DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL - PORTEUR DE LUMIÈRE MUSÉE D'ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL / 25 AOÛT 2019
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DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL / 25 AOÛT 2019 Relations presse Service communication des musées Julie Barth julie.barth@strasbourg.eu Tél : 03 3 68 98 74 78 Dossier de presse et visuels téléchargeables sur : www.musees.strasbourg.eu
DOSSIER DE PRESSE
« DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE »
MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL – 25 AOÛT 2019
1. PROJET PAGE 2
2. PARCOURS PAGE 3
3. BIOGRAPHIE DE L’ARTISTE PAGE 8
4. EXPOSITIONS ET BIBLIOGRAPHIE DE L’ARTISTE PAGE 9
5. PRÊTEURS PAGE 12
6. CATALOGUE PAGE 13
7. PROGRAMMATION ÉDUCATIVE ET CULTURELLE PAGE 16
8. PARTENAIRES PAGE 18
9. INFORMATIONS PRATIQUES PAGE 19
10. VISUELS DISPONIBLES POUR LA PRESSE PAGE 20
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DOSSIER DE PRESSE
« DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE »
MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL – 25 AOÛT 2019
1. Projet
L’exposition « Headbangers Ball – Porteur de Lumière » dessine un parcours en forme de voyage
initiatique à travers l’univers de Damien Deroubaix. Tout comme l’artiste circule d’un medium à
l’autre avec aisance et virtuosité technique, les thématiques de l’alchimie, du chamanisme, du
glissement vers le surnaturel, de la perméabilité des frontières entre le réel et l’onirique, sont
les fils rouges de ce vaste déploiement entre clarté et obscurité.
Constituée d’environ 45 œuvres (peintures, sculptures, gravures, installations et dessins), cette
exposition est l’occasion de découvrir des œuvres présentées au public pour la première fois, qui
attestent du dialogue que Damien Deroubaix engage avec les peintres du passé (Picasso, Van
Gogh, Munch, Goya, Géricault…). Des pièces rarement montrées sont également données à voir,
tel qu’Homo Bulla, véritable tour de force technique et énigme visuelle, fruit de plus d’un an de
recherches entre l’artiste et les maîtres verriers du Centre International d’Art Verrier (CIAV) de
Meisenthal. On croise également dans ce parcours des murs entiers de bois gravés et des
sculptures directement taillées dans le bois qui imposent leur nature sauvage aux visiteurs.
Plongés dans l’obscurité d’une caverne, le public peut ensuite faire l’expérience du passage
dans un autre monde, accompagné de totems, fétiches et autres créatures souterraines, avant
de retrouver la lumière et de finir en beauté dans une vaste salle où des installations
monumentales côtoient les plus grands formats peints de l’artiste. Le bois, en tant que
matériau et matrice pour le travail de gravure, mais aussi le motif iconographique de l’arbre,
habitent l’ensemble du parcours.
Formé entre Saint-Etienne et Karlsruhe, germanophile et germanophone, Damien Deroubaix (né
en 1972 à Lille) travaille aujourd’hui à Meisenthal et Paris. Peintre et graveur, il réalise des
installations où se retrouvent les thèmes constitutifs de son œuvre peuplée de références
artistiques choisies (danse macabre, œuvres dada, photomontages de John Heartfield, Jérôme
Bosch, Picasso...) et d'emprunts, notamment, à l'esthétique grindcore. Nourri de culture
musicale et cinématographique, habité par des images mentales qui se juxtaposent parfois
dans de violentes collisions, Damien Deroubaix explore également depuis plusieurs années le
champ des arts premiers avec la présence récurrente de fétiches dans ses grandes peintures
dont l’aura gagne ainsi en puissance ésotérique.
Commissariat : Julie Gandini, conservatrice au MAMCS
Cette exposition est réalisée en partenariat avec le Musée d’art moderne et contemporain de
Saint-Étienne Métropole (MAMC+) et avec le soutien des galeries In Situ – fabienne leclerc, Paris
et Nosbaum Reding, Luxembourg.
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2. Parcours
Headbangers Ball – Porteur de lumière est un titre qui résume la dualité fondatrice qui est au
cœur du travail de Damien Deroubaix, entre destruction et renaissance. Headbangers Ball,
œuvre éponyme de l’exposition, est une peinture hypnotique et fascinante, qui évoque
l’agitation et les mouvements saccadés et répétitifs des adeptes de musique metal appelés
headbangers en raison de leurs hochement de tête caractéristiques. A côté de l’agitation de la
danse de sauvages des headbangers, le travail de Deroubaix possède aussi son versant
lumineux, porteur d’une lumière un peu incertaine et vacillante qui nous dévoile les
contradictions du monde. « La peinture, c’est comme la soude dans les yeux : ça permet de
regarder à nouveau et de voir le monde1. »
Première salle : Métamorphoses
La première salle du parcours nous plonge immédiatement dans la production picturale la plus
contemporaine de Damien Deroubaix, avec des œuvres créées en 2017 et 2018. Les grands
thèmes de la peinture imprègnent son travail le plus récent : la muse, le nu, l’idole primitive,
l’artiste, la nature et ses curiosités, les pulsions de vie et de mort.
L’Arbre, La Pisseuse et Wunder der Natur, 2017-2018
Huiles sur toile
Dans ses peintures les plus récentes, un paysage crépusculaire réapparait d’une toile à l’autre.
La scène est composée de quelques arbres, parfois accompagnés d’éléments végétaux et
naturels, champignons, fleurs, herbes, chardons, coquillages, et possède une ligne d’horizon
souvent basse, ce qui laisse émerger un ciel hésitant entre chien et loup. Ce paysage est une
toile de fond, telle une scène de théâtre où se jouent des pièces différentes selon les
personnages qui l’habitent, les décors et la lumière qui varient. Wunder der Natur est une œuvre
qui rassemble différents éléments juxtaposés : l’arbre de la connaissance, le fétiche à clous,
l’œil et la chauve-souris. Ces motifs se détachent sur un fond de ciel orageux surnaturel, animé
par la rencontre entre deux croissants de lune, un arc-en-ciel et une pluie qui semble féconder la
terre, telle une manne nourricière. La Pisseuse est un tableau qui présente un paysage avec des
collines et un arbre au pied duquel on aperçoit la partie inférieure d’un corps féminin en train
d’uriner. La posture accroupie, qui montre ici toute l’anatomie féminine, est une reprise d’un
motif qui a traversé l’Histoire de l’Art de Rembrandt à Picasso. Le ré-emploi de ce motif relève
plutôt ici d’une fascination pour une puissance féminine universelle, qui féconde la terre et
réconcilie l’ensemble des éléments naturels grâce à son pouvoir vital.
Cavalières, 2018
Huile sur toile
L’œuvre Cavalières présente deux femmes nues ailées, telles deux anges qui montent sur le dos
d’un cheval peint dans un raccourci surprenant. L’une des deux femmes, vue de dos et
accroupie, présente son postérieur tandis que l’autre s’apprête à rejoindre sa comparse sur le
dos du cheval, jambe ouverte et fléchie. L’une incarne l’ange du bien tandis que l’autre, au
masque rouge, est l’ange du mal. La scène flotte dans un paysage indistinct aux tonalités
crépusculaires et l’atmosphère générale est onirique.
Mutti, Le Printemps, Idole, 2018
Huiles sur toile
Le Printemps et Idole sont deux tableaux qui semblent rendre hommage à la fécondité
féminine. Les formes généreuses et schématiques de l’Idole, qui porte bien son nom, évoquent
la statuaire africaine ou des idoles de fécondité vénérées dans différentes aires culturelles et
géographiques. Encore plus surprenante est cette idole dénommée Le Printemps, dont les
1Entretien de Damien Deroubaix avec Markus Pilgram, dans Picasso et moi, cat. exp., Saint-Paul-de-Vence, Fondation
Maeght, 2014.
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formes hybrides évoquent à la fois un buste et des cuisses féminines, mais aussi une forme
phallique, d’où émerge un fétiche à clous Nkisi. Mutti présente une figure de la maternité
informe et écorchée, comme sortie de terre ou taillée brutalement, qui impose frontalement sa
présence sculpturale sur un fond sombre.
Les Métamorphoses et Le Feu, 2018
Huiles sur toile
Si l’eau n’est pas souvent représentée dans les œuvres de Damien Deroubaix, sa présence est
évoquée par des créatures issues des profondeurs aquatiques, telle que la seiche. A partir du
motif réaliste de la seiche issu d’un reportage animalier, l’artiste compose un tableau à
l’atmosphère surréelle. Le Feu est une œuvre chatoyante et fascinante qui incarne l’élément par
excellence de la transformation dans le rituel alchimique. La combustion du feu et son pouvoir
vitaliste évoquent l’idée d’une renaissance cyclique.
Deuxième salle : Alchimie
La scénographie de l’exposition est volontairement minimaliste afin de mettre en valeur la
richesse et la densité visuelle des œuvres présentées. Une alternance entre des espaces
lumineux et des salles volontairement plus sombres donne cependant un rythme au
cheminement du visiteur et incarne la dualité fondamentale du travail de l’artiste, entre ombre
et lumière. Cette seconde salle est donc plongée dans une pénombre qui présente la précieuse
et fragile installation Homo Bulla comme dans un écrin.
Homo Bulla, 2011
Sculpture en verre soufflé et gravé sur socle
Homo Bulla est le fruit d’un travail de collaboration entre les artisans verriers souffleurs de verre
du Centre International d’Art Verrier de Meisenthal (Moselle) et l’univers de Damien Deroubaix.
Juchée sur une base et s’élevant sur deux niveaux, cette sculpture transparente rassemble
différents éléments caractéristiques du memento mori : les squelettes, les bulles, les
coquillages et les verreries, symboles de la fragilité et de la futilité de l’existence. Les bulles de
savon et les creusets en verre sont autant de motifs qui appartiennent au vocabulaire
iconographique de l’artiste. Cette fascinante sculpture est une métaphore de la condition
humaine, solide mais vulnérable. Grâce au verrier qui insuffle la vie dans le verre en fusion, se
façonne une forme solide bien qu’extrêmement fragile. Les motifs de danses macabres que
l’artiste a gravés sur le verre, que l’on retrouve aussi dans sa peinture et sa gravure, manifestent
une proximité, presque une familiarité, avec la mort et ses manifestations. Le mot
« Putrefactio », qui renvoie à l’une des gravures d’un manuel d’alchimie2, est inscrit sur l’une des
bulles en verre. Les éléments en verre entrent en résonance avec les alambics, les ballons en
verre, les récipients à décantation et les creusets, visibles dans les représentations
traditionnelles de l’alchimiste. Ce Grand Verre3 est une vanité énigmatique qui évoque la
fragilité de la vie et la fugacité de la présence humaine sur terre, contrairement au monde
chtonien symbolisé par les serpents et coquillages, synonyme de permanence et de
régénérescence. Cette œuvre mystérieuse, à la fois imposante et fragile, se situe dans les
sphères de la sublimation et de la transparence.
Troisième salle : Dans la tête du peintre
La troisième salle est habitée par de monumentales têtes de peintres qui nous observent. Ce
sont autant d’autoportraits de l’artiste inspiré par les images mentales de Goya, Delacroix,
Picasso, des danses macabres, de la musique metal…
Painter 00 Delacroix
Painter 1 Death
Painter 2 Totentanz
2Philosophia Reformata, 1622, Johann-Daniel Mylius, compositeur et alchimiste allemand.
3En écho au Grand Verre de Marcel Duchamp, ou La mariée mise à nu par ses célibataires, même, 1915-1923,
Philadelphia Museum of Art
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Painter 4 Slayer
Painter 7 Guernica
Painter Pablo
2016-2018
Huiles sur toile
Conscient de s’insérer dans une filiation d’artistes, Damien Deroubaix se considère un peu
comme un passeur entre les générations de peintres, comme un maillon de la chaîne de
l’histoire de la peinture. La série Painter fonctionne sur un principe d’unité de composition : il
s’agit d’une tête monumentale, un autoportrait simplifié de l’artiste, reconnaissable à certains
détails (couleur des yeux, boucle d’oreilles), dont la zone du front est peuplée d’images, de
souvenirs et de références imprégnées dans la psyché du peintre. On reconnaît les grandes
sources d’inspiration de Deroubaix, l’Histoire de l’Art, la présence de la muse mais aussi des
formes de culture plus populaires. Cette série illustre métaphoriquement ce qu’il se trame dans
la tête du peintre et les influences qui le traversent.
Putrefactio, 2017
Verre soufflé et gravé sur socle
En clin d’œil au porte-bouteille de Marcel Duchamp, figure tutélaire de l’histoire de l’art du XXe
siècle, Deroubaix livre sa propre version de ce ready-made iconique, à laquelle il ajoute des
bulles de verre soufflé et gravé de danses macabres.
Quatrième salle : Nature sauvage
A mi-parcours, la quatrième salle est une immersion dans la noirceur et la sauvagerie du
monde. De grands papiers aquarellés couverts de peinture, de collages et de motifs gravés
exhibent leur langage elliptique dans des tonalités noires et violettes. Quant aux sculptures
acrotères et aux bas-reliefs en bois gravés et encrés, ces œuvres ont été spécialement conçues
pour l’exposition, et les visiteurs ont ainsi la primeur de découvrir leur expressivité percutante.
Roots, 2009
Acrylique, xylographie et collage sur papier
Ce très grand format en noir et blanc, vibrant de nuances de gris, rassemble des motifs épars et
récurrents tels que l’ampoule qui tombe du plafond, motif emprunté à Guernica de Picasso, et
éclaire faiblement un univers en décomposition : des fragments des sculptures des chevaux
assyriens, un taureau androcéphale ailé décapité, des squelettes de fœtus siamois qui prennent
racines et des troncs d’arbres sinistres habités par un cobra menaçant…
Damage, 2014
Aquarelle et collage sur papier
Tout comme dans Roots, l’impact visuel de l’œuvre est redoublé par la présence du titre
Damage, dont les lettres résonnent comme une incantation dans ce paysage aux tonalités
crépusculaires. Fruit d’un montage de motifs juxtaposés, un chien hybride, avec un crâne de
bouc, chemine entre deux corps féminins fragmentés et fichés à l’envers sur des pieux enfoncés
dans le sol. Autre élément de cette scène désolée : un autre crâne, humain cette fois, est posé
sur un tronc.
Cinquième salle : Entre deux mondes
Un passage nous conduit au cœur de la grotte d’une créature issue des profondeurs de la terre.
Il faut s’habituer à l’obscurité qui règne dans cet espace pour découvrir autour d’elle des images
oniriques, des apparitions fugaces d’êtres auxiliaires hybrides, qui nous accompagnent dans ce
voyage entre le réel et l’invisible.
Astralis, 2014
Acrylique, encre et aquarelle sur papier
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Ea, 2013
Résine, verre et fibre de verre, bois, tissus
Ea est une divinité d’origine mésopotamienne d’une puissance surnaturelle et ambivalente. Elle
possède un corps de poisson-lune constellé d’étoiles, une tête de serpent aux oreilles de basilic,
des serres et des cornes. Déité démiurge tantôt bénéfique tantôt maléfique, Ea est le maître des
eaux douces, du monde souterrain, de la magie et de l’exorcisme. Sa nature chtonienne en fait
un intermédiaire désigné pour communiquer avec les forces invisibles. Comme les autres
chimères mises en scène par Damien Deroubaix, Ea participe à un repositionnement de
l’homme dans l’univers. Qu’elle soit sculpture, installation, dessin ou gravure sur bois rehaussée
à l’aquarelle, Ea incarne la façon de Deroubaix de travailler par assemblage, juxtaposition et
montage plastique mais aussi métaphysique. Elle se dresse ici sur une base sous laquelle sont
fixées des bulles en verre et au-dessus d’elle un grand papier peint de motifs aquarellés est fixé
au plafond, comme des dessins rupestres directement sur les parois.
The Artist, 2015
Sueño, 2014
Huiles et collages sur toile
Dans ces tableaux, des êtres nocturnes dialoguent avec la sculpture d’Ea. Le buste de singe
écorché (The Artist) et la chauve-souris (Sueño) sont autant d’apparitions muettes, fruits de
songes informes, qui participent à l’atmosphère bleutée et fantasmagorique de cet espace qui
invite à l’expérience du passage dans un monde onirique.
Sixième salle : Panoramique
Dans cette dernière salle, la plus vaste du parcours, la lumière prend finalement le pas sur
l’obscurité. Des installations monumentales côtoient les plus grands formats peints de l’artiste.
Finir en beauté c’est clore ce parcours sur l’ambiguïté paradoxale du monde dépeint par
Deroubaix, un monde où les pulsions de vie et mort, la violence et la beauté, sont entremêlées
au sein des mêmes œuvres.
Porteur de lumière, 2010
Arbre, sangles, métal, résine et fibre de verre, câbles, ampoules, microphones, billets de
banques, chanvre
Porteur de lumière, qui fait référence à Lucifer, est un assemblage composé d’un gigantesque
châtaignier démantelé en plusieurs morceaux et réassemblés. On y retrouve les dollars en guise
de feuilles, des têtes et des crânes pendant des branches, des têtes d’enfants écrasées au sol et
une foule des micros. Cependant, l’arbre sec a une autre signification encore : il incarne un lien
symbolique entre la terre et le ciel, entre le visible et l’invisible, selon l’interprétation alchimique.
L’arbre est aussi une entité vivante, vecteur d’énergie qui se diffuse et qui peut soigner.
My Journey to the stars, 2011
Aquarelle, encre, acrylique et collage sur papier
Ride the wings of death, 2011
Bois, crâne de cheval, toile de jute, résine, fibre de verre, microphones, tréteaux, fers à cheval
My Journey to the stars est le récit d’une chevauchée fantastique dans la nuit, un cavalier de
l’Apocalypse à tête de fétiche tient les rênes et traverse une forêt aux allures
concentrationnaires. Chez Deroubaix, un même motif iconographique voyage d’un médium à un
autre et se métamorphose et s’hybride de façon infinie. Avec Ride the wings of death, le cheval
squelettique du grand papier a surgi dans l’espace de la troisième dimension pour donner
naissance à cette impressionnante installation composite qui semble tout droit sortie d’un
cauchemar.
Headbangers Ball, 2018
Huile et collage sur toile
L’œuvre phare de l’exposition, Headbangers Ball, toile hypnotique et chatoyante, évoque une
danse frénétique, l’agitation et les mouvements saccadés et répétitifs des adeptes de musique
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metal appelés headbangers en raison de leurs hochements de tête caractéristiques. Autour des
deux mots du titre qui reprend le nom et le graphisme de l’émission musicale dédiée à
l’actualité de la scène metal de MTV dans les années 1990, tournoient frénétiquement des
figures totémiques dans une sorte de transe. On reconnaît des motifs chers à Damien
Deroubaix : la chauve-souris, le fétiche à clous, une tête de cheval reprise de La Mort de
Sardanapale d’Eugène Delacroix, la pisseuse, Pazuzu, les squelettes siamois, le buste d’une
femme ailée, les torches enflammées (logo du groupe metal Death).
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3. Biographie de l’artiste
Né à Lille en 1972, Damien Deroubaix s’est formé à l’Ecole régionale des beaux-arts de Saint-
Etienne de 1992 à 1997 (diplôme DNSEP). Cette ville fut pour lui le commencement d’une riche
histoire humaine et créative, le lieu de rencontres fondatrices où il a tissé de fortes amitiés
artistiques. C’est à Saint-Etienne qu’il a monté un lieu associatif, le 9bis, où il fédère les
énergies locales et où il expose des artistes de divers horizons et jusqu’alors peu visibles dans
cette ville. Il effectue par la suite son post-diplôme à l’Akademie de Karlsruhe en 1998. A partir
de 2003, il vit et travaille près de dix ans à Berlin, germanophile et germanophone, il est fasciné
par l’émulation et le dynamisme de la scène artistique locale. Riche de ce bagage allemand, il
revient en France en 2012. Il est aussi régulièrement commissaire d’expositions et travaille
aujourd’hui entre Meisenthal (Moselle) et Paris.
La pratique artistique de Damien Deroubaix est marquée par une grande diversité de formes et
de techniques : peinture à l’huile, aquarelle, gravure, panneaux de bois gravés, mais aussi
sculpture et installation. À cette variété formelle répondent des sources et des références des
plus éclectiques, cohabitant souvent au sein de ses œuvres dans un esprit qui n’est pas sans
rappeler celui, iconoclaste, des montages dada. Des motifs empruntés aux danses macabres
médiévales s’y mêlent à des évocations de chapitres tragiques de l’histoire contemporaine, des
images d’actualité y côtoient la mythologie ou le folklore. L’artiste invente des télescopages
entre les références à l’art des musées, aux cultures extra-européennes et à la culture la plus
populaire, la publicité, le graphisme urbain, des clips de musique metal ou encore des images
glanées sur internet.
Ces dernières années, la peinture de Deroubaix se donne à voir dans une dualité étonnante : à
la fois plus universaliste et plus intime. Des paysages emprunts de poésie flottent en toile de
fond, des arbres vivants et porteurs d’une multitude d’yeux règnent sur un univers foisonnant
d’éléments végétaux, minéraux et animaux. Une vitalité et une puissance chamanique
émergent de peintures où des êtres hybrides et des figures totémiques se métamorphosent,
auxiliaires d’un passage entre la réalité, le mythe et l’invisible. Ouvertement expressionnistes,
ses peintures évoquent bien souvent des thèmes apocalyptiques, mais dévoilent aussi les
beautés de ce monde. Dans une lumière souvent crépusculaire, elles convoquent la nature, la
transformation comme principe vital, la naissance et la mort, l’intime et l’universel.
Damien Deroubaix s’affirme aujourd’hui en tant que peintre, en connivence avec d’autres
grands peintres qui l’ont précédé et qui l’accompagnent tous les jours. « Je suis en discussion
permanente avec les artistes du passé. Quand je suis dans un musée, je peux ressentir
exactement ce qui a intrigué l’artiste qui a réalisé l’œuvre que j’ai sous les yeux. Je comprends
sa façon de travailler et je suis persuadé qu’il y a un lien qui doit unir les peintres entre eux. »
(Damien Deroubaix)
L’une des toutes premières expositions personnelles de l’artiste, Total Grind, avait eu lieu au
Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg en 2003. En 2009, il est nominé au Prix
Marcel Duchamp. Ces dernières années, Damien Deroubaix a notamment exposé à la fondation
Maeght en 2014-2015, au Mudam au Luxembourg en 2016, au musée Picasso à Paris en
2018, ou encore tout récemment en 2018-2019 au Musée d’art moderne et contemporain de
Saint-Etienne Métropole (MAMC+), partenaire de l’exposition du MAMCS.
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4. Expositions personnelles et bibliographie de l’artiste
2022
Fonds Hélène et Edouard Leclerc pour la culture, Landerneau, FR
Bibliothèque Nationale de France, Paris, FR
2019
Kunstmuseum Reutlingen, Reutlingen, "Headbangers Ball - Alte Meister (Komödie) » AL
Headbangers Ball – Alte Meister (Komödie)
Headbangers Ball – Porteur de lumière, Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg,
FR
Fondation Salomon, Annecy
Galerie Nosbaum & Reding Luxembourg
Galerie In Situ-fabienne leclerc Paris
2018
Headbangers Ball, Musée d'Art moderne et contemporain de Saint-Étienne, FR
2017
Hier vloekt men niet, Centre de la gravure et de l'image imprimée, La Louvière, BE
War inside my head, Galerie Jordan-Seydoux, Berlin, DE
2016
Postmortem, Le Creux de l'enfer, Thiers, FR
La Guerre et la Paix, Musée Picasso, Vallauris, FR
Picasso et moi, Mudam, Luxembourg, LU
Musée du dessin et de l’estampe, Gravelines, FR
Modulab, Metz, FR
Galerie Nosbaum&Reding, Luxembourg, FR
2015
L'esprit de notre temps, Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, les Sables d’Olonne, FR
Der Geist Unserer Zeit, Kunstverein Dillingen, DE
Galerie municipale Julio Gonzalez, Arcueil, FR
Galerie Nosbaum & Reding, Luxembourg, LU
Item, Paris, FR
Best of part 1, Institut Français, Port Louis, Ile Maurice, FR
2014
Picasso et moi, Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence, FR
Time goes on, In Situ - fabienne leclerc, Paris, FR
Furies, In Situ Hors les murs, Atelier Rouart, Paris, FR
2013
South of Heaven, Galerie Nosbaum & Reding, Luxembourg, LU
2011
My journey to the stars, Le Parvis, Tarbes + Château de Taurines, Centrès, FR
Der Schlaf der Vernunft, La Chaufferie, Strasbourg, FR
Hit the lights, Galerie Nosbaum&Reding, Luxembourg, LU
Homo Bulla, In Situ - fabienne leclerc, Paris, FR
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2010
Die Nacht, Kunstmuseum St. Gallen, St. Gallen, CH
Comma19 (Temptation), Bloomberg Space, London, UK
Damien Deroubaix, Salle Picasso, dans Fantasmagoria, le monde mythique, les Abattoirs,
Toulouse, FR
Die Nacht, Saarlandmuseum Saarbrücken, DE
Die Nacht, Villa Merkel, Esslingen, DE
Sick Bizarre Defaced Creation, In Situ - fabienne leclerc, Paris, FR
Apokalyptische Reiter, URDLA, Villeurbanne, FR
Nosbaum & Reding - Art Contemporain, Luxembourg, LU
Utopia Burns, Filipp Rosbach Galerie, Leipzig, DE
2008
9 bis, St. Etienne, FR (avec Assan Smati)
Das grosse Glück, Sima Projekt, Nuremberg, DE
2007
Lord of all Fevers and Plague, In Situ - fabienne leclerc, Paris, FR
Oblivious to evil, Galerie de l'Ecole des Beaux-Arts de Quimper, Quimper, FR
Lucid Fairytale, Le Transpalette, Bourges, FR
World eater, Galerie JBB, Mulhouse, FR
Babylon, Showroom Berlin, Berlin, DE
Die Nacht, o.T. Raum für aktuelle Kunst, Lucerne, CH
Space Invasion, Vienna, AU
2006
Ia iak sakkakh iak sakkakth Ia shaxul Ia kingu ia cthulu ia azbul Ia azabua, Nosbaum & Reding -
Art Contemporain, Luxembourg, LU
Chemical Warfare, Autocenter, Berlin, DE
No system can give the masses the proper social graces (avec Manuel Ocampo), vestibule de La
Maison Rouge, Paris, FR
Human Waste, In Situ - fabienne leclerc, Paris, FR
Let there be rot (fun in the morgue), Künstlerhaus Bethanien, Berlin, DE
Art Basel Statement, In Situ - fabienne leclerc, Bâle, CH
2004
Groupe Laura présente Karl Marx, espace public, Tours, FR
Werbung, Nosbaum & Reding - Art Contemporain, Luxembourg, LU
Rheinschau. Art Cologne Projects, Nosbaum & Reding - Art Contemporain, Cologne, DE
Imbiss 2 (avec Kristina Solomoukha), Ecole des Beaux-Arts et Groupe Laura, Tours, FR
Synthetically Revived, Konsortium, Düsseldorf, DE
Catastrophic, Filiale Basel, Basel,CH
2003
Fear factory, In Situ - fabienne leclerc, Paris, FR
nouvelleobjectiviténeuesachlichkeit, Galerie Œil, Forbach, FR
You suffer... but why?, Nouvelle Galerie, Grenoble, FR
Symphonies of Sickness, VKS, Toulouse, FR
Imbiss (with Kristina Solomoukha), La Galerie, Noisy-le-Sec, FR
2002
la voix de son maître, Paris Project room, Paris, FR
Magic Jackpot (with Kristina Solomoukha), Glassbox, Paris, FR
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MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL – 25 AOÛT 2019
2001
Im Lichthof, Staatliche Akademie der Bildenden Künste, Karlsruhe, DE
Bibliographie
Martine Dancer-Mourès, Julie Gandini et Estelle Pietrzyk (dir.), Damien Deroubaix – Headbangers
Ball, catalogue d’exposition, Musées d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne et de
Strasbourg, Éditions des musées de Strasbourg, 2019
Picasso et moi: Damien Deroubaix, catalogue d’exposition, textes de Emilie Bouvard, Markus
Pilgram, Laurent Lebon, Enrico Lungh, Mudam Luxembourg, 2016, Mudam éd., Somogy, 2016
Damien Deroubaix: l'esprit de notre temps, catalogue d’exposition, textes de Gaëlle Rageot-
Deshayes, Didier Ottinger, Anabelle Ténèze, Thibaut de Rutyer, Julie Crenn, Tatyana Franck,
Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne, éd. Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les
Sables d'Olonne, 2015
Damien Deroubaix: my journey to the stars, catalogue d’exposition, textes de Pascal Pique.
Catalogue aussi édité par les abattoirs de toulouse. Les autres partenaires sont le château de
taurines à Centrès et le Parvis à Tarbes, Ibos, Le Parvis / Centrès, Château de Taurines, Tarbes,
Le Parvis 2011
GRIENENBERGER Yann, Homo bulla: Damien Deroubaix, catalogue d’exposition, Paris,
Meisenthal : Centre international d'art verrier, 2011
MENOU Gwénola, Damien Deroubaix, Der Schlaf der Vernunft, catalogue d’exposition, texte de
Isabelle Schenk-Weiniger, La Chaufferie, Strasbourg, La Chaufferie, 2011
Damien Deroubaix : Die Nacht, catalogue d’exposition, texte de Andreas Baur, Konrad Bitterli,
Ralph Melcher, Sarrebruck, Saarlandmuseum/ Saint-Gall, Kunstmuseum/ Esslingen am Neckar,
Galerie der Stadt Esslingen, Nüremberg, Verlag fur moderne Kunst 2009
BANAI Nuit, Damien Deroubaix, World Downfall, textes de Nuit Banai et Max Henry, édité par les
deux galeries In Situ et Reding, Luxembourg, Nosbaum & Reding, 2008
Das große Glück, catalogue d’exposition, Galerie Sima, Nuremberg, Galerie Sima, 2009
AUGE Jean Louis, Hybrides & chimères, la conquête d'un rêve éveillé, catalogue d’exposition,
Musée Goya de Castres, ToulouseCastres, Les Abattoirs, 2012
Family jewels, catalogue d’exposition, Esslingen am Neckar, Galerie der Stadt Esslingen,
Esslingen am Neckar : Galerien der Stadt/ Villa Merkel, 2009 (exposition collective)
LAVRADOR Judicaël, Damien Deroubaix : Surgery, catalogue d’exposition, Luxembourg,
Alimentation Générale Art Contemporain, Luxembourg, Alimentation Générale, 2004
Concerto pour détraqués, (part. II), catalogue d’exposition, édité par les deux galeries In Situ et
Reding en collaboration avec le Konsortium de Düsseldorf, Strasbourg, Rhinocéros, 2005
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« DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE »
MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL – 25 AOÛT 2019
5. Prêteurs
FRANCE
• Centre International d'Art Verrier (CIAV), Meisenthal
• Centre national des arts plastiques (CNAP), Paris
• Collection de l’artiste
• Collection privée, Lyon
• Collections privées, Paris
• FRAC Midi Pyrénées Les Abattoirs, Toulouse
• Galerie In Situ – fabienne leclerc, Paris
• Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle, Centre Pompidou, Paris
• MAMCS, Strasbourg
BELGIQUE
• Collection privée
LUXEMBOURG
• Collections privées
• Galerie Nosbaum Reding, Luxembourg
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« DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE »
MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL – 25 AOÛT 2019
6. Catalogue
Damien Deroubaix. Headbangers Ball
246 x 310 mm
Ouvrage relié, 176 pages, 110 illustrations
ISBN : 9782351251638
Ouvrage en français, allemand et anglais
Editions des Musées de Strasbourg
Diffusion/distribution Volumen / Interforum
Sommaire
Sublimation
Porteur de lumière, Julie Gandini
Métamorphoses
Le cinéma de Damien Deroubaix, Estelle Pietrzyk
Panoramique
Entretien, Martine Dancer et Damien Deroubaix
Dans la tête du peintre
Porteur de lumière, Julie Gandini
Après le temps de la dénonciation du capitalisme outrancier et des codes de la publicité,
Damien Deroubaix se fait aujourd’hui porteur d’une lueur nouvelle. Délaissant les revendications
frontales et les orgies de signes4 dans une peinture qui crie sa rage et sa révolte à la face du
monde, sur fond heavy metal, death metal ou grindcore5, son travail entre à présent dans une
phase plus apaisée, même si toute noirceur n’en a pas disparu. L’urgence et la rudesse de son
langage visuel passé au vitriol s’estompent. Le souci de « provoquer et de bousculer6 » cède la
place à un mouvement de distanciation inaugurant un dialogue intime avec l’histoire de la
peinture, mais aussi une rencontre avec le cosmos, dans un esprit panthéiste et une conception
élargie de l’art. L’artiste se tourne vers un mode d’expression inspiré par une forme de
primitivisme où certains motifs récurrents, des figures de passeurs, des totems et des fétiches
ainsi que des éléments naturels, réapparaissent d’une scène à l’autre. Plus que jamais, les deux
pôles de sa ligne artistique – la tendance critique et la tendance onirique – se rejoignent et se
fondent l’un dans l’autre. Dans certaines peintures qui sont autant de récits de la Création que
de la création artistique, l’artiste se fait démiurge, à l’aube d’un jour nouveau où tout est à
recréer.
[…] Le travail de Damien Deroubaix se fait cosmogénèse ou récit de la Création, mais aussi
exploration de l’inframonde, des univers souterrains et célestes où les puissances telluriques et
cosmiques se donnent à voir. Par le biais de peintures emplies d’une charge magique, l’artiste
lance un appel. En cela, il incarne une posture d’artiste chaman qui se situe à la frontière des
mondes, adepte du glissement vers un univers mouvant où se manifestent des forces
primitives, des éléments naturels et des personnages-totems récurrents, des intercesseurs qui
4 Konrad Bitterli, « Danse macabre et Terrorizer. L’œuvre de Damien Deroubaix entre tradition picturale et
contemporanéité aiguë », dans Damien Deroubaix. Die Nacht, cat. exp., Sarrebruck, Saarlandmuseum, 2009.
5 Variante extrême et radicale du thrash metal et du punk hardcore, se caractérisant par des rythmes saccadés et
une structure sonore chaotique et bruitiste, associée à un engagement politique anticapitaliste et anticonsumériste.
6 La formule est de Thibaut de Ruyter, dans Synthetically Revived, cat. exp., Düsseldorf, Konsortium, 2004.
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« DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE »
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accompagnent la traversée entre visible et invisible. Dans Le Printemps, une tête masculine
plantée de fougères arborescentes est à moitié immergée dans l’eau. Il s’agit de la même tête
chauve, aux grands yeux et à la bouche cousue par une fermeture Éclair que dans la série
Painter – sans doute une forme d’autoportrait allégorique de l’artiste. Ce visage est-il en train de
surgir de l’eau ou de s’y laisser couler ? Cette ambiguïté est caractéristique des œuvres les plus
récentes de Damien Deroubaix, qui suggère et ouvre des perspectives plutôt que d’asséner des
certitudes. L’image de la tête émergeant de l’eau évoque en outre la naissance ; elle pourrait
être aussi une métaphore de l’inconscient psychanalytique. Dans la série Painter, les scènes
figurées prennent place sur le front du personnage, s’impriment dans le crâne et reflètent les
diverses sources d’inspiration de l’artiste. Ces différents motifs peuvent encore être interprétés
comme des visions produites inconsciemment par la psyché. Contrairement aux autres hommes
qui subissent ou pressentent l’influence de forces invisibles, le chaman peut établir à volonté
une communication avec celles-ci ; il est connecté aux éléments naturels, l’eau ou le feu, autre
phénomène impalpable créateur de fusion et d’énergie, moment de transformation et de
communication avec l’au-delà.
Le cinéma de Damien Deroubaix, Estelle Pietrzyk
Damien Deroubaix partage avec d’autres artistes ce goût particulier pour le mot inséré dans
l’œuvre au point d’en devenir constitutif, mais l’usage qu’il en fait ne ressemble en rien à un
collage cubiste ni à un mot griffonné par Jean-Michel Basquiat. C’est, encore une fois,
davantage dans l’image animée qu’il semble trouver le plus d’affinités, utilisant et usant le mot,
dans sa matérialité comme dans son acception, jusqu’à l’épuisement. Les phalanges tatouées
de Robert Mitchum dans La Nuit du chasseur (Charles Laughton, 1955) ont ainsi plus à voir avec
l’art de Damien Deroubaix que tous les calligrammes du monde. Cette façon de faire jouer
ensemble l’image et le mot, sans craindre de donner à ce dernier une importance spectaculaire,
est bien une tendance notable de cette peinture, comme elle l’est du cinéma de Jean-Luc
Godard. Chez ce dernier, le mot est là, au mur comme une étagère (le « pourquoi » écrit avec des
paquets de cigarettes dans À bout de souffle, 1960 ; la phrase « Il faut confronter des idées
vagues… » placardée dans l’appartement de La Chinoise, 1967) ; il remplit de pleines pages et
des écrans entiers (Pierrot le fou, 1965), sert aux scènes de ménage par couvertures de livres
interposées (Une femme est une femme, 1961), ou encore vient en surimpression d’une image
(Histoire(s) du cinéma, 1988-1998). Outre le soin particulier qu’il apporte à leur graphie,
Deroubaix manie les mots avec aisance, osant la rime (« Exhume to consume ») pour
accompagner la prophétie ou l’injure. Mais au-delà de l’efficacité des maximes ou refrains qu’il
scande à longueur de peintures, l’artiste a aussi recours à un langage parallèle, énigmatique,
qui jaillit de la bouche (ou d’autres orifices) de ses personnages ; nombreuses sont les créatures
que l’on voit prolongées d’un phylactère semblable aux ampoules de verre qui forment Homo
Bulla.
Entretien, Martine Dancer et Damien Deroubaix
MD : Revenons à votre pratique. Vos dessins et gravures, assez bruts, sont réalisés avec un
sentiment d’urgence, quelque peu dans l’esprit de Die Brücke7.
DD : C’était surtout le cas quand je peignais sur papier. Au début des grands formats, il
m’arrivait de couper un élément gênant au cutter et de le recoller ailleurs, parfois dans un autre
tableau. Une autre pièce remplaçait le fragment. Cela séchait vite et, oui, cela répondait à une
sorte d’urgence. Avant mon arrivée à Berlin, mes expositions de dessins et de collages étaient
des grands foutoirs, un peu comme une chambre d’adolescent. À Berlin, j’ai tout concentré dans
le tableau. La peinture s’est imposée au cœur de ma pratique. L’impératif de la promptitude
s’est envolé : les couches se sont superposées. Je me suis mis à consacrer parfois trois mois à
des tableaux, même aux plus petits. Il y a eu davantage de décantation. Mes œuvres ont pris un
nouveau souffle, avec plus d’espace et d’ampleur. Les sujets ont aussi acquis plus de
profondeur. Un nouveau dispositif, plus englobant, s’est mis en place, évitant l’éparpillement de
motifs simplement posés les uns à côté des autres.
7 Groupe d’artistes expressionnistes allemands formés à Dresde en 1905.
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« DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE »
MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL – 25 AOÛT 2019
MD : Le phénomène de cristallisation, de condensation, qui préserve pourtant la spécificité de
chaque élément, découle de cette nouvelle dynamique.
DD : Il y a désormais plus d’unité dans mes œuvres et dans l’ensemble de mes activités. Au lieu
de créer des images sur différents supports, de participer à des expositions un peu chaotiques,
tout s’est recentré, comme dans mes tableaux. Des scènes, des paysages sont apparus, en
contraste avec la frontalité de mes débuts. J’avais été marqué par un des films de Rainer
Werner Fassbinder : les acteurs entraient par le côté de l’image et se présentaient tournés vers
la caméra, et ensuite seulement ils commençaient à jouer. J’avais beaucoup étudié le baroque
quand j’étais en quatrième année aux Beaux-Arts : « Le monde entier est une scène8. »
8 La formule est tirée de Comme il vous plaira de William Shakespeare.
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7. Programmation éducative et culturelle
Visite «Une heure / une œuvre»
Vendredi 7 juin à 12h30
Headbangers Ball (2018) de Damien Deroubaix
Visite «Le temps d'une rencontre»
Samedi 6 avril à 14h30 «A deux voix»
Avec Damien Deroubaix et Jacky Fauster du Centre International d'Art Verrier de Meisenthal
autour de l'œuvre Homo Bulla (2011)
Samedi 25 mai à 14h30 «Glissements et métamorphoses»
Avec Julie Gandini, commissaire de l'exposition et conservatrice au MAMCS.
Visite «voir les musées autrement»
Samedi 15 juin à 10h
Visite sensible pour les personnes voyantes, non ou malvoyantes à la découverte des œuvres de
l’exposition
Rencontre
Séances de relaxation, toutes les demi-heures, avec Pierre Capelle, guérisseur et arbologue.
Vendredi 26 avril de 10h à 12h30 et de 14h à 17h «Mise à l’arbre»
Samedi 27 avril de 10h à 12h30 et de 14h à 17h «Mise à l’arbre»
Danse
Dimanche 5 mai à 15h30 « L’aire des assises »
Une performance de Myriam Mihindou et Violaine le Fur évoquant l’univers chamanique de
Damien Deroubaix.
Atelier 6/11 ans
Samedis 27 avril, 4 et 11 mai à 14h30 «La nuit de l'arbre»
Pratiquer en s'inspirant des œuvres de Damien Deroubaix.
Samedi 25, dimanche 26 mai de 14h30 à 17h30 «Rock et Animaux»
Création d'un album, de son univers graphique et musical, avec Guillaume et Maïa, du Club des
chats. Mini-concert en fin de séance.
Atelier jeunes/adultes
Samedi 11 mai de 10h à 12h «Galeries obscures»
Peindre en s'inspirant de l'univers de Damien Deroubaix.
Atelier familles «Les petites formes»
Dimanche 7 avril et 2 juin de 14h30 à 17h «Nuit blanche»
Un atelier ouvert à tous en lien avec l'exposition de Damien Deroubaix.
Visite panachée « Blutch » et « Damien Deroubaix »
Tous les dimanches du 7 avril au 30 juin à 11h.
Parcours au gré d'œuvres choisies dans les expositions de Blutch et de Damien Deroubaix.
À l’Auditorium des Musées
Conférence
Jeudi 25 avril à 19h «L’arbre visionnaire, des artistes et des arbres»
Avec Pascal Pique, historien de l'art et fondateur du Musée de l'Invisible et Pierre Capelle,
guérisseur et arbologue, auteur de Sociomytho-logies de l'arbre, voyage entre ciel et terre.
Entrée libre
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« DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE »
MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL – 25 AOÛT 2019
Cinéma
Mardi 7 mai à 19h, Forbidden Zone de Richard Elfman, 1982, 1h13.
Présenté par Eric Peretti, directeur du Lausanne Underground Film Festival.
La famille Hercule s'installe dans sa nouvelle demeure californienne et découvre dans la cave
un accès à un univers lubrique peuplé de personnages complètement loufoques: un roi nain,
une reine jalouse, des courtisanes en bikini et Satan en personne.
Tarif : 6 € / 4,5 € réduit
Cinéma
Mardi 28 mai à 19h, La notte di San Lorenzo de Paolo et Vittorio Taviani, 1982, 1h47.
A la nuit de San Lorenzo, des étoiles filantes traversent le ciel. Cecilia fait le vœu de pouvoir
raconter à un être cher une autre nuit de San Lorenzo, celle du 10 août 1944.
Tarif : 6 € / 4,5 € réduit
Concert
Samedi 29 juin à 18h et 20h «Blockheads Live Performance»
Performance réalisée par Blockheads, groupe de grindcore
Tarif : 7 €
17DOSSIER DE PRESSE
« DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE »
MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL – 25 AOÛT 2019
8. Partenaires
• Cette exposition est réalisée en partenariat avec le Musée d’art moderne et
contemporain de Saint-Étienne Métropole (MAMC+)
Renseignements
T. +33 (0)4 77 79 52 52
www.mamc.saint-etienne.fr
mamc@saint-etienne-metropole.fr
• Avec le partenariat du Kunstmuseum de Reutlingen pour le catalogue de l’exposition.
https://www.reutlingen.de/kunstmuseum-reutlingen
• Avec le soutien des galeries In Situ – fabienne leclerc, Paris et Nosbaum Reding,
Luxembourg.
18DOSSIER DE PRESSE
« DAMIEN DEROUBAIX, HEADBANGERS BALL – PORTEUR DE LUMIÈRE »
MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG 6 AVRIL – 25 AOÛT 2019
9. Informations pratiques
Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 51 55
Horaires : tous les jours – sauf le lundi – de 10h00 à 18h00
Fermé le 1er janvier, Vendredi Saint, 1er Mai, 1er et 11 Novembre et le 25 décembre.
Accueil des groupes :
Des horaires spécifiques sont réservés aux groupes accueillis par le service éducatif des musées
ou par les guides de l’Office du Tourisme de Strasbourg.
Pour toute visite de groupe de plus de 10 personnes, la réservation est obligatoire,
au 03 68 98 51 54, du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 (de 9h à 12h pendant les vacances
scolaires).
Tarif d’entrée du MAMCS : 7€ (réduit : 3,50 €)
Gratuité :
- moins de 18 ans
- carte Culture
- carte Atout Voir
- carte Museums Pass Musées
- carte Éduc’Pass
- visiteurs handicapés
- étudiants en histoire de l’art, en archéologie et en architecture
- personnes en recherche d’emploi
- bénéficiaires de l’aide sociale
- agents de l’Eurométropole de Strasbourg munis de leur badge
Gratuité pour tous : le 1er dimanche de chaque mois.
Pass 1 jour :
12 €, tarif réduit : 6 € (accès à tous les Musées de la Ville de Strasbourg et à leurs
expositions temporaires)
Pass 3 jours :
18 €, tarif réduit : 12 € (accès à tous les Musées de la Ville de Strasbourg et à leurs
expositions temporaires)
Museums Pass Musées :
1 an - 320 Musées : plus d’informations sur www.museumspass.com
19Damien Deroubaix
Headbangers Ball
Porteur de lumière Demande à adresser à :
Service communication
Des Musées de la Ville de Strasbourg
Musée d’Art moderne et contemporain Julie Barth
6 avril - 25 Août 2019 2 place du Château, Strasbourg
LISTE DES VISUELS TÉLÉCHARGEABLES SUR LE SITE Julie.barth@strasbourg.eu
WWW.MUSÉES.STRASBOURG.EU Tél. + 33 (0)3 68 98 74 78
1. Damien Deroubaix, Wunder der Natur, 2017-2018. 8. Damien Deroubaix, Painter 1 (Death), 2017.
Huile et collage sur toile, 200 x 150 cm Huile et collage sur toile, 200 x 150 cm. Collection de l’artiste, Meisenthal.
Collection privée. Photo : Blaise Adilon © ADAGP Paris 2019 Photo : Blaise Adilon © ADAGP Paris 2019
2. Damien Deroubaix, Sueño, 2014. 9. Damien Deroubaix, Homo Bulla, 2011.
Huile et collage sur toile, 224 x 178 cm. Sculpture en verre sur socle en bois, 230 x 131 x 131 cm.
Collection privée © Rebecca Fanuele © ADAGP Paris 2019 Produit au Centre International d’Art Verrier / Meisenthal, France
avec le soutien du Ministère de la Culture (DRAC Lorraine), du Conseil Régional
3. Damien Deroubaix, Langage, 2018. de Lorraine et de la Communauté de Communes de Pays de Bitche.
Huile et collage sur toile, 37 x 29 cm. Courtesy : galerie In situ - fabienne leclerc, Paris © ADAGP Paris 2019
Collection privée, Paris. Courtesy : galerie In situ - fabienne leclerc,
Paris © ADAGP Paris 2019
4. Damien Deroubaix, The Artist, 2015. 10. Damien Deroubaix, Headbangers ball, 2018.
Huile et collage sur toile, 200 x 150 cm. Huile et collage sur toile, 250 x 380 cm
Collection privée. Courtesy : galerie Nosbaum Reding, Courtesy: Nosbaum Reding, Luxembourg et Galerie In Situ – fabienne leclerc, Paris.
Luxembourg © ADAGP Paris 2019 Photo : Blaise Adilon © ADAGP Paris 2019
5. Damien Deroubaix, My journey to the stars, 2011. 11. Damien Deroubaix, L’Arbre, 2018.
Huile et collage sur toile, 330 x 450 cm Huile et collage sur toile, 200 x 150 cm. Galerie In Situ – fabienne leclerc, Paris.
Collection Durand-Ruel, Strasbourg, MAMCS. Photo : Blaise Adilon © ADAGP Paris 2019
Courtesy : galerie In situ - fabienne leclerc, Paris © ADAGP Paris 2019
6. Damien Deroubaix, Ea, 2013. 12. Damien Deroubaix, Sick bizarre defaced creation, 2009.
Résine, verre et fibre de verre, bois, tissu, 125 x 68 x 187 cm Aquarelle, encre, acrylique, gravure sur bois, papiers découpés et billets de
Courtesy: Nosbaum Reding, Luxembourg © Pauline Guyon / Louis Vuitton. banque, collés sur papier, 320 x 446 cm.
Dans le cadre de l’exposition Astralis, Espace culturel Louis Vuitton, Paris Don de la Société des Amis du Musée national d’art moderne. Projet pour l’art
(2014) © ADAGP Paris 2019 contemporain 2009 en 2009. Centre Pompidou, Paris
Musée national d’art moderne /Centre de création industrielle. © Damien Deroubaix
7. Damien Deroubaix, L’Esprit de notre temps, 2015. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI.
Huile et collage sur toile, 250 x 440 cm Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian © ADAGP Paris 2019.
Galerie In Situ – fabienne leclerc, Paris © Guy Rebmeister © ADAGP Paris 2019 Service presse / Musées de Strasbourg
13. Damien Deroubaix, Des milliers de doigts dans les poches, 2018.
Huile et collage sur toile, 24 x 32 cm
Courtesy de l’artiste. Photo : Blaise Adilon © ADAGP Paris 2019Vous pouvez aussi lire
