Décès de Michel Schneider (1944-2022)
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© Société Psychanalytique de Paris Décès de Michel Schneider (1944-2022) Auteur(s) : Mots clés : « Les livres sont écrits dans le dos de l’amour. À l’autre on réclame : “Dis-moi que j’existe.” Il arrive qu’il réponde, et je crains qu’il ne soit le seul à pouvoir le faire…» ( Lu et entendu, Fil Rouge, PUF, 2013) page 1 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris La SPP a la très grande tristesse d’annoncer le décès de Michel Schneider (1944-2022), psychanalyste, musicien et musicologue, écrivain, et haut fonctionnaire. Dans son activité de psychanalyste, Michel Schneider était proche de l’APF, et avait travaillé avec J.-B. Pontalis à la rédaction de la Nouvelle Revue de Psychanalyse. Il a dirigé des séminaires cliniques et de littérature, et a occupé une place particulière dans le monde psychanalytique ; ses positions critiques par rapport à Lacan (Lacan : les années fauves, 2010), ses analyses sociologiques (Big Mother, 2003), se conjuguaient avec une écriture littéraire de grande qualité. On lui doit des romans : Comme une ombre (2011) et le plus récent, L’homme aux livres (2021), ainsi que beaucoup d’essais biographiques, dont celui sur Glenn Gould, (GlennGould, piano solo, 1988) ou le « roman psychanalytique » : Marylin, dernières séances (2006) ainsi qu’un travail sur Proust, Maman ( 1999). Prix Medicis essai en 2003 pour Morts imaginaires, il avait écrit des articles psychanalytiques réunis dans le volume Lu et entendu, en 2013. Michel Schneider a eu une présence marquante auprès de ses collègues psychanalystes, et la peine est très grande de le savoir disparu. Ses obsèques auront lieu le 29 juillet prochain au Crématorium du Père – Lachaise à 14H30. La SPP présente ses condoléances très chaleureuses à ses enfants et à sa famille. page 2 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris Décès de Michel Schneider (1944-2022) Auteur(s) : Mots clés : La SPP a la très grande tristesse d’annoncer le décès de Michel Schneider (1944-2022), psychanalyste, musicien et musicologue, écrivain, et haut fonctionnaire. Dans son activité de psychanalyste, Michel Schneider était proche de l’APF, et avait travaillé avec J.-B. Pontalis à la rédaction de la Nouvelle Revue de Psychanalyse. Il a dirigé des séminaires cliniques et de littérature, et a occupé une place particulière dans le monde psychanalytique ; ses positions critiques par rapport à Lacan (Lacan : les années fauves, page 3 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris 2010), ses analyses sociologiques (Big Mother, 2003), se conjuguaient avec une écriture littéraire de grande qualité. On lui doit des romans : Comme une ombre (2011) et le plus récent, L’homme aux livres (2021), ainsi que beaucoup d’essais biographiques, dont celui sur Glenn Gould, (GlennGould, piano solo, 1988) ou le « roman psychanalytique » : Marylin, dernières séances (2006) ainsi qu’un travail sur Proust, Maman ( 1999). Prix Medicis essai en 2003 pour Morts imaginaires, il avait écrit des articles psychanalytiques réunis dans le volume Lu et entendu, en 2013. Michel Schneider a eu une présence marquante auprès de ses collègues psychanalystes, et la peine est très grande de le savoir disparu. Ses obsèques auront lieu le 29 juillet prochain au Crématorium du Père – Lachaise à 14H30. La SPP présente ses condoléances très chaleureuses à ses enfants et à sa famille. « Les livres sont écrits dans le dos de l’amour. À l’autre on réclame : « Dis-moi que j’existe. » Il arrive qu’il réponde, et je crains qu’il ne soit le seul à pouvoir le faire… ( Lu et entendu, Fil Rouge, PUF, 2013). page 4 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris Décès de Gérard Jover (1951-2022) Auteur(s) : Mots clés : C’est avec une très grande tristesse que nous apprenons le décès de notre Collègue et ami Gérard Jover. Gérard Jover était psychiatre, psychanalyste, pembre de la SPP et du Groupe Toulousain depuis 1992. Il exerçait en libéral à Toulouse notamment auprès d’enfants et adolescents et était expert auprès des tribunaux. Durant de nombreuses années, il est intervenu à l’AAT (Association Accueil Toxicomanie) après avoir collaboré à la Guidance Parentale. Il partageait sa retraite entre Biarritz et Toulouse. Décès de Geneviève Haag (1933-2022) Auteur(s) : Mots clés : page 5 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris C’est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès de Geneviève Haag. Geneviève Haag a été une grande figure de la psychanalyse avec l’enfant. Nous perdons une collègue estimée et une chercheuse infatigable. Sa vitalité, sa curiosité intellectuelle et son intérêt profond pour la psychanalyse et la psychanalyse avec l’enfant, son appétit pour la transmission nous manqueront. A nous de continuer à faire vivre sa pensée… La SPP, 6 juillet 2022 Le parcours de Geneviève Haag par Hélène Suarez Labat Geneviève Haag était psychiatre, ancienne interne des hôpitaux psychiatriques de la Seine. En 1964, elle est appelée par le Pr Didier Duché pour rejoindre l’équipe de L’Institut Médico Educatif Marie-Auxiliatrice à Champrosay (Essonne). Elle en deviendra le médecin chef, et y créera, dans les années 80, des dispositifs page 6 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris innovants de soins individuels et groupaux destinés aux enfants atteints de troubles polyfactoriels présentant des troubles autistiques sévères. Dans les années 60, elle rejoint le Dr Henri Sauguet à L’Institut Claparède à Neuilly sur Seine. Elle y rencontre James Gammill qui devient un de ses superviseurs. Il l’engage à établir des contacts avec les psychanalystes anglo-saxons qui s’occupent d’autisme. A l’institut Claparede, elle a occupé les fonctions de médecin consultant et de psychothérapeute auprès des enfants qui présentaient, pour certains, des états autistiques. Elle les recevait avec leur famille, avec leurs frères et sœurs, s’intéressait de plus en plus au développement du bébé en ayant bénéficié des transmissions de Frances Tustin et de Esther Bick, dont elle fut l’élève. Elle créa une équipe pluridisciplinaire dynamique avec des dispositifs novateurs et une méthode de travail psychanalytique extrêmement rigoureuse. Infatigable chercheuse, Geneviève Haag a publié de nombreux articles depuis 1977 où elle a présenté avec Cesar et Sara Botella au Congrès des psychanalystes de langues romanes une conférence princeps : « En deçà du suçotement » ; elle a ouvert la voie à de nombreuses recherches et à la publication de 300 articles, traduits en différentes langues. En 2018, elle a obtenu le 56ème Prix Maurice Bouvet pour son ouvrage paru aux Puf « Le moi corporel. Autisme et développement ». Un deuxième ouvrage paraîtra en Août 2022 qui retrace l’histoire et l’actualité de ses recherches sur les processus de changement dans l’autisme : « La grille d’évaluation de l’autisme » aux Puf. Ses travaux se situent au carrefour de plusieurs chemins, où elle a page 7 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris croisé des pionniers de la psychanalyse et des espaces psychiques primitifs, qui ont, eux aussi, défriché les voies empruntées par le négatif. Elle avait installé un dialogue avec plusieurs psychanalystes dont André Green, Piera Aulagnier, Didier Anzieu, Michel Soulé, Florence Guignard, Didier Houzel, Bernard Golse, Maria Rhode et David Rosenfeld. On retrouve également dans ses travaux un prolongement du travail winicottien de défrichage des relations entre soma, psyché, création des espaces psychiques, avec lesquels elle faisait des liens avec ses propres découvertes relatives au moi corporel et à l’image du corps. C’est en 1983 qu’elle était devenue membre de la SPP. C’est autour de Donald Meltzer et Marta Harris et de leur venue régulière en France que fut créé en 1973 le Gerpen auquel Geneviève participa activement. En 2004, elle créa la CIPPA en demandant à M.D. Amy de la rejoindre pour l’aider à organiser le rassemblement des psychanalystes s’occupant des personnes autistes, à promouvoir des recherches, et à organiser des débats avec d’autres disciplines ; aujourd’hui la CIPPA est devenue une association au rayonnement international qui conserve l’esprit de recherche transmis par Geneviève Haag. Geneviève Haag aimait les liens avec l’esthétique, elle nous laisse une œuvre riche de découvertes et de nouvelles perspectives de recherches à venir. Comme elle aimait souvent dire : « Nous n’avons pas fait le tour de cette question ou de ce problème ». Ainsi elle cherchait toujours à découvrir de nouveaux chemins empruntés par les processus et leurs mises en sens pour penser les intégrations du rythme et de ses fantaisies. Elle a rejoint son mari Michel Haag avec qui le dialogue était incessant. page 8 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris LOU ANDREAS SALOMÉ – La compreneuse Auteur(s) : Mots clés : d’Annie Anargyros Connue pour sa beauté, sa brillante intelligence et sa réputation de femme libre, Lou Andreas Salomé fut le grand amour de F.Nietsche et de R.M.Rilke. Très célèbre et appréciée pour son talent de romancière, d’essayiste et de critique d’art, elle vivait à Berlin. Déjà féministe, elle pensait que la femme devait revendiquer sa liberté – n’être fidèle qu’à elle-même. C’est en septembre 1911 que se produisit pour Lou un événement qui allait changer sa vie : elle rencontra Sigmund Freud. Elle lui écrivit : « Depuis le Congrès de Weimar, je désire me consacrer dans tous les sens du mot à la Cause de la psychanalyse. » Après son installation à Göttingen, un échange de lettres fidèle, régulier et affectueux la lie à Freud. Il apprécie tous les écrits de Lou et les fait éditer dans la Revue Imago. Lou A. Salomé restera une grande théoricienne. Souvent lyrique, alliant la recherche scientifique à l’écriture littéraire, son œuvre frappe par son audace et sa modernité. Annie Anargyros est psychanalyste, ancien membre titulaire de la page 9 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris S.P.P., auteur de plusieurs livres sur des écrivains russes : Tolstoï, Tchékhov, Tourgueniev. Acheter sur le site de l’éditeur : www.editions-harmattan.fr Données éditoriales L’Harmattan, Paris. Broché – format : 13,5 x 21,5 cm • 244 pages ISBN : 978-2-343-25058-8 — 24,50 € Position psychanalytique contre le dogmatisme appliqué à l’autisme Auteur(s) : Mots clés : page 10 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris El Niño de Elche. Obra de Martin Gimenez Laborda. Depuis des décennies il est répété en boucle par certains que les psychanalystes ont commis des erreurs et des fautes à l’égard des personnes autistes et de leurs parents avec des hypothèses étiologiques non scientifiques et culpabilisantes. Ces affirmations ne sont pas infondées mais elles ne sont plus d’actualité et j’attends qu’un historien professionnel fasse un travail documenté centré sur cette question complexe “les psychanalystes et l’autisme”. Le document en français et en anglais signé par des collègues de plusieurs pays : Landman Patrick, Leguil François et J-C. Maleval, est à télécharger ici. Brochure Autisme : POSITION PSYCHANALYTIQUE CONTRE LE DOGMATISME APPLIQUÉ À L’AUTISME page 11 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris Annie Anzieu, Psychanalyste de l’enfance. Du corps aux langages, destins de l’affect Auteur(s) : Mots clés : Sous la direction de Sesto Marcello Passone avec la collaboration de Dominique Fessaguet. Avant-propos de Xavier Giraut. GROUPES, SOCIÉTÉ EUROPÉENNE POUR LA PSYCHANALYSE DE L’ENFANT ET L’ADOLESCENT (SEPEA) Un livre hommage à Annie Anzieu et à sa passion clinique et théorique pour la psychanalyse de l’enfant Plus de quinze analystes de différents pays rendent hommage à Annie Anzieu (1924-2019), en dialoguant avec la longue et riche expérience d’une analyste fine et déterminée. Figure significative de la psychanalyse française, membre de l’APF, Annie Anzieu avait pour l’enfance une authentique passion clinico-théorique. Après avoir introduit la psychanalyse avec l’enfant à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière – à l’invitation de Daniel Widlöcher, en 1994 – Annie Anzieu fonde, avec Florence Guignard, la Société européenne pour la Psychanalyse de l’enfant et de l’adolescent (SEPEA), lieu d’échanges pluriels, de recherche et de transmission page 12 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris unique dans ce domaine en Europe. Les contributions présentes dans ce volume, sous la plume de collègues, élèves et lecteurs, témoignent de l’intérêt des apports théorico-cliniques et de technique psychanalytique d’Annie Anzieu dans la cure de l’enfant. La place originaire du corps et celle des affects occupent le premier plan dans l’écoute psychanalytique ainsi que leurs destins de transformation en langages symboliques pour le soi en devenir parmi les autres. Des thématiques devenues celles d’une psychanalyse contemporaine ; elles concernent tout âge et toute cure analytique, des enfants comme des adultes. AUTEURS : Maria Luisa Algini, Christine Anzieu-Premmereur, Loïse Barbey-Caussé, Myriam Boubli, Dominique Fessaguet, Teresa Flores, Annette Fréjaville, Xavier Giraut, Bernard Golse, Florence Guignard, Didier Houzel, Agnès Lauras-Petit, Nicole Llopis-Salvan, Sesto-Marcello Passone, Rémy Puyuelo, Luis Rodriguez de la Sierra, Hélène Suarez Labat, Manuela Utrilla Robles. Lire le sommaire Annie Anzieu, Psychanalyste de l’enfance Voir sur le site de l’éditeur Données éditoriales Éditions In Press ISBN/EAN 978-2-84835-746-1 – 250 pages — 20,00€ page 13 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris 25-26 Juin 2022. Week-end de travail à l’Institut de Psychanalyse de Paris : « Le Channel project ». Auteur(s) : Mots clés : Le “Channel project” est une initiative commune dont le but est de favoriser des échanges stimulants et créatifs au sein de l’IPSO entre des analystes en formation de la British Psychoanalytical Society et ceux des sociétés psychanalytiques françaises de l’IPA. Dans le contexte actuel de remise en question de notre discipline, doublé d’un certain repli sur soi, il nous page 14 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris semble important de prolonger la tradition psychanalytique qui existe depuis de nombreuses années, en créant du lien entre les différents instituts de l’IPA. Nous avons donc créé un petit groupe de travail afin de partager notre clinique et les similitudes et différences de nos cursus respectifs, avec plusieurs rencontres annuelles par zoom et deux week-ends par an, l’un à Paris et l’autre à Londres, une journée étant consacrée à la clinique ( deux cas, l’un « français » , l’autre « anglais ») et l’autre à la lecture d’un texte. Samedi dernier, nous avons eu la chance de commencer notre première journée avec Ellen Sparer à nos côtés, qui a commenté la clinique d’une de nos collègues de la BPS, suivie d’un déjeuner dans un bon restaurant italien de la Butte aux Cailles. C’est une première expérience qui, nous l’espérons, suscitera le désir chez nos collègues de futurs travaux communs entre la France et le Royaume Uni. Les Néosexualités, autour de l’œuvre de Joyce McDougall page 15 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris Auteur(s) : Laure Bonnefon-Tort Mots clés : Joyce McDougall Conférence de Laure Bonnefon-Tort donnée le 12 mai 2022 dans le cadre des Conférences d’Introduction à la Psychanalyse de l’Adulte Compte rendu écrit par Keren Shemesh, membre de la S.P.P. Laure Bonnefon-Tort, qui a eu la chance de connaître Joyce McDougall et de l’avoir eue comme superviseuse, nous a parlé, avec enthousiasme et émotion, de sa pensée novatrice, de sa sensibilité à la souffrance humaine ainsi que de sa liberté d’esprit. Son originalité, à la fois en tant que théoricienne et clinicienne, est certainement liée à son parcours singulier : Née en Nouvelle Zélande, elle fut formée à Londres, chez Anna Freud, puis en France, où elle devint, en 1961, membre titulaire de la SPP. Joyce McDougall est à la recherche du sens à partir du vécu émotionnel de l’enfance et elle met l’accent sur le lien entre psychose et création (son premier livre, Dialogue avec Sammy (1960/84), préfacé par Winnicott, est le premier compte rendu d’une psychanalyse d’un enfant psychotique). Contrairement à Lacan, qui met l’accent sur la structure psychique, on retrouve plutôt chez Mc Dougall l’idée freudienne du continuum entre les structures, entre le normal et le pathologique. Elle découvre le lien entre la création des pièces de théâtre intérieures dans l’enfance et la sexualité de l’adulte. Dans Plaidoyer pour une certaine anormalité (1978), livre qui lui donne sa renommée internationale, elle interroge « le mythe de la page 16 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris normalité ». Bien qu’elle y emploie les termes de « perversion » ou de « déviance », comme il était d’usage à son époque, elle montre une très grande ouverture d’esprit et associe la normalité à la « face cachée de la lune ». Le travail avec McDougall, comme en témoigne Laure Bonnefon- Tort, apprend à rester fidèle à la neutralité bienveillante qui ne rime en aucun cas avec l’indifférence. Il s’agit de mettre entre parenthèses nos jugements de valeurs. En effet, dans certains domaines, et surtout quand il s’agit de la sexualité, nos jugements sont inconsciemment infiltrés par des normes. Dans les années 70, l’homosexualité est encore souvent classée parmi les perversions (la dépénalisation de l’homosexualité en France date de 1982 et sa sortie du DSM seulement de 1973). Pour Laure Bonnefon-Tort, McDougall est pionnière de par son approche libre de la sexualité ; elle cite également Évelyne Kestemberg qui, à l’époque, a également critiqué toute attitude moralisatrice envers l’homosexualité, soulignant cependant, qu’elle pense que celle-ci proposait une vision édulcorée et normative de l’homosexualité féminine. Laure Bonnefon-Tort se demande d’ailleurs si l’association entre féminité et maternité ne serait pas à l’origine de la suppression de tout élément de masculinité quand il s’agit de l’homosexualité féminine. Pour nous donner une idée du style de McDougall, Laure Bonnefon-Tort nous propose un extrait de l’analyse de Jason, un cas clinique figurant dans Éros aux 1001 visages : initialement, la demande d’analyse de cet homme est centrée sur des obsessions qui envahissent sa vie ainsi que sur des pratiques sexuelles sadomasochistes compulsives. Dans cet extrait, Jason, qui aime, entre autres, se faire pénétrer par les femmes, veut être reconnu page 17 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris comme homosexuel alors qu’il ne se sent pas attiré par les hommes. Il exprime sa colère envers son ancien analyste qui lui disait qu’il n’était pas homosexuel car il n’avait jamais couché avec un homme. Voici l’intervention de McDougall : « Il me semble qu’il y a deux Jason qui parlent ici : l’un est homosexuel et veut qu’on lui donne un pénis afin de devenir un homme et l’autre, hétérosexuel, veut faire l’amour avec une femme, avec le fantasme de se voir attribuer par elle le pénis. » (Eros, p.248). Faisant le lien avec la clinique actuelle, Laure Bonnefon-Tort remarque que nos patients d’aujourd’hui, investissant une identité de genre plus fluide, ne cherchent plus forcément à déterminer s’ils sont « homo ou « hétéro. » Le regard neutre de McDougall est un prolongement du regard original de Freud, tel qu’il l’exprime dans les Trois essais. Freud mettait en cause la représentation courante selon laquelle les deux sexes sont naturellement attirés l’un vers l’autre, soulignant que la pulsion n’a ni objet ni but naturel. Pourtant, certains analystes ont rejoint un discours conservateur et moralisateur. Selon McDougall, le choix de l’objet sexuel ne permet en rien de déterminer un fonctionnement psychique : il existe autant de variété d’actes et de formes de relations homosexuelles qu’hétérosexuelles. Elle va même plus loin et refuse de ranger les patients dont les pratiques sexuelles sont jugées comme particulières dans la catégorie des « pervers » et propose d’introduire le terme de néosexualité pour décrire tous les comportements qui s’écartent des normes homosexuelles et hétérosexuelles, et cela pour plusieurs raisons : tout d’abord pour éviter le terme de perversion, de nature morale, ayant une connotation péjorative et par là une influence sur la relation entre l’analyste et son patient (via le contre transfert). La deuxième page 18 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris raison est liée à la pertinence clinique. Face au nombre infini de variants, McDougall refuse les étiquettes issues des classifications standards. Le troisième point : ce nouveau terme lui permet de mettre en valeur l’aspect novateur, la « réinvention de l’acte sexuel », chez certains, en lien avec leur histoire et éventuels traumas. Laure Bonnefon-Tort cite McDougall dans Plaidoyer : « Si on répugne à être « ordinaire » on ne désire pas pour autant être anormal ». La quatrième raison précise et restreint le terme de « perversion », il est donc réservé uniquement aux cas où il s’agit d’une relation sexuelle imposée à un individu non consentant ou non responsable, agissements sexuels qui sont par ailleurs condamnés par la loi. McDougall nous invite à nous interroger sur l’origine de nos propres jugements et à nous poser certaines questions par rapport à notre choix du métier d’analyste, et Laure Bonnefon-Tort la cite : « Avons-nous remplacé notre désir voyeuriste de surprendre les secrets de la scène primitive par l’admirable désir de savoir ? Ou encore avons-nous substitué à notre désir de posséder à la fois la fertilité masculine et féminine de nos parents celui de créer des théories explicatives concernant nos analysants ? Avons-nous remplacé notre culpabilité d’avoir fantasmé des attaques contre les objets significatifs de notre monde interne par le besoin de réparer et de guérir le monde psychique des autres?… » (Eros, p.273). Luttant contre la standardisation et le passage par des schémas tout faits, McDougall nous rappelle qu’il est en fait aussi compliqué d’expliquer comment on devient hétérosexuel qu’homosexuel ou néosexuel… Comment donc faire la part des choses entre sexualités et néosexualités ? Le seul critère de distinction, selon McDougall, est page 19 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris la souffrance du sujet, à nouveau, elle évite les étiquettes. Depuis Plaidoyer, l’idée centrale de McDougall, peut se résumer ainsi : névrose, psychose, perversion, œuvre d’art, maladie psychosomatique sont à entendre comme des créations du sujet. La créativité à l’œuvre en chacun est au service de la recherche d’une solution psychique. Cette solution, cette tentative d’auto- guérison revient à éviter une catastrophe. Fidèle à la métaphore théâtrale, McDougall nous invite donc à reconstruire avec nos patients, lorsqu’ils sont en souffrance, le sens caché des mises en scène complexes qu’il ont créées dans leur sexualité mais dont la signification leur échappe. Comme elle le rappelle dans Théâtres du Je, il s’agit de pièces de théâtre lacunaires, dont l’auteur lui- même a perdu le sens originel. Elles constituent des solutions psychiques face aux angoisses primordiales des sujets. Afin d’illustrer ce travail de reconstruction analytique, Laure Bonnefon-Tort nous apporte plusieurs exemples cliniques, tirés des œuvres de McDougall, nous démontrant ainsi la richesse clinique de sa pensée. À la fin de sa conférence, Laure Bonnefon-Tort cite le dernier chapitre du dernier livre de McDougall, qui s’intitule « En quête d’un nouveau paradigme pour la psychanalyse ». Celui-ci témoigne de sa clairvoyance et de sa capacité d’anticipation car elle y souligne que l’axe du travail analytique semble se déplacer du « droit d’aimer et de travailler », à celui du « droit d’exister » (Eros, p298). Pour conclure, soulignons que la riche discussion qui a suivi a permis de préciser quelques points supplémentaires, notamment, le lien, sur lequel insiste McDougall, entre sexualité et trauma, un trauma universel, né souvent de la découverte de la différence des page 20 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
© Société Psychanalytique de Paris sexes. La solution néosexuelle serait donc une manière de surmonter une angoisse. McDougall, qui était moins silencieuse que d’autres analystes de sa génération, proposait un holding par la parole et dans une attitude très bienveillante accordait une attention particulière au contre transfert, y compris au contre transfert corporel. page 21 | 21 https://www.spp.asso.fr/cdl_annee_article/2022/
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