Coronavirus: les stars chantent sur Internet, pendant que Donald Trump réattaque la Chine - Reforme.net
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Coronavirus: les stars chantent sur Internet, pendant que Donald Trump réattaque la Chine Pendant que les grandes puissances accusent un laboratoire chinois d’être à l’origine à la pandémie de coronavirus, des dizaines de stars ont donné dans la nuit de samedi à dimanche un concert virtuel “géant” et inédit, suivi en streaming par des amateurs eux aussi confinés. Une mobilisation initiée par Lady Gaga, afin de soutenir les personnels soignants en première ligne de la pandémie de Covid-19. Les Rolling Stones, Taylor Swift, Billie Eilish, Elton John, Jennifer Lopez, Celine Dion, ou encore Paul McCartney ont joué, chacun dans l’intimité de leur salon ou sur leur canapé. “Vous êtes des héros… Nous vous serons éternellement reconnaissants de vos sacrifices (…)”, a lancé l’actrice Sarah Jessica Parker, héroïne de la série “Sex and the city”, lors d’une des multiples interventions réalisées par les stars depuis chez elles. “Ensemble chez soi” Ce concert mondial virtuel “One World: Together At Home” (“Un monde, ensemble chez soi”), a permis de récolter quelque 35 millions de dollars (plus de 32 millions d’euros), alors qu’au moins 4,5 milliards de personnes, soit plus de la moitié de l’humanité, vivent désormais confinées ou contraintes de rester chez elles pour tenter d’enrayer la pandémie. Selon un dernier décompte établi samedi soir par l’AFP à partir de sources officielles, depuis l’apparition de la maladie en décembre en Chine dans la ville de
Wuhan (centre), au moins 157 539 personnes ont perdu la vie dans le monde, alors que le cap des 100 000 morts a été franchi en Europe. 732 000 malades aux États-Unis Les États-Unis sont désormais le pays le plus touché, tant en nombre de morts (au moins 38 664 selon l’université Johns Hopkins) que de cas (au moins 732 197), et ont mis en cause de façon répétée la Chine pour avoir “dissimulé” le nombre réel de victimes comme la gravité de l’épidémie, permettant ainsi la contagion au reste de la planète. Dans un nouvel épisode de l’affrontement entre les deux pays et adversaires géopolitiques, le directeur du laboratoire pointé du doigt par des médias américains comme une possible source du Covid-19 a catégoriquement démenti: “c’est impossible que ce virus vienne de chez nous”, a déclaré dans une interview à la chaîne étatique CGTN, Yuan Zhiming, directeur de l’Institut de virologie de Wuhan, ville épicentre de la pandémie. Institut de virologie Selon la plupart des scientifiques, le nouveau coronavirus a probablement été transmis à l’homme par un animal. Un marché de la ville de Wuhan a été incriminé car il aurait vendu des animaux sauvages vivants. Mais la présence à quelques kilomètres de là de cet Institut de virologie alimente depuis des mois les spéculations sur une fuite depuis ces installations sensibles. Par la simple localisation de l’institut à Wuhan, “les gens ne peuvent pas s’empêcher de faire des associations”, a déploré le directeur de cet institut, accusant des médias qui “essayent délibérément de tromper les gens”, sans “preuves”. Dissimulation Samedi 18 avril, Donald Trump s’en est pris de nouveau à Pékin, qu’il accuse d’avoir “dissimulé” la gravité de la pandémie et de ne pas révéler le véritable décompte de ses morts. L’épidémie “aurait pu être arrêtée en Chine avant qu’elle ne commence et elle ne l’a pas été. Et maintenant, le monde entier souffre à
cause de cela”, a vilipendé le président américain. Et de mettre en garde: “S’ils étaient sciemment responsables, oui, alors il devrait y avoir des conséquences”. Le président français Emmanuel Macron et le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, ont eux aussi mis en doute en fin de semaine la transparence de Pékin. Quant à l’Australie, elle a par ailleurs appelé dimanche 19 avril à l’ouverture d’une enquête indépendante sur la façon dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle aussi l’objet des critiques de la Maison Blanche pour sa supposée proximité avec Pékin, a géré la crise. Une Pâque orthodoxe au balcon Donald Trump a par ailleurs émis l’espoir que les musulmans américains seront tenus aux mêmes normes de distanciation sociale pendant le ramadan, qui débute le 23 avril, que les chrétiens à Pâques. Après les catholiques, les protestants et les juifs, c’est au monde orthodoxe de fêter Pâques dimanche dans des circonstances exceptionnelles. Un confinement intégral a ainsi été imposé en Serbie et en Macédoine du Nord jusqu’à lundi matin. En Roumanie, les fidèles sont appelés à célébrer Pâques depuis leur balcon. Et en Grèce, des milliers de policiers soutenus par des hélicoptères et des drones sont mobilisés tout le week-end pascal pour éviter que les Grecs ne partent à la campagne comme le veut la tradition. “Ne pas se débiner face à ce virus” Ailleurs dans le monde, le seuil des 1 000 morts officiellement recensés a été franchi en Afrique, dont les trois quarts en Algérie, en Égypte, au Maroc et en Afrique du Sud. Au Brésil, le président brésilien Jair Bolsonaro a répété son opposition au confinement. “Il ne faut pas se débiner face à ce virus, il faut l’affronter la tête haute, Dieu est avec nous”, a-t-il lancé. Au Panama, environ 1 700 migrants clandestins en route vers les Etats-Unis ont été confinés par les autorités dans une zone de jungle, après la découverte d’une vingtaine de contaminations parmi eux.
Prudent déconfinement En Europe, quelques pays se sont engagés dans la voie d’un prudent déconfinement comme l’Autriche ou le Danemark. Berlin a jugé la pandémie désormais “sous contrôle” en Allemagne, qui apparaît comme le grand État européen à avoir le mieux géré la crise (moins de 4 000 morts), grâce notamment à un large recours aux tests. Mais pour l’OMS, la pandémie de coronavirus est loin d’être jugulée, avec des “chiffres constants ou accrus” dans l’est de l’Europe et au Royaume-Uni, où le gouvernement a décidé de prolonger le confinement “pour au moins trois semaines”. En Espagne, les autorités ont annoncé samedi la prolongation jusqu’au 9 mai des mesures strictes de confinement. Impact sur la santé mentale Avec ces confinements prolongés se pose de plus en plus la question de l’impact sur la santé mentale, les spécialistes observant “une augmentation inquiétante de l’anxiété et de la dépression” dans les populations soumises à cette mesure drastique, oubliée depuis des décennies dans nos sociétés modernes. Autre conséquence, inattendue celle-là, du confinement: le Dr Anthony Fauci, respectable épidémiologiste de 79 ans, et caution scientifique de la cellule de crise anti-coronavirus de la Maison Blanch “In Fauci We Trust” Petites lunettes et tempes grisonnantes, le visage anguleux du spécialiste en immunologie s’affiche désormais sur Tee-shirts “In Fauci We Trust” (“En Fauci Nous Croyons”), mugs, donuts et chaussettes… Celui qui n’hésite pas à contredire publiquement, mais toujours très diplomatiquement, Donald Trump, a été, avec ses apparitions télévisées quotidiennes à la Maison Blanche, “propulsé au cœur de tous les esprits”, explique un universitaire local.
Acquittement de Donald Trump, pagaille dans l’Iowa : dure semaine pour les démocrates C’est décidément une semaine à oublier pour les démocrates. Donald Trump était seulement le troisième président de l’histoire américaine visé par une procédure de destitution. Il a été acquitté par le Sénat des deux chefs d’accusation le concernant, ceux d’abus de pouvoir et d’entrave au Congrès. Le locataire de la Maison Blanche est accusé d’avoir demandé au président ukrainien Volodymyr Zelensky d’enquêter sur la famille de Joe Biden. Ce dernier, ex vice-président de Barack Obama, est l’un des favoris du camp démocrate pour la présidentielle de novembre 2020. Certes, le résultat était prévisible. Minoritaires au Sénat avec 47 sièges, il aurait fallu vingt voix républicaines aux démocrates pour pouvoir destituer le président. Parmi les sénateurs républicains, seul un, Mitt Romney, a joint sa voix à celle des démocrates sur la question d’abus de pouvoir. “Avec mon vote, je dirai à mes enfants et à leurs enfants que j’ai fait mon devoir”, a déclaré l’élu mormon de l’Utah dans son adresse au Sénat. Discours sur l’état de l’union : un satisfecit complet Même si elle était attendue, cela reste une excellente nouvelle pour Donald Trump. Mardi, déjà, lors du traditionnel discours sur l’état de l’Union, le président
s’était livré à un satisfecit en règle. Il s’est longuement félicité de la bonne santé de l’économie du pays. Ulcérée par le discours aux accents triomphalistes du président, la démocrate Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, a ostensiblement déchiré son exemplaire du discours de Donald Trump. Auparavant, Donald Trump avait refusé de lui serrer la main. Un exemple de plus de la polarisation extrême de la vie politique aux États-Unis. Chaos dans l’Iowa Pendant ce temps-là, dans l’Iowa, la confusion règne toujours. Trois jours après la tenue du caucus de cet État du Midwest, qui lance officieusement la campagne électorale pour la présidentielle, on ne connaît toujours pas les résultats finaux du scrutin. La raison ? Des problèmes informatiques, affirme le parti démocrate, et notamment l’utilisation d’une application défectueuse. Le symbole est en tout cas désastreux pour les démocrates. Ceux-ci voulaient faire de ce premier rendez-vous électoral une rampe de lancement vers la reconquête du pouvoir. Avec quelque 96 % des résultats connus, deux candidats sont au coude à coude dans l’Iowa. Avec 26,1 % des délégués, le sénateur du Vermont Bernie Sanders talonne le maire de South Bend, Pete Buttigieg (26,2 %). Viennent ensuite la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, avec 18,2 % des délégués, puis Joe Biden (15,8 %). Reconquérir les classes populaires : la mission de Sanders Quel candidat démocrate défiera Donald Trump en novembre prochain ? Il est bien sûr trop tôt pour le dire. Mais Bernie Sanders et Pete Buttigieg incarnent chacun une frange opposée du parti démocrate. Leurs divisions illustrent des divergences profondes quant à la stratégie à adopter pour renverser Trump, comme l’explique Célia Belin, chercheuse invitée à la Brookings Institution à Washington. Pour Sanders, la victoire de Donald Trump en 2016 est le symptôme du décrochage des classes moyennes et populaires, abandonnées par le parti
démocrate. Bernie Sanders s’affiche comme “socialiste” – jusqu’ici un anathème aux États-Unis. Il milite pour une couverture médicale universelle et obligatoire. Mais aussi pour la gratuité des formations universitaires publiques, la fin du recours aux énergies fossiles ainsi qu’un impôt sur la fortune ou sur les transactions financières. Sa ligne politique est assez proche de celle d’Elizabeth Warren, qui prône une régulation du capitalisme. Recentrer la politique, un enjeu pour Buttigieg Pete Buttigieg, lui, se positionne à “l’extrême centre politique”, soutient Célia Belin. Il considère que Trump est le produit de la polarisation excessive de l’opinion publique. Une polarisation “causée par un dysfonctionnement des institutions représentatives et par la rétribution des stratégies extrêmes”. Pour Buttigieg, l’enjeu est donc de “recentrer la politique”, afin de réparer le fonctionnement du système démocratique. Et de permettre, de nouveau, l’émergence de compromis et de consensus. L’influence de la “gauche des minorités” Qu’en est-il de Joe Biden ? Depuis le début, l’ancien vice-président joue la carte de la capacité à être élu. Pour l’establishment du parti démocrate, poursuit Célia Belin, l’élection de Trump est avant tout un “accident”. Ce dernier aurait été causé par l’efficacité d’une campagne de désinformation et par une erreur de jugement sur la fidélité des électeurs du Midwest. Enfin, le dernier paramètre à prendre en compte est la “gauche des minorités”. Celle-ci voit dans la victoire républicaine en 2016 une réaction identitaire d’une classe dominante, qui s’est sentie menacée par l’élection de Barack Obama. Elle compte y répondre en promouvant la représentation politique des minorités. Si elle n’a pas de candidat désigné, son poids électoral sera déterminant dans l’élection.
Le début d’un long processus Dans tous les cas, le processus de désignation du candidat démocrate ne fait que commencer. Chaque caucus et primaire fournit des délégués à chaque candidat, en fonction de leur part du vote dans chaque État. Comme ces délégués sont répartis à la proportionnelle, la compétition pourrait encore durer des mois, avant la convention nationale. Celle-ci aura lieu en juillet 2020 à Milwaukee, dans le Wisconsin. Prochaine étape : la primaire du New Hampshire, le 11 février prochain. Les mormons, une nouvelle religion ? Les mormons souhaiteraient que vous cessiez de les appeler mormons. Depuis 2018, l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, ou Église SDJ, a banni de sa communication ce sobriquet qui lui colle à la peau depuis le XIXe siècle. Mormon, pour les… mormons, est le nom d’un prophète ayant sillonné l’Amérique au début de notre ère. Oubliez “mormons”, donc, et utilisez, s’il vous plaît, “saints des derniers jours”. Certes, ce n’est pas la première fois que l’Église SDJ tente de reprendre en main son image. En 1995, elle avait ainsi remanié son logo pour y faire ressortir les mots “Jésus-Christ”. C’est que les préjugés ont la dent dure contre les mormons, dont le nom évoque encore la polygamie, pourtant abandonnée en 1890. D’où la volonté de l’Église de rappeler son appartenance au christianisme. Chrétiens, les mormons ? La question est complexe. “Lorsque j’ai commencé à les étudier, je suis partie de l’idée que le mormonisme était une branche quelque peu originale du protestantisme, se souvient Sophie-Hélène
Trigeaud, chargée de cours HDR à l’université de Strasbourg. Mais mes recherches m’ont amenée à considérer qu’il s’agit plutôt d’une nouvelle religion.” Joseph Smith, “prophète” Avant de développer cette question, revenons brièvement en arrière, dans les années 1820. En ce début de XIXe siècle, les États-Unis sont traversés par un grand réveil religieux. Les “prophètes” qui émergent ont une obsession : retrouver le christianisme des premiers temps. C’est à cette époque que le jeune Joseph Smith (1805-1844) a une “vision” divine. Il en retire la certitude que toutes les Églises sont dans l’erreur. Quelques années plus tard, il reçoit la visite d’un ange, Moroni, qui lui indique l’existence de plaques d’or retraçant l’histoire des anciens habitants du continent américain. En 1827, Moroni remet à Smith ces plaques et deux pierres de voyance. Elles lui permettront d’en traduire le contenu, rédigé en hiéroglyphes. S’il n’existe nulle preuve de l’existence de ces plaques – Smith les aurait remises à Moroni –, leur traduction donne lieu à la parution, en 1829, du Livre de Mormon. Quelques mois plus tard, le 6 avril 1830, est créée “l’Église du Christ”. Le mormonisme était né. Les mormons admettent l’existence et l’autorité de la Bible. Et des Écritures propres à l’Église SDJ, comme le Livre de Mormon, Doctrine et Alliances (1835) et La Perle de Grand Prix (1851), visent surtout à la compléter, la clarifier. Les mormons se considèrent d’ailleurs comme chrétiens. “Ils tiennent surtout à se présenter comme la ‘seule véritable Église du Christ’, fondant leur religion sur l’idée d’un “rétablissement” de l’Église des origines”, précise Sophie-Hélène Trigeaud. Les mormons, comme les autres protestants, croient en l’autorité de la Bible et en Jésus-Christ, pratiquent le baptême et la Sainte Cène. Mais leurs particularismes sont nombreux. Prenons les textes canoniques : pour un fidèle de l’Église SDJ, le Livre de Mormon a un statut égal à celui de la Bible. L’ouvrage retrace l’émigration de tribus hébraïques en Amérique, plusieurs siècles avant notre ère. Il raconte comment Jésus, après son ascension au ciel, redescendit sur le nouveau continent pour évangéliser les descendants de ces exilés. À bien des égards, ce texte reprend le style de l’Ancien Testament. On y voit ainsi Jésus accorder à son peuple obéissant le pouvoir d’anéantir ses ennemis.
La divinisation de l’homme Vient ensuite la question prophétique. L’Église mormone est organisée de façon pyramidale, avec, à sa tête, un “président, prophète, voyant, révélateur”. Loin d’être un simple chef, ce dernier peut recevoir des “révélations” divines, à même de changer la doctrine de l’institution. C’est ainsi que la polygamie fut abandonnée, en 1890, ou que les Noirs furent admis dans l’Église, en 1978. Mais c’est sans doute dans la conception même de Dieu que le mormonisme se distingue le plus. “Au sein du christianisme, il existe une distinction assez nette entre le Dieu créateur et l’homme sa créature ; l’homme fait partie de la création, décrypte Sophie-Hélène Trigeaud. Chez les Mormons, il existe un schéma totalement différent : les rituels des temples ont pour finalité de permettre à l’homme de devenir, à terme, un Dieu ; le Christ, étant considéré comme l’exemple à suivre dans cette voie. D’où une compréhension distincte de “l’imitation de Jésus-Christ” généralement développée dans le christianisme.” La clef de la pensée mormone serait donc au temple ? Pour y accéder, il faut en tout cas montrer patte blanche : seuls les mormons détenteurs d’un “certificat de dignité” peuvent passer ses portes. Ce qui se passe à l’intérieur est secret – l’Église SDJ préfère dire “sacré”. Les rites initiatiques qui s’y déroulent s’inscrivent dans le cadre du “plan de salut”, le plan de divinisation de l’individu. Deux rituels, en particulier, illustrent ses finalités. Le mariage éternel, aussi appelé scellement, est l’un d’eux. Il est intimement lié à la cosmogonie des mormons. Pour ceux-ci, les cieux ne sont pas peuplés d’un seul Dieu, mais d’un couple divin uni pour l’éternité : le Père et la Mère céleste. De même, lors du mariage éternel, les époux scellent leurs épousailles pour toujours. Chaque époux est ensuite “scellé” au lignage de son conjoint, afin de construire une famille éternelle. La famille, un pilier La famille constitue la clef de voûte du plan de salut, comme le montre le rituel du baptême des morts. Pour que le fidèle soit assuré d’un bonheur éternel, il convient que toute sa famille, vivante, future et morte, puisse être unie à lui lors de la résurrection des corps. Or, comme l’Église SDJ n’a été restaurée qu’en 1830, tous les humains n’ont pu bénéficier de ses enseignements. Dès lors, il revient au mormon de faire baptiser ses ancêtres pour leur assurer les bienfaits
de la “vraie” religion. Ce dernier rituel explique le goût des mormons pour la généalogie. Car le but ultime est de baptiser toute l’humanité… depuis Adam. Une fois cette tâche accomplie, écrivait Joseph Smith, “la mort sera détruite”. Alors, ces mormons, de quoi sont-ils le nom ? Tout au long de son histoire, l’Église SDJ a navigué entre les grands principes du christianisme et les rituels du temple teintés d’ésotérisme. Rétive à l’idée d’être qualifiée de nouvelle tradition religieuse, la hiérarchie insiste sur son ancrage chrétien. À chacun de se faire son avis. Mais n’oubliez pas : les mormons apprécieraient que vous ne les appeliez plus mormons. Ni café, ni thé, ni alcool : bienvenue en terre mormone S’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu, c’est que Jésus n’avait pas essayé de boire un expresso sur le campus de la Brigham Young University, la prestigieuse université mormone de l’Utah. Et pour cause : le café y est banni. Les étudiants non mormons doivent user de subterfuges divers pour pouvoir y siroter leur boisson favorite. Tout saint des derniers jours qui se respecte se doit de suivre la “Parole de sagesse”, des recommandations de santé reçues par Joseph Smith en révélation, en 1833. Outre la prohibition de l’alcool et du tabac, il est très fortement déconseillé aux fidèles de consommer des “boissons brûlantes”, soit le thé et le café. D’autres aliments, à l’inverse, doivent être encouragés. S’ils obéissent à la Parole de sagesse, les mormons reçoivent des bénédictions physiques et spirituelles. Il serait aisé de ne voir en ces consignes que l’esprit du XIXe siècle, époque bénie des mouvements de tempérance en tout genre. Mais comme l’a constaté la chercheuse Sophie-Hélène Trigeaud, ces interdictions se teintent aussi de justifications théologiques : “Les fidèles que j’ai interrogés m’ont cité l’expérience du prophète Élie sur la montagne du Sinaï. Le Seigneur n’y apparaît ni dans le vent fort, le tremblement de terre ou le feu, mais dans ‘le bruissement d’un souffle ténu’. Les Mormons craignent d’avoir l’esprit
embrumé par l’alcool ou excité par le café, et de risquer de ne pas entendre le Saint-Esprit se manifester. Se priver de café est donc une pratique autant éthique que spirituelle pour eux.” À lire Devenir mormon Sophie-Hélène Trigeaud, PUR, 2013, 365 p. La religion des mormons Bernadette Rigal-Cellard, Albin Michel, 2012, 350 p. Lire aussi L’Église mormone, aussi riche que conservatrice Présidentielle aux États-Unis : comprendre les primaires et les
caucus Aux États-Unis, primaires et caucus sont un long processus qui s’étend de janvier à juillet. Une fois celui-ci achevé, les délégués envoyés par chaque État choisiront le candidat retenu pour l’élection. Lors des caucus, organisés par les partis, les militants inscrits sur les listes électorales se réunissent dans un lieu public. Les participants se répartissent en groupes en fonction des candidats qu’ils soutiennent. Le groupe le plus important reçoit le plus grand nombre de délégués. Les caucus rassemblent les militants les plus déterminés. Les primaires, des scrutins secrets Les primaires sont des scrutins secrets et sont organisées par les pouvoirs publics. Selon les États, elles sont dites “fermées” (réservées aux seuls membres du parti), “ouvertes” (accessibles à tous, sous réserve qu’un démocrate ne puisse pas voter aussi lors de la primaire républicaine), ou “semi-ouvertes” (accessibles aux électeurs indépendants). Alors que le parti républicain tend à octroyer tous les délégués d’un État au candidat qui est arrivé en tête d’un caucus ou de primaires, le parti démocrate utilise un système proportionnel. Le parti démocrate prévoit aussi des “super-délégués”. Ces derniers, gouverneurs, membres du Congrès ou anciens présidents, décident d’eux- mêmes à qui accorder leur vote. Ils comptent pour environ 16% de tous les délégués démocrates. Un système critiqué Le système des primaires est critiqué pour les sommes faramineuses dépensées par chacun des candidats et pour l’importance donnée aux premiers États, qui tendent à déterminer la suite de la campagne. Certains analystes reprochent aussi à ce processus de favoriser les candidats les plus extrémistes. Côté démocrate, la course à l’investiture oppose en premier lieu le sénateur du Vermont Bernie Sanders, l’ancien vice-président Joe Biden, le
maire de South Bend Pete Buttigieg et la sénatrice du Massachussetts Elizabeth Warren. L’ex-maire de New York Michael Bloomberg pourrait aussi jouer un rôle. Le candidat qui recevra l’investiture du parti démocrate sera désigné lors de la convention nationale, qui se déroulera du 13 au 16 juillet à Milwaukee, dans le Wisconsin. La convention nationale républicaine, qui aura lieu du 24 au 27 août à Charlotte, en Caroline du Nord, sera une simple formalité. Sauf surprise majeure, Donald Trump sera candidat à sa réélection. Pour certains évangéliques américains, Donald Trump est un nouveau Cyrus La scène se déroule le 3 janvier dernier dans la megachurch El Rey Jesús de Miami. Moins d’un jour après avoir ordonné la mort du général iranien Ghassem Soleimani, Donald Trump y lance “Les évangéliques pour Trump”, une coalition destinée à assurer sa réélection en novembre prochain. Microphone à la main et voix assurée, le pasteur Guillermo Maldonado improvise alors une prière : “Nous te demandons, Seigneur, qu’il soit le Cyrus qui apportera les réformes et le changement dans ce pays, pour que toutes les nations disent que les États-Unis sont la plus grande nation sur Terre. » Donald Trump, un Cyrus? Que diable vient faire le fondateur de l’empire perse dans cette histoire ? Pour le comprendre, un bref retour en arrière s’impose. Le
30 septembre 2016, quelques mois avant l’élection qui portera Donald Trump à la Maison Blanche, le conférencier pentecôtiste américain Lance Wallnau publie God’s Chaos Candidate (“le candidat du chaos de Dieu”). Dans ce livre, Wallnau raconte l’expérience qu’il a vécue dans la Trump Tower, à New York. Là, Dieu lui a parlé et lui a annoncé que Donald Trump était “un boulet de démolition contre l’esprit du politiquement correct”. Plus tard, Dieu lui glisse à l’oreille les mots suivant: “Ésaïe 45.” Donald Trump agit pour Dieu Intrigué, Lance Wallnau ouvre sa Bible au chapitre 45 du livre du prophète : “Voici ce que dit le Seigneur à l’homme qui a reçu son onction – à Cyrus, que j’ai saisi par la main droite, pour terrasser devant lui des nations […].” Quel rapport avec Donald Trump? S’il est élu, le candidat républicain sera justement le… 45e président des États-Unis. 45, comme le chapitre d’Ésaïe. Voir en Trump un Cyrus contemporain tombe alors à point nommé pour nombre d’évangéliques. Car avec ses divorces, ses adultères et sa grossièreté, Donald Trump se situe à l’opposé des “valeurs” chrétiennes traditionnelles. Le comparer à Cyrus permet de résoudre la quadrature du cercle. Professeur agrégé à l’université Concordia, au Canada, André Gagné est spécialiste du fondamentalisme évangélique. Il décrypte cette association à première vue étrange: “Chez Ésaïe, Cyrus est un souverain païen, mais il est choisi par Dieu pour libérer le peuple élu, le peuple juif. Dieu fait de Cyrus son ‘oint’; c’est le seul non-Juif à bénéficier d’une telle faveur dans la Bible. Même si Cyrus n’est pas croyant, c’est un instrument de Dieu, qui agit pour le bénéfice du peuple de Dieu.” Cyrus le Grand a notamment conquis Babylone, où les Juifs vivaient en captivité. Il a accepté de les laisser retourner en Israël pour y reconstruire leur temple. De la même façon, argue Lance Wallnau, Donald Trump, malgré tous ses défauts, agit pour Dieu. C’est ce que déclare le conférencier lors du Jim Bakker Show, une célèbre émission de télévangélisme : peu importent les écarts du candidat, “s’il est oint […], je travaillerai avec lui, car il aime les évangéliques et est entouré d’évangéliques!” Depuis le début de sa présidence, ces derniers se sont en effet rapprochés des
cercles du pouvoir. Outre le vice-président Mike Pence, autoproclamé born again catholic (“catholique né de nouveau”) et le secrétaire d’État Mike Pompeo, Paula White-Cain a l’oreille du président américain. Cette télévangéliste adepte de la théologie de la prospérité a été nommée conseillère spirituelle de la Maison- Blanche en octobre dernier. Le pasteur Ralph Drollinger, lui, organise tous les mercredis une étude biblique destinée aux cadres de la Maison-Blanche. Les sept montagnes Cette présence au plus près du pouvoir s’inscrit dans le cadre d’une stratégie d’influence plus globale chez certains évangéliques, celle des “sept montagnes” de l’influence sociétale. Religion, famille, éducation, gouvernement… Il s’agit de s’organiser pour aligner les valeurs de la société américaine sur les valeurs chrétiennes. Et dans cette véritable guerre culturelle, Donald Trump tient parfaitement son rôle. Depuis son accession à la présidence, le candidat républicain n’a cessé de donner des gages à son électorat évangélique. Vendredi 24 janvier, il a ainsi participé à la Marche pour la vie, à Washington. Il a aussi nommé deux juges ultraconservateurs à la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du pays. Et en mai 2018, il a acté le transfert de l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Une décision à la très forte portée symbolique… au point qu’une organisation israélienne, le Mikdash Educational Center, a frappé une pièce représentant deux hommes de profil: Donald Trump et le roi Cyrus. Certes, la comparaison entre les deux hommes peut sembler anecdotique. Elle témoigne pourtant du mélange entre une certaine lecture des textes bibliques et des décisions politiques. “Savoir déchiffrer ces références bibliques aide à comprendre ce qui se joue aujourd’hui aux États-Unis, indique André Gagné. Elles disent quelque chose d’essentiel de la manière dont les évangéliques proches de Donald Trump voient le monde, et cela nous concerne tous. Car si le président américain est l’oint de l’Éternel, si les États-Unis sont le porte-étendard de la volonté de Dieu, cela signifie qu’en tant que chrétien, on ne peut pas remettre en question ses décisions. Et c’est là quelque chose d’assez inquiétant…” À lire
andregagne.weebly.com : le site web d’André Gagné, professeur agrégé à l’université Concordia Les États-Unis de Trump en 100 questions Laurence Nardon, Tallandier, 2018, 16,50 € Une guerre avec l’Iran, première étape avant la fin du monde ? Hasard du calendrier ? Moins d’un jour après la frappe de drone américain ayant coûté la vie au général iranien Ghassem Soleimani, Donald Trump s’adressait, le 3 janvier dernier, à des milliers de chrétiens évangéliques réunis dans une megachurch de Miami. Le président américain, en terrain conquis, y a officiellement lancé “Les évangéliques pour Trump”, une coalition dans l’optique de l’élection présidentielle de 2020. Lors de son discours, le locataire de la Maison Blanche n’a pas manqué de mentionner l’attaque américaine. “Ghassem Soleimani a été tué et son carnage sanglant est fini pour toujours”, a-t-il martelé, martial, sous les applaudissements de la foule. Mike Pence et Mike Pompeo Les chrétiens évangéliques blancs, socle de l’électorat de Trump – en 2016, ils l’ont plébiscité à plus de 80 % face à son adversaire démocrate Hillary Clinton – ont dans l’ensemble très bien accueilli la mort du haut gradé iranien. Parmi eux,
certains jouent les premiers rôles dans l’administration Trump actuelle. C’est notamment le cas de Mike Pence, le vice-président, et du secrétaire d’État Mike Pompeo (l’équivalent de notre ministre des Affaires étrangères). Pour ce dernier, l’Iran est une véritable obsession. Selon le Washington Post, c’est lui qui a fini par convaincre Donald Trump d’éliminer Soleimani. Avide lecteur de notes diplomatiques sur la République islamique, Pompeo voit en l’Iran la principale source de menace pour les intérêts américains dans le monde. Le spectre de la Révolution islamique de 1979 Certes, la défiance de Washington envers Téhéran ne date pas d’hier. La révolution islamique de 1979, avec l’humiliation de la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis, a laissé des traces dans la psyché américaine. Mais pour beaucoup d’évangéliques américains, l’hostilité à l’Iran se double de considérations théologiques. Car le Moyen-Orient, pour ces chrétiens, est une région à part dans le monde. Une région qui jouera un rôle central lors de la seconde venue du Christ. L’enlèvement de l’Église Se basant sur des versets bibliques comme Luc 21,25-28, ces évangéliques cherchent dans les événements contemporains des signes annonciateurs de “l’enlèvement de l’Église”. Lors de ce dernier, les croyants vivants et morts – ces derniers seront ressuscités – monteront au ciel à la rencontre de Jésus. L’enlèvement de l’Église constitue la clef de voûte de la théologie eschatologique de nombreux évangéliques américains. Ces derniers citent deux passages bibliques pour étayer leur thèse : 1 Thessaloniciens 4,13-18 et 1 Corinthiens 15,50-53. Or il se trouve que l’un des signes annonciateurs de l’enlèvement de l’Église, toujours selon cette théologie, sera une bataille finale qui opposera une coalition mondiale à Israël. Parmi les membres de cette coalition, les chapitres 38 et 39 du prophète Ézéchiel mentionnent “Gog” et “Magog”, des ennemis venus du Nord. Ennemis que dans certains cercles évangéliques américains, on a souvent
comparé à la Russie, ainsi qu’à… l’Iran. Un théologien protestant au secours de Jacques Chirac En 2003, déjà, George W. Bush, lui-même chrétien born again, avait évoqué Gog et Magog lors d’une discussion téléphonique avec Jacques Chirac. Le président américain tentait alors de convaincre son homologue français de participer à l’invasion de l’Irak. Intrigué, l’Élysée avait demandé à la Fédération protestante de France un éclairage sur le sujet. Celle-ci avait fait appel au théologien Thomas Römer, alors professeur à l’université de Lausanne, pour qu’il replace Gog et Magog dans son contexte biblique. “Comme de nombreux chrétiens américains, décryptait en 2007 Thomas Römer dans un article du magazine de l’université de Lausanne, George W. Bush croit que Dieu sera auprès d’Israël lors de la confrontation finale, donc que les ennemis de ce pays seront dans le camp de l’Antéchrist. Il soutiendra donc Israël sans faiblir, parce qu’il est intimement persuadé que, quand la fin des temps arrivera, il faudra être du côté d’Israël.” L’ambassade américaine à Jérusalem “Cette lecture américaine échappe effectivement aux Européens, qui ont perdu ce rapport aux textes bibliques, précisait le théologien protestant. […] Pour un Américain, ces questions sont centrales. Si on oublie le religieux dans l’analyse du soutien des États-Unis à Israël, on se trompe.” La décision de Donald Trump, fin 2018, de déplacer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem s’inscrit précisément dans ce contexte. Le président américain sait que pour être réélu, il doit faire le plein de voix parmi les évangéliques. Pour André Gagné, professeur agrégé à l’université Concordia au Canada et spécialiste du fondamentalisme évangélique, ce discours n’est pas nouveau aux États-Unis. Ce qui l’est, c’est qu’aujourd’hui “les évangéliques sont sans doute plus proches des cercles du pouvoir que jamais : ils ont totalement l’oreille de Trump. Et la mort de Soleimani va encore solidifier leur soutien au président
américain.” En quelques versets L’enlèvement de l’Église : 1 Thessaloniciens 4,13-18 13 Nous ne voulons pas, frères, vous laisser dans l’ignorance au sujet des morts, afin que vous ne soyez pas dans la tristesse comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. 14 Si en effet nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, de même aussi ceux qui sont morts, Dieu, à cause de ce Jésus, à Jésus les réunira. 15 Voici ce que nous vous disons, d’après une parole du Seigneur : nous, les vivants, qui serons restés jusqu’à la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas du tout ceux qui sont morts. 16 Car lui-même, le Seigneur, au signal donné, à la voix de l’archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel : alors les morts en Christ ressusciteront d’abord ; 17 ensuite nous, les vivants, qui serons restés, nous serons enlevés avec eux sur les nuées, à la rencontre du Seigneur, dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. 18 Réconfortez-vous donc les uns les autres par cet enseignement. 1 Corinthiens 15,50-53 50 Voici ce que j’affirme, frères : la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l’incorruptibilité. 51 Je vais vous faire connaître un mystère. Nous ne mourrons pas tous, mais
tous, nous serons transformés, 52 en un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette finale. Car la trompette sonnera, les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés. 53 Il faut en effet que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, et que cet être mortel revête l’immortalité. Les signes annonciateurs : Luc 21-25-29 25 « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et sur la terre les nations seront dans l’angoisse, épouvantées par le fracas de la mer et son agitation, 26 tandis que les hommes défailliront de frayeur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde ; car les puissances des cieux seront ébranlées. 27 Alors, ils verront le Fils de l’homme venir entouré d’une nuée dans la plénitude de la puissance et de la gloire. 28 « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche. » Gog et Magog Ézéchiel 38,14-16 14 C’est pourquoi, prononce un oracle, fils d’homme ; tu diras à Gog : Ainsi parle le Seigneur DIEU : Le jour où mon peuple d’Israël résidera en sécurité, n’auras-tu pas la connaissance ? 15 Tu viendras de ton pays, de l’extrême nord, toi et de nombreux peuples avec toi ; tous montés sur des chevaux, vous formerez une grande assemblée, une
immense armée. 16 Tu monteras contre mon peuple d’Israël, au point de recouvrir le pays comme une nuée. Cela se passera à la fin des temps ; je te ferai venir contre mon pays, afin que les nations me connaissent quand, sous leurs yeux, ô Gog, j’aurai montré ma sainteté à tes dépens. Attaques de drones et réaction américaine : le poids du pasteur de Donald Trump Samedi 14 septembre, des rebelles yéménites ont provoqué l’incendie de deux sites pétroliers en Arabie Saoudite. Le président Trump a promis de répliquer s’il s’avérait que l’Iran a manipulé cette attaque. Certains courants évangéliques américains soutiennent l’escalade militaire. En France, une telle attitude serait impensable. Le pasteur de Trump Connaissez-vous Ralph Drollinger? ancien joueur de basket devenu pasteur, il passe pour être le pasteur de Donald Trump. Or, que pense-t-il de la paix? Il a récemment affirmé: “Il ne s’agit pas de savoir si Dieu accepte ou non une guerre, Il l’accepte.” Dans un même élan, il a déclaré que les chefs d’États ou de gouvernements n’étaient pas obligés de promouvoir la paix. Ralph Drollinger est
loin d’être un cas unique. Les chrétiens évangéliques représentent un quart de la population. Tous ne sont pas des va-t-en guerre. Mais une majorité d’entre eux influe de cette façon sur le débat public. C’est ce qui ressort du livre “The Evangelicals, the struggle to shape America” (“Les évangéliques, la lutte pour façonner l’Amérique”, non traduit en France) qui valut le prix Pulitzer à la journaliste Frances Fitzgerald. Le cas Français “Je suis convaincu que la grande majorité des évangéliques français est consterné par le comportement de leurs frères américains, souligne le pasteur Matthieu Richelle. Grâce à la loi de séparation des Églises et de l’État, il ne leur viendrait pas à l’idée de prendre des positions politiques aussi tranchées.” L’éducation nationale promeut un tout autre modèle, une conception différente de la République et des valeurs qu’elle affirme. Une lecture littérale de la Bible, une façon des versets sur les choix politiques pourrait rapprocher les évangéliques des deux rives de l’Atlantique. L’intervention du CNEF Voici quelques mois, le Conseil National des Évangéliques de France (CNEF) a publié une contribution de l’Alliance Évangélique Européenne. Elle mettait en garde contre les dangers du populisme et du nationalisme: “Les chrétiens doivent une loyauté primordiale à Christ. Mais nous vivons notre vocation dans le contexte d’une nation et d’une culture. À condition que nous reconnaissions que son autonomie est limitée, la nation peut nous procurer un sentiment positif d’appartenance et de communauté. Mais il nous faut toujours discerner les aspects de notre nation et de notre culture que nous pouvons approuver et ceux que nous devons contester à la lumière de la nature de Dieu révélée dans le récit biblique.” Le choix de la sagesse Une telle prise de position s’avèrera sans doute salutaire. En France, comme aux États-Unis d’ailleurs, peut exprimer librement son opinion. Mais en séparant les domaines de façon claire. “Trop de pasteurs évangéliques ne disposent pas de
formation théologique suffisante, déplore Matthieu Richelle. En plaquant des versets bibliques sur des questions politiques d’actualité, ils risquent de provoquer de graves erreurs. Mieux vaut prévenir ces dérives.” Une position de sagesse qui traversera peut-être l’Atlantique… Frédérick Casadesus Diplomatie : “Donald Trump joue la carte de l’humiliation” L’Amérique est donc repartie en guerre ! Mais cette fois-ci, en s’engageant en force contre l’Iran, c’est tout le Proche et le Moyen-Orient qui risquent de s’embraser, balayant les fragiles équilibres d’un monde, d’ores et déjà, fissuré par les effets du réchauffement climatique et des chocs migratoires croissants qui vont affecter tous les continents, donc l’avenir de notre planète. Nous voilà revenus à la menace des armes de destruction massive, inventée par l’administration Bush pour « libérer » l’Irak d’un tyran, et apporter la « démocratie » à son peuple. Mais aussi pour contrôler ses puits de pétrole. On connaît la suite : le chaos et l’effondrement de la société irakienne offerte au terrorisme aveugle de Daech. Toutes les interventions militaires américaines passées se sont soldées par des échecs depuis trente ans (en Somalie, les trois guerres contre l’Irak, en Afghanistan, etc.), ou bien par le rappel de la domination des États-Unis sur le monde (Panama, Haïti, Kosovo, etc.).
Haines et rancœurs Cet interventionnisme constant de l’Amérique dans les affaires de la planète doit nous préoccuper, car plutôt que d’apporter une solution durable et équitable à un conflit régional, il exacerbe les haines et les rancœurs contre l’Occident tout entier, jugé complice de la politique xénophobe et anti-arabe américaine. Aujourd’hui, le président Trump, entend donner à Israël satisfaction en éradiquant définitivement ce contre-pouvoir politique régional que représente l’Iran, qui l’empêche d’imposer sa loi et d’absorber tranquillement la Palestine. Avec l’appui, dit-on, de certaines Églises américaines qui se disent chrétiennes et qui prêchent la guerre ! Sans entrer dans le débat de la non-prolifération nucléaire, notamment militaire, l’attitude du président Trump traduit son mépris pour les peuples arabo- musulmans. Son arrogance, dans ses diktats adressés aux dirigeants iraniens, n’est pas pour favoriser l’ouverture d’un véritable dialogue. Sait-il au moins que l’Iran est l’un des piliers historiques de ce monde qui est le nôtre ? Obama avait amorcé une relation nouvelle, faite de respect, avec les pays du Levant. Il avait décidé de réintégrer l’Iran dans le concert des nations, jugeant que cette démarche permettrait de restaurer la paix dans cette région. Cette option a été gommée par son successeur, qui y préfère l’humiliation. L’Amérique entend s’opposer à la Chine, à l’Iran, à la Russie plus discrètement. Mais aussi à l’Occident, soi-disant allié, quand elle impose à ses entreprises la soumission absolue à la politique internationale arrêtée par Washington, qui leur interdit de travailler avec les pays avec lesquels les États-Unis sont en conflit, par le chantage du dollar. En outre, l’Amérique développe maintenant une pratique qui ne peut que conduire au conflit : elle fixe les objectifs de la négociation ; en cas de résistance, elle applique des sanctions économiques, financières, commerciales qui affectent brutalement les conditions de vie des populations de l’adversaire ; on aligne les matériels militaires à proximité de la frontière à titre de dissuasion… Inutile de dire que la méthode ne peut aboutir. Ainsi, les espoirs de Trump se sont envolés dans sa négociation avec la Corée du Nord, et elle risque d’échouer avec
la Chine, et d’autant plus avec l’Iran. Une question s’impose : faut-il disposer de l’arme nucléaire pour être respecté et éliminer tout risque d’agression ? L’Iran l’a bien compris. America First En refusant de considérer les effets de la mondialisation qui devrait effacer les différences entre les hommes et rapprocher les nations, en adoptant une politique agressive fondée sur America First, en voulant continuer d’assumer un rôle de contrôle total des affaires du monde au profit des seuls intérêts américains, Trump se trompe de guerre. Et la voix de l’Europe ? Et celle de la France ? Où sont-elles pour exiger de notre ancien allié qu’il honore les signatures de ses prédécesseurs et qu’il cesse de se comporter comme le maître absolu du monde ? Où sont-elles pour condamner fermement et bruyamment les menaces et gesticulations du président qui, en allumant un nouveau foyer de guerre qui emporterait tout le monde arabe, donnerait leur légitimité au Hamas comme au Hezbollah, et justifierait toute confrontation ouverte. Si nous avons retenu le message de Munich, il nous appartient aujourd’hui de choisir fermement le camp de la sagesse contre l’entêtement guerrier de l’Amérique, afin de sauver la paix. Soutenir l’Iran, c’est aussi interrompre le processus d’absorption de la Palestine dans Israël qui s’effectue contre la volonté de la pseudo-communauté internationale, exprimée sans répit depuis la création de cet État, mais demeurée silencieuse et inerte à chaque nouvelle agression israélienne. Car ce conflit interminable est, de toute évidence, à la source des radicalismes arabes aujourd’hui tournés contre l’Occident, et des dérèglements qui traversent tous les peuples d’Orient. Nous taire, c’est révéler notre faiblesse à tous les pays qui envisageraient, dans l’avenir, d’user de la force pour réaliser leurs plans d’expansion territoriale, économique, financière, ou de nettoyage ethnique ou religieux. Car ils sont, par avance, assurés que la force et l’audace demeureront impunies. Alain Goffinet est un ancien conseiller économique, abonné à Réforme
Trump part en campagne pour un deuxième mandat C’est officiel, Donald Trump repart en campagne. Il a annoncé qu’il serait candidat, en 2020, pour un deuxième mandat en tant que président des États- Unis. Il l’a annoncé mardi 18 juin à Orlando (Floride), devant un parterre de 20 000 personnes. « Four more years », ont-elles scandé, enthousiasmées par la nouvelle. Dans son discours, Donald Trump s’en est violemment pris aux démocrates, a promis d’éradiquer le sida et de faire l’Amérique plus grande qu’elle n’a jamais été. Ses soutiens, dont certains continuent de plébisciter le tristement fameux mur avec le Mexique, sont visiblement au rendez-vous. Retrouvez les articles publiés par Réforme sur le 45e président américain : Un an après l’accession de Donald Trump à la présidence, la société américaine restait divisée : notre dossier. Mais le locataire de la Maison Blanche s’est attaché à satisfaire son électorat blanc évangélique, sans pour autant éviter les critiques d’autres protestants. Comment expliquer le soutien que lui donne certains de ces électeurs ? : notre dossier.
Israël/Palestine : échec en vue pour le plan Kushner ? Après deux ans et demi de préparation, le gendre du président américain, Jared Kushner, devrait présenter son plan de paix israélo-palestinien, lors d’une conférence prévue à Bahreïn, les 25 et 26 juin prochains. Il l’a déjà évoqué lors d’une conférence au Washington Institute for Near East Policy (WINEP), début mai, soulignant qu’il s’efforçait de proposer des solutions radicalement différentes de ce qui a été tenté, sans succès, par le passé. Mais ses chances de réussite sont fort minces. La première phase de son plan consiste en un vaste projet de développement économique pour les territoires occupés, clairement inspiré par son expérience de promoteur immobilier, à New York. Sont notamment listées l’implantation d’entreprises industrielles, la construction d’infrastructures et de nombreux immeubles d’habitation. Les travaux seront financés par les monarchies du Golfe à hauteur de 86 milliards de dollars – même si ces dernières n’ont pas encore promis leur coopération. L’objectif est d’apporter, enfin, le bien-être économique aux habitants. La seconde phase, politique, reste plus floue dans les détails, mais claire sur le fond. Jared a annoncé ne pas vouloir se focaliser sur la fameuse « solution à deux États » qui a fait capoter les précédentes négociations de paix, pour privilégier une solution à un État, dans lequel les droits des citoyens arabes restent à définir… Son message aux Palestiniens semble être : « Prenez acte de votre défaite et passez à la suite. » Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a d’ores et déjà dit qu’il refuserait de discuter du plan Kushner, compte tenu de l’indéniable parti pris pro-
israélien de l’administration Trump. De son côté, le Premier ministre Benjamin Netanyahou est englué dans des difficultés politiques. Ayant échoué à former un gouvernement de coalition dans les délais prévus, au lendemain des élections législatives d’avril, la Knesset a été dissoute et de nouvelles élections sont prévues pour septembre. D’ici-là, le Premier ministre, proche de la famille Kushner et menacé d’inculpation pour fraude et corruption, sera largement inactif.
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