Christian Gerhaher Gerold Huber - SALLE DES CONCERTS - CITÉ DE LA MUSIQUE Ve ndr e di 25 j uin 2021 - 20h00 - Philharmonie de Paris
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SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE L A MUSIQUE Ve ndr e di 25 j uin 2021 – 20h 00 Christian Gerhaher Gerold Huber
Programme Robert Schumann Sechs Gesänge op. 107 Claude Debussy Trois Chansons de France Robert Schumann Lieder und Gesänge op. 98a Drei Gedichte aus den Waldliedern op. 119 Vier Husarenlieder op. 117 Sechs Gesänge op. 89 Claude Debussy Trois Poèmes de Mallarmé Robert Schumann Lieder und Gesänge op. 83 Christian Gerhaher, baryton Gerold Huber, piano F I N D U C O N C E R T ( S A N S E N T R A C T E ) V E R S 21H 2 0 . Livret : page 14.
Les œuvres Robert Schumann (1810-1856) Sechs Gesänge op. 107 I. Herzeleid [Peine du cœur], texte de Titus Ullrich II. Die Fensterscheibe [La Vitre], texte de Titus Ullrich III. Der Gärtner [Le Jardinier], texte de Eduard Mörike IV. Die Spinnerin [La Fileuse de laine], texte de Paul Heyse V. Im Wald [Dans la forêt], texte de Wolfgang Müller von Königswinter VI. Abendlied [Chant du soir], texte de Gottfried Kinkel Composition : 1851-1852. Durée : environ 10 minutes. Claude Debussy (1862-1918) Trois Chansons de France I. Rondel I. Le temps a laissé son manteau, texte de Charles d’Orléans II. La Grotte. Auprès de cette grotte sombre, texte de François Tristan L’Hermite III. Rondel II. Pour ce que Plaisance est morte, texte de Charles d’Orléans Composition : 1904. Création : le 15 mai 1905, au Théâtre des Mathurins, Paris, par Camille Fourrier (voix) et Auguste Delacroix (piano). Durée : environ 7 minutes. 4
Robert Schumann Lieder und Gesänge aus Wilhelm Meister op. 98a IV. Wer nie sein Brot mit Tränen ass [Celui qui n’a jamais souffert de la faim] VI. Wer sich der Einsamkeit ergibt [Celui qui s’éprend de solitude] VIII. An die Türen will ich schleichen [J’irai de porte en porte] Textes : Johann Wolfgang von Goethe. Composition : 1849. Durée : environ 30 minutes. Durée des extraits : environ 11 minutes. Drei Gedichte aus den Waldliedern op. 119 I. Die Hütte [Le Refuge] II. Warnung [Prends garde] III. Der Bräutigam und die Birke [Le Futur Marié et le bouleau] Textes : Gustav Pfarrius. Composition : 1851. Durée : environ 9 minutes. Vier Husarenlieder op. 117 I. Der Husar, trara! [Pour le hussard, trara !] II. Der leidige Frieden [Fâcheuse Paix] III. Den grünen Zeigern [Branches vertes] IV. Da liegt der Feinde gestreckte Schar [Ils gisent là les soldats ennemis] Textes : Nikolaus Lenau. Composition : 1851. Durée : environ 8 minutes. 5
Sechs Gesänge op. 89 I. Es stürmet am Abendhimmel [Tempête au crépuscule] II. Heimliches Verschwinden [Discrète disparition] III. Herbstlied [Chant d’automne] IV. Abschied vom Walde [Adieu à la forêt] V. Ins Freie [En quête de liberté] VI. Röselein, Röselein! [Petite Rose, petite rose !] Textes : Wilfried von der Neun. Composition : 1850. Durée : environ 12 minutes. Claude Debussy Trois Poèmes de Mallarmé I. Soupir II. Placet futile III. Éventail Textes : Stéphane Mallarmé. Composition : 1913. Durée : environ 9 minutes. 6
Robert Schumann Lieder und Gesänge op. 83 I. Resignation [Résignation], texte de Julius Buddeus II. Die Blume der Ergebung [La Fleur de l’abandon], texte de Friedrich Rückert III. Der Einsiedler [Le Solitaire], texte de Joseph von Eichendorff Composition : 1850. Durée : environ 10 minutes. Terrible prémonition : c’est hanté par l’idée de finir interné à l’asile d’Endenich, près de Düsseldorf, que Schumann consent, en 1850, à devenir Generalmusikdirektor de la capitale rhénane. Pour ne rien arranger, il lui faut avaler le fait de ne pas avoir été choisi pour succéder à Wagner comme Kapellmeister de la cour de Dresde. Mais il semble que l’Opus 83 aille déjà vers l’acceptation. Ainsi Resignation, pré-trista- nesque dans l’harmonie comme dans le message : « Amour sans espoir ? / Oui, mais sans désolation. […] Nous nous retrouverons dans l’au-delà ! ». Un certain chromatisme colore encore Die Blume der Ergebung, retour à Friedrich Rückert dont le motif mi-si-mi (en allemand, E-h-e [mariage]) entendu dès l’entame lie la pièce aux lieder composés en 1840 dans l’attente de pouvoir épouser Clara contre l’avis du père Wieck (« Et attends immobile / L’instant chéri / Où tu viendras à moi. », chante-t-on ici). En guise d’adieu à Joseph von Eichendorff, le narrateur de Der Einsiedler guette la nuit, qui le consolera du monde – si le jour « troublait » le poète, il « épuise » le musicien. Strophique, la forme reflète un désir de simplicité. Le choix des rimes des Sechs Gesänge op. 89 étonne. À tel point que les commentateurs n’en reviennent toujours pas : comment Schumann, si fin lettré, put-il s’enticher des textes si maladroits du théologien Wilhelm Schöpff (alias Wilfried von der Neun) ? Mystère, mais peu importe : le cycle, bigarré, lui permet d’expérimenter, éventuellement dans le sillage de Wagner. Sombre miniature où le piano, presque orchestral, donne son élan au drame, Es stürmet am Abendhimmel (no 1) cale ainsi son chant au plus près des rythmes 7
et inflexions de la parole. Quel contraste avec le relatif dépouillement de Herbslied (no 3), où les motifs du clavier semblent tirer vers la tombe celui qui célèbre le réconfort de la nature à l’automne de sa vie ! Ins Freie (no 5) se ressaisit et bombe le torse : les chants qui battent dans le cœur du narrateur le sauveront de l’oppression du monde. Une certaine retenue imprègne les morceaux extraits de l’Opus 98a, sur Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe. Par la bouche du harpiste, Wer nie sein Brot mit Tränen ass (no 4) chante néanmoins le délaissement de manière à terrifier sur la deuxième strophe : « Elles ont nos vies en main […] Puis nous abandonnent à nos peines ». Après Wer sich der Einsamkeit ergibt (no 6), mise en abîme de la claustration intérieure du compositeur, An die Türen will ich schleichen (no 8) évoque l’errance à la manière du Joueur de vielle du Voyage d’hiver – comprenez : en ressassant un glaçant motif posé sur une pédale. Difficile d’imaginer détresse plus pudique. Avec son filigrane de rythmes pointés (Herzeleid, Die Fensterscheibe, Im Wald, Abendlied), la mélancolie des Sechs Gesänge op. 107 touche jusqu’au rouet de Die Spinnerin, fileuse qui semble avoir connu Schubert (Gretchen am Spinnrade). Même Der Gärtner, page la plus extravertie du cycle, reste somme toute dans son monde intérieur : n’osant pas aborder la « plus belle des princesses » qui chevauche devant lui, le jardinier d’Eduard Mörike ne s’adresse qu’à « sa coiffe rose ». Sur des strophes de Nikolaus Lenau, les Vier Husarenlieder changent radicalement de ton. La vie de soldat ? Les tavernes et les femmes (Der Husar, trara). Et le champ de bataille, le sang, la mort – fût-ce celle de l’ennemi (Da liegt der Feinde gestreckte Schar). Tout cela sans aucune virtuosité vocale ou pianistique particulière, mais avec une amertume mêlée d’angoisse, si ce n’est hébétée (Der leidige Frieden). La chair à canon du Wunderhorn de Mahler ne chantera pas autre chose. Retour au vert avec Gustav Pfarrius qui, après avoir suscité plusieurs Scènes de la forêt, inspire l’Opus 119. Trois poèmes, trois styles musicaux : Die Hütte marche joyeusement au son d’une idée empruntée au scherzo de la « Hammerklavier » de Beethoven que Clara travaillait à l’époque, Warnung utilise l’image de la fin du jour comme métaphore 8
de la mort – où la voix, attirée vers l’aigu, contredit d’emblée le piano qui nous entraîne inexorablement dans sa chute –, Der Bräutigam und die Birke dénonce, l’air de rien, la cruauté de l’Homme envers la nature. La Bonne Chanson « Prends l’éloquence et tors-lui le cou. » Debussy aurait pu faire sienne la devise de Verlaine, dont les vers imprègnent encore, en cette année 1904, la seconde série de Fêtes galantes. Toujours marié à Lilly Texier, le compositeur en pince maintenant pour Emma Bardac, amour de Fauré et artiste lyrique de son état. Il lui dédie ses Trois Chansons de France, sur des textes tournés vers le passé. D’où, sans doute, que le premier Rondel se teinte d’archaïsmes modaux. Très lent et très doux, La Grotte se reflète en clair-obscur sur un motif qui tourne à l’obsession. Noble pavane, Pour ce que Plaisance est morte fait son deuil sur un autre ostinato, vers un postlude d’une lumineuse quiétude. Après une Apparition (1894) de jeunesse et, surtout, le Prélude à l’Après-midi d’un faune (1912), Debussy revient à Mallarmé en même temps que son rival Ravel, qui pose lui-même ses notes sous deux des trois textes ici retenus par Monsieur Croche – la publi- cation de la poésie complète de l’auteur des Divagations aux Éditions de la Nouvelle Revue Française explique sans doute cela. Coulés dans deux longues phrases (ou une seule, selon le point de vue), les vers de Soupir se cherchent une structure musicale dans l’harmonie – diatonique ici, plus complexe là – et s’appuient sur quelques mots qui, mis bout à bout, semblent vouloir dire quelque chose : « Mon âme », « monte » (en descendant !), « mélancolique », « fidèle », « vers l’azur ». Après Placet futile, gracieux pastiche de menuet, Éventail déploie une ligne tendue de désir sur un accompagnement presque abstrait. Vertige ! Nicolas Derny 9
Les compositeurs Robert Schumann Le jeune Schumann grandit au milieu des par Mendelssohn au Gewandhaus de Leipzig) ouvrages de la librairie de son père. Bien vite, et de la musique de chambre (Quatuors à il écrit drames et poèmes, découvre la musique cordes op. 41, œuvres avec piano). En 1843, avec les leçons de piano données par l’orga- la création de son oratorio Le Paradis et la Péri niste de la cathédrale et entend Moscheles et est un succès, il prend poste au tout nouveau Paganini en concert. À l’âge de 18 ans, il part Conservatoire de Leipzig et refuse la direc- étudier le droit à Leipzig. Mais il prend vite tion de l’Allgemeine musikalische Zeitung. conscience de son désir de devenir musicien. Mais, souffrant depuis longtemps d’angoisses Il commence alors les leçons de piano avec et d’insomnies, Schumann s’enfonce dans la Friedrich Wieck, dont la fille Clara, enfant dépression. Il abandonne sa revue et le couple prodige, est la meilleure vitrine. Mais un déménage à Dresde, où il se plaît assez peu. problème à la main anéantit ses rêves de Des pages essentielles voient tout de même pianiste virtuose. L’année 1831 le voit publier le jour : le Concerto pour piano op. 54 et la o ses premières compositions pour piano Symphonie n 2. La fin de la décennie est attris- (Variations Abegg et Papillons) et signer sa tée par la mort de son premier fils et celle de première critique musicale dans l’Allgemeine Mendelssohn en 1847. Le compositeur reprend musikalische Zeitung. En 1834, il fonde sa son projet sur Faust (achevé en 1853) et com- propre revue, la Neue Zeitschrift für Musik, mence Manfred. L’installation à Düsseldorf, en qu’il dirigera durant presque dix ans et dans 1850, où Schumann prend ses fonctions en laquelle il fera paraître des articles essen- tant que Generalmusikdirektor, se fait sous de tiels sur Schubert, Berlioz ou Chopin. Il com- bons augures. Genoveva, l’opéra tant rêvé, est pose la Fantaisie op. 17, les Novellettes, les un échec, mais la création de la Symphonie Kreisleriana, le Carnaval de Vienne… Il part rhénane, en 1851, panse la blessure. En 1853, pour Vienne dans l’espoir de s’y établir, mais il rencontre Brahms, tout juste âgé de 20 ans. les déconvenues le poussent à revenir en terres Cependant, l’état mental du compositeur empire. leipzigoises. Il épouse Clara Wieck malgré Il se jette dans le Rhin en février 1854, et est l’opposition du père de la pianiste, est l’ami interné à sa propre demande quelques jours de Mendelssohn, et Liszt le tient en grande plus tard à Endenich, près de Bonn. Comprenant estime. C’est le temps des lieder (L’Amour et la qu’il ne sortira pas de l’asile, il finit par refuser vie d’une femme, Dichterliebe…), des œuvres de s’alimenter et meurt le 29 juillet 1856. o pour orchestre (création de la Symphonie n 1 10
Claude Debussy Claude Debussy entre en 1873, à l’âge de à sa notoriété de compositeur en France et à 11 ans, au Conservatoire, où il restera jusqu’en l’étranger, et aussi par son mariage avec la 1884. En 1879, il devient pianiste accompa- cantatrice Emma Bardac en 1904, Debussy gnateur de Mme von Meck, célèbre mécène connaît enfin l’aisance financière. À partir de russe, et parcourt durant deux étés l’Europe 1901, il exerce une activité de critique musical, en sa compagnie. Il se familiarise ainsi avec faisant preuve d’un exceptionnel discernement la musique russe, rencontre Wagner à Venise dans des textes à la fois ironiques et ouverts, et entend Tristan à Vienne. Il obtient le prix regroupés sous le titre de Monsieur Croche de Rome en 1884, mais son séjour à la Villa antidilettante et autres textes. À partir de 1908, Médicis l’ennuie. À son retour anticipé à Paris, il pratique occasionnellement la direction d’or- il fréquente les cafés, noue des amitiés avec des chestre pour diriger ses œuvres, dont il suit les poètes, s’intéresse à l’ésotérisme et à l’occul- représentations à travers l’Europe. Se passant tisme. Il met en musique Verlaine, Baudelaire, désormais plus volontiers de supports textuels, lit Schopenhauer et admire Tristan et Parsifal de il se tourne vers la composition pour le piano Wagner. Soucieux de sa liberté, il se tiendra et pour l’orchestre : pour le piano, Estampes toujours à l’écart des institutions et gardera (1903), les deux cahiers d’Images (1905 et ses distances avec le milieu musical. En 1890, 1907), les deux cahiers de Préludes (1910 et il rencontre Mallarmé, qui lui demande une 1912) ; pour l’orchestre, La Mer (1905), Images musique de scène pour son poème L’Après-midi pour orchestre (1912). Après Le Martyre de d’un faune. De ce projet qui n’aboutira pas saint Sébastien (1911), la dernière période, demeure le fameux Prélude, chef-d’œuvre qui, assombrie par la guerre et une grave maladie, par sa liberté et sa nouveauté, inaugure la ouvre cependant de nouvelles perspectives, e musique du xx siècle et trouve un prolongement vers un langage musical plus abstrait avec Jeux dans les trois Nocturnes pour orchestre. En (1913) et Études pour piano (1915), ou vers un 1893, Debussy assiste à une représentation de classicisme français renouvelé dans les Sonates Pelléas et Mélisande, qu’il mettra en musique (1915-1917). Debussy meurt le 25 mars 1918. avec l’accord de l’auteur, Maeterlinck. Grâce 11
Les interprètes Christian Gerhaher Christian Gerhaher est professeur honoraire à Concertgebouw d’Amsterdam et les Berliner la Hochschule für Musik de Munich et dirige Philharmoniker, dont il a été le premier chan- des master-classes à travers le monde. Déjà teur à devenir artiste en résidence, ainsi que récipiendaire de l’ordre Maximilien de Bavière l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise pour la Science et l’Art, et du titre de Bayerischer et l’Orchestre symphonique de la Radio Kammersänger, il reçoit en 2016 le prix du bavaroise. Avec cet orchestre et sous la direction Printemps de Heidelberg pour sa contribution de Daniel Harding, Christian Gerhaher enregistre à l’interprétation de la musique classique. Il est son premier disque d’airs d’opéra consacré à la artiste exclusif chez Sony Music. Parallèlement musique romantique allemande, pour lequel il à ses nombreux concerts et récitals, il est éga- reçoit le prix international Opera en 2013. En lement très apprécié sur la scène de l’opéra. raison de la pandémie de covid-19, la tenue de Il a reçu de prestigieuses distinctions dans ce nombre de concerts dépend encore des déci- domaine, dont le prix Laurence Olivier et le prix sions sanitaires. En 2020, certains rendez-vous Der Faust. Des collaborations avec des chefs ont pu être maintenus, le plus souvent enregis- tels que Simon Rattle, Daniel Harding, Herbert trés puis diffusés (par exemple, les Monday Blomstedt, Bernard Haitink, Christian Thielemann, Concerts du Bayerische Staatsoper) ou, parfois, à Kirill Petrenko, Nikolaus Harnoncourt, Pierre jauge réduite (le MDR Musikommer ou le Festival Boulez, Daniel Barenboim, Andris Nelsons, Kent d’Aix-en-Provence). Outre ce récital donné à Nagano et Mariss Jansons l’ont emmené dans la Philharmonie de Paris, le public retrouvera les plus grandes salles de concert du monde. Christian Gerhaher, en juillet dans le cadre du Parmi les orchestres avec lesquels Christian Festival de Munich, dans le rôle de Wolfram Gerhaher travaille le plus fréquemment figurent (Tannhäuser) et dans un récital Schubert avec le London Symphony Orchestra, l’Orchestre du Gerold Huber. 12
Gerold Huber Titulaire d’une bourse pour étudier le piano Erdmann, Michael Nagy, Maximilian Schmitt auprès de Friedemann Berger à la Hochschule et Franz-Josef Selig. Il est aussi le pianiste de für Musik und Theater de Munich, Gerold Huber l’ensemble vocal Liedertafel. Il se produit en a également bénéficié des enseignements sur le musique de chambre avec le Quatuor Artemis lied de Dietrich Fischer-Dieskau en master-class et le Quatuor Henschel ainsi qu’avec le trompet- à Berlin. En 1998, il a reçu le prix Pro Musicis tiste Reinhold Friedrich. Dans ses programmes à Paris avec le baryton Christian Gerhaher, son en soliste, Gerold Huber met à l’honneur Bach, fidèle complice depuis leurs années d’étude, Beethoven, Brahms et Schubert. On a pu l’ap- et a été primé en 2001 lors du Concours inter- plaudir en récital au festival Kultursommer ou national de piano Johann Sebastian Bach de encore au New Zealand Festival de Wellington. Sarrebruck. En tant qu’accompagnateur, il est Sa discographie comprend des albums de régulièrement accueilli dans des festivals tels que lieder avec, entre autres artistes, Bernarda Fink les Schubertiades de Schwarzenberg, les festivals (Schubert, Harmonia Mundi), Ruth Ziesak (Liszt, de Schwetzingen et de Rheingau, ou dans de Berlin Classics ; Mendelssohn, AVI), Christina prestigieuses salles : Philharmonie de Cologne, Landshamer (Schumann et Ullmann, Oehms Alte Oper Francfort, Konzerthaus et Musikverein Classics) et Franz-Josef Selig (Schubert, Strauss de Vienne, Concertgebouw d’Amsterdam, et Wolf, AVI). Gerold Huber partage son savoir Wigmore Hall, Lincoln Center, Carnegie Hall, lors de fréquentes master-classes. Depuis 2013, musée d’Orsay, etc. Gerold Huber collabore avec il enseigne l’accompagnement du lied à la nombre de chanteurs parmi lesquels Christiane Hochschule für Musik de Wurtzbourg. Karg, Christina Landshamer, Ruth Ziesak, Mojca
Livret Robert Schumann Sechs Gesänge op. 107 I. Herzeleid I. Peine du cœur Die Weiden lassen matt die Les saules languissants laissent choir [Zweige hangen, [leurs branches, Und traurig ziehn die Wasser hin: Et l’eau se traîne tristement : Sie schaute starr hinab mit Elle regarde fixement vers le bas, [bleichen Wangen, Die unglückselge Träumerin. Les joues exsangues, la rêveuse infortunée. Und ihr entfiel ein Strauss von Immortellen, Un bouquet d’immortelles lui a échappé, Er war so schwer von Tränen ja, Si lourd il était déjà de larmes, Und leise warnend lispelten die Wellen: Et dans un murmure les vagues avisaient : Ophelia, Ophelia! Ophélie, Ophélie ! Texte : Titus Ulrich II. Die Fensterscheibe II. La Vitre Die Fenster klär’ ich zum Feiertag, Pour le jour de fête, je lave ma fenêtre, E.S. n°1-1083294, E.S. n°1-1041550, n°2-1041546, n°3-1041547 – Imprimeur : BAF Daß sich die Sonn’ drin spiegeln mag, Afin que le soleil vienne s’y refléter, Und klär’ und denke gar mancherlei. Et tout en lavant, ma pensée vagabonde. Da geht er stolz vorbei! Le voilà alors qui passe, la tête haute ! So sehr muss ich da erschrocken sein, Cela me trouble tant et si bien, Daß ich gleich brach in die Que d’un coup je casse les vitres, [Scheiben hinein, Und gleich auch kam das Blut gerannt Et que le sang coule Rot über meine Hand. Rouge sur ma main. 14
Livret Und mag sie auch bluten, meine Hand, Ma main peut bien saigner Und mag mich auch schmerzen der Et me faire mal le méchant feu. [böse Brand, Hast einen Blick doch herauf geschickt, Tu as jeté vers moi un regard, Als laut das Glas geknickt. Lorsqu’avec fracas la vitre s’est cassée. Und in die Augen dir hab’ ich gesehn; Et je t’ai alors regardé dans les yeux ; Ach Gott, wie lang ist es nicht geschehn! Ah Dieu, depuis le temps que ce n’était [arrivé ! Hast mich ja nicht einmal angeblickt, Tu ne m’as pas ainsi regardée le jour Als leis mein Herz geknickt! Où mon cœur en silence s’est brisé ! Texte : Titus Ulrich III. Der Gärtner III. Le Jardinier Auf ihrem Leibrösslein, Chevauchant son petit destrier So weiss wie der Schnee, La plus belle des princesses Die schönste Prinzessin Aussi blanche que neige Reit’t durch die Allee. Apparaît dans l’allée. Der Weg, den das Rösslein Le chemin qu’emprunte Hintanzet so hold, À pas légers son cheval Der Sand, den ich streute, Brille comme l’or Er blinket wie Gold. Du sable que j’y ai déversé. Du rosenfarb’s Hütlein Si de sa coiffe rose, Wohl auf und wohl ab, Sautillant sur sa tête, O wirf eine Feder S’envolait une plume Verstohlen herab! Qui me soit destinée Und willst du dagegen Je lui offrirais Eine Blüte von mir, Une de mes fleurs, 15
Livret Nimm tausend für eine, Ou plutôt mille, Nimm alle dafür! Ou plutôt toutes. Texte : Eduard Mörike IV. Die Spinnerin IV. La Fileuse de laine Auf dem Dorf in den Spinnstuben Dans les salles où l’on file la laine, Sind lustig die Mädchen. Les filles travaillent gaiement. Hat jedes seinen Herzbuben, Elles sont toutes promises Wie flink geht das Rädchen! Et leurs mains sont agiles. Spinnt jedes am Brautschatz, Chacune s’applique à son trousseau Dass der Liebste sich freut. Pour plaire au bien-aimé, Nicht lange, so gibt es Car sonneront bientôt Ein Hochzeitsgeläut! Les cloches de la noce. Kein’ Seel’, die mir gut ist, Et moi qui n’ai personne Kommt mit mir zu plaudern; Auprès de qui me confier, Gar schwül mir zu Mut ist, Je reste seule et désespérée, Und die Hände zaudern. Et suis toute engourdie. Und die Tränen mir rinnen Je ne peux m’empêcher Leis übers Gesicht. De pleurer en silence. Wofür soll ich spinnen, Pourquoi alors Ich weiss es ja nicht! Devrais-je filer la laine ? Texte : Paul Heyse V. Im Wald V. Dans la forêt Ich zieh’ so allein in den Wald hinein! Je déambule solitaire dans la forêt O sieh zwei Falter fliegen! Deux papillons s’envolent 16
Livret Sie tummeln sich durch die Luft, S’ébattent dans les airs, Und wenn sie ruh’n, so wiegen Puis se posent, bercés Sie sich in der Blumen Duft, Par le parfum des fleurs, Und ich bin so allein, voll Pein! Et moi, qui reste seul et affligé ! Ich zieh’ so allein in den Wald hinein! Je déambule solitaire dans la forêt O sieh zwei Vöglein erschrocken Deux oiseaux importunés Entstieben dem warmen Nest! Quittent leur nid douillet Doch singen und suchen und locken Chantent, se poursuivent et s’égaient Sie hoch sich im Geäst, À travers les hautes branches, Und ich bin so allein, voll Pein! Et moi, qui reste seul et affligé ! Ich zieh’ so allein in den Wald hinein! Je déambule solitaire dans la forêt O sieh zwei Rehe zieh’n Deux chevreuils gambadent An der grünen Halde zumal! Sur le pré verdoyant Und wie sie mich seh’n, entflieh’n Ils s’enfuient en me voyant Sie fern in Berg und Tal, Vers les montagnes et les vallées, Und ich bin so allein, voll Pein! Et moi, qui reste seul et affligé ! Texte : Wolfgang Müller von Königswinter VI. Abendlied VI. Chant du soir Es ist so still geworden, Tout est à présent calme, Verrauscht des Abends Weh’n; Le vent du soir s’est tu Nun hört man aller Orten Laissant partout la place Der Engel Füsse geh’n. Au pas furtif des anges. Rings in die Tiefe senket L’obscurité s’étend Sich Finsterniss mit Macht; Sans rencontrer de résistance. Wirf ab, Herz, was dich kränket Mon cœur, oublie ce qui te peine Und was dir bange macht! Et qui t’inquiète. 17
Livret Nun steh’n im Himmelskreise Le ciel est parsemé Die Stern’ in Majestät; D’étoiles majestueuses. In gleichem, festem Gleise Dans la courbe qu’il dessine Der goldne Wagen geht. L’astre nocturne poursuit sa route. Und gleich den Sternen lenket Et comme les étoiles, il guide Er deinen Weg durch Nacht; Ton chemin dans la nuit. Wirf ab, Herz, was dich kränket Mon cœur, oublie ce qui te peine Und was dir bange macht! Et qui t’inquiète. Claude Debussy Trois Chansons de France I. Rondel I Le temps a laissié son manteau De vent, de froidure et de pluye, Et s’est vestu de broderye, De soleil raiant, cler et beau. Il n’y a beste ne oiseau Qui en son jargon ne chante ou crye : Le temps a laissié son manteau. Rivière, fontaine et ruisseau Portent, en livrée jolye, Goultes d’argent d’orfaverie. Chascun s’abille de nouveau, Le temps a laissié son manteau. Texte : Charles d’Orléans 18
Livret II. La Grotte Auprès de cette grotte sombre Où l’on respire un air si doux, L’onde lutte avec les cailloux, Et la lumière avecque l’ombre. Ces flots, lassés de l’exercice Qu’ils ont fait dessus ce gravier, Se reposent dans ce vivier Où mourut autrefois Narcisse… L’ombre de cette fleur vermeille Et celle de ces joncs pendants Paraissent estre là-dedans Les songes de l’eau qui sommeille. Texte : François Tristan L’Hermite III. Rondel II Pour ce que Plaisance est morte Ce may, suis vestu de noir ; C’est grand pitié de véoir Mon cœur qui s’en desconforte. Je m’abille de la sorte Que doy, pour faire devoir ; Pour ce que Plaisance est morte, Ce may, suis vestu de noir. Le temps ces nouvelles porte Qui ne veut déduit avoir ; Mais par force du plouvoir 19
Livret Fait des champs clore la porte, Pour ce que Plaisance est morte. Texte : Charles d’Orléans Robert Schumann Lieder und Gesänge op. 98a IV. Wer nie sein Brot IV. Celui qui n’a mit Tränen ass jamais souffert de la faim Wer nie sein Brot mit Tränen ass, Celui qui n’a jamais souffert de la faim, Wer nie die kummervollen Nächte N’a pas connu les nuits de désespoir Auf seinem Bette weinend sass, Assis sur son lit en pleurant, Der kennt euch nicht, ihr Ne vous connaît pas, forces divines. [himmlischen Mächte! Ihr führt ins Leben uns hinein, Elles ont nos vies en main, Ihr lasst den Armen schuldig werden, Nous accusent de notre dénuement, Dann überlasst ihr ihn der Pein: Puis nous abandonnent à nos peines Denn alle Schuld rächt sich auf Erden. Car toute faute doit trouver son châtiment. Texte : Johann Wolfgang von Goethe VI. Wer sich der VI. Celui qui Einsamkeit ergibt s’éprend de solitude Wer sich der Einsamkeit ergibt, Celui qui s’éprend de solitude Ach! der ist bald allein; Est destiné à rester seul ; Ein jeder lebt, ein jeder liebt, Car ceux qui vivent et qui aiment Und lässt ihn seiner Pein. Le laisseront à son tourment. 20
Livret Ja! lasst mich meiner Qual! Oui ! Laissez-moi à ma peine, Und kann ich nur einmal Connaître pour une fois Recht einsam sein, La véritable solitude, Dann bin ich nicht allein. Qui elle ne me laissera pas seul. Es schleicht ein Liebender lauschend sacht, Comme l’amant meurtri Ob seine Freundin allein? Doutant de son amante, So überschleicht bei Tag und Nacht De jour comme de nuit Mich Einsamen die Pein, S’insinue en moi la peine, Mich Einsamen die Pein. S’insinue en moi le tourment. Ach, werd’ ich erst einmal Ah, connaître enfin Einsam im Grabe sein, La solitude du tombeau, Da lässt sie mich allein! Et qu’on m’y laisse seul. Texte : Johann Wolfgang von Goethe VIII. An die Türen VIII. J’irai de porte will ich schleichen en porte An die Türen will ich schleichen, J’irai de porte en porte, Still und sittsam will ich stehn; Et me présenterai humble et silencieux. Fromme Hand wird Nahrung reichen, Une main pieuse me donnera du pain Und ich werde weiter gehn. Et je poursuivrai mon chemin. Jeder wird sich glücklich scheinen, À ma vue devant lui, Wenn mein Bild vor ihm erscheint; Chacun s’estimera chanceux Eine Träne wird er weinen, Et versera sans doute une larme, Und ich Weiß nicht, was er weint. Mais je ne sais ce qu’il pleurera. Texte : Johann Wolfgang von Goethe 21
Livret Robert Schumann Drei Gedichte aus den Waldliedern op. 119 I. Die Hütte I. Le Refuge Im Wald in grüner Runde, Dans la forêt verdoyante, Wo Wipfel über Wipfel schaut, Peuplée de hautes futaies Auf stillem Wiesengrunde Donnant de l’ombre à la prairie, Hab’ ich die Hütte mir gebaut; J’ai bâti mon refuge. Sie steht, bewahrt vor Stürmen Là, protégé des orages, An graubemooster Felsenwand, Adossé à une falaise de mousse recouverte, Baumriesen sie umtürmen, Des arbres le dominent, Die schützen sie mit Freundeshand; Et le protègent de leurs branches amicales. Ins Fenster blüht die Rose, Un rosier s’épanouit et orne la fenêtre, Die Rebe grünt hinauf zum Dach, La vigne grimpe nonchalamment [jusqu’au toit, Mit heimlichem Gekose Avec ses étranges murmures, Rauscht nah vorbei der Wiesenbach. Le ruisseau s’écoule non loin. Im Wald zur guten Stunde Dans cette forêt, à l’heure opportune, Hab’ ich die Stätte mir erschaut, J’ai choisi l’endroit propice, Und auf entlegnem Grunde Et, en ce lieu isolé, Die traute Hütte mir gebaut. Ai bâti un bon refuge. Vom Frühroth angelächelt, Aidé du sourire de l’aube Wie blickt ins Grün sie lebensfrisch! Il s’épanouit dans la verdure, Vom Abendhauch umfächelt, Et lorsque le soir doucement se déploie, Versinkt ins Thal sie träumerisch; S’efface en rêvant dans la vallée. 22
Livret Am Mittag hält von Zweigen Au zénith venu, un des grands arbres Den Schirm ein Sohn des Walds ihr vor, Lui fait office de parasol, Des Nachts umschlingt in Reigen Et la nuit, les fées de la prairie Sie leis der Wiesen Elfenchor. Lui accordent une ronde. Im Wald, in grüner Runde, Dans la forêt verdoyante Wo Wipfel über Wipfel schaut, Peuplées de hautes futaies, Natur, in deinem Bunde Sous ta tutelle, chère nature, Hab’ ich die Hütte mir gebaut J’ai bâti mon refuge. Texte : Gustav Pfarrius II. Warnung II. Prends garde Es geht der Tag zur Neige, Le jour achève sa course Der Licht und Freiheit bot, Après t’avoir offert lumière et liberté. O schweige, Vöglein, schweige, À présent, tais-toi, petit oiseau, tais-toi, Du singst dich in den Tod. Ton chant pourrait causer ta perte. Die Winde nächtlich rauschen, Le vent nocturne rugit, Die Blätter zittern bang, Le feuillage en est tout secoué, Den Feinden, die drin lauschen, Ton chant pourrait te trahir Verrät dich dein Gesang. Auprès de tes ennemis. Glutäugig durchs Gezweige Tapi au milieu des branches Der finstre Schuhu droht: Le hibou aux yeux de braise est à l’affût. O schweige, Vöglein, schweige, Tais-toi, petit oiseau, tais-toi, Du singst dich in den Tod! Ton chant pourrait causer ta perte. Texte : Gustav Pfarrius 23
Livret III. Der Bräutigam III. Le Futur Marié et und die Birke le bouleau Birke, des Waldes Zier, Cher bouleau, parure de la forêt, Will Hochzeit machen, Comme je me marie, Brauch viele Sachen, J’ai grand besoin de choses, Was schenkst du mir? Qu’es-tu prêt à me donner ? « Ich schenke dir einen grünen Strauss, « Je te donnerai un bouquet des bois, Den trägst du bei deinem Que tu pourras porter à ta noce. » [Hochzeitsschmaus. » Der grüne Strauss gefällt mir sehr Ton bouquet des bois me plaît bien, [cher bouleau, Birke, was schenkst du mir noch mehr? Mais que me donneras-tu d’autre ? « Ich schenke dir eine Rute, « Je te donnerai une fine verge, Die kommt deinen Kindern zugute. » Pour l’éducation de tes enfants. » Die schwanke Rute gefällt mir sehr; Ta fine verge me plaît bien, cher bouleau, Birke, was schenkst du mir noch mehr? Mais que me donneras-tu d’autre ? « Ich schenke dir einen Besen rauh, « Je te donnerai un bon balai, Den führt mit Fleiß die junge Frau. » Pour les travaux de ta jeune épouse. » Der rauhe Besen gefällt mir sehr; Ton bon balai me plaît bien, cher bouleau, Birke, was schenkst du mir noch mehr? Mais que me donneras-tu d’autre ? « Ich schenke dir einen Peitschenstiel, « Je te donnerai une cravache de cuir, Den schwingst du über den Rossen viel. » Pour que tu en menaces tes chevaux. » 24
Livret Der Peitschenstiel gefällt mir sehr; Ta cravache de cuir me plaît bien, [cher bouleau, Birke, was schenkst du mir noch mehr? Mais que me donneras-tu d’autre ? « Ich schenk dir auch den Wein dazu; « Je te donnerai aussi de mon vin ; Laß träufeln mein Blut, so hast du Ruh. » Je laisserai couler ma sève, es-tu content ? » Der Birkensaft gefällt mir sehr; Ta sève me plaît bien, cher bouleau, Birke, was schenkst du mir noch mehr? Mais que me donneras-tu d’autre ? « Ich hab nun alles gegeben dir, « Je t’ai tout donné à présent, Es bleibt nur noch das nackte Leben mir. » Il ne me reste plus que la vie. » Birke, so lebst du dir selbst zur Pein; Cher bouleau, alors tu es perdu, Will Hochzeit machen, Comme je me marie, Brauch viele Sachen, J’ai grand besoin de choses, Komm mit und heize mein Kämmerlein! Je te prends pour chauffer ma chambrée. Texte : Gustav Pfarrius Robert Schumann Vier Husarenlieder op. 117 I. Der Husar, trara! I. Pour le hussard, trara ! Der Husar, Pour le hussard, Trara! Trara ! Was ist die Gefahr? C’est quoi le danger ? Sein herzliebster Schatz! Sa bien-aimée ! Sie winkt, mit einem Satz Un signe d’elle, il saute Ist er da, trara! Et le voilà, trara ! Der Husar, Pour le hussard, 25
Livret Trara! Trara ! Was ist die Gefahr? C’est quoi le danger ? Sein Wein; flink! flink! Le vin, cul sec ! Säbel blink! Säbel trink! Sabre au clair ! Sabre en l’air ! Trink Blut! trara! Sang de la terre ! trara ! Der Husar, Pour le hussard, Trara! Trara ! Was ist die Gefahr? C’est quoi le danger ? Sein herzliebster Klang, Sa chanson préférée, Sein Leibgesang, Son air ressassé, Schlafgesang, trara! Une berceuse, trara ! Texte : Nikolaus Lenau II. Der II. Fâcheuse paix leidige Frieden Der leidige Frieden Fâcheuse paix Hat lange gewährt, Beaucoup trop longue, Wir waren geschieden, Qui nous sépare, Mein gutes Schwert! Ma bonne épée. Derweil ich gekostet Pendant que je goûtais Im Keller den Wein, Au vin de la treille Hingst du verrostet Pendue au mur, An der Wand allein. Tristement tu rouillais. Von Sorte zu Sorte J’allais de cave en cave, Probiert’ ich den Wein, Dégustais les nectars, Indessen dorrte Tandis que le sang Das Blut dir ein. Séchait sur ta lame. Ist endlich entglommen Mais enfin se rallume 26
Livret Der heisse Streit, Le rude combat. Mein Schwert, und gekommen Chère épée, voici Ist deine Zeit. Ton temps revenu. Ich geb’ deiner Klingen J’affûte ton tranchant Den blanken Schliff, Fais briller son acier, Ich lasse dich singen Te laisse entonner Den Todespfiff. L’hymne de mort. Im Pulvernebel Dans l’odeur de la poudre, Die Arbeit rauscht, Agiles ouvriers, Wir haben, o Säbel, Toi et moi partageons Die Freuden getauscht. D’identiques plaisirs. Im brausenden Moste, Dans le moût écumant, Mein durstiges Erz, Ta lame assoiffée Betrinke dich, koste S’enivre et s’épanche Von Herz zu Herz. À cœur ouvert. Derweil du gekostet Et tandis que tu t’abreuves Das rote Blut, De sang écarlate, Ist mir eingerostet Ma gorge s’assèche Der Hals vor Glut. Au feu du combat. Texte : Nikolaus Lenau III. Den IIII. Branches vertes grünen Zeigern Den grünen Zeigern, Branches vertes, Den roten Wangen, Joues écarlates, Den lustigen Geigern Violonistes joyeux Bin ich nachgegangen Je les suivais 27
Livret Von Schenk’ zu Schenk’, De taverne en taverne Solang’ ich denk’. D’autant que je me souvienne. Am Tschako jetzt trag’ ich Avec le shako que je porte à présent, Die grünen Äste, Branches vertes, Rote Wangen, die schlag’ ich Joues écarlates, j’affronte Den Feinden aufs beste, L’ennemi du mieux que je peux Kanonengebrumm Au son du canon, Musiziert herum. Notre musique. Texte : Nikolaus Lenau IV. Da liegt der Feinde IV. Ils gisent là les gestreckte Schar soldats ennemis Da liegt der Feinde gestreckte Schar, Ils gisent là les soldats ennemis, Sie liegt in ihrem blutroten Blut. Ils gisent dans leur sang rouge sang Wie haut er so scharf, wie haut er so gut, Frappés par les coups imparables Der flinke Husar! Du brave hussard. Da liegen sie, ha! so bleich und rot, Ils gisent là, si pâles et rouges, Es zittern und wanken noch, husch! husch! Leurs âmes toujours tremblantes Ihre Seelen auf seinem Federbusch; Volent autour de sa coiffe ; Da liegen sie tot. Leurs corps gisent là. Und weiter ruft der Trompetenruf, Voici l’appel de la trompette, Er wischt an die Mähne sein Il essuie son épée à la crinière du cheval, nasses Schwert, Celui-ci bondit gaiement, Und weiter springt sein lustiges Pferd Les sabots rouges de sang. Mit rotem Huf. Texte : Nikolaus Lenau Robert Schumann 28
Livret Sechs Gesänge op. 89 I. Es stürmet I. Tempête am Abendhimmel au crépuscule Es stürmet am Abendhimmel, La tempête au crépuscule Es zittert der Sonne Licht, Fait trembler la lumière, Im Äther die eine Wolke Dans le ciel, un nuage solitaire Von Lust und Lieb’ ihr spricht. Lui parle de plaisir et d’amour. Die Wolke, vom Sturm gezogen, Poussé par la tempête, Dehnt weit die Arme aus, Le nuage tend les bras Sie glüht im Purpur der Liebe Et brille d’un éclat pourpre Und wirbt im Sturmgebraus. Animé par les remous du vent. Da scheidet die Braut von dannen, Mais la tempête chasse la lumière Die Wolke der Sturm entrafft; Et le nuage solitaire ; Der Purpur ist all verschwunden, Le pourpre disparait, Schwarz ist sie und grausenhaft. Elle est noire et terrible. Texte : Wilfried von der Neun II. Heimliches II. Discrète Verschwinden disparition Nachts zu unbekannter Stunde À une heure inconnue de la nuit Flieht der liebe Lenz die Flur, Le printemps aimé quitte la prairie, Küßt, was blüht, still in der Runde Il embrasse tout ce qui a fleuri Und verschwindet sonder Spur. Et disparaît discrètement. Rings von seinen Küssen prangen Fortes de ces baisers du matin Früh die Blumen hold verschämt, Les fleurs s’ouvrent timidement Daß an ihrem Mund zu hangen, Pour attirer au bord de leurs pétales 29
Livret Schmetterling sich nicht bezähmt. Les papillons effarouchés. Doch die Leute draußen sagen, Et l’on dit tout autour Daß der Lenz vorüber sei; Que le printemps s’en est allé, Und an wetterheißen Tagen Que les chaudes journées Kennt man Sommers Tyrannei. Annoncent la tyrannie de l’été. Und wir denken dran beklommen, Dans notre peine nous songeons Daß der Lenz so heimlich floh; Que le printemps furtivement enfui Daß er Abschied nicht genommen, Ne nous a pas dit au revoir, Ach! das läßt uns nimmer froh. Et que nous ne connaîtrons plus le bonheur. Also schmerzt es, geht das erste Blessant comme un premier amour Lieb ohn’ Abschied von uns fort. Parti sans dire un mot, Ruhig trügen wir das Schwerste, Cet abandon serait moins douloureux Spräch’ sie aus das Scheidewort. S’il s’accompagnait d’un adieu. Texte : Wilfried von der Neun III. Herbstlied III. Chant d’automne Durch die Tannen und die Linden À travers sapins et tilleuls, Spinnt schon Purpur her und hin; La lumière pourpre scintille ; Will mich Wehmut überwinden, Pourrai-je surmonter la tristesse Daß ich bald im Herbste bin. De savoir l’automne revenu. Nimmer! denn vom Walde klingen Jamais ! Pourtant les bruits de la forêt, Märlein mir und Sprüchelein, Contes et récits qui me sont destinés, Die mir süße Tröstung bringen M’apportent un tendre réconfort Ob erstorb’nem Sonnenschein. Malgré le déclin du soleil. Ja, erstorben ist die Sonne, Oui, le soleil s’éteint doucement Und ihr Strahl ist ohne Macht! Et son éclat faiblit. 30
Livret Dennoch spricht von ferner Wonne Pourtant, les futaies vénérables Greiser Wipfel Farbenpracht. Parlent toujours de bonheur. Texte : Wilfried von der Neun IV. Abschied IV. Adieu à la forêt vom Walde Nun scheidet vom sterbenden Walde De la forêt agonisante Der Wandrer mit Herz und Mund: Le voyageur ne veut plus rien connaitre : « Wie wardst du mir lieb so balde, « Je t’ai aimée dès que je t’ai connue, Was sangst du mir vor allstund! Et tu chantais pour moi autrefois. « Wohl wußt’ ich deine Sprache, Je comprenais ta langue, Wohl kannt’ ich deinen Sang, Je connaissais ton chant, Und will’s an manchem Tage Et certains jours, il revient Nachsingen trüb und bang. Tristement sur mes lèvres. « Doch nun, o Wald, dein Rauschen, Mais alors que tes rumeurs Dein Brausen laß mir sein! Et murmures s’évanouissent, Nicht alles mag ich tauschen Je n’ôterai rien Für Herbstes Melodein! » Au chant de l’automne. » Texte : Wilfried von der Neun V. Ins Freie V. En quête de liberté Mir ist’s so eng allüberall! Je me sens à l’étroit dans le monde. Es schlägt das Herz mit lautem Schall, Mon cœur bat si fort, Und was da schallt, sind Lieder! Il bat au rythme des chansons. Aus düstrer Mauern bangem Ring Hors de l’ombre sinistre des murs, Flieg’ ich ins Weite froh und flink: Je vole au loin, heureux et agile, Da atm’ ich Wonne wieder! Là où je peux respirer le bonheur. 31
Livret Da flattert aus der offnen Brust Alors, ma poitrine palpite Die Sehnsucht nach verrauschter Lust À l’ivresse des plaisirs Und nach gehoffter Wonne: Et de la félicité retrouvés, Die Winde tragen’s himmelan, Mais le vent les emporte au loin. Die Gräslein geben Fürbitt’ dran, Tournées vers le soleil, Sich neigend in der Sonne. Les herbes s’entremettent. Texte : Wilfried von der Neun VI. Röselein, VI. Petite Rose, petite Röselein! rose ! Röselein, Röselein, Petite rose, petite rose, Müssen denn Dornen sein? Faut-il que tu aies des épines ? Schlief am schatt’gen Bächelein J’ai dormi à l’ombre près d’un ruisseau Einst zu süssem Träumen ein, Et j’ai fait un doux rêve, Sah in goldner Sonne-Schein J’ai vu dans les rayons dorés du soleil Dornenlos ein Röselein, Une petite rose sans épine, Pflückt’ es auch und küsst’ es fein, Je l’ai cueillie et l’ai doucement appelée, « Dornloses Röselein! » « Petite rose sans épine ! » Ich erwacht’ und schaute drein: À mon réveil je l’ai cherchée, « Hatt’ ich’s doch! wo mag es sein? » « Je l’avais bien, où peut-elle être ? » Rings im weiten Sonnenschein Autour de moi, le soleil ne m’a montré Standen nur Dornröselein! Que des roses à épines, Und das Bächlein lachte mein: Et le ruisseau moqueur m’a dit : « Lass du nur dein Träumen sein! « Oublie ton rêve l’ami, Merk’ dir’s fein, merk’ dir’s fein, Et sache bien que les roses Dornröslein müssen sein! » Auront toujours des épines ! » Texte : Wilfried von der Neun 32
Livret Claude Debussy Trois Poèmes de Mallarmé Soupir Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur, Un automne jonché de taches de rousseur, Et vers le ciel errant de ton œil angélique, Monte, comme dans un jardin mélancolique, Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers [l’azur ! Vers l’azur attendri d’octobre pâle et pur Qui mire aux grands bassins sa [langueur infinie Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie Des feuilles erre au vent et creuse un [froid sillon, Se traîner le soleil jaune d’un long rayon. Texte : Stéphane Mallarmé Placet futile Princesse ! à jalouser le destin d’une Hébé Qui point sur cette tasse au baiser de vos [lèvres ; J’use mes feux mais n’ai rang discret [que d’abbé Et ne figurerai même nu sur le Sèvres. Comme je ne suis pas ton bichon embarbé 33
Livret Ni la pastille, ni jeux mièvres Et que sur moi je sens ton regard clos tombé Blonde dont les coiffeurs divins sont des [orfèvres ! Nommez-nous… toi de qui tant de [ris framboisés Se joignent en troupeaux d’agneaux apprivoisés Chez tous broutant les vœux et bêlant [aux délires, Nommez-nous… pour qu’Amour ailé [d’un éventail M’y peigne flûte aux doigts endormant [ce bercail, Princesse, nommez-nous berger de [vos sourires. Texte : Stéphane Mallarmé Éventail Ô rêveuse, pour que je plonge Au pur délice sans chemin, Sache, par un subtil mensonge, Garder mon aile dans ta main. Une fraîcheur de crépuscule Te vient à chaque battement Dont le coup prisonnier recule L’horizon délicatement. Vertige ! voici que frissonne 34
Livret L’espace comme un grand baiser Qui, fou de naître pour personne, Ne peut jaillir ni s’apaiser. Sens-tu le paradis farouche Ainsi qu’un rire enseveli Se couler du coin de ta bouche Au fond de l’unanime pli. Le sceptre des rivages roses Stagnants sur les soirs d’or, ce l’est Ce vol blanc fermé que tu poses Contre le feu d’un bracelet. Texte : Stéphane Mallarmé Robert Schumann Lieder und Gesänge op. 83 I. Resignation I. Résignation Lieben, von ganzer Seele, T’aimer de tout mon cœur, Lieben herzinniglich; T’aimer de toute mon âme, Daß nimmer ich’s verhehle, Je ne puis le cacher, Heiß lieben muß ich dich! Je dois t’aimer toujours. Wie’s kommt? Pourquoi cela ? Wie kann ich’s wissen? Comment savoir ? Wohl höher schlägt mein Herz, Mon cœur bat plus fort Wenn deine Augen grüßen: Lorsque tu me regardes, Gehst du, erbebts im Schmerz, Mais saigne lorsque tu pars. 35
Livret Erbebt im heißen Glühen, Saisi d’un silencieux émoi, Im still verschwiegnen Rausch, Je frissonne, fébrile Und Tränen überziehen Et de discrètes larmes Den Blick im Wechseltausch. Me voilent ta vision. Lieben, von ganzer Seele, T’aimer de toute mon âme, Muß ich dich! Tel est mon sort. Du wirst mich nie umschließen, Jamais tu ne m’embrasseras, Nie wird dein Aug’ mir glühn! Jamais tes yeux ne se poseront sur moi. Der Sehnsucht still Vermissen Jamais désir et silencieuse attente Wird nie dich zu mir ziehn! Ne t’amèneront à moi. So hoffnungslos mein Lieben? Amour sans espoir ? Gewiß! doch trostlos nicht! Oui, mais sans désolation. Will Gegenwart nicht trüben— Je ne ternirai pas le présent, Zukunft? kenn’ ich ja nicht!— Mais l’avenir ? Je ne sais pas. Will auch der Trennungsstunde Schmerz L’intense douleur de la séparation Düster mich umwehn, Cherche sur moi son emprise, Lächle mit bleichem Munde: Et je souris pourtant, Jenseits ist Wiedersehn! Nous nous retrouverons dans l’au-delà ! Texte : Julius Buddeus II. Die Blume II. La Fleur der Ergebung de l’abandon Ich bin die Blum’ im Garten, Je suis la fleur du jardin Und muss in Stille warten, Et attends immobile Wann und in welcher Weise L’instant chéri Du trittst in meine Kreise. Où tu viendras à moi. 36
Livret Kommst du, ein Strahl der Sonne, Si tu apportes un rayon de soleil, So werd’ ich deiner Wonne J’ouvrirai mon cœur Den Busen still entfalten Aux délices qu’il amène Und deinen Blick behalten. Et chérirai l’éclat de ton regard. Kommst du als Tau und Regen, Si tu apportes la rosée et la pluie, So werd’ ich deinen Segen J’y verrai l’eau sacrée In Liebesschalen fassen, Du baptistère, que jamais Ihn nicht versiegen lassen. Je ne laisserai tarir. Und fährest du gelinde Et si, comme une douce brise, Hin über mich im Winde, Tu passes au-dessus de moi, So werd’ ich dir mich neigen, Je m’inclinerai et dirai, Sprechend: Ich bin dein eigen. Je suis tout à toi. Texte : Friedrich Rückert III. Der Einsiedler III. Le Solitaire Komm, Trost der Welt, du stille Nacht! Viens, nuit consolatrice, Wie steigst du von den Bergen sacht, Descends doucement des montagnes, Die Lüfte alle schlafen, Le vent s’est endormi, Ein Schiffer nur noch, wandermüd’, Seul, depuis le port, un marin, fatigué [du voyage, Singt übers Meer sein Abendlied Entonne vers la mer un chant du soir Zu Gottes Lob im Hafen. À la gloire des cieux. Die Jahre wie die Wolken gehn Les années passent comme les nuages Und lassen mich hier einsam stehn, Et me laissent ici solitaire, Die Welt hat mich vergessen, Le monde m’a oublié. Da tratst du wunderbar zu mir, Mais toi, merveille, tu viens me voir, Wenn ich beim Waldesrauschen hier Perdu dans mes pensées, Gedankenvoll gesessen. Dans le bruissement de la forêt. 37
Livret O Trost der Welt, du stille Nacht! Ô nuit consolatrice, Der Tag hat mich so müd gemacht, Après ce jour qui m’épuise, Das weite Meer schon dunkelt, La vaste mer s’assombrit, Laß ausruhn mich von Lust und Not, Et m’épargne plaisirs et tourments Bis daß das ew’ge Morgenrot Jusqu’à ce que l’aube, toujours revenue, Den stillen Wald durchfunkelt. Embrase à nouveau la forêt. Texte : Joseph von Eichendorff Traduction de Herzeleid et Die Fensterscheibe : Miriam Lopes Traduction des autres textes : Miri Stern Il est strictement interdit, sauf accord préalable et écrit de la Cité de la musique – Philharmonie de Paris, de reproduire (notamment par photocopie ou numérisation) partiellement ou totalement la présente traduction, de la stocker dans une banque de données ou de la communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. 38
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