Déclinaison régionale du plan national d'actions - DREAL Auvergne-Rhône-Alpes

 
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Déclinaison régionale du plan national d'actions - DREAL Auvergne-Rhône-Alpes
Déclinaison régionale du
        plan national d’actions
                                 en faveur de
 la Pie-grièche grise (Lanius excubitor) et de
la Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator)
                                 en Auvergne
                                  2015 – 2019

                                                       DREAL Auvergne
                         Ligue pour la Protection des Oiseaux Auvergne

                     http://www.auvergne.developpement-durable.gouv.fr
Déclinaison régionale du plan national d'actions - DREAL Auvergne-Rhône-Alpes
Déclinaison régionale du plan national d’actions en faveur des Pies-grièches – Auvergne 2015-2019 - septembre 2014

                                 Déclinaison régionale du
                                  plan national d’actions
                                                  en faveur de
                  la Pie-grièche grise (Lanius excubitor) et de
                 la Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator)
                                                  en Auvergne
                                                   2015 – 2019
        Rédigée par :
                                   Jean-Jacques LALLEMANT & Pierre TOURRET
                                  Ligue pour la Protection des Oiseaux Auvergne
                                              2 bis rue du Clos Perret
                                             63100 Clermont-Ferrand
                                        04 73 36 39 79 / auvergne@lpo.fr

        Avec la contribution des membres du comité de pilotage et des nombreux naturalistes
        contributeurs de données (voir en annexes)

        Avec le suivi de :
                                                 David HAPPE
                             DREAL Auvergne – Service Eau, biodiversité et Ressources
                                              7 rue Léo Lagrange
                                       63033 Clermont-Ferrand cedex 1
                                                04 73 17 37 84

        Document validé par :
            Le comité de pilotage de la déclinaison régionale du PNA Pies-grièches en date du 12
             décembre 2013 (comptes-rendus en annexe)
            Le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel dans son avis en date du 24
             juin 2014 (en annexe)
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Déclinaison régionale du plan national d’actions en faveur des Pies-grièches – Auvergne 2015-2019 - septembre 2014

                                                                        Sommaire
        LA PIE-GRIECHE A TETE ROUSSE EN AUVERGNE ..................................................................................... 3
           1 –PRESENTATION ET STATUT ............................................................................................................. 3
           2. PHENOLOGIE DE LA REPRODUCTION EN AUVERGNE ..................................................................... 5
           3. SON HABITAT ................................................................................................................................... 7
           4. POPULATION REGIONALE, REPARTITION, EVOLUTIONS ............................................................... 10
           5. INFORMATIONS RELATIVES A L’ETAT DE CONSERVATION DE L’ESPECE ....................................... 15
           6. INFORMATIONS RELATIVES AUX SITES EXPLOITES PAR L’ESPECE ................................................. 16
           7. RECENSEMENT DES MENACES ...................................................................................................... 19
           8. RECENSEMENT DES ACTIONS DE CONSERVATION EN AUVERGNE ............................................... 20
        LA PIE-GRIECHE GRISE EN AUVERGNE................................................................................................... 21
           1 –PRESENTATION ET STATUT ........................................................................................................... 21
           2. PHENOLOGIE DE LA REPRODUCTION EN AUVERGNE.................................................................... 23
           3. SON HABITAT ................................................................................................................................. 26
           4. POPULATION REGIONALE, REPARTITION, EVOLUTIONS ............................................................... 28
           5. INFORMATIONS RELATIVES A L’ETAT DE CONSERVATION DE L’ESPECE ....................................... 39
           6. INFORMATIONS RELATIVES AUX SITES EXPLOITES PAR L’ESPECE ................................................. 42
           7. RECENSEMENT DES MENACES ...................................................................................................... 45
           8. RECENSEMENT DES ACTIONS DE CONSERVATION EN AUVERGNE ............................................... 46
        ENJEUX ET OBJECTIFS ............................................................................................................................ 48
        LES ACTIONS DE LA DECLINAISON REGIONALE ..................................................................................... 51
        FICHES ACTIONS DETAILLEES ................................................................................................................. 52
        TABLEAU DE SYNTHESE ......................................................................................................................... 75
        BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 76
        ANNEXE 1............................................................................................................................................... 78
        EXEMPLES DE BIOTOPES DE .................................................................................................................. 78
        PIE-GRIECHE A TETE ROUSSE ................................................................................................................. 78
        ANNEXE 2............................................................................................................................................... 80
        EXEMPLES DE BIOTOPES DE .................................................................................................................. 80
        PIE-GRIECHE GRISE ................................................................................................................................ 80
        ANNEXE 3 – MEMBRES DU COMITE DE PILOTAGE ................................................................................ 82
        ANNEXE 4 – Compte-rendu du copil du 24 janvier 2013 ...................................................................... 83
        ANNEXE 5 – Compte-rendu du copil du 12 décembre 2013 ................................................................. 86
        ANNEXE 6 – Avis du CSRPN ................................................................................................................... 87
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Déclinaison régionale du plan national d’actions en faveur des Pies-grièches – Auvergne 2015-2019   septembre 2014

      LA PIE-GRIECHE A TETE ROUSSE EN AUVERGNE

      1 –PRESENTATION ET STATUT

      En Auvergne, seule la race nominale est présente : Lanius senator senator. Pour l’anecdote, il
      existe une observation de la race spécifique à la Corse (L. s. badius) dans notre région : une
      vue le 21 avril 2004 à Roffiac (15) (donnée homologuée par le comité d’homologation
      régional). La Pie-grièche à tête rousse est un bel oiseau, aux couleurs tranchées et voyantes.
      Malgré cela, il faut comprendre qu’il s’agit en fait d’un oiseau discret, de petite taille. Vivant
      dans des milieux ouverts, parsemés d’arbres, découvrir la Pie-grièche à tête rousse est, le plus
      souvent, assez délicat.

      Cet oiseau est protégé au niveau national par l’arrêté du 29 octobre 2009. La Pie-grièche à tête
      rousse est classée NT = « quasi menacée » dans la liste rouge nationale (UICN & MNHN,
      2008). Sa tendance d’évolution est évaluée à –2 en France, ce qui correspond à une baisse des
      effectifs nicheurs de plus de 50%, depuis la mise en application de la Directive Oiseaux
      79/409.

      En Auvergne, la Pie-grièche à tête rousse est connue de tous les départements, depuis
      longtemps. Cette pie-grièche est présente surtout dans les parties planitiaires et collinéennes
      de la région. Toutefois, des populations existent sur des plateaux élevés (Cantal et Haute-
      Loire), entre 1000 et 1200 m principalement. Il s’agit là d’une spécificité régionale. Le record
      est un oiseau vu le 14 juillet 2011, sur la commune des Estables (43), vers 1365 m. Dans notre
      région, cet oiseau est classé EN = « En Danger » dans la liste rouge régionale (LPO, 2008).

      Le portail « faune-auvergne.org » cumule 1 172 données sur cette espèce, depuis 1958 (au 1er
      janvier 2013). Le schéma, page suivante, montre la répartition géographique des données.

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                         Répartition des observations en
        Puy-de-
                                    Auvergne
         Dôme
          11%
                   Haute-Loire
                      10%
                                                                Allier
                                                                42%

                                          Cantal
                                           37%

      Le nombre de données augmentent au fil des années, ce qui masque la réalité de l’évolution
      des populations. Ce biais vient du nombre croissant d’observateurs qui transmettent des
      informations. Par contre, et contrairement à l’autre espèce, ces valeurs reflètent mieux la
      répartition réelle de cet oiseau :

              encore bien représenté dans l’Allier,
              dans le Cantal, on note une population en déclin, plus dispersée par bastions, mais bien
               observée encore
              nettement plus rare en Haute-Loire (avec peu d’observateurs il est vrai, mais cela
               correspond à la situation du sud-est)
              enfin, population très faible (au seuil de la disparition) et dispersée dans le Puy-de-
               Dôme (avec beaucoup d’observateurs)

      Un total régional de 1 172 données est bien entendu très éloigné de celui d’espèces comme la
      Buse variable (39 035 données), le Merle noir (37 793), qui sont les espèces les plus notées
      dans notre région. La Pie-grièche grise cumule presque 9 900 données. La Pie-grièche à tête
      rousse est donc bien un oiseau peu observé, mal connu en Auvergne : c’est une donnée de
      base.

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      2. PHENOLOGIE DE LA REPRODUCTION EN AUVERGNE

      Cette espèce arrive en région à partir de la fin d’avril. La date la plus précoce connue est le 31
      mars 1990 à Saint-Flour (63), sur un site référencé pour être fréquenté. Cette date reste très
      inhabituelle, car très rares sont celles obtenues en avril. Les autres dates record sont le 15 avril
      2011 à Ytrac (15), puis le 18 avril 2002 à Rouziers (15). Le gros de la population arrive et
      s’installe début mai. Sur 80 dates de « premières observations », la moyenne générale s’établit
      au 1er mai. Cette date moyenne d’arrivée avance au fil des décennies. Elle passe de début mai
      (le 4 ou le 7 mai) dans les années 70 et 80, pour se situer ces 3 dernières années, vers le 27
      avril. La Pie-grièche à tête rousse est présente jusqu’en août. La date moyenne de « dernière
      observation » est le 22 août (basée sur 53 données). Elle retarde son départ de plus en plus.
      Dans la décennie 70, cette date se situait autour du 20 août et ces 3 dernières années, elle est
      reportée au 31 de ce mois. Les dates extrêmes sont les 13 et 14 septembre et le record régional
      pour une dernière observation est le 1er octobre 2010.

      Ces oiseaux n’élèvent qu’une nichée annuellement.

      Parmi le total d’observations et pour documenter ce chapitre, il est intéressant d’extraire les
      informations se rapportant à des reproductions certaines et probables. Sur ce critère de
      sélection, 449 données sont obtenues, soit 38,3% du total. La hiérarchie départementale
      évoquée précédemment se trouve quelque peu modifiée :

           Le Cantal (depuis 1980) et l’Allier (depuis 1975) sont à égalité avec 180 données
            chacun, soit 40% chacun.
           Puis vient la Haute-Loire avec 59 données depuis 1979.
           Le Puy-de-Dôme n’en cumule que 30 (6,6%), depuis 1958.

      Les couples se cantonnent sitôt de retour sur leur territoire. Une recherche fait apparaître que
      la construction des nids débute vers le 10- 15 mai, soit quelques jours après l’arrivée des
      oiseaux. Aucune information n’a été trouvée concernant les dates et les tailles de ponte. Celle-
      ci doit logiquement avoir lieu à partir de la 3ème décade de mai, ce qui est conforme à la
      littérature. Seulement 3 données évoquent la femelle qui couve. Elles sont toutes situées entre
      le 21 et 24 juin, mais sans possibilité de savoir si ces oiseaux abritaient des œufs, des
      poussins, ou des jeunes prêts à l’envol. Les informations prouvant la présence des poussins ou
      des jeunes au nid sont moins rares. Plus de 80 données situent cette période surtout à partir de
      mi-juin, puis jusqu’au 28 août (2010). Elles sont surtout obtenues par les observations de
      ravitaillements au nid par les parents. Elles sont datées de juin (36,7%), puis majoritairement
      en juillet (49,3%), puis en août (13,9%). La date la plus tardive (28 août) concernait
      probablement une ponte de remplacement. En moyenne les jeunes restent proches de leurs
      parents durant un mois après leur envol.

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      La taille des nichées est une information rarement bien détaillée. Les archives permettent de
      sélectionner 113 informations exploitables : 26 nichées sont estimées comporter 1 jeune
      (24,2%) et 43 autres 2 jeunes (40,1%). Attention, dans la plupart de ces cas-là, il est souvent
      dit : « au moins 1 ou 2 jeunes », les observateurs n’ayant pas eu le temps ou l’opportunité de
      bien observer la réalité. Puis, 33 nichées sont annoncées avec 3 jeunes (26,1%) et 11 en
      comptaient 4 (9,3%). Le maximum possible est documenté par une seule observation : une
      famille composée de 5 jeunes et leurs parents, à Lamothe (43), le 10 août 1994. La moyenne
      régionale obtenue est de 2,3 jeunes / nichée observée. Cette valeur approche celles qui sont
      données dans la littérature pour la France.

                     Photo n°1 : Une femelle inquiétée par la présence humaine (photo Marc Pommarel./ LPO)

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      3. SON HABITAT

      La Pie-grièche à tête rousse est qualifiée d’oiseau thermophile. Elle se cantonne en effet plutôt
      dans les parties planitiaires de l’Auvergne (voir la carte ci-dessous). Rien n’étant simple, il a
      déjà été évoqué que l’Auvergne se distingue par une population originale d’altitude (parfois
      plus de 1100 m).

      Cependant, les cartes de répartition du chapitre 4, surtout celles concernant les nicheurs,
      montrent qu’elle évite, globalement, les parties de la région bénéficiant de microclimats froids
      et humides.
                              Carte n°1 : Répartition régionale de toutes les données de reproduction
                                 certaine et probable de la Pie-grièche à tête rousse, depuis 1958.

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      La carte n°1, de la page précédente, montre ainsi l’absence de cet oiseau (ou quasi) :

         à l’ouest des Monts du Cantal
         dans les Combrailles (ouest 63)
         dans l’Artense (ouest Cézallier)
         à l’ouest des Monts du Pilat (43)
         à l’ouest des massifs du Forez et Bois-Noirs

      Dans les collines, elle se tient volontiers dans des vallons chauds, exposés au sud.

      Au-delà de cet aparté climatique, cette pie-grièche recherche globalement les espaces ouverts,
      principalement prairiaux et arborés. Elle les accepte un peu plus fermés que ceux que choisit
      la Pie-grièche grise. En Auvergne, c’est le bocage avec des prairies pâturées qu’elle occupe
      préférentiellement. Cette pie-grièche a besoin d’étendues de végétation rase pour y capturer
      plus facilement ses proies. Lors d’études ou de suivis (dans l’Est de la France), un lien fort a
      été établi entre la présence (ou non) d’herbivores domestiques et le cantonnement de cet
      oiseau. On peut citer l’exemple d’un couple observé plusieurs années à Talizat (15) dans le
      même bosquet, mais absente en 2012, la parcelle n’étant pas pâturée. Elle est réputée être un
      oiseau des vergers (hautes tiges), mais cette configuration est peu rencontrée dans notre
      région, où ce biotope peu commun, a fortement décliné. Mais quelques arbres fruitiers, de
      hautes tiges (de noyers par exemple), dispersés dans des prés, aux abords des hameaux et
      villages, forment des biotopes encore assez fréquents en certaines régions d’Auvergne. Là, la
      Pie-grièche à tête rousse peut être rencontrée. Par contre, sur nos plateaux d’altitude, très
      ouverts, elle s’adaptera à l’offre végétale et se cantonnera au moindre bosquet (surtout de Pins
      sylvestres), ou dans une simple ligne de quelques frênes, voire de résineux. Dans certaines
      prairies naturelles fluviales de plaine (par exemples : val d’Allier Brivadois encore
      récemment, val d’Allier Issoirien (en amont de la ville, dans le passé) ; elle affectionnait les
      grands peupliers noirs dispersés dans les pâtures sèches, à végétation rase, pour installer son
      nid. Michel Brosselin, qui a vécu à Issoire, la disait plus abondante dans ces prairies, que la
      Pie-grièche écorcheur, au début des années 1960.

      En annexe 1, des exemples de biotopes occupés par cette espèce seront présentés par des
      photos.

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      Le diagramme établi à partir de toutes les données régionales (ci-dessous) confirme cette
      préférence pour les parties basses d’Auvergne.

                                  Figure n°1   : Observations réparties par tranches altitudinales

      Concernant les informations relatives au cantonnement et à la reproduction de couples en
      altitude, « faune-auvergne » permet de recruter 145 données au-dessus de 950 m, parmi
      lesquelles 29 sont des informations de reproduction « certaine » et 34 « probable », depuis
      1958.

      Les records d’altitude sont :

           Reproduction certaine :
            A Dienne (15), à 1174 m, en 1994
            Aux Vastres (43), à 1119 m, en 1985
            A Tanavelle (15), à 1072 m, en 1994
            …
           Reproduction probable :
            A Fay-sur-Lignon (43), à 1180 m, en 1983
            A Landos (43), à 1180 m, en 1983
            A Rézentières (15), à 1185 m, en 1992
            …
           Reproduction possible et record régional d’altitude :
            Aux Estables (43), à 1320 m, le 14 juillet 2011.

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      4. POPULATION REGIONALE, REPARTITION, EVOLUTIONS

      Dans certains départements, ou certaines régions naturelles, elle était donnée comme plus
      commune que la Pie-grièche écorcheur, encore dans les années 1950- 1960. Il semble que son
      déclin ait commencé dès cette période. Puis il s’est accéléré à la charnière des décennies 70 et
      80.

      Aujourd’hui, sa répartition est disparate selon les départements. Voici les dernières
      fourchettes d’effectifs publiées (LPO, 2010) :

              la population la plus importante se trouve dans le département de l’Allier. Elle est
               évaluée en 2010 à 30- 80 couples.
              celle du Cantal vient ensuite. Elle est estimée en 2010 à 35- 70 couples.
              la population de Haute-Loire est maintenant faible, estimée en 2010 à 3- 15 couples.
              celle du Puy-de-Dôme est réduite à quelques couples : 0- 5 couples en 2010.

      Les archives de « faune-auvergne.org » permettent de visualiser les évolutions des répartitions
      des données. Les pages suivantes illustrent ceci, par tranches de plusieurs années. A gauche,
      vous aurez systématiquement, la carte de la période considérée, avec toutes les observations
      obtenues. A droite, il s’agira des cartes ne localisant que les données de reproduction
      « certaine » et « probable ».

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                                                       PERIODE 1958 – 1979
      Carte n°2 : Toutes les données pour la période               Carte n°3 : Données de reproduction pour la période

      La carte n° 2 (à gauche) montre la répartition de toutes les données régionales de Pie-grièche
      à tête rousse (seulement 34), collectées sur cette longue période. Celles de droite (carte n° 3)
      ne concerne que les reproductions « probables et certaines ». Le département du Puy-de-
      Dôme offre plus de points que celui de l’Allier. Ce, malgré le fait qu’à cette époque, c’est le
      Bourbonnais qui regroupait le plus d’observateurs. Ils travaillaient alors au premier atlas
      départemental des oiseaux nicheurs, publié en France, édité par le COA en 1983. La faiblesse
      des informations dans les départements du Cantal et de la Haute-Loire traduit seulement le
      manque d’observateurs.

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                                                       PERIODE 1980 - 1999
      Carte n°4 : Toutes les données pour la période               Carte n°5 : Données de reproduction pour la période

      La répartition des informations est plus équilibrée. A gauche, leur total pour cette période de 20 ans est
      de 289 et à droite, il est de 135. Ces résultats sont acquis grâce à une première enquête nationale sur la
      situation de ces espèces (1993-1994). L’Allier domine doublement, notamment pour ce qui concerne
      les données de reproduction. Au nombre de 47, cela représente 34,8% du total régional. Le Cantal
      reste marqué par un déficit d’observateurs, en dehors de la Planèze de St-Flour. Dans le Puy-de-Dôme,
      l’importance de la région des « Varennes » et de la basse vallée de la Dore est à remarquer sur les 2
      cartes.

      La LPO Auvergne s’est fortement impliquée dans l’enquête nationale sus citée, notamment par la
      prospection ciblée sur des zones définies et par la réalisation de quadrats spécifiques destinés à
      connaître les densités de couples cantonnés. A partir de ces 37 sites référencés, une évaluation des
      tailles des populations régionales des 3 Pies-grièches vivant en Auvergne fut examinée. Celle de la
      Pie-grièche à tête rousse fut alors estimée à 102- 250 couples en Auvergne, dont 80-120 dans l’Allier,
      2-10 dans le Cantal (par défaut), 15-100 en Haute-Loire et 5-20 dans le Puy-de-Dôme (LPO, 1993).

      4 quadrats étaient consacrés à cet oiseau : à Ainay-le-Château (03), Sériers (15), autour de Tanavelle
      (15) et dans le val d’Allier Brivadois (43), pour un total de surfaces prospectées avoisinant les
      30 400 ha.

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                                                       PERIODE 2000 - 2009
      Carte n°6 : Toutes les données pour la période               Carte n°7 : Données de reproduction pour la période

      Durant cette décennie, le nombre de données récoltées s’envole, avec un cumul de 364 (carte n°6, à
      gauche). Cette évolution est sensible aussi pour les informations sur la reproduction. La carte n° 7 en
      montre 146. C’est la résultante de la structuration ornithologique régionale, qui s’est encore peaufinée
      au travers de l’enquête de terrain pour le premier atlas régional des oiseaux nicheurs (2000-2006), plus
      l’ouverture du site de saisie en ligne : « faune-auvergne.org » début 2009. Rien que cette année-là, 96
      données sont collectées (soit 8,1% du total général). Ces 2 cartes montrent par exemple, que la
      majorité des données obtenues dans le Puy-de-Dôme est fournie par des migrateurs, vus en halte
      diurne. Une faiblesse apparaît plus nettement pour le département de la Haute-Loire. En 2007/2008,
      une nouvelle enquête régionale fut menée, sur le modèle de celle de 1993. Beaucoup de sites définis et
      suivis en 1993 et 1994 seront recensés de nouveau. D’autres ont été étudiés depuis ces années-là et
      cette nouvelle enquête a déclenché d’autres initiatives. La population régionale de Pie-grièche à tête
      rousse fut alors estimée à 100-250 couples (Dulphy et al., 2008).

      Pour l’anecdote, la réalisation d’un quadrat pour l’enquête régionale a permis la découverte d’un
      couple mixte (mâle PG écorcheur X femelle PG à tête rousse), obtenant une nichée à Egliseneuve-
      près-Billom, en juin-juillet 2007 (Lallemant & Riols, 2007). Ce type d’observation est rarissime en
      France.

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                                                       PERIODE 2010 - 2012
      Carte n°8 : Toutes les données pour la période               Carte n°9 : Données de reproduction pour la période

      Ce laps de temps court, de 3 ans, cumule plus de données que jamais auparavant. 485 sont récoltées
      soit 41,3% du total général (à gauche). L’année 2012 en rassemble à elle seule 216 !, soit la valeur
      maximale annuelle récoltée depuis qu’une « centrale ornithologique » existe en Auvergne. Cela tient
      avant tout à l’efficience de l’outil « faune-auvergne.org ». Les départements du Puy-de-Dôme et de la
      Haute-Loire sont apparemment désertés par les nicheurs. L’espèce n’a peut-être pas disparue, mais les
      couples qui sont présents - probablement – sont plus rares et difficiles à repérer. Le Cantal est
      maintenant bien prospecté et l’Allier l’est mieux que lors des deux périodes précédentes. Dans ce
      dernier département, la carte n°9 montre une nette érosion du nombre de points collectés.

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      5. INFORMATIONS RELATIVES A L’ETAT DE CONSERVATION DE L’ESPECE

      L’évolution du peuplement régional de la Pie-grièche à tête rousse est au déclin prononcé.
      Comme évoqué, ceci a probablement démarré dès les années 60. Le phénomène s’est accéléré
      dans les années 80 et 90.

      Cet oiseau a bénéficié d’un suivi particulier, d’où plusieurs estimations publiées. Le tableau
      ci-dessous résumera cette évolution.

                                Tableau n°1 : nombres de couples nicheurs estimés sur 20 ans

                             Allier               Cantal            Haute-Loire         Puy-de-Dôme   AUVERGNE
      1993/1994             80-120                 2-10               30-100                   5-20    150/250

      2007/2008             80-160                35-70                3-15                    1-5     100/250

      Il semble donc que cet oiseau ait diminué d’un bon tiers de ses effectifs depuis 20 ans, en
      Auvergne.

      Les bastions régionaux de cet oiseau restent :

                    le département de l’Allier : bocage bourbonnais, Sologne bourbonnaise,
                    le sud et l’Est des Monts du Cantal : bassin d’Aurillac et planèze de Saint-
                     Flour
                    dans le Puy-de-Dôme, il reste peut-être des couples dans la basse vallée de la
                     Dore et les Varennes.
                                      Photo n°2 : Une femelle à l’affût (photo Riols R./LPO)

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      6. INFORMATIONS RELATIVES AUX SITES EXPLOITES PAR L’ESPECE

      En Auvergne, la Pie-grièche à tête rousse fréquente des espaces protégés, ou réglementés.

      Les Réserves Naturelles Nationales :

      Une seule l’hébergeait, la Réserve Naturelle Nationale du val d’Allier (03). L’hébergeait car
      les 1 à 3 couples qui nichaient, presque tous sur la limite, dans un passé récent, ne sont plus
      retrouvés (P.A. Dejaifve, comm.pers.). Dans les dernières années, des oiseaux passent,
      stationnent un moment (pas tous les printemps), puis partent.

      Les Zones de Protection Spéciales du réseau Natura 2000 :

      Le PNA indique la présence et des effectifs pour telle ou telle ZPS. Pour la région et pour ce
      document, le tableau suivant réactualise ces informations.
                           Tableau n°2 : Actualisation de la présence de l’espèce dans les ZPS d’Auvergne
                                                   Codes             Situation présente*        Informations précédentes
                                                                      PGG         PGTR               PGG          PGTR
    ZPS Val d’Allier Bourbonnais                FR8310079                         présente                       10-19c. (2005)
    ZPS Sologne Bourbonnaise                    FR8312010                         présente                         1c. (2006)
    ZPS Val de Loire Ygrande/Decize             FR2612002                         présente                         présente
    ZPS Val d’Allier Joze/St-Yorre              FR8312013                         disparue                             ?
    ZPS Gorges de la Sioule                     FR8312003                          absente                          absente
    ZPS des Couzes                              FR8312011                          possible                        1c. (2006)
    ZPS Gorges de la Dordogne                   FR7412001                          possible                           1c.
    ZPS crêtes du Cantal                        FR8310066                          absente                          absente
    ZPS planèze de St-Flour                     FR8312005                         présente                        2-5c.(2000)
    ZPS Gorges de la Truyère                    FR8312010                          possible                        1c. (2006)
    ZPS Haut val d’Allier                       FR8312002                         présente                         1c. (1999)
    ZPS Gorges de la Loire                      FR8312009                         présente                        0-1c. (2003)
                                                                        Années 2010-2012               Années 1995-2009
    RN du val d’Allier                                                            disparue                           1-3c.
    RN de la vallée de Chaudefour                                                  absente                          absente
    RN de Chastreix-Sancy                                                          absente                          absente
    RN du rocher de la jacquette                                                   absente                          absente
    RN des sagnes de la Godivelle                                                  absente                          absente
              sont prises en compte dans cette colonne les 5 dernières années.

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      La carte n°10 traduit ces informations, propre aux ZPS, depuis 2000, uniquement avec les
      données de reproduction « certaine et probables ».

                          Carte n°10 : La Pie-grièche à tête rousse dans les ZPS d’Auvergne depuis 2000

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      Les Parcs Naturels Régionaux :

      La carte suivante (n°11) montre que la Pie-grièche à tête rousse est présente de façon
      marginale sur les 2 PNR existant et sur le futur PNR du Haut Allier – Margeride. Toutefois, le
      PNR des Volcans d’Auvergne a la responsabilité d’une frange d’une population importante,
      celle de la planèze de Saint-Flour (15).

                    Carte n°11 : Répartition des nicheurs « certains et probables » vis-à-vis des Parcs Régionaux

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      7. RECENSEMENT DES MENACES

      P. Philippe (in Atlas des oiseaux nicheurs d’Auvergne, 2010), dans la synthèse spécifique à
      cet oiseau, évoque essentiellement les menaces liées à l’évolution défavorable des habitats
      recherchées par cette espèce. Elles sont dues globalement aux changements importants
      intervenus dans les activités agricoles. Qu’il s’agisse de la destruction directe des milieux, via
      les remembrements (destruction de haies, d’arbres isolés, de zones humides…), par le
      changement des pratiques (retournement des prairies, essor des céréales,…), par
      l’intensification générale qui a touché d’abord la plaine et la céréaliculture, et depuis 10-15
      ans, la production herbagère, notamment pour le lait en montagne. L’usage de pesticides et
      intrants de synthèse ont certainement des impacts sur cette espèce, qui est plus insectivore que
      la grise. Une étude menée sur des prairies et pâtures du Limousin, par rapport à l’avifaune
      associée nicheuse, est très explicite (Derouault et al., 2009). En Franche-Comté également
      (LPO Franche-Comté, 2014), on remarque une banalisation de la composition floristique des
      prairies en comparant 2 cartographies de la végétation à 60 ans d’intervalle dans le bassin du
      Drugeon. (Dès l’apport d’un minimum d’intrants dans une prairie, la flore évolue et par
      conséquent les invertébrés associés. Une question sans doute importante est également celle
      du transfert des biocides (antiparasitaires notamment, antibiotiques) entre les étables et les
      milieux occupés par l’espèce.

      A l’inverse, beaucoup de petits secteurs peu rentables pour l’agriculture actuelle évoluent
      défavorablement pour cet oiseau, par l’embroussaillement, puis l’implantation de la forêt. Il
      est vrai que l’impact de cette évolution reste peu élevé tant que de grandes surfaces de milieux
      ouverts à semi-ouverts sont disponibles.

      Les paysages évoluent encore par l’urbanisation, les multiplications des voies routières, toutes
      transformations qui détruisent des habitats favorables.

      Une attention doit également être portée sur les conséquences de l’utilisation par l’espèce de
      brins de « ficelle bleue » à usage agricole (liens en PVC) pour l’édification des nids. Un cas
      de mortalité a été reporté en Bourgogne en 2012 sur la Pie-grièche à tête rousse, un jeune
      ayant été retrouvé mort enchevêtré dans la ficelle (LPO Côte-d’Or, 2013).

      Le PNA évoque les impacts de changements climatiques. A priori, rien de tel n’a été étudié, ni
      même approché dans notre région.

      Enfin cet oiseau peut subir divers problèmes sur ses trajets migratoires et dans son aire
      d’hivernage africaine.

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      8. RECENSEMENT DES ACTIONS DE CONSERVATION EN AUVERGNE

      A notre connaissance, la Pie-grièche à tête rousse n’a pas fait l’objet d’actions de protection
      directe, à ce jour.

      Indirectement, les mesures engagées dans le réseau des sites Natura 2000 ont peut-être
      apporté quelques bénéfices à l’espèce. C’est le cas des mesures du type maintien des éléments
      fixes du paysage, par exemple. Ce peut être également le fait de favoriser ou maintenir un
      pâturage extensif. Il est assez difficile de faire un bilan de l’application des MAET par rapport
      à cette espèce.

      Le CEN Auvergne gère des sites, depuis plusieurs années déjà, où cette espèce est présente.
      La remise en place, ou le maintien d’un pâturage extensif, est propre à conserver des biotopes
      favorables.

      Le Conseil Général de l’Allier a mis en place un « ENS bocage » à Autry-Issard qui aura
      valeur d’exemple, car il s’agit en Auvergne d’une des premières actions visant de la « nature
      ordinaire », et où cette espèce est présente, notamment dans ce département qui héberge la
      principale population régionale.

      Les autres sites ENS, notamment de l’Allier, seraient à expertiser pour vérifier la présence ou
      l’absence de l’espèce.

      En 2008, dans le diagnostic avifaune réalisé pour le compte du PNRVA, la Pie-grièche à tête
      rousse est listée dans les 69 espèces proposées comme indicatrices.

      En 2010/2011, la LPO a réalisé le diagnostic de l’avifaune du PNR Livradois-Forez (LPO,
      2011), pour la mise en œuvre de son plan Biodiversité. La Pie-grièche à tête rousse est une
      des 39 espèces à enjeux de son territoire, tout comme la grise. Il reste à engager ce plan et à
      mener des actions en faveur d’une telle espèce.

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Déclinaison régionale du plan national d’actions en faveur des Pies-grièches – Auvergne 2015-2019   septembre 2014

      LA PIE-GRIECHE GRISE EN AUVERGNE

      1 –PRESENTATION ET STATUT

      En Auvergne, seule la race nominale est présente : Lanius excubitor excubitor. Cet oiseau est
      protégé au niveau national par l’arrêté du 29 octobre 2009. Elle est classée EN = « En
      Danger » dans la liste rouge nationale (UICN & MNHN, 2008). En France, la tendance
      d’évolution est évaluée à –2, soit une baisse des effectifs nicheurs de plus de 50% depuis une
      trentaine d’années.

      En Auvergne, la Pie-grièche grise est connue de tous les départements, depuis longtemps.
      Cette pie-grièche se trouve surtout dans les parties collinéennes et montagnardes de la région.
      Elle a aujourd’hui disparu des plaines. Elle est donc bien présente en altitude, notamment sur
      les plateaux, entre 800 et 1200 m principalement. Le record est détenu par un couple installé
      en 2012 à Freycenet-la-Cuche (43) vers 1305 m. Un oiseau est noté, alarmant, début juillet à
      Valuéjols (15), vers 1313 m. Le statut régional pour cet oiseau est : EN = « En Danger »
      dans la liste rouge régionale (LPO, 2008).

      Le portail « faune-auvergne.org » cumule près de 10 000 données sur cet oiseau, précisément
      9864 au 31/12/2012, soit une série importante, depuis la première archivée en 1959.

                   Répartition des observations en Auvergne
                                                              Allier
                                                               4%

                                                                       Cantal
                                                                        20%

                                     Puy-de-Dôme                   Haute-Loire
                                         61%                          15%

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      Comme pour la Pie-grièche à tête rousse, le nombre de données archivées augmente au fil des
      années. Ce phénomène reflète avant tout et l’engouement des naturalistes pour l’outil « faune-
      auvergne » et la dispersion géographique de ces personnes ; mais ne masque pas le déclin de
      l’espèce.

      Comme évoqué à l’instant, l’évolution du nombre de données reflète d’abord l’augmentation
      de la participation d’un nombre croissant d’observateurs. Depuis le lancement d’une enquête
      au niveau régional (2007), cette espèce fait l’objet d’un fort engouement de la part, soit de
      naturalistes, soit de groupes locaux de la LPO Auvergne. Puis, début 2011, la LPO a proposé
      un stage de suivi sur cette espèce (Blond, 2011). Cette seule année cumule par exemple 2023
      observations (dont 123 données de reproduction certaine dans le Puy-de-Dôme), valeurs
      jamais atteintes auparavant. Cela est dû au travail important réalisé par cette personne, à celui
      aussi des bénévoles qui l’ont soutenue et à l’ensemble du réseau naturaliste, qui ont plus
      recherché et noté cette espèce qu’auparavant.

      La Pie-grièche grise est un oiseau bien observé en Auvergne, depuis les débuts de
      l’ornithologie régionale : c’est une donnée de base.

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      2. PHENOLOGIE DE LA REPRODUCTION EN AUVERGNE

      Parmi ces 9864 données, il est intéressant d’extraire uniquement celles se rapportant aux
      reproductions « certaines et probables ». Sur ce critère, 1849 observations sont extraites, soit
      18,7% du total. La hiérarchie départementale évoquée précédemment se trouve confortée :

           Le Puy-de-Dôme, avec 1197 données de reproduction « certaine » depuis 1972,
            domine nettement (64,7%).
           Le Cantal en compte 318 depuis 1982 (17,1%).
           La Haute-Loire est à égalité avec 317 informations.
           L’Allier n’en compte que 17, depuis 1975 (0,9%).

      Il faut souligner que les années 2010 à 2012 cumulent 943 données « certaines » et
      « probables », soit un effort remarquable (dû à « l’effet stagiaire » pour partie).

      Cette espèce est présente toute l’année dans notre région, comme en France. En Auvergne,
      l’apport d’hivernant est connu. Cela est démontré par l’observation d’oiseaux vus en
      migration et dans des sites non fréquentés en période de nidification. Ces données concernant
      la migration sont maintenant antérieures aux années 90. Par exemple, lors des automnes 86 à
      91, un à 3 oiseaux ont été vus en vol migratoire actif, à la Montagne de la Serre (St-Saturnin –
      63), où un suivi de la migration postnuptiale était mis en place (LPO, 1993). Depuis 20-25
      ans, aucune observation de ce genre n’existe. Par contre, les cartographies du chapitre 3
      permettent de visualiser des présences sur des zones où il n’y a plus de nidification depuis des
      années et qui concernent donc des hivernants.

      Les adultes nicheurs sont relativement sédentaires (fonction des conditions climatiques). Le
      cantonnement des couples est effectif dès fin janvier / début février. Les premiers chants sont
      entendus à partir du 10- 15 janvier (voire plus tôt), mais surtout en février et mars. Puis des
      chants sont notés, de loin en loin, presque chaque mois, jusqu’en juillet. Le rapport de K.
      Blond fait état, suite au suivi d’une quarantaine de sites occupés, que la surface moyenne d’un
      territoire en 2011 était de l’ordre de 64 ha. La littérature indique le plus souvent des tailles de
      l’ordre de la centaine d’hectares. C’est une caractéristique forte de la Pie-grièche grise, que
      d’occuper, pour nicher, un vaste territoire eu égard à sa taille.

      Une recherche fait apparaître que la construction des nids débute vers le 10 mars et s’étale
      suivant les sites et les couples jusque mi-avril. Après accouplements, à partir de mi-avril, la
      femelle pond de 4 à 6 œufs, qu’elle couve pendant 16 jours (±1 j.) (Lefranc, 1993). Pendant
      l’incubation, le rôle principal du mâle est de procurer de la nourriture à la femelle,
      directement au nid, ou indirectement par l’approvisionnement de lardoirs, mis en place à
      proximité. L’éclosion des œufs a lieu courant mai. Les petits seront prêts à l’envol au terme
      de 18 à 20 jours d’élevage (Lefranc, 1993). Il s’écoulera encore plusieurs semaines avant
      l’émancipation des jeunes, leur éloignement du territoire natal. Ce cycle annuel est représenté,
      page suivante (Blond, 2011).

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                      Figure 2 : Schéma des étapes de la reproduction chez la Pie-grièche grise
                                                   en Auvergne.

                                            (Schéma extrait de Blond, 2011)

      L’étude réalisée en 2011 sur la Pie-grièche grise a permis d’engranger un nombre important
      d’informations, notamment concernant la phénologie de la reproduction et sa réussite, partie
      essentielle de la biologie de cet oiseau, pour laquelle les informations locales manquaient
      cruellement.

      En résumé, sur les 4 secteurs d’études définis dans le Puy-de-Dôme en 2011 (total de 184,5
      km2), 42 territoires occupés ont été localisés. Parmi ces oiseaux cantonnés, 34 couples ont
      niché de façon certaine (dont 9 échecs : 26%). A partir de 32 informations exploitables, la
      majorité des pontes semble avoir été déposée lors de la seconde décade d’avril. La plus
      tardive serait de début mai (1 cas). Enfin, dans 2 cas, des pontes de remplacement ont été
      déposées lors de la 3ème décade d’avril.

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      Dans cette série, 25 couples ont produits au moins 89 jeunes à l’envol, soit une moyenne de
      3,6 jeunes à l’envol par couple nicheur producteur.

            Tableau n°3 : Résultats sur la reproduction de la Pie-grièche grise en 2011 par secteur (Blond, 2011)
                                Nb de jeunes/couple       Nb de                     Nb de jeunes
                                                                                                   Nb de jeunes    Taux
                                                         couples    Nb de couples    par couple
                                                                                                    par couple    d'échec
       Secteur géographique 0 1 2 3      4   5 totaux    nicheurs    producteurs      nicheur
                                                                                                    producteur      (%)
                                                         certains                      certain
        Chaîne des Puys Nord   0 0 0 2   3   0    18        5            5              3,6            3,6          0,0
        Chaîne des puys Sud    4 1 0 0   4   3    32        12           8              2,7            4,0         33,3
          Plaine d’Ambert      3 0 1 2   1   1    17        8            5              2,1            3,4         37,5
              Cézallier        2 1 1 1   4   0    22        9            7              2,4            3,1         22.2
         Totaux/Moyennes       9 2 2 5 12 4       89        34           25             2,6            3,6         26.0

      Une analyse des données de « faune-auvergne » aboutit à l’extraction d’une série
      d’observations sur au moins 244 nichées exploitables. Cependant, plus souvent que pour la
      Pie-grièche à tête rousse, les informations sont données à minima, surtout pour les familles
      signalées comme étant composées « d’au moins 1, 2 ou 3 jeunes ». Les familles plus
      nombreuses semblent généralement mieux « justifiées ».

      Bilan : 64 nichées semblent composées d’1 seul jeune (26,2%) ; 81 autres sont constituées
      d’au moins 2 jeunes (33,1%) ; 49 nichées comportaient 3 jeunes au moins (20%), 39 en
      comptaient 4 (soit 15,9%) ; 10 avaient 5 jeunes (4%) et le maximum atteint (une seule fois)
      est une nichée constituée de 6 jeunes. En moyenne générale, cela donne au moins
      2,4 jeunes/nichée observée en Auvergne.

      Il paraît plus intéressant de garder les valeurs obtenues et publiées par Blond (2011), qui ont
      fait l’objet d’un suivi plus rigoureux, en notant toutefois que cette étude a été réalisée lors
      d’un printemps aux conditions météorologiques favorables, ayant pu garantir un bon succès
      de la reproduction, par rapport à d’autres années.

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      3. SON HABITAT

      Pour résumer, la Pie-grièche grise fréquente avant tout des espaces agricoles ouverts,
      principalement consacrés à l’élevage et à l’herbe. Les prairies forment l’essentiel de l’habitat
      de cet oiseau. C’est là qu’il chasse. Le paysage doit être structuré par la présence de points
      hauts, bien répartis, comme autant de postes d’affut, de points de manifestations territoriales
      (arbres, lignes électriques…), sans oublier l’arbre qui accueillera le nid. La Pie-grièche grise
      ne niche que rarement dans un buisson à faible hauteur.

      Son habitat rassemble aussi bien divers bocages, plus ou moins denses, que des plateaux de
      chaux basaltiques, très ouverts, pour peu qu’une ligne de quelques arbres, ou qu’un maigre
      bosquet soient présents. La Planèze de St-Flour (15) ou le Velay, vastes espaces d’altitude en
      grande partie voués à l’herbe, sont ainsi des bastions pour cet oiseau. Elle niche alors
      principalement dans les bosquets de Pins sylvestres. Plusieurs photos illustreront, plus
      facilement, des biotopes fréquentés par cet oiseau (annexe 2).

      Le déclin rapide de l’espèce est d’autant plus difficile à comprendre que bien des paysages où
      elle était connue il y a peu, sont maintenant désertés, alors qu’aucune différence importante
      n’est perceptible, de façon flagrante, depuis 20 ans. Tout au moins dans la structure du
      paysage, par contre l’utilisation de ces espaces a changé.

      Son territoire doit comporter des buissons à épines (un roncier peut suffire), ou autres
      éléments voisins, afin que ces oiseaux établissent des « lardoirs » (réserves de proies),
      comportement spécifique à cette famille. Un barbelé est idéal. Autant dire que l’Auvergne
      pourrait accueillir beaucoup plus de pies-grièches grises qu’il n’en existe, de ce seul point de
      vue.
                                 Photo n°3 : Exemple de biotope d’altitude de Pie-grièche grise,
                  à 1000 m en moyenne sur cette vue, sur la Planèze de St-Flour, à Talizat (15) (photo R. Riols/LPO)

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