteint le chiffre record de 375 000. Dans le secteur jusqu’en 2019, bénéficiant d’une accélération des primaire, la clémence des conditions climatiques a investissements privés, d’un taux d’inflation modéré par ailleurs contribué à d’exceptionnelles récoltes de soutenant les revenus réels et les dépenses de riz et, plus généralement, à d’importants gains de la consommation, du maintien des déficits budgétaires production agricole. Figure 1: Contribution des différents Figure 2: Principales composantes de secteurs à la croissance du PIB la demande Pourcentage Pourcentage 8 20 6 15 4 10 2 5 0 0 -5 -2 -10 -4 -15 -6 -20 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 Exportations Investisements Consommation Consommation Investisements privés privée publique publics Agriculture Industrie 2019 2020 2021 Services Impôts nets Croissance du PIB Source : Institut National de la Statistique de Madagascar, calculs Source : Institut National de la Statistique de Madagascar, calculs du personnel de la Banque mondiale du personnel de la Banque mondiale Note : Calculs fondés sur les comptes nationaux en prix de 2007. Note : Calculs fondés sur les comptes nationaux en prix de 2007. Les chiffres de 2019 sont des estimations et ceux de 2020-2023 Les chiffres de 2019 sont des estimations et ceux de 2020-2023 sont des prévisions. sont des prévisions. 2. La pandémie de COVID-19 a brutalement plongé international, les mesures nationales de confinement le pays dans une profonde récession, annulant auraient provoqué une contraction comparable à celle près d’une décennie de croissance du PIB par de la crise de 2009 en faisant chuter le PIB de 4,2 pour habitant. Conjuguées aux perturbations du commerce cent, contre une croissance de 5,2 pour cent prévue en 2
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR, DÉCEMBRE 2020 | TRACER LA VOIE DE LA REPRISE début d’année (Figure 1). Ce différentiel de 9,4 points de (Tableau 1). La forte baisse des exportations et des pourcentage par rapport aux attentes d’avant crise fait investissements privés a joué un rôle central dans ce de la pandémie de COVID-19 un des chocs économiques ralentissement économique, amorti à l’inverse par la les plus importants de l’histoire contemporaine du pays consommation et l’investissement publics (Figure 2). Tableau 1: Principaux indicateurs économiques 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2020 2021 Valeurs Valeurs Projections de référence Révisions depuis effectives estimées février 2020 Variation annuelle en pourcentage PIB réel 3.2 4.4 -4.2 2.0 5.8 5.4 -9.4 -3.4 Déflateur du PIB 7.1 8.3 5.6 5.9 5.7 5.9 -1.1 0.1 Indice des prix à 7.3 5.6 4.3 5.9 6.1 6.1 -1.4 0.0 la consommation Comptes publics en pourcentage du PIB Recettes 13.2 13.3 11.4 12.0 13.1 14.2 -2.0 -1.6 Dépenses 14.4 14.7 16.5 17.4 17.7 18.0 0.9 0.8 Solde global -1.3 -1.4 -5.2 -5.4 -4.6 -3.8 -3.0 -2.5 (base d’engagement) Solde primaire -0.5 -0.7 -4.4 -4.5 -3.6 -2.7 -3.0 -2.5 Dette publique 39.5 37.4 45.1 49.7 51.2 51.9 4.8 3.9 Balance des paiements en pourcentage du PIB Balance courante 0.7 -2.3 -4.0 -4.4 -4.3 -4.3 -0.3 -0.2 Exportations, biens et services 34.7 30.8 25.3 26.0 26.6 27.3 -8.1 -4.7 Importations, biens et services 37.8 35.0 31.2 32.2 32.8 33.3 -8.0 -4.6 Recettes nettes 3.8 1.9 2.0 1.9 1.9 1.8 -0.2 -0.1 Investissements directs étrangers nets 2.6 2.6 1.9 2.5 2.5 2.5 -0.6 -0.1 Sources : Groupe de la Banque mondiale et FMI 3. La crise de la COVID-19 a provoqué une récession des exportations de Madagascar, la production devrait mondiale d’une ampleur sans précédent. Une se contracter de 7,4 pour cent. Alors que le bilan mondial contraction de l’activité mondiale estimée à 4,4 pour de la pandémie continue de s’alourdir, des millions cent en 2020 ferait de cette récession la plus profonde de personnes voient leurs perspectives s’amenuiser jamais enregistrée, avec un recul de la production et leurs moyens de subsistance se dérégler. Dans la nationale dans plus de 90 pour cent des pays du monde, plupart des pays en développement, la chute du revenu contre 60 pour cent pendant la grande récession de par habitant donnera un coup d’arrêt à la réduction 2009 et 83 pour cent pendant la Grande Dépression de de la pauvreté et pourrait faire sombrer plus de cent 1930 (Figure 3). Dans la Zone Euro, principale destination millions de personnes dans l’extrême pauvreté.1 1 (Lakner et al. 2020; Banque mondiale, à paraître) 3
PREMIÈRE PARTIE: ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE 4. À Madagascar, la perturbation du commerce de passagers ont respectivement diminué de 15 international et des flux de voyageurs a porté un et 98 pour cent par rapport à l’année précédente coup dur à des secteurs auparavant prospères. (Figure 4). À Madagascar, ce recul s’est traduit Au premier semestre 2020, le volume du commerce par une forte contraction des recettes mondial de marchandises et le transport aérien d’exportation, notamment dans les secteurs du textile, de l’exploitation minière et du tourisme, Figure 3: Part des pays du monde en récession qui constituaient des sources importantes de Percent croissance et de création d’emplois avant la 100 crise (Figure 5). Dans l’ensemble, au premier semestre 2020, la valeur des exportations de 80 marchandises a enregistré un recul annuel de 60 15 pour cent résultant de la baisse des volumes 40 et des prix provoquée par l’effondrement de la demande extérieure. Bien qu’aucune contrainte 20 spécifique n’ait été imposée aux frets aérien et 0 maritime, la perturbation des chaînes logistiques 1918 1931 1945 2009 2020 et de l’accès aux matières premières a également Source : Banque mondiale contribué au ralentissement de l’activité des Note : L’échantillon comprend 183 pays. secteurs productifs. Figure 4: Commerce mondial et transport Figure 5: Arrivées de touristes à Madagascar aérien de passagers Pourcentage (en glissement annuel) Pourcentage (en glissement anuel) Nombre 10 50 50,000 5 25 40,000 0 0 30,000 -5 -25 20,000 -10 -50 -15 -75 10,000 -20 -100 0 Jan Fév Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc 2018 2019 2020 2019 2020 Commerce de marchandises Transport de conteneurs Source : Ministère des Transports, du Tourisme et de la Météorologie, calculs du personnel de la Banque mondiale Transport international depassagers (RHS) Note : Les données d’octobre à décembre 2020 sont des Source : Haver Analytics; Passenger Traffic Report de l’Association projections du personnel de la Banque mondiale. internationale du transport aérien (International Air Transport Association, IATA); Institute of Shipping Economics and Logistics Note : La Figure indique les moyennes mobiles sur trois mois. Les dernières observations datent de juillet 2020. Le transport international de passagers est exprimé en passagers- kilomètres payants (PKP), une unité correspondant au transport d’un passager sur une distance d’un kilomètre. 4
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR, DÉCEMBRE 2020 | TRACER LA VOIE DE LA REPRISE 5. Grâce en partie aux mesures nationales de par la fermeture des frontières (sauf pour les confinement, l’épidémie a été relativement courte marchandises), la mise en quarantaine et le à Madagascar. Les premiers cas de COVID-19 dépistage systématique de tous les voyageurs, ainsi y ont été signalés le 20 mars 2020, ouvrant une que la restriction des activités commerciales et des période de propagation rapide, mais de courte déplacements entre les régions. Pour coordonner durée (de mai à juillet). Depuis lors, les mesures sa riposte, le gouvernement a mis en place un de confinement ont considérablement réduit le Centre de Commandement Opérationnel (CCO) de nombre de personnes porteuses du virus et permis lutte contre la COVID-19 dirigé par le ministère de de stabiliser le nombre d’hospitalisations à un faible l’Intérieur et de la Décentralisation et adopté un niveau depuis le mois d’octobre (Figure 6). Début Plan d’Urgence Multisectoriel (PMDU) prévoyant des décembre 2020, Madagascar comptait environ 17 mesures sanitaires et de sécurité, des programmes 500 cas confirmés et 250 décès, se plaçant ainsi de transferts monétaires, des allègements fiscaux dans la catégorie des pays modérément touchés pour le secteur privé et l’injection exceptionnelle par rapport à leur population. Les confinements de liquidité dans le système financier. L’Encadré décrétés dans différentes parties du pays, comme 1 fournit de plus amples détails sur la riposte du dans la capitale Antananarivo, ont été complétés gouvernement à la crise. Encadré 1: Mesures de riposte du gouvernement face à la crise Le gouvernement a pris des mesures visant à de la Décentralisation/le Bureau national de gestion ralentir la propagation de l’épidémie et à en limiter des risques et des catastrophes (BNGRC). les conséquences économiques et sociales. Déclaré dès la confirmation des premiers cas de Un plan d’urgence multisectoriel (PMDU) a COVID-19 en mars dernier et maintenu jusqu’en été élaboré pour coordonner les différentes octobre dernier, l’état d’urgence a été complété par interventions sectorielles et préparer la riposte des mesures réglementaires telles que la fermeture à moyen terme. Fondé sur une analyse des besoins des frontières (sauf pour les marchandises), la mise prioritaires, le PMDU s’est fixé les objectifs suivants en quarantaine et le dépistage systématique de : 1) juguler la propagation du virus et endiguer tous les voyageurs, le confinement des villes où la pandémie, 2) venir en aide aux populations des cas avaient été détectés, la prise en charge des vulnérables et répondre efficacement à leurs besoins patients aux frais du gouvernement et la restriction et 3) protéger l’économie, maintenir le capital humain des activités commerciales. Le gouvernement a et faciliter la relance. Placé sous la coordination de également introduit des programmes de protection la Primature, ce plan met en œuvre un ensemble de sociale et des mesures fiscales et monétaires mesures et d’actions financées par des ressources visant à soutenir les entreprises et les moyens nationales et des bailleurs de fonds. L’efficacité et de subsistance de leurs employés pendant le la crédibilité du Plan ont été initialement entravées confinement. Pour coordonner sa riposte, le par des retards de mise en place des structures de gouvernement a mis en place un Centre de gouvernance et la lenteur d’exécution des mesures commandement opérationnel (CCO) de lutte contre d’urgence. En ce qui concerne les initiatives de la COVID-19 dirigé par le ministère de l’Intérieur et transparence, le gouvernement a fait des progrès 5
PREMIÈRE PARTIE: ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE significatifs en produisant un tableau de bord des des autoentrepreneurs, très petites, petites et dépenses publiques liées à la pandémie, y compris moyennes entreprises pour soutenir leur trésorerie les informations sur les marchés publics, et un autre et 4) de réaliser des actions de communication et de tableau de bord de l’exécution du budget annuel par promotion pour développer les marchés nationaux ministère, programme et nature des dépenses. et internationaux. Les secteurs du tourisme et des transports bénéficient d’un appui spécifique, et Plusieurs mesures de filets sociaux ont été des protocoles sanitaires nécessaires aux voyages décidées pour soutenir les ménages vulnérables. Le internationaux ont été mis en œuvre. Finalement, il est gouvernement a lancé un programme de transferts prévu que la compagnie Tsaradia reçoive un soutien monétaires ciblés non conditionnels dans les villes financier pour lui permettre de maintenir la desserte d’Antananarivo, de Fianarantsoa et de Toamasina aérienne domestique. En outre, plusieurs mesures pour venir en aide aux ménages directement affectés d’allégement fiscal ont été mises en œuvre depuis le par le confinement. Le gouvernement a par ailleurs mois de mars, comme la suspension de paiement des financé la distribution de nourriture et de produits acomptes provisionnels d’impôts sur le revenu et le de base à certains ménages vulnérables, la vente report des déclarations de paiement des impôts sur subventionnée de riz et d’huile comestible au niveau le revenu pour les secteurs du tourisme, du transport des fokontany et le rééchelonnement du paiement aérien et des entreprises franches industrielles. des factures d’électricité à la compagnie nationale d’eau et d’électricité Jirama. Sur le plan monétaire, la Banque centrale de Madagascar a injecté des liquidités sous la forme Les mesures prises à l’intention du secteur d’opérations principales d’injection (OPI) et de privé portent sur la continuité des activités et la facilités de prêt marginal. Pour alléger la pression protection de l’emploi. En ce qui concerne l’appui qui pèse sur les PME et la trésorerie des ménages, au secteur privé, le plan prévoit : 1) de dispenser les banques ont été encouragées à rééchelonner le des formations professionnelles aux employés, 2) de remboursement des prêts octroyés à des PME et soutenir les services médicaux interentreprises afin autorisées à en déduire le montant de leurs réserves qu’ils puissent assurer la continuité de la fourniture obligatoires. Le système financier a quant à lui des prestations de soin aux employés et conseiller et bénéficié d’une injection exceptionnelle de liquidité former les entreprises à mieux protéger les salariés conditionnée à l’augmentation des crédits accordés sur les lieux de travail, 3) de fournir des crédits à aux entreprises. Les secteurs du tourisme et des transports bénéficient d’un appui spécifique, et des protocoles sanitaires nécessaires aux voyages internationaux ont été mis en œuvre. 6
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR, DÉCEMBRE 2020 | TRACER LA VOIE DE LA REPRISE 6. L’arrêt brutal de l’activité économique a Dans l’ensemble, 64,4 pour cent des ménages ont profondément affecté les entreprises et les déclaré avoir subi une perte de revenus depuis le ménages. Le brusque ralentissement ressenti dans début de la crise. Citée parmi les réponses à la pratiquement tous les secteurs a entraîné une baisse des revenus, la réduction de la consommation contraction de 20 pour cent du PIB au deuxième alimentaire représente une menace pour la santé trimestre 2020 (par rapport à l’année précédente), des ménages les plus vulnérables, alors que ceux-ci de loin la plus forte baisse enregistrée depuis enregistrent un des niveaux d’insécurité alimentaire l’établissement en 2007 de Comptes Nationaux les plus élevés de l’Afrique subsaharienne. Trimestriels (CNT). En moyenne, 97 pour cent des entreprises interrogées ont fait état d’une baisse de Figure 6: Nombre de cas de COVID-19 à Madagascar la demande de leurs produits et services au cours Nombre du premier semestre 2020. Les PME qui comptent des microentreprises ou des ménages parmi 20,000 4,000 3,500 leur clientèle ont signalé des pertes de revenus 15,000 3,000 supérieures aux PME qui commercent avec de 2,500 plus grosses entreprises. Face à cette baisse de 10,000 2,000 1,500 la demande, les entreprises malgaches ont rogné 5,000 1,000 les salaires, réduit le temps de travail, licencié des 500 0 0 travailleurs, voire quitté le marché. On estime en effet 20-Mars 10-Avr 1-Mai 22-Mai 12-Juin 3-Juil 24-Juil 14-Août 4-Sept 25-Sept 16-Oct 6-Nov qu’environ 32 pour cent des entreprises interrogées ont fermé leurs portes (46 pour cent dans le secteur du tourisme). Les enquêtes auprès des ménages Nouveaux cas (RHS) témoignent quant à elles des répercussions de Cas confirmés (total) la pandémie sur le marché de travail, où l’emploi total a baissé de 7,7 pour cent au premier semestre. Source: Johns Hopkins University Center for Systems Science and Les secteurs les plus durement frappés sont la Engineering (JHU CSSE) restauration, l’hôtellerie et le transport (Figure 7). Note: Last updated on November 18, 2020. Total cases recorded. Figure 7: Part de l’emploi affectée par la COVID-19 Pourcentage Restauration et hôtellerie 61,2 Transport 38,3 Fabrication et transformation 13,8 Commerce 12,8 Construction et immobilier 8,8 Administratoin publique 8,3 Éducation 8,0 Services personnels (ménage) 6,3 Agriculture 0,0 0 10 20 30 40 50 60 70 Source : Enquête de la Banque mondiale auprès des ménages Note : Enquête conduite en juin 2020 7
PREMIÈRE PARTIE: ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE 2 Les populations urbaines sont affectées de manière disproportionnée par la hausse de la pauvreté 7. En 2020, l’extrême pauvreté devrait enregistrer Figure 8: Production de riz une forte progression et toucher plus Millions de tonnes Kilo / personne particulièrement les populations vulnérables vivant 5.0 250 en milieu urbain. Cette année, beaucoup ont sombré dans l’extrême pauvreté après avoir perdu leur emploi 4.5 200 ou les revenus qu’ils tiraient d’une activité informelle 4.0 dans les grandes villes affectées par la pandémie. Selon les prévisions actuelles, le taux de pauvreté 150 3.5 (dont le seuil est fixé à 1,9 dollar par jour) devrait augmenter de 74,3 à 77,4 pour cent entre 2019 et 2020, 3.0 100 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 faisant ainsi sombrer 1,38 million de personnes dans la pauvreté en l’espace d’un an. Au vu des répercussions Production de riz disproportionnées de la pandémie sur les populations Production per capita (RHS) urbaines et de la progression de l’extrême pauvreté Source : Ministère de l’Agriculture, calculs du personnel de la projetée pour 2020, cette crise risque de fragiliser la Banque mondiale société en creusant les inégalités et en exacerbant Note : Les données de 2020 sont des estimations fondées sur des les clivages existants. rapports de la FAO. 8. Les ménages ruraux n’ont pas été épargnés en 2019 et l’effondrement de la demande non agricole par le choc, atténué toutefois par la résilience affectera un grand nombre de ménages ruraux, de la production agricole. Malgré la perturbation puisque la moitié d’entre eux compte au moins un du commerce intrarégional et le ralentissement de membre actif dans le secteur non agricole. La baisse la demande urbaine et périurbaine, la production du cours de la vanille et d’autres cultures de rente agricole est restée proche de la moyenne nationale risque également de gonfler les stocks d’invendus et des années précédentes (Figure 8), permettant ainsi d’exacerber la vulnérabilité des producteurs ruraux les de maintenir les revenus et moyens de subsistance des moins résilients. La crise de la COVID-19 a également zones rurales reculées où se concentre la pauvreté. coïncidé avec de graves sécheresses qui ont frappé En 2020, la production de riz a toutefois enregistré un le sud du pays et jusqu’ici affecté les moyens de léger ralentissement après une récolte exceptionnelle subsistance d’au moins 1.5 million de personnes. La baisse du cours de la vanille et d’autres cultures de rente risque également de gonfler les stocks d’invendus et d’exacerber la vulnérabilité des producteurs ruraux les moins résilients. 8
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR, DÉCEMBRE 2020 | TRACER LA VOIE DE LA REPRISE Tableau 2: Principaux indicateurs budgétaires 2018 2019 2020 2021 2022 2023 (estimation) (projection) (projection) (projection) (projection) Pourcentage du PIB Total des recettes et des dons 13.2 13.3 11.4 12.0 13.1 14.2 Recettes fiscales 10.1 10.5 8.8 9.6 10.5 11.5 Taxes sur les biens et les services 2.2 2.3 2.0 2.5 2.6 2.7 Fiscalité directe 2.7 2.9 2.3 2.4 2.8 3.4 Taxes sur le commerce international 5.2 5.3 4.5 4.7 5.1 5.4 Recettes non fiscales 0.7 0.2 0.2 0.2 0.2 0.3 Dons 2.4 2.6 2.4 2.2 2.4 2.4 Dépenses 14.4 14.7 16.5 17.4 17.7 18.0 Salaires et indemnités 5.0 4.9 5.7 5.7 5.6 5.6 Biens et services 0.8 0.6 1.2 1.0 1.2 1.4 Intérêts 0.8 0.7 0.8 0.9 1.0 1.1 Transferts et subventions 2.3 3.1 3.5 2.1 2.0 2.0 Dépenses d’investissment 4.9 5.6 6.8 7.3 7.6 8.0 Solde global (base d’engagement) -1.3 -1.4 -5.2 -5.4 -4.6 -3.8 Solde primaire -0.5 -0.7 -4.4 -4.5 -3.6 -2.7 Solde global (base de caisse) -1.9 -1.3 -5.2 -5.4 -4.6 -3.8 Amortissement de la dette (brut) 6.4 5.9 5.7 6.3 6.3 5.9 Besoins de financement bruts (BFB) 8.4 7.2 10.9 11.7 10.9 9.7 Évolution des BFB depuis février 0.0 0.0 2.8 2.0 n.a n.a Sources : Groupe de la Banque mondiale et FMI Note : BFB renvoie aux « besoins de financement bruts ». D’après la classification du gouvernement, les programmes financés par des sources extérieures sont déclarés comme des dépenses d’investissements. Les dépenses liées à la COVID-19 sont consignées dans la Loi de Finances Rectificative sur les dépenses financées par des sources nationales et extérieures. 3 La stabilité macroéconomique et financière a été maintenue en dépit des circonstances. 9. S’il s’est considérablement creusé en 2020, le recettes fiscales, dont le ratio au PIB est tombé à déficit budgétaire a majoritairement été couvert son niveau le plus bas depuis 2012 (9 pour cent). Sous par de nouveaux financements concessionnels. l’effet de la hausse des investissements publics et En 2020, le creusement du déficit budgétaire a de la revalorisation des salaires des fonctionnaires, principalement découlé de l’effondrement des les dépenses publiques ont quant à elles augmenté 9
PREMIÈRE PARTIE: ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE pour atteindre 16.5 pour cent du PIB en 2020. Le ont représenté 3,1 pour cent du PIB en 2020 (Tableau faible taux d’exécution du budget pendant les trois 2). Madagascar participe également à l’Initiative de premiers trimestres de l’année, avant un rattrapage suspension du service de la dette du G20, bien que partiel attendu au quatrième trimestre (Figure 9), ses paiements aux créanciers officiels bilatéraux trahit d’autre part une baisse des capacités pendant n’aient été suspendus qu’au mois de novembre en la période de confinement et des retards dans le raison de retards administratifs. Effective de juin traitement paiements et des passations de marchés 2020 à juin 2021, cette suspension représente une publics. Dans l’ensemble, le déficit budgétaire se économie potentielle d’environ 35,5 millions de dollars serait creusé pour atteindre 5,2 pour cent du PIB pour le gouvernement. Ces différentes mesures et en 2020 (Figure 10). L’augmentation des besoins interventions de soutien devraient contribuer à de financement par rapport aux prévisions d’avant dégager une marge de manœuvre budgétaire pour la crise a été entièrement couverte par des aides faire face aux conséquences économiques et sociales budgétaires d’urgence fournies par des donateurs, qui de la crise. Figure 9: Taux d’exécution du budget Figure 10: Dépenses, recettes et solde budgétaire des comptes publics Pourcentage Pourcentage du PIB Pourcentage du PIB 100 20 6 80 4 10 2 60 0 0 40 -2 -10 -4 20 -6 0 -20 Jan Fév Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 Taux d’exécution du budget en 2020 Intérêts Taux d’exécution investissements public en 2020 Dépenses d’investissement Taux d’exécution budget (moyenne 2014-2019) Dépenses primaires courantes Taux d’exécution investissements publics Aides étrangères (moyenne 2014-2019) Ressources nationales Sole Budgétaire (RHS) Source : Ministère de l’Économie et des Finances et Banque mondiale Source : Autorités malgaches et Banque mondiale Note : Le taux d’exécution renvoie à la part des dépenses engagées Note : Les données de 2020-2022 sont des prévisions. à la fin de chaque mois par rapport au budget annuel révisé. Les données sous-jacentes proviennent du tableau des Opérations Globales du Trésor. 10
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR, DÉCEMBRE 2020 | TRACER LA VOIE DE LA REPRISE 10. Affecté par la hausse des risques de crédit, Figure 11: Évolution de la balance courante le secteur financier a malgré tout maintenu une et des investissements directs à l’étranger (IDE) solvabilité élevée. Avant la crise, toutes les banques satisfaisaient à l’exigence minimale de fonds propres Pourcentage du PIB en enregistrant dans l’ensemble un ratio de 13 pour 6 cent entre leur capital et leurs actifs pondérés, 4 dépassant ainsi largement le minimum requis 2 de 8 pour cent. Les indicateurs de liquidité et de 0 solvabilité se sont toutefois détériorés sous l’effet -2 de la pandémie, en particulier parmi les institutions de microfinance (IMF), dont la clientèle comprend -4 les secteurs les plus exposés à la crise, comme les -6 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 MPME, les entreprises informelles et les ménages. Les retards de remboursement des prêts et le retrait Balance courante des dépôts au début du confinement ont confronté Investissements directs étrangers les IMF à des difficultés de trésorerie, bien que la Source : Autorités malgaches, calculs du personnel de la Banque situation se soit stabilisée depuis le milieu de l’année. mondiale Le secteur bancaire a lui aussi été affecté par la Note : La balance courante mesure les flux nets de biens, services hausse des défauts de paiement, bien qu’il se soit et revenus entre un pays donné et l’étranger. Des valeurs négatives indiquent que les dépenses sont supérieures aux recettes. Les dans l’ensemble montré plus résilient. La Banque données de 2020-2022 sont des prévisions. centrale de Madagascar est intervenue pour garantir la disponibilité de liquidités suffisantes et autoriser les banques à déduire de leurs réserves les marchés de changes. Malgré ces interventions, obligatoires le montant des rééchelonnements de le niveau de réserves de change est resté crédits octroyés aux PME, tandis que les dispositifs de confortable grâce aux flux de devises liés aux garantie partielle de portefeuille de crédit (DGPP) ont appuis d’urgence des partenaires techniques et été étendus aux entreprises affectées par la crise. financiers. Si Madagascar possède un régime de change flexible, sa Banque centrale a également 11. La Banque centrale a été en mesure de gérer pour mission de veiller à la stabilité de la monnaie la dépréciation de l’Ariary et de maintenir les au moyen d’interventions ciblées. réserves de change à un niveau suffisant. La baisse des recettes d’exportation s’est trouvée 12. En 2020, l’inflation est restée modérée. Malgré partiellement compensée par celle de la valeur des des marchés des changes sous pression et des importations, provoquée par le repli de la demande chaînes logistiques perturbées par le confinement en biens d’investissement et l’effondrement des de certaines grandes villes, l’inflation des prix à la prix du pétrole (dont les importations représentent consommation est restée modérée en 2020, oscillant 18 pour cent des importations totales). En 2020, autour de 4 pour cent. Le gouvernement a profité de le déficit de la balance courante s’est toutefois l’effondrement des prix du pétrole pour maintenir creusé pour atteindre 4 pour cent du PIB, tandis les mêmes prix à la pompe et ainsi alléger sa dette que les investissements directs étrangers (IDE) envers les distributeurs de pétrole. À l’exception du riz se sont affaiblis (Figure 11 ; Tableau 3). La Banque et de l’énergie, les produits de base ont quant à eux centrale a doublé ses achats nets de devises par enregistré une inflation d’environ 5 pour cent tout au rapport à 2019 afin de contenir les pressions sur long de l’année, permettant ainsi à la Banque centrale 11
PREMIÈRE PARTIE: ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE d’appliquer une politique monétaire accommodante. le remboursement des prêts consentis et à accorder Sa réponse monétaire a jusqu’ici consisté à fournir des crédits aux entreprises. Le cadre opérationnel des liquidités aux banques commerciales et à de la Banque centrale a entamé une transition vers assouplir certaines limites obligatoires de dépôt une politique monétaire fondée sur les taux d’intérêt pour encourager les établissements à rééchelonner plutôt que sur les agrégats monétaires. Tableau 3: Principaux indicateurs de la balance des paiements 2018 2019 2020 2021 2022 2023 (estimation) (projection) (projection) (projection) (projection) Pourcentage du PIB Balance courante 0.7 -2.3 -4.0 -4.4 -4.3 -4.3 Balance commerciale -3.1 -4.2 -5.9 -6.3 -6.2 -6.1 Solde des recettes nettes 3.8 1.9 2.0 1.9 1.9 1.8 Solde du compte de capital 1.7 2.3 2.3 2.1 2.3 2.4 Solde des comptes financiers -1.1 -0.5 -1.9 1.0 1.0 1.0 IDE nets et portefeuille d’investissements 2.6 2.6 1.9 2.5 2.5 2.5 Amortissement de la dette 0.7 1.8 2.1 2.1 2.2 2.2 Besoins de financemet extérieur (BFE) 0.0 4.1 6.0 6.6 n.a n.a Évolution des besoins de financement 0.0 0.0 1.9 1.9 n.a n.a extérieur depuis 2020 Sources : Groupe de la Banque mondiale et FMI Note : IDE renvoie aux « investissements directs à l’étranger » et BFE à « besoins de financement extérieur » La Banque centrale a doublé ses achats nets de devises par rapport à 2019 afin de contenir les pressions sur les marchés de changes. 12
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR, DÉCEMBRE 2020 | TRACER LA VOIE DE LA REPRISE DEUXIÈME PARTIE PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES ET RISQUES 13
DEUXIÈME PARTIE: PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES ET RISQUES 1 Une reprise est attendue en 2021, mais les perspectives restent très incertaines 1. Les effets économiques de la pandémie et puissent être progressivement levées au cours du continueront de se faire ressentir en 2021, alors que premier trimestre 2021, la croissance mondiale devrait de nombreux pays enregistrent une recrudescence atteindre 4 pour cent en 2021 et 3,7 pour cent en 2022. de cas. Les gouvernements et banques centrales du Le scénario de référence suppose que les nouveaux monde entier ont engagé des sommes colossales pour vaccins commenceront à être administrés au premier répondre à la crise, laissant présager une modeste trimestre 2021 pour atteindre une couverture maximale reprise de l’économie mondiale en 2021. Ces efforts courant 2022, bien que la vitesse de distribution et le risquent toutefois de se trouver compromis par une taux de vaccination constituent à l’heure actuelle des intensification de la pandémie lors du dernier trimestre sources d’incertitude majeures. Cette campagne de 2020, aggravant une situation déjà rendue critique par la vaccination devrait en principe restaurer la confiance hausse du chômage et l’endettement liés à la première des entreprises et des consommateurs, favorisant vague. En supposant que les nouvelles restrictions ainsi une reprise progressive de la demande mondiale, permettent de contenir la propagation de la maladie des voyages et du tourisme. Figure 12: Taux de pauvreté et PIB réel Figure 13: Taux de pauvreté en 2019 par habitant Pourcentage 1000 MGA constant Pourcentage 80 900 100 880 80 78 860 76 60 840 74 820 40 800 20 72 780 0 70 760 Burundi Madagascar Congo, Dem, Rép. Malawi Guinée-Bissau Zambie Nigeria Tanzanie Angola Rwanda Togo Bénin Libéria Mali Tchad Congo, Rép. Ouganda Burkina Faso ASS Kenya Sénégal Swaziland Lesotho Ethiopie Côte d’Ivoire Cameroun Namibie Comores Soudan Ghana 2005 2007 2009 2011 2013 2017 2019 2021 Taux de pauvreté international PIB réel par habitant (RHS) Source : Institut National de la Statistique de Madagascar et Source : Banque mondiale Banque mondiale Note : Le seuil de pauvreté est fixé à 1,90 USD par jour en PPA de Note : Les chiffres de 2012 correspondent à des données réelles, 2011. « ASS » renvoie à l’Afrique subsaharienne. ceux de 2013-2019 à des estimations et celles de 2020-2022 à des projections. 2. À Madagascar, la reprise économique attendue des investissements, mais la récession de 2021 fera pour 2021-2023 sera progressive et pavée planer une ombre durable sur les entreprises et d’obstacles. La reprise de la demande mondiale en les ménages. Dans un tel contexte, l’économie ne 2021 devrait marquer le retour des exportations et devrait enregistrer qu’une croissance d’environ 2 pour 14
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE MADAGASCAR, DÉCEMBRE 2020 | TRACER LA VOIE DE LA REPRISE cent en 2021 qui ne suffira pas à faire augmenter terme, mais les populations vulnérables resteront le revenu moyen par habitant. En l’espace de deux très exposées aux chocs. Le retour progressif de ans, la crise aura donc réduit d’environ 13 points de la croissance économique devrait faire reculer la pourcentage les prévisions d’avant la pandémie. Le pauvreté à partir de 2022, mais les estimations scénario de référence fait état d’une croissance de indiquent que la crise pourrait avoir balayé une 5,8 pour cent en 2022 puis de 5,4 pour cent en 2023, décennie de lutte contre l’extrême pauvreté (Figure mais la crise risque toutefois de renforcer certaines 12), cantonnant du même coup Madagascar parmi contraintes structurelles à l’accroissement du niveau les pays les plus pauvres d’Afrique subsaharienne vie moyen telles que l’insuffisance du capital humain, (Figure 13). Le recul de la pauvreté à moyen terme la prévalence de l’informalité et de l’agriculture de dépendra en grande partie de la capacité du pays subsidence, la faiblesse des infrastructures, de la à accroître la productivité dans le secteur agricole, concurrence, et de la gouvernance. à créer des emplois formels non agricoles, à renforcer la résilience aux chocs économiques 3. La baisse de la pauvreté devrait reprendre à moyen et climatiques. 2 Une crise durable pourrait générer des risques d’instabilité 4. Les risques qui pèsent actuellement sur la 14). Depuis le début de la crise, les risques de viabilité de la dette restent modérés, bien qu’ils surendettement sont passés de faibles à modérés, se soient accrus significativement depuis le mais les principaux indicateurs de viabilité se début de la crise. La reprise économique prévue maintiennent en deçà des seuils de risque établi à partir de 2022 devrait progressivement faire pour Madagascar (Figure 15). Si l’actuel profil de la baisser le déficit budgétaire de 5,4 pour cent du dette permet encore d’envisager une augmentation PIB en 2021 à 3,8 pour cent en 2023 sous l’effet des investissements publics pour soutenir la d’un regain de recettes compensant l’accélération reprise, il n’en appelle pas moins à la prudence en des investissements publics. Après la flambée de matière d’emprunt et à des mesures ambitieuses 2020 et 2021, la dette publique devrait se stabiliser pour accroître les recettes fiscales et à renforcer autour de 52 pour cent du PIB en 2023 (Figure l’efficience des dépenses publiques. Après la flambée de 2020 et 2021, la dette publique devrait se stabiliser autour de 52 pour cent du PIB en 2023 15
DEUXIÈME PARTIE: PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES ET RISQUES Figure 14: Dette publique (en pourcentage Figure 15: Ratio de la dette publique au PIB du PIB) Pourcentage du PIB Pourcentage du PIB 100 60 55 80 50 45 60 40 40 35 30 20 25 Cote d’Ivoire Madagascar ASS Sénégal Rwanda Maurice Afrique du Sud 2019 2021 2023 2025 2027 2029 Scénario de référence Scénario le plus extrême: choc affectant les 2021 2019 2020 cours des produits de base Source : Banque mondiale Seuil de risque : 55 Note : Les données de 2019 sont des estimations et celles de 2020 et 2021 sont des prévisions. « ASS » renvoie à l’Afrique subsaharienne. Source : FMI et Banque mondiale 5. Les déséquilibres extérieurs, l’inflation et la ont considérablement grevé le bilan des banques les santé du secteur financier restent sous contrôle plus exposées. dans le scénario de référence. Avec la reprise progressive des recettes d’exportation, le déficit des 6. Les risques liés à une crise plus persistante et comptes courants devrait se stabiliser autour de 4,3 profonde qu’attendu sont significatifs. L’évolution pour cent du PIB, un niveau que les IDE et les aides rapide de la pandémie à l’échelle nationale comme publiques au développement attendus devraient internationale fait peser une grande incertitude sur permettre de couvrir. L’inflation devrait quant à elle les perspectives économiques de Madagascar. Malgré se stabiliser autour de 6 pour cent sur la période la récente découverte de vaccins, la résurgence des 2021-2023, dans l’hypothèse d’une normalisation cas de COVID-19 en Europe et aux États-Unis pourrait progressive des chaînes de valeur mondiales et se prolonger au-delà des prévisions actuelles, d’une absence de chocs résultant des fluctuations tandis qu’une deuxième vague pourrait affecter des cours des produits de base. Dans ce contexte, Madagascar ; dans un tel cas de figure, la contraction la Banque centrale devrait pouvoir maintenir les de l’économie pourrait se poursuivre en 2021 et se taux d’intérêt directeurs à leurs niveaux actuels et solder au bout de deux ans par un bilan bien plus continuer à alléger la pression pesant sur le secteur lourd que celui de la crise constitutionnelle de 2009 bancaire en poursuivant des interventions ciblées (Figure 16). À ce risque pourraient en outre s’ajouter en matière de liquidités et de réserves de change. d’autres chocs, comme des catastrophes naturelles La solvabilité générale du secteur bancaire devrait ou des troubles sociaux attisés par la persistance rester solide, mais l’octroi de prêts non productifs et des difficultés économiques. Les communautés le rééchelonnement du remboursement des crédits rurales sont particulièrement exposées aux risques 16
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