CURRICULUM D'EDUCATION A LA CITOYENNETE DANS LE NON FORMEL
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
MINISTERE DE L’EDUCATION DE BASE, REPUBLIQUE DU MALI DE L’ALPHABETISATION ET DES UN PEUPLE - UN BUT- UNE FOI LANGUES NATIONALES ----------------- ---------------- MINISTERE DE L’ADMINISTRATION TERRITORIALE ET DES COLLECTIVITES LOCALES ----------------- RESEAU AGA KHAN DE DEVELOPPEMENT ----------------- CURRICULUM D’EDUCATION A LA CITOYENNETE DANS LE NON FORMEL Bamako 2008
LISTE DES ACRONYMES AKDN : Aga Khan Développement Network/Réseau Aga Khan de Développement APC : Approche Curriculaire par compétences Arts : Art plastique, Art dramatique ACALAN : Académie Africaine des Langues AE : Académie d’Enseignement AJM : Association des Juristes Maliens AMDH : Association Malienne des Droits de l’Homme APDF : Association pour la Défense des Droits de la Femme APID : Programme d’Appui au Processus et Institutions Démocratiques ACDI : Agence Canadienne de Développement International ANAD : Accord de Non Agression et de Défense BIE : Bureau International de l’Education CED : Centre d’Education pour le Développement ; CNE : Centre National de l’Education, CAP : Centre d’Animation Pédagogique CNR-ENF : Centre National des Ressources de l’Education Non Formelle. CT : Collectivités Territoriales CAF : Centre d’Alphabétisation Fonctionnelle CAFÉ : Centre d’Apprentissage Féminin CAO : Centre Afrika Obota CADEF : Comité d’Action pour les Droits de la Femme et de l’Enfant CENAFOD : Centre National d’Appui et de Formation pour le Développement des Ressources Humaines CEPROCIDE : Centre de Promotion de la Citoyenneté pour le Développement Durable à la Base CAFO : Coordination des Associations et ONG Féminines CONEC : Coalition Nationale pour l’Education Civique CNJM : Convention Nationale des Jeunes Juristes du Mali CNEC : Campagne Nationale d’Education Civique ; CCC : Communication pour le Changement de Comportement CONJDEDEV Convention des Jeunes pour le Développement COFEM : Collectif des Femmes du Mali DNEB : Direction Nationale de l’Education de Base DP : Développement de la Personne DAE : Directeur d’Académie d’Enseignement DCAP : Directeur de Centre d’Animation Pédagogique DCF : Droits et Citoyenneté des Femmes CPDHD : Education à la Culture de la Paix, aux Droits Humains et à la Démocratie EAC : Education à la Citoyenneté ECOMOG ou Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group COWAS FOMADDH : Forum Malien d’Appui à la Démocratie et aux Droits Humains FEMACAU : Fédération Malienne des Clubs, Centres et Associations GAR : Gestion Axée sur les Résultats 2
GP/DCF : Groupe Pivot/Droit et Citoyenneté des Femmes ILAB : Institut des Langues Abdoulaye Barry IST : Infections Sexuellement Transmissibles IEC : Information, l’Education et la Communication LC : Langues et Communication MEBALN : Ministère de l’Education de Base, de l’Alphabétisation et des Langues MATCL : Ministère d’Administration Territoriale et des Collectivités Locales. MARD : Mouvement de Réflexion et d’Action pour le Développement ONG : Organisations Non Gouvernementales OSC : Organisations de la Société Civile ODEF : Observatoire des Droits de l’Enfant et de la Femme OMAES : Œuvre Malienne d’Aide à l’Enfance du Sahel PNEC : Programme National d’Education Civique PRODEC : Programme Décennal de Développement de l’Education PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement RC DOSCM : Programme de Renforcement de la Culture Démocratique des Organisations de la Société Civile au Mali. PACKOB/Care Programme d’Appui aux Communes de Koro et Bankass/Care Mali ; PDCB : Programme d’Appui au Développement des Communes rurales du cercle de Dioïla PDRK : Appui à la Décentralisation dans la Région de Koulikoro de la SNV ; PASED : Programme d’Appui au Système Educatif Décentralisé; REFAMP : Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires SMT : Sciences Mathématiques Technologie SH : Sciences Humaines TPI : Tribunal Pénal International UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture USAID : Agence des Etats Unis pour le Développement International VIH/Sida : Virus de l’Immunodéficience Humaine / Syndrome d’Immunodéficience Acquise 3
TABLE DES MATIERES AVANT PROPOS 5 INTRODUCTION 7 I CONCEPTUALISATION DE LA NOTION DE L’EDUCATION A LA CITOYENNETE 9 1.1 De la compréhension de la citoyenneté 9 1.2 De la compréhension du concept d’éducation à la citoyenneté 10 1.2.1 L’éducation à la citoyenneté comme une socialisation démocratique : 10 1.2.2 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral personnel 11 1.2.3 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral collectif : 11 1.2.4 L’éducation à la citoyenneté comme un ‘’contrat social’’ : 12 1.2.5 L’éducation à la citoyenneté et la transdisciplinarité : 12 1.2.6 L’éducation à la citoyenneté comme préparation au patriotisme : 12 VUE GLOBALE DU CONCEPT 13 II- CONTEXTE ET JUSTIFICATION 14 2.1 ETATS DES LIEUX 16 2.2 LES FONDEMENTS 17 2.2.1. Fondements législatifs 17 2.2.2 Fondements politiques : 18 2.2.3 Fondements historiques 22 2.2.4 Fondements sociologiques 23 2.2.5 Fondements socio-économiques 23 2.2.6 Fondements socioculturels 23 227.Fondements pédagogiques 23 2.3. Réalisations 24 III Finalités, objectif général, objectifs et groupes cibles 26 3.1 Finalités 26 3.2 Objectif général 26 3.3 Objectifs spécifiques : 26 3.4 Groupes cibles 27 IV. LA METHODOLOGIE D’ELABORATION 28 4.1-L’analyse documentaire 28 4.2-Les ateliers 29 V-CONTENUS DU PROGRAMME 30 5.1 FONDEMENTS DU CURRICULUM D’EDUCATION A LA CITOYENNETE DANS LE NON FORMEL AU MALI 30 5.1.1 FONDEMENTS TECHNIQUES (LES CARACTERISTIQUES GENERALES DU CURRICULUM) 30 5.1.2 FONDEMENTS SOCIOCULTURELS 31 5.2. LES COMPOSANTES DE L’EDUCATION A LA CITOYENNETE 32 5.2.1 Les droits humains 32 5.2.2. La démocratie 33 5.2.3 L’environnement et le développement durable 34 5.2.4. La paix et sécurité 36 4
VI. CONTENUS DIDACTIQUES DU PROGRAMME D’EDUCATION A LA CITOYENNETE 37 VII- LES TECHNIQUES D’ANIMATION 46 VIII- MECANISME DE SUIVI ET D’EVALUATION DES ACTIVITES DU PROGRAMME. 47 8.1. Clarification des concepts 47 8.1.1. Le suivi 47 8.1.2. L’évaluation 47 8.2. Les acteurs et les niveaux de prise d’informations 50 CONCLUSION 51 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 53 5
AVANT PROPOS Le but visé par les auteurs de ce document et le Réseau Aga Khan est d’ouvrir l’accès à une éducation citoyenne à un nombre toujours plus grand d’enfants, de jeunes non scolarisés ou déscolarisés et d’adultes analphabètes (hommes et femmes), pour réduire les disparités et combattre les exclusions de fait constatées au niveau de cette frange de la société. Elaboré selon l’Approche par Compétences (APC), le présent document s’articule autour de quatre composantes de la vie sociale qui sont les droits humains, la démocratie, l’environnement et le développement durable, la paix. Ces composantes sont déclinées en compétences dont le développement s’opère à travers des objectifs et des contenus d’apprentissage axés sur des thèmes. On y distinguera d’une part les généralités à savoir l’introduction, le contexte et justification, les composantes et thèmes, et d’autre part les compétences, les objectifs et contenus d’apprentissage avec leur cohorte de méthodologie d’élaboration, de techniques d’animation, de mécanismes de suivi/évaluation et de conclusion. En effet, l’absence d’une conscience citoyenne et la non participation des citoyennes et citoyens à la vie sociale, politique, juridique, etc. constituent des enjeux majeurs, malgré plus d’une décennie de pratique démocratique. C’est ainsi que le Réseau Aga Khan Développement Network-AKDN a initié ce programme d’éducation à la citoyenneté destiné au non formel. Pour permettre aux diverses communautés d’exercer leurs droits et responsabilités envers l’Etat et de consolider les avancées démocratiques dans un contexte pluraliste, il s’avère nécessaire de relever ces défis. De ce fait, le présent curriculum d’éducation à la citoyenneté dans le non formel intègre les domaines de mobilisation des énergies dans une dynamique de progrès économique, social et culturel du Mali. 6
INTRODUCTION La vie en société a, de tout temps, été marqué par un besoin de démocratie ; c’est-à-dire une aspiration à plus de justice, d’égalité et de solidarité. Cette aspiration s’est traduite au XXème siècle, dans la plupart des nations, par l’instauration d’une démocratie pluraliste. Ainsi, ce siècle reste marqué par une démocratie pluraliste fondée sur la protection et la promotion des droits humains. C’est aussi le siècle où le destin des citoyens ne se joue plus au gré des seules autorités politiques. En effet, au nom de la bonne gouvernance et de la transparence, les régimes politiques devraient s’appuyer sur la participation de toutes les forces vives de la nation. Nous vivons également la montée des grands regroupements socioéconomiques, face au recul progressif des petites entités peu viables. C’est l’ère de la consécration de l’universel c’est-à-dire celle du village planétaire où l’éducation, la formation, la communication et l’information sont des facteurs de survie au même titre que la nourriture. Du coup, l’éducation à la citoyenneté comme processus d’assimilation et de transmission de valeurs républicaines devient un thème majeur. Sur le plan de l’encrage de la démocratie et de la décentralisation au Mali, l’éducation à la citoyenneté est à la fois une alternative efficace et une dynamique porteuse. Du point de vue de l’appropriation des règles et des valeurs citoyennes, elle est un baromètre qui nous aide à jauger le niveau de préparation du citoyen et les conditions d’émergence d’acteurs avertis de ce vaste système qu’est la démocratie. En effet, la démocratie a beau prôner la transparence, la bonne gouvernance, la participation libre et consciente du citoyen à la vie publique, la promotion des droits humains…, elle restera la chose d’une minorité sans une mise en œuvre efficace et pérenne de l’éducation à la citoyenneté. 7
Aussi, pour que s’instaure une véritable culture démocratique stable, pour que naisse un espace permanent et dynamique de promotion des droits humains, il faut nécessairement promouvoir l’éducation et la formation du citoyen. L’initiative du Réseau aga Khan, pour le développement d’un curriculum d’éducation à la citoyenneté destiné au non formel, s’inscrit dans l’optique de préparation du citoyen pour sa participation responsable à la vie démocratique. Mais tout d’abord que faut-il entendre par la notion de citoyenneté ? Que recouvre le concept d’éducation à la citoyenneté ? En réponse à ces questionnements nous tenterons d’apporter les clarifications qui s’imposent. Car l’analyse sémantique ou la conceptualisation de la notion « d’éducation à la citoyenneté » est un préalable méthodologique nécessaire dans le processus d’élaboration du programme. 8
I. CONCEPTUALISATION DE LA NOTION DE L’EDUCATION A LA CITOYENNETE La compréhension du concept de citoyenneté est un préalable à la conceptualisation de la notion d’éducation à la citoyenneté. 1.1 De la compréhension de la citoyenneté La citoyenneté, concept aux origines lointaines, car remontant à l’antiquité gréco-romaine, est l’appartenance juridique et politique d’un homme à la Cité, à l’Etat. Elle est donnée aux hommes selon les principes de la naturalisation ou de la naissance. Selon le nouveau petit Robert (1996 : 383), le citoyen est celui qui appartient à une cité, qui accepte et qui reconnaît la juridiction de celle-ci, qui est habilité à jouir des droits et qui se sent astreint aux devoirs correspondants. Cette définition met en relief d’une part, l’appartenance à une société organisée, « la cité » et, d’autre part, l’accomplissement du devoir et la jouissance des droits. Vu sous cet angle, la citoyenneté est la qualité de citoyen. Notons cependant, ce n’est qu’en 1995 que l’adjectif ‘’citoyen’’ remplace l’adjectif ‘’civique’’ jusqu’alors consacré. Le petit Larousse illustré (2005 :250) précise que la citoyenneté est la qualité de citoyen. Situation créée par la pleine reconnaissance aux personnes de leur statut de citoyen. Enfin, la citoyenneté, traite donc des relations entre les citoyens (habitants de la cité) et entre les citoyens et l’Etat, du point de vue de leurs droits et devoirs civils et politiques. 9
1.2 De la compréhension du concept d’éducation à la citoyenneté Il s’agit de comprendre « l‘éducation à la citoyenneté » dans son contexte historique et politique : car, il faut le noter, l’éducation à la citoyenneté est une donnée historique, liée à l’évolution des idées et des régimes politiques. Yvonne Hébert et Alan Sears dans « L’éducation à la citoyenneté » définissent « l’éducation à la citoyenneté » comme « une préparation qui permet aux individus de participer en tant que citoyennes et citoyens actifs et responsables à un régime démocratique ». Cette définition ne couvre pas les dimensions et l’envergure de l’éducation à la citoyenneté. Alors l’on admettra que l’éducation à la citoyenneté est ce processus d’éducation qui intègre les valeurs universelles de démocratie dans un ensemble humain intégrateur, durable et globalisant. Elle est ce «contrat social » pour lequel le citoyen s’engage à vivre dans sa cité en harmonie parfaite avec ses concitoyens. Ainsi, le concept d’éducation à la citoyenneté, couvre les domaines de la vie sociale tels que: • les droits humains; • l’éducation à la démocratie et la décentralisation; • l’environnement et le développement durable ; • la bonne gouvernance; Vu sous cet angle, l’élucidation du concept passe nécessairement par les dimensions suivantes : 1.2.1 L’éducation à la citoyenneté comme une socialisation démocratique : Comme telle, elle peut être comprise comme un processus qui consiste à assimiler, à intégrer, en vue de s’approprier les valeurs et les normes démocratiques de sa communauté, de son pays. Cependant, cette définition qui s’appuie uniquement sur les valeurs démocratiques est quelque peu limitative car l’éducation à la citoyenneté peut couvrir d’autres aspects de l’être social. 10
1.2.2 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral personnel L’affirmation de soi, se connaître dans toutes ses dimensions, dans toutes ses compétences de vie sociale est le premier niveau de l’éducation à la citoyenneté (l’individu face à lui-même). Une maxime du Mali ne dit-elle pas que ‘’Jidôn, sodôn, Yèrèdôn de Gnogon tè’’. La culture des vertus personnelles, les vivre au quotidien en harmonie avec les concitoyens est un palier nécessaire pour que son propre modèle civique et moral influence positivement la communauté. Elle s’inscrit dans la dynamique de l’émergence d’un citoyen modèle, prototype incarnant la paix, l’équité, la justice… Signalons que l’éducation à la citoyenneté comme engagement moral personnel consolide l’auto construction sociale qui n’a de sens que quand elle prépare à l’esprit collectif. 1.2.3 L’éducation à la citoyenneté comme un engagement moral collectif Le palier supérieur de l’éducation à la citoyenneté vise la collectivité locale, nationale, sous-régionale et internationale. A ce titre, elle doit œuvrer à relever le triple défi de la démocratie comme valeur universelle, de l’immigration et de la multi culturalité de l’humanité. De ce point de vue, l’E.A.C., vise l’Homme, sa promotion et son intégration dans un monde de plus en plus ouvert. Elle doit aider à briser les barrières de méfiance et de l’isolement, terreau de l’intolérance. Par exemple, l’Humanité retiendra pendant longtemps les effets positifs de la chute du mur de Berlin en 1990. 11
1.2.4 L’éducation à la citoyenneté comme un ‘’contrat social’’ L’obéissance aux lois n‘est pas une soumission puérile, elle est le signe d’une attitude consciente. La citoyenneté n’est pas un attachement servile à une idéologie : elle est une quête perpétuelle consciente de justice sociale et de perspective politique collective. Elle se veut non pas une simple adhésion à une idée politique ou à ses tenants, mais plutôt une participation active au processus de construction de celle-ci. Elle vise un devenir collectif intégral, une quête permanente de solidarité et d partage, un co-devenir. Dans son ouvrage Savoir co-devenir, Boubacar CAMARA (1996 :172) écrit que Elle consiste donc à cultiver chez chacun et chez tous, les conditions de vivre en harmonie avec les autres. 1.2.5 L’éducation à la citoyenneté et la transdisciplinarité La complexité du concept impose que son traitement soit pluridisciplinaire. En définitive, le programme d’éducation à la citoyenneté ne devrait pas se limiter aux seules questions de droits et devoirs du citoyen, aux seuls principes et règles de la démocratie, encore moins à la seule ambition de la culture de la paix. 1.2.6 L’éducation à la citoyenneté comme préparation au patriotisme En perspective, le curriculum de l’éducation à la citoyenneté doit refléter des centres d’intérêt plus globaux et plus intégrateurs du point de vue du contenu, des approches pédagogiques et des stratégies d’évaluation. Bref c’est le lieu de l’inscrire dans une optique d’ouverture et de constructions/reconstruction pour un lendemain meilleur. Cette littérature pourrait être schématisée comme suit : 12
VUE GLOBALE DU CONCEPT Socialisation et ancrage Engagement moral démocratique personnel Education à la citoyenneté Transdisciplinarité Engagement moral collectif 13
II. CONTEXTE ET JUSTIFICATION Il est aujourd’hui indéniable que la citoyenneté est sujette à une crise aiguë, tant dans les nouvelles démocraties que dans les anciennes ; impliquant le besoin d’une éducation à la citoyenneté. En effet, le contexte mondial est marqué par une conjoncture politico- économique particulière. Les diverses formes d’exclusion et de marginalisation ne font qu’augmenter. La violence envahit la vie quotidienne : l’incivisme, l’intolérance, le racisme, la xénophobie, l’intégrisme religieux, politique et économique prennent de l’ampleur. La démocratie se porte plutôt mal à cause de la déconfiture du tissu social. La vie démocratique perd de plus en plus de sa vitalité à cause de l’indifférence des citoyennes et citoyens vis à vis des devoirs civiques comme par exemple le vote, le respect des valeurs éthiques. Les intérêts de l’éducation à la citoyenneté sont multiples. Elle est un facteur de consolidation des acquis de la démocratie. Car malgré ses valeurs, la démocratie n’est pas un système achevé. Elle est un processus qui exige l’implication conséquente d’un nombre important d’acteurs de qualité. C’est l’épineuse question de la légitimité démocratique que connaissent la plupart des pays africains qui se sont lancés dans la voie démocratique. Le Mali a entamé, depuis les évènements de mars 1991, un long processus de démocratisation et de décentralisation avec de vastes reformes ayant abouti à l’émergence d’une société civile active dans toutes les sphères d’activités socio-économiques et politiques. Toutefois, en matière d’éducation à la citoyenneté, le Mali n’en a pas été un terrain vierge. L’éducation civique et patriotique développée depuis la première République a posé les jalons sûrs d’une éducation citoyenne. 14
Cependant, force est de reconnaître que depuis les consultations référendaires de 1992, les résultats enregistrés à l’issue des différentes élections nationales (municipales, législatives et présidentielles), ont été caractérisés par une timide participation des populations aux divers scrutins. Pire, on constate un désintérêt de plus en plus manifeste pour la cause politique. Face à ce sentiment de faible exercice de la démocratie, une éducation à la citoyenneté s’impose. Celle-ci apparaît comme une opportunité et une exigence de la démocratie et de la décentralisation au Mali. En consacrant le principe de gestion du pouvoir par et pour le peuple, le Gouvernement et les partenaires maliens au développement reconnaissaient l’impérieuse nécessité d’instaurer et de développer une culture démocratique aussi bien au sein des institutions que de la population. Fort de ce constat, le gouvernement de la République du Mali, à travers le Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales (MATCL), a initié un vaste Programme National d’Education à la Citoyenneté (PNEC) en vue « d’analyser les pratiques en cours en matière de promotion des Droits humains et de bonne gouvernance » et de « proposer une synergie d’actions entre acteurs étatiques et non étatiques » pour « capitaliser les bonnes pratiques ». L’apprentissage des valeurs (humaines, socioculturelles) nationales et internationales constituent l’ossature et l’armature du présent curriculum. Nous prendrons appui sur la permanente volonté politique des autorités de faire du malien « un citoyen patriote et bâtisseur d’une société démocratique, un acteur du développement profondément ancré dans sa culture et ouvert à la civilisation universelle, maîtrisant les savoir-faire populaires et aptes à intégrer les connaissances et compétences liées aux progrès scientifiques, techniques et à la technologie moderne. » article 11 Loi d’orientation sur l’éducation n°99-046/du 28 décembre 1999. Bâtir l’éducation à la citoyenneté sur les acquis sociaux reste donc un pari à gagner. 15
2.1 Etats des lieux Rappelons que le Mali est un pays où l’éducation à la citoyenneté bénéficie d’un terrain favorable à son épanouissement. En effet, si la déclaration universelle des droits de l’homme du XXème siècle est aujourd’hui un patrimoine de l’humanité, la charte du Mandé (rencontre de kouroukanfouga) au XIIIème siècle mettait déjà l’humain au centre des préoccupations de la société en son article VII. Sur le plan culturel, le kôtèba, le kôrôduga, le gnôgôlon, le sanankouya, pour ne citer que ceux-là, sont des illustrations importantes intégrant les démarches d’apprentissage de vie collective. Ils cimentent les relations sociales et constituent un moyen efficace de lutte contre la méfiance interethnique et intergénérationnelle. Aussi, toutes les constitutions du Mali, de l’indépendance à nos jours, contiennent des dispositions majeures en relation avec les libertés fondamentales de l’homme. La constitution du 25 février 1992, la plus récente, a, dans son titre 1er, 24 articles dont 17 sont consacrés aux droits et devoirs de la personne humaine. De même, les différents pactes (national et social) ont révélé la nécessité du recours à la concertation, au dialogue, pour le règlement pacifique des différends. Ici, nous mettrons surtout l’accent sur : les fondements et les réalisations. 16
2.2 Les fondements L’adaptation de l’enseignement aux exigences actuelles et futures de la société, à travers une révision ou une réorganisation de la structure et du contenu des programmes, a toujours été une préoccupation majeure du système éducatif malien. Les réformes ou aménagements qui en découlent, quelle qu’en soit l’ampleur, prennent toujours corps sur des bases objectives inspirées de contextes parfois très divers qui servent de matrice et de référence aux changements envisagés. Ainsi l’élaboration d’un curriculum d’éducation à la citoyenneté destiné au non formel tire sa justification de considérations législatives, politiques, historiques, sociales, socioculturelles, socio-économiques et pédagogiques 2.2.1. Fondements législatifs De la réforme du système éducatif en 1962 à sa refondation en 1994, en passant par les différents séminaires nationaux, conférences, débats et forums organisés, la quête de renouveau pédagogique pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement s’est manifesté de façon constante tant dans le formel que dans le non formel. L’éducation non formelle est régie par des dispositions législatives réglementaires à travers la Loi n°99-046/du 28 décembre 1999, portant loi d’Orientation sur l’éducation qui stipule, en son article 42 que « l’éducation non formelle a pour but de mettre en œuvre toute forme appropriée d’éducation des jeunes non scolarisés ou déscolarisés et d’adultes en vue d’assurer leur promotion sociale, culturelle et économique ». Le Programme Décennal de Développement de l’Education (PRODEC), à travers cette loi a opté pour une éducation non formelle rénovée bénéficiant de la même importance que celle accordée à l’enseignement fondamental. 17
2.2.2 Fondements politiques L’option de démocratisation/décentralisation de l’enseignement ouvre de grandes opportunités d’expansion de l’éducation. Au nombre des droits reconnus à chaque citoyen, figurent en bonne place l’éducation, l’instruction, la formation (articles 17 et 18 de la Constitution). Le caractère obligatoire de l’enseignement attesté par la Constitution (article 18) et la Loi d’Orientation sur l’Education (article 6) trouve son application, en ce qui concerne l’offre tout au moins, dans l’affirmation du PRODEC faisant de l’ »éducation pour tous » le premier des onze axes prioritaires de son plan décennal L’éducation non formelle est un secteur émergeant dont la politique a été adoptée le 17 janvier 2007 en Conseil des Ministres. Elle bénéficie d’un investissement continu et accru de l’ensemble des acteurs, notamment les Ministères en charge de l’éducation et les différents partenaires. Le cadre institutionnel actuel des structures en charge de l’éducation non formelle se présente comme suit : Le Niveau central : la Direction Nationale de l’Education de Base (DNEB) qui abrite en son sein une Division Alphabétisation et une Division Centre d’Education pour le Développement ; le Centre National des Ressources de l’Education Non Formelle (CNR-ERF). A ceux-ci s’ajoutent les structures d’appui et de recherche comme l’Institut des Langues Abdoulaye Barry (ILAB), le Centre National de l’Education (CNE), la Fondation Karanta, l’Académie Africaine des Langues (ACALAN) et l’Université de Bamako. 18
La DNEB : Créée par l’ordonnance N°00-048/P-RM du 25 septembre 2000, elle a pour mission : • d’élaborer les éléments de la politique nationale en matière de développement de l’Education de Base en relation avec les autres structures compétentes ; • de veiller à la mise en œuvre de cette politique dans un cadre unifié ; • d’assurer la coordination, le contrôle technique et le suivi des services régionaux et des services rattachés de l’Education de Base. En ce qui concerne spécifiquement l’éducation non formelle, à travers les divisions Alphabétisation et Centre d’Education pour le Développement, la DNEB est chargée : • de préparer les éléments de la politique de la DNEB dans les domaines de l’alphabétisation et des Centres d’Education pour le Développement ; • de coordonner et suivre l’exécution de ces politiques en relation avec les Académies d’Enseignement. Le CNR-ENF : Créé par l’Ordonnance n°01-023/P-RM du 21 mars 2001, il a pour missions de concourir à la mise en œuvre de la politique nationale en matière d’éducation non formelle. A cet effet, il est chargé : • d’assurer la coordination les activités de tous les opérateurs œuvrant dans le cadre de l’alphabétisation et des centres d’éducation pour le développement ; • d’assurer la formation des opérateurs du secteur non formel de l’éducation ; • d’appuyer les opérateurs dans la formulation et la conduite des projets d’alphabétisation et de post-alphabétisation ; • d’assurer la production, la publication et la diffusion du matériel didactique dans le domaine de l’éducation non formelle ; 19
• de mettre à la disposition des acteurs du secteur non formel de l’éducation un centre de documentation, d’information et de communication sociale et créer un répertoire informatisé des opérateurs du secteur non formel de l’éducation ; • de rendre disponibles les services des ressources humaines, techniques et logistiques pour les intervenants dans le secteur non formel de l’éducation. Niveaux déconcentré et décentralisé : Les Académies d’Enseignement (AE), les Centres d’Animation Pédagogique (CAP) et les Collectivités Territoriales (CT). Les Académies d’Enseignement (AE) sont chargées : • de coordonner au niveau régional les activités des services de l’éducation en collaboration avec les collectivités territoriales ; • d’apporter les appuis techniques nécessaires aux différents acteurs : structures déconcentrés, collectivités territoriales, communautés, promoteurs privés, entre autres ; • de superviser et contrôler les établissements d’enseignement secondaire et supérieur. Au niveau de l’Académie d’Enseignement, l’éducation non formelle est représentée au sein de la Division Education de Base par une section CED et une section Alphabétisation. Les Centres d’Animation Pédagogique (CAP) ont pour mission la mise en œuvre de la politique éducative du ministère chargé de l’éducation en relation avec les collectivités territoriales. L’éducation non formelle est représentée au niveau du CAP par un conseiller chargé de CED et un conseiller chargé de l’alphabétisation. 20
Les Collectivités Territoriales (CT) ont pour missions entre autres : • d’élaborer leurs programmes de l’éducation non formelle ; • de définir la carte des CED, des CAF et des CAFE ; • de participer à l’élaboration des curricula et du calendrier des CED, CAF et CAFE ; • de gérer les compétences transférées par l’Etat en matière d’éducation non formelle ; • de participer à la détermination des sites des CED, CAF et CAFE à créer ; • de participer au suivi et à l’évaluation du système éducatif. Les Organisations de la Société Civile : (OSC) Au Mali, les Organisations de la Société Civile (OSC) occupent une place de choix en matière de conception et de mise en œuvre de programmes d’éducation à la citoyenneté dans le contexte démocratique. Elles sont à la fois conceptrices et exécutrices de leurs propres programmes d’éducation à la citoyenneté. On peut les catégoriser en deux grands groupes : les OSC spécialisées dont le mandat et les activités sont principalement tournées vers l’éducation à la citoyenneté et celles opérant dans plusieurs domaines soutenues par les partenaires techniques et financiers. Parmi les structures spécialisées on peut retenir, le Centre Afrika Obota (CAO), la Coalition Nationale pour l’Education Civique (CONEC) et ses ONG et Associations membres comme SOS Civisme Mali, la Convention Nationale des Jeunes Juristes du Mali (CNJM), la Fédération Malienne des Clubs, Centres et Associations UNESCO (FEMACAU), la Convention des Jeunes pour le Développement (CONJDEDEV), le Mouvement de Réflexion et d’Action pour le Développement (MARD). 21
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et/ou Associations Concernant ce second groupe, le nombre d’intervenants dans le domaine de l’éducation à la citoyenneté est aussi assez élevé. C’est le cas surtout du Groupe Pivot/DCF et de ses huit associations membres (l’AJM, l’AMDH, l’APDF, le CADEF, la COFEM, le FOMADDH, l’ODEF, le REFAMP/Mali), du CENAFOD, du Centre Djoliba, du CEPROCIDE et de la CAFO. On recense également de nombreuses ONG internationales, telles que CARE International, Hellen Keller International, Winrock et Save the Children. L’expérience montre que les pratiques à la matière par les OSC et l’Etat dans une certaine mesure, confinent l’éducation à la citoyenneté dans sa dimension électorale. Les activités portant sur les autres dimensions notamment la promotion des droits humains nécessitant une approche de longue haleine et un gros financement sont peu soutenues. 2.2.3 Fondements historiques Etant donné la rapidité de l’évolution sociale à notre époque, un système éducatif qui ne se situerait pas dans une perspective de changement de comportement deviendrait vite anachronique. Les attentes sociales invitent à une éducation à la citoyenneté destinée au non formel. La création des centres d’Education pour le Développement (CED), des Centres d’Apprentissage Fonctionnel (CAF), et des Centres d’Apprentissage Féminin (CAFé), l’existence des Organisations de la Société Civile (OSC), des Associations et Organisations paysannes, des jeunes précocement déscolarisés ou non scolarisés constituent un terrain favorable à l’application d’un tel curriculum. 22
2.2.4 Fondements sociologiques Pluralisme politique et décentralisation créent des conditions nécessaires et indispensables à une plus grande implication des communautés dans la formation et l’information des masses. 2.2.5 Fondements socio-économiques Les exigences en matière d’éducation pour le développement national, le combat contre les défis mondiaux nécessitent une formation de toute cette masse analphabète pour un changement de comportement. D’où l’impérieuse nécessité de cultiver une éducation citoyenne par le futur agent de développement et bâtisseur d’une société démocratique. 2.2.6 Fondements socioculturels Conçu pour des groupes cibles multiethniques et multiculturels, ce curriculum sera axé sur les valeurs de tolérance, de solidarité, d’entraide, de civisme, de liberté,…. La maîtrise des thèmes et contenus par l’apprentissage/formation pour le renforcement de l’identité nationale et l’instauration de la cohésion sociale est une option politique et culturelle qui doit être soulignée avec force. 227. Fondements pédagogiques Les innovations pédagogiques (Pédagogie Convergente, PFIE, EVF/EMP, l’éducation à la culture de la paix, aux droits humains et à la démocratie, l’institutionnalisation des CED, CAF, CAFé etc.) contribuent la réussite d’une éducation à la citoyenneté. Dans ce domaine, leurs méthodologies de formation, en dépit de leur spécificité, vont dans le sens de la voie tracée en matière d’apprentissages significatifs, à la fois par le contenu, le processus (d’apprentissage), le lieu (où ils s’effectuent) et le public cible. 23
Un curriculum pertinent rejoint à la fois l’expérience des apprenants et l’environnement physique et humain de ceux-ci. D’où un certain nombre de dispositions particulières à prendre en considération : • application d’approches pédagogiques actives ; • passage d’une logique d’enseignement vers une logique de formation/apprentissage à travers des activités d’apprentissage ; • pratique de l’évaluation formative tout au long des apprentissages ; • valorisation du travail individuel et du travail de groupe. 2.3. Réalisations Au Mali l’éducation à la citoyenneté est fondamentalement dans des programmes et projets de bonne gouvernance et de droit humain. Parmi ces programmes on peut citer, entre autres : • Les Programmes de Gouvernance Démocratique et Gouvernance Partagé de l’USAID ; • Le programme d’Appui au processus et Institutions Démocratiques (APID) du PNUD. • Le Programme de Renforcement de la Culture Démocratique des Organisations de la Société Civile au Mali. Œuvre Malienne d’Aide à l’Enfance du Sahel (OMAES) et World Education Inc ; • Le Projet Droits et Citoyenneté des Femmes (DCF) financé par l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI) : • Le Projet Femme et Gouvernance Locale. Winrock International : • Le Programme d’Appui aux Communes de Koro et Bankass (PACKOB) Care Mali ; • Les Programmes d’Appui au Développement des Communes rurales du cercle de Dioïla (PDCB), et d’Appui à la Décentralisation dans la Région de Koulikoro (PDRK) de la SNV ; • Le Programme d’Appui au Système Educatif Décentralisé (PASED) du MEN (2000- 2007) ; • La Campagne Nationale d’Education Civique (CNEC), 2004 ; • Programme National d’Education à la Citoyenneté PNEC 2005-2008. 24
Toutefois, ces programmes développés n’ont pas toujours fait l’objet de partage entre les différents acteurs concernés. De même, il n’a pas existé de cadre de référence sur leurs contenus, les différents acteurs n’ayant toujours pas été en relation et ayant même plutôt eu tendance à évoluer parallèlement sur le terrain. Ce manque de coordination explique du coup la différence de domaines thématiques, de groupes cibles, de priorités sectorielles, de zones d’intervention et d’approches méthodologiques dans la mise en œuvre desdits programmes. Pour palier ces insuffisances et redonner à l’éducation à la citoyenneté toute sa plénitude dans le non formel, il y a lieu d’intégrer les différents thèmes et contenus dans un seul et même curriculum afin d’obtenir l’harmonisation pour l’atteinte de résultats probants donc d’impacts à moyen et long terme 25
III. FINALITES, OBJECTIF GENERAL, OBJECTIFS ET GROUPES CIBLES 3.1 Finalités L’éducation non formelle est une composante du système éducatif malien. Elle a pour finalités de former un citoyen patriote et bâtisseur d’une société démocratique, un acteur du développement, profondément ancré dans sa culture et ouvert à la civilisation universelle, maîtrisant les savoir-faire populaires et apte à intégrer les connaissances et compétences liées aux progrès scientifiques, techniques et à la technologie moderne. 3.2 Objectif général Ce programme d’éducation à la citoyenneté vise à former les maliennes et maliens aux valeurs citoyennes. 3.3 Objectifs spécifiques : • Affirmer son identité sociale, culturelle, nationale et supranationale; • Développer sa capacité de vivre ensemble dans une société démocratique et de droits basée sur l’égalité et le respect de l’autre; • Participer activement à la vie politique et/ou à la société civile ; • Promouvoir l’intégration interculturelle et économique de toutes les citoyennes et de tous les citoyens maliens ; • Favoriser la pratique des droits et devoirs des citoyennes et citoyens et leur participation aux prises de décision concernant la vie en société ; • Renforcer la cohésion et le lien social entre les citoyennes et citoyens maliens. 26
La formation à l’ECPDHD et partant à la citoyenneté était seulement prise en charge par l’éducation formelle. Le présent curriculum de l’éducation à la citoyenneté, destiné à l’éducation non formelle, contribuera à la formation des adultes hommes et femmes, des jeunes filles et garçons déscolarisés ou non scolarisés. La démocratie malienne s’en trouvera renforcée. 3.4 Groupes cibles Le présent curriculum d’éducation à la citoyenneté s’adresse aux populations maliennes en général, et en particulier, aux CAF, aux CAFé, aux CED, aux groupements associatifs d’hommes, de femmes, de jeunes non scolarisés ou déscolarisés, aux OSC, aux ONG ainsi qu’aux organisations rurales. Il se veut un outil pédagogique devant servir à transcender le disfonctionnement des approches d’éducation à la citoyenneté sur le terrain. 27
IV. LA METHODOLOGIE D’ELABORATION Il s’agit de la démarche d’élaboration mise en œuvre pour la conception du présent curriculum. Elle s’articule autour des axes essentiels suivants: 1) l’analyse documentaire ; 2) Organisation d’ateliers. 4.1-L’analyse documentaire Pour ce qui est de l’analyse documentaire, elle a porté sur un nombre important de documents de référence constitué de documents généraux, d’ouvrages spécialisés et des publications sur des sites Web. On retiendra : Les communications Des communications écrites d’acteurs œuvrant sur le terrain pour l’éducation à la citoyenneté (PNEC, CNE, ONG, les OSC, les Associations…), lors de l’atelier de définition des orientations organisé par le Réseau Aga Khan. Au cours de cette rencontre, ces structures ont fourni une gamme variée de productions très utiles sur la citoyenneté. L’examen de ces documents a permis de faire l’état des lieux des expériences menées en la matière sur le terrain. La revue de la littérature On peut ici citer les productions du CNR-ENF, de la DNEB, du CNE, et du MATCL. Leur exploitation a permis de dégager les éléments de contexte et de justification relatifs à la nécessité d’élaboration d’un curriculum d’éducation à la citoyenneté destiné au Non Formel. Par ailleurs, ces documents ont également permis de déterminer les éléments de structuration dudit curriculum que sont: les composantes, les thèmes, les compétences, les objectifs, les contenus d’apprentissages, et les techniques d’animation. La revue de la littérature a été complétée par des informations tirées des productions internationales sur la thématique. D’autres informations complémentaires ont été tirées des sites internet. 28
4.2 Les ateliers Divers ateliers ont contribué à la réalisation du présent document. Un atelier de définition des orientations pour le développement d’un curriculum d’éducation à la citoyenneté, organisé par le Réseau Aga Khan, a permis de faire l’inventaire d’un certain nombre de thèmes pertinents. L’atelier de définition des orientations Tenu à l’Hôtel Kempeski du 7 au 8 Novembre 2007, cet atelier de définition des orientations a regroupé les acteurs de terrain (ONG, OSC), les techniciens des Ministères en charge de l’éducation, du Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, et des représentants des PTF. Il a aussi permis de faire l’état des lieux des activités sur le terrain et d’identifier des thèmes majeurs pour l’élaboration d’un curriculum d’éducation à la citoyenneté. Les ateliers de conception De façon périodique et régulière, l’équipe d’élaboration a procédé à des productions séquentielles en ateliers. Elle a toujours fonctionné en deux sous-groupes, travaillant sur les mêmes rubriques à partir des consignes. Les travaux en ateliers ont été sanctionnés par des plénières de mise en commun. Les ateliers de validation interne Co-organisés par le CNE et le Réseau Aga Khan, ces différents ateliers de validation ont enregistré la participation de partenaires et d'acteurs opérant sur le terrain. Fondés sur la méthode participative, les ateliers de validation interne ont alterné présentation des productions par l’équipe de rédaction, travaux de groupes autour de consignes suivis de plénières. L’atelier national de validation Cet atelier national d’échange a permis de partager le produit avec un large public. Il a bouclé le cycle d’élaboration par la validation du curriculum. Le programme ainsi conçu s’inscrit dans l’optique d’une approche par compétences préconisée par le PRODEC. 29
V. CONTENUS DU PROGRAMME 5.1 Fondements du curriculum d’éducation a la citoyenneté dans le non formel au mali 5.1.1 Fondements techniques (les caractéristiques générales du curriculum) La reforme actuelle du système éducatif malien prônée par le Programme Décennal de Développement de l’Education (PRODEC) préconise l’Approche par compétences (APC) qui est une démarche globale et systémique dans les apprentissages, contrairement à l’approche programme centré sur un ensemble de thèmes et contenus notionnels enseignés souvent sans liens apparents les uns avec les autres. Pour opérationnaliser l’approche par compétences, le curriculum préconise de façon générale, des profils de compétences, des objectifs, des contenus, des méthodes pédagogiques, des ressources matérielles et des modes d’évaluation dans les différents domaines de formation qui sont au nombre de cinq (5) pour le système éducatif formel : − Langues et communication (LC) ; − Sciences Mathématiques et Technologie (SMT) ; − Sciences Humaines (SH) ; − Arts ; − Développement de la Personne (DP). A la différence de la pédagogie traditionnelle fondée essentiellement sur l’activité du maître, l’approche par compétences place l’apprenant au centre de l’activité d’apprentissage. 30
Vous pouvez aussi lire