Le passage d'une frontière n'est pas la fin
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L e passage d’une frontière n’est pas la fin du périple pour une personne exilée. Si dans nos montagnes ou au bord de mer, les exilé.es sont traqué.es, violenté.es et refoulé.es jour après jour. Si la police ne Face à cette réalité, certain.es agissent car se prive pas de les dépouiller de leurs biens, il est impensable de rester sans rien faire dans de vider leurs téléphones de contacts essentiels, la région du sud-est de l’hexagone, comme de voler leur argent. Une fois la frontière entre sur les autres routes migratoires. Si chaque l’Italie et la France passée, la frontière entre geste compte, un simple visage bienveillant à eux – avec ou sans papiers, mais toujours avec l’arrivée, une aide matérielle, si chaque geste, les mauvais papiers – et nous, avec nos bons chaque opposition à une expulsion est un papiers, ne disparaît jamais et se transmet moyen de mettre en échec la politique raciste à leurs enfants. Ne l’oublions pas, que nous et xénophobe des gouvernements européens, soyons à Claviere, Briançon, Marseille ou Paris, c’est d’abord chaque exilé.e qui combat dans les exilé.es subissent un régime d’exception qui son quotidien sans avoir le choix d’arrêter ou ne leur laisse pas de répit : ils et elles seront d’esquiver le combat. Chaque procès, garde- toujours traitées en indésirables par les poli- à-vue ou audition, chaque procédure contre un tiques ; ils et elles subissent, même après avoir soutien est un moyen de faire reculer l’aide reçue obtenu un titre de séjour, le harcèlement des par les exilé.es, de faire peur et de gagner des procédures administratives spéciales, de la points dans la bataille médiatique. police, et de chaque personne qui leur parle Notre réponse reste la solidarité avec ces comme à une personne irrémédiablement personnes poursuivies, mais plus encore avec différente, même en étant bien intentionnée. celles et ceux qui ont déjà tant perdu et subissent Ils et elles seront toujours du mauvais côté de les conséquences des politiques gouvernemen- la frontière. tales, économiques, écologicides et militaires pilotées par les gouvernements occidentaux dans leurs pays. C’est pour les exilé.es que nous sommes rassemblé.es devant le tribunal de Gap ce 8 novembre 2018. (D’APRÈS UN COMMUNIQUÉ DE CHEZ MARCEL, OCTOBRE 2018)
AQUARIUS, RIACE, PÊCHEURS DE ZARIZIS, 3+4+2 DE BRIANÇON … OU LA STRATÉGIE MORBIDE DES ETATS POUR TRANSFORMER LES SOLIDAIRES D en procès, l’offensive nité accordée à l’aide aux exilé.es, consa- territoires frontaliers comme ailleurs, ni e procès juridique de l’Etat contre les crer le principe de « fraternité » qui motive de brider la parole critique, forte et lucide EN PASSEURS EN BANDE ORGANISÉE C exilé . es et autres contesta- cette aide et ainsi la protéger à un niveau qui en émerge, mêlées des voix des exilé. ’est la même histoire manipu- côtes » libyens qui sont devenus seuls taires de l’ordre des frontières constitutionnel contre toute répression de es et de celles et ceux qui ont choisi de latoire, qu’elle se déroule aux habilités à récupérer et ramener à se dessine plus clairement. l’Etat. Elle a été retournée à son expédi- marcher à leur côté. cols alpins ou en pleine mer. terre les migrant . es en péril de À cet endroit comme ailleurs (réforme teur. Le Conseil constitutionnel a considéré Pris dans les dangers de la montagne, naufrage. Mais vers quelle terre ? Celle Asile/Expulsion, durcissement du statut que le « délit de solidarité » n’existe effec- Ces variations de la loi déplacent la fuyant une Italie quasi-fasciste, des qu’ils et elles fuyaient ? Un pays sûr ? « Dublin », accords de coopération tivement pas... sauf quand les pratiques ligne rouge des pratiques tolérées par éxilé.es se retrouvent pris au piège de La Lybie ? De qui se moque-t-on ? Europe-Libye, Soudan, Etat d’urgence), solidaires se déroulent aux frontières. l’Etat, pénalisant plus systématiquement la frontière et risquent une nouvelle Pour ne pas respecter cette nouvelle le droit se révèle être une arme au service L’effet pervers de cette QPC a été de placer toute contestation politique qui émerge- fois le tout pour le tout espérant un règle assassine décrétée par les états des politiques anti-migratoires accélérées l’illicéité du franchissement des frontières raient des espaces solidaires (refus des peu plus de dignité. Là, les ami.es de l’Union européenne, l’Aquarius ces dernières années, notamment depuis comme une norme supérieure, là où il exis- expulsions « Dublin », soutien à la mobi- qui aident, sauvent, réchauffent, s’est progressivement retrouvé piégé, la fermeture de la frontière franco-italienne tait un flou juridique pas si négligeable lisation dans les centres pour étranger. nourrissent, comme ils le peuvent ces ses actions de sauvetage taxées d’il- à Vintimille en 2015. (pour les demandeurs d’asile notamment, es, aide matérielle et alimentaire indé- personnes en détresse seront désor- légalité, ses pavillons retirés…. et se dont on observera l’évolution de la crimi- pendante dans les campements, etc.). La mais poursuivis pour « passage en retrouve accusé de « passage en Les procès de Cédric Herrou et nalisation dans les mois à venir). Quant à France de la « Fraternité », célébrée par bande organisée ». Et bien qu’il n’y bande organisée », encore une fois Francesca Peirotti avaient ouvert la voie l’aide aux exilé.es, elle sera désormais plus le Conseil constitutionnel et les médias, ait jamais été question de quelques au même titre qu’une organisation aux changements significatifs de jurispru- systématiquement sanctionnée dès lors elle est donc surtout celle de la répression contreparties financières à leurs coups mafieuse qui prospère sur le sang des dence française concernant l’aide aux s’exprime de manière politique et contesta- politique violente et débridée contre les de main, ils seront jugés selon les exilé.es, d’un côté et de l’autre de la exilé.es. La Cour d’Appel d’Aix, qui les taire ! L’Etat dispose depuis juillet d’armes étranger.es et celles et ceux qui contestent mêmes codes que les passeurs Méditerranée. a condamnés, a consacré la zone fronta- juridiques pour sanctionner les militant.es l’ordre oppressif des frontières. mafieux, la jurisprudence fran- Il en va de même pour le maire lière comme un lieu d’exception juridique au même titre que des passeurs mafieux, çaise considérant maintenant que de Riace, dont l’équipe municipale dans lequel l’Etat est intouchable dans ses au nom d’une pseudo « contrepartie » liée Si nous sommes présents aux côtés la récurrence de l’aide et son carac- a été traquée par la police Il est pratiques (containers à Vintimille, refou- à l’existence d’une cause militante. Reste des 3+4, ce n’est pas parce que nous tère « politique » servent le bénéfice désormais interdit de séjour dans sa lements, traitement des mineurs, violences le droit d’héberger (jusqu’à quand ?), et de croyons en cette justice de classe, coro- d’une cause. Ce qui est considéré par propre commue qu’il avait contribué policières diverses). Plus encore, face aux covoiturer sans exiger les papiers d’iden- laire banal de la militarisation des terri- la loi française comme comparable au à rendre si accueillante ! Et les six arguments humanitaires opposés par la tité de son passager (dites merci !). toires (dans les Alpes comme dans chaque trafic d’êtres humains ! pêcheurs tunisiens de Zarzis ? défense, les jugements rendus par la Cour gare, chaque campement, chaque ville), Ce qui arrive à l’Aquarius en Emprisonnés durant deux mois en d’appel d’Aix ont choisi d’isoler et sanc- Avec le procès des 3+4 de Briançon, de la criminalisation des étranger.es ce moment, et qui est arrivé avant Italie, accusés d’être des passeurs tionner d’un côté l’acte « militant » – défini l’Etat, à travers son procureur, avance un (dont plusieurs milliers passés du statut à bien d’autres navires solidaires qui pour avoir tracté une embarcation à la volée comme une action « répétée » nouveau pion, « la bande organisée ». du demandeur d’asile à celui de « dubli- croisaient au large de la Libye, comme en perdition vers la Sicile… et « affirmée », répondant à « une contes- L’usage de cette circonstance aggravante né . e » traîné devant les tribunaux, les le Lifeline cloué à quai depuis des Macron / Castaner / Salvini, dans vos tation globale de la loi » –, caractérisé n’est pas nouveau dans les procès « mili- CRA et refoulé sous la contrainte) et des mois, relève du même mécanisme bouches, des cadavres… comme déviant par rapport à une sorte tants » en France (récemment luttes antinu- moyens de contrôle et de fichage expo- machiavélique des Etats euro- d’aide humanitaire pure et prétendument cléaires à Bure, actions collectives contre nentiels (centres d’assignation, fichage apolitique. la Loi Travail, affaire dite « Tarnac »). A tel d’empreintes, technologies de surveillance péens : humanitaires hier, passeurs OUVRONS LES PORTS ! aujourd’hui. Par un déplacement BRISONS LES FRONTIÈRES ! point qu’on ne peut plus mettre en doute antiterroriste appliquées aux frontières). ACCUEIL DES EXILÉ.ES ! progressif, soigneusement arrangé La Question Prioritaire de la tonalité politique que l’Etat donne à ce C’est pour que continue à vivre cette soli- entre pays limitrophes, des frontières Constitutionnalité (QPC), adressée ensuite procès de Gap : ni ses intentions à peine darité diverse qui se matérialise contre maritimes et des droits sur les zones RELAXE POUR par l’avocat de Cédric à l’instance juridique voilées de démanteler les collectifs auto-or- l’ordre des frontières, un ordre mondial d’intervention, ce sont les « gardes NOS 7 CAMARADES ! suprême qu’est le Conseil Constitutionnel, ganisés et les réseaux de soutien qui se autoritaire, policier, capitaliste, patriarcal était censée définir les contours de l’immu- sont créés ces dernières années, sur les et raciste. Je m'appelle Gayo et je suis un chien solidaire et No Border. Je crapahute dans la montagne et accompagne les ami.es réfugié.es de Clavieres à Briancon. 22 copains en 6 voyages ! Je suis une bande organisée à moi tout seul !
L e c o n t e x t e récent d’un français refusant de considérer que LA FRONTIÈRE laissé la porte grande ouverte aux retour sur le devant de la l’aide à l’entrée d’un étranger en COMME PILIER DE LA Ainsi, la très grande majorité des courants nationalistes et identitaires. scène politique européenne situation irrégulière puisse bénéfi- CONSTRUCTION EUROPÉENNE mesures prises par l’UE concernant la Il est pour autant souvent entendu des courants nationalistes cier des exemptions pénales préci- lutte contre l’immigration illégale et que, afin de ne pas faire le jeu de et identitaires intervient à sées par le principe de fraternité en À travers les étapes de sa la politique d’asile est influencée par l’extrême droite et de la laisser se un moment où la question illustre bien le fondement. construction, l’Union européenne a l’obsession du contrôle des frontières hisser au pouvoir, les politiques migratoire fait l’objet de vives tensions développé une approche complexe et la promesse d’offrir aux citoyens dîtes modérées se voient contraintes au sein des gouvernements et d’un Idéologiquement, le nationa- et ambivalente de la frontière. Tout européens un espace de liberté, de de s’aligner sur un traitement plus traitement répressif sans précédant. lisme, pour arriver à des fins iden- en définissant un espace intérieur de sécurité et de justice sans frontières strict en matière d’immigration. Ce Le lien entre la peur de l’immigration titaires, se nourrit de différentes libre circulation des personnes où la intérieures. Cependant, la « crise des discours réducteur et apologique a et la montée des partis d’extrême thématiques, qu’elles soient de notion de frontière serait appelée à réfugiés » de 2015 a révélé au grand pour objectif principal de permettre droite n’a en soi pourtant rien de l’ordre de l’atteinte à l’autorité de s’effacer, l’Union privilégie d’autre jour à la fois les manquements et les d’occulter le questionnement même nouveau, et il ne semble pas réel- l’État, ou de la transgression du prin- part, comme garantie à cette liberté, contradictions de l’Union européenne de la fonction des frontières, la poli- lement surprenant qu’en période de cipe de souveraineté. Le processus une approche sécuritaire de la dans sa politique migratoire. Elle a tique restrictive et répressive menée « crise », l’étendard nationaliste soit historique d’institutionnalisation des migration en venant renforcer son montré également les limites de sa depuis des années, et leurs fonde- brandi et entraîne avec lui son lot perceptions de l’étranger comme un contrôle extérieur. cohésion politique en s’affichant à ments. L’importance ne semble donc de xénophobie et de racisme. Pour problème, un risque ou une menace travers un système de gestion des pas être de distinguer lesquels des autant, cette instrumentalisation de étaye alors largement les thèses flux semblant au bord de l’implo- gouvernements libéraux ou natio- l’immigration ne saurait être la seule des courants réactionnaires. sion. De la faillite du règle- nalistes traiteront dans une logique justification à la recrudescence iden- Le spectre de la frontière «Remettre en cause ment Dublin à l’échec politicienne le plus durement la ques- titaire actuelle, et il semble important menacée dans la légi- des programmes de tion de l’immigration, mais plutôt de d’en analyser également les dyna- timité même de son le bien fondé des frontières relocalisation ; du comprendre et d’analyser sur quels miques et les causes plus profondes. existence par les flux permet de questionner retour des contrôles intérêts se basent cette surenchère migratoires devient systématiques des sécuritaire. L’arrivée exceptionnelle LA FRONTIÈRE COMME SYMBOLE dans ce sens facile- la fermeture face à l’ouverture, frontières au sein de en 2015 de réfugiés en Europe, si DE LA SOUVERAINETÉ DES ÉTATS ment brandissable. l’identité face à la mobilité, l’espace Schengen à elle a remis au goût du jour la ques- Cet argumentaire a l’oppression face à la gestion dans l’ur- tion des migrations, montre cepen- Depuis l’époque moderne, la été récemment illustré gence des camps fron- dant aujourd’hui qu’elle n’était en frontière a été le marqueur de la de manière exemplaire la transgression.» taliers et métropolitains ; rien une crise « migratoire », mais création des États-nations, de leur par la coalition du nouveau ou encore, de l’impossibilité bien une crise politique, dont le délimitation et de l’homogénéité poli- gouvernement italien dans le cadre d’aboutir à la redéfinition du système « retour des frontières » est l’une tique exercée sur leur territoire. Là où de sa campagne anti-migratoire commun en matière d’asile et d’immi- de ses conséquences. La politique les confins des grands empires ne se lorsqu’elle a interdit à plusieurs Le lien fondamental de l’État gration en gestation depuis plusieurs de fermeture et de consécration du trouvaient autrefois que partiellement navires de sauvetage en mer de à ses frontières, et donc à sa années aux refoulements illégaux des tout sécuritaire ne doit pas non plus définis, leurs limites parfois floues se débarquer des réfugiés sur son protection, est ainsi altéré, tandis demandeurs d’asile, les dissensions faire oublier que le problème réside sont peu à peu précisées pour en territoire. Un symbole fort pour le que l’Union se réapproprie d’une au sein des États membres paraissent bien dans le fonctionnement d’un arriver aux frontières millimétrées et dirigeant du parti d’extrême droite manière toujours plus prépondé- à leur paroxysme, et les mouve- système basé sur la ségrégation sécurisées que l’on connaît actuelle- Mateo Salvini, qui à la veille du rante la mission de gestion des flux ments nationalistes saisissent plei- d’une majeure partie de la popula- ment. Les États se sont ainsi constitués Conseil européen du mois de juin migratoires et de leur maîtrise. Cette nement cette brèche pour s’imposer. tion, l’exploitation et l’accaparement par l’agrégation ou la perte de terri- 2018, entendait à la fois montrer notion, affirmée par les accords de L’exemple allemand où le ministre de des richesses. La montée des poli- toires, et avec leur délimitation et la une volonté de stopper l’immigra- Schengen et par le traité sur l’Union l’intérieur du parti nationaliste CSU, tiques réactionnaires et des natio- cartographie entamée dans l’Europe tion clandestine dans son pays, mais européenne (TUE), est placée en Horst Seehofer, use de la question nalismes en Europe ne peut alors du XVIIe siècle, le modèle des fron- aussi affirmer sa souveraineté sur le éminente position parmi les objectifs migratoire pour défier sérieusement suffire à masquer la triste réalité tières s’est peu à peu étendu au reste contrôle de ses frontières en empê- poursuivis par l’UE et montre l’impor- la chancelière Angela Merkel l’illustre d’un monde profondément inéga- du monde. L’exercice de la souverai- chant des organisations internatio- tance fondamentale de la frontière parfaitement. litaire. Ainsi, remettre en cause le neté des États reste intrinsèquement nales non gouvernementales d’y dans la construction européenne et bien fondé des frontières permet liée à l’idée de défense du territoire, débarquer. C’est également le cas sa conception libérale de dévelop- VERS UNE REMISE EN CAUSE de questionner la fermeture face à et donc, au contrôle de ses frontières. lorsque le premier ministre hongrois pement économique. Elle réussirait à DES NATIONALISMES l’ouverture, l’identité face à la mobi- La frontière pose alors la question de Viktor Orbán prophétise dans son la fois à conjuguer les impératifs du ET DES FRONTIÈRES ? lité, l’oppression face à la transgres- son franchissement, et l’on comprend discours tenu lors de la fête natio- marché économique en accordant sion. Peut être est-ce là le seul mérite aisément que les États, se considérant nale le 15 mars 2018 la disparition la liberté à ses travailleurs euro- Force est de constater que qu’un monde borné et fermé sur lui comme garant de l’intégrité et de la de l’Europe occidentale, son « inva- péens d’être exploités dans le pays l’élaboration au niveau national même puisse apporter : une redéfi- sécurité de leur territoire, se réservent sion culturelle » et en appelle à la de leur choix, et les impératifs de et européen d’une menace migra- nition en profondeur des limites et jalousement le droit d’en contrôler jeunesse émigrée pour défendre la sécurité intérieure en assurant une toire, amplement légitimée par la des séparations imposées par un les entrées et les sorties. La récente patrie menacée dans sa survie par répression sans vergogne sur ceux théâtralisation de la frontière et système de frontières étouffant, et décision du Conseil constitutionnel les flux migratoires. qui souhaiteraient y pénétrer. par son traitement sécuritaire, a peut être bientôt fascisant.
Avec le nombre croissant d'exilés arrivant dans les Hautes-Alpes, il a fallu trouver de nombreuses solutions d'hébergement, temporaires ou pérennes. Face à l'urgence, quelques lieux ont été mis à disposition par des communes, comme le J Refuge solidaire à Briançon, et de nombreux uin 2015, les contrôles à la reproduit alors à l’identique, entraînant particuliers ont mis à disposition une chambre ou frontière franco/italienne entre là aussi son lot de violences et des issues un appartement pour héberger les personnes que l’État ignore et juge indésirables. Plusieurs lieux ont Vintimille et Menton sont rétablis parfois fatales. Les exilés sont poursuivis, été occupés dans le département par des personnes soli- et bloquent la route de centaines rackettés et refoulés, les solidaires sont daires. Il y a eu tout d'abord LA MAISON CÉZANNE, ouverte à d’hommes et de femmes venues chercher menacés, arrêtés et jugés. La répression Gap afin d'héberger des familles sans papiers en avril 2016 refuge en Europe. Face à des portes trou- portée aujourd’hui dans les Hautes Alpes avec des associations et individus regroupés au sein du collectif vées closes, les exilés, bientôt rejoints par sur les lieux d’auto-organisation et l’inti- Un toit un droit (expulsée en octobre 2018). Pendant l'été 2017, des activistes de tous pays, établissent un midation envers les solidaires remettant c'est à Briançon qu'une ferme abandonnée depuis plusieurs années campement près de la mer et entament en cause la sacro-sainte souveraineté est rénovée entièrement par un groupe de personnes déterminées alors un long chemin de revendications et de l’état sur ses frontières n’est ainsi que afin d'offrir un toit aux exilés qui veulent rester à Briançon, se reposer, de luttes pour la liberté de circulation et le prolongement du combat généralisé prendre le temps de choisir où ils veulent aller. Ce lieu s'appelle CHEZ MARCEL le droit de s’installer là où ils l’entendent. mené par l’Union européenne et ses états et permet aussi aux différents réseaux de se rencontrer et de s'organiser. Durant tout l’été, au son des chants répétés contre l’immigration. Le 2 octobre 2018, Aux alentours de Gap, de nombreux mineurs inlassablement lors des actions quoti- la prolongation des contrôles aux fron- attendent d'être pris en charge par le département diennes de blocage du poste frontière, la tières prévue par le code Schengen est et scolarisés comme le prévoit la loi. Mais c'est loin détermination des exilés illustrée par le reconduite par la France. Cette mesure d'être le cas et une partie d'entre eux se retrouve à slogan « we are not going back » s’oppose d’exception, limitée théoriquement à une la rue. Une ancienne maison de la SNCF, le CHUM, alors pleinement face aux gardes fron- durée maximale de deux ans et officielle- est ainsi occupée à Veynes depuis l'automne 2017 tières et aux états. Elle dénonce à la vue de ment légitimée par la menace terroriste, pour les héberger. Depuis mars 2018, une partie tous l’injustice et l’absurdité de la situation. permettra ainsi le maintien des contrôles de l'église de Clavière (Italie) est occupée par des Cette fermeture au sein de l’Europe de la aux frontières jusqu’au 30 avril 2019, soit migrants et des personnes solidaires des deux libre circulation sera officialisée quelques une durée totale cumulée de trois ans et côtés de la frontière. L'endroit a été baptisé CHEZ mois plus tard par la France en vertu du demi. JÉSUS, clin d'oeil à Chez Marcel, qui se trouve à Code frontière Schengen permettant la une vingtaine de kilomètres, de l'autre côté réintroduction exceptionnelle des contrôles Si les zones frontalières sont ainsi de la frontière. C'est un nouveau refuge qui vient d'ouvrir, un petit coin pour se requinquer, aux frontières pour une durée limitée. hautement représentatives de la confron- s'habiller chaudement et se remplir le ventre tation du pouvoir des états face à l’en- avant d'affronter la montagne. Un autre frag- Juillet 2016, suite à l’attentat perpétré nemi migratoire qu’il s’invente, et mérite ment de solidarité qui cette fois-ci vient bel à Nice le jour de la fête nationale, les en cela tout notre attention, la frontière et bien rendre visible le drame qui se trame à forces militaires françaises sont déployées ne se situe pourtant pas uniquement à ces maudites frontières, à ce foutu col entouré à Sospel, petit village montagnard des ce point symbolique. L’entérinement en de remontées mécaniques. Au mois d'avril Alpes Maritimes, mais aussi point stra- octobre 2017 de l’état d’urgence en ADRESSES À DONNER 2018, la gare de Briançon, puis une école tégique de surveillance du passage des vigueur depuis près de deux ans venant OU CONTACT POUR et un théâtre sont occupés provisoirement exilés en provenance de la vallée fronta- étendre la main mise du contrôle de la APPORTER DE L'AIDE afin de fournir un hébergement d'urgence. lière de la Roya. Dans le prolongement frontière aux abords de chaque gare, port • CESAÏ, rue de l’imprimerie, de la répression menée à Vintimille contre et aéroport le montre bien. Franchir cette Gap, cesai@riseup.net Après l’expulsion en octobre 2018 du squat • CHUM, 23 rue des martyrs, autogéré à la frontière italienne « chez les exilés et leurs soutiens, les chasses à dernière ne signifie aucunement accéder Veynes, tel. 07 58 43 01 00 Jésus » (Claviere), qui fournissait aide, nourriture, l’homme en montagne, les refoulements à la fin de ce parcours du combattant, • PAVILLON DU GOUVERNEUR, chaleur et repos à celles et ceux qui tentaient de traverser en masse, les contrôles routiers systéma- car le système-frontière est minutieuse- la montagne et une frontière de plus, après l’expulsion de la rue Louis Fauré, Briançon tiques et la surveillance de la popula- ment élaboré et propagé sur l’ensemble maison Cézanne, la réaction ne s’est pas faite attendre avec l’ou- • CHEZ MARCEL, 20, route de tion sont les réponses apportées par les du territoire. Il s’articule depuis les prises verture d’un centre social autogéré à Gap, le « CESAÏ » (hébergement, lieu Puy Saint Pierre, Briançon, autorités afin de stopper des passages d’empreintes forcées dans les centres de tri chezmarcel@riseup.net d’activité et d’entr’aide) ainsi que d’un immeuble occupé au coeur la citadelle de de frontières devenus trop encombrants. méditerranéens jusqu’à l’application zélée Briançon « LE PAVILLON DU GOUVERNEUR » (voué plutôt à l’organisation et à la logistique). Elles permettent également de briser une du règlement Dublin menée dans chaque solidarité largement ancrée dans la popu- préfecture. Il se transpose depuis les lieux lation et des luttes prenant une ampleur et d’assignations à résidence et de rétention une extension certainement jugée embar- jusqu’aux expulsions. En cela, les luttes rassante. Quelques procès et des arresta- qui sont menées contre l’enfermement, les De plein de manières différentes : Être présent·e en montagne et françaises tions viendront alors stopper une situation expulsions où le règlement Dublin sont elles aider à tenir les lieux d’accueil et • pour veiller à la sécurité des personnes • de bouteilles d’eau, menaçant de devenir incontrôlable... aussi un prolongement de la lutte contre de lutte en venant plusieurs jours, qui traversent, les orienter, les protéger de barres de céréales et autres snacks les frontières. Les marches de protesta- en donnant un coup de main pour : des actes criminels de la police et des • de nourriture : légumes et fruits frais, Au cours de l’année 2017, à force tions, qu’elles mènent les exilés aux portes • l’organisation du lieu et de la vie excité·es de tout poils qui se sentent pain, légumes et fruits secs, de contrôles au faciès, coups de tonfas de Menton, où devant les préfectures de collective pousser des ailes de justicier·es huile, épices, café, thé, etc • l’accueil et l’information des personnes • mettre en place des actions collectives • de produits d’hygiène et d’entretien et surveillance généralisée, le trajet Marseille, Nîmes, Montpellier, ou devant • la lutte politique, et parfois la lutte Besoins • de chaussures et chaussettes migratoire des exilés est contraint de se la gendarmerie de Faux-la-Montagne, tout court contre les opposants à notre • de médicaments en tout genre de montagne (grandes pointures poursuivre un peu plus au nord, dans les représentent ainsi le même enjeu, celui action et nécessaires de premiers secours particulièrement) montagnes Briançonnaises. Le schéma d’affirmer avec force et détermination que, • faire de nouveaux aménagements • de lampes torches et frontales • de tout ce qui sert à la vie répressif utilisé précédemment dans le ensemble et réunit, personne ne fera un et du bricolage… • d’un stock de couvertures quotidienne pourtour frontalier méditerranéen se pas en arrière. bienvenue à la créativité ! • de cartes Lyca mobile italiennes • de sous !!! Cette feuille d’info a été réalisée par la coordination régionale sud-est des collectifs contre les frontières, qui fédère des initiatives de Montpellier aux Cévennes, en passant par Marseille, le Var, les Alpes de Haute Provence, les Hautes Alpes, l’Isère, la Drôme, le Vaucluse, etc. Pour nous contacter : coordo.mig.sudest@riseup.net
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