CURRICULUM D'EDUCATION A LA CITOYENNETE DANS LE NON FORMEL

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MINISTERE DE L’EDUCATION DE BASE,          REPUBLIQUE DU MALI
  DE L’ALPHABETISATION ET DES          UN PEUPLE - UN BUT- UNE FOI
       LANGUES NATIONALES                      -----------------
            ----------------
MINISTERE DE L’ADMINISTRATION TERRITORIALE
     ET DES COLLECTIVITES LOCALES
            -----------------
RESEAU AGA KHAN DE DEVELOPPEMENT
             -----------------

           CURRICULUM D’EDUCATION
              A LA CITOYENNETE
             DANS LE NON FORMEL

                                                         Bamako 2008
LISTE DES ACRONYMES

AKDN :        Aga Khan Développement Network/Réseau Aga Khan de Développement
APC :         Approche Curriculaire par compétences
Arts :        Art plastique, Art dramatique
ACALAN :      Académie Africaine des Langues
AE :          Académie d’Enseignement
AJM :         Association des Juristes Maliens
AMDH :        Association Malienne des Droits de l’Homme
APDF :        Association pour la Défense des Droits de la Femme
APID :        Programme d’Appui au Processus et Institutions Démocratiques
ACDI :        Agence Canadienne de Développement International
ANAD :        Accord de Non Agression et de Défense
BIE :         Bureau International de l’Education
CED :         Centre d’Education pour le Développement ;
CNE :         Centre National de l’Education,
CAP :         Centre d’Animation Pédagogique
CNR-ENF :     Centre National des Ressources de l’Education Non Formelle.
CT :          Collectivités Territoriales
CAF :         Centre d’Alphabétisation Fonctionnelle
CAFÉ :        Centre d’Apprentissage Féminin
CAO :         Centre Afrika Obota
CADEF :       Comité d’Action pour les Droits de la Femme et de l’Enfant
CENAFOD :     Centre National d’Appui et de Formation pour le Développement des
              Ressources Humaines
CEPROCIDE :   Centre de Promotion de la Citoyenneté pour le Développement Durable à la
              Base
CAFO :        Coordination des Associations et ONG Féminines
CONEC :       Coalition Nationale pour l’Education Civique
CNJM :        Convention Nationale des Jeunes Juristes du Mali
CNEC :        Campagne Nationale d’Education Civique ;
CCC :         Communication pour le Changement de Comportement
CONJDEDEV     Convention des Jeunes pour le Développement
COFEM :       Collectif des Femmes du Mali
DNEB :        Direction Nationale de l’Education de Base
DP :          Développement de la Personne
DAE :         Directeur d’Académie d’Enseignement
DCAP :        Directeur de Centre d’Animation Pédagogique
DCF :         Droits et Citoyenneté des Femmes
CPDHD :       Education à la Culture de la Paix, aux Droits Humains et à la Démocratie
EAC :         Education à la Citoyenneté
ECOMOG ou     Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group
COWAS

FOMADDH :     Forum Malien d’Appui à la Démocratie et aux Droits Humains
FEMACAU :     Fédération Malienne des Clubs, Centres et Associations
GAR :         Gestion Axée sur les Résultats

                                                                                2
GP/DCF :      Groupe Pivot/Droit et Citoyenneté des Femmes
ILAB :        Institut des Langues Abdoulaye Barry
IST :        Infections Sexuellement Transmissibles
IEC :        Information, l’Education et la Communication
LC :         Langues et Communication
MEBALN :     Ministère de l’Education de Base, de l’Alphabétisation et des Langues
MATCL :      Ministère d’Administration Territoriale et des Collectivités Locales.
MARD :       Mouvement de Réflexion et d’Action pour le Développement
ONG :        Organisations Non Gouvernementales
OSC :        Organisations de la Société Civile
ODEF :       Observatoire des Droits de l’Enfant et de la Femme
OMAES :       Œuvre Malienne d’Aide à l’Enfance du Sahel
PNEC :       Programme National d’Education Civique
PRODEC :     Programme Décennal de Développement de l’Education
PNUD :        Programme des Nations Unies pour le Développement
RC DOSCM :    Programme de Renforcement de la Culture Démocratique des Organisations
             de la Société Civile au Mali.
PACKOB/Care Programme d’Appui aux Communes de Koro et Bankass/Care Mali ;
PDCB :        Programme d’Appui au Développement des Communes rurales du cercle de
             Dioïla
PDRK :        Appui à la Décentralisation dans la Région de Koulikoro de la SNV ;
PASED :       Programme d’Appui au Système Educatif Décentralisé;
REFAMP :      Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires
SMT :         Sciences Mathématiques Technologie
SH :          Sciences Humaines
TPI :         Tribunal Pénal International
UNESCO :      Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture

USAID :      Agence des Etats Unis pour le Développement International
VIH/Sida :   Virus de l’Immunodéficience Humaine / Syndrome d’Immunodéficience
             Acquise

                                                                                     3
TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS                                                                     5
INTRODUCTION                                                                     7
I CONCEPTUALISATION DE LA NOTION DE L’EDUCATION A LA CITOYENNETE 9
  1.1 De la compréhension de la citoyenneté                                      9
  1.2 De la compréhension du concept d’éducation à la citoyenneté               10
    1.2.1 L’éducation à la citoyenneté comme une socialisation démocratique :   10
    1.2.2 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral personnel      11
    1.2.3 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral collectif :    11
    1.2.4 L’éducation à la citoyenneté comme un ‘’contrat social’’ :            12
    1.2.5 L’éducation à la citoyenneté et la transdisciplinarité :              12
    1.2.6 L’éducation à la citoyenneté comme préparation au patriotisme :       12
VUE GLOBALE DU CONCEPT                                                          13
II- CONTEXTE ET JUSTIFICATION                                                   14
  2.1 ETATS DES LIEUX                                                           16
  2.2 LES FONDEMENTS                                                            17
    2.2.1. Fondements législatifs                                               17
2.2.2 Fondements politiques :                                                   18
    2.2.3 Fondements historiques                                                22
    2.2.4 Fondements sociologiques                                              23
    2.2.5 Fondements socio-économiques                                          23
    2.2.6 Fondements socioculturels                                             23
    227.Fondements pédagogiques                                                 23
  2.3. Réalisations                                                             24
III Finalités, objectif général, objectifs et groupes cibles                    26
  3.1 Finalités                                                                 26
  3.2 Objectif général                                                          26
  3.3 Objectifs spécifiques :                                                   26
  3.4 Groupes cibles                                                            27
IV. LA METHODOLOGIE D’ELABORATION                                               28
  4.1-L’analyse documentaire                                                    28
  4.2-Les ateliers                                                              29
V-CONTENUS DU PROGRAMME                                                         30
  5.1 FONDEMENTS DU CURRICULUM D’EDUCATION A LA CITOYENNETE
  DANS LE NON FORMEL AU MALI                                    30
    5.1.1 FONDEMENTS TECHNIQUES (LES CARACTERISTIQUES GENERALES
    DU CURRICULUM)                                              30
    5.1.2 FONDEMENTS SOCIOCULTURELS                             31
  5.2. LES COMPOSANTES DE L’EDUCATION A LA CITOYENNETE                          32
    5.2.1 Les droits humains                                                    32
    5.2.2. La démocratie                                                        33
    5.2.3 L’environnement et le développement durable                           34
    5.2.4. La paix et sécurité                                                  36

                                                                                 4
VI. CONTENUS DIDACTIQUES DU PROGRAMME D’EDUCATION A LA
CITOYENNETE                                                 37
VII- LES TECHNIQUES D’ANIMATION                             46
VIII- MECANISME DE SUIVI ET D’EVALUATION DES ACTIVITES DU
PROGRAMME.                                                  47
 8.1. Clarification des concepts                            47
   8.1.1. Le suivi                                          47
   8.1.2. L’évaluation                                      47
 8.2. Les acteurs et les niveaux de prise d’informations    50
CONCLUSION                                                  51
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES                                 53

                                                             5
AVANT PROPOS

Le but visé par les auteurs de ce document et le Réseau Aga Khan est
d’ouvrir l’accès à une éducation citoyenne à un nombre toujours plus grand
d’enfants, de jeunes non scolarisés ou déscolarisés et d’adultes analphabètes
(hommes et femmes), pour réduire les disparités et combattre les exclusions
de fait constatées au niveau de cette frange de la société.

Elaboré selon l’Approche par Compétences (APC), le présent document
s’articule autour de quatre composantes de la vie sociale qui sont les droits
humains, la démocratie, l’environnement et le développement durable, la
paix.   Ces      composantes       sont   déclinées    en   compétences        dont   le
développement       s’opère    à    travers   des     objectifs    et    des   contenus
d’apprentissage axés sur des thèmes.

On y distinguera d’une part les généralités à savoir l’introduction, le contexte
et justification, les composantes et thèmes, et d’autre part les compétences,
les objectifs et contenus d’apprentissage avec leur cohorte de méthodologie
d’élaboration,     de   techniques        d’animation,        de        mécanismes    de
suivi/évaluation et de conclusion.

En effet, l’absence d’une conscience citoyenne et la non participation des
citoyennes et citoyens à la vie sociale, politique, juridique, etc. constituent
des enjeux majeurs, malgré plus d’une décennie de pratique démocratique.
C’est ainsi que le Réseau Aga Khan Développement Network-AKDN a initié ce
programme d’éducation à la citoyenneté destiné au non formel.

Pour permettre aux diverses communautés d’exercer leurs droits et
responsabilités envers l’Etat et de consolider les avancées démocratiques
dans un contexte pluraliste, il s’avère nécessaire de relever ces défis.

De ce fait, le présent curriculum d’éducation à la citoyenneté dans le non
formel intègre les domaines de mobilisation des énergies dans une
dynamique de progrès économique, social et culturel du Mali.

                                                                                       6
INTRODUCTION

La vie en société a, de tout temps, été marqué par un besoin de démocratie ;
c’est-à-dire une aspiration à plus de justice, d’égalité et de solidarité. Cette
aspiration s’est traduite au XXème siècle, dans la plupart des nations, par
l’instauration d’une démocratie pluraliste.

Ainsi, ce siècle reste marqué par une démocratie pluraliste fondée sur la
protection et la promotion des droits humains. C’est aussi le siècle où le
destin des citoyens ne se joue plus au gré des seules autorités politiques.

En effet, au nom de la bonne gouvernance et de la transparence, les régimes
politiques devraient s’appuyer sur la participation de toutes les forces vives
de la nation. Nous vivons également la montée des grands regroupements
socioéconomiques, face au recul progressif des petites entités peu viables.

C’est l’ère de la consécration de l’universel c’est-à-dire celle du village
planétaire où l’éducation, la formation, la communication et l’information
sont des facteurs de survie au même titre que la nourriture. Du coup,
l’éducation   à    la    citoyenneté   comme   processus   d’assimilation   et   de
transmission de valeurs républicaines devient un thème majeur.

Sur le plan de l’encrage de la démocratie et de la décentralisation au Mali,
l’éducation à la        citoyenneté est à la fois une alternative efficace et une
dynamique porteuse. Du point de vue de l’appropriation des règles et des
valeurs citoyennes, elle est un baromètre qui nous aide à jauger le niveau de
préparation du citoyen et les conditions d’émergence d’acteurs avertis de ce
vaste système qu’est la démocratie.

En effet, la démocratie a beau prôner               la transparence, la bonne
gouvernance, la participation libre et consciente du citoyen à la vie publique,
la promotion des droits humains…, elle restera la chose d’une minorité sans
une mise en œuvre efficace et pérenne de l’éducation à la citoyenneté.

                                                                                  7
Aussi, pour que s’instaure une véritable culture démocratique stable, pour
que naisse un espace permanent et dynamique de promotion des droits
humains, il faut nécessairement promouvoir l’éducation et la formation du
citoyen.

L’initiative du Réseau aga Khan, pour le développement d’un curriculum
d’éducation à la citoyenneté destiné au non formel, s’inscrit dans l’optique de
préparation      du   citoyen   pour   sa   participation      responsable   à   la   vie
démocratique.

Mais tout d’abord que faut-il entendre par la notion de citoyenneté ? Que
recouvre le concept d’éducation à la citoyenneté ?
En   réponse      à   ces   questionnements       nous   tenterons    d’apporter      les
clarifications        qui   s’imposent.     Car    l’analyse     sémantique      ou    la
conceptualisation de la notion « d’éducation à la citoyenneté » est un
préalable méthodologique nécessaire dans le processus d’élaboration du
programme.

                                                                                       8
I. CONCEPTUALISATION DE LA NOTION DE L’EDUCATION A
                   LA CITOYENNETE

La compréhension du concept de citoyenneté est un préalable à la
conceptualisation de la notion d’éducation à la citoyenneté.

1.1 De la compréhension de la citoyenneté
La citoyenneté, concept aux origines lointaines, car remontant à l’antiquité
gréco-romaine, est l’appartenance juridique et politique d’un homme à la
Cité, à l’Etat. Elle est donnée aux hommes selon les principes de la
naturalisation ou de la naissance.

Selon le nouveau petit Robert (1996 : 383), le citoyen est celui qui appartient
à une cité, qui accepte et qui reconnaît la juridiction de celle-ci, qui est
habilité à jouir des droits et qui se sent astreint aux devoirs correspondants.
Cette définition met en relief d’une part, l’appartenance à une société
organisée, « la cité » et, d’autre part, l’accomplissement du devoir et la
jouissance des droits. Vu sous cet angle, la citoyenneté est la qualité de
citoyen. Notons cependant, ce n’est qu’en 1995 que l’adjectif ‘’citoyen’’
remplace l’adjectif ‘’civique’’ jusqu’alors consacré.

Le petit Larousse illustré (2005 :250) précise que la citoyenneté est la qualité
de citoyen. Situation créée par la pleine reconnaissance aux personnes de
leur statut de citoyen.

Enfin, la citoyenneté, traite donc des relations entre les citoyens (habitants
de la cité) et entre les citoyens et l’Etat, du point de vue de leurs droits et
devoirs civils et politiques.

                                                                              9
1.2 De la compréhension du concept d’éducation à la citoyenneté
Il s’agit de comprendre « l‘éducation à la citoyenneté » dans son contexte
historique et politique : car, il faut le noter, l’éducation à la citoyenneté est
une donnée historique, liée à l’évolution des idées et des régimes politiques.

Yvonne Hébert et Alan Sears dans « L’éducation à la citoyenneté » définissent
« l’éducation à la citoyenneté » comme « une préparation qui permet aux
individus de participer en tant que citoyennes et citoyens actifs et
responsables à un régime démocratique ».

Cette définition ne couvre pas les dimensions et l’envergure de l’éducation à
la citoyenneté. Alors l’on admettra que l’éducation à la citoyenneté est ce
processus d’éducation qui intègre les valeurs universelles de démocratie
dans un ensemble humain intégrateur, durable et globalisant.

Elle est ce «contrat social » pour lequel le citoyen s’engage à vivre dans sa
cité en harmonie parfaite avec ses concitoyens.
Ainsi, le concept d’éducation à la citoyenneté, couvre les domaines de la vie
sociale tels que:
•   les droits humains;
•   l’éducation à la démocratie et la décentralisation;
•   l’environnement et le développement durable ;
•   la bonne gouvernance;

Vu sous cet angle, l’élucidation du concept passe nécessairement par les
dimensions suivantes :

1.2.1 L’éducation à la citoyenneté comme une socialisation démocratique :
Comme telle, elle peut être comprise comme un processus qui consiste à
assimiler, à intégrer, en vue de s’approprier les valeurs et les normes
démocratiques de sa communauté, de son pays. Cependant, cette définition
qui s’appuie uniquement sur les valeurs démocratiques est quelque peu
limitative car l’éducation à la citoyenneté peut couvrir d’autres aspects de
l’être social.

                                                                              10
1.2.2 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral personnel

L’affirmation de soi, se connaître dans toutes ses dimensions, dans toutes
ses    compétences de vie sociale est le premier niveau de l’éducation à la
citoyenneté (l’individu face à lui-même).

Une maxime du Mali ne dit-elle pas que ‘’Jidôn, sodôn, Yèrèdôn de Gnogon
tè’’. La culture des vertus personnelles, les vivre au quotidien en harmonie
avec les concitoyens est un palier nécessaire pour que son propre modèle
civique et moral influence positivement la communauté.

Elle s’inscrit dans la dynamique de l’émergence d’un citoyen modèle,
prototype incarnant la paix, l’équité, la justice… Signalons que l’éducation à
la    citoyenneté   comme   engagement      moral   personnel   consolide   l’auto
construction sociale qui n’a de sens que quand elle prépare à l’esprit
collectif.

1.2.3 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral collectif

Le palier supérieur de l’éducation à la citoyenneté vise la collectivité
locale, nationale, sous-régionale et internationale.

A ce titre, elle doit œuvrer à relever le triple défi de la démocratie
comme valeur universelle, de l’immigration et de la multi culturalité de
l’humanité.

De ce point de vue, l’E.A.C., vise l’Homme, sa promotion et son
intégration dans un monde de plus en plus ouvert. Elle doit aider à
briser les barrières de méfiance et de l’isolement, terreau de
l’intolérance. Par exemple, l’Humanité retiendra pendant longtemps les
effets positifs de la chute du mur de Berlin en 1990.

                                                                               11
1.2.4 L’éducation à la citoyenneté comme un ‘’contrat social’’
L’obéissance aux lois n‘est pas une soumission puérile, elle est le signe d’une
attitude consciente. La citoyenneté n’est pas un attachement servile à une
idéologie : elle est une quête perpétuelle consciente de justice sociale et de
perspective politique collective. Elle se veut non pas une simple adhésion à
une idée politique ou à ses tenants, mais plutôt une participation active au
processus de construction de celle-ci.

Elle vise un devenir collectif intégral, une quête permanente de solidarité et d
partage, un co-devenir. Dans son ouvrage Savoir co-devenir, Boubacar
CAMARA (1996 :172) écrit que  Elle consiste
donc à cultiver chez chacun et chez tous, les conditions de vivre en
harmonie avec les autres.

1.2.5 L’éducation à la citoyenneté et la transdisciplinarité

La complexité du concept impose que son traitement soit pluridisciplinaire.
En définitive, le programme d’éducation à la citoyenneté ne devrait pas se
limiter aux seules questions de droits et devoirs du citoyen, aux seuls
principes et règles de la démocratie, encore moins à la seule ambition de la
culture de la paix.

1.2.6 L’éducation à la citoyenneté comme préparation au patriotisme
En perspective, le curriculum de l’éducation à la citoyenneté doit refléter des
centres d’intérêt plus globaux et plus intégrateurs du point de vue du
contenu, des approches pédagogiques et des stratégies d’évaluation. Bref
c’est   le   lieu   de   l’inscrire   dans   une   optique     d’ouverture   et   de
constructions/reconstruction pour un lendemain meilleur. Cette littérature
pourrait être schématisée comme suit :

                                                                                  12
VUE GLOBALE DU CONCEPT

Socialisation et ancrage                          Engagement moral
     démocratique                                     personnel

                             Education

                           à la citoyenneté

  Transdisciplinarité                         Engagement moral collectif

                                                                           13
II. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

Il est aujourd’hui indéniable que la citoyenneté est sujette à une crise aiguë,
tant dans les nouvelles démocraties que dans les anciennes ; impliquant le
besoin d’une éducation à la citoyenneté.

En effet, le contexte mondial est marqué par une conjoncture politico-
économique     particulière.   Les   diverses    formes    d’exclusion    et   de
marginalisation   ne   font    qu’augmenter.    La   violence   envahit   la   vie
quotidienne : l’incivisme, l’intolérance, le racisme, la xénophobie, l’intégrisme
religieux, politique et économique prennent de l’ampleur. La démocratie se
porte plutôt mal à cause de la déconfiture du tissu social. La vie
démocratique perd de plus en plus de sa vitalité à cause de l’indifférence des
citoyennes et citoyens vis à vis des devoirs civiques comme par exemple le
vote, le respect des valeurs éthiques.

Les intérêts de l’éducation à la citoyenneté sont multiples. Elle est un
facteur de consolidation des acquis de la démocratie. Car malgré ses valeurs,
la démocratie n’est pas un système achevé. Elle est un processus qui exige
l’implication conséquente d’un nombre important d’acteurs de qualité.
C’est l’épineuse question de la légitimité démocratique que connaissent la
plupart des pays africains qui se sont lancés dans la voie démocratique.

Le Mali a entamé, depuis les évènements de mars 1991, un long processus
de démocratisation et de décentralisation avec de         vastes reformes ayant
abouti à   l’émergence d’une société civile active dans toutes les sphères
d’activités socio-économiques et politiques. Toutefois, en matière d’éducation
à la citoyenneté, le Mali n’en a pas été un terrain vierge. L’éducation civique
et patriotique développée depuis la première République a posé les jalons
sûrs d’une éducation citoyenne.

                                                                               14
Cependant,      force   est    de    reconnaître    que   depuis    les   consultations
référendaires de 1992, les résultats enregistrés à l’issue des différentes
élections     nationales (municipales, législatives et présidentielles), ont été
caractérisés par une timide participation des populations aux divers
scrutins. Pire, on constate un désintérêt de plus en plus manifeste pour la
cause politique.

Face à ce sentiment de faible exercice de la démocratie, une éducation à la
citoyenneté s’impose. Celle-ci apparaît comme une opportunité et une
exigence de la démocratie et de la décentralisation au Mali. En consacrant le
principe de gestion du pouvoir par et pour le peuple, le Gouvernement et les
partenaires     maliens       au    développement     reconnaissaient      l’impérieuse
nécessité d’instaurer et de développer une culture démocratique aussi bien
au sein des institutions que de la population.

Fort de ce constat, le gouvernement de la République du Mali, à travers le
Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales
(MATCL), a initié un vaste Programme National d’Education à la Citoyenneté
(PNEC) en vue « d’analyser les pratiques en cours en matière de promotion
des Droits humains et de bonne gouvernance » et de « proposer une synergie
d’actions entre acteurs étatiques et non étatiques » pour « capitaliser les
bonnes pratiques ».

L’apprentissage des valeurs (humaines, socioculturelles) nationales et
internationales constituent l’ossature et l’armature du présent curriculum.
Nous prendrons appui sur la permanente volonté politique des autorités de
faire du malien « un citoyen patriote et bâtisseur d’une société démocratique,
un acteur du développement profondément ancré dans sa culture et ouvert à
la civilisation universelle, maîtrisant les savoir-faire populaires et aptes à
intégrer les connaissances et compétences liées aux progrès scientifiques,
techniques et à la technologie moderne. » article 11 Loi d’orientation sur
l’éducation    n°99-046/du          28   décembre   1999.   Bâtir   l’éducation   à   la
citoyenneté sur les acquis sociaux reste donc un pari à gagner.

                                                                                      15
2.1 Etats des lieux
Rappelons que le Mali est un pays où l’éducation à la citoyenneté bénéficie
d’un terrain favorable à son épanouissement. En effet, si la déclaration
universelle des droits de l’homme du XXème siècle est aujourd’hui un
patrimoine      de   l’humanité,   la    charte    du   Mandé   (rencontre   de
kouroukanfouga) au XIIIème siècle mettait déjà l’humain au centre des
préoccupations de la société en son article VII.

Sur le plan culturel, le kôtèba, le kôrôduga, le gnôgôlon, le sanankouya,
pour ne citer que ceux-là, sont des illustrations importantes intégrant les
démarches d’apprentissage de vie collective. Ils cimentent les relations
sociales et constituent un moyen efficace de lutte contre la méfiance
interethnique et intergénérationnelle.

Aussi, toutes les constitutions du Mali, de l’indépendance à nos jours,
contiennent des dispositions majeures en relation avec les libertés
fondamentales de l’homme. La constitution du 25 février 1992, la plus
récente, a, dans son titre 1er, 24 articles dont 17 sont consacrés aux droits et
devoirs de la personne humaine.

De même, les différents pactes (national et social) ont révélé la nécessité du
recours à la concertation, au dialogue, pour le règlement pacifique des
différends. Ici, nous mettrons surtout l’accent sur : les fondements et les
réalisations.

                                                                             16
2.2 Les fondements

L’adaptation de l’enseignement aux exigences actuelles et futures de la
société, à travers une révision ou une réorganisation de la structure et du
contenu des programmes, a toujours été une préoccupation majeure du
système éducatif malien.

Les réformes ou aménagements qui en découlent, quelle qu’en soit l’ampleur,
prennent toujours corps sur des bases objectives inspirées de contextes
parfois très divers qui servent de matrice et de référence aux changements
envisagés.

Ainsi l’élaboration d’un curriculum d’éducation à la citoyenneté destiné au
non formel tire sa justification de considérations législatives, politiques,
historiques, sociales, socioculturelles, socio-économiques et pédagogiques

2.2.1. Fondements législatifs
De la réforme du système éducatif en 1962 à sa refondation en 1994, en
passant par les différents séminaires nationaux, conférences, débats et
forums organisés, la quête de renouveau pédagogique pour l’amélioration de
la qualité de l’enseignement s’est manifesté de façon constante tant dans le
formel que dans le non formel.

L’éducation   non   formelle   est   régie   par   des   dispositions   législatives
réglementaires à travers la Loi n°99-046/du 28 décembre 1999, portant loi
d’Orientation sur l’éducation qui stipule, en son article 42 que « l’éducation
non formelle a pour but de mettre en œuvre toute forme appropriée
d’éducation des jeunes non scolarisés ou déscolarisés et d’adultes en vue
d’assurer leur promotion sociale, culturelle et économique ».

Le Programme Décennal de Développement de l’Education (PRODEC), à
travers cette loi a opté pour une éducation non formelle rénovée bénéficiant
de la même importance que celle accordée à l’enseignement fondamental.

                                                                                 17
2.2.2 Fondements politiques
L’option de démocratisation/décentralisation de l’enseignement ouvre de
grandes opportunités d’expansion de l’éducation. Au nombre des droits
reconnus    à   chaque    citoyen,   figurent   en   bonne   place   l’éducation,
l’instruction, la formation (articles 17 et 18 de la Constitution). Le caractère
obligatoire de l’enseignement attesté par la Constitution (article 18) et la Loi
d’Orientation sur l’Education (article 6) trouve son application, en ce qui
concerne l’offre tout au moins, dans l’affirmation du PRODEC faisant de
l’ »éducation pour tous » le premier des onze axes prioritaires de son plan
décennal

L’éducation non formelle est un secteur émergeant dont la politique a été
adoptée le 17 janvier 2007 en Conseil des Ministres. Elle        bénéficie d’un
investissement continu et accru de l’ensemble des acteurs, notamment les
Ministères en charge de l’éducation et les différents partenaires. Le cadre
institutionnel actuel des structures en charge de l’éducation non formelle se
présente comme suit :

Le Niveau central :
la Direction Nationale de l’Education de Base (DNEB) qui abrite en son sein
une Division Alphabétisation et une Division Centre d’Education pour le
Développement ;
le Centre National des Ressources de l’Education Non Formelle (CNR-ERF).
A ceux-ci s’ajoutent les structures d’appui et de recherche comme l’Institut
des Langues Abdoulaye Barry (ILAB), le Centre National de l’Education
(CNE), la Fondation Karanta, l’Académie Africaine des Langues (ACALAN) et
l’Université de Bamako.

                                                                              18
La DNEB : Créée par l’ordonnance N°00-048/P-RM du 25 septembre 2000,
elle a pour mission :
   • d’élaborer les éléments de la politique nationale en matière de
      développement de l’Education de Base en relation avec les autres
      structures compétentes ;
   • de veiller à la mise en œuvre de cette politique dans un cadre unifié ;
   • d’assurer la coordination, le contrôle technique et le suivi des services
      régionaux et des services rattachés de l’Education de Base.

En ce qui concerne spécifiquement l’éducation non formelle, à travers les
divisions Alphabétisation et Centre d’Education pour le Développement, la
DNEB est chargée :
   • de préparer les éléments de la politique de la DNEB dans les domaines
      de    l’alphabétisation   et   des   Centres     d’Education   pour      le
      Développement ;
   • de coordonner et suivre l’exécution de ces politiques en relation avec
      les Académies d’Enseignement.
Le CNR-ENF : Créé par l’Ordonnance n°01-023/P-RM du 21 mars 2001, il a
pour missions de concourir à la mise en œuvre de la politique nationale en
matière d’éducation non formelle.
A cet effet, il est chargé :
   • d’assurer la coordination les activités de tous les opérateurs œuvrant
      dans le cadre de l’alphabétisation et des centres d’éducation pour le
      développement ;
   • d’assurer la formation des opérateurs du secteur non formel de
      l’éducation ;
   • d’appuyer les opérateurs dans la formulation et la conduite des projets
      d’alphabétisation et de post-alphabétisation ;
   • d’assurer la production, la publication et la diffusion du matériel
      didactique dans le domaine de l’éducation non formelle ;

                                                                               19
• de mettre à la disposition des acteurs du secteur non formel de
      l’éducation un centre de documentation, d’information et de
      communication       sociale   et    créer   un   répertoire       informatisé   des
      opérateurs du secteur non formel de l’éducation ;
   • de    rendre    disponibles    les    services    des   ressources       humaines,
      techniques et logistiques pour les intervenants dans le secteur non
      formel de l’éducation.
Niveaux déconcentré et décentralisé :
Les Académies d’Enseignement (AE), les Centres d’Animation Pédagogique
(CAP) et les Collectivités Territoriales (CT).

Les Académies d’Enseignement (AE) sont chargées :
   • de coordonner au niveau régional les activités des services de
      l’éducation en collaboration avec les collectivités territoriales ;
   • d’apporter les appuis techniques nécessaires aux différents acteurs :
      structures    déconcentrés,    collectivités     territoriales,    communautés,
      promoteurs privés, entre autres ;
   • de    superviser    et    contrôler    les   établissements         d’enseignement
      secondaire et supérieur.
Au niveau de l’Académie d’Enseignement, l’éducation non formelle est
représentée au sein de la Division Education de Base par une section CED et
une section Alphabétisation.

Les Centres d’Animation Pédagogique (CAP) ont pour mission la mise en
œuvre de la politique éducative du ministère chargé de l’éducation en
relation avec les collectivités territoriales. L’éducation non formelle est
représentée au niveau du CAP par un conseiller chargé de CED et un
conseiller chargé de l’alphabétisation.

                                                                                       20
Les Collectivités Territoriales (CT) ont pour missions entre autres :
   • d’élaborer leurs programmes de l’éducation non formelle ;
   • de définir la carte des CED, des CAF et des CAFE ;
   • de participer à l’élaboration des curricula et du calendrier des CED,
      CAF et CAFE ;
   • de gérer les compétences transférées par l’Etat en matière d’éducation
      non formelle ;
   • de participer à la détermination des sites des CED, CAF et CAFE à
      créer ;
   • de participer au suivi et à l’évaluation du système éducatif.

Les Organisations de la Société Civile : (OSC)
Au Mali, les Organisations de la Société Civile (OSC) occupent une place de
choix en matière de conception et de mise en œuvre de programmes
d’éducation à la citoyenneté dans le contexte démocratique.

Elles sont à la fois conceptrices et exécutrices de leurs propres programmes
d’éducation à la citoyenneté. On peut les catégoriser en deux grands
groupes : les OSC spécialisées dont le mandat et les activités sont
principalement tournées vers l’éducation à la citoyenneté et celles opérant
dans plusieurs domaines soutenues par les partenaires techniques et
financiers.

Parmi les structures spécialisées on peut retenir, le Centre Afrika Obota
(CAO), la Coalition Nationale pour l’Education Civique (CONEC) et ses ONG
et Associations membres comme SOS Civisme Mali, la Convention Nationale
des Jeunes Juristes du Mali (CNJM), la Fédération Malienne des Clubs,
Centres et Associations UNESCO (FEMACAU), la Convention des Jeunes
pour le Développement (CONJDEDEV), le Mouvement de Réflexion et
d’Action pour le Développement (MARD).

                                                                         21
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et/ou Associations

Concernant ce second groupe, le nombre d’intervenants dans le domaine de
l’éducation à la citoyenneté est aussi assez élevé. C’est le cas surtout du
Groupe Pivot/DCF et de ses huit associations membres (l’AJM, l’AMDH,
l’APDF, le CADEF, la COFEM, le FOMADDH, l’ODEF, le REFAMP/Mali), du
CENAFOD, du Centre Djoliba, du CEPROCIDE et de la CAFO. On recense
également      de        nombreuses    ONG      internationales,    telles   que   CARE
International, Hellen Keller International, Winrock et Save the Children.

L’expérience montre que les pratiques à la matière par les OSC et l’Etat dans
une certaine mesure, confinent l’éducation à la citoyenneté dans sa
dimension électorale. Les activités portant sur les autres dimensions
notamment la promotion des droits humains nécessitant une approche de
longue haleine et un gros financement sont peu soutenues.

2.2.3 Fondements historiques
Etant donné la rapidité de l’évolution sociale à notre époque, un système
éducatif qui ne se situerait pas dans une perspective de changement de
comportement deviendrait vite anachronique. Les attentes sociales invitent à
une éducation à la citoyenneté destinée au non formel.

La création des centres d’Education pour le Développement (CED), des
Centres d’Apprentissage Fonctionnel (CAF), et des Centres d’Apprentissage
Féminin (CAFé), l’existence des Organisations de la Société Civile (OSC), des
Associations        et    Organisations      paysannes,     des    jeunes    précocement
déscolarisés    ou        non   scolarisés    constituent    un    terrain   favorable   à
l’application d’un tel curriculum.

                                                                                         22
2.2.4 Fondements sociologiques
Pluralisme politique et décentralisation créent des conditions nécessaires et
indispensables à une plus grande implication des communautés dans la
formation et l’information des masses.

2.2.5 Fondements socio-économiques
Les exigences en matière d’éducation pour le           développement national, le
combat contre les défis mondiaux nécessitent une formation de toute cette
masse      analphabète    pour     un   changement      de   comportement.        D’où
l’impérieuse nécessité de cultiver une éducation citoyenne par le futur agent
de développement et bâtisseur d’une société démocratique.

2.2.6 Fondements socioculturels
Conçu pour des groupes cibles             multiethniques et multiculturels, ce
curriculum sera axé sur les valeurs de tolérance, de solidarité, d’entraide, de
civisme,    de   liberté,….   La    maîtrise   des    thèmes    et     contenus    par
l’apprentissage/formation pour le renforcement de l’identité nationale et
l’instauration de la cohésion sociale est une option politique et culturelle qui
doit être soulignée avec force.

227. Fondements pédagogiques
Les innovations pédagogiques (Pédagogie Convergente, PFIE, EVF/EMP,
l’éducation à la culture de la paix, aux droits humains et à la démocratie,
l’institutionnalisation des CED, CAF, CAFé           etc.) contribuent    la réussite
d’une éducation à la citoyenneté. Dans ce domaine, leurs méthodologies de
formation, en dépit de leur spécificité, vont dans le sens de la voie tracée en
matière d’apprentissages significatifs, à la fois par le contenu, le processus
(d’apprentissage), le lieu (où ils s’effectuent) et le public cible.

                                                                                    23
Un curriculum pertinent rejoint à la fois l’expérience des apprenants et
l’environnement physique et humain de ceux-ci. D’où un certain nombre de
dispositions particulières à prendre en considération :
   • application d’approches pédagogiques actives ;
   • passage    d’une    logique   d’enseignement    vers   une    logique   de
      formation/apprentissage à travers des activités d’apprentissage ;
   • pratique de l’évaluation formative tout au long des apprentissages ;
   • valorisation du travail individuel et du travail de groupe.

2.3. Réalisations
Au Mali l’éducation à la citoyenneté est fondamentalement dans des
programmes et projets de bonne gouvernance et de droit humain. Parmi ces
programmes on peut citer, entre autres :
   • Les Programmes de Gouvernance Démocratique et Gouvernance
      Partagé de l’USAID ;
   • Le programme d’Appui au processus et Institutions Démocratiques
      (APID) du PNUD.
   • Le Programme de Renforcement de la Culture Démocratique des
      Organisations de la Société Civile au Mali. Œuvre Malienne d’Aide à
      l’Enfance du Sahel (OMAES) et World Education Inc ;
   • Le Projet Droits et Citoyenneté des Femmes (DCF) financé par l’Agence
      Canadienne de Développement International (ACDI) :
   • Le Projet Femme et Gouvernance Locale. Winrock International :
   • Le Programme d’Appui aux Communes de Koro et Bankass (PACKOB)
      Care Mali ;
   • Les Programmes d’Appui au Développement des Communes rurales du
      cercle de Dioïla (PDCB), et d’Appui à la Décentralisation dans la
      Région de Koulikoro (PDRK) de la SNV ;
   • Le Programme d’Appui au Système Educatif Décentralisé (PASED) du
      MEN (2000- 2007) ;
   • La Campagne Nationale d’Education Civique (CNEC), 2004 ;
   • Programme National d’Education à la Citoyenneté PNEC 2005-2008.

                                                                             24
Toutefois, ces programmes développés n’ont pas toujours fait l’objet de
partage entre les différents acteurs concernés. De même, il n’a pas existé de
cadre de référence sur leurs contenus, les différents acteurs n’ayant toujours
pas été en relation et ayant même plutôt eu tendance à évoluer
parallèlement sur le terrain. Ce manque de coordination explique du coup la
différence de domaines thématiques, de groupes cibles, de priorités
sectorielles, de zones d’intervention et d’approches méthodologiques dans la
mise en œuvre desdits programmes.

Pour palier ces insuffisances et redonner à l’éducation à la citoyenneté toute
sa plénitude dans le non formel, il y a lieu d’intégrer les différents thèmes et
contenus dans un seul et même curriculum afin d’obtenir l’harmonisation
pour l’atteinte de résultats probants donc d’impacts à moyen et long terme

                                                                             25
III. FINALITES, OBJECTIF GENERAL, OBJECTIFS ET
                      GROUPES CIBLES

3.1 Finalités
L’éducation non formelle est une composante du système éducatif malien.
Elle a pour finalités de former un citoyen patriote et bâtisseur d’une société
démocratique, un acteur du développement, profondément ancré dans sa
culture et ouvert à la civilisation universelle, maîtrisant les savoir-faire
populaires et apte à intégrer les connaissances et compétences liées aux
progrès scientifiques, techniques et à la technologie moderne.

3.2 Objectif général
Ce programme d’éducation à la citoyenneté vise à former les maliennes et
maliens aux valeurs citoyennes.

3.3 Objectifs spécifiques :

   • Affirmer son identité sociale, culturelle, nationale et supranationale;
   • Développer     sa   capacité   de   vivre   ensemble   dans   une      société
      démocratique et de droits basée sur l’égalité et le respect de l’autre;
   • Participer activement à la vie politique et/ou à la société civile ;
   • Promouvoir l’intégration interculturelle et économique de toutes les
      citoyennes et de tous les citoyens maliens ;
   • Favoriser la pratique des droits et devoirs des citoyennes et citoyens et
      leur participation aux prises de décision concernant la vie en société ;
   • Renforcer la cohésion et le lien social entre les citoyennes et citoyens
      maliens.

                                                                                26
La formation à l’ECPDHD et partant à la citoyenneté était seulement prise en
charge par l’éducation formelle. Le présent curriculum de l’éducation à la
citoyenneté, destiné à l’éducation non formelle, contribuera à la formation
des adultes hommes et femmes, des jeunes filles et garçons déscolarisés ou
non scolarisés. La démocratie malienne s’en trouvera renforcée.

3.4 Groupes cibles
Le   présent   curriculum   d’éducation   à   la   citoyenneté   s’adresse   aux
populations maliennes en général, et en particulier, aux CAF, aux CAFé, aux
CED, aux groupements associatifs d’hommes, de femmes, de jeunes non
scolarisés ou déscolarisés, aux OSC, aux ONG ainsi qu’aux organisations
rurales. Il se veut un outil pédagogique devant servir à transcender le
disfonctionnement des approches d’éducation à la citoyenneté sur le terrain.

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IV. LA METHODOLOGIE D’ELABORATION

Il s’agit de la démarche d’élaboration mise en œuvre pour la conception du
présent curriculum. Elle s’articule autour des axes essentiels suivants:
      1) l’analyse documentaire ;
      2) Organisation d’ateliers.

4.1-L’analyse documentaire
Pour ce qui est de l’analyse documentaire, elle a porté sur un nombre
important de documents de référence constitué de documents généraux,
d’ouvrages spécialisés et des publications sur des sites Web. On retiendra :

Les communications
Des communications           écrites d’acteurs œuvrant sur le terrain pour
l’éducation à la citoyenneté (PNEC, CNE, ONG, les OSC, les Associations…),
lors de l’atelier de définition des orientations organisé par le Réseau Aga
Khan. Au cours de cette rencontre, ces structures ont fourni une gamme
variée de productions très utiles sur la citoyenneté. L’examen de ces
documents a permis de faire l’état des lieux des expériences menées en la
matière sur le terrain.

La revue de la littérature
On peut ici citer les productions du CNR-ENF, de la DNEB, du CNE, et du
MATCL. Leur exploitation a permis de dégager les éléments de contexte et de
justification relatifs à la nécessité d’élaboration d’un curriculum d’éducation
à la citoyenneté destiné au Non Formel. Par ailleurs, ces documents ont
également permis de déterminer les éléments de structuration dudit
curriculum que sont: les composantes, les thèmes, les compétences, les
objectifs, les contenus d’apprentissages, et les techniques d’animation. La
revue de la littérature a été complétée par des informations tirées des
productions internationales sur la thématique. D’autres informations
complémentaires ont été tirées des sites internet.

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4.2 Les ateliers
Divers ateliers ont contribué à la réalisation du présent document. Un atelier
de définition des orientations pour le développement d’un curriculum
d’éducation à la citoyenneté, organisé par le Réseau Aga Khan, a permis de
faire l’inventaire d’un certain nombre de thèmes pertinents.

L’atelier de définition des orientations
Tenu à l’Hôtel Kempeski du 7 au 8 Novembre 2007, cet atelier de définition
des orientations a regroupé les acteurs de terrain (ONG, OSC), les
techniciens    des Ministères en charge de       l’éducation, du Ministère de
l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, et des représentants
des PTF. Il a aussi permis de faire l’état des lieux des activités sur le terrain
et d’identifier des thèmes majeurs pour l’élaboration d’un curriculum
d’éducation à la citoyenneté.

Les ateliers de conception
De façon périodique et régulière, l’équipe d’élaboration a procédé à des
productions séquentielles en ateliers. Elle a toujours fonctionné en deux
sous-groupes, travaillant sur les mêmes rubriques à partir des consignes.
Les travaux en ateliers ont été sanctionnés par des plénières de mise en
commun.

Les ateliers de validation interne
Co-organisés par le CNE et le Réseau Aga Khan, ces différents ateliers de
validation ont enregistré la participation de partenaires et d'acteurs opérant
sur le terrain. Fondés sur la méthode participative, les ateliers de validation
interne ont alterné présentation des productions par l’équipe de rédaction,
travaux de groupes autour de consignes suivis de plénières.

L’atelier national de validation
Cet atelier national d’échange a permis de partager le produit avec un large
public. Il a bouclé le cycle d’élaboration par la validation du curriculum.
Le programme ainsi conçu s’inscrit dans l’optique d’une approche par
compétences préconisée par le PRODEC.

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V. CONTENUS DU PROGRAMME

5.1 Fondements du curriculum d’éducation a la citoyenneté dans le
non formel au mali

5.1.1 Fondements techniques (les caractéristiques générales du
curriculum)
La reforme actuelle du système éducatif malien prônée par le Programme
Décennal de Développement de l’Education (PRODEC) préconise l’Approche
par compétences (APC) qui est une démarche globale et systémique dans les
apprentissages, contrairement à l’approche programme centré sur un
ensemble de thèmes et contenus notionnels enseignés souvent sans liens
apparents les uns avec les autres.

Pour opérationnaliser l’approche par compétences, le curriculum préconise
de façon générale, des profils de compétences, des objectifs, des contenus,
des méthodes pédagogiques, des ressources matérielles et des modes
d’évaluation dans les différents domaines de formation qui sont au nombre
de cinq (5) pour le système éducatif formel :
   − Langues et communication (LC) ;
   − Sciences Mathématiques et Technologie (SMT) ;
   − Sciences Humaines (SH) ;
   − Arts ;
   − Développement de la Personne (DP).

A la différence de la pédagogie traditionnelle fondée essentiellement sur
l’activité du maître, l’approche par compétences place l’apprenant au centre
de l’activité d’apprentissage.

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