Rapport: violence sexuelle - dans l'ouest de l'ile de montréal - Table de concertation en matière ...

La page est créée Agnes Masse
 
CONTINUER À LIRE
Rapport: violence sexuelle - dans l'ouest de l'ile de montréal - Table de concertation en matière ...
rapport :
violence’ sexuelle
             ’
     dans l ouest de l ile de montréal
table de matières

                    5

                    6

                    12

                    24

                    52

                    55
évaluation des besoins
     pour l’ouest-de-l’ile
             Un merci tout spécial a tous les
             partenaires de la table de concertation
             en matière de violence sexuelle dans
             l’Ouest-de-l’île pour leur collaboration
             et leur appui.
             Ce projet est financé dans le cadre
             du Programme de promotion de la
             femme de Condition féminine Canada.

                   Table VSOI
recension des écrits :
    pratique prometteuse en collaboration

    Différentes victimes                                      Chaque victime a des besoins différents, peu importe
                                                              la forme de violence sexuelle qu’elle a subie. Les
    demandent différents types d’assistance, dont des         intervenantes qu’elles rencontrent ont la responsabilité
    services de consultation et de soutien, d’assistance      de les aider à trouver les ressources existantes qui
    médicale et d’accompagnement ainsi que des services       serviront mieux leurs besoins. Cette recension des écrits
    de réintégration sociale. La plupart des établissements   a pour but de recenser les pratiques prometteuses en
    et des organismes communautaires n’offrent pas            collaboration et concertation, et ce, en considérant les
    un éventail complet de services et leur soutien ne        instances communautaires, provinciales et nationales.
    convient donc pas à toutes les victimes. Il est donc      Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre pour
    de la responsabilité desdits organismes de développer     assurer une complémentarité des services le long
    leur réseau afin de maintenir un accès facile et rapide   de la trajectoire de rétablissement de la victime de
    aux services de manière à ce que les victimes ne soient   violence sexuelle. La violence sexuelle est un terme
    pas mal orientées dans leur processus de guérison.        générique qui regroupe plusieurs problématiques plus
                                                              spécifiques, incluant sans s’y limiter, l’agression sexuelle
                                                              et l’exploitation sexuelle.
                                                              La création d’une entente formelle est un moyen
                                                              d’assurer la collaboration quand quelqu’un dévoile être
                                                              victime de violence sexuelle. Les ententes formelles
                                                              assurent qu’il existe des protocoles à suivre. L’une des
                                                              ententes à laquelle on se réfère souvent est l’entente
                                                              multisectorielle relative aux enfants victimes de sévices
                                                              sexuels, de mauvais traitements physiques ou d’une
                                                              absence de soins menaçant leur santé physique qui
                                                              implique le corps policier, le Département de Protection
                                                              de la Jeunesse et le substitut du procureur général
                                                              (Gouvernement du Québec, 2001b). Cette entente
                                                              multidisciplinaire se prononce clairement sur les étapes
                                                              à suivre en cas de sévices faits aux jeunes. Elle indique
                                                              en effet à qui s’adresser et explique clairement les
                                                              rôles de chacun des partenaires ainsi que les mesures
                                                              à prendre. Impliquer le Directeur de la Protection de
                                                              la Jeunesse est une manière de travailler qui fonctionne
                                                              bien avec les jeunes. Cependant, une entente formelle
                                                              entre les organismes communautaires et les autorités
                                                              peut amener les victimes à se méfier.

4    Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                                              tvsoi
rédigé par dana flynn
                                                         révisé par kharoll-ann souffrant
                                                                                                Table VSOI
                                                                      réalisé grâce au soutien financier de:

Selon le Comité d’action contre la traite humaine
interne et internationale (CATHII), la mise en place
de stratégies de collaboration telles que les ententes
formelles exige la présence d’une intervenante « pivot »
dont la fonction est de suivre la trajectoire de chacune
des victimes de la traite humaine (CATHII, 2014). Celle-
ci devra parfaitement connaître les ressources à sa
disposition, afin de pouvoir accompagner la victime dans
sa quête de services. Les partenaires de chaque comité
d’action s’entendent sur le fait qu’une coordination
ainsi qu’une intégration plus efficace des services sont
les meilleurs moyens de prévenir la traite, et que pour
y parvenir, une intervenante pivot doit être au cœur de
l’action (CATHII, 2014).
Selon le Gouvernement du Québec (2001a), les
concertations en matière d’agression sexuelle devront «
assurer la cohérence, la complémentarité et la continuité
des services d’aide, de protection et d’encadrement
dans le domaine des agressions sexuelles ». Cette
orientation pour la concertation est plus flexible que
les ententes formelles. Pourtant, elle ne propose pas
de structure ou d’actions concrètes à suivre face à une
révélation de la part des victimes. Le Gouvernement
du Québec (2001a) mentionne également que «
favoriser la transmission de l’information confidentielle
entre les différents intervenants et intervenantes dans
les situations d’urgence mettant en danger la vie ou
sécurité des personnes en révisant la législation » est
une priorité. Tous les organismes communautaires et
institutionnels ont leurs propres normes de sécurité
et protocoles liés à la confidentialité. Toutefois, il est
nécessaire de travailler sur le plan local et de parvenir
à partager les informations confidentielles. Il est aussi
essentiel de réussir à influencer le gouvernement à
modifier la législation afin de garantir que la transmission
de ces informations se fasse sans heurts.

tvsoi   					                                 Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal     5
Mettre en place des équipes ou des projets de services         souvent adoptée par les professionnels qui travaillent
    interdisciplinaires unis comprenant des unités mettant en      avec les victimes et les membres du public. Dans le but
    œuvre la loi pourrait également servir de remplacement         de réduire les attitudes négatives envers les victimes de
    à une entente formelle (CATHII, 2014). Afin de répondre        la violence sexuelle, plusieurs actions de collaboration
    adéquatement à différentes situations, particulièrement        soutiennent l’éducation et la sensibilisation auprès des
    lorsque les victimes ne veulent pas consulter la police,       membres de la société.
    il est suggéré qu’une telle équipe soit composée de            Parmi les stratégies clés discutées dans la littérature se
    membres multidisciplinaires qui représentent les               trouvent les actions de sensibilisation et de prévention
    secteurs communautaires et publics. Se rencontrer pour         concertées.
    discuter des cas particuliers permettrait à ces équipes de
    repousser l’idée voulant qu’une voie unique serve à toutes       Rappelons que Bergeron et Hébert (2012) indiquent
    les victimes, et ce, qu’importent les violences sexuelles        que le raisonnement qui ressort de tous les modèles est
    que cette dernière aura subies.                                  que les initiatives se déroulant dans les milieux scolaires
                                                                     permettent aux enfants de mieux comprendre et
    La formation et la sensibilisation ayant pour objectif de reconnaître ce que sont les agressions sexuelles, de mieux
    prévenir la violence sexuelle sont également des moyens comprendre leurs droits, d’apprendre à s’affirmer et de
    de travailler en étroite collaboration qui sont souvent savoir à qui dévoiler une agression s’ils en sont victimes.
    discutés dans la littérature. En effet, il existe des stratégies Une recension des études évaluatives des programmes
    plus axées sur les actions concertées et la sensibilisation de prévention conclut également que « le niveau de
    du public que sur la trajectoire que prendra chaque victime. connaissances et les habiletés de présentation des élèves
    Si la problématique de la violence sexuelle touche les de primaire qui participent à des interventions préventives
    individus, les comportements négatifs, les stéréotypes, les en milieu scolaire augmentent. » Il est également relevé
    mythes et les préjugés, etc., continuent malgré tout d’être que ces acquis se maintiennent dans le temps (Bergeron
    propagés par la société en général (RQCALACS, 2014). et Hébert, 2012).
    Cette attitude face à la violence sexuelle est également

6      Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                                                 tvsoi
Plusieurs programmes de sensibilisation et de prévention sont
                         offerts au sein de chaque communauté,et d’après le Gouvernement
                         du Québec (2001a), ceux-ci devront privilégier la prévention au
                         primaire et renforcer les approches participatives respectueuses
                         des cultures locales, qui visent à changer les comportements,
                         et qui touchent au sujet de l’inégalité, qu’il s’agisse de l’inégalité
                         entre les sexes ou de la question des réalités socioéconomiques.
                         Il est également suggéré que des programmes destinés au grand
                         public ainsi qu’aux responsables de la violence soient développés
                         (Gouvernement du Québec, 2001; Gendarmerie royale du
                         Canada, 2014). L’approche participative pourrait permettre
                         d’impliquer plusieurs partenaires multidisciplinaires et inciter
                         des chercheurs venant d’ailleurs à participer à la création de
                         programmes inclusifs.
                         La Gendarmerie royale du Canada (2014) et le CATHII (2014)
                         vont eux aussi dans le même sens et soutiennent vivement que
                         les professionnels qui, à l’occasion, pourront rencontrer des
                         victimes de violences sexuelles devraient être sensibilisés à cette
                         question et suivre une formation continue. L’accès à des sessions
                         de formation et de perfectionnement permettrait en effet à des
                         professionnels de partager leurs connaissances à propos de
                         cette problématique, et par conséquent, de mieux orienter le
                         développement et l’amélioration des services offerts ainsi que
                         d’encourager l’utilisation des méthodes et outils qui semblent
                         les plus efficaces auprès de cette clientèle.
                         Les collectivités peuvent également soutenir de nouveaux
                         programmes et projets afin de répondre aux besoins de leur
                         communauté. CATHII (2014) suggère par exemple que les projets
                         de soutien aux victimes de la traite humaine comprennent des
                         ressources d’hébergement, de réinsertion sociale, et cetera.
                         Il existe un nombre infini de façon dont une collectivité peut
                         collaborer à l’échelle locale, régionale ou nationale. Ce sont aux
                         associations elles-mêmes de décider s’il est préférable de mettre
                         en œuvre des mécanismes internes comme des protocoles
                         formels, ou des initiatives externes, comme participer à des
                         activités de prévention et de formation continue, ou même,
                         geste plus appréciable encore, de s’attaquer aux problèmes à
                         l’échelle sociétale et individuelle. Quelle qu’en soit la manière,
                         la collaboration est un élément clé si l’on veut améliorer l’accès
                         des victimes aux services existants et mettre en œuvre des
                         changements qui toucheront la société dans son ensemble, et ce,
                         que ce soit sur le plan local, national ou international.

tvsoi   					   Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal                 7
références

    Bergeron, M. and Hébert, M. (2012). La prévention et la formation en matière d’agression sexuelle contre les enfants.
         Sous la direction de Hébert, M., Cyr, M. et Tourigny, M. (2012) L’agression sexuelle envers les enfants : Tome 1.
         Québec : Presses de l’Université du Québec.

    Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes. (2002). Des interventions
         préventives et des services d’aide directe aux victimes en matière d’agression sexuelle : Description des pratiques québécoises. .

    Comité d’action contre la traite interne et internationale (CATHII). (2014). Intervenir face à la traite humaine :
        La concertation des services aux victimes au Canada. Québec : Gouvernement du Canada.

    Gendarmerie royale du Canada. (2014). Violence dans la famille et les fréquentations.
        http://www.rcmp-grc.gc.ca/cp-pc/fam-fra.htm

    Gouvernement du Québec. (2001a). Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle. Québec :
        Ministère de la santé etdes services sociaux.

    Gouvernement du Québec. (2001b). Entente multisectorielle relative aux enfants victimes d’abus sexuels, de mauvais traitements
        physiques ou d’une absence de soins menaçant leur santé physique. Québec: Ministère de la santé et des services sociaux.

    Regroupement Québécois des Centres d’aide et lutte contre les agressions à caractère sexuel. (2014) Statistiques compilées
        au sein des CALACS membres pour l’année 2013-2014. http://www.rqcalacs.qc.ca/statistiques.php

8       Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                                                             tvsoi
tvsoi   					   Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal   9
RECENSION DES ÉCRITS :
       MEILLEURS PRATIQUES EN PRÉVENTION DE LA VIOLENCE
       SEXUELLE AINSI QU’EN INTERVENTION AUPRÈS DES
       VICTIMES DE L’OUEST-DE-L’ILE DE MONTRÉAL

       la violence sexuelle est un enjeu sociétal. il s’agit d’un crime qui peut se

       manifester sous de nombreuses formes et qui est le plus généralement perpétré

       par des hommes contre des femmes. cette recension des écrits a pour objectif

       d’apporter plus d’informations sur les questions clés, sur les besoins des

       victimes en ce qui concerne l’intervention et la prévention communautaire

       et sur les pratiques prometteuses.

       elle cherche également à restituer le contexte relatif à l’ouest-de-l’île

       de montréal, quartier dans lequel ce projet se déroule, et à montrer la

       réalité dans laquelle vivent certaines populations de manière à ce que les

       organisations puissent prendre cela en compte lorsqu’elles tentent d’offrir

       leurs services aux habitants de ce quartier.

10   Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                  tvsoi
rédigé par dana flynn
                                                               révisé par kharoll-ann souffrant
                                                                                                              Table VSOI
                                                                                    réalisé grâce au soutien financier de:

        problématiques clés
        La violence sexuelle est un terme
        générique qui regroupe plusieurs
        problématiques particulières, incluant
        sans s’y limiter, l’agression sexuelle et
        l’exploitation sexuelle.

a) l’agression sexuelle
L’agression sexuelle est un acte de pouvoir et domination de nature criminel qui peut se manifester sous plusieurs
formes, telles que le viol, l’inceste, l’abus sexuel, les infractions sexuelles, les contacts sexuels, la prostitution et la
pornographie juvénile (Gouvernement du Québec, 2001a). Les sujets de la prostitution et de la pornographie juvénile
seront discutés plus tard afin de mieux souligner la prévalence et les différences qui existent entre les deux populations
victimes de ce phénomène. Afin de pouvoir déterminer quelles sont toutes les manifestations de ce geste criminel,
le gouvernement du Québec a adopté cette définition inclusive : « Une agression sexuelle est un geste à caractère
sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans
certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par du chantage. Il s’agit d’un acte
visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la
contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite. Une agression sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux,
notamment à l’intégrité physique et psychologique, et à la sécurité de la personne. (Gouvernement du Québec, 2001a)»
Selon le Regroupement québécois des CALACS (RQCALACS), 1 femme sur 3 a été victime d’au moins une agression
sexuelle depuis l’âge de 16 ans, et 1 homme sur 6 sera victime d’une agression sexuelle au cours de sa vie (RQCALACS,
2014).
De plus, ces statistiques donnent une vue d’ensemble tout à fait différente de celle qui est transmise par les mythes et
les préjugés. Point de vue qui domine la compréhension qu’une grande part de la population a au sujet de l’agression
sexuelle : « 39 % des agressions à caractère sexuel ont été commises dans un domicile que la victime partage avec
l’agresseur, 16 % des agressions sont commises au domicile de la victime, 22 % au domicile de l’agresseur, 6,3 % dans
un lieu public, 4 % au travail ou à l’école et 1,4 % dans les transports (RQCALACS, 2014). » Ces statistiques révèlent
que la plupart des femmes connaissaient leur agresseur avant l’acte, fait qui va à l’encontre du mythe commun voulant
que les agressions sexuelles soient perpétrées par des inconnus.

tvsoi   					                                Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal                11
b) l’exploitation sexuelle
     Le phénomène de l’exploitation sexuelle (ou la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle) est une préoccupation
     à l’échelle internationale ainsi que locale (SPVM, 2014). La traite de personnes comprend plusieurs formes d’exploitation,
     et bien que les hommes et les enfants en soient également victimes, l’exploitation sexuelle est une manifestation qui est
     le plus souvent subie par les femmes (Gouvernement du Québec, 2001a). Les femmes victimes d’exploitation sexuelle
     sont également victimes d’agression sexuelle, cependant cette forme de violence sexuelle a des conséquences tout à fait
     différentes pour les victimes.
     Selon Sécurité Publique Canada (Gouvernement du Canada, 2012), la traite de personnes a pour objectif de « recruter, de
     transporter et de loger les personnes ou [d’avoir] une influence sur leurs mouvements afin de les exploiter, généralement
     à des fins sexuelles ou de travail forcé (2012). » Ces victimes peuvent provenir d’autres pays, mais il s’agit souvent de
     personnes migrantes au sein même du pays – elles se déplacent d’une province à l’autre, ou même d’une ville à l’autre, soit
     par choix ou sous l’influence d’un proxénète (par exemple, les filles de Montréal qui sont exploités à Sarnia, ou dans une
     autre ville au Québec).
     Les victimes de la traite de personnes sont souvent manipulées par les promesses d’une qualité de vie améliorée, et ce, qu’il
     s’agisse de la traite internationale ou interne. Pour obtenir ce qu’ils veulent, les proxénètes utilisent souvent les moyens
     de manipulation et de contrôle suivants : conserver les pièces d’identité ou les passeports de leurs victimes, les agresser
     sexuellement, les menacer, les intimider, les battre, les isoler, les garder dans un état d’ébriété permanent (Gouvernement
     du Canada, 2012). L’exploitation sexuelle peut être commise par un réseau de crime organisé, par l’intermédiaire d’un
     individu qui leur sert de proxénète. Les gangs de rue du Québec sont souvent derrière les instances de prostitution juvénile
     (Gouvernement du Québec, 2012).
     Souvent et plus particulièrement quand les victimes sont des jeunes femmes, les proxénètes se cachent derrière une
     prétendue relation amoureuse, ils exploitent alors ces jeunes femmes en soutenant qu’ils ont besoin de leur aide financière.
     Au Québec, l’exploitation sexuelle a le plus souvent lieu sous le couvert des salons de massage, des bars de danse contact,
     des hôtels et des résidences privées (Gouvernement du Canada, 2012). Les statistiques relatives à la traite de personnes au
     Québec ne sont pas fiables à 100 %, fait qui est souvent associé avec les conséquences que la traite de personnes a sur ces
     victimes – la peur, la honte, la manipulation – on peut toutefois en présumer l’importance étant donné que la traite a été
     signalée par le gouvernement du Québec (2012), le Gouvernement du Canada (2012) et le SPVM (2014) comme étant une
     priorité et qu’un plan d’action a été établi. Le Gouvernement du Canada estime que 2,45 millions de personnes sur la planète
     sont victimes de la traite de personnes à tout moment, et les Nations Unies estiment que cette activité rapporte à peu près
     32 milliards de dollars américains chaque année (International Labour Office, 2005).

12      Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                                                  tvsoi
c) facteurs de vulnérabilité
  Plusieurs statistiques sinistres nous démontrent la dimension de ces problématiques, et nous indiquent des facteurs de
  vulnérabilité. Rappelons qu’une femme sur trois a été victime d’au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans, et
  qu’un homme sur six en sera victime au cours de sa vie (RQCALACS, 2014). Nous pouvons donc estimer que les femmes
  sont plus vulnérables que les hommes. Cela a été confirmé par le gouvernement du Québec qui a révélé que l’incidence
  des agressions sexuelles est beaucoup plus élevée auprès des femmes et des filles et qu’elle est trois fois plus élevée auprès
  des femmes âgées de 18 à 24 ans (Gouvernement du Québec, 2012). Être enfant est également un facteur de vulnérabilité
  — 62 % des victimes étaient âgées de moins de 18 ans lors de leur première agression, et 31 % des victimes âgées de 12
  ans et moins étaient des garçons (RQCALACS, 2014). On ne peut négliger que 16,6 % des victimes sont de sexe masculin,
  cependant le fait d’être du sexe féminin est un facteur de vulnérabilité clair et incontournable.
  En outre, certaines populations de femmes sont considérées comme étant plus vulnérables. Par exemple, plus de 75 %
  des jeunes filles autochtones âgées de moins de 18 ans ont été victimes d’agression sexuelle et 40 % des femmes ayant un
  handicap physique subiront au moins une agression sexuelle au cours de leur vie (RQCALACS, 2014). Le Gouvernement
  du Québec (2001a) ajoute également que les femmes ayant des handicaps mentaux seront plus souvent assujetties à des
  agressions sexuelles.
  Le Gouvernement du Québec (2001a) affirme que les agressions sexuelles ne touchent pas uniquement un groupe
  socioéconomique ; toutefois, les femmes marginalisées telles que les travailleuses du sexe, les toxicomanes et les femmes en
  situation d’itinérances sont plus susceptibles de devenir victimes d’agression sexuelle.
  Les facteurs de vulnérabilité varient lorsqu’on parle d’exploitation sexuelle dans les cas de traite de personnes. Certains
  facteurs d’incitation sont l’extrême pauvreté, le chômage, le manque d’éducation, les programmes sociaux inadéquats, les
  inégalités entre les sexes et la corruption. La guerre et l’agitation politique sont également comprises parmi les facteurs
  de vulnérabilité pour les victimes qui proviennent de pays autres que le Canada (Gouvernement du Canada, 2012). Ceux
  qui sont le plus à risque sont en général ceux qui sont « les moins avantagés sur le plan socioéconomique, par exemple
  les femmes, les jeunes et les enfants d’origine autochtone, les migrants, les nouveaux immigrants, les adolescents en fugue,
  les enfants sous protection, ainsi que les filles et les femmes, qui peuvent être attirés dans les grands centres urbains ou y
  déménager de façon volontaire. (Gouvernement du Canada, 2012) »

  d) conséquences
  Les agressions sexuelles ont diverses conséquences sur les victimes. Celles-ci peuvent varier selon la relation qui existe
  entre les agresseurs et leurs victimes, la fréquence et la durée des attaques, ainsi que la qualité du réseau social des victimes.
  Ces conséquences peuvent être physiques, sociales et psychologiques. Parmi les conséquences sociales, on compte : « la
  dépression, l’angoisse, la difficulté d’avoir des relations sociales, le manque d’efficacité au travail, la baisse du désir sexuel,
  l’insomnie, les troubles du sommeil et le recours croissant aux sédatifs et aux somnifères (Gouvernement du Québec, 2001).
  » Celles qui ne dévoilent pas les agressions qui leur ont été faites à l’enfance et à l’adolescence en subiront les multiples
  conséquences et conserveront les problèmes liés à l’agression sexuelle tout au long de leurs vies. Le RQCALACS (2014) a
  constaté que la grande majorité de leur clientèle est composée de femmes âgées de 30 à 60 ans, qui dans la plupart des cas
  ont été victimes d’agressions pendant l’enfance, on peut donc déduire qu’un grand nombre de femmes attendent plusieurs
  années avant de faire une demande d’aide et que ces dernières en subissent réellement les conséquences à long terme.
  Les victimes de la traite de personnes peuvent vivre les mêmes conséquences que les victimes d’agression sexuelle, mais
  elles endurent aussi souvent plusieurs conséquences dues au lavage de cerveau qu’elles ont subi. Elles peuvent craindre
  pour leurs vies, les vies de leurs proches, ou même nier être victime de la traite. De plus, elles peuvent apprendre à ne pas
  faire confiance aux inconnus, notamment aux policiers ou à ceux qui désirent les aider, ou les deux. Les femmes qui ne sont
  pas d’origine canadienne pourraient également rejeter les droits canadiens qui leur sont offerts, par peur de la déportation
  (Gouvernement du Canada, 2012).

tvsoi   					                                   Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal                        13
besoins en matière d’intervention

                                        Chacune des formes de violences sexuelles décrites ci-dessus
                                        présente des conséquences différentes, chaque groupe, ainsi
                                        que chaque individu ont donc des besoins particuliers. Ci-
                                        dessous se trouve une liste des besoins potentiels des victimes
                                        et des méthodes les plus efficaces à adopter dans chaque cas
                                        de violences sexuelles. Il est néanmoins important de rappeler
                                        que la trajectoire que prendra la victime pourrait ne pas
                                        correspondre à ces modèles.

                                        Les victimes d’agression sexuelle font face aux mythes et aux
                                        préjugés quotidiennement. La honte, la peur, et l’impression
                                        qu’elles ne seront pas crues et/ou qu’elles sont responsables de
                                        l’agression limitent souvent leur capacité à faire une demande
                                        d’aide. C’est la raison pour laquelle les intervenants n’ayant que
                                        quelques connaissances sur la réalité des agressions sexuelles
                                        doivent être formés (Gouvernement du Québec, 2001).

                                        Il est également important de tenir compte de la réalité
                                        particulière de chaque femme, particulièrement en ce qui
                                        concerne les femmes suivantes qui sont les plus vulnérables : les
                                        femmes autochtones, handicapées ou autrement marginalisées.
                                        Il existe également des obstacles sociaux : les femmes qui
                                        vivent dans la pauvreté, l’isolement ou l’exclusion éprouvent
                                        souvent de la difficulté à consulter les ressources de soutien.
                                        Pour répondre à leurs besoins, le Gouvernement du Québec
                                        constate qu’il faut que la gamme de services offerts soit adaptée
                                        aux besoins de chaque femme et comprenne « des informations,
                                        une protection, une orientation vers les ressources appropriées,
                                        un accompagnement dans les démarches, des soins médicaux
                                        adéquats et une aide psychosociale individuelle et de groupe
                                        (2001). »

                                        Il convient de faire particulièrement attention aux services
                                        d’accompagnement ; le Gouvernement du Québec constate en
                                        effet que les femmes ayant vécu des agressions sexuelles ont
                                        besoin d’accompagnement lors du processus judiciaire et du
                                        suivi médical (2001). La nature isolante du système judiciaire
                                        pourrait en être la cause : « Les victimes d’agression sexuelle
                                        se sentent souvent isolées, à la merci des procédures, confinées
                                        à un rôle de témoin, et elles souffrent d’avoir à raconter leur
                                        agression à plusieurs interlocuteurs différents et à plusieurs
                                        reprises. (Gouvernement du Québec, 2001) » Il est fort probable
                                        que la nature isolante de ce processus soit à l’origine du faible
                                        taux de plaintes relatives aux agressions sexuelles — un maigre
                                        10 %, selon le RQCALACS (2014).

14   Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                               tvsoi
Les besoins des victimes d’exploitation sont comparables à ceux des victimes d’agression sexuelle, mais il existe
toutefois des particularités. La traite de personnes est un méfait qui se déroule à long terme et qui a recours à des
mécanismes de manipulation, les femmes qui en ont été victimes ont donc souvent perdu leur autonomie. Leur
demander de se sortir d’une situation d’exploitation sexuelle sans leur apprendre comment répondre à leurs besoins
de base n’est donc pas réaliste et aura pour résultat la réintégration de ces femmes dans l’industrie du sexe qu’elles
connaissent (CATHII, 2014).

En plus des besoins signalés par le Gouvernement du Québec et mentionnés ci-dessus, les victimes de la traite de
personnes ont également besoin d’aide de la part de services d’hébergement et de programmes de réinsertion sociale.
Selon le Comité d’action contre la traite interne et internationale (CATHII), des liens étroits avec un réseau structuré
de services d’hébergements capables d’accueillir les victimes de la traite doivent être mis en place (CATHII, 2014).
Certains protocoles, comme des lits d’urgence réservés et des interventions policières, doivent être établis, les liens
qui existent actuellement étant plutôt informels et fonctionnant uniquement au cas par cas.

L’hébergement est vraiment un grand défi. En effet, les critères d’admission actuels ne sont pas assez flexibles : les
procédures de référence et les obligations à participer aux activités de l’organisme de soutien font qu’il est plus difficile
pour les femmes victimes de traite de bénéficier de leurs services. En outre, les mesures de sécurité mises en place ne
sont pas toujours adéquates. Il est recommandé que des programmes résidentiels pour les victimes de la traite soient
mis en œuvre pour garantir à ces dernières un suivi complet, sans la crainte d’être stigmatisées ou jugées (CATHII,
2014). Ces résidences pourraient également servir de lieux pour travailler à la réintégration de ces femmes dans la
société et leur enseigner les compétences qui leur permettront d’être autonomes, de trouver les emplois hors de
l’industrie du sexe, de gérer leurs propres finances, et cetera (CATHII, 2014).

Il faut également que ces femmes aient accès à des soins de santé, car certaines victimes souffrent de fatigue extrême,
séquelles des brutalités qu’elles ont subies, des ITS et de la toxicomanie. Elles ont donc besoin d’un accès à des services
de santé où elles pourront se rendre sans se sentir jugées (CATHII, 2014). Lors d’une étude, plusieurs intervenants ont
découvert que l’accès aux soins de santé était problématique pour cette population, particulièrement pour celles qui
sont victimes de la traite internationale, et qui n’ont ni passeport ni pièces d’identité. Pour ces femmes, les cliniques de
santé communautaires et les équipes mobiles sont ce qui convient le mieux (CATHII, 2014).

tvsoi   					                               Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal                  15
besoins en matière de prévention
     Plusieurs études ont été menées afin de mieux comprendre les problématiques associées à l’agression sexuelle et de
     déterminer les objectifs de prévention à atteindre ainsi que les méthodes les plus efficaces pour y parvenir (Hébert
     et Tremblay, 2002). Ces études rapportent que les objectifs principaux relatifs aux activités de prévention destinées
     aux enfants sont « d’augmenter la sécurité personnelle des jeunes en leur proposant des règles de sécurité à suivre,
     en leur enseignant les habilités à déployer s’ils se retrouvent dans une situation potentiellement dangereuse et en leur
     transmettant des informations au sujet de l’agression sexuelle. » Plusieurs programmes qui s’inspirent du concept de
     l’approbation afin de définir leur cadre conceptuel — Bergeron et Hébert (2012) — indiquent que le raisonnement
     qui ressort de tous les modèles est que les initiatives se déroulant dans les milieux scolaires permettent aux enfants de
     mieux comprendre et reconnaître ce que sont les agressions sexuelles, de mieux comprendre leurs droits, d’apprendre
     à s’affirmer et de savoir à qui dévoiler une agression s’ils en sont victimes. En outre, Finkelhor (2007) fait remarquer
     que ces programmes peuvent également diminuer la honte et la stigmatisation vécues par celles ou ceux qui ont subi
     des agressions sexuelles. Une recension des études évaluatives des programmes de prévention conclut également que
     « le niveau de connaissances et les habiletés de présentation des élèves de primaire qui participent à des interventions
     préventives en milieu scolaire augmentent. » Il est également relevé que ces acquis se maintiennent dans le temps
     (Bergeron et Hébert, 2012).

     En outre, il est suggéré dans la littérature que les parents devraient être impliqués dans ce processus de sensibilisation.
     Étant donné que les ateliers ne consistent généralement qu’en une seule rencontre, il est du devoir des parents de
     renforcer l’information acquise au quotidien. En s’impliquant, les parents seront plus en mesure de répondre aux
     questions de leurs enfants et pourront adapter et développer leurs réponses à partir des messages clés (Bergeron et
     Hébert, 2012). La participation parentale peut également contribuer à briser « le secret entourant l’agression sexuelle
     et stimuler des discussions parent-enfant sur la sexualité en général » (Kenny et coll., 2008). Malgré ces avantages, peu
     de programmes de prévention offrent systématiquement des ateliers de sensibilisation aux parents ou au personnel
     scolaire (Bergeron et Hébert, 2012).

     Par ailleurs, il est établi que faire des campagnes de sensibilisation auprès des adolescents pour prévenir les cas
     d’exploitation sexuelle peut en diminuer l’occurrence, voire dévoiler des cas, particulièrement quand les mécanismes
     utilisés par les proxénètes tels que l’amour et la manipulation sont nommés concrètement (Gouvernement du Québec,

16      Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                                                tvsoi
térritoire ciblé
f) particularités de la région

L’Ouest-de-l’Île de Montréal est composé de neuf villes (Dollard-des-Ormeaux, Dorval, Pointe-Claire, Kirkland,
Beaconsfield, Sainte-Anne-de-Bellevue et Senneville) et de deux arrondissements de l’île de Montréal (Pierrefonds-
Roxboro, L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève) (Ville de Montréal, 2014). Comme indiqué dans le recensement de 2006
de Statistique Canada (2006), la population de l’Ouest-de-l’Île était alors de 219 945 habitants. L’Ouest-de-l’Île
mesure 150 km², accueille 13 % de la population de l’île de Montréal et occupe un tiers de son territoire.

L’Ouest-de-l’Île est divisé en deux sous-secteurs : le nord et le sud. La division entre ces deux secteurs est
l’autoroute 40. Le sud est constitué de sept villes : Baie-D’Urfé, Beaconsfield, Dorval, Kirkland, Pointe-Claire,
Sainte-Anne-de-Bellevue et Senneville (Ziuleva, 2015;TQNOIM, 2014). Le nord est constitué des arrondissements
de Pierrefonds-Roxboro et de L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève et de la ville de Dollard-des-Ormeaux (TQNOIM,
2014). Ces territoires couvrent respectivement 84,5 km² et 66 km² et correspondent au secteur déterminé par
les établissements des CSSS de l’Ouest-de-l’Île : le CLSC du Lac-Saint-Louis et le CLSC de Pierrefonds. Cette
division est importante à cause des grandes différences qu’il existe entre la population, le transport, la richesse
et la couverture des services sociaux.

Il est notable que cette population varie considérablement si on la compare à la population de l’île de Montréal
où sont établis la majorité des services offerts aux victimes de violences sexuelles.

                                            SAINTE-GENEVIEVE

                                                                             ROXBORO

                                        ILE-BIZARD               DOLLARD-
                                                                 DES-
                                                                 ORMEAUX

                                                                POINTE-CLAIRE
                                   PIERREFONDS                                      DORVAL
                SENNEVILLE                           KIRKLAND

                                                BEACONSFIELD

                                       BAIE-                           MONTREAL WEST ISLAND
                                       D’URFE
                      STE-
                      ANNE-
                      DE-
                      BELLEVUE

tvsoi   					                              Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal               17
g) défi relatif à la langue

     La population de l’Ouest-de-l’Île ne ressemble pas à celle de l’île de Montréal lorsque l’on considère la langue. Dans le sud
     de l’Ouest-de-l’Île, 73,8 % ont déclaré pouvoir bien parler les deux langues officielles, tandis que 21,7 % ont dit ne parler que
     l’anglais, que 4,3 % ne parlent que le français et que 1 % ne parlent ni l’un ni l’autre (Ziuleva, 2015). Dans le nord, 67 % des
     résidents se considèrent bilingues, 21 % parlent uniquement l’anglais, 10 % seulement le français et 2 % ne parlent ni l’un ni
     l’autre (TQNOIM, 2014). Ces rapports varient énormément en comparaison à l’île de Montréal où 58 % des habitants se
     considèrent comme bilingues, 28 % ne parlent que français, 12 % ne parlent qu’anglais et 3 % ne parlent aucune des langues
     officielles. La proportion des habitants qui ne parlent qu’anglais et des habitants bilingue est sensiblement plus grande (+ - 8
     % et 9 % respectivement) (TQNOIM, 2014).

     Bien que la moyenne de la population allophone des deux quartiers soit moins élevée que celle de Montréal, il est important
     de remarquer que certains secteurs présentent un nombre disproportionné de ménages allophones, notamment les quartiers
     de Pierrefonds Sud (50 %) et de Dollard-Des-Ormeaux Sud (54 %) (Ziulieva, 2014; TQNOIM, 2014).

     h) défi relatif à la mobilité

     Le transport dans l’Ouest-de-l’Île de Montréal est au premier plan des priorités dans les deux secteurs. Dans le sud,
     une enquête d’Origine-Destination a révélé que 306 568 trajets hors du territoire étaient effectués quotidiennement
     (Ziuleva, 2015). Le nombre de trajets quotidiens de cette zone a augmenté de 36 % depuis 1998. Les destinations
     les plus populaires des passagers sont le nord de l’Ouest-de-l’Île (46 %), ainsi que le centre-ville de Montréal et sa
     périphérie. Dans le nord, les transports publics sont plus souvent utilisés par les habitants de Cloverdale-À-Ma-Baie (31
     %), leur moyenne approchant celle de Montréal (TQNOIM, 2014).

               En général, les habitants des quartiers nord et sud de l’Ouest-de-l’Île utilisent moins les transports publics
     que la population de l’île de Montréal où 26,1 % des habitants comptent sur les transports publics pour se déplacer
     (TQNOIM, 2014; Ziuleva, 2015). Ce fait est dû à une augmentation des embouteillages, à un réseau de pistes cyclables
     sous-développé et à un transit inefficace entre les quartiers nord et sud ainsi que pour les personnes qui se déplacent
     vers Montréal (Ziuleva, 2015). Il existe actuellement deux projets dont l’objectif est d’augmenter l’accessibilité à
     l’Ouest-de-l’Île. Le premier est le train de l’Ouest dont l’objectif serait de multiplier par plus de trois le nombre de
     trajets annuels et de faire en sorte que le nombre d’utilisateurs passe de 2,6 millions à 9,6 millions. Le deuxième est
     le Plan de Mobilité de l’Ouest, projet qui est toujours en progrès et dont le but est d’augmenter la mobilité de ce
     territoire (Ziuleva, 2015). Ceux qui se déplacent principalement à pied vivent dans les quartiers les plus défavorisés :
     Sainte-Geneviève, Pierrefonds Centre-Sud, DDO Est et Cloverdale-À-Ma-Baie (TQNOIM, 2015).

18      Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                                                      tvsoi
i) désavantage social
Certains des quartiers prospères de l’Ouest-de-l’Île comme Senneville, où le revenu net annuel d’un ménage est de
70 925 $ en moyenne, comparée aux 39 897 $ de Montréal, font que beaucoup voient l’Ouest-de-l’Île comme une
zone riche (Ziuleva, 2015; Ville de Montréal, 2014). Cependant, le mythe de l’Ouest-de-l’Île riche renferme bien des
discordances : notamment Sainte-Geneviève, dont le revenu moyen annuel net se situe sous les 34 702 $ – plus de 40 %
de sa population gagne un revenu moyen annuel net se situant sous 30 000 $ et 7 % des ménages du nord de l’Ouest-
de-l’Île gagnent moins que 15 000 $ par ménage (TQNOIM, 2014).
Ces ménages se trouvent en plus grande proportion à Sainte-Genevieve (15 %), Cloverdale-À-ma-Baie (11 %),
Pierrefonds Centre-Sud (11 %), Pierrefonds Ouest (7 %) et Dollard-des-Ormeaux Ouest (5 %). La moyenne des
revenus annuels individuels à Dollard-des-Ormeaux Ouest (22 239 $) et à Pierrefonds Centre-Sud est, elle aussi, plus
basse que la moyenne de Montréal (22 962 $). Il convient toutefois de remarquer qu’à l’exception de Sainte-Geneviève
et de Cloverdale-à-ma-Baie (où 37 % des individus sont considérés comme ayant de faibles revenus), l’Ouest-de-l’Île
compte moins de maisons familiales à loyer modique (TQNOIM, 2014). Pierrefonds Centre-Sud, Sainte-Genevieve
et Sainte-Anne-de-Bellevue détiennent la plus haute proportion de personnes âgées vivant avec de faibles revenus
(TQNOIM, 2014; Ziuleva, 2015).

conclusion
Les agressions sexuelles et l’exploitation sexuelle sont des enjeux sociétaux dont
les femmes sont les victimes principales et qui touchent des femmes de tous
rangs sociaux. Bien que toutes les victimes de violence sexuelle soient différentes,
des méthodes efficaces ont été définies afin de mieux comprendre leurs besoins
ainsi que les trajectoires qu’elles pourraient prendre. Les victimes d’agressions
sexuelles ont besoin de conseils et de thérapie, d’être accompagnées au long
de la procédure judiciaire et requièrent également d’autres types de soutien
social. Quant aux victimes d’exploitation sexuelle, leurs besoins sont différents
de ceux de la victime typique d’agression sexuelle. Dans leur cas, l’accent doit
être mis sur la réintégration sociale, le soutien médical et la réintégration dans
le travail. Il existe plusieurs initiatives de prévention qui pourraient présenter
les informations de manière différente ; mais, quelle que soit la forme que ces
programmes prennent, ils offrent des informations qui peuvent aider les enfants
à définir et à dénoncer les agressions sexuelles et à supprimer la honte y étant
rattachée. Une attention particulière devrait donc être accordée aux formations
que les parents et les professionnels recevront. En effet, leur contenu devrait
être similaire afin de garantir que les jeunes puissent engager le dialogue avec
des adultes de confiance au sujet de la sexualité et des agressions sexuelles. Au
moment de mettre ces connaissances en pratique et de se fier aux statistiques
relatives à l’Ouest-de-l’Île de Montréal, il conviendra d’étudier attentivement
les quartiers à faibles revenus et ceux dans lesquels vivent des personnes
plus vulnérables comme des jeunes, des familles n’ayant qu’un revenu et des
personnes âgées n’ayant que peu de moyens. La langue et la mobilité sont aussi
des enjeux clés dans l’Ouest-de-l’Île, il faut donc être particulièrement vigilant
afin de garantir que les services destinés aux victimes leur soient accessibles, et
ce, en matière de mobilité comme de langage.
tvsoi   					                               Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal         19
références

     Bergeron, M. and Hébert, M. (2012). La prévention et la formation en matière d’agression sexuelle contre les enfants.
          Sous la direction de Hébert, M., Cyr, M. et Tourigny, M. (2012) L’agression sexuelle envers les enfants : Tome 1.
          Québec : Presses de l’Université du Québec.

     Bergeron, M. (2008, inédit). Rapport sur la démarche d’identification des besoins de formation en matière
          d’agressions sexuelles commises envers les enfants auprès d’intervenantes provenant des milieux judiciaires, policiers, sociaux et
          médicaux. Québec, Canada : Centre d’expertise Marie-Vincent (CEMV).

     Comité d’action contre la traite interne et internationale (CATHII). (2014). Intervenir face à la traite humaine :
         La concertation des services aux victimes au Canada. Québec : Gouvernement du Canada.

     Finkelhor, D. (2007). Prevention of sexual abuse through educational programs directed towards children. Pediatrics, 120(3), 640-645.

     Gouvernement du Québec. (2001a). Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle. Québec :
         Ministère de la santé etdes services sociaux.

     Gouvernement du Québec. (2001b). Entente multisectorielle relative aux enfants victimes d’abus sexuels, de mauvais traitements
         physiques ou d’une absence de soins menaçant leur santé physique. Québec: Ministère de la santé et des services sociaux.

     Gouvernement du Canada (2012a). Plan d’action national de lutte contre la traite de personnes. Canada : Sécurité
         Publique Canada.

     International Labour Office (2005). A Global Alliance Against Forced Labour. Geneva.
           http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/--edeclaration/documents/publication/wcms_081882. Pdf

20       Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                                                                      tvsoi
Kenny, M.C., Capri, V., Thakkar-Kolar, R.R., Ryan, E.E., et Runyon, M.K. (2008). Child sexual abuse: From prevention
    to self-protection. Child Abuse Review, 17(1), 36-54.

Regroupement Québécois des Centres d’aide et lutte contre les agressions à caractère sexuel. (2014) Statistiques compilées
    au sein des CALACS membres pour l’année 2013-2014. http://www.rqcalacs.qc.ca/statistiques.php

Service de Police de la Ville de Montréal. (2014). Plan d’action directeur sur la prostitution et la traite de personnes à des
     fins d’exploitation sexuelle. Québec : Service de Police de la Ville de Montréal.

Statistics Canada (2006). Recensement de la population de 2006.
      https://www12.statcan.gc.ca/census-recensem ent/2006/index-fra.cfm

Table de Quartier Nord-Ouest-de-l’île de Montréal (2014). Portrait du territoire du Nord-Ouest-de-l’île. /
     http://www.tqnoim.org/uploads/3/0/3/6/3036611/portrait_territoire_tqnoim_aout_2014.pdf

Ville de Montréal. (2014). Profil sociodémographique: Agglomération de Montréal.
      http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/MTL_STATS_FR/MEDIA/DOCUMENTS/PROFIL_
      SOCIOD%C9MO_AGGLOM%C9RATION.PDF

Ziuleva, A. (2015). Portrait of the Population of the Southern West Island.
     http://tqsoi.org/wp-content/uploads/2015/02/TQSOI_Portrait2015_ENG_print-compressed.pdf

tvsoi   					                                    Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal                    21
évaluation des besoins : prévention and intervention
     concernant la violence sexuelle dans l ’ ouest - de - l ’ île

     introduction et objectifs
     Le CALACS de l’Ouest-de-l’Île a initié un projet
     qui vise l’amélioration de l’accessibilité des services
     communautaires d’intervention et de prévention en
     matière de violence sexuelle contre les femmes et les
     filles1, par, entre autres, la mise sur pied d’une table de
     concertation multisectorielle en violence sexuelle pour
     la région de l’Ouest-de-l’Île. Cette initiative a reçu du
     financement dans le cadre de l’appel de propositions
     «Cyberviolence et violence sexuelle : aider les collectivités
     à intervenir» du Programme promotion de la femme de
     Condition féminine Canada. Les étapes du projet étaient
     la mise sur pied de la Table de concertation en matière
     de violence sexuelle dans l’Ouest-de-l’Île (Table VSOI) en
     septembre 2014, la présente évaluation des besoins de la
     population et des partenaires en matière de prévention
     et d’intervention sur le sujet ainsi que la consolidation de
     la Table et la réalisation d’actions. Dans le présent rapport,
     vous trouverez les résultats de la démarche d’évaluation
     des besoins.
                                               D’analyser, avec les personnes et organisations concernées, le portrait du milieu quant aux
        les objectifs généraux
                                               services communautaires d’intervention et de prévention en matière
                   de la démarche              de violence sexuelle contre les femmes et les filles, et
                d’évaluation des               De mieux cerner les besoins afin d’identifier les priorités et les pistes de développement
                   besoins étaient:            pour la région concernant l’intervention et la prévention en
                                               violence sexuelle
                                               Tracer un portrait du milieu en identifiant les ressources existantes d’intervention
                                               et de prévention en matière de violence sexuelle (autant les ressources qui
                        les objectifs          offrent des services directs à la population que celles qui effectuent un travail de
                                               prévention sur le sujet);
                          specifiques
                                               Identifier les forces2 des ressources existantes (facteurs positifs d’origine interne);
                               étaient
                                     de:
                                               Identifier les faiblesses ou les défis des ressources existantes (facteurs négatifs d’origine
                                               interne);
                                               Identifier des possibilités ou des opportunités à saisir (facteurs positifs d’origine externe);
                                               Identifier des menaces ou des risques potentiels (facteurs négatifs d’origine externe).

         1
             Voir Annexe 4: Rappel de quelques définitions pour des informations générales sur la violence sexuelle.
         2
              Nous parlerons d’une analyse F.F.P.M. (Forces, faiblesses, possibilités et menaces) selon la traduction française de l’Office de la
             langue française du terme anglais «SWOT Analysis»:

22      Rapport: Violence sexuelle dans L’Ouest-de-l’île de Montréal				                                                                            tvsoi
Vous pouvez aussi lire