Coronavirus: les stars chantent sur Internet, pendant que Donald Trump réattaque la Chine - Reforme.net

 
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Coronavirus: les stars chantent sur
Internet, pendant que Donald
Trump réattaque la Chine
Pendant que les grandes puissances accusent un laboratoire chinois d’être à
l’origine à la pandémie de coronavirus, des dizaines de stars ont donné dans la
nuit de samedi à dimanche un concert virtuel “géant” et inédit, suivi en streaming
par des amateurs eux aussi confinés. Une mobilisation initiée par Lady Gaga, afin
de soutenir les personnels soignants en première ligne de la pandémie de
Covid-19.

Les Rolling Stones, Taylor Swift, Billie Eilish, Elton John, Jennifer Lopez, Celine
Dion, ou encore Paul McCartney ont joué, chacun dans l’intimité de leur salon ou
sur leur canapé. “Vous êtes des héros… Nous vous serons éternellement
reconnaissants de vos sacrifices (…)”, a lancé l’actrice Sarah Jessica Parker,
héroïne de la série “Sex and the city”, lors d’une des multiples interventions
réalisées par les stars depuis chez elles.

“Ensemble chez soi”
Ce concert mondial virtuel “One World: Together At Home” (“Un monde,
ensemble chez soi”), a permis de récolter quelque 35 millions de dollars (plus de
32 millions d’euros), alors qu’au moins 4,5 milliards de personnes, soit plus de la
moitié de l’humanité, vivent désormais confinées ou contraintes de rester chez
elles pour tenter d’enrayer la pandémie.

Selon un dernier décompte établi samedi soir par l’AFP à partir de sources
officielles, depuis l’apparition de la maladie en décembre en Chine dans la ville de
Wuhan (centre), au moins 157 539 personnes ont perdu la vie dans le monde,
alors que le cap des 100 000 morts a été franchi en Europe.

732 000 malades aux États-Unis
Les États-Unis sont désormais le pays le plus touché, tant en nombre de morts (au
moins 38 664 selon l’université Johns Hopkins) que de cas (au moins 732 197), et
ont mis en cause de façon répétée la Chine pour avoir “dissimulé” le nombre réel
de victimes comme la gravité de l’épidémie, permettant ainsi la contagion au
reste de la planète.

Dans un nouvel épisode de l’affrontement entre les deux pays et adversaires
géopolitiques, le directeur du laboratoire pointé du doigt par des médias
américains comme une possible source du Covid-19 a catégoriquement démenti:
“c’est impossible que ce virus vienne de chez nous”, a déclaré dans une interview
à la chaîne étatique CGTN, Yuan Zhiming, directeur de l’Institut de virologie de
Wuhan, ville épicentre de la pandémie.

Institut de virologie
Selon la plupart des scientifiques, le nouveau coronavirus a probablement été
transmis à l’homme par un animal. Un marché de la ville de Wuhan a été
incriminé car il aurait vendu des animaux sauvages vivants. Mais la présence à
quelques kilomètres de là de cet Institut de virologie alimente depuis des mois les
spéculations sur une fuite depuis ces installations sensibles.

Par la simple localisation de l’institut à Wuhan, “les gens ne peuvent pas
s’empêcher de faire des associations”, a déploré le directeur de cet institut,
accusant des médias qui “essayent délibérément de tromper les gens”, sans
“preuves”.

Dissimulation
Samedi 18 avril, Donald Trump s’en est pris de nouveau à Pékin, qu’il accuse
d’avoir “dissimulé” la gravité de la pandémie et de ne pas révéler le véritable
décompte de ses morts. L’épidémie “aurait pu être arrêtée en Chine avant qu’elle
ne commence et elle ne l’a pas été. Et maintenant, le monde entier souffre à
cause de cela”, a vilipendé le président américain. Et de mettre en garde: “S’ils
étaient sciemment responsables, oui, alors il devrait y avoir des conséquences”.

Le président français Emmanuel Macron et le chef de la diplomatie britannique,
Dominic Raab, ont eux aussi mis en doute en fin de semaine la transparence de
Pékin. Quant à l’Australie, elle a par ailleurs appelé dimanche 19 avril à
l’ouverture d’une enquête indépendante sur la façon dont l’Organisation mondiale
de la santé (OMS), elle aussi l’objet des critiques de la Maison Blanche pour sa
supposée proximité avec Pékin, a géré la crise.

Une Pâque orthodoxe au balcon
Donald Trump a par ailleurs émis l’espoir que les musulmans américains seront
tenus aux mêmes normes de distanciation sociale pendant le ramadan, qui débute
le 23 avril, que les chrétiens à Pâques.

Après les catholiques, les protestants et les juifs, c’est au monde orthodoxe de
fêter Pâques dimanche dans des circonstances exceptionnelles. Un confinement
intégral a ainsi été imposé en Serbie et en Macédoine du Nord jusqu’à lundi
matin. En Roumanie, les fidèles sont appelés à célébrer Pâques depuis leur
balcon. Et en Grèce, des milliers de policiers soutenus par des hélicoptères et des
drones sont mobilisés tout le week-end pascal pour éviter que les Grecs ne
partent à la campagne comme le veut la tradition.

“Ne pas se débiner face à ce virus”
Ailleurs dans le monde, le seuil des 1 000 morts officiellement recensés a été
franchi en Afrique, dont les trois quarts en Algérie, en Égypte, au Maroc et en
Afrique du Sud. Au Brésil, le président brésilien Jair Bolsonaro a répété son
opposition au confinement. “Il ne faut pas se débiner face à ce virus, il faut
l’affronter la tête haute, Dieu est avec nous”, a-t-il lancé.

Au Panama, environ 1 700 migrants clandestins en route vers les Etats-Unis ont
été confinés par les autorités dans une zone de jungle, après la découverte d’une
vingtaine de contaminations parmi eux.
Prudent déconfinement
En Europe, quelques pays se sont engagés dans la voie d’un prudent
déconfinement comme l’Autriche ou le Danemark. Berlin a jugé la pandémie
désormais “sous contrôle” en Allemagne, qui apparaît comme le grand État
européen à avoir le mieux géré la crise (moins de 4 000 morts), grâce notamment
à un large recours aux tests.

Mais pour l’OMS, la pandémie de coronavirus est loin d’être jugulée, avec des
“chiffres constants ou accrus” dans l’est de l’Europe et au Royaume-Uni, où le
gouvernement a décidé de prolonger le confinement “pour au moins trois
semaines”. En Espagne, les autorités ont annoncé samedi la prolongation jusqu’au
9 mai des mesures strictes de confinement.

Impact sur la santé mentale
Avec ces confinements prolongés se pose de plus en plus la question de l’impact
sur la santé mentale, les spécialistes observant “une augmentation inquiétante de
l’anxiété et de la dépression” dans les populations soumises à cette mesure
drastique, oubliée depuis des décennies dans nos sociétés modernes.

Autre conséquence, inattendue celle-là, du confinement: le Dr Anthony Fauci,
respectable épidémiologiste de 79 ans, et caution scientifique de la cellule de
crise anti-coronavirus de la Maison Blanch

“In Fauci We Trust”
Petites lunettes et tempes grisonnantes, le visage anguleux du spécialiste en
immunologie s’affiche désormais sur Tee-shirts “In Fauci We Trust” (“En Fauci
Nous Croyons”), mugs, donuts et chaussettes… Celui qui n’hésite pas à contredire
publiquement, mais toujours très diplomatiquement, Donald Trump, a été, avec
ses apparitions télévisées quotidiennes à la Maison Blanche, “propulsé au cœur
de tous les esprits”, explique un universitaire local.
Acquittement de Donald Trump,
pagaille dans l’Iowa : dure
semaine pour les démocrates
C’est décidément une semaine à oublier pour les démocrates. Donald Trump était
seulement le troisième président de l’histoire américaine visé par une procédure
de destitution. Il a été acquitté par le Sénat des deux chefs d’accusation le
concernant, ceux d’abus de pouvoir et d’entrave au Congrès. Le locataire de la
Maison Blanche est accusé d’avoir demandé au président ukrainien Volodymyr
Zelensky d’enquêter sur la famille de Joe Biden. Ce dernier, ex vice-président de
Barack Obama, est l’un des favoris du camp démocrate pour la présidentielle de
novembre 2020.

Certes, le résultat était prévisible. Minoritaires au Sénat avec 47 sièges, il aurait
fallu vingt voix républicaines aux démocrates pour pouvoir destituer le président.
Parmi les sénateurs républicains, seul un, Mitt Romney, a joint sa voix à celle des
démocrates sur la question d’abus de pouvoir. “Avec mon vote, je dirai à mes
enfants et à leurs enfants que j’ai fait mon devoir”, a déclaré l’élu mormon de
l’Utah dans son adresse au Sénat.

Discours sur l’état de l’union : un
satisfecit complet
Même si elle était attendue, cela reste une excellente nouvelle pour Donald
Trump. Mardi, déjà, lors du traditionnel discours sur l’état de l’Union, le président
s’était livré à un satisfecit en règle. Il s’est longuement félicité de la bonne santé
de l’économie du pays.

Ulcérée par le discours aux accents triomphalistes du président, la démocrate
Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, a ostensiblement
déchiré son exemplaire du discours de Donald Trump. Auparavant, Donald Trump
avait refusé de lui serrer la main. Un exemple de plus de la polarisation extrême
de la vie politique aux États-Unis.

Chaos dans l’Iowa
Pendant ce temps-là, dans l’Iowa, la confusion règne toujours. Trois jours après la
tenue du caucus de cet État du Midwest, qui lance officieusement la campagne
électorale pour la présidentielle, on ne connaît toujours pas les résultats finaux du
scrutin. La raison ? Des problèmes informatiques, affirme le parti démocrate, et
notamment l’utilisation d’une application défectueuse.

Le symbole est en tout cas désastreux pour les démocrates. Ceux-ci voulaient
faire de ce premier rendez-vous électoral une rampe de lancement vers la
reconquête du pouvoir. Avec quelque 96 % des résultats connus, deux candidats
sont au coude à coude dans l’Iowa. Avec 26,1 % des délégués, le sénateur du
Vermont Bernie Sanders talonne le maire de South Bend, Pete Buttigieg (26,2 %).
Viennent ensuite la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, avec 18,2 %
des délégués, puis Joe Biden (15,8 %).

Reconquérir les classes populaires : la
mission de Sanders
Quel candidat démocrate défiera Donald Trump en novembre prochain ? Il est
bien sûr trop tôt pour le dire. Mais Bernie Sanders et Pete Buttigieg incarnent
chacun une frange opposée du parti démocrate. Leurs divisions illustrent des
divergences profondes quant à la stratégie à adopter pour renverser Trump,
comme l’explique Célia Belin, chercheuse invitée à la Brookings Institution à
Washington.

Pour Sanders, la victoire de Donald Trump en 2016 est le symptôme du
décrochage des classes moyennes et populaires, abandonnées par le parti
démocrate. Bernie Sanders s’affiche comme “socialiste” – jusqu’ici un anathème
aux États-Unis. Il milite pour une couverture médicale universelle et obligatoire.
Mais aussi pour la gratuité des formations universitaires publiques, la fin du
recours aux énergies fossiles ainsi qu’un impôt sur la fortune ou sur les
transactions financières. Sa ligne politique est assez proche de celle d’Elizabeth
Warren, qui prône une régulation du capitalisme.

Recentrer la politique, un enjeu pour
Buttigieg
Pete Buttigieg, lui, se positionne à “l’extrême centre politique”, soutient Célia
Belin. Il considère que Trump est le produit de la polarisation excessive de
l’opinion publique. Une polarisation “causée par un dysfonctionnement des
institutions représentatives et par la rétribution des stratégies extrêmes”.

Pour Buttigieg, l’enjeu est donc de “recentrer la politique”, afin de réparer le
fonctionnement du système démocratique. Et de permettre, de nouveau,
l’émergence de compromis et de consensus.

L’influence de la “gauche des minorités”
Qu’en est-il de Joe Biden ? Depuis le début, l’ancien vice-président joue la carte
de la capacité à être élu. Pour l’establishment du parti démocrate, poursuit Célia
Belin, l’élection de Trump est avant tout un “accident”. Ce dernier aurait été
causé par l’efficacité d’une campagne de désinformation et par une erreur de
jugement sur la fidélité des électeurs du Midwest.

Enfin, le dernier paramètre à prendre en compte est la “gauche des minorités”.
Celle-ci voit dans la victoire républicaine en 2016 une réaction identitaire d’une
classe dominante, qui s’est sentie menacée par l’élection de Barack Obama. Elle
compte y répondre en promouvant la représentation politique des minorités. Si
elle n’a pas de candidat désigné, son poids électoral sera déterminant dans
l’élection.
Le début d’un long processus
Dans tous les cas, le processus de désignation du candidat démocrate ne fait que
commencer. Chaque caucus et primaire fournit des délégués à chaque candidat,
en fonction de leur part du vote dans chaque État. Comme ces délégués sont
répartis à la proportionnelle, la compétition pourrait encore durer des mois, avant
la convention nationale. Celle-ci aura lieu en juillet 2020 à Milwaukee, dans le
Wisconsin. Prochaine étape : la primaire du New Hampshire, le 11 février
prochain.

Les mormons,                                  une             nouvelle
religion ?
Les mormons souhaiteraient que vous cessiez de les appeler mormons. Depuis
2018, l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, ou Église SDJ, a banni
de sa communication ce sobriquet qui lui colle à la peau depuis le XIXe siècle.
Mormon, pour les… mormons, est le nom d’un prophète ayant sillonné l’Amérique
au début de notre ère. Oubliez “mormons”, donc, et utilisez, s’il vous plaît, “saints
des derniers jours”. Certes, ce n’est pas la première fois que l’Église SDJ tente de
reprendre en main son image. En 1995, elle avait ainsi remanié son logo pour y
faire ressortir les mots “Jésus-Christ”. C’est que les préjugés ont la dent dure
contre les mormons, dont le nom évoque encore la polygamie, pourtant
abandonnée en 1890. D’où la volonté de l’Église de rappeler son appartenance au
christianisme. Chrétiens, les mormons ? La question est complexe. “Lorsque j’ai
commencé à les étudier, je suis partie de l’idée que le mormonisme était une
branche quelque peu originale du protestantisme, se souvient Sophie-Hélène
Trigeaud, chargée de cours HDR à l’université de Strasbourg. Mais mes
recherches m’ont amenée à considérer qu’il s’agit plutôt d’une nouvelle religion.”

Joseph Smith, “prophète”
Avant de développer cette question, revenons brièvement en arrière, dans les
années 1820. En ce début de XIXe siècle, les États-Unis sont traversés par un
grand réveil religieux. Les “prophètes” qui émergent ont une obsession :
retrouver le christianisme des premiers temps. C’est à cette époque que le jeune
Joseph Smith (1805-1844) a une “vision” divine. Il en retire la certitude que toutes
les Églises sont dans l’erreur. Quelques années plus tard, il reçoit la visite d’un
ange, Moroni, qui lui indique l’existence de plaques d’or retraçant l’histoire des
anciens habitants du continent américain. En 1827, Moroni remet à Smith ces
plaques et deux pierres de voyance. Elles lui permettront d’en traduire le
contenu, rédigé en hiéroglyphes. S’il n’existe nulle preuve de l’existence de ces
plaques – Smith les aurait remises à Moroni –, leur traduction donne lieu à la
parution, en 1829, du Livre de Mormon. Quelques mois plus tard, le 6 avril 1830,
est créée “l’Église du Christ”. Le mormonisme était né.

Les mormons admettent l’existence et l’autorité de la Bible. Et des Écritures
propres à l’Église SDJ, comme le Livre de Mormon, Doctrine et Alliances (1835) et
La Perle de Grand Prix (1851), visent surtout à la compléter, la clarifier. Les
mormons se considèrent d’ailleurs comme chrétiens. “Ils tiennent surtout à se
présenter comme la ‘seule véritable Église du Christ’, fondant leur religion sur
l’idée d’un “rétablissement” de l’Église des origines”, précise Sophie-Hélène
Trigeaud. Les mormons, comme les autres protestants, croient en l’autorité de la
Bible et en Jésus-Christ, pratiquent le baptême et la Sainte Cène. Mais leurs
particularismes sont nombreux. Prenons les textes canoniques : pour un fidèle de
l’Église SDJ, le Livre de Mormon a un statut égal à celui de la Bible. L’ouvrage
retrace l’émigration de tribus hébraïques en Amérique, plusieurs siècles avant
notre ère. Il raconte comment Jésus, après son ascension au ciel, redescendit sur
le nouveau continent pour évangéliser les descendants de ces exilés. À bien des
égards, ce texte reprend le style de l’Ancien Testament. On y voit ainsi Jésus
accorder à son peuple obéissant le pouvoir d’anéantir ses ennemis.
La divinisation de l’homme
Vient ensuite la question prophétique. L’Église mormone est organisée de façon
pyramidale, avec, à sa tête, un “président, prophète, voyant, révélateur”. Loin
d’être un simple chef, ce dernier peut recevoir des “révélations” divines, à même
de changer la doctrine de l’institution. C’est ainsi que la polygamie fut
abandonnée, en 1890, ou que les Noirs furent admis dans l’Église, en 1978. Mais
c’est sans doute dans la conception même de Dieu que le mormonisme se
distingue le plus. “Au sein du christianisme, il existe une distinction assez nette
entre le Dieu créateur et l’homme sa créature ; l’homme fait partie de la création,
décrypte Sophie-Hélène Trigeaud. Chez les Mormons, il existe un schéma
totalement différent : les rituels des temples ont pour finalité de permettre à
l’homme de devenir, à terme, un Dieu ; le Christ, étant considéré comme
l’exemple à suivre dans cette voie. D’où une compréhension distincte de
“l’imitation de Jésus-Christ” généralement développée dans le christianisme.”

La clef de la pensée mormone serait donc au temple ? Pour y accéder, il faut en
tout cas montrer patte blanche : seuls les mormons détenteurs d’un “certificat de
dignité” peuvent passer ses portes. Ce qui se passe à l’intérieur est secret –
l’Église SDJ préfère dire “sacré”. Les rites initiatiques qui s’y déroulent
s’inscrivent dans le cadre du “plan de salut”, le plan de divinisation de l’individu.
Deux rituels, en particulier, illustrent ses finalités. Le mariage éternel, aussi
appelé scellement, est l’un d’eux. Il est intimement lié à la cosmogonie des
mormons. Pour ceux-ci, les cieux ne sont pas peuplés d’un seul Dieu, mais d’un
couple divin uni pour l’éternité : le Père et la Mère céleste. De même, lors du
mariage éternel, les époux scellent leurs épousailles pour toujours. Chaque époux
est ensuite “scellé” au lignage de son conjoint, afin de construire une famille
éternelle.

La famille, un pilier
La famille constitue la clef de voûte du plan de salut, comme le montre le rituel du
baptême des morts. Pour que le fidèle soit assuré d’un bonheur éternel, il
convient que toute sa famille, vivante, future et morte, puisse être unie à lui lors
de la résurrection des corps. Or, comme l’Église SDJ n’a été restaurée qu’en
1830, tous les humains n’ont pu bénéficier de ses enseignements. Dès lors, il
revient au mormon de faire baptiser ses ancêtres pour leur assurer les bienfaits
de la “vraie” religion. Ce dernier rituel explique le goût des mormons pour la
généalogie. Car le but ultime est de baptiser toute l’humanité… depuis Adam. Une
fois cette tâche accomplie, écrivait Joseph Smith, “la mort sera détruite”.

Alors, ces mormons, de quoi sont-ils le nom ? Tout au long de son histoire, l’Église
SDJ a navigué entre les grands principes du christianisme et les rituels du temple
teintés d’ésotérisme. Rétive à l’idée d’être qualifiée de nouvelle tradition
religieuse, la hiérarchie insiste sur son ancrage chrétien. À chacun de se faire son
avis. Mais n’oubliez pas : les mormons apprécieraient que vous ne les appeliez
plus mormons.

  Ni café, ni thé, ni alcool : bienvenue en
  terre mormone
  S’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un
  riche d’entrer dans le royaume de Dieu, c’est que Jésus n’avait pas essayé de
  boire un expresso sur le campus de la Brigham Young University, la
  prestigieuse université mormone de l’Utah. Et pour cause : le café y est banni.
  Les étudiants non mormons doivent user de subterfuges divers pour pouvoir y
  siroter leur boisson favorite. Tout saint des derniers jours qui se respecte se
  doit de suivre la “Parole de sagesse”, des recommandations de santé reçues par
  Joseph Smith en révélation, en 1833. Outre la prohibition de l’alcool et du
  tabac, il est très fortement déconseillé aux fidèles de consommer des “boissons
  brûlantes”, soit le thé et le café. D’autres aliments, à l’inverse, doivent être
  encouragés. S’ils obéissent à la Parole de sagesse, les mormons reçoivent des
  bénédictions physiques et spirituelles.

  Il serait aisé de ne voir en ces consignes que l’esprit du XIXe siècle, époque
  bénie des mouvements de tempérance en tout genre. Mais comme l’a constaté
  la chercheuse Sophie-Hélène Trigeaud, ces interdictions se teintent aussi de
  justifications théologiques : “Les fidèles que j’ai interrogés m’ont cité
  l’expérience du prophète Élie sur la montagne du Sinaï. Le Seigneur n’y
  apparaît ni dans le vent fort, le tremblement de terre ou le feu, mais dans ‘le
  bruissement d’un souffle ténu’. Les Mormons craignent d’avoir l’esprit
embrumé par l’alcool ou excité par le café, et de risquer de ne pas entendre le
  Saint-Esprit se manifester. Se priver de café est donc une pratique autant
  éthique que spirituelle pour eux.”

À lire

Devenir mormon
Sophie-Hélène Trigeaud, PUR, 2013, 365 p.

La religion des mormons
Bernadette Rigal-Cellard, Albin Michel, 2012, 350 p.

Lire aussi

  L’Église mormone, aussi riche que conservatrice

Présidentielle aux États-Unis :
comprendre les primaires et les
caucus
    Aux États-Unis, primaires et caucus sont un long processus qui s’étend de
    janvier à juillet. Une fois celui-ci achevé, les délégués envoyés par chaque
    État choisiront le candidat retenu pour l’élection.
    Lors des caucus, organisés par les partis, les militants inscrits sur les
    listes électorales se réunissent dans un lieu public. Les participants se
    répartissent en groupes en fonction des candidats qu’ils soutiennent. Le
    groupe le plus important reçoit le plus grand nombre de délégués. Les
    caucus rassemblent les militants les plus déterminés.

Les primaires, des scrutins secrets
    Les primaires sont des scrutins secrets et sont organisées par les pouvoirs
    publics. Selon les États, elles sont dites “fermées” (réservées aux seuls
    membres du parti), “ouvertes” (accessibles à tous, sous réserve qu’un
    démocrate ne puisse pas voter aussi lors de la primaire républicaine), ou
    “semi-ouvertes” (accessibles aux électeurs indépendants).
    Alors que le parti républicain tend à octroyer tous les délégués d’un État
    au candidat qui est arrivé en tête d’un caucus ou de primaires, le parti
    démocrate utilise un système proportionnel.
    Le parti démocrate prévoit aussi des “super-délégués”. Ces derniers,
    gouverneurs, membres du Congrès ou anciens présidents, décident d’eux-
    mêmes à qui accorder leur vote. Ils comptent pour environ 16% de tous
    les délégués démocrates.

Un système critiqué
    Le système des primaires est critiqué pour les sommes faramineuses
    dépensées par chacun des candidats et pour l’importance donnée aux
    premiers États, qui tendent à déterminer la suite de la campagne.
    Certains analystes reprochent aussi à ce processus de favoriser les
    candidats les plus extrémistes.
    Côté démocrate, la course à l’investiture oppose en premier lieu le
    sénateur du Vermont Bernie Sanders, l’ancien vice-président Joe Biden, le
maire de South Bend Pete Buttigieg et la sénatrice du Massachussetts
       Elizabeth Warren. L’ex-maire de New York Michael Bloomberg pourrait
       aussi jouer un rôle.
       Le candidat qui recevra l’investiture du parti démocrate sera désigné lors
       de la convention nationale, qui se déroulera du 13 au 16 juillet à
       Milwaukee, dans le Wisconsin. La convention nationale républicaine, qui
       aura lieu du 24 au 27 août à Charlotte, en Caroline du Nord, sera une
       simple formalité. Sauf surprise majeure, Donald Trump sera candidat à sa
       réélection.

Pour   certains    évangéliques
américains, Donald Trump est un
nouveau Cyrus
La scène se déroule le 3 janvier dernier dans la megachurch El Rey Jesús de
Miami. Moins d’un jour après avoir ordonné la mort du général iranien Ghassem
Soleimani, Donald Trump y lance “Les évangéliques pour Trump”, une coalition
destinée à assurer sa réélection en novembre prochain. Microphone à la main et
voix assurée, le pasteur Guillermo Maldonado improvise alors une prière : “Nous
te demandons, Seigneur, qu’il soit le Cyrus qui apportera les réformes et le
changement dans ce pays, pour que toutes les nations disent que les États-Unis
sont la plus grande nation sur Terre. »

Donald Trump, un Cyrus? Que diable vient faire le fondateur de l’empire perse
dans cette histoire ? Pour le comprendre, un bref retour en arrière s’impose. Le
30 septembre 2016, quelques mois avant l’élection qui portera Donald Trump à la
Maison Blanche, le conférencier pentecôtiste américain Lance Wallnau publie
God’s Chaos Candidate (“le candidat du chaos de Dieu”). Dans ce livre, Wallnau
raconte l’expérience qu’il a vécue dans la Trump Tower, à New York. Là, Dieu lui
a parlé et lui a annoncé que Donald Trump était “un boulet de démolition contre
l’esprit du politiquement correct”. Plus tard, Dieu lui glisse à l’oreille les mots
suivant: “Ésaïe 45.”

Donald Trump agit pour Dieu
Intrigué, Lance Wallnau ouvre sa Bible au chapitre 45 du livre du prophète :
“Voici ce que dit le Seigneur à l’homme qui a reçu son onction – à Cyrus, que j’ai
saisi par la main droite, pour terrasser devant lui des nations […].” Quel rapport
avec Donald Trump? S’il est élu, le candidat républicain sera justement le… 45e
président des États-Unis. 45, comme le chapitre d’Ésaïe. Voir en Trump un Cyrus
contemporain tombe alors à point nommé pour nombre d’évangéliques. Car avec
ses divorces, ses adultères et sa grossièreté, Donald Trump se situe à l’opposé des
“valeurs” chrétiennes traditionnelles. Le comparer à Cyrus permet de résoudre la
quadrature du cercle.

Professeur agrégé à l’université Concordia, au Canada, André Gagné est
spécialiste du fondamentalisme évangélique. Il décrypte cette association à
première vue étrange: “Chez Ésaïe, Cyrus est un souverain païen, mais il est
choisi par Dieu pour libérer le peuple élu, le peuple juif. Dieu fait de Cyrus son
‘oint’; c’est le seul non-Juif à bénéficier d’une telle faveur dans la Bible. Même si
Cyrus n’est pas croyant, c’est un instrument de Dieu, qui agit pour le bénéfice du
peuple de Dieu.”

Cyrus le Grand a notamment conquis Babylone, où les Juifs vivaient en captivité.
Il a accepté de les laisser retourner en Israël pour y reconstruire leur temple. De
la même façon, argue Lance Wallnau, Donald Trump, malgré tous ses défauts,
agit pour Dieu. C’est ce que déclare le conférencier lors du Jim Bakker Show, une
célèbre émission de télévangélisme : peu importent les écarts du candidat, “s’il
est oint […], je travaillerai avec lui, car il aime les évangéliques et est entouré
d’évangéliques!”

Depuis le début de sa présidence, ces derniers se sont en effet rapprochés des
cercles du pouvoir. Outre le vice-président Mike Pence, autoproclamé born again
catholic (“catholique né de nouveau”) et le secrétaire d’État Mike Pompeo, Paula
White-Cain a l’oreille du président américain. Cette télévangéliste adepte de la
théologie de la prospérité a été nommée conseillère spirituelle de la Maison-
Blanche en octobre dernier. Le pasteur Ralph Drollinger, lui, organise tous les
mercredis une étude biblique destinée aux cadres de la Maison-Blanche.

Les sept montagnes
Cette présence au plus près du pouvoir s’inscrit dans le cadre d’une stratégie
d’influence plus globale chez certains évangéliques, celle des “sept montagnes”
de l’influence sociétale. Religion, famille, éducation, gouvernement… Il s’agit de
s’organiser pour aligner les valeurs de la société américaine sur les valeurs
chrétiennes. Et dans cette véritable guerre culturelle, Donald Trump tient
parfaitement son rôle.

Depuis son accession à la présidence, le candidat républicain n’a cessé de donner
des gages à son électorat évangélique. Vendredi 24 janvier, il a ainsi participé à la
Marche pour la vie, à Washington. Il a aussi nommé deux juges
ultraconservateurs à la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du pays.
Et en mai 2018, il a acté le transfert de l’ambassade des États-Unis en Israël de
Tel-Aviv à Jérusalem. Une décision à la très forte portée symbolique… au point
qu’une organisation israélienne, le Mikdash Educational Center, a frappé une
pièce représentant deux hommes de profil: Donald Trump et le roi Cyrus.

Certes, la comparaison entre les deux hommes peut sembler anecdotique. Elle
témoigne pourtant du mélange entre une certaine lecture des textes bibliques et
des décisions politiques. “Savoir déchiffrer ces références bibliques aide à
comprendre ce qui se joue aujourd’hui aux États-Unis, indique André Gagné. Elles
disent quelque chose d’essentiel de la manière dont les évangéliques proches de
Donald Trump voient le monde, et cela nous concerne tous. Car si le président
américain est l’oint de l’Éternel, si les États-Unis sont le porte-étendard de la
volonté de Dieu, cela signifie qu’en tant que chrétien, on ne peut pas remettre en
question ses décisions. Et c’est là quelque chose d’assez inquiétant…”

À lire
andregagne.weebly.com : le site web d’André Gagné, professeur agrégé à
l’université Concordia

Les États-Unis de Trump en 100 questions
Laurence Nardon, Tallandier, 2018, 16,50 €

Une guerre avec l’Iran, première
étape avant la fin du monde ?
Hasard du calendrier ? Moins d’un jour après la frappe de drone américain ayant
coûté la vie au général iranien Ghassem Soleimani, Donald Trump s’adressait, le 3
janvier dernier, à des milliers de chrétiens évangéliques réunis dans une
megachurch de Miami. Le président américain, en terrain conquis, y a
officiellement lancé “Les évangéliques pour Trump”, une coalition dans l’optique
de l’élection présidentielle de 2020.

Lors de son discours, le locataire de la Maison Blanche n’a pas manqué de
mentionner l’attaque américaine. “Ghassem Soleimani a été tué et son carnage
sanglant est fini pour toujours”, a-t-il martelé, martial, sous les applaudissements
de la foule.

Mike Pence et Mike Pompeo
Les chrétiens évangéliques blancs, socle de l’électorat de Trump – en 2016, ils
l’ont plébiscité à plus de 80 % face à son adversaire démocrate Hillary Clinton –
ont dans l’ensemble très bien accueilli la mort du haut gradé iranien. Parmi eux,
certains jouent les premiers rôles dans l’administration Trump actuelle. C’est
notamment le cas de Mike Pence, le vice-président, et du secrétaire d’État Mike
Pompeo (l’équivalent de notre ministre des Affaires étrangères).

Pour ce dernier, l’Iran est une véritable obsession. Selon le Washington Post, c’est
lui qui a fini par convaincre Donald Trump d’éliminer Soleimani. Avide lecteur de
notes diplomatiques sur la République islamique, Pompeo voit en l’Iran la
principale source de menace pour les intérêts américains dans le monde.

Le spectre de la Révolution islamique de
1979
Certes, la défiance de Washington envers Téhéran ne date pas d’hier. La
révolution islamique de 1979, avec l’humiliation de la prise d’otages à
l’ambassade des États-Unis, a laissé des traces dans la psyché américaine.

Mais pour beaucoup d’évangéliques américains, l’hostilité à l’Iran se double de
considérations théologiques. Car le Moyen-Orient, pour ces chrétiens, est une
région à part dans le monde. Une région qui jouera un rôle central lors de la
seconde venue du Christ.

L’enlèvement de l’Église
Se basant sur des versets bibliques comme Luc 21,25-28, ces évangéliques
cherchent dans les événements contemporains des signes annonciateurs de
“l’enlèvement de l’Église”. Lors de ce dernier, les croyants vivants et morts – ces
derniers seront ressuscités – monteront au ciel à la rencontre de Jésus.
L’enlèvement de l’Église constitue la clef de voûte de la théologie eschatologique
de nombreux évangéliques américains. Ces derniers citent deux passages
bibliques pour étayer leur thèse : 1 Thessaloniciens 4,13-18 et 1 Corinthiens
15,50-53.

Or il se trouve que l’un des signes annonciateurs de l’enlèvement de l’Église,
toujours selon cette théologie, sera une bataille finale qui opposera une coalition
mondiale à Israël. Parmi les membres de cette coalition, les chapitres 38 et 39 du
prophète Ézéchiel mentionnent “Gog” et “Magog”, des ennemis venus du Nord.
Ennemis que dans certains cercles évangéliques américains, on a souvent
comparé à la Russie, ainsi qu’à… l’Iran.

Un théologien protestant au secours de
Jacques Chirac
En 2003, déjà, George W. Bush, lui-même chrétien born again, avait évoqué Gog
et Magog lors d’une discussion téléphonique avec Jacques Chirac. Le président
américain tentait alors de convaincre son homologue français de participer à
l’invasion de l’Irak. Intrigué, l’Élysée avait demandé à la Fédération protestante
de France un éclairage sur le sujet. Celle-ci avait fait appel au théologien Thomas
Römer, alors professeur à l’université de Lausanne, pour qu’il replace Gog et
Magog dans son contexte biblique.

“Comme de nombreux chrétiens américains, décryptait en 2007 Thomas Römer
dans un article du magazine de l’université de Lausanne, George W. Bush croit
que Dieu sera auprès d’Israël lors de la confrontation finale, donc que les ennemis
de ce pays seront dans le camp de l’Antéchrist. Il soutiendra donc Israël sans
faiblir, parce qu’il est intimement persuadé que, quand la fin des temps arrivera,
il faudra être du côté d’Israël.”

L’ambassade américaine à Jérusalem
“Cette lecture américaine échappe effectivement aux Européens, qui ont perdu ce
rapport aux textes bibliques, précisait le théologien protestant. […] Pour un
Américain, ces questions sont centrales. Si on oublie le religieux dans l’analyse du
soutien des États-Unis à Israël, on se trompe.”

La décision de Donald Trump, fin 2018, de déplacer l’ambassade américaine de
Tel-Aviv à Jérusalem s’inscrit précisément dans ce contexte. Le président
américain sait que pour être réélu, il doit faire le plein de voix parmi les
évangéliques.

Pour André Gagné, professeur agrégé à l’université Concordia au Canada et
spécialiste du fondamentalisme évangélique, ce discours n’est pas nouveau aux
États-Unis. Ce qui l’est, c’est qu’aujourd’hui “les évangéliques sont sans doute
plus proches des cercles du pouvoir que jamais : ils ont totalement l’oreille de
Trump. Et la mort de Soleimani va encore solidifier leur soutien au président
américain.”

  En quelques versets

  L’enlèvement de l’Église :
  1 Thessaloniciens 4,13-18

  13 Nous ne voulons pas, frères, vous laisser dans l’ignorance au sujet des
  morts, afin que vous ne soyez pas dans la tristesse comme les autres, qui n’ont
  pas d’espérance.

  14 Si en effet nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, de même
  aussi ceux qui sont morts, Dieu, à cause de ce Jésus, à Jésus les réunira.

  15 Voici ce que nous vous disons, d’après une parole du Seigneur : nous, les
  vivants, qui serons restés jusqu’à la venue du Seigneur, nous ne devancerons
  pas du tout ceux qui sont morts.

  16 Car lui-même, le Seigneur, au signal donné, à la voix de l’archange et au son
  de la trompette de Dieu, descendra du ciel : alors les morts en Christ
  ressusciteront d’abord ;

  17 ensuite nous, les vivants, qui serons restés, nous serons enlevés avec eux
  sur les nuées, à la rencontre du Seigneur, dans les airs, et ainsi nous serons
  toujours avec le Seigneur.

  18 Réconfortez-vous donc les uns les autres par cet enseignement.

  1 Corinthiens 15,50-53

  50 Voici ce que j’affirme, frères : la chair et le sang ne peuvent hériter du
  Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l’incorruptibilité.

  51 Je vais vous faire connaître un mystère. Nous ne mourrons pas tous, mais
tous, nous serons transformés,

52 en un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette finale. Car la
trompette sonnera, les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons
transformés.

53 Il faut en effet que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, et que cet
être mortel revête l’immortalité.

Les signes annonciateurs :
Luc 21-25-29

25 « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et sur la terre les
nations seront dans l’angoisse, épouvantées par le fracas de la mer et son
agitation,

26 tandis que les hommes défailliront de frayeur dans la crainte des malheurs
arrivant sur le monde ; car les puissances des cieux seront ébranlées.

27 Alors, ils verront le Fils de l’homme venir entouré d’une nuée dans la
plénitude de la puissance et de la gloire.

28 « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et
relevez la tête, car votre délivrance est proche. »

Gog et Magog
Ézéchiel 38,14-16

14 C’est pourquoi, prononce un oracle, fils d’homme ; tu diras à Gog : Ainsi
parle le Seigneur DIEU : Le jour où mon peuple d’Israël résidera en sécurité,
n’auras-tu pas la connaissance ?

15 Tu viendras de ton pays, de l’extrême nord, toi et de nombreux peuples avec
toi ; tous montés sur des chevaux, vous formerez une grande assemblée, une
immense armée.

  16 Tu monteras contre mon peuple d’Israël, au point de recouvrir le pays
  comme une nuée. Cela se passera à la fin des temps ; je te ferai venir contre
  mon pays, afin que les nations me connaissent quand, sous leurs yeux, ô Gog,
  j’aurai montré ma sainteté à tes dépens.

Attaques de drones et réaction
américaine : le poids du pasteur de
Donald Trump
Samedi 14 septembre, des rebelles yéménites ont provoqué l’incendie de deux
sites pétroliers en Arabie Saoudite. Le président Trump a promis de répliquer s’il
s’avérait que l’Iran a manipulé cette attaque. Certains courants évangéliques
américains soutiennent l’escalade militaire. En France, une telle attitude serait
impensable.

Le pasteur de Trump
Connaissez-vous Ralph Drollinger? ancien joueur de basket devenu pasteur, il
passe pour être le pasteur de Donald Trump. Or, que pense-t-il de la paix? Il a
récemment affirmé: “Il ne s’agit pas de savoir si Dieu accepte ou non une guerre,
Il l’accepte.” Dans un même élan, il a déclaré que les chefs d’États ou de
gouvernements n’étaient pas obligés de promouvoir la paix. Ralph Drollinger est
loin d’être un cas unique. Les chrétiens évangéliques représentent un quart de la
population. Tous ne sont pas des va-t-en guerre. Mais une majorité d’entre eux
influe de cette façon sur le débat public. C’est ce qui ressort du livre “The
Evangelicals, the struggle to shape America” (“Les évangéliques, la lutte pour
façonner l’Amérique”, non traduit en France) qui valut le prix Pulitzer à la
journaliste Frances Fitzgerald.

Le cas Français
“Je suis convaincu que la grande majorité des évangéliques français est consterné
par le comportement de leurs frères américains, souligne le pasteur Matthieu
Richelle. Grâce à la loi de séparation des Églises et de l’État, il ne leur viendrait
pas à l’idée de prendre des positions politiques aussi tranchées.” L’éducation
nationale promeut un tout autre modèle, une conception différente de la
République et des valeurs qu’elle affirme. Une lecture littérale de la Bible, une
façon des versets sur les choix politiques pourrait rapprocher les évangéliques
des deux rives de l’Atlantique.

L’intervention du CNEF
Voici quelques mois, le Conseil National des Évangéliques de France (CNEF) a
publié une contribution de l’Alliance Évangélique Européenne. Elle mettait en
garde contre les dangers du populisme et du nationalisme: “Les chrétiens doivent
une loyauté primordiale à Christ. Mais nous vivons notre vocation dans le
contexte d’une nation et d’une culture. À condition que nous reconnaissions que
son autonomie est limitée, la nation peut nous procurer un sentiment positif
d’appartenance et de communauté. Mais il nous faut toujours discerner les
aspects de notre nation et de notre culture que nous pouvons approuver et ceux
que nous devons contester à la lumière de la nature de Dieu révélée dans le récit
biblique.”

Le choix de la sagesse
Une telle prise de position s’avèrera sans doute salutaire. En France, comme aux
États-Unis d’ailleurs, peut exprimer librement son opinion. Mais en séparant les
domaines de façon claire. “Trop de pasteurs évangéliques ne disposent pas de
formation théologique suffisante, déplore Matthieu Richelle. En plaquant des
versets bibliques sur des questions politiques d’actualité, ils risquent de
provoquer de graves erreurs. Mieux vaut prévenir ces dérives.” Une position de
sagesse qui traversera peut-être l’Atlantique…

Frédérick Casadesus

Diplomatie : “Donald Trump joue
la carte de l’humiliation”
L’Amérique est donc repartie en guerre ! Mais cette fois-ci, en s’engageant en
force contre l’Iran, c’est tout le Proche et le Moyen-Orient qui risquent de
s’embraser, balayant les fragiles équilibres d’un monde, d’ores et déjà, fissuré par
les effets du réchauffement climatique et des chocs migratoires croissants qui
vont affecter tous les continents, donc l’avenir de notre planète.

Nous voilà revenus à la menace des armes de destruction massive, inventée par
l’administration Bush pour « libérer » l’Irak d’un tyran, et apporter la
« démocratie » à son peuple. Mais aussi pour contrôler ses puits de pétrole. On
connaît la suite : le chaos et l’effondrement de la société irakienne offerte au
terrorisme aveugle de Daech. Toutes les interventions militaires américaines
passées se sont soldées par des échecs depuis trente ans (en Somalie, les trois
guerres contre l’Irak, en Afghanistan, etc.), ou bien par le rappel de la domination
des États-Unis sur le monde (Panama, Haïti, Kosovo, etc.).
Haines et rancœurs
Cet interventionnisme constant de l’Amérique dans les affaires de la planète doit
nous préoccuper, car plutôt que d’apporter une solution durable et équitable à un
conflit régional, il exacerbe les haines et les rancœurs contre l’Occident tout
entier, jugé complice de la politique xénophobe et anti-arabe américaine.

Aujourd’hui, le président Trump, entend donner à Israël satisfaction en
éradiquant définitivement ce contre-pouvoir politique régional que représente
l’Iran, qui l’empêche d’imposer sa loi et d’absorber tranquillement la Palestine.
Avec l’appui, dit-on, de certaines Églises américaines qui se disent chrétiennes et
qui prêchent la guerre !

Sans entrer dans le débat de la non-prolifération nucléaire, notamment militaire,
l’attitude du président Trump traduit son mépris pour les peuples arabo-
musulmans. Son arrogance, dans ses diktats adressés aux dirigeants iraniens,
n’est pas pour favoriser l’ouverture d’un véritable dialogue.

Sait-il au moins que l’Iran est l’un des piliers historiques de ce monde qui est le
nôtre ? Obama avait amorcé une relation nouvelle, faite de respect, avec les pays
du Levant. Il avait décidé de réintégrer l’Iran dans le concert des nations, jugeant
que cette démarche permettrait de restaurer la paix dans cette région. Cette
option a été gommée par son successeur, qui y préfère l’humiliation.

L’Amérique entend s’opposer à la Chine, à l’Iran, à la Russie plus discrètement.
Mais aussi à l’Occident, soi-disant allié, quand elle impose à ses entreprises la
soumission absolue à la politique internationale arrêtée par Washington, qui leur
interdit de travailler avec les pays avec lesquels les États-Unis sont en conflit, par
le chantage du dollar.

En outre, l’Amérique développe maintenant une pratique qui ne peut que
conduire au conflit : elle fixe les objectifs de la négociation ; en cas de résistance,
elle applique des sanctions économiques, financières, commerciales qui affectent
brutalement les conditions de vie des populations de l’adversaire ; on aligne les
matériels militaires à proximité de la frontière à titre de dissuasion…

Inutile de dire que la méthode ne peut aboutir. Ainsi, les espoirs de Trump se sont
envolés dans sa négociation avec la Corée du Nord, et elle risque d’échouer avec
la Chine, et d’autant plus avec l’Iran. Une question s’impose : faut-il disposer de
l’arme nucléaire pour être respecté et éliminer tout risque d’agression ? L’Iran l’a
bien compris.

America First
En refusant de considérer les effets de la mondialisation qui devrait effacer les
différences entre les hommes et rapprocher les nations, en adoptant une politique
agressive fondée sur America First, en voulant continuer d’assumer un rôle de
contrôle total des affaires du monde au profit des seuls intérêts américains,
Trump se trompe de guerre.

Et la voix de l’Europe ? Et celle de la France ? Où sont-elles pour exiger de notre
ancien allié qu’il honore les signatures de ses prédécesseurs et qu’il cesse de se
comporter comme le maître absolu du monde ? Où sont-elles pour condamner
fermement et bruyamment les menaces et gesticulations du président qui, en
allumant un nouveau foyer de guerre qui emporterait tout le monde arabe,
donnerait leur légitimité au Hamas comme au Hezbollah, et justifierait toute
confrontation ouverte.

Si nous avons retenu le message de Munich, il nous appartient aujourd’hui de
choisir fermement le camp de la sagesse contre l’entêtement guerrier de
l’Amérique, afin de sauver la paix.

Soutenir l’Iran, c’est aussi interrompre le processus d’absorption de la Palestine
dans Israël qui s’effectue contre la volonté de la pseudo-communauté
internationale, exprimée sans répit depuis la création de cet État, mais demeurée
silencieuse et inerte à chaque nouvelle agression israélienne. Car ce conflit
interminable est, de toute évidence, à la source des radicalismes arabes
aujourd’hui tournés contre l’Occident, et des dérèglements qui traversent tous les
peuples d’Orient.

Nous taire, c’est révéler notre faiblesse à tous les pays qui envisageraient, dans
l’avenir, d’user de la force pour réaliser leurs plans d’expansion territoriale,
économique, financière, ou de nettoyage ethnique ou religieux. Car ils sont, par
avance, assurés que la force et l’audace demeureront impunies.

Alain Goffinet est un ancien conseiller économique, abonné à Réforme
Trump part en campagne pour un
deuxième mandat
C’est officiel, Donald Trump repart en campagne. Il a annoncé qu’il serait
candidat, en 2020, pour un deuxième mandat en tant que président des États-
Unis. Il l’a annoncé mardi 18 juin à Orlando (Floride), devant un parterre de 20
000 personnes.

« Four more years », ont-elles scandé, enthousiasmées par la nouvelle. Dans son
discours, Donald Trump s’en est violemment pris aux démocrates, a promis
d’éradiquer le sida et de faire l’Amérique plus grande qu’elle n’a jamais été. Ses
soutiens, dont certains continuent de plébisciter le tristement fameux mur avec le
Mexique, sont visiblement au rendez-vous.

Retrouvez les articles publiés par Réforme sur le 45e président américain :

Un an après l’accession de Donald Trump à la présidence, la société américaine
restait divisée : notre dossier.

Mais le locataire de la Maison Blanche s’est attaché à satisfaire son électorat
blanc évangélique, sans pour autant éviter les critiques d’autres protestants.
Comment expliquer le soutien que lui donne certains de ces électeurs ? : notre
dossier.
Israël/Palestine : échec                                                    en
vue pour le plan Kushner ?
Après deux ans et demi de préparation, le gendre du président américain, Jared
Kushner, devrait présenter son plan de paix israélo-palestinien, lors d’une
conférence prévue à Bahreïn, les 25 et 26 juin prochains. Il l’a déjà évoqué lors
d’une conférence au Washington Institute for Near East Policy (WINEP), début
mai, soulignant qu’il s’efforçait de proposer des solutions radicalement
différentes de ce qui a été tenté, sans succès, par le passé. Mais ses chances de
réussite sont fort minces.

La première phase de son plan consiste en un vaste projet de développement
économique pour les territoires occupés, clairement inspiré par son expérience de
promoteur immobilier, à New York. Sont notamment listées l’implantation
d’entreprises industrielles, la construction d’infrastructures et de nombreux
immeubles d’habitation. Les travaux seront financés par les monarchies du Golfe
à hauteur de 86 milliards de dollars – même si ces dernières n’ont pas encore
promis leur coopération. L’objectif est d’apporter, enfin, le bien-être économique
aux habitants.

La seconde phase, politique, reste plus floue dans les détails, mais claire sur le
fond. Jared a annoncé ne pas vouloir se focaliser sur la fameuse « solution à deux
États » qui a fait capoter les précédentes négociations de paix, pour privilégier
une solution à un État, dans lequel les droits des citoyens arabes restent à
définir… Son message aux Palestiniens semble être : « Prenez acte de votre
défaite et passez à la suite. »

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a d’ores et déjà dit qu’il
refuserait de discuter du plan Kushner, compte tenu de l’indéniable parti pris pro-
israélien de l’administration Trump.

De son côté, le Premier ministre Benjamin Netanyahou est englué dans des
difficultés politiques. Ayant échoué à former un gouvernement de coalition dans
les délais prévus, au lendemain des élections législatives d’avril, la Knesset a été
dissoute et de nouvelles élections sont prévues pour septembre. D’ici-là, le
Premier ministre, proche de la famille Kushner et menacé d’inculpation pour
fraude et corruption, sera largement inactif.
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