Couverture " Restriction on gender " Par Serge Attukwei Clottey - REVUE SANKOFA MAI 2020 - ARTS & CULTURE - Association Panafricaine pour les ...
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Couverture “ Restriction on gender “ Par Serge Attukwei Clottey 5 1 REVUE SANKOFA MAI 2020 – ARTS & CULTURE
5 AVRIL 2020 – ARTS & CULTURE SOMMAIRE EXPOSITION A l’aide de cette revue, SANKOFA, association panafricaine pour les arts et la culture, vous tient informé-e-s, 4 - 9. « El Anatsui : Triumphant Scale », une exposition grand format au Musée des Beaux- de l’actualité culturelle et artistique, des Arts de Berne bons plans, ainsi que des évènements de l’association, passés et à venir. 2020 marque un tournant important pour nous. C’est sous le signe du Renou- veau, néanmoins toujours ancré sur de solides racines, que nous nous propo- sons de rythmer mensuellement les re- vues de SANKOFA. Le SANKOFA est un symbole akan (Adinkra) qui exprime la sagesse de se HISTOIRE nourrir de son passé pour mieux aller de l’avant. 4 - 5. Histoire Générale de l’Afrique SOUTIEN 12 - 13. Le Portrait de…: Jethro Volmar Pour soutenir les activités de l’association, le développe- ment de la revue mensuelle et ainsi encourager la promotion des arts et cultures d’Afrique, Edition : n’hésitez pas à nous suivre et à Association SANKOFA en parler autour de vous. Il est Direction de publication : CONTRIBUTIONS également possible de nous Bansoa Sigam soutenir financièrement en de- Secrétariat d’édition : venant membre cotisant. Rosy N. Noah L’Histoire courte d’Akoswa Anowah Rédaction : Ndona-Ella Nsingi, Djata Sigam, Jethro Pour toutes informations veuil- 14 - 23. L’Histoire courte d’Akoswa Anowah Volmar lez consulter notre site. Contribution externe à la rédaction : « Elle révèle une nouvelle www.panafricanart.org identité dans Pamela Ohene Nyako Contribution artistique : l’écriture...» FB & Instagram Serge Attukei Clottey @sankofa.panafricanart Graphisme et mise en page : info@panafricanart.org Dona Cetoute 2 3
Ndona-Ella Nsingi Exposition Quand le déconfinement sera officiel- conséquences néfastes de la mondiali- lement déclaré, les jours seront comptés sation. À travers cette exposition, l’artiste pour rattraper le temps perdu. Depuis mi- profite également de montrer l’étendue mars, le Musée des Beaux-Arts de Berne et la richesse de ses créations artistiques (Kunstmuseum Bern) a l’honneur de faire réalisées durant ses cinquante années de découvrir au public suisse jusqu’au 21 carrière. Ainsi, des dessins, des gravures, juin 2020 « El Anatsui : Triumphant Scale », des esquisses et d’autres œuvres gra- la plus aboutie des expositions de renom vitent autour de ces gigantesques dra- jamais présentée en Europe. En effet, pés de bouchons recyclés constituant après son passage au Pavillon du Gha- le cœur de l’exposition. L’ambition d’El na à la 58e Biennale de Venise en 2019, Anatsui réside dans la volonté d’abolir l’exposition continuera son itinéraire les frontières entre la sculpture, la pein- épique : d’abord dans la même année ture et l’assemblage en exploitant la re- à Munich puis à Doha et bientôt au Gug- cherche esthétique et l’expérimentation genheim à Bilbao une fois qu’elle aura artistique. L’ensemble de ses œuvres se quitté la capitale helvétique. définit bel et bien comme un croisement La réputation de l’artiste à l’origine entre la littérature dans l’Afrique post-co- de cette exposition monumentale n’est loniale, les discours philosophiques et es- pas en reste. Le sculpteur ghanéen El thétiques sur l’art. Anatsui est à ce jour l’un des artistes les plus remarquables du continent africain. Deuxième artiste africain après le photo- graphe malien Malick Sidibé à avoir été récompensé par la prestigieuse Biennale de Venise en 2015, les œuvres d’El Anat- sui sont pourtant la matérialisation d’un édifice qui symbolise toute une création collective. Ces immenses mosaïques co- lorées composées de milliers de capsules de bouteilles usagées reliées entre elles par des fils de cuivre résultent d’un tra- vail appliqué de plusieurs artisans qui ac- compagnent l’artiste. El Anatsui propose un travail artistique d’échelle, de surdimension qui témoigne de son engagement affirmé pour des grands sujets d’actualité tels que l’his- toire coloniale de l’Afrique, l’environne- ment, la société de consommation et les 6 7
Ndona-Ella Nsingi Exposition Quel (nouveau) rapport La présence d’une exposition signée par un artiste africain et pourvue d’une telle stature au sein d’une institution culturelle suisse nous interroge sur l’inté- entre la Suisse et les rêt que peut susciter l’art contemporain africain en contexte suisse. Ce question- nement vient probablement de cette propension qu’a l’imaginaire collectif à ramener toutes manifestations d’art artistes du contemporain africain à des espaces géographiques étrangers au nôtre pour des raisons aussi diverses que variées. L’inexistence d’un Etat colonial suisse ou encore la sous ou faible représenta- continent tion de la diaspora africaine en Suisse sont autant de réflexions courantes qui portent à croire que la place de l’art afri- À l’heure où l’enjeu sur les biens cultu- cain contemporain est meilleure dans rels africains mal acquis et leur restitution d’autres contrées. Pourtant, la Suisse a se pose dans l’ensemble de la sphère africain ? déjà connu une expérience similaire en culturelle occidentale, il semblerait que 2000 avec l’exposition « South Meets les institutions culturelles suisses et euro- West » organisée par le Kunsthalle (Berne) péennes s’inscrivent de plus en plus dans et Musée historique de Berne. Cette ex- une nouvelle dynamique d’échange position, initialement élaborée et présen- avec l’Afrique : « Son art sera pour nous tée au Musée national du Ghana à Ac- l’occasion de réfléchir aux multiples rela- cra, avait la double intention de mettre tions que la Suisse et Berne entretiennent en relation d’une part les artistes du sud avec l’Afrique (post-) coloniale et de nous (Afrique du sud, Angola, Zimbabwe) et pencher sur l’utilisation contemporaine de l’ouest de l’Afrique (Ghana, Nigé- des matériaux recyclables dans le cadre ria, Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire), et de notre programme d’activités four- d’autre part de faire dialoguer l’Afrique ni », s’exprime la direction du Musée des et l’Europe. Bien que cette exposition ait Beaux-Arts de Berne au sujet d’El Anatsui été considérée comme l’un des événe- et de son exposition. Les plus sceptiques ments artistiques les plus incontournables auront tord d’avoir des réserves sur le fait de l’année, la réalité contemporaine des que le champ des possibles s’ouvre en- « El Anatsui : Triumphant Scale » au Kunstmuseum Bern Africains n’aurait pas été suffisamment core aux artistes africains dont la vision Du 13.03.2020 au 21.06.2020 du monde et la narration n’ont pas ces- Hodlerstrasse 8-12 mise en exergue malgré une participa- 3011 Bern tion artistique exclusivement africaine, sé de nourrir et de faire partie intégrante selon certains dires. de l’universalité !!! 8 9
Djata Sigam Histoire Histoire Générale de l’Afrique Cette philosophie Akan, qui constitue tous les volumes de l’Histoire Générale tront d’actualiser l’Histoire en intégrant l’essence même de notre Association, SANKOFA. de l’Afrique gratuitement sur la plate- les développements des 40 dernières encourage à se pencher sur notre His- forme virtuelle de l’UNESCO, UNESDOC. années, et traiteront de sujets importants toire, mais peu de ressources sont à Puiser de son passé tels que la notion identitaire d’africanité notre disposition. Il a longtemps été dif- Volume II - Afrique ancienne globale qui (re)noue l’Afrique avec ses ficile d’avoir accès à de bonnes sources pour mieux construire Volume III - L’Afrique du VIIe au XIe siècle Volume IV - L’Afrique du XIIe au XVIe diasporas, et les enjeux et défis actuels. d’information sur le passé riche et com- plexe de l’Afrique. Aussi, une histoire biai- son futur. siècle Volume V - L’Afrique du XVIe au XVIIIe Comme les premiers volumes, ces ou- vrages, qui sont actuellement dans la sée et débordante de préjugés raciaux siècle phase finale de traduction, seront dis- a dominé le discours mondial et ralenti Volume VI - L’Afrique au XIXe siècle ponibles sur la plateforme UNESDOC en Ce projet s’inscrit dans une optique de jusque vers les années 1880 ce processus de construction d’un futur accès libre. déconstruction des narratives coloniales, Volume VII - L’Afrique sous domination prospère. coloniale 1880-1935 misérabilistes et racistes qui prévalent Volume VIII - L’Afrique depuis 1935 Nous nous réjouissons de les découvrir Heureusement, au fil des années de nom- encore aujourd’hui, et de reconstruction avec vous très prochainement ! breux ouvrages relatant les épisodes au- d’une identité culturelle africaine liant Découvrez dès maintenant le pre- trefois déformés, cachés ou oubliés de le continent et ses diasporas avec des mier volume sur le lien suivant : https:// l’Histoire du continent et ses diasporas perspectives, connaissances et savoirs unesdoc.unesco.org/ark:/48223/ ont été mis à disposition du grand public endogènes. pf0000184341?posInSet=5&queryId=f6e7 tels que la collection Histoire Générale 81d3-9bc4-4d91-bee7-1369dc2eb661 de l’Afrique. Avec les contributions de grands intel- lectuels tels que Cheikh Anta Diop, Théo- Traduits dans 13 langues dont 3 africaines Cette série d’ouvrages en 8 volumes est phile Obenga et Walter Rodney, ces (Kiswahili, Hausa et Pulaar), ces ouvrages le résultat d’un projet porté par l’UNES- ouvrages résultent du travail collectif de ont également pour objectif central de CO depuis les années 60 sous l’impulsion plus de 250 experts et chercheurs princi- renforcer les connaissances des plus des États africains qui, à la suite des dé- palement afro-descendants. jeunes et d’encourager la transmission colonisations, souhaitaient également du savoir au plus grand nombre à tra- décoloniser leur histoire. L’élaboration et utilisation de ces ou- vers les programmes scolaires ainsi qu’à vrages constitue un pilier fondamen- l’aide d’outils pédagogiques alternatifs De la préhistoire aux années 1980 en tal de la réalisation des objectifs de la tels que les bandes dessinées ou les films passant par l’ère pharaonique et l’éta- Charte de Renaissance Culturelle Afri- documentaires, notamment ceux de la blissement de la diaspora africaine en caine, qui pose comme objectif essentiel journaliste Zeinab Badawi : https://www. Asie, l’Histoire Générale de l’Afrique met de « reconstruire la mémoire historique et bbc.co.uk/programmes/n27vnnxj/clips. en lumière le passé et l’héritage com- la conscience de l’Afrique et de la dias- mun de l’Afrique et ses diasporas, ainsi pora africaine. » Plus de 20 ans après la publication du que leurs contributions au progrès de dernier volume, trois nouveaux volumes l’humanité. Vous pouvez consulter et télécharger paraîtront cette année 2020. Ils permet- 10 11
Jethro Volmar Portrait Quelles sont tes inspirations ? Ceci m’a permis de développer une vi- sion plus large sur la question de la place Étant né aux États-Unis, beaucoup de l’homme noir dans notre société de mes idées proviennent de la culture contemporaine, et penser son rôle dans afro-américaine, c’est-à-dire toute la le futur. pop culture geek, la musique rock, hip- hop, électronique. Et je m’appuie sur les Quel est ton rapport avec l’Afrique influences d’artistes de la Street Art (qui aujourd’hui ? pour moi est une forme d’expression typi- quement New-yorkaise) comme Jean-Mi- L’Afrique a toujours été une référence chel Basquiat, qui ont permis une dé- nébuleuse pour moi. mocratisation de l’art auprès du grand public. Je l’ai découvert à travers les livres d’his- toire, et j’ai souvent remarqué que ce ne D’ailleurs, comme a si bien exprimé le sont pas les Africains qui la racontent. Ce président Obama : « Il n’y a rien de plus sentiment a été encore exacerbé lors de étatsunien que la culture afro-améri- ma formation pratique de HES au Musée Le caine.» d’Ethnographie de Genève (MEG), où des objets culturels africains rares (ain- De mes origines haïtiennes, je retiens si que ceux d’autres groupes ethniques) surtout l’histoire de ce pays qui a ouvert sont exposés. la voie pour la libération de peuples mis Portrait en esclavage, et qui a aidé (voire même Indiana Jones vous dites ? financé) les révolutions dans les colonies comme le Pérou, l’Équateur et la Bolivie « (...) beaucoup de par exemple. Qu’est-ce qui t’a motivé à re- mes idées joindre l’association Sankofa ? J’ai pu par la suite intégrer les coutumes proviennent de la de… européennes, entre autres helvétiques, culture Suite à ma rencontre avec Bansoa lors car j’ai toujours eu un goût pour les arts afro-américaine » de mon passage au MEG, j’ai été motivé traditionnels et folkloriques du monde. à découvrir le processus de transformer la manière de présenter l’art africain par Je me suis beaucoup inspiré de mes des personnes d’origine africaine, pour Jethro Volmar voyages, notamment en Asie, où j’ai un public plus large. pu relever des similitudes entre les po- pulations orientales et panafricaines Pour moi, ceci permettrait peut-être concernant la colonisation. Comme par de sortir du «cliché» de l’Afrique qui n’au- exemple l’émancipation du peuple viet- rait que l’esclavage comme introduction namien qui, comme les Haïtiens, ont dû dans l’histoire de l’humanité. lutter contre des vagues de pays impéria- listes pour obtenir leur souveraineté 12 13
Bansoa Sigam Pour ce numéro nous avons l’honneur et le plaisir de présenter le travail artistique de la brillante Pamela Ohene Nyako L’Histoire dont l’écriture pourrait être qualifiée de dense, puissante et intellectuelle. Cette courte chercheuse en histoire qui se spécialise sur les luttes afroféministes des 50 der- nières années en Europe est plus géné- d’Akoswa ralement connue pour sa plateforme littéraire Afrolitt (www.afrolitt.com). Ici elle révèle une nouvelle identité dans Anowah l’écriture, qu’elle pratique depuis des années. Elle nous laisse entrevoir avec Woshie un échantillon de son univers créatif et nous en sommes reconnais- sant(e)s ! Cet extrait est accompagné d’œuvres de l’artiste visuel ghanéen Serge Attukwei Clottey, mieux connu sous le pseudonyme d’Afrogallonism. Quelle symbiose ! 14 15
Woshie – l’ Histoire courte d’Akoswa Anowah Le disque se met à tourner. Elle se dirige vers la toile, pinceau en main, sa palette de couleurs à portée. On la dit guerrière. Infaillible. Forte. Elle appose la pointe sur l’espace blanc, puis applique une tendre pression sur la tige qui laisse une première trace dérangeant la per- fection qui lui est renvoyée. Woshie Chaque coup est comme de fines incisions, ouvrant les plaies, lui révélant l’abîme. De fines fissures sonores, chaque geste lui rappelant les coups que lui avait porté celui auquel elle avait cru donner amour. Chaque interruption la conscientisant du vide l’entourant, la ramenant à tous ces mo- ments où elle avait espéré être consolée mais laissée à elle-même. Cette fois-ci, plutôt qu’à la colère, c’est à la douleur qu’elle fait place. La douleur de celles qui ont aimé inconditionnellement au détri- ment d’elles-mêmes. A mesure des coups, des formes se dessinent. Violentes. Désordonnées. Les sons se bousculent autour d’elle, la désé- quilibrent pour de bon. Elle se sent chuter Se laisse aller 16 17
Woshie – l’ Histoire courte d’Akoswa Anowah épuisée de ce combat. ** Elle pensait qu’elle ne se réveillerait plus. C’est peut-être le son se rapprochant qui la ramène à elle. Ou les vibrations de la terre froide accueillant son poids. Dos au sol, elle ouvre les yeux sur une nature sauvage qu’elle n’a jamais vu, mais pourtant se sent connaître. Lorsqu’elle tente de se mouvoir, ses membres ne répondent pas. Alors elle cède, lasse. A ce moment, lorsque le peu qu’elle pensait en- core pouvoir contrôler la déserte sèchement, elle perçoit de fins filaments mauves reliant son corps à un au-delà infini. Elle a beau jouer à contracter et dilater ses pupilles pour com- prendre ce à quoi elle est reliée, elle n’en voit pas la fin. Juste sa lumière. D’un violet puissant strié d’argent. Le son est de plus en plus proche et pluriel. De lourds battements répétitifs accompa- gnés de pas soutenus et de voix répondant à l’appel d’un meneur. Elle sent leur présence, puis une ombre révélant un visage apparaît au-dessus d’elle. Le regard est sérieux, mais la bouche compatissante. Son intuition profonde lui signale qu’elle a affaire à celle que de nom- breuses terriennes invoquent silencieusement dans leurs moments de Chute Révélatrice. Oshun. Hator. Notre-Dame de Guadalupe. Marie. La Femme Sombre qui la surplombe entend les gémissements émanant de l’hémisphère gauche la jeune femme. « Ce n’est pas ta Raison qui te sortira d’ici et tu nous quitteras seulement quand tu retrouveras Restriction on gender 18 19
Woshie – l’ Histoire courte d’Akoswa Anowah ton Son. Plonge en toi et reconnecte-toi avec tes flux sacrés. Puis rattache-les aux filaments mauves qui t’embrassent déjà. Ainsi tu retrou- veras ta Voix et ne la quitteras plus, car tu sauras que tu es plus vaste que ce que tu as pu croire.» Bien que la jeune femme ait entendu les pa- roles de la Femmes Sombre, son corps avait été tellement dissocié qu’il lui fallut cent lunai- sons pour enfin trouver cette fameuse Voix in- térieure. Aux premiers essais, le son sortait par à-coups incontrôlés, saccadés comme em- pressés d’être libérés après tant d’attente. Puis se bloquait, se renouait en boule bien ferme lui obstruant la gorge. Chaque tentative de sentir son corps et de le connecter aux filaments de l’Infini, l’amenait à des spasmes d’une telle in- tensité qu’ils l’assommaient. Epuisée, elle s’en- dormit chaque nuit, mais déterminée elle se réveillait chaque jour. Puis, quand elle dompta enfin ses douleurs et compris que toute guéri- son passerait par-là, l’Harmonie arriva. Le jour de Libération, elle se tient debout, sensation à la fois connue et nouvelle. Elle en- tend le bruit des tambours se rapprocher, plus aigus cette fois-ci, suivi des pas et du crieur. Elle est à présent face à la Tribu au centre de laquelle s’élève la Femme Sombre. Cette der- nière lui tend un sabre, une corne de buffle, un petit tambour accompagné d’un petit bâton et d’une fiole remplie d’un liquide turquoise : « Voici la Cimeterre de l’Amour, la Corne Sa- crée, le Dondo Ancestral et l’Elixir du Renou- veau. Chacun est connecté à l’un des Quatre Eléments et ensemble ils te permettront d’ou- Femme vibes 20 21
Woshie – l’ Histoire courte d’Akoswa Anowah vrir tes Portes, car ton voyage ne fait que com- mencer. Maintenant chante avec moi et n’ou- Ainsi Renouvelée, blie jamais que tu marches sur nos épaules. » Elle rejoint le Concert Ancrée sur les épaules de ses Ancêtres ** Inconditionnellement amoureuse Eternellement libre Elle se relève face à son œuvre. Le Blanc est à présent couvert par les cou- leurs de son Voyage. Akoswa Anowah Le disque tourne. Clarens, 2016 Vevey, 14/15.04.2020 La voix de la chanteuse lui met en bouche le cri dont elle avait besoin. Illustrée par Serge Attukwei Clottey Le son du saxophone lui transperce la nuque et exulte la lamentation qui contractait sa gorge. Les enchaînements des percussions élèvent son cœur. Il avait hurlé, mais jamais cessé de danser. Elle allait l’aimer. Aimer ce coeur qu’elle avait tant de fois ou- blié, Oui l’aimer. Son moteur de création, le foyer de son âme. Elle le caresserait, lui parlerait avec tendresse et réconfort. Elle allait s’aimer. Se servir de ses mains, ces mains qui s’étaient attardées sur d’autres corps, pour guérir le sien. Se toucher, réactiver tous ses points d’éner- gie. Elle allait se nourrir. Abreuver son cerveau de couleurs et Je dédie cette histoire au percussionniste inconnu qui par un bel après-midi m’a plon- d’odeurs. gée dans une transe créative et thérapeutique. Je tiens également à exprimer ma pro- Elle allait s’élever. Sentir son esprit et ses in- fonde gratitude à Muna Lobé, Malick Niang et Socorro de Carvahlo Calà pour leurs relec- tures bienveillantes et leurs précieux commentaires. Je remercie aussi Serge Clottey pour sa finies connexions avec ce qui est éternel et le confiance et l’amour avec lequel il infuse son art. Enfin, je serai à jamais reconnaissante à restera. Bansoa Sigam pour m’avoir offert ma première opportunité de publication. 22 23
RÉFÉRENCES « El Anatsui : Triumphant Scale » Site officiel du Musée des Beaux-Arts de Berne : https://www.kunst- museumbern.ch/fr/voir/aujourdhui/925-el-anatsui-120.html RFI, « Un lion d’or pour le Ghanéen El Anatsui à la Biennale de Ve- nise » par José Marinho, publié le 11 mai 2015 : http://www.rfi.fr/fr/ afrique/20150511-lion-or-ghaneen-el-anatsui-biennale-venise Le Temps, « L’art africain s’affirme. D’abord au Ghana, ensuite en Suisse » par Laurent Wolf, publié le 20 novembre 1999 : https://www. letemps.ch/culture/lart-africain-saffirme-dabord-ghana-ensuite- suisse Histoire Générale de l’Afrique Utilisation pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique, UNESCO & Union Africaine, 2011 https://fr.unesco.org/general-history-africa https://unesdoc.unesco.org/ http://africultures.com/histoire-generale-de-lafrique-les-derniers-vo- lumes-disponibles-en-2020/ https://www.bbc.co.uk/programmes/n27vnnxj/clips SOUTIEN Pour soutenir les activités de l’association, le développement de la revue mensuelle et ainsi encourager la promotion des arts et cultures d’Afrique, n’hésitez pas à nous suivre et à en parler autour de vous. Il est égale- ment possible de nous soutenir financière- ment en devenant membre cotisant. Pour toutes informations veuillez consulter notre site. www.panafricanart.org FB & Instagram @sankofa.panafricanart info@panafricanart.org 24
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