WHITE SAND, RED MILLET, MANY FLOWERS, 1982
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1 White Sand, Red Millet, Many Flowers, 1982 Anish Kapoor. White Sand, Red Millet, Many Flowers, 1982
1 White Sand, Red Millet, Many Flowers, 1982 Anish Kapoor Anish Kapoor crée des sculptures monumentales Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay. dans l’espace public et le paysage, révélant ainsi À l’âge de 19 ans, il s’installe à Londres son souci d’un art qui parle à la fois au collectif et suit les enseignements du Hornsey College et à l’individu. Que ce soit une concavité of Art puis de la Chelsea School of Art Design dans un mur, une torsade gigantesque, un reflet (Grande-Bretagne). Il est très rapidement dans le paysage ou une masse de cire informe choisi pour représenter l’Angleterre lors et sublime, à chaque fois le visiteur est animé de manifestations internationales telles que d’un sentiment contradictoire et saisissant la Biennale de Paris en 1982 et la Biennale entre ce qu’il sait de la sculpture et ce que de Venise en 1990. son corps ressent. L’œuvre d’Anish Kapoor En constante interrogation, Anish Kapoor tend à faire coïncider en une même sensation diversifie les matières et les matériaux tout le sensible et le spirituel, mais aussi au long de sa carrière. À la fin des années le monumental et l’intime, ou encore le désordre 1970, ses premières œuvres étaient recouvertes et la perfection. Lauréat du prix Turner de pigments bruts de diverses couleurs puis, et élu membre de la Royal Academy dans les années 1980, ce sont des pierres en 1991, Commandeur de l’Ordre de l’Empire massives issues de carrières qui marquent britannique (CBE) en 2003, et membre l’intérêt particulier de l’artiste pour une mise des institutions artistiques britanniques en valeur à la fois contemplative et originelle les plus prestigieuses (Art Council, Conseil de la matière. Ce rapport s’accentue dans de supervision de la Tate Modem), il est les années 1990 avec l’apparition d’œuvres aujourd’hui considéré comme l’un des plus « réfléchissantes » réalisées en acier inoxydable grands sculpteurs vivants et bénéficie poli, dont les formes incurvées renvoient d’une popularité étonnante auprès du grand une image déformée du spectateur et de son public, grâce à un art résolument expressif environnement. Depuis 2003, Anish Kapoor malgré son abstraction. Anish Kapoor utilise également la cire rouge pour produire a récemment exposé au Musée Guggenheim Anish Kapoor. White Sand, Red Millet, des formes qui, liées à une mécanique de Bilbao, à la Royal Academy of Arts Many Flowers, 1982 particulière, se déforment le temps d’une de Londres ou encore au MAK de Vienne. Technique mixte et pigments exposition. Plus récemment, l’artiste a utilisé Il a été choisi pour réaliser l’emblème des Jeux Quatre éléments Dimensions : le ciment pour générer informatiquement Olympiques de Londres en 2012 ; son projet, 101 × 241,5 × 217,4 cm des sculptures aléatoires. Cette évolution une tour d’acier spiralée haute de 400 pieds Courtesy : Collection Arts dans les matériaux va de pair avec une prise (120 mètres), devrait ressembler à « une grappe Council, South Bank Centre, London en compte toujours plus aiguisée du rapport d’anneaux entrelacés et fracturés », en référence © Anish Kapoor à l’espace. Depuis la fin des années 1990, aux anneaux olympiques. White Sand, Red Millet, Many Flowers Anish Kapoor considère ces pièces La fiction et le rituel La couleur et le monochrome Offrandes ? Paysages recomposés ? comme des icebergs et précise : « J’ai voulu La fiction est un récit imaginaire et le rituel Essentielle dans l’art d’Anish Kapoor, Sculptures en miniature ? Dans White Sand, transformer la masse en intériorité et apaiser consiste en une ou plusieurs actions codifiées la couleur ne vient jamais s’ajouter à l’œuvre : Red Millet, Many Flowers, on ne sait à quel à l’extrême leur aspect volumineux. ». qui se répètent. Anish Kapoor considère « Je me suis demandé si on pouvait faire culte sont voués ces quatre volumes recouverts Formes à la fois naturelles et abstraites, que son rôle n’est pas d’être expressif mais de la couleur une sculpture. […] ce que je de pigments. C’est après une visite en Inde, ces objets, ici présentés comme un ensemble, de favoriser l’expression du spectateur. voulais, c’était traiter de la couleur absolue : en 1979, qu’Anish Kapoor commence paraissent avoir poussé du sol mais seule S’il ne raconte pas son histoire personnelle, la couleur comme une condition à employer des pigments, évoquant de façon une infime partie en est perceptible par les œuvres dans lesquelles il se réapproprie de la composition, plus que comme un outil », distanciée les couleurs de son pays natal le spectateur, l’intériorité obscure et infinie les rituels religieux, à commencer par ceux dit-il. Par leurs qualités physiques, le bleu et l’usage de poudres dans les rituels religieux. n’étant pas présente dans l’espace d’exposition. de son pays natal (offrandes de poudres de Prusse, le rouge profond, le jaune vif, Les couleurs vives et le noir profond Dans ce type de production notamment, colorées, par exemple), sont des fictions et même le blanc ou le noir, ces non couleurs, de cette œuvre délicate, la matière poudrée l’artiste propose une réflexion sur le pouvoir que l’on peut qualifier de plastiques, apportent lumière, intensité et mystère ciselant ces formes géométriques ou naturelles fictionnel des objets. telle la série des 1000 Names, commencée à ses sculptures géométriques. Toujours pures donnent envie de la toucher et de s’en en 1980. Ces sculptures sont d’ailleurs ou très sombres, les couleurs ne sont jamais approcher, alors même qu’il est impossible doublement des fictions puisque, d’une part, en demi-teinte. L’artiste exploite la capacité de le faire sous peine de la détruire. Si la pièce elles ne sont pas ce qu’elles paraissent être d’un champ de couleur à susciter la rêverie, semble constituée intégralement de pigments (de petites constructions de pigments purs), la méditation. Le rouge, omniprésent en Inde, purs, ceux-ci sont en réalité posés en couches le visiteur n’en voyant qu’une infime partie, « a une sorte d’intériorité. […] Les ténèbres épaisses et fonctionnent comme une peau. et d’autre part, leur processus de fabrication du rouge sont plus obscures que celles Elle empêche le public de comprendre le mode demeurant mystérieux, elles semblent du bleu ou du noir ». Après l’avoir employé de fabrication de l’œuvre qui semble dès lors s’être auto-générées. L’artiste évoque aussi sous forme de pigments, d’acier inoxydable, un « objet non construit ». « l’arène ritualisée » de ses installations ou de laque ou de PVC, l’artiste expérimente encore le « rituel de la vision » du spectateur, l’eau et la cire teintées d’un rouge sang, à qui il offre la possibilité d’inventer qui unissent intimement matière et couleur. ses propres fictions à travers de multiples « Je veux créer pour MONUMENTA passages vers un ailleurs. une expérience monochrome totale, inonder le visiteur avec la couleur » confie l’artiste. Conception graphique : Studio LS – Crédits : Centre national des arts plastiques – Crédits Textes : Aurélie Barnier – CNAP – Crédits photographiques : © Studio Anish Kapoor.
2 Ghost, 1997 Anish Kapoor. Anish Kapoor Anish Kapoor crée des sculptures monumentales Ghost, 1997 Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay. dans l’espace public et le paysage, révélant ainsi Calcaire Kilkenny Dimensions : 195 × 140 × 120 cm À l’âge de 19 ans, il s’installe à Londres son souci d’un art qui parle à la fois au collectif Installation : Hayward Gallery, et suit les enseignements du Hornsey College et à l’individu. Que ce soit une concavité 1998 of Art puis de la Chelsea School of Art Design dans un mur, une torsade gigantesque, un reflet Photo : John Riddy, London Courtesy : Lisson Gallery (Grande-Bretagne). Il est très rapidement dans le paysage ou une masse de cire informe choisi pour représenter l’Angleterre lors et sublime, à chaque fois le visiteur est animé de manifestations internationales telles que d’un sentiment contradictoire et saisissant la Biennale de Paris en 1982 et la Biennale entre ce qu’il sait de la sculpture et ce que de Venise en 1990. son corps ressent. L’œuvre d’Anish Kapoor En constante interrogation, Anish Kapoor tend à faire coïncider en une même sensation diversifie les matières et les matériaux tout le sensible et le spirituel, mais aussi au long de sa carrière. À la fin des années le monumental et l’intime, ou encore le désordre 1970, ses premières œuvres étaient recouvertes et la perfection. Lauréat du prix Turner de pigments bruts de diverses couleurs puis, et élu membre de la Royal Academy dans les années 1980, ce sont des pierres en 1991, Commandeur de l’Ordre de l’Empire massives issues de carrières qui marquent britannique (CBE) en 2003, et membre l’intérêt particulier de l’artiste pour une mise des institutions artistiques britanniques en valeur à la fois contemplative et originelle les plus prestigieuses (Art Council, Conseil de la matière. Ce rapport s’accentue dans de supervision de la Tate Modem), il est les années 1990 avec l’apparition d’œuvres aujourd’hui considéré comme l’un des plus « réfléchissantes » réalisées en acier inoxydable grands sculpteurs vivants et bénéficie poli, dont les formes incurvées renvoient d’une popularité étonnante auprès du grand une image déformée du spectateur et de son public, grâce à un art résolument expressif environnement. Depuis 2003, Anish Kapoor malgré son abstraction. Anish Kapoor utilise également la cire rouge pour produire a récemment exposé au Musée Guggenheim des formes qui, liées à une mécanique de Bilbao, à la Royal Academy of Arts particulière, se déforment le temps d’une de Londres ou encore au MAK de Vienne. exposition. Plus récemment, l’artiste a utilisé Il a été choisi pour réaliser l’emblème des Jeux le ciment pour générer informatiquement Olympiques de Londres en 2012 ; son projet, des sculptures aléatoires. Cette évolution une tour d’acier spiralée haute de 400 pieds dans les matériaux va de pair avec une prise (120 mètres), devrait ressembler à « une grappe en compte toujours plus aiguisée du rapport d’anneaux entrelacés et fracturés », en référence à l’espace. Depuis la fin des années 1990, aux anneaux olympiques. Ghost Ce qui intéresse l’artiste, c’est « la façon dont Voir, c’est imaginer Le vide comme forme Ce « fantôme » est une apparition que la pierre devient autre chose, dont elle devient Constamment déjouées et bousculées Il y a dans les œuvres d’Anish Kapoor l’on ne peut définir : vient-elle de l’extérieur lumière, une proposition ». Ghost fait partie par le spectateur, les œuvres d’Anish Kapoor une « poétique du vide ». Selon lui, l’art, ou de l’intérieur de la pierre ? Il attire d’une série d’œuvres qui évoquent l’idée invitent à l’expérience. On dit souvent parce qu’il concerne beaucoup de choses qui le regard du visiteur mais aussi son corps tout de vide. Il s’agit d’un bloc de cinq tonnes d’un artiste qu’il « renouvelle notre vision ne sont pas matériellement présentes dans entier, le rapport avec une sculpture étant de calcaire aux contours bruts comme le relief d’un sujet » mais pour Anish Kapoor, il s’agit une œuvre, a à voir avec le vide. En travaillant toujours physique. Sans savoir vraiment d’une montagne, à l’exception d’une face d’une toute autre dimension : le contact à la sculpture intitulée Adam (1988-1989), ce que l’on voit, on aperçoit la profondeur qui est polie. Très sombre, elle renvoie pourtant avec ses œuvres renouvelle la vision elle-même, il constate que vider un espace, ici en creusant de la matière, une réalité cachée, comme la lumière et réfléchit une image inversée nous faisant, bien au-delà de leur aspect une pierre, peut créer un espace plus si l’artiste avait découpé une porte vers du spectateur. À une certaine distance, séduisant, nous interroger sur l’acte de « voir ». plein qu’il ne l’était auparavant. Le vide un ailleurs mystérieux et obscur, que chacun cet espace rectangulaire apparaît tel un tableau En créant constamment des accidents optiques devient forme. Ceci constitue une découverte peut imaginer en fonction de son propre à deux dimensions, fait troublant quand on entre le visiteur et l’œuvre, en jouant sur essentielle pour l’artiste. Inversement, monde intérieur. L’artiste explique : « C’est est en présence d’une sculpture. Le monolithe toute la palette et la temporalité des processus la présence d’un objet peut rendre un espace comme si en vidant la forme, l’espace ne s’était est évidé en son centre et des pigments sont cognitifs à l’œuvre dans la perception, largement plus vide qu’en le laissant inoccupé. pas vidé ; il semblait s’être rempli ». Plus on déposés dans ce creux, créant sur la surface en déjouant les évidences, Anish Kapoor Anish Kapoor considère l’« état de vide » la regarde, plus on apprend de cette œuvre une forme flottante, tel un fantôme nous révèle combien le monde est peuplé non pas comme un espace non empli mais qui explore les oppositions intérieur-extérieur, de la lumière, seulement visible selon par les images mentales que construit davantage comme un espace libre. When I am lumière-obscurité, réel-imaginaire. un angle de vue à découvrir. notre regard optique, combien la vision est pregnant (1992) joue sur la perception imagination. Il interroge l’objet sur le statut du plein et la façon dont un espace peut sembler de sa visibilité : le lieu de représentation vidé selon les angles de vue et la lenteur de l’œuvre est-il là, au-delà ou en-deçà ? du déplacement du spectateur. Le vide devient alors volume. Animé par le regard du visiteur, cette forme simultanément présente et absente provoque l’imagination. Conception graphique : Studio LS – Crédits : Centre national des arts plastiques – Crédits Textes : Aurélie Barnier – CNAP – Crédits photographiques : © Studio Anish Kapoor.
3 Yellow, 1999 Anish Kapoor Anish Kapoor crée des sculptures monumentales Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay. dans l’espace public et le paysage, révélant ainsi À l’âge de 19 ans, il s’installe à Londres son souci d’un art qui parle à la fois au collectif et suit les enseignements du Hornsey College et à l’individu. Que ce soit une concavité of Art puis de la Chelsea School of Art Design dans un mur, une torsade gigantesque, un reflet (Grande-Bretagne). Il est très rapidement dans le paysage ou une masse de cire informe choisi pour représenter l’Angleterre lors et sublime, à chaque fois le visiteur est animé de manifestations internationales telles que d’un sentiment contradictoire et saisissant la Biennale de Paris en 1982 et la Biennale entre ce qu’il sait de la sculpture et ce que de Venise en 1990. son corps ressent. L’œuvre d’Anish Kapoor En constante interrogation, Anish Kapoor tend à faire coïncider en une même sensation diversifie les matières et les matériaux tout le sensible et le spirituel, mais aussi au long de sa carrière. À la fin des années le monumental et l’intime, ou encore le désordre 1970, ses premières œuvres étaient recouvertes et la perfection. Lauréat du prix Turner de pigments bruts de diverses couleurs puis, et élu membre de la Royal Academy dans les années 1980, ce sont des pierres en 1991, Commandeur de l’Ordre de l’Empire massives issues de carrières qui marquent britannique (CBE) en 2003, et membre l’intérêt particulier de l’artiste pour une mise des institutions artistiques britanniques en valeur à la fois contemplative et originelle les plus prestigieuses (Art Council, Conseil de la matière. Ce rapport s’accentue dans de supervision de la Tate Modem), il est les années 1990 avec l’apparition d’œuvres aujourd’hui considéré comme l’un des plus « réfléchissantes » réalisées en acier inoxydable grands sculpteurs vivants et bénéficie poli, dont les formes incurvées renvoient d’une popularité étonnante auprès du grand Anish Kapoor. Yellow, 1999 une image déformée du spectateur et de son public, grâce à un art résolument expressif Fibre de verre et pigments environnement. Depuis 2003, Anish Kapoor malgré son abstraction. Anish Kapoor Dimensions : 600 × 600 × 300 cm utilise également la cire rouge pour produire a récemment exposé au Musée Guggenheim Installation : Royal Academy of Arts, 2009 des formes qui, liées à une mécanique de Bilbao, à la Royal Academy of Arts Photo : Dave Morgan particulière, se déforment le temps d’une de Londres ou encore au MAK de Vienne. Courtesy : l’artiste et la Royal exposition. Plus récemment, l’artiste a utilisé Il a été choisi pour réaliser l’emblème des Jeux Academy of Arts © Anish Kapoor le ciment pour générer informatiquement Olympiques de Londres en 2012 ; son projet, des sculptures aléatoires. Cette évolution une tour d’acier spiralée haute de 400 pieds dans les matériaux va de pair avec une prise (120 mètres), devrait ressembler à « une grappe en compte toujours plus aiguisée du rapport d’anneaux entrelacés et fracturés », en référence à l’espace. Depuis la fin des années 1990, aux anneaux olympiques. Yellow Tout mouvement renouvelle ce questionnement La lumière comme fantôme La concavité En observant cette œuvre solaire, rayonnante, car la perception de cette œuvre hypnotique Anish Kapoor développe une profonde Dans son travail, presque toujours géométrique, pendant de longues minutes, une sensation dépend de la position du spectateur. Anish réflexion sur la lumière tant pour évoquer Anish Kapoor exploite de manière récurrente de perte de repères spatio-temporels, voire Kapoor, comme avant lui le peintre américain son caractère spirituel que son impact le trou et le creux tout en conservant de vertige, s’empare doucement du spectateur. Mark Rothko qu’il admire profondément, sur le corps. L’artiste crée différents types une logique quasi mathématique dans la forme. Réalisée en fibre de verre et pigments jaune voit dans l’intensité de ce véritable « champ de surfaces réfléchissantes, pierres polies, Lorsque celle-ci est concave, la surface est vif, elle présente une surface parfaitement de couleur » un appel à la méditation. évidées et emplies de pigments de couleurs courbe et en creux, accueillante et protectrice, homogène et monochrome qui semble déborder Par le jeu de l’illusion des sens, l’artiste suscite sombres, comme Adam (1988-1989) simple et pure. « Presque tout ce que je fais notre champ de vision. Totalement intégrée l’incertitude face à ce que nous regardons et Ghost (1997), ou miroirs d’acier, tel Vertigo est géométrique » déclare l’artiste. à l’architecture, quel que soit son lieu et espère nous offrir un moment de poésie. (2008). Elles captent la lumière chacune selon La profondeur des œuvres est tantôt accentuée de présentation, la pièce fascine le visiteur En réalité de forme concave, Yellow recèle ses propriétés optiques. Celle-ci n’émane par la luminosité des résines translucides qui, immergé dans cette immensité de couleur, une cavité intérieure, un vide en retrait jamais d’un point défini, elle est toujours ou des aciers polis, tantôt accrue par l’aspect cherche à saisir le dessin de sa forme du mur de la salle d’exposition, c’est-à-dire diffuse, tel un halo fantomatique. mat de la fibre de verre. et ses limites. Quel est cet objet ? S’agit-il au-delà des frontières de l’espace du visiteur. Les sensations physiques et psychologiques Celle-ci absorbe la lumière pour renforcer d’une sculpture ou d’une peinture ? Son centre Par le jeu des proportions et la qualité du spectateur s’en trouvent perturbées l’idée de gouffre. La recherche de l’artiste est-il concave ou convexe ? du polissage, l’artiste a réussi à sculpter le vide et il n’est plus en mesure d’évaluer la réalité sur les propriétés optiques témoigne et crée ainsi une tension entre un espace des formes. Il les perçoit alors comme de sa volonté de proposer une continuité que l’on sait fini mais qui est perçu comme d’étranges apparitions flottant sur les surfaces entre une sculpture et son environnement. une porte vers l’infini. ou au cœur des sculptures. Cette lumière Produisant de nombreuses illusions, la forme comme fantôme montre ainsi le passage concave altère aussi bien l’espace que de la forme à l’absence de forme et, les ondes sonores autour d’elle. Elle permet paradoxalement, de la lumière à l’obscurité. aussi d’embrasser le plus d’espace possible avec le moins de matière ; rempli de couleur, le vide devient matière. Conception graphique : Studio LS – Crédits : Centre national des arts plastiques – Crédits Textes : Aurélie Barnier – CNAP – Crédits photographiques : © Studio Anish Kapoor.
4 Marsyas, 2002 Anish Kapoor. Anish Kapoor Anish Kapoor crée des sculptures monumentales Marsyas, 2002 Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay. dans l’espace public et le paysage, révélant ainsi PVC et acier Dimensions variables À l’âge de 19 ans, il s’installe à Londres son souci d’un art qui parle à la fois au collectif Installation : Tate Modern, et suit les enseignements du Hornsey College et à l’individu. Que ce soit une concavité 2002-2003 of Art puis de la Chelsea School of Art Design dans un mur, une torsade gigantesque, un reflet Photo : John Riddy, Courtesy : Tate (Grande-Bretagne). Il est très rapidement dans le paysage ou une masse de cire informe © Anish Kapoor choisi pour représenter l’Angleterre lors et sublime, à chaque fois le visiteur est animé de manifestations internationales telles que d’un sentiment contradictoire et saisissant la Biennale de Paris en 1982 et la Biennale entre ce qu’il sait de la sculpture et ce que de Venise en 1990. son corps ressent. L’œuvre d’Anish Kapoor En constante interrogation, Anish Kapoor tend à faire coïncider en une même sensation diversifie les matières et les matériaux tout le sensible et le spirituel, mais aussi au long de sa carrière. À la fin des années le monumental et l’intime, ou encore le désordre 1970, ses premières œuvres étaient recouvertes et la perfection. Lauréat du prix Turner de pigments bruts de diverses couleurs puis, et élu membre de la Royal Academy dans les années 1980, ce sont des pierres en 1991, Commandeur de l’Ordre de l’Empire massives issues de carrières qui marquent britannique (CBE) en 2003, et membre l’intérêt particulier de l’artiste pour une mise des institutions artistiques britanniques en valeur à la fois contemplative et originelle les plus prestigieuses (Art Council, Conseil de la matière. Ce rapport s’accentue dans de supervision de la Tate Modem), il est les années 1990 avec l’apparition d’œuvres aujourd’hui considéré comme l’un des plus « réfléchissantes » réalisées en acier inoxydable grands sculpteurs vivants et bénéficie poli, dont les formes incurvées renvoient d’une popularité étonnante auprès du grand une image déformée du spectateur et de son public, grâce à un art résolument expressif environnement. Depuis 2003, Anish Kapoor malgré son abstraction. Anish Kapoor utilise également la cire rouge pour produire a récemment exposé au Musée Guggenheim des formes qui, liées à une mécanique de Bilbao, à la Royal Academy of Arts particulière, se déforment le temps d’une de Londres ou encore au MAK de Vienne. exposition. Plus récemment, l’artiste a utilisé Il a été choisi pour réaliser l’emblème des Jeux le ciment pour générer informatiquement Olympiques de Londres en 2012 ; son projet, des sculptures aléatoires. Cette évolution une tour d’acier spiralée haute de 400 pieds dans les matériaux va de pair avec une prise (120 mètres), devrait ressembler à « une grappe en compte toujours plus aiguisée du rapport d’anneaux entrelacés et fracturés », en référence à l’espace. Depuis la fin des années 1990, aux anneaux olympiques. Marsyas Si son corps ne peut s’y engouffrer, son regard La peau de l’œuvre / L’écorché Le vide comme forme Est-ce une plante carnivore, un vaisseau ou y est aspiré, comme dans un abîme obscur. Telle une peau, la surface des œuvres Il y a dans les œuvres d’Anish Kapoor un gigantesque organe (artère, fibre musculaire L’installation transforme son environnement d’Anish Kapoor est cette fine couche de matière une « poétique du vide ». Selon lui, l’art, ou gorges se terminant par des pavillons, selon deux modalités, spatiale et sonore. où jamais la main de l’artiste n’apparaît. parce qu’il concerne beaucoup de choses qui des bouches) ? Par sa forme énigmatique, Par ses dimensions monumentales, l’œuvre Comme notre derme qui reçoit un ensemble ne sont pas matériellement présentes dans elle engendre à la fois un espace physique se confronte à l’architecture du lieu d’informations sensorielles, les couches une œuvre, a à voir avec le vide. En travaillant et une dimension psychologique, c’est-à-dire et en modifie la perception, de même que de pigments, les résines colorées ou les aciers à la sculpture intitulée Adam (1988-1989), une expérience phénoménologique. Prouesse la membrane engendre des vibrations polis génèrent cette même tension entre il constate que vider un espace, ici en creusant d’ingénierie, l’œuvre fait toutefois référence sonores perturbant nos sens. Marsyas joue surface extérieure et intérieur de l’œuvre une pierre, peut créer un espace plus au vocabulaire organique. Elle s’inspire sur les oppositions intérieur-extérieur, qui demeure caché. plein qu’il ne l’était auparavant. Le vide de la figure de Marsyas, satyre ayant défié visible-invisible, matériel-immatériel. C’est au contraire l’intériorité qui est rendue devient forme. Ceci constitue une découverte Apollon dans un concours musical. Vaincu, Ses dimensions ne permettent pas de la saisir visible dans les œuvres faisant référence essentielle pour l’artiste. Inversement, Marsyas fut écorché vif et jeté au fond dans sa globalité mais de façon parcellaire à l’écorché (corps débarrassé de sa peau), pour la présence d’un objet peut rendre un espace d’une grotte. Cette sculpture de 40 tonnes selon les points de vue. lesquelles Anish Kapoor s’inspire du mythe largement plus vide qu’en le laissant inoccupé. est composée d’une membrane de PVC rouge grec de Marsyas, satyre écorché vif après avoir Anish Kapoor considère l’« état de vide » de 500 m² qui s’étire à l’horizontal. La trompe défié Apollon. La musculature, la circulation non pas comme un espace non empli mais centrale peut être perçue comme un ventre du sang, évoquées par d’immenses membranes davantage comme un espace libre. When I am béant arrivant au niveau de la tête du spectateur. de PVC rouge, entrent en contact direct avec pregnant (1992) joue sur la perception le reste du monde. du plein et la façon dont un espace peut sembler vidé selon les angles de vue et la lenteur du déplacement du spectateur. Le vide devient alors volume. Animé par le regard du visiteur, cette forme simultanément présente et absente provoque l’imagination. Conception graphique : Studio LS – Crédits : Centre national des arts plastiques – Crédits Textes : Aurélie Barnier – CNAP – Crédits photographiques : © Studio Anish Kapoor.
5 My Red Homeland, 2003 Anish Kapoor Anish Kapoor crée des sculptures monumentales Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay. dans l’espace public et le paysage, révélant ainsi À l’âge de 19 ans, il s’installe à Londres son souci d’un art qui parle à la fois au collectif et suit les enseignements du Hornsey College et à l’individu. Que ce soit une concavité of Art puis de la Chelsea School of Art Design dans un mur, une torsade gigantesque, un reflet (Grande-Bretagne). Il est très rapidement dans le paysage ou une masse de cire informe choisi pour représenter l’Angleterre lors et sublime, à chaque fois le visiteur est animé de manifestations internationales telles que d’un sentiment contradictoire et saisissant la Biennale de Paris en 1982 et la Biennale entre ce qu’il sait de la sculpture et ce que de Venise en 1990. son corps ressent. L’œuvre d’Anish Kapoor En constante interrogation, Anish Kapoor tend à faire coïncider en une même sensation diversifie les matières et les matériaux tout le sensible et le spirituel, mais aussi au long de sa carrière. À la fin des années le monumental et l’intime, ou encore le désordre 1970, ses premières œuvres étaient recouvertes et la perfection. Lauréat du prix Turner de pigments bruts de diverses couleurs puis, et élu membre de la Royal Academy dans les années 1980, ce sont des pierres en 1991, Commandeur de l’Ordre de l’Empire massives issues de carrières qui marquent britannique (CBE) en 2003, et membre l’intérêt particulier de l’artiste pour une mise des institutions artistiques britanniques en valeur à la fois contemplative et originelle les plus prestigieuses (Art Council, Conseil de la matière. Ce rapport s’accentue dans de supervision de la Tate Modem), il est les années 1990 avec l’apparition d’œuvres aujourd’hui considéré comme l’un des plus « réfléchissantes » réalisées en acier inoxydable grands sculpteurs vivants et bénéficie poli, dont les formes incurvées renvoient d’une popularité étonnante auprès du grand une image déformée du spectateur et de son public, grâce à un art résolument expressif environnement. Depuis 2003, Anish Kapoor malgré son abstraction. Anish Kapoor utilise également la cire rouge pour produire a récemment exposé au Musée Guggenheim Anish Kapoor. My Red Homeland, 2003 des formes qui, liées à une mécanique de Bilbao, à la Royal Academy of Arts Cire, bras en acier et moteur particulière, se déforment le temps d’une de Londres ou encore au MAK de Vienne. Diamètre : 12 m exposition. Plus récemment, l’artiste a utilisé Il a été choisi pour réaliser l’emblème des Jeux Installation : Kunsthaus Bregenz, 2003 le ciment pour générer informatiquement Olympiques de Londres en 2012 ; son projet, Photo : Nic Tenwiggenhorn des sculptures aléatoires. Cette évolution une tour d’acier spiralée haute de 400 pieds Courtesy : Kunsthaus Bregenz, dans les matériaux va de pair avec une prise (120 mètres), devrait ressembler à « une grappe Gladstone Gallery, Lisson Gallery en compte toujours plus aiguisée du rapport d’anneaux entrelacés et fracturés », en référence © Anish Kapoor à l’espace. Depuis la fin des années 1990, aux anneaux olympiques. My Red Homeland La cire est d’ailleurs une matière que l’on La couleur et le monochrome L’auto-génération Étrange patrie, que cette installation. a envie de pétrir comme de la pâte à modeler Essentielle dans l’art d’Anish Kapoor, Anish Kapoor s’intéresse à l’auto-génération Un bras métallique actionné par un moteur pour laisser libre cours à son imagination. la couleur ne vient jamais s’ajouter à l’œuvre : pour évoquer les forces cosmiques, temporalité se déplace autour d’une cuve ronde remplie Anish Kapoor utilise ce matériau « très physique » « Je me suis demandé si on pouvait faire très vaste par opposition à la précarité de 25 tonnes de cire. La lame d’acier met en le teintant d’un rouge profond, couleur de la couleur une sculpture. […] ce que de l’existence humaine, et donc l’idée en mouvement la matière épaisse, la ramasse première en Inde. Cette couleur évoque je voulais, c’était traiter de la couleur absolue : de sublime. L’artiste se réfère à un aspect ou l’étale, et effectue un tour complet le sang, la chair, c’est-à-dire la vie, mais aussi la couleur comme une condition ancien de la philosophie indienne mentionnant en une heure. Ce rythme très lent permet la mort. « Il y a quelque chose d’assez obscur de la composition, plus que comme un outil », des « objets auto-créés, qui se manifestent au spectateur de voir se transformer la sculpture, et sinistre dans ce qui se produit » selon dit-il. Par leurs qualités physiques, le bleu d’eux-mêmes ». Selon lui, l’objet possède de vivre l’œuvre en train de se faire, l’artiste. Le fonctionnement mécanique très de Prusse, le rouge profond, le jaune vif, un langage en soi et son propre monde sans intervention de l’artiste. On dit qu’elle simple, la figure géométrique du cercle et même le blanc ou le noir, ces non couleurs, de significations. Svayambh (2007), qui veut s’auto-génère. À chaque tour complet, et le disque de cire lissé par la lame contrastent apportent lumière, intensité et mystère dire « modelé par sa propre énergie », la composition est détruite. « Il y a une sorte avec l’amas informe de la bordure. L’ordre à ses sculptures géométriques. Toujours pures en est un exemple majeur. Les œuvres de temps géologique » de la sculpture, s’oppose au désordre. ou très sombres, les couleurs ne sont jamais auto-générées fonctionnent suivant un cycle explique Anish Kapoor, et ce « pays natal » en demi-teinte. L’artiste exploite la capacité création-destruction-recréation de façon est comme un paysage qui change lui aussi d’un champ de couleur à susciter la rêverie, autonome, c’est-à-dire qu’elles sont fondées très lentement. Chacun se forge sa propre vision la méditation. Le rouge, omniprésent en Inde, sur un mécanisme ou une technologie de l’œuvre en fonction des différents états « a une sorte d’intériorité. […] Les ténèbres remplaçant le geste subjectif de l’artiste. observés et de son imaginaire personnel. du rouge sont plus obscures que celles Il décide, au préalable, de ses conditions du bleu ou du noir ». Après l’avoir employé de production mais lorsque le spectateur sous forme de pigments, d’acier inoxydable, en fait l’expérience, la sculpture est déjà de laque ou de PVC, l’artiste expérimente indépendante : « je crois que cela dit quelque l’eau et la cire teintées d’un rouge sang, chose de très intéressant sur le statut de l’objet. qui unissent intimement matière et couleur. Je ne les ai pas réalisés, je n’ai rien fait […] « Je veux créer pour MONUMENTA nous les avons fabriqués, et j’ai décidé que une expérience monochrome totale, inonder c’était assez, que le processus entier le visiteur avec la couleur » confie l’artiste. était là pour être révélé », dit Anish Kapoor. Conception graphique : Studio LS – Crédits : Centre national des arts plastiques – Crédits Textes : Aurélie Barnier – CNAP – Crédits photographiques : © Studio Anish Kapoor.
6 Cloud Gate, 2004 Anish Kapoor. Cloud Gate, 2004
6 Cloud Gate, 2004 Anish Kapoor Anish Kapoor crée des sculptures monumentales Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay. dans l’espace public et le paysage, révélant ainsi À l’âge de 19 ans, il s’installe à Londres son souci d’un art qui parle à la fois au collectif et suit les enseignements du Hornsey College et à l’individu. Que ce soit une concavité of Art puis de la Chelsea School of Art Design dans un mur, une torsade gigantesque, un reflet (Grande-Bretagne). Il est très rapidement dans le paysage ou une masse de cire informe choisi pour représenter l’Angleterre lors et sublime, à chaque fois le visiteur est animé de manifestations internationales telles que d’un sentiment contradictoire et saisissant la Biennale de Paris en 1982 et la Biennale entre ce qu’il sait de la sculpture et ce que de Venise en 1990. son corps ressent. L’œuvre d’Anish Kapoor En constante interrogation, Anish Kapoor tend à faire coïncider en une même sensation diversifie les matières et les matériaux tout le sensible et le spirituel, mais aussi au long de sa carrière. À la fin des années le monumental et l’intime, ou encore le désordre 1970, ses premières œuvres étaient recouvertes et la perfection. Lauréat du prix Turner de pigments bruts de diverses couleurs puis, et élu membre de la Royal Academy dans les années 1980, ce sont des pierres en 1991, Commandeur de l’Ordre de l’Empire massives issues de carrières qui marquent britannique (CBE) en 2003, et membre l’intérêt particulier de l’artiste pour une mise des institutions artistiques britanniques en valeur à la fois contemplative et originelle les plus prestigieuses (Art Council, Conseil de la matière. Ce rapport s’accentue dans de supervision de la Tate Modem), il est les années 1990 avec l’apparition d’œuvres aujourd’hui considéré comme l’un des plus « réfléchissantes » réalisées en acier inoxydable grands sculpteurs vivants et bénéficie poli, dont les formes incurvées renvoient d’une popularité étonnante auprès du grand Anish Kapoor. Cloud Gate, 2004 une image déformée du spectateur et de son public, grâce à un art résolument expressif Acier inoxydable environnement. Depuis 2003, Anish Kapoor malgré son abstraction. Anish Kapoor Dimensions : 33 × 66 × 42 ft utilise également la cire rouge pour produire a récemment exposé au Musée Guggenheim (10 × 20 × 12,8 m) Installation : Millennium Park, des formes qui, liées à une mécanique de Bilbao, à la Royal Academy of Arts Chicago particulière, se déforment le temps d’une de Londres ou encore au MAK de Vienne. Photo : Walter Mitchell / exposition. Plus récemment, l’artiste a utilisé Il a été choisi pour réaliser l’emblème des Jeux Peter J. Schluz Courtesy : la ville de Chicago le ciment pour générer informatiquement Olympiques de Londres en 2012 ; son projet, et la Gladstone Gallery des sculptures aléatoires. Cette évolution une tour d’acier spiralée haute de 400 pieds © Anish Kapoor dans les matériaux va de pair avec une prise (120 mètres), devrait ressembler à « une grappe en compte toujours plus aiguisée du rapport d’anneaux entrelacés et fracturés », en référence à l’espace. Depuis la fin des années 1990, aux anneaux olympiques. Cloud Gate En multipliant les perspectives, Cloud Gate La concavité Voir, c’est imaginer Conçue pour le Millenium Park de Chicago permet au spectateur de porter un autre regard Dans son travail, presque toujours géométrique, Constamment déjouées et bousculées et réalisée in situ, cette œuvre miroir s’intègre sur son environnement. Elle peut aussi être Anish Kapoor exploite de manière récurrente par le spectateur, les œuvres d’Anish Kapoor au paysage et le bouleverse tout à la fois. considérée comme un pont, une porte, comme le trou et le creux tout en conservant invitent à l’expérience. On dit souvent Elle témoigne ainsi du dialogue constant l’indique son nom, entre deux mondes : une logique quasi mathématique dans la forme. d’un artiste qu’il « renouvelle notre vision des œuvres d’Anish Kapoor avec l’architecture. du monde de la ville vers celui de l’œuvre Lorsque celle-ci est concave, la surface est d’un sujet » mais pour Anish Kapoor, il s’agit À la fois convexe et concave, poétique elle-même, mais aussi du monde intérieur courbe et en creux, accueillante et protectrice, d’une toute autre dimension : le contact et mystérieux, pure et simple, cet objet non du visiteur vers celui naissant de son expérience simple et pure. « Presque tout ce que je fais avec ses œuvres renouvelle la vision elle-même, identifié happe l’image de la foule et de son de l’œuvre. Comme dans de nombreuses pièces est géométrique » déclare l’artiste. nous faisant, bien au-delà de leur aspect environnement pour en proposer une réflexion d’Anish Kapoor, il est ici question La profondeur des œuvres est tantôt accentuée séduisant, nous interroger sur l’acte de « voir ». déformée. Son titre semble lui attribuer de la transitivité et de l’instabilité du monde, par la luminosité des résines translucides En créant constamment des accidents optiques les qualités du nuage, protecteur plus que du changement perpétuel. ou des aciers polis, tantôt accrue par l’aspect entre le visiteur et l’œuvre, en jouant sur menaçant malgré son caractère monumental. mat de la fibre de verre. toute la palette et la temporalité des processus En effet, l’œuvre génère un espace dans Celle-ci absorbe la lumière pour renforcer cognitifs à l’œuvre dans la perception, l’espace, que l’on peut percevoir comme l’idée de gouffre. La recherche de l’artiste en déjouant les évidences, Anish Kapoor un refuge ou comme un lieu oppressant du fait sur les propriétés optiques témoigne nous révèle combien le monde est peuplé de l’amoncellement des reflets des corps de sa volonté de proposer une continuité par les images mentales que construit sur les parois internes. Ce reflet est le cadeau entre une sculpture et son environnement. notre regard optique, combien la vision est d’un peu plus d’immensité et de liberté. Produisant de nombreuses illusions, la forme imagination. Il interroge l’objet sur le statut concave altère aussi bien l’espace que de sa visibilité : le lieu de représentation les ondes sonores autour d’elle. Elle permet de l’œuvre est-il là, au-delà ou en-deçà ? aussi d’embrasser le plus d’espace possible avec le moins de matière ; rempli de couleur, le vide devient matière. Conception graphique : Studio LS – Crédits : Centre national des arts plastiques – Crédits Textes : Aurélie Barnier – CNAP – Crédits photographiques : © Studio Anish Kapoor.
7 C-Curve, 2009 Anish Kapoor. C-Curve, 2009
7 C-Curve, 2009 Anish Kapoor Anish Kapoor crée des sculptures monumentales Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay. dans l’espace public et le paysage, révélant ainsi À l’âge de 19 ans, il s’installe à Londres son souci d’un art qui parle à la fois au collectif et suit les enseignements du Hornsey College et à l’individu. Que ce soit une concavité of Art puis de la Chelsea School of Art Design dans un mur, une torsade gigantesque, un reflet (Grande-Bretagne). Il est très rapidement dans le paysage ou une masse de cire informe choisi pour représenter l’Angleterre lors et sublime, à chaque fois le visiteur est animé de manifestations internationales telles que d’un sentiment contradictoire et saisissant la Biennale de Paris en 1982 et la Biennale entre ce qu’il sait de la sculpture et ce que de Venise en 1990. son corps ressent. L’œuvre d’Anish Kapoor En constante interrogation, Anish Kapoor tend à faire coïncider en une même sensation diversifie les matières et les matériaux tout le sensible et le spirituel, mais aussi au long de sa carrière. À la fin des années le monumental et l’intime, ou encore le désordre 1970, ses premières œuvres étaient recouvertes et la perfection. Lauréat du prix Turner de pigments bruts de diverses couleurs puis, et élu membre de la Royal Academy dans les années 1980, ce sont des pierres en 1991, Commandeur de l’Ordre de l’Empire massives issues de carrières qui marquent britannique (CBE) en 2003, et membre l’intérêt particulier de l’artiste pour une mise des institutions artistiques britanniques en valeur à la fois contemplative et originelle les plus prestigieuses (Art Council, Conseil de la matière. Ce rapport s’accentue dans de supervision de la Tate Modem), il est les années 1990 avec l’apparition d’œuvres aujourd’hui considéré comme l’un des plus « réfléchissantes » réalisées en acier inoxydable grands sculpteurs vivants et bénéficie poli, dont les formes incurvées renvoient d’une popularité étonnante auprès du grand Anish Kapoor. C-Curve, 2009 une image déformée du spectateur et de son public, grâce à un art résolument expressif Acier inoxydable environnement. Depuis 2003, Anish Kapoor malgré son abstraction. Anish Kapoor Dimensions : 2,2 × 7,7 × 3 m utilise également la cire rouge pour produire a récemment exposé au Musée Guggenheim Installation : The Chattri, South Downs, Brighton des formes qui, liées à une mécanique de Bilbao, à la Royal Academy of Arts Festival, 2009 particulière, se déforment le temps d’une de Londres ou encore au MAK de Vienne. Photo : Dave Morgan exposition. Plus récemment, l’artiste a utilisé Il a été choisi pour réaliser l’emblème des Jeux Courtesy : l’artiste © Anish Kapoor le ciment pour générer informatiquement Olympiques de Londres en 2012 ; son projet, des sculptures aléatoires. Cette évolution une tour d’acier spiralée haute de 400 pieds dans les matériaux va de pair avec une prise (120 mètres), devrait ressembler à « une grappe en compte toujours plus aiguisée du rapport d’anneaux entrelacés et fracturés », en référence à l’espace. Depuis la fin des années 1990, aux anneaux olympiques. C-Curve C-Curve invite à réfléchir sur la façon dont Habiter l’espace / La concavité En redoublant dans le titre le C de Curve, on se situe dans un espace. Qu’il s’agisse L’œuvre comme paysage Dans son travail, presque toujours géométrique, Anish Kapoor joue avec le contenu et la forme d’un paysage, d’un environnement urbain Les œuvres d’Anish Kapoor, par leur forme, Anish Kapoor exploite de manière récurrente de cette immense œuvre d’acier, qui est à la fois ou d’un musée, celui-ci s’en trouve modifié leur échelle et leur surface, bouleversent le trou et le creux tout en conservant C et parenthèse. Véritable miroir déformant, alors même que la sculpture n’en propose l’espace alentour et le corps du visiteur une logique quasi mathématique dans la forme. elle captive d’abord le regard, bouleverse qu’un simple reflet. L’œuvre se réalise dans les modifie également. À travers son Lorsque celle-ci est concave, la surface est notre équilibre corporel jusqu’à nous perturber les évènements qui se produisent devant expérience spatiale, temporelle, sensorielle courbe et en creux, accueillante et protectrice, d’un point de vue psychologique. Ludique, l’objet et célèbre ainsi le caractère transitoire et psychologique, le spectateur construit simple et pure. « Presque tout ce que je fais mystérieux et inquiétant, le miroir concave du monde. Elle n’est jamais semblable sa représentation de la sculpture et invente est géométrique » déclare l’artiste. renvoie à celui qui s’y observe une image et connaît une infinité de temporalités au gré une façon personnelle d’habiter l’espace. La profondeur des œuvres est tantôt accentuée distordue et cruelle, son identité ne pouvant de la course du soleil ou du passage Dans les pièces mécaniques, la matière par la luminosité des résines translucides plus s’y réaliser. L’œuvre fascine, tant des visiteurs. S’ils ont parfois du mal en mouvement dessine les reliefs d’un paysage, ou des aciers polis, tantôt accrue par l’aspect par sa surface brillante et lumineuse que par à s’en détacher, peut-être est-ce parce que cosmique ou psychique, qui lentement défile mat de la fibre de verre. la riche symbolique du miroir qui évoque les miroirs réfléchissent les choses et les corps sous nos yeux. Les œuvres réfléchissantes, Celle-ci absorbe la lumière pour renforcer la connaissance, la sagesse, la magie, voire mais n’en retiennent pas l’image ? parce qu’elles ne préservent pas la mémoire l’idée de gouffre. La recherche de l’artiste la subversion. Elle invite à un passage mais inscrivent l’homme dans un paysage sur les propriétés optiques témoigne entre extérieur et intérieur, de l’autre côté fugace et précaire que le visiteur découvre de sa volonté de proposer une continuité du miroir comme Alice au pays des merveilles. au rythme de ses déambulations, sont entre une sculpture et son environnement. L’illusion prend le pas sur la réalité. des « anti-monuments ». Produisant de nombreuses illusions, la forme concave altère aussi bien l’espace que les ondes sonores autour d’elle. Elle permet aussi d’embrasser le plus d’espace possible avec le moins de matière ; rempli de couleur, le vide devient matière. Conception graphique : Studio LS – Crédits : Centre national des arts plastiques – Crédits Textes : Aurélie Barnier – CNAP – Crédits photographiques : © Studio Anish Kapoor.
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