DEPARTEMENT ENVIRONNEMENT ET AGRONOMIE FAITS MARQUANTS 2017 - Wedia
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Sommaire Publication d’un ouvrage collectif dirigé par le LSE sur l’Agromine …………………… 5 Département EA Les plantes compagnes en association à une culture de rente : un levier pour réduire les intrants ………………………………………………………………………….. 7 L’acidité des sols agricoles français diminue……………………...……………………... 10 Potentiel de l’approche ensembliste de modèles pour réduire les incertitudes de FAITS MARQUANTS prédiction de la production et des intensités des émissions de N2O de cultures 2017 annuelles et de prairies………………………………………………............................... 12 Un nouveau cadre d’analyse de la diversité des formes d’agriculture ; conséquences pour la recherche agronomique………………………………………… 15 Des systèmes agrivoltaïques dynamiques………………………………………………. 18 Les services écosystémiques rendus par les enherbements viticoles enfin inventoriés…………………………………………………………………………………… 20 Recyclage de matières fertilisantes d’origine résiduaire : faible impact sur les teneurs en résidus pharmaceutiques et leurs effets écotoxicologiques dans les agrosystèmes…………………………………………………...…………………………… 22 Les systèmes de culture peu consommateurs de pesticides sont le plus souvent aussi productifs et aussi rentables que les systèmes très dépendants des pesticides…….. 27 Impact du changement climatique sur les maladies..…………………………………… 31 L’entretien des fossés comme levier pour limiter la contamination des eaux par les pesticides ……………………………………...…………………………………………….. 34 TATA-BOX : une boite à outils pour accompagner la transition agroécologique des territoires ruraux……………………………………………………………………………... 37 Quelles différences entre les successions de cultures en agriculture biologique et conventionnelle ? Une analyse à l’échelle mondiale……………………………………. 40 Construire la qualité du champ à l’assiette : exemple de la tomate d’industrie ……… 42 La combinaison modélisation & imagerie par résonance magnétique : une nouvelle approche pour caractériser le devenir des polluants dans le sol…………….……….. 44 Exploitation des processus épigénétiques : quel couplage avec la modélisation pour orienter l’adaptation des cultures aux nouveaux défis sanitaires et 46 environnementaux ?………………………………………………………..………………. 3
Publication d’un ouvrage collectif dirigé par le LSE sur l’Agromine : AGROMINING: FARMING FOR METALS - Département EA Extracting unconventional resources using plants UMR LSE Laboratoire Sols et Résumé Environnement Suite à l’animation (leader) d’un réseau européen et d’un réseau international sur l’Agromine (filière Centre Grand-Est Nancy intégrée de production de sels de métaux stratégiques par des cultures agroécologiques de plantes hyperaccumulatrices de métaux et des procédés métallurgiques de synthèse à partir des biomasses Contact produites), le LSE a conçu, proposé et édité cet ouvrage collectif qui représente la première Guillaume Echevarria synthèse mondiale sur le sujet. Guillaume.Echevarria@univ- lorraine.fr Contexte et Enjeux Priorités du document Le LSE a pris le leadership dans le domaine de l’agromine. Il anime au travers du LIA Ecoland et du d’orientation projet de laboratoire joint avec l’Université du Queensland (portant sur les ressources minières non #3Perf-2, #Climat3, #Climat-4, conventionnelles) un réseau mondial à deux niveaux : Européens (portage de deux projets #BioRes-1, #BioRes-2, européens sur l’agromine associant l’essentiel des équipes travaillant sur le sujet) et International #BioRes-3 reposant sur le partenariat LSE/SYSU/UQ. Plans d’action Innovation, Stratégie Résultats européenne et internationale, Prospective scientifique De fortes retombées médiatiques (diffusion le 21 janvier 2017 du documentaire : Sols Contaminés, interdisciplinaire des plantes à la rescousse, 51 minutes sur Arte + courts reportages France Info TV, Reportage France2 13h) et de fortes retombées scientifiques au travers de ce premier ouvrage rassemblant Métaprogramme toutes les connaissances acquises à ce jour par les leaders mondiaux qui ont contribué à EcoServ développer l’Agromine. Les quatre éditeurs sont tous membres du LSE (deux permanents et deux chercheurs invités). Ils ont aussi largement contribué ainsi que des collègues du LIA Ecoland et de Mots clés l’UQ, au contenu de ce livre. Le succès de l’Agromine est aussi lié à celui du Labex Ressources21 Sols contaminés, services (Université de Lorraine) 2011-2019 auquel l’INRA est associé et qui a permis de conforter tant les écosystémiques, cultures non- actions de recherche (thèses et post-docs) que les réseaux actifs (chercheurs invités, workshop alimentaires, agromine, éco- international Nickel). conception, bioéconomie & économie circulaire Perspectives Complètement testée et éprouvée pour le cas du nickel, l’agromine s’intéresse maintenant à des ressources minérales encore plus stratégiques (terres rares, métaux précieux,…) et l’ouvrage ouvre largement ces nouvelles perspectives qui vont probablement se développer tant au niveau de la recherche fondamentale qu’au niveau des applications commerciales et en partenariat avec l’industrie minière. Valorisation Dans ces réseaux, trois entreprises (start-ups) sont directement impliquées dans ces travaux de recherche et devraient assurer la transformation de 30 ans de recherches en une activité économique viable et créatrice de richesse. 5
Références bibliographiques > Bani A, Echevarria G, Sulçe S, Morel JL (2015) Improving the agronomy of Alyssum murale for extensive phytomining: A five-year field study. Int J Phytorem 17:117-127. > Lange B, van der Ent A, Baker AJM, Mahy G, Malaisse F, Meerts P, Echevarria G, Pourré O, Département EA Verbruggen N, Faucon MP (2017) Copper and cobalt accumulation in plants: a critical assessment of the current status of knowledge. New Phytol 213:537-551. > Lopez S, Piutti S, Vallance J, Morel JL, Echevarria G, Benizri E (2018) Nickel drives bacterial community diversity in the rhizosphere of the hyperaccumulator Alyssum murale. Soil Biol Biogeochem 114:121-130. > Nkrumah PN, Baker AJM, Chaney RL, Erskine PD, Echevarria G, Morel JL, van der Ent A (2016) Current status and challenges in developing nickel phytomining: an agronomic perspective. Plant Soil, 406:55-69. doi : 10.1007/s11104-016-2859-4. > Reeves RD, Baker AJM, Jaffré T, Erskine P, Echevarria G, van der Ent A (2017) A global database for plants that hyperaccumulate metal and metalloid trace elements. New Phytol, sous presse. > Rodrigues J, Houzelot V, Ferrari F, Echevarria G, Laubie B, Morel JL, Simonnot MO, Pons MN (2016) Life cycle assessment of agromining chain highlights role of erosion control and bioenergy. Journal of Cleaner Production 139:770-778. > van der Ent A, Baker AJM, Reeves RD, Chaney RL, Anderson CWN, Meech JA, Erskine P D, Simonnot MO, Vaughan J, Morel JL, Echevarria G, Fogliani B, Qiu RL, Mulligan D (2015) Agromining: farming for metals in the future? Environ Sci Technol 49:4773-4780. > van der Ent A., Echevarria G., Baker A.J.M. & Morel J.L. (2018) AGROMINING: FARMING FOR METALS – Extracting unconventional resources using plants. Mineral Resources Series. Springer Interrnational Publishing AG, Cham, Switzerland, 312 pp. DOI 10.1007/978-3-319-61899-9 > Zhang X, Laubie B, Houzelot V, Plasari E, Echevarria G, Simonnot MO (2016) Increasing purity of Ammonium Nickel Sulfate Hexahydrate and production sustainability in a nickel phytomining process. Chemical Engineering Research and Design, 106, 26-32. doi: 10.1016/j.cherd.2015.12.009 6
Les plantes compagnes en association à une culture de rente : un levier pour réduire les intrants Département EA Résumé UMR Agronomie Les plantes de services sont des espèces mises en culture n’ayant pas un objectif direct de production, mais qui rendent des services écosystémiques permettant notamment, de réduire Centre Ile-de-France Versailles- l’usage des intrants. Dans ce travail, nous avons évalué l’intérêt d’associer des plantes de Grignon services à des cultures pendant tout ou une partie de leur cycle. Nous avons réalisé une méta- analyse des études publiées sur ce sujet, et avons étudié en détail les associations du colza Contacts d’hiver à des plantes gélives dans un réseau de parcelles en France. Valentin Verret valentin.verret@inra.fr Muriel Valantin-Morison Contexte et Enjeux muriel.morison@inra.fr Aujourd’hui, la durabilité d’une agriculture dépendante des produits de synthèse est plus que David Makowski jamais remise en question. L’augmentation de la biodiversité cultivée à l’échelle de la parcelle est david.makowski@inra.fr un levier majeur pour favoriser les régulations naturelles et réduire le recours aux intrants. Les Antoine Gardarin plantes « de services » sont des plantes qui ne sont pas récoltées mais qui fournissent des antoine.gardarin@inra.fr services : couverture du sol, régulation des adventices, captage et fixation de l’azote, limitation de Safia Médiène l’érosion, stimulation de l’activité biologique du sol. Lorsqu’elles sont cultivées avec une culture de safia.mediene@inra.fr rente pendant une partie significative de son cycle, on parle de « plantes compagnes » (figure 1). Elise Pelzer elise.pelzer@inra.fr Culture de rente seule Priorité du document d’orientation Mulch vivant #3Perf-1 Semis simultané Métaprogramme Ecoserv Associa on en relais Mots clés Figure 1 : Les plantes de services (en noir) peuvent être associées à des cultures (en blanc) selon Plantes de services, plantes différentes modalités temporelles : un semis de la culture dans un mulch vivant de plantes de compagnes, colza, adventices, services déjà établi, un semis simultané des plantes de services et de la culture, ou bien un semis rendement en relais des plantes de services dans la culture déjà bien établie. Dans le cadre du projet CASDAR Alliance, nous avons souhaité quantifier les services écosystémiques rendus par les associations d’une culture de rente à des plantes de services. Les bénéfices attendus sont (1) la régulation naturelle des bioagresseurs au sens large, (2) la réduction de l’utilisation d’engrais de synthèse via l’utilisation de processus biologiques et (3) le maintien de la production. Résultats Grâce à une méta-analyse de résultats expérimentaux extraits de 34 articles scientifiques couvrant 17 pays, nous avons montré que les plantes compagnes conduisent à une réduction de 56% de la biomasse d’adventices par rapport à une culture seule non-désherbée, et 42% par rapport à une culture seule désherbée. Les cultures de maïs semées dans un mulch vivant sont celles qui ont le plus bénéficié de l’association à des plantes compagnes. 7
Comparaison à des situa on non-désherbées Effet global Céréales à paille – mulch vivant Céréales à paille – semis simultané Céréales à paille – semis en relai Maïs – mulch vivant Département EA Maïs – semis simultané Ra o des biomasses d’aven ces Ra o des rendements Figure 2 : Effets de l’association d’une culture de rente (céréales à paille et maïs) à des plantes de services sur la biomasse d’adventices et le rendement, selon les différentes modalités temporelles d’association, dans les situations où la culture n’est pas désherbée. Le nombre de situations expérimentales et le nombre d’études dans chaque cas sont indiqués entre parenthèses. En France, cette approche a été mise en pratique avec le colza : des plantes de services gélives, le plus souvent choisies dans la famille des légumineuses sont semées en même temps que le colza pour concurrencer les adventices et perturber les insectes pendant l’automne (Lorin, 2015). La plante de service ne survivant pas à l’hiver, le colza termine son cycle sans concurrence et bénéficie d’azote restitué par les résidus de plantes. Les résultats de 79 essais menés en France entre 2009 et 2016 ont permis de valider cette technique. Les plantes légumineuses gélives associées au colza permettent à la fois de réduire la fertilisation de 30 kg N/ha sans perdre de rendement. De nombreuses espèces ont été testées, mais le mélange de féverole + lentille associé au colza apparait comme étant globalement le plus performant. L’analyse de co-variables agroenvironnementales a permis d’établir que ces associations sont particulièrement intéressantes dans le cas de parcelles pauvres en azote au semis, et dans le cas de semis précoce de colza. Colza associé à un mélange Colza associé à un mélange « vesce commune + ti » « Féverole + len6lle vesce pourpre + trèfle d’Alexandrie » Figure 3 : Evaluation multicritère des services rendus par deux mélanges « féverole + lentille » ou « 2 vesces + trèfle d’Alexandrie » associés au colza (lignes pleines), en comparaison au colza seul (pointillés noirs). 0 = le moins bon, 1 = le meilleur. Perspectives Des travaux sur les processus permettant d’expliquer les phénomènes de facilitation observés avec certaines associations (colza-mélanges à base de féverole) sont envisagés. 8
Valorisation Ces travaux s’inscrivent dans le projet CASDAR Alliance, et ont fait l’objet de 2 publications scientifiques (objets de cette fiche de faits marquants). Ils contribuent à lever les nombreux verrous techniques de la culture du colza dans les systèmes économes en pesticides et en Département EA agriculture biologique (gestion de l’enherbement et des insectes ravageurs, disponibilité de l’azote). Un outil d’aide au choix des espèces intitulé CAPS (Colza Associé à des Plantes de Services) a été développé en mobilisant l’expertise des partenaires du projet (entre autres : chambres d’agriculture, ISARA, ESA d’Angers, etc.). Cet outil ainsi qu’un diaporama pédagogique sont disponibles en téléchargement sur le site de l’unité : http://www6.versailles- grignon.inra.fr/agronomie/Recherche/Regulations-biologiques/Projet-CASDAR-Alliance Références bibliographiques > Verret V., Gardarin A., Pelzer E., Médiène S., Makowski D., Morison M. 2017. Can legume companion plants control weeds without decreasing crop yield? A meta-analysis. Field Crops Research 204, 158-168. https://doi.org/10.1016/j.eja.2017.09.006 > Verret V., Gardarin A., Makowski D., Lorin M., Cadoux S., Butier A., Valantin-Morison M., 2017. Assessment of the benefits of frost-sensitive companion plants in winter rapeseed. European journal of agronomy. European Journal of Agronomy, 91, 93-103. https://doi.org/10.1016/j.fcr.2017.01.010 > Thèse de Mathieu Lorin, 2015. Services écosystémiques rendus par des légumineuses gélives introduites en tant que plantes de service dans du colza d'hiver : évaluation expérimentale et analyse fonctionnelle. 9
L’acidité des sols agricoles français diminue Département EA Résumé En utilisant une base de données nationale appelée Base de Données des Analyses de Terre, nous montrons que l’acidité des sols de France a diminué entre 1996 et 2010. La quasi-totalité US Infosol des évolutions significatives du pH sont positives et représentent une augmentation annuelle d’environ 0,025 unité de pH par an. Centre Val de Loire Contact Contexte et Enjeux Nicolas Saby Les sols non calcaires présentent une tendance naturelle à l’acidification, qui peut être accentuée nicolas.saby@inra.fr par des causes d’origine humaine (dépôts atmosphériques azotés et soufrés, fertilisation) ou corrigée par des apports d’amendements neutralisants. Le pH des sols est la mesure la plus Priorité du document répandue pour évaluer cette acidité. Des pH trop acides peuvent avoir des conséquences très d’orientation néfastes sur le maintien des fonctions écosystémiques des sols et leur fertilité. #Climat 4 A l’échelle nationale, l’évolution de ce paramètre est difficile à suivre en raison de sa grande variabilité spatiale et de ses fluctuations intra-annuelles. Pour pallier cette difficulté, nous utilisons Métaprogramme des données historiques récoltées entre 1996 et 2010 et provenant d’analyses de terre réalisées à Ecoserv la demande des agriculteurs, sur lesquelles nous appliquons un algorithme statistique pour tenir compte des biais éventuels liés à la procédure d’échantillonnage non maîtrisée. Mots clés Sols, acidité, évolution, pH, France Résultats Plus de 488 700 résultats d’analyses de terre réunies dans la Base de Données d’Analyses de Terre (BDAT) ont été mobilisés pour étudier l’évolution du pH entre 1996 et 2010 en France. Durant cette période, tous les laboratoires participant au programme BDAT ont utilisé strictement la même méthode pour la détermination du pH. Les sols calcaires ont été exclus de l’étude car nous avons fait l’hypothèse que ces sols ne subissent pas de variation de pH en raison de l’effet tampon provoqué par le calcium. Les résultats ont été regroupés en deux périodes temporelles (1996-2000 et 2006-2010) et par petites régions agricoles. L’algorithme statistique utilisé se base sur des techniques Monte-Carlo et permet d’obtenir des cartes des évolutions assorties d’incertitudes. Les résultats montrent que la quasi-totalité des évolutions statistiquement significatives sont des hausses du pH. Près de 36 % de la surface des sols agricoles non calcaires auraient subi une évolution positive, alors que seuls moins de 1 % montreraient une évolution à la baisse. Pour les surfaces restantes, aucune évolution ne peut être démontrée, principalement en raison d’effectifs trop faibles pour les statistiques. Ce résultat suggère que l’augmentation des pH dans les sols agricoles est générale. L’évolution moyenne observée est de 0,025 unité de pH par an. Les ventes d’amendements neutralisants n’ayant pas montré d’augmentation au cours de cette période, cette évolution est probablement due aux effets combinés d’une baisse des dépôts atmosphériques acides et d’une meilleure gestion de la fertilisation azotée. 10
Département EA Figure 1: Evolution entre 1996-2000 and 2006-2010 des pH des parcelles agricoles échantillonnées Perspectives Cette tendance pourra être vérifiée dans le futur avec l’ajout progressif de nouvelles analyses et l’augmentation corrélative des effectifs. Plus généralement, les résultats montrent le potentiel d’utiliser cette base de données pour montrer des évolutions des caractéristiques des sols agricoles, sous réserve de mettre en place des procédures statistiques robustes permettant de tester leur réalité. Valorisation Communication au congrès des journées de la fertilisation. Référence bibliographique > Saby N, Swiderski C, Lemercier B, Walter C, Benjamin P., Louis BP, Eveillard P, Arrouays D. 2017. Is pH increasing in the non-calcareous topsoils of France under agricultural management? A statistical framework to overcome the limitations of a soil test database. Soil Use & Management. 33, 460-470. DOI: 10.1111/sum.12369 11
Potentiel de l’approche ensembliste de modèles pour réduire les incertitudes de prédiction de la production et des intensités des émissions de Départements N2O de cultures annuelles et de prairies EA & EFPA UMR FARE (Reims) Résumé UMR UREP (Clermont-Ferrand) CODIR (Paris) Dans le cadre de l'Alliance globale de recherche sur les gaz à effet de serre (GRA) et de projets FACCE-JPI, l’INRA a coordonné l’évaluation et l’inter-comparaison de 24 modèles carbone-azote Centres Hauts-de-France, (16 pour les grandes cultures et 12 pour les prairies), considérés individuellement et comme un Auvergne-Rhône-Alpes ensemble, sur neuf sites expérimentaux répartis sur 4 continents. Pour la première fois, ce travail & Paris-Siège montre le potentiel de l’approche par ensemble de modèles pour prédire de manière conjointe la production végétale et l’intensité des émissions de N2O. Contacts Sylvie Recous sylvie.recous@inra.fr Contexte et Enjeux Gianni Bellocchi Depuis les années 1990, la communauté scientifique internationale a mis au point des modèles gianni.bellocchi@inra.fr numériques pour simuler le rendement, les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la Fiona Ehrhardt dynamique du carbone des terres agricoles. Par rapport aux méthodes d’estimation des émissions fiona.ehrhardt@inra.fr du GIEC (niveau 1 et niveau 2), les modèles prennent mieux en compte les interactions entre le Jean-Francois Soussana sol, la végétation et l’atmosphère, et leur dépendance aux conditions climatiques et aux pratiques jean-francois.soussana@inra.fr agricoles. Ces modèles ont été largement comparés pour l’estimation du rendement des cultures, mais beaucoup plus rarement et ponctuellement pour les émissions d’oxyde nitreux (N2O) dont les Priorités du document performances ne sont connues que pour quelques sites. Ces lacunes constituent un obstacle d’orientation majeur à l'application opérationnelle des modèles dans les inventaires ou les plans d'action #Climat, #OpenScience nationaux, visant à réduire les émissions de GES par la modification des pratiques culturales. Leur potentiel d'application peut être augmenté de manière significative, par l'utilisation d'un ensemble Plan d’action de modèles, voire d'un méta-modèle permettant de diminuer l’incertitude dans les prédictions. Stratégie européenne et Le projet CN-MIP coordonné par l’INRA (2014-2017), élaboré dans le cadre européen de l'initiative internationale de programmation conjointe sur l'agriculture, la sécurité alimentaire et le changement climatique (FACCE-JPI), a contribué à une action de grande ampleur soutenue en France par l’ANR et Métaprogramme l’ADEME (24 modèles, 45 équipes de 14 pays), et coordonnée par le groupe intégratif de ACCAF recherche (IRG) de l'Alliance globale de recherche sur les gaz à effet de serre (GRA). Cette action était centrée sur l'évaluation de modèles pour les estimations conjointes de la productivité et des Mots clés émissions de N2O, en comparant les données simulées aux données expérimentales provenant Gaz à effet de serre, carbone, de neuf sites expérimentaux (quatre sous prairies et cinq en grandes cultures, dont le maïs, le blé, agriculture, multi-modèles, et le riz) répartis sur quatre continents. Deux sites expérimentaux gérés par l’INRA (Laqueuille et évaluation, prairies, grandes Grignon) et trois modèles développés par l’INRA (CERES-EGC, STICS, PaSim) ont été impliqués cultures dans cette étude, grâce à la participation des unités UMR Ecosys (Grignon), AgroImpact (Laon) et UREP (Clermont-Ferrand). L’analyse comparative a été réalisée grâce à un protocole original de modélisation en cinq étapes, selon une approche incrémentale débutant par une simulation à l’aveugle et permettant ensuite un accès progressif des modélisateurs aux données expérimentales jusqu’à la calibration complète des modèles. Les incertitudes liées aux estimations des modèles (individuels et en ensembles) ont été calculées pour chaque culture et à chaque étape de modélisation. Le potentiel de l’ensemble de ces modèles a été évalué par référence aux incertitudes expérimentales des rendements et des émissions de N2O observés. 12
Résultats Aucun des modèles utilisés n’a présenté de performances systématiques supérieures à celles d'autres modèles, ce qui justifie l'approche ensembliste. Pour les cultures en rotation (impliquant blé et maïs ou riz), nous avons montré que la médiane de l’ensemble des modèles est un prédicteur robuste des rendements et des émissions de N2O. Nous avons constaté que l’amélioration de la prédiction des rendements est très nette quand les informations sur les stades phénologiques des Département EA cultures sont utilisées pour calibrer les modèles, alors que l’estimation des émissions de N2O est plausible en toutes circonstances et n’est pas améliorée par la connaissance des dynamiques de l’eau et de l’azote dans les sols. Pour les prairies et malgré des incertitudes toujours élevées, 22 et 96% des modèles individuels sans aucune calibration préalable ont fourni des estimations comprises dans l’intervalle de mesure observé, pour la productivité primaire nette et pour les émissions de N2O, respectivement. Les modèles calibrés sont actuellement utilisés pour évaluer des options d'atténuation des GES par les pratiques agricoles (fertilisation azotée, irrigation, gestion des résidus de culture, intensité du pâturage). Ces simulations permettront d’estimer la capacité des modèles à prendre en compte les pratiques culturales et l’incertitude liée à ces prédictions sur l’atténuation. Modeling Comparison Model comparison & benchmarking statistical analysis Simulated outputs from an ensemble of models Production, vegetation, carbon and nitrogen variables • General site • Climate data (up to • Dynamic Leaf • Soil • Net Ecosystem Exchange Protocole de information 30 years) Area Index temperature • Gross Primary Experimental site data delivery • Climate data • History of • Annual local • Soil moisture management Production modélisation • Soil initial data productivity • Soil mineral N practices • Ecosystem • Management • Phenology content • Land use changes respiration stages (dates) • Fertilization • Irrigation • Fertilization events • Irrigation events • Soil organic carbon content en cinq étapes. • N2O fluxes • Regional productivity (wheat and grasslands) STAGE 1 STAGE 2 STAGE 3 STAGE 4 STAGE 5 Basic exp. data Historical exp. Dynamic Dynamic soil C & N data (Initial) data vegetation data data Calibration Blind test Partial calibration Full calibration process Gradual model calibration 100 100 (a) (b) 80 80 RRMSEN2O (%) RRMSEyield (%) 60 60 40 40 20 20 0 0 Wheat 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 Maize Stage Rice Stage Grassland Wheat Maize Rice Grassland Erreur moyenne relative (RRMSE) de la médiane de l’ensemble des modèles pour le rendement (a) et l’émission de N2O (b), des étapes 1 à 5. Perspectives Ce travail contribuera à l'amélioration des inventaires nationaux de gaz à effet de serre, tirant parti des prédictions ensemblistes (voire méta-modèle) ainsi qu’à l’amélioration de certains modèles, grâce à la comparaison de leurs structures, paramétrage et performances dans une large gamme de conditions pédoclimatiques et de gestion. Le projet CN-MIP a également initié, dans le cadre de la GRA, une inter-comparaison portant sur la capacité des modèles à prédire l’évolution du carbone des sols, en mobilisant six essais européens de longue durée, dont le dispositif des « 42 parcelles » de Versailles. 13
Valorisation En complément de la publication principale mentionnée ci-dessus, ce travail de modélisation a également fait l’objet de deux publications préliminaires (Sándor et al., 2016 ; Soussana et al., 2016) et a été accompagné par une analyse des points de force et de faiblesse des modèles Département EA mobilisés (Brilli et al., 2017). Trois articles sont en cours de préparation, dont un sur l’évaluation de ces mêmes modèles par rapport à l’estimation des flux de C en prairies et grandes cultures, et deux sur l’utilisation des modèles pour tester l’impact de la gestion des prairies et des grandes cultures sur les émissions GES (options d’atténuation). De plus, dans l’optique d’une science collaborative et ouverte, les données issues de cette recherche (expérimentales et simulations) seront rendues accessibles et réutilisables à travers une base de données partagée, accompagnée d’un article décrivant sa structure et son contenu (data paper). Enfin, l’ensemble de ce travail contribue à une thèse de Doctorat préparée dans le cadre d’une démarche de Validation des Acquis de l’Expérience (F. Ehrhardt, 2017). Références bibliographiques > Ehrhardt, F. et al. (2017) Assessing uncertainties in crop and pasture ensemble model simulations of productivity and N2O emissions. Global Change Biology, DOI: 10.1111/gcb.13965 > Brilli, L. et al. (2017) Review and analysis of strengths and weaknesses of agro-ecosystem models for simulating C and N fluxes. Science of the Total Environment, 598, 445-470. DOI: 10.1016/j.scitotenv.2017.03.208 > Sándor, R. et al. (2016) C and N models Intercomparison - benchmark and ensemble model estimates for grassland production. Advances in Animal Biosciences, 7, 245-247. DOI: 10.1017/S2040470016000297 > Soussana, JF. et al. (2016) Assessing simulation models for field scale projections of pasture and crop GHG emissions. 6th Greenhouse Gas and Animal Agriculture Conference (GGAA), Melbourne, Australia (14-18/02/2016) 14
Un nouveau cadre d’analyse de la diversité des formes d’agriculture : conséquences pour la recherche agronomique Département EA Résumé UMR LAE UMR AGIR Pour caractériser de manière générique et précise les formes d’agriculture répondant aux enjeux UMR Agronomie de durabilité, un groupe de travail du département Environnement et Agronomie de l’INRA Dépt EA propose un nouveau cadre d’analyse. Il permet de caractériser les systèmes de production agricole selon la nature des intrants qu’ils mobilisent et selon leur niveau d’insertion dans les Centre Grand-Est Colmar systèmes alimentaires globalisés et les dynamiques territoriales. Contacts Contexte et Enjeux Olivier Thérond olivier.therond@inra.fr Pour répondre aux enjeux de durabilité de l’agriculture, il existe un foisonnement d’initiatives Michel Duru prenant différentes dénominations : écoagriculture, permaculture, agriculture biologique, de michel.duru@inra.fr précision, intégrée, de conservation, climato-intelligente... La plupart de ces termes englobe une Jean Roger-Estrade grande diversité de pratiques agricoles et chacun correspond à des systèmes qui présentent des jean.roger-estrade@inra.fr performances environnementales et socio-économiques très différentes. Guy Richard Certaines dénominations se réfèrent à la nature des technologies utilisées (par exemple guy.richard@inra.fr l'agriculture de précision) ou encore à la nature des intrants (agriculture biologique). En outre ces types d’agriculture ne considèrent pas explicitement les interactions des systèmes agricoles avec Priorité du document leur environnement socio-économique à l'échelle locale, régionale, nationale ou mondiale. d’orientation D’autres classifications décrivent les formes de durabilité via l’utilisation de concepts tels que #3Perf l’agriculture durable, l’intensification écologique ou encore l’agroécologie, mais là encore, les principes sur lesquels reposent ces catégories sont multiples, souvent ambigus et se recouvrent Plan d’action pour partie. Prospective scientifique Pour caractériser de manière générique et précise les formes d’agriculture répondant aux enjeux interdisciplinaire de durabilité, un groupe de travail du département Environnement et Agronomie de l’INRA propose un nouveau cadre d’analyse. Il permet de caractériser les systèmes de production Métaprogramme agricole selon la nature des intrants qu’ils mobilisent et selon leur niveau d’insertion dans les Ecoserv systèmes alimentaires globalisés et les dynamiques territoriales. Mots clés Système de production, Résultats service écosystémique, système alimentaire alternatif, Les systèmes de production peuvent être caractérisés suivant leur mode de fonctionnement économie circulaire, paysage, biotechnique et le(s) contexte(s) socio-économique(s) dans lesquels ils sont insérés. agroécologie, développement territorial intégré Fonctionnement biotechnique des systèmes de production selon la nature des intrants mobilisés Les agriculteurs mettent en œuvre des pratiques de conduite de culture ou d’élevage qui peuvent être regroupées en trois grandes stratégies de fonctionnement biotechnique. Les deux premières sont basées sur l’exploitation de systèmes simplifiés (ex. faible diversité des cultures) et l’utilisation associée d’intrants industriels. La première est avant tout basée sur l’utilisation d’intrants de synthèse alors que la deuxième privilégie les intrants biologiques (matières organiques, biopesticides, stimulants de la vie du sol ou de la santé des plantes, organismes introduits), moins dommageables pour la santé humaine et les écosystèmes. La troisième stratégie, plus en rupture, nécessite une reconception des systèmes simplifiés en diversifiant les cultures, les paysages et en amplifiant la vie biologique du sol afin de développer les services écosystémiques fournis par la nature à l’agriculteur, aussi appelé « services intrants ». 15
Dans les différents systèmes de production, les intrants exogènes à l’écosystème et les services écosystémiques (endogènes) sont mobilisés dans des proportions variables. Les contextes socioéconomiques des systèmes de production Département EA Les contextes socioéconomiques dans lesquels sont insérés les systèmes de production agricole déterminent la nature et les prix de leurs intrants et des produits agricoles ; ils pèsent donc sur leur fonctionnement biotechnique. Quatre grands types de contexte socio-économique ont été identifiés et peuvent coexister : - Les systèmes alimentaires industrialisés et mondialisés, structurés autour de marchés très concurrentiels et qui posent souvent des questions de durabilité. - Les projets locaux ou régionaux de développement d’économies circulaires qui offrent des opportunités de substitution des intrants chimiques par des intrants biologiques et de diversification des systèmes de production (production de biomasse « énergétique »). - Les projets de développement de systèmes alimentaires alternatifs qui répondent aux enjeux de qualité des produits, d’équité sociale, de (re)localisation et de santé humaine. - Les projets de développement territorial intégré, impliquant l’agriculture, mobilisant les leviers de l’économie circulaire et des systèmes alimentaires alternatifs, en complément de ceux de la gestion intégrée du paysage pour le développement des services écosystémiques s’exprimant à cette échelle. Le niveau d’intégration des systèmes de production dans ces différents contextes socio- économiques détermine le poids relatif des relations basées sur le prix des intrants et des produits agricoles des marchés globalisés face à celles basées sur des objectifs sociaux (équités, répartition de la valeur ajoutée...), de respect de l’environnement ou de relocalisation. Cadre d’analyse des formes d’agriculture Considérant les grands types de système de production et les caractéristiques des principaux contextes socio-économiques dans lesquels ils peuvent être intégrés nous avons développé un cadre analytique de la diversité des formes d’agriculture (figure 1). Chaque forme d’agriculture correspond à un type de système agricole inséré dans un ou plusieurs contextes socio- économiques. Par conséquent, deux dimensions caractérisent chaque forme d’agriculture: (i) le poids relatif entre les intrants exogènes et les services écosystémiques dans le fonctionnement biotechnique des systèmes agricoles (axe vertical de la figure 1) et (ii) les relations entre les systèmes agricoles et leurs contextes socio-économiques, permettant de distinguer les systèmes dont le fonctionnement est très déterminés par les prix des marchés mondiaux et des systèmes très ancrés dans des dynamiques territoriales (axe horizontal de la figure 1). En utilisant ce cadre et en analysant les relations potentielles et cohérentes entre les trois types de systèmes agricoles et les quatre contextes socio-économiques présentés ci-avant, nous avons identifié six formes d’agricultures qui répondent de différentes manières aux enjeux de durabilité de l'agriculture. Elles représentent un gradient d’utilisation des services écosystémiques et d’ancrage territorial (d’en bas à gauche à en haut à droite de la fig. 1). Ces formes d’agriculture représentent les principaux modèles existants et étudiés. Cette liste n’a pas vocation à être exhaustive et devrait être complétée lors de travaux futurs. La détermination de ces formes d’agriculture a permis d’identifier les questions clés de recherche en agronomie associées à chacune de ces formes ou transversales à celles-ci. Parmi ces dernières, il y a un fort enjeu de recherche autour du développement de méthodes d’évaluation multicritères et multi-niveaux des formes d’agriculture individuelles ou en coexistence à l’échelle du territoire. Un autre type de front de recherche relève de l’analyse des conditions de coexistence de ces formes d’agriculture et de la transition d’une forme d’agriculture à une autre. 16
Département EA Figure 1 : Principales formes d’agriculture à la recherche de plus de durabilité (de 1a à 2c) pour lesquels les systèmes de production (SP) sont représentés en fonction de (i) la part relative de services écosystémiques ou intrants exogènes mobilisés dans la production agricole (axe Y) et (ii) le type relations qu’ils entretiennent avec leur contexte socio-économique, basé sur les prix des marchés mondialisés de produits et composés agricoles ou l’ancrage dans des dynamiques territoriales (axe X) ; les principales formes d’agriculture ont été numérotées 1 et 2 pour tenir compte du changement de paradigme lié à la nature des intrants; les lettres a, b et c traduisent un degré d’insertion dans les dynamiques territoriales de plus en plus élevées. Des exemples emblématiques sont présentés en rouge avec des exemples d’intensité en termes de mise en œuvre des principes en gris. . Perspectives > Un travail de caractérisation socio-économique de ces formes d’agriculture a été réalisé par les UMR AGIR et LAE et donnera lieu à publications (Plumecoq et al., a&b). > Dans la continuité de ce travail, une thèse financée par In-Vivo (bourse CIFRE) et réalisée au sein de l’UMR LAE (INRA) sera lancée début 2018 afin de réaliser une caractérisation des formes d’agriculture en France et l’évaluation de leur vulnérabilité aux aléas économiques et climatiques. Valorisations scientifiques Cadre d’analyse, Formes d’agriculture et Questions de recherche agronomiques : > Therond, O., Duru, M., Roger-Estrade, J., Richard, G., 2017. A new analytical framework of farming system and agriculture model diversities: a review. Agronomy for Sustainable Development, 37: 21. doi:10.1007/s13593-017-0429-7 Caractérisation socio-économique de ces formes d’agriculture : > Plumecocq, G., Debril, T., Duru, M., Magrini, M.B., Sarthou, J.P. et Therond, O., (à paraître), Caractérisation socio-économique de la diversité des formes d’agriculture, Économie Rurale. > Plumecocq, G., Debril, T., Duru, M., Magrini, M.B., Sarthou, J.P. et Therond, O., (in revision), Value Pluralism and Legitimacy of Agriculture Models: A Socio-Agronomic Approach to Sustainable Transitions, Ecology & Society. Valorisations grand public en français > http://www.inra.fr/Entreprises-Monde-agricole/Resultats-innovation-transfert/Toutes-les- actualites/differentes-formes-agriculture > https://www.sfecologie.org/regard/r74-sept-2017-formes-agriculture-michel-duru-et-al/ 17
Des systèmes agrivoltaïques dynamiques Département EA Résumé Les systèmes agrivoltaïques consistent en la combinaison de panneaux photovoltaïques et d’une production agricole sur le même terrain. Le concept innovant de système agrivoltaïque dynamique, né du partenariat avec la société française Sun’R, offre la possibilité d’orienter les UMR LEPSE panneaux et donc de moduler l’ombre portée au niveau de la culture. Le LEPSE contribue au Écophysiologie des Plantes développement d’un modèle permettant d’optimiser l’orientation des panneaux pour améliorer la sous Stress Environnementaux productivité globale de ces systèmes, d’un point de vue agricole et électrique. Centre Occitanie-Montpellier Contacts Thierry Simonneau thierry.simonneau@inra.fr Angélique Christophe angelique.christophe@inra.fr Priorités du document d’orientation #OpenScience, #Climat Métaprogramme Contexte et Enjeux ACCAF Les systèmes agrivoltaïques, combinant des panneaux solaires et des cultures agricoles sur le Mots clés même sol, sont récemment apparus comme une solution possible au conflit d’usage des terres Systèmes agrivoltaïques, entre productions agricole et d’énergie. Ceci représente à la fois un enjeu sociétal et ombrage, acclimatation, environnemental fort avec une préservation et une valorisation des terres agricoles. Lancé en écophysiologie, photovoltaïque 2010 à l’INRA de Montpellier, de tels systèmes avec des panneaux stationnaires se sont avérés efficaces sous certaines conditions et ont démontré l’intérêt économique de ce type de solutions pour des cultures à forte valeur ajoutée, de type maraîchage. Des systèmes agrivoltaïques dynamiques composés de panneaux mobiles, dont l’orientation peut être modifiée à tout moment, offrent la possibilité de moduler l’ombre portée au niveau de la culture en fonction de ses besoins. Outre des développements technologiques, ces systèmes dynamiques nécessitent le développement d’algorithmes de pilotage permettant d’améliorer la productivité agricole et/ou celle de l’ensemble du système par rapport au système agrivoltaïque fixe. Cependant, il est délicat d’estimer les effets de tels systèmes dynamiques sur les plantes. En effet, ce type de systèmes est nouveau et les réponses des plantes à des ombrages intermittents et des changements microclimatiques fréquents, tels que ceux induits par les panneaux mobiles, restent très peu documentées dans la littérature scientifique. Les enjeux scientifiques pour notre équipe étaient donc i) d’analyser les réponses des plantes et d’améliorer les modèles écophysiologiques relatifs à la production de biomasse dans le contexte microclimatique particulier des systèmes agrivoltaïques dynamiques et ii) de dégager des pistes pour le contrôle de l’orientation des panneaux mobiles d’après les modèles de croissance des plantes établis sous ces panneaux. Résultats Les performances de systèmes agrivoltaïques dynamiques et fixes ont été étudiées et comparées pour deux variétés de laitue sur trois saisons différentes. Deux modes de pilotages ont été testés, 18
un mode classique de pilotage des panneaux suivant la course du soleil et un mode raisonné maximisant le rayonnement reçu par la plante sauf autour du midi solaire où l’ombrage des plantes permet de limiter la demande évaporative. Cette étude a montré que l'on pouvait améliorer à la fois les productivités électrique et agricole de la parcelle en utilisant des panneaux photovoltaïques dynamiques plutôt que stationnaires, tout en maintenant la production agricole à des niveaux proches de ceux obtenus en plein soleil. Des Département EA acclimatations du développement foliaire dans tous les systèmes agrivoltaïques ont conduit à une meilleure utilisation du rayonnement transmis par la culture. Mais il existe des différences entre les saisons et les dispositifs : ce bénéfice était plus faible pendant les saisons à fort rayonnement et pour le mode de pilotage raisonné. Comme attendu, le pilotage classique suivant la course du soleil, a largement augmenté la production électrique par rapport aux panneaux stationnaires mais il a également légèrement augmenté le rayonnement transmis aux plantes et ainsi la production de biomasse. Pour le mode de pilotage raisonné, le rayonnement transmis a fortement augmenté, et a favorisé la croissance de la plante mais au détriment de la production électrique. Ce travail a fourni des pistes d’amélioration de la gestion du pilotage des panneaux en fonction du développement de la plante, des conditions climatiques et des objectifs de productions. Perspectives Le projet SunAgri3 (ADEME-PIA) récemment accepté poursuit le partenariat engagé avec la société Sun’R et la dynamique de collaboration autour des systèmes agrivoltaïques, en élargissant les travaux de recherches sur un ensemble de cultures (maraichage, viticulture, arboriculture, grandes cultures). La mise en place de nouveaux sites expérimentaux (UE Pech Rouge, UE Alénya, station expérimentale de la Pugère) et le développement d’outils de modélisation en collaboration avec la société ITK-Montpellier, devraient permettre d’approfondir les réponses des plantes dans ces systèmes agrivoltaïques et de tester plus largement des scénarii de pilotage. Des démonstrateurs seront mis en place en situation d’exploitation réelle pour aboutir à une phase de commercialisation de ces systèmes agrivoltaïques, envisagée en 2022. Valorisation > Thèse de Benoit Valle (soutenue en juin 2017), financée par Sun’R via une bourse CIFRE : Modélisation et optimisation de la croissance de la laitue dans un système agrivoltaïque dynamique > Projet FUI (Fonds Unique Interministériel, 2014-2017). Sun’Agri2. Conception de systèmes agrivoltaiques dynamiques Partenaires privés : Sun’R, Optimum Tracker, Photowatt (EDF ENR PWT). Partenaires académiques : INRA, IRSTEA, CEA > Projet ADEME-PIA (projet investissements d’avenir, 2017-2021). Sun’Agri3. Développement de systèmes agrivoltaïques dynamiques à l’échelle commerciale (développement de nouveaux modèles de croissance de plantes sur six espèces représentatives, optimisation de la robustesse des protocoles de pilotage, développement et structuration de la recherche scientifique autour de systèmes agrivoltaïques dynamiques). Partenaires privés : Sun’R, Photowatt (EDF ENR PWT), ITK. Partenaires académiques : INRA, IRSTEA Références bibliographiques > B. Valle, T. Simonneau, F. Sourd, P. Pechier, P. Hamard, T. Frisson, M. Ryckewaert, A. Christophe, Increasing the total productivity of a land by combining mobile photovoltaic panels and food crops, In Applied Energy, 2017, Volume 206, Pages 1495-1507, ISSN 0306-2619, https://doi.org/10.1016/j.apenergy.2017.09.113 > B. Valle, T. Simonneau, R. Boulord, F. Sourd, T. Frisson, M. Ryckewaert, P. Hamard, N. Brichet, M. Dauzat, A. Christophe, PYM : a new, affordable, image-based method using a raspberry Pi to phenotype plant leaf area in a wide diversity of environments, In Plant Methods, 2017, https://doi.org/10.1186/s13007-017-0248-5 19
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