Rapport: violence sexuelle - dans l'ouest de l'ile de montréal - Table de concertation en matière ...
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évaluation des besoins pour l’ouest-de-l’ile Un merci tout spécial a tous les partenaires de la table de concertation en matière de violence sexuelle dans l’Ouest-de-l’île pour leur collaboration et leur appui. Ce projet est financé dans le cadre du Programme de promotion de la femme de Condition féminine Canada. Table VSOI
recension des écrits : pratique prometteuse en collaboration Différentes victimes Chaque victime a des besoins différents, peu importe la forme de violence sexuelle qu’elle a subie. Les demandent différents types d’assistance, dont des intervenantes qu’elles rencontrent ont la responsabilité services de consultation et de soutien, d’assistance de les aider à trouver les ressources existantes qui médicale et d’accompagnement ainsi que des services serviront mieux leurs besoins. Cette recension des écrits de réintégration sociale. La plupart des établissements a pour but de recenser les pratiques prometteuses en et des organismes communautaires n’offrent pas collaboration et concertation, et ce, en considérant les un éventail complet de services et leur soutien ne instances communautaires, provinciales et nationales. convient donc pas à toutes les victimes. Il est donc Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre pour de la responsabilité desdits organismes de développer assurer une complémentarité des services le long leur réseau afin de maintenir un accès facile et rapide de la trajectoire de rétablissement de la victime de aux services de manière à ce que les victimes ne soient violence sexuelle. La violence sexuelle est un terme pas mal orientées dans leur processus de guérison. générique qui regroupe plusieurs problématiques plus spécifiques, incluant sans s’y limiter, l’agression sexuelle et l’exploitation sexuelle. La création d’une entente formelle est un moyen d’assurer la collaboration quand quelqu’un dévoile être victime de violence sexuelle. Les ententes formelles assurent qu’il existe des protocoles à suivre. L’une des ententes à laquelle on se réfère souvent est l’entente multisectorielle relative aux enfants victimes de sévices sexuels, de mauvais traitements physiques ou d’une absence de soins menaçant leur santé physique qui implique le corps policier, le Département de Protection de la Jeunesse et le substitut du procureur général (Gouvernement du Québec, 2001b). Cette entente multidisciplinaire se prononce clairement sur les étapes à suivre en cas de sévices faits aux jeunes. Elle indique en effet à qui s’adresser et explique clairement les rôles de chacun des partenaires ainsi que les mesures à prendre. Impliquer le Directeur de la Protection de la Jeunesse est une manière de travailler qui fonctionne bien avec les jeunes. Cependant, une entente formelle entre les organismes communautaires et les autorités peut amener les victimes à se méfier. 4 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
rédigé par dana flynn révisé par kharoll-ann souffrant Table VSOI réalisé grâce au soutien financier de: Selon le Comité d’action contre la traite humaine interne et internationale (CATHII), la mise en place de stratégies de collaboration telles que les ententes formelles exige la présence d’une intervenante « pivot » dont la fonction est de suivre la trajectoire de chacune des victimes de la traite humaine (CATHII, 2014). Celle- ci devra parfaitement connaître les ressources à sa disposition, afin de pouvoir accompagner la victime dans sa quête de services. Les partenaires de chaque comité d’action s’entendent sur le fait qu’une coordination ainsi qu’une intégration plus efficace des services sont les meilleurs moyens de prévenir la traite, et que pour y parvenir, une intervenante pivot doit être au cœur de l’action (CATHII, 2014). Selon le Gouvernement du Québec (2001a), les concertations en matière d’agression sexuelle devront « assurer la cohérence, la complémentarité et la continuité des services d’aide, de protection et d’encadrement dans le domaine des agressions sexuelles ». Cette orientation pour la concertation est plus flexible que les ententes formelles. Pourtant, elle ne propose pas de structure ou d’actions concrètes à suivre face à une révélation de la part des victimes. Le Gouvernement du Québec (2001a) mentionne également que « favoriser la transmission de l’information confidentielle entre les différents intervenants et intervenantes dans les situations d’urgence mettant en danger la vie ou sécurité des personnes en révisant la législation » est une priorité. Tous les organismes communautaires et institutionnels ont leurs propres normes de sécurité et protocoles liés à la confidentialité. Toutefois, il est nécessaire de travailler sur le plan local et de parvenir à partager les informations confidentielles. Il est aussi essentiel de réussir à influencer le gouvernement à modifier la législation afin de garantir que la transmission de ces informations se fasse sans heurts. tvsoi Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal 5
Mettre en place des équipes ou des projets de services souvent adoptée par les professionnels qui travaillent interdisciplinaires unis comprenant des unités mettant en avec les victimes et les membres du public. Dans le but œuvre la loi pourrait également servir de remplacement de réduire les attitudes négatives envers les victimes de à une entente formelle (CATHII, 2014). Afin de répondre la violence sexuelle, plusieurs actions de collaboration adéquatement à différentes situations, particulièrement soutiennent l’éducation et la sensibilisation auprès des lorsque les victimes ne veulent pas consulter la police, membres de la société. il est suggéré qu’une telle équipe soit composée de Parmi les stratégies clés discutées dans la littérature se membres multidisciplinaires qui représentent les trouvent les actions de sensibilisation et de prévention secteurs communautaires et publics. Se rencontrer pour concertées. discuter des cas particuliers permettrait à ces équipes de repousser l’idée voulant qu’une voie unique serve à toutes Rappelons que Bergeron et Hébert (2012) indiquent les victimes, et ce, qu’importent les violences sexuelles que le raisonnement qui ressort de tous les modèles est que cette dernière aura subies. que les initiatives se déroulant dans les milieux scolaires permettent aux enfants de mieux comprendre et La formation et la sensibilisation ayant pour objectif de reconnaître ce que sont les agressions sexuelles, de mieux prévenir la violence sexuelle sont également des moyens comprendre leurs droits, d’apprendre à s’affirmer et de de travailler en étroite collaboration qui sont souvent savoir à qui dévoiler une agression s’ils en sont victimes. discutés dans la littérature. En effet, il existe des stratégies Une recension des études évaluatives des programmes plus axées sur les actions concertées et la sensibilisation de prévention conclut également que « le niveau de du public que sur la trajectoire que prendra chaque victime. connaissances et les habiletés de présentation des élèves Si la problématique de la violence sexuelle touche les de primaire qui participent à des interventions préventives individus, les comportements négatifs, les stéréotypes, les en milieu scolaire augmentent. » Il est également relevé mythes et les préjugés, etc., continuent malgré tout d’être que ces acquis se maintiennent dans le temps (Bergeron propagés par la société en général (RQCALACS, 2014). et Hébert, 2012). Cette attitude face à la violence sexuelle est également 6 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
Plusieurs programmes de sensibilisation et de prévention sont offerts au sein de chaque communauté,et d’après le Gouvernement du Québec (2001a), ceux-ci devront privilégier la prévention au primaire et renforcer les approches participatives respectueuses des cultures locales, qui visent à changer les comportements, et qui touchent au sujet de l’inégalité, qu’il s’agisse de l’inégalité entre les sexes ou de la question des réalités socioéconomiques. Il est également suggéré que des programmes destinés au grand public ainsi qu’aux responsables de la violence soient développés (Gouvernement du Québec, 2001; Gendarmerie royale du Canada, 2014). L’approche participative pourrait permettre d’impliquer plusieurs partenaires multidisciplinaires et inciter des chercheurs venant d’ailleurs à participer à la création de programmes inclusifs. La Gendarmerie royale du Canada (2014) et le CATHII (2014) vont eux aussi dans le même sens et soutiennent vivement que les professionnels qui, à l’occasion, pourront rencontrer des victimes de violences sexuelles devraient être sensibilisés à cette question et suivre une formation continue. L’accès à des sessions de formation et de perfectionnement permettrait en effet à des professionnels de partager leurs connaissances à propos de cette problématique, et par conséquent, de mieux orienter le développement et l’amélioration des services offerts ainsi que d’encourager l’utilisation des méthodes et outils qui semblent les plus efficaces auprès de cette clientèle. Les collectivités peuvent également soutenir de nouveaux programmes et projets afin de répondre aux besoins de leur communauté. CATHII (2014) suggère par exemple que les projets de soutien aux victimes de la traite humaine comprennent des ressources d’hébergement, de réinsertion sociale, et cetera. Il existe un nombre infini de façon dont une collectivité peut collaborer à l’échelle locale, régionale ou nationale. Ce sont aux associations elles-mêmes de décider s’il est préférable de mettre en œuvre des mécanismes internes comme des protocoles formels, ou des initiatives externes, comme participer à des activités de prévention et de formation continue, ou même, geste plus appréciable encore, de s’attaquer aux problèmes à l’échelle sociétale et individuelle. Quelle qu’en soit la manière, la collaboration est un élément clé si l’on veut améliorer l’accès des victimes aux services existants et mettre en œuvre des changements qui toucheront la société dans son ensemble, et ce, que ce soit sur le plan local, national ou international. tvsoi Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal 7
références Bergeron, M. and Hébert, M. (2012). La prévention et la formation en matière d’agression sexuelle contre les enfants. Sous la direction de Hébert, M., Cyr, M. et Tourigny, M. (2012) L’agression sexuelle envers les enfants : Tome 1. Québec : Presses de l’Université du Québec. Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes. (2002). Des interventions préventives et des services d’aide directe aux victimes en matière d’agression sexuelle : Description des pratiques québécoises. . Comité d’action contre la traite interne et internationale (CATHII). (2014). Intervenir face à la traite humaine : La concertation des services aux victimes au Canada. Québec : Gouvernement du Canada. Gendarmerie royale du Canada. (2014). Violence dans la famille et les fréquentations. http://www.rcmp-grc.gc.ca/cp-pc/fam-fra.htm Gouvernement du Québec. (2001a). Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle. Québec : Ministère de la santé etdes services sociaux. Gouvernement du Québec. (2001b). Entente multisectorielle relative aux enfants victimes d’abus sexuels, de mauvais traitements physiques ou d’une absence de soins menaçant leur santé physique. Québec: Ministère de la santé et des services sociaux. Regroupement Québécois des Centres d’aide et lutte contre les agressions à caractère sexuel. (2014) Statistiques compilées au sein des CALACS membres pour l’année 2013-2014. http://www.rqcalacs.qc.ca/statistiques.php 8 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
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RECENSION DES ÉCRITS : MEILLEURS PRATIQUES EN PRÉVENTION DE LA VIOLENCE SEXUELLE AINSI QU’EN INTERVENTION AUPRÈS DES VICTIMES DE L’OUEST-DE-L’ILE DE MONTRÉAL la violence sexuelle est un enjeu sociétal. il s’agit d’un crime qui peut se manifester sous de nombreuses formes et qui est le plus généralement perpétré par des hommes contre des femmes. cette recension des écrits a pour objectif d’apporter plus d’informations sur les questions clés, sur les besoins des victimes en ce qui concerne l’intervention et la prévention communautaire et sur les pratiques prometteuses. elle cherche également à restituer le contexte relatif à l’ouest-de-l’île de montréal, quartier dans lequel ce projet se déroule, et à montrer la réalité dans laquelle vivent certaines populations de manière à ce que les organisations puissent prendre cela en compte lorsqu’elles tentent d’offrir leurs services aux habitants de ce quartier. 10 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
rédigé par dana flynn révisé par kharoll-ann souffrant Table VSOI réalisé grâce au soutien financier de: problématiques clés La violence sexuelle est un terme générique qui regroupe plusieurs problématiques particulières, incluant sans s’y limiter, l’agression sexuelle et l’exploitation sexuelle. a) l’agression sexuelle L’agression sexuelle est un acte de pouvoir et domination de nature criminel qui peut se manifester sous plusieurs formes, telles que le viol, l’inceste, l’abus sexuel, les infractions sexuelles, les contacts sexuels, la prostitution et la pornographie juvénile (Gouvernement du Québec, 2001a). Les sujets de la prostitution et de la pornographie juvénile seront discutés plus tard afin de mieux souligner la prévalence et les différences qui existent entre les deux populations victimes de ce phénomène. Afin de pouvoir déterminer quelles sont toutes les manifestations de ce geste criminel, le gouvernement du Québec a adopté cette définition inclusive : « Une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par du chantage. Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite. Une agression sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment à l’intégrité physique et psychologique, et à la sécurité de la personne. (Gouvernement du Québec, 2001a)» Selon le Regroupement québécois des CALACS (RQCALACS), 1 femme sur 3 a été victime d’au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans, et 1 homme sur 6 sera victime d’une agression sexuelle au cours de sa vie (RQCALACS, 2014). De plus, ces statistiques donnent une vue d’ensemble tout à fait différente de celle qui est transmise par les mythes et les préjugés. Point de vue qui domine la compréhension qu’une grande part de la population a au sujet de l’agression sexuelle : « 39 % des agressions à caractère sexuel ont été commises dans un domicile que la victime partage avec l’agresseur, 16 % des agressions sont commises au domicile de la victime, 22 % au domicile de l’agresseur, 6,3 % dans un lieu public, 4 % au travail ou à l’école et 1,4 % dans les transports (RQCALACS, 2014). » Ces statistiques révèlent que la plupart des femmes connaissaient leur agresseur avant l’acte, fait qui va à l’encontre du mythe commun voulant que les agressions sexuelles soient perpétrées par des inconnus. tvsoi Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal 11
b) l’exploitation sexuelle Le phénomène de l’exploitation sexuelle (ou la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle) est une préoccupation à l’échelle internationale ainsi que locale (SPVM, 2014). La traite de personnes comprend plusieurs formes d’exploitation, et bien que les hommes et les enfants en soient également victimes, l’exploitation sexuelle est une manifestation qui est le plus souvent subie par les femmes (Gouvernement du Québec, 2001a). Les femmes victimes d’exploitation sexuelle sont également victimes d’agression sexuelle, cependant cette forme de violence sexuelle a des conséquences tout à fait différentes pour les victimes. Selon Sécurité Publique Canada (Gouvernement du Canada, 2012), la traite de personnes a pour objectif de « recruter, de transporter et de loger les personnes ou [d’avoir] une influence sur leurs mouvements afin de les exploiter, généralement à des fins sexuelles ou de travail forcé (2012). » Ces victimes peuvent provenir d’autres pays, mais il s’agit souvent de personnes migrantes au sein même du pays – elles se déplacent d’une province à l’autre, ou même d’une ville à l’autre, soit par choix ou sous l’influence d’un proxénète (par exemple, les filles de Montréal qui sont exploités à Sarnia, ou dans une autre ville au Québec). Les victimes de la traite de personnes sont souvent manipulées par les promesses d’une qualité de vie améliorée, et ce, qu’il s’agisse de la traite internationale ou interne. Pour obtenir ce qu’ils veulent, les proxénètes utilisent souvent les moyens de manipulation et de contrôle suivants : conserver les pièces d’identité ou les passeports de leurs victimes, les agresser sexuellement, les menacer, les intimider, les battre, les isoler, les garder dans un état d’ébriété permanent (Gouvernement du Canada, 2012). L’exploitation sexuelle peut être commise par un réseau de crime organisé, par l’intermédiaire d’un individu qui leur sert de proxénète. Les gangs de rue du Québec sont souvent derrière les instances de prostitution juvénile (Gouvernement du Québec, 2012). Souvent et plus particulièrement quand les victimes sont des jeunes femmes, les proxénètes se cachent derrière une prétendue relation amoureuse, ils exploitent alors ces jeunes femmes en soutenant qu’ils ont besoin de leur aide financière. Au Québec, l’exploitation sexuelle a le plus souvent lieu sous le couvert des salons de massage, des bars de danse contact, des hôtels et des résidences privées (Gouvernement du Canada, 2012). Les statistiques relatives à la traite de personnes au Québec ne sont pas fiables à 100 %, fait qui est souvent associé avec les conséquences que la traite de personnes a sur ces victimes – la peur, la honte, la manipulation – on peut toutefois en présumer l’importance étant donné que la traite a été signalée par le gouvernement du Québec (2012), le Gouvernement du Canada (2012) et le SPVM (2014) comme étant une priorité et qu’un plan d’action a été établi. Le Gouvernement du Canada estime que 2,45 millions de personnes sur la planète sont victimes de la traite de personnes à tout moment, et les Nations Unies estiment que cette activité rapporte à peu près 32 milliards de dollars américains chaque année (International Labour Office, 2005). 12 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
c) facteurs de vulnérabilité Plusieurs statistiques sinistres nous démontrent la dimension de ces problématiques, et nous indiquent des facteurs de vulnérabilité. Rappelons qu’une femme sur trois a été victime d’au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans, et qu’un homme sur six en sera victime au cours de sa vie (RQCALACS, 2014). Nous pouvons donc estimer que les femmes sont plus vulnérables que les hommes. Cela a été confirmé par le gouvernement du Québec qui a révélé que l’incidence des agressions sexuelles est beaucoup plus élevée auprès des femmes et des filles et qu’elle est trois fois plus élevée auprès des femmes âgées de 18 à 24 ans (Gouvernement du Québec, 2012). Être enfant est également un facteur de vulnérabilité — 62 % des victimes étaient âgées de moins de 18 ans lors de leur première agression, et 31 % des victimes âgées de 12 ans et moins étaient des garçons (RQCALACS, 2014). On ne peut négliger que 16,6 % des victimes sont de sexe masculin, cependant le fait d’être du sexe féminin est un facteur de vulnérabilité clair et incontournable. En outre, certaines populations de femmes sont considérées comme étant plus vulnérables. Par exemple, plus de 75 % des jeunes filles autochtones âgées de moins de 18 ans ont été victimes d’agression sexuelle et 40 % des femmes ayant un handicap physique subiront au moins une agression sexuelle au cours de leur vie (RQCALACS, 2014). Le Gouvernement du Québec (2001a) ajoute également que les femmes ayant des handicaps mentaux seront plus souvent assujetties à des agressions sexuelles. Le Gouvernement du Québec (2001a) affirme que les agressions sexuelles ne touchent pas uniquement un groupe socioéconomique ; toutefois, les femmes marginalisées telles que les travailleuses du sexe, les toxicomanes et les femmes en situation d’itinérances sont plus susceptibles de devenir victimes d’agression sexuelle. Les facteurs de vulnérabilité varient lorsqu’on parle d’exploitation sexuelle dans les cas de traite de personnes. Certains facteurs d’incitation sont l’extrême pauvreté, le chômage, le manque d’éducation, les programmes sociaux inadéquats, les inégalités entre les sexes et la corruption. La guerre et l’agitation politique sont également comprises parmi les facteurs de vulnérabilité pour les victimes qui proviennent de pays autres que le Canada (Gouvernement du Canada, 2012). Ceux qui sont le plus à risque sont en général ceux qui sont « les moins avantagés sur le plan socioéconomique, par exemple les femmes, les jeunes et les enfants d’origine autochtone, les migrants, les nouveaux immigrants, les adolescents en fugue, les enfants sous protection, ainsi que les filles et les femmes, qui peuvent être attirés dans les grands centres urbains ou y déménager de façon volontaire. (Gouvernement du Canada, 2012) » d) conséquences Les agressions sexuelles ont diverses conséquences sur les victimes. Celles-ci peuvent varier selon la relation qui existe entre les agresseurs et leurs victimes, la fréquence et la durée des attaques, ainsi que la qualité du réseau social des victimes. Ces conséquences peuvent être physiques, sociales et psychologiques. Parmi les conséquences sociales, on compte : « la dépression, l’angoisse, la difficulté d’avoir des relations sociales, le manque d’efficacité au travail, la baisse du désir sexuel, l’insomnie, les troubles du sommeil et le recours croissant aux sédatifs et aux somnifères (Gouvernement du Québec, 2001). » Celles qui ne dévoilent pas les agressions qui leur ont été faites à l’enfance et à l’adolescence en subiront les multiples conséquences et conserveront les problèmes liés à l’agression sexuelle tout au long de leurs vies. Le RQCALACS (2014) a constaté que la grande majorité de leur clientèle est composée de femmes âgées de 30 à 60 ans, qui dans la plupart des cas ont été victimes d’agressions pendant l’enfance, on peut donc déduire qu’un grand nombre de femmes attendent plusieurs années avant de faire une demande d’aide et que ces dernières en subissent réellement les conséquences à long terme. Les victimes de la traite de personnes peuvent vivre les mêmes conséquences que les victimes d’agression sexuelle, mais elles endurent aussi souvent plusieurs conséquences dues au lavage de cerveau qu’elles ont subi. Elles peuvent craindre pour leurs vies, les vies de leurs proches, ou même nier être victime de la traite. De plus, elles peuvent apprendre à ne pas faire confiance aux inconnus, notamment aux policiers ou à ceux qui désirent les aider, ou les deux. Les femmes qui ne sont pas d’origine canadienne pourraient également rejeter les droits canadiens qui leur sont offerts, par peur de la déportation (Gouvernement du Canada, 2012). tvsoi Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal 13
besoins en matière d’intervention Chacune des formes de violences sexuelles décrites ci-dessus présente des conséquences différentes, chaque groupe, ainsi que chaque individu ont donc des besoins particuliers. Ci- dessous se trouve une liste des besoins potentiels des victimes et des méthodes les plus efficaces à adopter dans chaque cas de violences sexuelles. Il est néanmoins important de rappeler que la trajectoire que prendra la victime pourrait ne pas correspondre à ces modèles. Les victimes d’agression sexuelle font face aux mythes et aux préjugés quotidiennement. La honte, la peur, et l’impression qu’elles ne seront pas crues et/ou qu’elles sont responsables de l’agression limitent souvent leur capacité à faire une demande d’aide. C’est la raison pour laquelle les intervenants n’ayant que quelques connaissances sur la réalité des agressions sexuelles doivent être formés (Gouvernement du Québec, 2001). Il est également important de tenir compte de la réalité particulière de chaque femme, particulièrement en ce qui concerne les femmes suivantes qui sont les plus vulnérables : les femmes autochtones, handicapées ou autrement marginalisées. Il existe également des obstacles sociaux : les femmes qui vivent dans la pauvreté, l’isolement ou l’exclusion éprouvent souvent de la difficulté à consulter les ressources de soutien. Pour répondre à leurs besoins, le Gouvernement du Québec constate qu’il faut que la gamme de services offerts soit adaptée aux besoins de chaque femme et comprenne « des informations, une protection, une orientation vers les ressources appropriées, un accompagnement dans les démarches, des soins médicaux adéquats et une aide psychosociale individuelle et de groupe (2001). » Il convient de faire particulièrement attention aux services d’accompagnement ; le Gouvernement du Québec constate en effet que les femmes ayant vécu des agressions sexuelles ont besoin d’accompagnement lors du processus judiciaire et du suivi médical (2001). La nature isolante du système judiciaire pourrait en être la cause : « Les victimes d’agression sexuelle se sentent souvent isolées, à la merci des procédures, confinées à un rôle de témoin, et elles souffrent d’avoir à raconter leur agression à plusieurs interlocuteurs différents et à plusieurs reprises. (Gouvernement du Québec, 2001) » Il est fort probable que la nature isolante de ce processus soit à l’origine du faible taux de plaintes relatives aux agressions sexuelles — un maigre 10 %, selon le RQCALACS (2014). 14 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
Les besoins des victimes d’exploitation sont comparables à ceux des victimes d’agression sexuelle, mais il existe toutefois des particularités. La traite de personnes est un méfait qui se déroule à long terme et qui a recours à des mécanismes de manipulation, les femmes qui en ont été victimes ont donc souvent perdu leur autonomie. Leur demander de se sortir d’une situation d’exploitation sexuelle sans leur apprendre comment répondre à leurs besoins de base n’est donc pas réaliste et aura pour résultat la réintégration de ces femmes dans l’industrie du sexe qu’elles connaissent (CATHII, 2014). En plus des besoins signalés par le Gouvernement du Québec et mentionnés ci-dessus, les victimes de la traite de personnes ont également besoin d’aide de la part de services d’hébergement et de programmes de réinsertion sociale. Selon le Comité d’action contre la traite interne et internationale (CATHII), des liens étroits avec un réseau structuré de services d’hébergements capables d’accueillir les victimes de la traite doivent être mis en place (CATHII, 2014). Certains protocoles, comme des lits d’urgence réservés et des interventions policières, doivent être établis, les liens qui existent actuellement étant plutôt informels et fonctionnant uniquement au cas par cas. L’hébergement est vraiment un grand défi. En effet, les critères d’admission actuels ne sont pas assez flexibles : les procédures de référence et les obligations à participer aux activités de l’organisme de soutien font qu’il est plus difficile pour les femmes victimes de traite de bénéficier de leurs services. En outre, les mesures de sécurité mises en place ne sont pas toujours adéquates. Il est recommandé que des programmes résidentiels pour les victimes de la traite soient mis en œuvre pour garantir à ces dernières un suivi complet, sans la crainte d’être stigmatisées ou jugées (CATHII, 2014). Ces résidences pourraient également servir de lieux pour travailler à la réintégration de ces femmes dans la société et leur enseigner les compétences qui leur permettront d’être autonomes, de trouver les emplois hors de l’industrie du sexe, de gérer leurs propres finances, et cetera (CATHII, 2014). Il faut également que ces femmes aient accès à des soins de santé, car certaines victimes souffrent de fatigue extrême, séquelles des brutalités qu’elles ont subies, des ITS et de la toxicomanie. Elles ont donc besoin d’un accès à des services de santé où elles pourront se rendre sans se sentir jugées (CATHII, 2014). Lors d’une étude, plusieurs intervenants ont découvert que l’accès aux soins de santé était problématique pour cette population, particulièrement pour celles qui sont victimes de la traite internationale, et qui n’ont ni passeport ni pièces d’identité. Pour ces femmes, les cliniques de santé communautaires et les équipes mobiles sont ce qui convient le mieux (CATHII, 2014). tvsoi Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal 15
besoins en matière de prévention Plusieurs études ont été menées afin de mieux comprendre les problématiques associées à l’agression sexuelle et de déterminer les objectifs de prévention à atteindre ainsi que les méthodes les plus efficaces pour y parvenir (Hébert et Tremblay, 2002). Ces études rapportent que les objectifs principaux relatifs aux activités de prévention destinées aux enfants sont « d’augmenter la sécurité personnelle des jeunes en leur proposant des règles de sécurité à suivre, en leur enseignant les habilités à déployer s’ils se retrouvent dans une situation potentiellement dangereuse et en leur transmettant des informations au sujet de l’agression sexuelle. » Plusieurs programmes qui s’inspirent du concept de l’approbation afin de définir leur cadre conceptuel — Bergeron et Hébert (2012) — indiquent que le raisonnement qui ressort de tous les modèles est que les initiatives se déroulant dans les milieux scolaires permettent aux enfants de mieux comprendre et reconnaître ce que sont les agressions sexuelles, de mieux comprendre leurs droits, d’apprendre à s’affirmer et de savoir à qui dévoiler une agression s’ils en sont victimes. En outre, Finkelhor (2007) fait remarquer que ces programmes peuvent également diminuer la honte et la stigmatisation vécues par celles ou ceux qui ont subi des agressions sexuelles. Une recension des études évaluatives des programmes de prévention conclut également que « le niveau de connaissances et les habiletés de présentation des élèves de primaire qui participent à des interventions préventives en milieu scolaire augmentent. » Il est également relevé que ces acquis se maintiennent dans le temps (Bergeron et Hébert, 2012). En outre, il est suggéré dans la littérature que les parents devraient être impliqués dans ce processus de sensibilisation. Étant donné que les ateliers ne consistent généralement qu’en une seule rencontre, il est du devoir des parents de renforcer l’information acquise au quotidien. En s’impliquant, les parents seront plus en mesure de répondre aux questions de leurs enfants et pourront adapter et développer leurs réponses à partir des messages clés (Bergeron et Hébert, 2012). La participation parentale peut également contribuer à briser « le secret entourant l’agression sexuelle et stimuler des discussions parent-enfant sur la sexualité en général » (Kenny et coll., 2008). Malgré ces avantages, peu de programmes de prévention offrent systématiquement des ateliers de sensibilisation aux parents ou au personnel scolaire (Bergeron et Hébert, 2012). Par ailleurs, il est établi que faire des campagnes de sensibilisation auprès des adolescents pour prévenir les cas d’exploitation sexuelle peut en diminuer l’occurrence, voire dévoiler des cas, particulièrement quand les mécanismes utilisés par les proxénètes tels que l’amour et la manipulation sont nommés concrètement (Gouvernement du Québec, 16 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
térritoire ciblé f) particularités de la région L’Ouest-de-l’Île de Montréal est composé de neuf villes (Dollard-des-Ormeaux, Dorval, Pointe-Claire, Kirkland, Beaconsfield, Sainte-Anne-de-Bellevue et Senneville) et de deux arrondissements de l’île de Montréal (Pierrefonds- Roxboro, L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève) (Ville de Montréal, 2014). Comme indiqué dans le recensement de 2006 de Statistique Canada (2006), la population de l’Ouest-de-l’Île était alors de 219 945 habitants. L’Ouest-de-l’Île mesure 150 km², accueille 13 % de la population de l’île de Montréal et occupe un tiers de son territoire. L’Ouest-de-l’Île est divisé en deux sous-secteurs : le nord et le sud. La division entre ces deux secteurs est l’autoroute 40. Le sud est constitué de sept villes : Baie-D’Urfé, Beaconsfield, Dorval, Kirkland, Pointe-Claire, Sainte-Anne-de-Bellevue et Senneville (Ziuleva, 2015;TQNOIM, 2014). Le nord est constitué des arrondissements de Pierrefonds-Roxboro et de L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève et de la ville de Dollard-des-Ormeaux (TQNOIM, 2014). Ces territoires couvrent respectivement 84,5 km² et 66 km² et correspondent au secteur déterminé par les établissements des CSSS de l’Ouest-de-l’Île : le CLSC du Lac-Saint-Louis et le CLSC de Pierrefonds. Cette division est importante à cause des grandes différences qu’il existe entre la population, le transport, la richesse et la couverture des services sociaux. Il est notable que cette population varie considérablement si on la compare à la population de l’île de Montréal où sont établis la majorité des services offerts aux victimes de violences sexuelles. SAINTE-GENEVIEVE ROXBORO ILE-BIZARD DOLLARD- DES- ORMEAUX POINTE-CLAIRE PIERREFONDS DORVAL SENNEVILLE KIRKLAND BEACONSFIELD BAIE- MONTREAL WEST ISLAND D’URFE STE- ANNE- DE- BELLEVUE tvsoi Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal 17
g) défi relatif à la langue La population de l’Ouest-de-l’Île ne ressemble pas à celle de l’île de Montréal lorsque l’on considère la langue. Dans le sud de l’Ouest-de-l’Île, 73,8 % ont déclaré pouvoir bien parler les deux langues officielles, tandis que 21,7 % ont dit ne parler que l’anglais, que 4,3 % ne parlent que le français et que 1 % ne parlent ni l’un ni l’autre (Ziuleva, 2015). Dans le nord, 67 % des résidents se considèrent bilingues, 21 % parlent uniquement l’anglais, 10 % seulement le français et 2 % ne parlent ni l’un ni l’autre (TQNOIM, 2014). Ces rapports varient énormément en comparaison à l’île de Montréal où 58 % des habitants se considèrent comme bilingues, 28 % ne parlent que français, 12 % ne parlent qu’anglais et 3 % ne parlent aucune des langues officielles. La proportion des habitants qui ne parlent qu’anglais et des habitants bilingue est sensiblement plus grande (+ - 8 % et 9 % respectivement) (TQNOIM, 2014). Bien que la moyenne de la population allophone des deux quartiers soit moins élevée que celle de Montréal, il est important de remarquer que certains secteurs présentent un nombre disproportionné de ménages allophones, notamment les quartiers de Pierrefonds Sud (50 %) et de Dollard-Des-Ormeaux Sud (54 %) (Ziulieva, 2014; TQNOIM, 2014). h) défi relatif à la mobilité Le transport dans l’Ouest-de-l’Île de Montréal est au premier plan des priorités dans les deux secteurs. Dans le sud, une enquête d’Origine-Destination a révélé que 306 568 trajets hors du territoire étaient effectués quotidiennement (Ziuleva, 2015). Le nombre de trajets quotidiens de cette zone a augmenté de 36 % depuis 1998. Les destinations les plus populaires des passagers sont le nord de l’Ouest-de-l’Île (46 %), ainsi que le centre-ville de Montréal et sa périphérie. Dans le nord, les transports publics sont plus souvent utilisés par les habitants de Cloverdale-À-Ma-Baie (31 %), leur moyenne approchant celle de Montréal (TQNOIM, 2014). En général, les habitants des quartiers nord et sud de l’Ouest-de-l’Île utilisent moins les transports publics que la population de l’île de Montréal où 26,1 % des habitants comptent sur les transports publics pour se déplacer (TQNOIM, 2014; Ziuleva, 2015). Ce fait est dû à une augmentation des embouteillages, à un réseau de pistes cyclables sous-développé et à un transit inefficace entre les quartiers nord et sud ainsi que pour les personnes qui se déplacent vers Montréal (Ziuleva, 2015). Il existe actuellement deux projets dont l’objectif est d’augmenter l’accessibilité à l’Ouest-de-l’Île. Le premier est le train de l’Ouest dont l’objectif serait de multiplier par plus de trois le nombre de trajets annuels et de faire en sorte que le nombre d’utilisateurs passe de 2,6 millions à 9,6 millions. Le deuxième est le Plan de Mobilité de l’Ouest, projet qui est toujours en progrès et dont le but est d’augmenter la mobilité de ce territoire (Ziuleva, 2015). Ceux qui se déplacent principalement à pied vivent dans les quartiers les plus défavorisés : Sainte-Geneviève, Pierrefonds Centre-Sud, DDO Est et Cloverdale-À-Ma-Baie (TQNOIM, 2015). 18 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
i) désavantage social Certains des quartiers prospères de l’Ouest-de-l’Île comme Senneville, où le revenu net annuel d’un ménage est de 70 925 $ en moyenne, comparée aux 39 897 $ de Montréal, font que beaucoup voient l’Ouest-de-l’Île comme une zone riche (Ziuleva, 2015; Ville de Montréal, 2014). Cependant, le mythe de l’Ouest-de-l’Île riche renferme bien des discordances : notamment Sainte-Geneviève, dont le revenu moyen annuel net se situe sous les 34 702 $ – plus de 40 % de sa population gagne un revenu moyen annuel net se situant sous 30 000 $ et 7 % des ménages du nord de l’Ouest- de-l’Île gagnent moins que 15 000 $ par ménage (TQNOIM, 2014). Ces ménages se trouvent en plus grande proportion à Sainte-Genevieve (15 %), Cloverdale-À-ma-Baie (11 %), Pierrefonds Centre-Sud (11 %), Pierrefonds Ouest (7 %) et Dollard-des-Ormeaux Ouest (5 %). La moyenne des revenus annuels individuels à Dollard-des-Ormeaux Ouest (22 239 $) et à Pierrefonds Centre-Sud est, elle aussi, plus basse que la moyenne de Montréal (22 962 $). Il convient toutefois de remarquer qu’à l’exception de Sainte-Geneviève et de Cloverdale-à-ma-Baie (où 37 % des individus sont considérés comme ayant de faibles revenus), l’Ouest-de-l’Île compte moins de maisons familiales à loyer modique (TQNOIM, 2014). Pierrefonds Centre-Sud, Sainte-Genevieve et Sainte-Anne-de-Bellevue détiennent la plus haute proportion de personnes âgées vivant avec de faibles revenus (TQNOIM, 2014; Ziuleva, 2015). conclusion Les agressions sexuelles et l’exploitation sexuelle sont des enjeux sociétaux dont les femmes sont les victimes principales et qui touchent des femmes de tous rangs sociaux. Bien que toutes les victimes de violence sexuelle soient différentes, des méthodes efficaces ont été définies afin de mieux comprendre leurs besoins ainsi que les trajectoires qu’elles pourraient prendre. Les victimes d’agressions sexuelles ont besoin de conseils et de thérapie, d’être accompagnées au long de la procédure judiciaire et requièrent également d’autres types de soutien social. Quant aux victimes d’exploitation sexuelle, leurs besoins sont différents de ceux de la victime typique d’agression sexuelle. Dans leur cas, l’accent doit être mis sur la réintégration sociale, le soutien médical et la réintégration dans le travail. Il existe plusieurs initiatives de prévention qui pourraient présenter les informations de manière différente ; mais, quelle que soit la forme que ces programmes prennent, ils offrent des informations qui peuvent aider les enfants à définir et à dénoncer les agressions sexuelles et à supprimer la honte y étant rattachée. Une attention particulière devrait donc être accordée aux formations que les parents et les professionnels recevront. En effet, leur contenu devrait être similaire afin de garantir que les jeunes puissent engager le dialogue avec des adultes de confiance au sujet de la sexualité et des agressions sexuelles. Au moment de mettre ces connaissances en pratique et de se fier aux statistiques relatives à l’Ouest-de-l’Île de Montréal, il conviendra d’étudier attentivement les quartiers à faibles revenus et ceux dans lesquels vivent des personnes plus vulnérables comme des jeunes, des familles n’ayant qu’un revenu et des personnes âgées n’ayant que peu de moyens. La langue et la mobilité sont aussi des enjeux clés dans l’Ouest-de-l’Île, il faut donc être particulièrement vigilant afin de garantir que les services destinés aux victimes leur soient accessibles, et ce, en matière de mobilité comme de langage. tvsoi Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal 19
références Bergeron, M. and Hébert, M. (2012). La prévention et la formation en matière d’agression sexuelle contre les enfants. Sous la direction de Hébert, M., Cyr, M. et Tourigny, M. (2012) L’agression sexuelle envers les enfants : Tome 1. Québec : Presses de l’Université du Québec. Bergeron, M. (2008, inédit). Rapport sur la démarche d’identification des besoins de formation en matière d’agressions sexuelles commises envers les enfants auprès d’intervenantes provenant des milieux judiciaires, policiers, sociaux et médicaux. Québec, Canada : Centre d’expertise Marie-Vincent (CEMV). Comité d’action contre la traite interne et internationale (CATHII). (2014). Intervenir face à la traite humaine : La concertation des services aux victimes au Canada. Québec : Gouvernement du Canada. Finkelhor, D. (2007). Prevention of sexual abuse through educational programs directed towards children. Pediatrics, 120(3), 640-645. Gouvernement du Québec. (2001a). Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle. Québec : Ministère de la santé etdes services sociaux. Gouvernement du Québec. (2001b). Entente multisectorielle relative aux enfants victimes d’abus sexuels, de mauvais traitements physiques ou d’une absence de soins menaçant leur santé physique. Québec: Ministère de la santé et des services sociaux. Gouvernement du Canada (2012a). Plan d’action national de lutte contre la traite de personnes. Canada : Sécurité Publique Canada. International Labour Office (2005). A Global Alliance Against Forced Labour. Geneva. http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/--edeclaration/documents/publication/wcms_081882. Pdf 20 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
Kenny, M.C., Capri, V., Thakkar-Kolar, R.R., Ryan, E.E., et Runyon, M.K. (2008). Child sexual abuse: From prevention to self-protection. Child Abuse Review, 17(1), 36-54. Regroupement Québécois des Centres d’aide et lutte contre les agressions à caractère sexuel. (2014) Statistiques compilées au sein des CALACS membres pour l’année 2013-2014. http://www.rqcalacs.qc.ca/statistiques.php Service de Police de la Ville de Montréal. (2014). Plan d’action directeur sur la prostitution et la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle. Québec : Service de Police de la Ville de Montréal. Statistics Canada (2006). Recensement de la population de 2006. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensem ent/2006/index-fra.cfm Table de Quartier Nord-Ouest-de-l’île de Montréal (2014). Portrait du territoire du Nord-Ouest-de-l’île. / http://www.tqnoim.org/uploads/3/0/3/6/3036611/portrait_territoire_tqnoim_aout_2014.pdf Ville de Montréal. (2014). Profil sociodémographique: Agglomération de Montréal. http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/MTL_STATS_FR/MEDIA/DOCUMENTS/PROFIL_ SOCIOD%C9MO_AGGLOM%C9RATION.PDF Ziuleva, A. (2015). Portrait of the Population of the Southern West Island. http://tqsoi.org/wp-content/uploads/2015/02/TQSOI_Portrait2015_ENG_print-compressed.pdf tvsoi Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal 21
évaluation des besoins : prévention and intervention concernant la violence sexuelle dans l ’ ouest - de - l ’ île introduction et objectifs Le CALACS de l’Ouest-de-l’Île a initié un projet qui vise l’amélioration de l’accessibilité des services communautaires d’intervention et de prévention en matière de violence sexuelle contre les femmes et les filles1, par, entre autres, la mise sur pied d’une table de concertation multisectorielle en violence sexuelle pour la région de l’Ouest-de-l’Île. Cette initiative a reçu du financement dans le cadre de l’appel de propositions «Cyberviolence et violence sexuelle : aider les collectivités à intervenir» du Programme promotion de la femme de Condition féminine Canada. Les étapes du projet étaient la mise sur pied de la Table de concertation en matière de violence sexuelle dans l’Ouest-de-l’Île (Table VSOI) en septembre 2014, la présente évaluation des besoins de la population et des partenaires en matière de prévention et d’intervention sur le sujet ainsi que la consolidation de la Table et la réalisation d’actions. Dans le présent rapport, vous trouverez les résultats de la démarche d’évaluation des besoins. D’analyser, avec les personnes et organisations concernées, le portrait du milieu quant aux les objectifs généraux services communautaires d’intervention et de prévention en matière de la démarche de violence sexuelle contre les femmes et les filles, et d’évaluation des De mieux cerner les besoins afin d’identifier les priorités et les pistes de développement besoins étaient: pour la région concernant l’intervention et la prévention en violence sexuelle Tracer un portrait du milieu en identifiant les ressources existantes d’intervention et de prévention en matière de violence sexuelle (autant les ressources qui les objectifs offrent des services directs à la population que celles qui effectuent un travail de prévention sur le sujet); specifiques Identifier les forces2 des ressources existantes (facteurs positifs d’origine interne); étaient de: Identifier les faiblesses ou les défis des ressources existantes (facteurs négatifs d’origine interne); Identifier des possibilités ou des opportunités à saisir (facteurs positifs d’origine externe); Identifier des menaces ou des risques potentiels (facteurs négatifs d’origine externe). 1 Voir Annexe 4: Rappel de quelques définitions pour des informations générales sur la violence sexuelle. 2 Nous parlerons d’une analyse F.F.P.M. (Forces, faiblesses, possibilités et menaces) selon la traduction française de l’Office de la langue française du terme anglais «SWOT Analysis»: 22 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal tvsoi
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