Doria Tillier AUSSI SÉDUCTRICE QUE DRÔLE - BEAUTÉ - Infrarouge
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
INFRAROUGE EN VENTE NULLE PART www.infrarouge.fr Doria Tillier AUSSI SÉDUCTRICE QUE DRÔLE #201 MUSIQUE INSPIRATION BEAUTÉ ENTRETIEN AVEC FEDER ZOOM SUR LES PAYS TENDANCE 2019 PETITS SECRETS ENTRE AMIES
Ours Édito Un automne solidaire ! Directeur de la publication : Nicolas Imbert nimbert@infrarouge.fr - tél. : 01 53 83 44 32 Directeur associé : Hubert Chambon hchambon@infrarouge.fr - tél. : 01 53 83 44 30 RÉDACTION Rédactrice en chef : Olivia de Buhren olivia@infrarouge.fr - tél. : 01 53 83 44 34 A PUBLICITÉ Directrice commerciale : près avoir « soutenu » nos enfants pour la Florence de Riedmatten rentrée scolaire, ce automne on se mobilise. On florence@infrarouge.fr - tél. : 01 53 83 87 86 se tourne vers les autres. On soutient les femmes et les hommes à travers les campagnes Octobre GRAPHISME / MAQUETTE Rose et Movember. À Infrarouge, on pense qu’en Directrice artistique : Patricia Jadrosic d’Halluin se sentant tous concernés, on permettra à la patricia.ja@infrarouge.fr médecine d’aller plus vite, plus fort. Depuis plus de vingt ans, l’attention du grand ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO public est régulièrement attirée par une Fabrice Bourland, Marie-Laure Combelles, campagne internationale autour du cancer du Cécile Espinasse, Catherine Jazdzewski, sein. Depuis 1985, de nombreux pays organisent un mois de sensibilisation Déborah Laugel, Audrey Poux, Livia Santana, soutenu par des associations, des grandes marques et des laboratoires Judith Spinoza, Laura Tenoudji. pharmaceutiques. En France, cette opération prend le nom d’« Octobre Rose ». S’il vous prend une envie de shopping pour renouveler votre garde-robe, Secrétaire de rédaction faites d’une pierre deux coups en privilégiant les enseignes qui participent Fabrice Bourland à l’initiative (B&sh, Sézane, PrimaDonna, H&M…). Vous apporterez ainsi votre écot. Photographie de couverture En novembre, place à l’opération Movember pour sensibiliser l’opinion Guillaume Brunet-Lentz publique au cancer de la prostate – qui touche, chaque année en France, Pour Share & Dare près de 71 000 nouveaux patients – et, plus largement, à toutes les maladies masculines. Les hommes sont donc invités à soutenir virilement cette noble Infrarouge, 7, rue Balzac, 75008 Paris cause. Comment faire ? Rien de plus simple : démarrez le mois rasé de près, Sarl de presse au capital de 235 800 € puis laissez-vous pousser la moustache. Ensuite, postez vos photos sur RCS Nanterre B 429 643 877 les réseaux sociaux avec le hashtag #movember. Cette opération, née en Gérant : Nicolas Imbert Australie en 2003, permet de financer 1 200 projets de recherche sur la santé Principaux associés : Arnaud Béziers la Fosse masculine dans le monde. et Hervé Prouteau Nous, on dit bravo et on vous suit ! Tirage national Infrarouge : 60 000 ex. - ISSN : 283-8969 Imprimé en Belgique en octobre 2018 Olivia de Buhren cancerdusein.org Ce magazine gratuit ne peut être vendu. fr.movember.com La reproduction même partielle des textes, images et photographies publiés dans ce numéro d’Infrarouge est interdite sans autorisation expresse de l’éditeur. Retrouvez Infrarouge en ligne Sommaire 16 18 34 Au bon endroit, au bon moment @infrarougemagazine DÉCOUVERTE COVER STORY BEAUTÉ Jeunes talents Doria Tillier David Mallett facebook.com/infrarougemag 37 50 56 Appli Air France Press Pressreader ProPress INSPIRATION AUTO FOOD SFR Presse leKiosk Les 10 pays Laurie Cholewa En novembre, tendance 2019 roule en Lexus vive les bonnes tables infrarouge.fr 5
REPÉRAGES de cœur Voici une sélection de NOUVEAUTÉ nouveautés qui nous ont tapé dans l’œil. On les partage avec vous. Par la Rédaction MODE HOMME Coups La Garçonnière se refait une beauté Le concept-store lifestyle préféré des hommes déménage dans des locaux de 370 m2 pour mieux vous accueillir. La Garçonnière, c’est un lieu où faire son shopping entre potes dans une atmosphère détendue. Entre deux essayages, rien de tel qu’une partie de babyfoot. Vous trouverez même un barbier pour dompter vos poils. Une petite fringale ? Pas de souci, un restaurant est ouvert le midi. La Garçonnière, 47, rue des Archives, 75003 Paris. la-garconniere.fr Liaigre, une (r)évolution en marche Véritable institution alliant style minimaliste, beauté des matériaux et rigueur esthétique, Liaigre est une marque RIVE DROITE de luxe à l’aura internationale. Pour la première fois depuis sa création par Christian Liaigre en 1985, elle investit la rive droite et la très parisienne rue du Faubourg-Saint-Honoré. Un grand pas franchi pour cette maison quasiment indissociable de la rive gauche, mais également une nouvelle manière de présenter tout l’univers Liaigre dans un seul et même endroit. Liaigre, 77, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris. Tél. : 01 70 64 14 84. liaigre.com Arty De l’art pour la bonne cause The Skateroom, la marque audacieuse qui redonne vie au bon vieu skateboard, lance en version limitée un modèle aux couleurs du célèbre tableau de Basquiat, Horn Players. Une partie de l’argent des ventes sera reversée à l’association Skateistan, qui œuvre pour des programmes éducatifs dans le monde. Triptyque Basquiat Horn Players, 80 cm x 20 cm x 1 cm, 550 € le skateboard. En vente à la boutique design du Centre Pompidou. 7
Bien-être Une pause détente Le spa du boutique-hôtel Bowmann Paris, qui vient d’ouvrir ses portes, est VOYAGE l’endroit idéal pour se relaxer et oublier tous ses tracas ! Melvina vous accueille pour un soin sur mesure avec les Une nouvelle façon produits de Lacure Officine. Au choix, de voyager tout confort soins du visage, massage… Un moment Hôtel ou appartement ? Plus besoin de choisir ! Créé en 2014, de détente complété par un jacuzzi, un Sweet Inn vous propose de louer des appartements design hammam, un sauna et une magnifique et haut de gamme tout en bénéficiant de services hôteliers. piscine au fond bleu saphir ! Vous y retrouverez tout le confort d’un hôtel – bagagiste, room Hôtel Bowmann Paris, 99, boulevard service, chef à votre disposition –, mais avec les commodités Haussmann, 75008. Tél. : 01 40 08 00 10. d’un appartement. Sweet Inn, c’est un réseau de plus de hotelbowmannparis.com 5 500 logements idéalement situés dans les grandes capitales européennes. Paris, Londres, Dublin, Bruxelles, Rome, Milan, Lisbonne, Barcelone, Madrid… Quelle sera votre prochaine destination ? sweetinn.com Zen Du yoga solidaire Les Yogis du Cœur, c’est l’expérience à ne pas manquer en cette fin d’année ! Pour cette cinquième édition, l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque est SO CHIC reçue dans le somptueux salon Opéra de l’hôtel InterContinental Paris Le Grand. Au programme de la journée, postures de yoga, méditation active, danse libre et bain de gong. Cet événement est réservé aux 200 premiers inscrits, alors dépêchez-vous et rendez-vous le dimanche 18 novembre 2018 à l’InterContinental, de 10h30 à 14h30, pour un moment de grande relaxation. Les Yogis du Cœur, réservation sur mecenat-cardiaque.org/yogis-du-coeur « 16 », le sac by Slimane Premier sac imaginé par Hedi Slimane pour la marque Céline, dont il est le directeur artistique depuis février dernier ! Lady Gaga l’a déjà et nous, on en rêve… © MCC celine.com 8
EXPOS Trois expos pour garder les yeux bien ouverts Emma Stone et Ryan Gosling dans La La Land réalisé par Damien Chazelle, 2016. Par Olivia de Buhren La joie de vivre au cinéma Qui n’a pas rêvé devant West Side Story ou Chantons sous la pluie ? Que suscitent en vous les personnages de comédies musicales comme La La Land ou Les Demoiselles de Rochefort ? La Philharmonie de Paris organise une exposition permettant de découvrir ces célèbres films à travers des photographies, des projections ou encore des documents uniques. Ce genre cinématographique incontournable est intégralement revisité, de ses origines jusqu’à aujourd’hui. En bonus, des cours de claquettes sont organisés pour les enfants. Comédies musicales, du 19 octobre 2018 au 27 janvier 2019 à la Philharmonie de Paris. 221, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris. philharmoniedeparis.fr William Wegman, Décontracté, 2002. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.Björk dans Dancer in the Dark réalisé par Lars von Trier, 2000. Michael Jackson : On the Wall Attention, big event ! Le Grand Palais consacre une exposition au « roi de la pop », le regretté Michael Jackson. L’événement revient sur la carrière du chanteur et sur son influence dans le monde de la musique et de l’art. Le parcours de l’exposition dévoile de manière originale l’énorme impact populaire du chanteur américain. C’est rare d’avoir quelque chose de neuf à dire sur quelqu’un d’aussi connu, mais, ici, c’est le cas ! En prime, on aura le plaisir de contempler quelques œuvres signées Andy Warhol ou encore David LaChapelle. Un bonheur ! Michael Jackson : On the Wall, du 23 novembre 2018 au 14 février 2019 au Grand Palais. 3, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris. grandpalais.fr American Jesus, David LaChapelle. Mark Ryden, The King of Pop, détail. Paris Photo C’est le rendez-vous incontournable de la photographie à Paris : quatre jours dédiés à cet art de l’instant capturé, quatre jours de rencontres avec les plus illustres galeries mondiales. En vingt ans d’existence, cette foire d’art internationale consacrée à la photographie ancienne et contemporaine a réussi à sortir la discipline du petit cercle des initiés pour l’ouvrir au grand public. Chaque année, Paris Photo présente le meilleur de la création tandis que de nouveaux talents sont placés sous le feu des projecteurs. En 2017, on y retrouvait, entre autres, des œuvres de Diane Arbus, Alberto García-Alix, Helmut Newton, Irving Penn, Éli Lotar et Man Ray. On est impatient de connaître la nouvelle programmation. Paris Photo, du 8 au 11 novembre 2018 au Grand Palais. 3, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris. parisphoto.com Highness - Hybrid I - 2011, Delphine Diallo. Bonfire N°25 - 2010, Philippe Grollier. Et pour avoir l’air plus cultivé que ses amis Miro, Grand Palais jusqu’au 4 février 2019 • Jean-Michel Basquiat, Fondation Louis-Vuitton jusqu’au 14 janvier 2019 • Picasso bleu et rose, Musée d’Orsay jusqu’au 6 janvier 2019 • Alejandro Cesarco : apprendre la langue, Jeu de Paume jusqu’au 27 janvier 2019 • AJAP 2018, Cité de l’Architecture et du Patrimoine jusqu’au 10 décembre 2019 • Tadao Andō, le défi, Centre Pompidou jusqu’au 31 décembre 2018. 10
SORTIR Que le spectacle commence ! Des films, des films et une pièce ! Par la Rédaction À l’écran... Lellouche se mouille Pour son premier film en tant que réalisateur solo, Gilles Lellouche signe une comédie familiale ... sur les comme on les aime. Très bien accueillie à planches Cannes, elle dresse le portrait d’une bande de quadragénaires dont la vie prend l’eau. Pour y remédier, pourquoi ne pas se mettre ensemble à… la natation synchronisée ? Un long métrage à la fois drôle et émouvant. Certes, les blagues Retour au lycée le temps sont parfois un peu faciles, mais force est de d’une soirée constater que ça marche ! Huit filles et un garçon en classe de Le Grand Bain de Gilles Lellouche. Avec Mathieu terminale littéraire du lycée Saint-Sulpice Amalric, Benoît Poelvoorde, Guillaume Canet, se prêtent au jeu de la critique de Jean-Hugues Anglade, Philippe Katerine, Leïla Bekhti, notre société contemporaine. Durant Virginie Efira… En salle le 24 octobre 2018. l’une de leurs soirées, la violence qu’ils retenaient au fond d’eux surgit avec plus de virulence que d’habitude. Un Titanic façon 2018 Des sujets très actuels comme les Kursk, on y va pour l’histoire basée sur des relations hommes-femmes sont faits réels : le 12 août 2000, le sous-marin amenés à être débattus. L’influence nucléaire russe explose dans la mer du Nord des nouvelles technologies sur ceux avec 178 hommes à son bord. Pendant des qui s’apprêtent à basculer dans jours, les quelques rescapés vont lutter l’âge adulte s’impose comme l’un pour rester en vie jusqu’à l’arrivée des des thèmes centraux de la pièce. secours. Léa Seydoux endosse à merveille On se laisse facilement entraîner le rôle de la femme qui se bat. On aime dans le jeu des acteurs, âgés de 19 la critique du pouvoir russe des années à 24 ans, qui réussissent l’exercice 2000, même si la scène finale semble un à merveille. Une pièce à voir et à brin mélodramatique. En bref, Kursk, c’est revoir sans modération ! un Titanic brillamment revisité. Parlons d’autre chose de Léonore Kursk de Thomas Vinterberg. Avec Matthias Confino, mise en scène de Catherine Schoenaerts, Léa Seydoux, Colin Firth. En salle Schaub. Théâtre Tristant Bernard, le 7 novembre 2018. jusqu’au 22 décembre. Magnifique Fabrice Lucchini ! Salles combles Comme toujours, Fabrice Lucchini nous éclabousse de son talent. Capable de tout, il joue le personnage de Pierre avec brio. C’est L’Ordre des choses, avec Gérard Darmon, Vincent un homme pressé, qui veut être arrivé avant même de partir. Il ne Desagnat et Pascale Louange - théâtre de la Michodière marche pas, il court, sur les routes, et frôle en permanence l’accident jusqu’au 6 janvier 2019 • Plaidoiries, avec Richard mortel. Jusqu’au jour où il rencontre Hedwige, qui bouleverse sa Berry - théâtre Antoine jusqu’au 25 novembre 2018 vie. Quand on ne sait pas perdre son temps, rien ne sert de courir ! • Le Prénom, avec Florent Peyre et Jonathan Lambert Un homme pressé de Hervé Mimran. Avec Fabrice Lucchini, Leïla - théâtre Édouard-VII jusqu’au 6 janvier 2019. Bekhti. En salle le 7 novembre 2018. 12
© ∏TS3 Jean Paul, monstre sacré Dernière création du célèbre couturier Jean Paul Gaultier, le Fashion Freak Show célèbre le droit à la différence avec une drôlerie mordante. Le freak, c’est chic, et populaire aussi ! Par Judith Spinoza S acré Jean Paul ! Les années ont passé et tu n’as pas changé. Marinière Cet anglicisme a collé à ton existence impertinente, à tes choix audacieux. C’est un freak ou pas, tu restes le freak de tes débuts, ce « jeune qui refuse les valeurs de so chic, une étrangeté que tu distords, que tu embellis, que tu fais tienne et, pas avare, la société bourgeoise ». Le mecton décalé, le à laquelle tu donnes vie sur la scène des Folies Bergères, gars à l’esprit indépendant et extravagant. dans cette revue en double F : Fashion Freak Show. A Real Un Maverik qui ne s’est pas conformé aux man show... Une dinguerie protéiforme dont le fil rouge codes conventionnels dès l’enfance. Car est « l’histoire de ta vie ». Un spectacle total avec danse, non, tu n’es plus cette « fille manquée » de musique, vidéo et chorégraphie, dans lequel se succèdent la cour d’école, dans le dos de laquelle l’institutrice avait les tableaux. 50 ans de culture pop, de Paris à Londres, épinglé ton joli dessin de silhouettes tout en strass et de pièces cultes et autres invités surprise (Conchita Wurst, en bijoux pour te punir de ton inattention. La vilaine ! Rossy de Palma, Catherine Ringer et Catherine Deneuve). Bénies soient ces femmes de papier aux mille vertus Les filles en bas résille et strass qui s’étaient coincées dans Photo Jean Paul Gaultier © Laurent Seroussi qui ont présidé à ton destin : depuis ce jour-là, Jean Paul ta rétine d’enfant, celles-là même qui te valurent l’opprobre est devenu un héros parmi ses camarades de classe. de ta maîtresse, pif paf, tu nous les offres sur un plateau. Quelques décennies plus tard, Gaultier est devenu le Entrée, plat, dessert : « oulala, it’s cabaret ! » Voici un défilé nôtre, en tout cas le mien, et celui d’une génération (dé)culotté et joyeux, mâtiné de créatures excentriques, d’amoureux d’une mode à la fois pointue – qui annonce de beaux monstres, d’expériences ratées et magnifiques. le gender fluid – et populaire – incarnée. Tu as rayonné à J’espère seulement, Jean Paul, que tu as invité ta vieille la façon d’un geyser terrible, transcendant les frontières institutrice à cette revue d’enfant terrible. scandaleusement hermétiques de ce sérail : upside down les codes de la rue, la marinière, les seins coniques, le masculin-féminin. Tu es le shaker révolutionnaire Depuis le 2 octobre 2018 aux Folies Bergères, 32, rue Richer, 75009 Paris. du freak à la française. foliesbergere.com 13
LIVRES Books en stock Parce que les livres ne servent pas qu’à caler les armoires, voici notre sélection de nouveautés littéraires pour frissonner, voyager, rêver et faire le plein d’émotions fortes. Par Fabrice Bourland V oyage au long cou D’aucuns affirment qu’Éric Poindron est un personnage venu du passé – d’un siècle forcément baroque Le mâle être – qui se serait perdu dans notre espace-temps. Un américain victime de dysenterie au beau milieu d’une Preuve en est sa manie des cabinets de curiosité, île perdue du golfe de Thaïlande connaît l’illumination de même que sa propension à « tenir salon » mystique ; un sexologue en mission scientifique dans une pour deviser littérature et autres futilités. Preuve tribu Dawat, en Nouvelle-Guinée occidentale, se retrouve en également, sa manière d’écrire des livres légers, butte aux singulières mœurs de la population masculine ; malicieux, primesautiers, pétillants d’intelligence un célibataire a du mal à encaisser que son ex, qui veut et qui, pourtant, recèlent mille tiroirs secrets. Dans faire un bébé toute seule, choisisse une autre semence son dernier ouvrage, l’auteur part en quête d’une que la sienne… Si les personnages de ces dix nouvelles girafe. Ne riez pas, c’est une affaire sérieuse. Il n’y a à l’ironie mordante sont loin d’être des superhéros, ils pas si longtemps – une poignée de siècles à peine –, n’en sont que plus touchants. À l’aube de notre siècle on doutait de la réalité de cet étrange animal. Les tourmenté – où le nombre moyen de spermatozoïdes incrédules prétendaient qu’il n’était qu’un fantasme a chuté de moitié et où les mectons passent leur temps de zoologue. Grâce à Éric Poindron, dernier-né d’une à s’épiler –, dur, dur d’être un homme ! dynastie de chasseurs de rêves, son existence est Des raisons de se plaindre de Jeffrey Eugenides, éditions désormais certifiée. “Rolland serait plutôt, de l’Olivier, 22,50 €. L’ombre de la girafe d’Éric Poindron, éditions Bleu Autour, 13 €. si l’on veut, un mélange P de Brialy et de Belmondo.” Bertrand Schefer auvres diables Rapt in blues Alfred Busi, ancien chanteur et veuf inconsolé, En 1960, alors qu’au Festival de Cannes L’Avventura coule une retraite paisible dans sa villa. Une d’Antonioni se fait conspuer par le public – aïe, aïe, nuit, pourtant, il est attaqué par une créature aïe, un film soi-disant policier où rien ne se passe, qui fait pitance dans ses poubelles. Busi est l’impardonnable dissolution du récit ! –, un autre drame persuadé que l’assaillant n’est pas un animal, se joue qui, quant à lui, replace le romanesque au cœur mais un enfant, innocent et affamé. Il n’en du réel. Une bande d’escrocs ayant lu Rapt de Lionel faut pas plus pour déchaîner une vague de White, publié dans la fameuse « Série noire », décide haine anti-pauvres parmi ses concitoyens. d’organiser le kidnapping d’un des petits-fils de l’industriel Partout dans la ville, on se met à signaler des Peugeot. Les ravisseurs suivent avec soin la trame du agressions perpétrées par des indigents. C’est polar : ils vont jusqu’à recopier la lettre adressée aux sûr, il faut agir, et vite ! Lyrique et empreint parents de la victime ! Tel un enquêteur qui pisterait de poésie, cette fable moderne porte sur la les protagonistes du drame – en particulier Lise Bodin, façon particulière dont les peurs irraisonnées naïve reine de beauté et son amant Raymond Rolland, transforment nos comportements. Un cri play-boy mythomane –, Bertrand Schefer transfigure ce d’amour et d’empathie en faveur de tous les célèbre fait divers en une palpitante œuvre de fiction. laissés-pour-compte. La boucle est bouclée ? La mélodie de Jim Crace, Rivages, 21 €. Série noire de Bertrand Schefer, P.O.L., 17 €. Big Data La multinationale Larcher recrute des écrivains au N ouveau talent Coup de projecteur sur les éditions Nouvelles Plumes, chômage pour leur faire pondre à la chaîne des synthèses dénicheurs des talents de demain. Les œuvres sélectionnées à partir d’une masse d’informations débitées par un par le comité de lecture se voient publiées en avant- méga-ordinateur. Au fil des années, le narrateur prend première au Club France Loisirs avant d’être propulsées conscience que cet océan de métadonnées ne livre pas dans toutes les librairies de France et de Belgique. C’est simplement des infos sur le présent, mais qu’il fournit ainsi que Le Mystère Fowler, du prometteur Jérôme Leguerre des prédictions qui, la plupart du temps, tombent juste. (également réalisateur du court-métrage Sur la route), Alors, quand notre écrivain bureaucrate apprend que, est actuellement en vente sur le site du célèbre « club selon les algorithmes, sa fille Emma va bientôt mourir, de livres ». Le pitch ? Une nuit, Victoria Darcy, étudiante rien ne va plus et une course contre la montre s’engage en criminologie, aperçoit son mystérieux voisin au beau entre l’homme et la machine pour éviter le pire. Auteur milieu d’un jeu érotique. Son intérêt pour ce séduisant discret et subtil, qui, l’air de rien, en est déjà à son sixième quadragénaire va dès lors virer à l’obsession. Où l’objet opus, Alexis Brocas signe avec cette dystopie l’une des convoité n’est pas celui que l’on croit. belles surprises de la rentrée. Le Mystère Fowler de Jérôme Leguerre, Nouvelles Un dieu dans la machine d’Alexis Brocas, Phébus, 17 €. Plumes, 15,99 €. 14
15
DÉCOUVERTE Jeunes talents © Alexandre Tabaste ARCHI © Charlotte Donker Beaupassage, boulevard Raspail, Paris. Franklin Azzi, l’archi-talentueux R Remporter le concours international d’architecture pour la métamorphose de la tour Montparnasse face aux plus grandes agences, comme celles de Rem Koolhaas ou Dominique Perrault, n’était pas chose facile. Et pourtant, il l’a fait avec ses associés de la Nouvelle AOM (Chartier-Dalix et Hardel Le Bihan). La carrière de ce jeune architecte donne autant le vertige que les 230 mètres du plus haut gratte-ciel parisien, érigé en 1973 et qui sera réhabilité à partir de 2019 par le collectif réunissant les trois agences. Franklin Azzi a fondé son agence en 2006 après un passage à L’École Spéciale d’Architecture (auprès de l’éminent Paul Virilio) et à la Glasgow School of Art. Parmi son tableau de chasse, en France et à l’étranger, citons la toute récente réalisation du site Beaupassage (boulevard Raspail), les berges de Seine, l’École des Beaux Arts de Nantes et, bientôt, la tour Mama Shelter pour le groupe Accor à Dubaï. Sans oublier la décoration et la conception de mobilier, par exemple pour la maison Plisson (place du Marché-Saint-Honoré), les boutiques de Bali Barret (façon bunker et tentures rouges) ou encore celles de Christophe Lemaire, Isabel Marant et Jérôme Dreyfuss. « J’aime la déco. Ce que je n’aime pas, c’est que l’architecture devienne de la déco », explique Franklin Azzi. Esprit sans compromis, il ambitionne de revenir à l’essence d’un métier qu’il envisage à la façon de ses maîtres – Niemeyer ou Aalto –, génies de l’architecture globale où chaque détail décoratif préside à une fonction technique. « Je pars de l’idée qu’un projet est un tout, réalisé avec des disciplines différentes. » Agripper le réel C’est l’impulsion commune qui réunit les architectes de la Nouvelle AOM. Ainsi, la métamorphose de la tour Montparnasse, géant de verre écologique (70 % d’autonomie en énergie) et végétalisé (4 500 mètres de jardins, 9 000 m2 de jardins d’hiver et de loggias, une serre de 18 mètres de hauteur), promis pour 2024, sera le fruit d’une architecture sociétale qui intégrera plus de 25 intervenants : botanistes, sociologues, spécialistes des transports, Ce mois-ci, on vous acousticiens. « Il y a deux catégories d’archis : ceux qui courent avec le temps, qui envient la mode, le design et l’architecture fait découvrir trois d’intérieur. Et ceux qui ne rivalisent jamais avec lui et souhaitent s’inscrire dans la durabilité et le bien de la Cité. » Le projet Montparnasse a vu s’affronter ces deux écoles : la plupart des concurrents ont pensé la tour comme un flacon de entrepreneurs qui parfum, une silhouette extérieure. À l’inverse, en choisissant de louer des bureaux au 44e étage, la Nouvelle AOM comptent dans les a d’abord cherché à évaluer ses usages intérieurs pour la reprogrammer verticalement. L’humilité, l’intemporalité... Dans son agence de la rue d’Uzès, Franklin a d’ailleurs interdit les abonnements aux magazines d’architecture. domaines de la mode « Pour me laver l’œil des instantanés ou des modes et devenir plutôt “assemblier” de l’époque… J’ai l’impression d’appartenir et de l’architecture. à la génération du sampling. Je retrouve du souffle en mélangeant les genres. » À suivre... Par la Rédaction Anciens rythmes, nouvelles formes, son talent est d’agripper le réel, d’élargir le champ des possibles et de l’offrir aux Parisiens, du sol au jardin céleste. « Baisser l’ego, pousser l’architecture », tel est le credo d’Azzi. Franklin Azzi Architecture, 13, rue d’Uzès, 75002 Paris. franklinazzi.fr 16
Marloes Hoedeman, dessous sexy pour MODE filles chics Clarisse Virot, créatrice reptilienne Son histoire De son enfance dans les grands hôtels dont s’occupait son père, Clarisse Virot en a gardé un certain goût pour le luxe et les belles matières. Après de nombreuses années passées à travailler pour des grands noms du prêt-à-porter, elle n’en a pas pour autant oublié sa passion première : voyager. Voyager pour découvrir d’autres styles, d’autres modes, d’autres matières… Le fait de se lancer avec sa propre marque, Claris Virot (avec un seul « s »), luxe et pourtant décontractée, c’était une évidence pour elle ! MODE Son uniforme La liberté de ne pas en avoir. « J’aime la collision des styles, oser les mélanges… et parfois se tromper. » Son désir le plus cher Garder sa liberté ! « Voyager et profiter de ma famille du mieux possible, c’est Marloes Hoedeman, créatrice de la marque le plus grand luxe que je connaisse. » Love Stories, s’inspire de ses voyages, de la littérature et nous donne envie Ses influences de porter ses dessous comme des C’est principalement durant ses voyages et ses nombreux déplacements accessoires de mode. Rencontre. qu’elle puise ses idées. « Les couleurs et les formes que l’on trouve dans la nature sont les plus inspirantes qui soient ! Mais, surtout, je suis mon instinct Comment l’idée de créer Love Stories vous est-elle venue ? et j’apprends à me faire confiance. » J’ai toujours adoré la belle lingerie, mais je n’ai jamais vraiment trouvé la marque qui me convenait ni de modèles dans lesquels je me sentais bien. Son indispensable Sac Charly, le tout premier modèle qu’elle a créé chez Claris Virot. « Il a le Pourquoi ce nom ? prénom de ma fille. Je le porte au quotidien dans son format grand ou petit, en Pour moi, la cliente et la marque doivent tomber amoureuses l’une de fonction des circonstances. » l’autre. S’apprivoiser, apprendre à connaître quels sont les envies et les besoins de l’autre... Claris Virot, 25, rue de l’Annonciation, 75116 Paris. Ouvert du lundi au Quelle est la particularité de Love Stories ? samedi de 10h30 à 19h00. Nous faisons des soutiens-gorge confortables et simples, ce qu’on appelle Tél. : 09 81 21 73 53. clarisvirot.com la « bralette ». Ultraconfortables, tout en restant sexy. Nous n’avons pas d’ensembles, on peut composer son propre style. D’où vient votre inspiration ? Un peu de partout, je voyage énormément et fais beaucoup d’expositions. J’aime aussi les films des années 70 et les brocantes. Comment définiriez-vous vos sous-vêtements en une phrase ? Un mix and match parfait, beaucoup de confort et infiniment de chic. C’est quoi la mode aujourd’hui ? Le monde change si vite, la mode aussi… Il y a de plus en plus d’appétence pour l’authenticité, on aime savoir d’où viennent les choses, où elles ont été produites, à partir de quels matériaux et grâce à quel savoir-faire. Boutique Claris Virot Boutique Love Stories, 75, rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris. Tél. : 01 77 32 59 61. lovestoriesintimates.com 17
COVER STORY “ Quand j’étais petite, j’ai toujours essayé de tenir un journal, j’en “ ai commencé une dizaine. © Arno Lam/Charlette Studio 18
L’extravagante miss Doria Après Monsieur & Madame Adelman, Doria Tillier nous amuse et nous émeut dans Le Jeu, son deuxième rôle important au cinéma. Rencontre avec l’ex-Miss Météo de Canal+, aussi séductrice que drôle. Par Olivia de Buhren M on rendez- « La vérité in fine court ou vulgaire. Ça peut être beau. J’aime les échanges par vous avec Doria apporte toujours textos. Ils peuvent être vraiment poétiques. D’ailleurs, il m’arrive Tillier a lieu souvent de les relire. un vendredi des choses meilleures à 14h30 sur la Odb : N’y a-t-il pas une forme de dépendance liée au téléphone ? place Dauphine, que le mensonge. » DT : Absolument, c’est même totalement addictif. On l’a constaté dans le Ier depuis longtemps. Je pense que je suis addict, mais je fais comme si arrondissement je ne l’étais pas. Il est là et je le regarde toutes les trente secondes. de Paris. Tout commence, comme Ce n’est cependant pas une dépendance qui m’empêche de vivre. Je sais que je peux dans le film, avec une série de SMS. m’en passer. Quand ça ne capte pas, je me fais une raison. Olivia de Buhren : « Je suis garée, t’es où ? » Odb : Si tu l’oublies chez toi, fais-tu demi-tour ? Doria Tillier : « Au milieu de la DT : Évidemment ! Le plus loin où je peux aller sans mon téléphone, c’est de descendre place. Je n’ai pas encore choisi où jusqu’au quatrième étage, sachant que j’habite au cinquième. Mais ça n’arrive jamais, je vais m’installer. » je l’ai toujours à la main. Odb : « Je viens te retrouver. Je sors mes sunglasses, alors. » DT : « Ça y est, suis en terrasse au Bar du Caveau. » Odb : Combien envoies-tu de SMS par jour ? J’arrive. Doria est installée. Pétillante et souriante, comme on la connaît ! Elle DT : Heureusement que les textos sont illimités, car j’en envoie pas mal ! Mon angoisse, commande une tarte Tatin et un café long. Moi, j’ai chaud, il fait très beau, je prends c’est de décrocher le téléphone, il ne vaut mieux pas m’appeler. Avant, avec le téléphone une menthe à l’eau. On est comme deux copines qui ne se sont pas vues depuis fixe, on se parlait, maintenant on n’ose plus répondre sur le portable, car on préfère longtemps. Nos portables sont posés sur la table. Elle jette des coups d’œil de avoir le temps de la réflexion. Le SMS, c’est simple et efficace. De la même manière, temps en temps. Pas trop de SMS ni d’emails, je suis presque déçue… je n’écoute pas mes messages vocaux, ça me stresse. Il y a quelques années, je ne décrochais même pas à mon agent, parce que j’étais trop occupée avec la météo. À cause de ça, j’ai dû louper des rôles, c’est sûr… Olivia de Buhren : Peux-tu me faire le pitch du film ? Doria Tillier : Le temps d’un dîner, des couples d’amis décident de jouer à un « jeu » : Odb : Te sens-tu prisonnière de ton portable ? chacun doit poser son téléphone portable au centre de la table et chaque SMS, DT : Pas du tout. Ce qui est dangereux avec le portable, ce sont plutôt les réseaux appel téléphonique, mail ou message des réseaux sociaux doit être partagé avec sociaux. Quand je vais dessus pour voir ce que les autres postent, je suis horrifiée. tous. Petit à petit, ce « jeu » vire au cauchemar… Je trouve ça alarmant pour la société, surtout pour les jeunes. On s’en fout de la vie des gens. Moi, je n’y vais presque pas. Odb : Est-ce que le portable est important dans ta vie ? DT : Oui, dans le sens où je passe beaucoup de temps dessus et que j’y stocke Odb : Le film met en évidence le fait que notre portable est devenu comme un beaucoup de choses. Je ne vais pas mentir : en fait, si, c’est hyper important ! journal intime. Fait-il office de carnet secret pour toi aussi ? Souvent, je me rêve en « littéraire ». J’adore les relations épistolaires et je trouve DT : Quand j’étais petite, j’ai toujours essayé de tenir un journal, j’en ai commencé que le texto permet d’écrire comme on le sent. Le SMS, ce n’est pas seulement une dizaine, mais j’écrivais trois jours, puis je laissais tomber. Avec le téléphone, je 19
« P as de secrets. J’aime pouvoir parler de tout. » regarde mes textos, les photos, même si j’en prends très peu, Odb : Et le souvenir d’un jeu qui t’a fait vraiment rire ? et, effectivement, c’est comme un carnet intime. DT : J’ai beaucoup rigolé avec Blanc-Manger Coco. Les mimes de Time’s Up, c’est également très drôle. Voir un homme de Odb : Ton portable contient-il toute ta vie ? 65 ans mimer la petite sirène, c’est hilarant ! DT : Personne n’a toute sa vie dans son portable. Cela dit, si tu fouilles dans mon téléphone, tu apprendras beaucoup de choses sur moi. Mes Odb : As-tu des secrets ? textos, c’est une petite partie de ma vie. DT : Non. Il y a des choses que je n’ai pas envie de dire, mais pas de secrets. J’aime pouvoir parler de tout. Odb : Tes applis préférées ? DT : SeLoger.com, car j’aime bien regarder les annonces des appartements, Candy Odb : Le film part du postulat que nous avons tous des choses à nous reprocher. Crush, Uber Eats et Deliveroo. Es-tu d’accord avec cela ? DT : Oui, c’est vrai que les personnages ont tous quelque chose à se reprocher, mais Odb : Quels sont les numéros que tu appelles le plus souvent ? beaucoup ont des raisons valables d’avoir fait ce qu’ils ont fait. Il y a des choses qui DT : Ceux de Yoann et de Marine, mes deux copains de lycée, avec qui je suis en pourraient paraître critiquables, mais, au final, on comprend pourquoi chacun a agi contact quotidiennement. de la sorte. C’est un peu pareil dans la vie. Odb : Et ceux qui sont dans tes favoris ? Odb : Ton personnage a-t-il des choses à cacher ? DT : Eux deux, et mon père. DT : De toute la bande, je suis la plus jeune et la plus pure. Léa n’a pas beaucoup eu d’expériences avec des personnes décevantes, elle est encore ingénue. Elle n’a pas Odb : Serais-tu prête à jouer au même « jeu » que les protagonistes du film ? été abîmée par la vie. Ni aigrie ni effrayée. C’est beau ! DT : Oui, je pense. Je ne me sens pas trop à l’aise avec le small talk (discours informel que l’on tient quand on n’a rien à dire, NDLR), je préfère quand ça « frémit » un peu… Odb : Qu’as-tu de commun avec elle ? Je trouve sympa de sortir des clous. Dans le film, on voit que la vérité nous remet DT : L’enthousiasme, son côté « je vais dire oui à tout ». Elle a envie de jouer, d’être dans le droit chemin. avec les gens. Odb : Le film nous interroge sur le thème : « Doit-on tout se dire ? » Que Odb : Cela a-t-il été difficile de te glisser dans la peau de Léa ? répondrais-tu à cette question ? DT : Non, car j’aimais mon personnage, c’était un plaisir de l’interpréter. L’ambiance DT : Mon père est mathématicien, il est dans la logique pure. J’aurais donc tendance à qui régnait sur le tournage aidait aussi beaucoup. Il y avait un confort de travail idéal, penser que la vérité in fine apporte toujours des choses meilleures que le mensonge. on était tous ensemble, ça faisait un peu colonie de vacances. Je me sentais très libre. Après, il y a des exceptions, évidemment. Parfois, il faut se faire violence. Odb : Qu’est-ce que le duo avec Vincent Elbaz t’a apporté ? Odb : T’es-tu déjà retrouvée dans une situation compliquée à cause de ton DT : Il m’a immédiatement mise à l’aise. Il m’a libéré des appréhensions que j’avais de portable ? jouer un couple avec quelqu’un que je ne connaissais pas. C’est un super partenaire. DT : Un quiproquo par SMS, ça arrive à tout le monde. Une fois, avec une copine, Tout de suite, on s’est bien entendus. j’ai eu un délire à partir d’une blague Carambar, qui impliquait un truc sexuel et d’adultère. Ça n’avait rien à voir avec la vérité, mais, au lieu d’envoyer cette private Odb : Quel comédien t’a le plus bluffé ? joke à ma pote, je me suis trompée et je l’ai adressée à mon mec. Évidemment, il DT : Suzanne Clément. Ce fut un coup de cœur artistique. Elle a une sensibilité qui ne m’a jamais cru… me touche. Et puis, je l’ai trouvée très drôle. Odb : As-tu déjà fouillé dans le portable de quelqu’un sans son autorisation ? Odb : Tes projets ? DT : Non, je n’ai jamais fouillé dans le téléphone d’une autre personne. Bon, en fait, DT : Je tourne actuellement le film La Belle Époque de Nicolas Bedos. j’exagère, je l’ai déjà fait un tout petit peu. En même temps, quand on fouille, ça confirme souvent ce qu’on pressent, donc on n’est jamais vraiment surpris. Mais je Odb : Qu’aimes-tu dans ton métier ? ne suis pas curieuse au point de fouiller pour fouiller. DT : Les réactions des gens… et pouvoir incarner quelqu’un qui n’est Odb : Comment réagirais-tu si ton mec allait fouiller dans ton portable ? pas moi. DT : Je serais très surprise, car j’estime être quelqu’un digne de confiance. Mais je trouverais ça plutôt mignon aussi. Odb : Et que détestes-tu ? DT : Quand j’ai l’impression de mal Odb : Aimes-tu les jeux de société ? faire ou de ne pas avoir fait mon DT : Je les adore. Je suis très, très, très joueuse. maximum. Odb : Quels sont tes jeux favoris ? DT : Les Loups-Garous de Thierceleux, Time’s Up. Cet été, j’ai même joué à Dixit. Odb : À quelle occasion joues-tu ? DT : Entre amis, le soir. Le Jeu réalisé par Fred Cavayé avec Odb : As-tu un souvenir de jeu qui a mal tourné ? Vincent Elbaz, Bérénice Bejo, Stéphane DT : Oui, en jouant à Loups-Garous. Une copine un peu susceptible s’est mise à De Groodt, Grégory Gadebois, Roschdy pleurer parce qu’elle s’est fait insulter dans le cadre de la partie. C’est pour ça que Zem, Suzanne Clément et Fleur Fitoussi. j’aime jouer, ça fait ressortir les personnalités. Actuellement dans les salles. 20
21
INTERVIEW THÉÂTRE François Vincentelli, mis à nu La désopilante série Hard, située dans l’univers du porno et diffusée sur Canal+ entre 2008 et 2015, est désormais adaptée sur les planches. Rencontre avec François Vincentelli, son acteur principal. Par Olivia de Buhren D’ où vient cette idée de la série TV Hard ? Ça ne vous a jamais excité de voir tous ces petits culs ? La maison de production La Parisienne d’Images avait lancé un Non, parce que c’est vraiment du boulot. Pour faire l’amour, j’ai besoin d’amour, appel à des scénaristes pour qu’on lui propose des idées de de désir. Là, je joue la comédie. C’est plus facile de jouer une scène de cul que de séries pour trois épisodes de 26 minutes. Cathy Vernet a envoyé jouer une scène d’amour. sa candidature avec le projet de ce qui deviendra Hard. Ils ont tellement aimé qu’ils ont voulu en faire trois saisons de six épisodes. Vous êtes souvent à poil sur scène. Vous n’êtes donc pas pudique ? Non, je suis uniquement pudique avec mon sexe, mais j’ai trouvé une technique : je Quel était le pitch de départ ? mets une grosse chaussette collée dessus. En revanche, on voit mes fesses, mais Une histoire d’amour entre un hardeur et une bourgeoise du XVIe arrondissement. Un ça, ça ne me dérange pas du tout. Roméo et Juliette des temps modernes dans l’univers du porno. Êtes-vous exhibo dans la vraie vie ? Quand on vous a proposé le rôle d’un acteur porno, quelle a été votre réaction ? Non, j’évite. Plus jeune peut-être, mais maintenant non. À l’émission La Boîte à Je me suis dit : « Enfin un personnage multi-facettes, qui n’a pas qu’une seule couleur ! » Questions, sur Canal+, on m’a demandé : « Est-ce que vous J’ai tout de suite été emballé. J’en avais marre des rôles de flic ou de gendre idéal voulez complexer la France ? » J’avais montré mes fesses, qui allaient de pair avec mon physique. « C’est un acteur ma fille était très gênée. En fait, j’aime bien montrer mon cul. Ça m’amuse. Mais ce jour-là, ma fille est rentrée de Trois adjectifs qui définissent bien votre personnage ? porno romantique. l’école et m’a dit : « Papa, ne montre pas ton derrière à la Pur, romantique et performant. télé, ça me gêne. » Je suis décomplexé, Comment entre-t-on dans la peau de Roy Lapoutre ? et lui aussi. » Le sexe fait-il tout vendre selon vous ? Ce n’est pas du tout un rôle de composition. C’était très facile de le jouer, car Ça fait venir des trentenaires au théâtre en tout cas. Ils ont je suis en accord avec mon personnage. C’est un acteur porno romantique. envie de se marrer pendant une heure et demie. Je suis décomplexé, et lui aussi. De nos jours, il y a une vraie hypocrisie sur la pornographie. C’est 80 % des visites sur Internet, mais ça reste un sujet tabou. Qu’a-t-il de particulier, le sexe de Roy Lapoutre ? Il a des dimensions hors normes, son sexe doit faire 38 centimètres ! La version théâtrale joue elle aussi sur le côté trash, non ? On avait envie d’amuser les gens avec de l’irrévérence, des gros mots. On voulait donner Vous aimez quoi dans le porno ? à voir de la pornographie décomplexée et joyeuse. Montrer ses fesses, c’est ce qu’il Les émotions que ça peut susciter. Moi qui aime l’art en règle générale, je peux être y a de plus drôle et, surtout, ça intéresse tout le monde ! En France, il y a toujours eu aussi ému devant un film pornographique que devant un tableau. cet humour « canaille ». Ce que vous n’aimez pas ? Est-ce qu’il faut dire des gros mots ? La condition de la femme dans le porno. Il y a encore trop de fantasmes sur la Mais oui, il faut en dire ! Il ne faut pas se retenir. Pas tout le temps, pas pour les enfants, soumission féminine. mais, quand on va au théâtre de la Renaissance, on peut en entendre, en dire… et en rire. Qu’est-ce qui vous amuse le plus dans ce rôle ? Quelles sont les performances de Roy Lapoutre? La folie, le côté clownesque de la pornographie et le côté rigolo de la nudité. Il a fait 624 films, trois ou quatre partenaires par film. Calculez : il a eu entre 1 800 et 1 900 partenaires. Ce qui vous déplaît ? Rien, j’aime tellement le personnage. Avez-vous une anecdote amusante liée à votre rôle ? Un jour, sur la plage, une femme est venue me voir en me disant : « Mais dis donc, ce Avez-vous rougi dans certaines scènes ? n’est qu’une légende, Roy Lapoutre ! » Juste une fois, quand j’ai tourné une scène pour la série avec une professionnelle, une vraie hardeuse. Là, ça m’a fait un peu bizarre. On dirait que vous êtes fier d’incarner ce personnage ? Absolument, car je l’aime profondément. Il a des valeurs qui me vont bien. De plus, il N’avez-vous pas peur qu’on vous catalogue ? est totalement décomplexé avec son corps. Il n’a pas de sujet tabou. Il parle de tout, J’ai fait assez de choses différentes pour qu’on ne m’enferme pas dans une case. très simplement. J’adore jouer des rôles qui demandent de relever des défis. Je n’ai pas peur de faire des choses un peu risquées. J’aime me mettre en danger. Que votre femme pense-t-elle de ce rôle ? Elle est habituée. Dans la série, je tournais avec de vraies hardeuses. C’était beaucoup Vos projets ? plus hot ! Il faut savoir aussi que je l’ai rencontrée quand elle était danseuse au Crazy Je prépare une autre pièce, Le Canard à l’orange, qui sera jouée à partir de janvier Horse, donc on est quittes. Un partout, la balle au centre ! 2019 au théâtre de la Michodière, et une série sur France 2 qui s’intitulera Système D. 22
“ Je peux être aussi ému devant un film pornographique que devant un “ tableau. Hard, d’après la série TV de Cathy Vernet. Adaptation de Bruno Gaccio et Alexis Trégarot, mise en scène de Nicolas Briançon. Avec François Vincentelli, Claire Borotra, Nicole Croisille, Isabelle Vitari, Charlie Dupont et Stéphan Wojtowicz. Jusqu’au 6 janvier 2019 au théâtre de la Renaissance, 20, boulevard Saint-Martin, 75010 Paris. Du mardi au samedi à 21h00, les samedis et dimanches à 16h30. 23
INTERVIEW MUSIQUE “ J’aime m’évader dans tout ce qu’il y a d’infini, dans toutes “ les possibilités qu’offre mon ordinateur. © William Falla 24
Feder, jeune prodige de l’électro Figure incontournable de la scène internationale, numéro un dans 21 pays avec son tube Goodbye, Feder lance son dernier single et produit Désobéissance, le nouvel album de Mylène Farmer. Rencontre. Par Olivia de Buhren Q u’est-ce que signifie « Feder », votre pseudo ? Votre nouveau titre s’appelle Control. Pouvez-vous nous en parler ? C’est le raccourci de mon nom de famille, Federiconi. C’est une musique que je veux sortir depuis un an. C’est un vrai coup de cœur. Le single sortira fin octobre. Je suis impatient de le faire écouter. Votre musique en trois adjectifs ? Sensuelle, groove et mélancolique. Comment s’est faite votre collaboration avec Mylène Farmer pour son dernier album ? Dans quel genre de musique vous situez-vous ? Mylène a voulu me rencontrer, car mon univers lui plaisait. Elle aime J’ai commencé avec de la deep house, maintenant je fais de l’électro, ce côté « dark sensuel » que l’on trouve dans mes sons. Au fil du de la house aussi. Dans la deep house, il y a beaucoup d’instruments temps, on est devenu potes. Par la suite, elle m’a demandé de l’aider organiques. Aujourd’hui, je fais davantage appel à des instruments sur son l’album. électroniques. Je ne veux pas me limiter au côté physique de l’instrument. J’aime m’évader dans tout ce qu’il y a d’infini, dans toutes les possibilités Votre meilleur moment sur scène ? qu’offre mon ordinateur. J’aime quand ça part en impro, quand le public est tellement à fond qu’il ne veut pas que tu t’en ailles. C’est beaucoup Comment se déroule la création d’un titre ? moins formel, c’est un moment de grande créativité. Je pars d’une mélodie et je vais chercher de la nouveauté « Mon plus, dans un instrument. Je me pose et me demande ce qui L’artiste avec lequel vous vous sentez le plus n’a pas été fait. J’essaie de trouver de nouveaux sons. c’est d’être toujours proche ? Diplo. C’est une personne qui s’octroie des libertés Qu’est-ce qui vous inspire ? dans l’empathie. » dans le hip-hop, qui aime varier les styles… J’adore ! Tout, et tout le monde. Il y a tellement de bonnes choses qui sortent aujourd’hui. Il y a des gens, comme Flume, Un artiste qui vous impressionne ? qui apportent beaucoup à la musique. C’est intéressant, je m’inspire Skrillex, pour toute sa production. Il m’apprend beaucoup. de tout ça. Après, je le réinterprète à ma manière. Qu’est-ce que vous avez de plus ou de moins que les autres ? Le titre Goodbye est celui qui vous a réellement lancé. Dans quelle Je n’aime pas me mettre en avant, il y a des gens qui savent très bien condition a-t-il été composé ? se vendre, mais moi, ce n’est pas le cas. Mon plus, c’est d’être toujours J’étais chez moi, à Paris, dans mon appartement d’étudiant au sixième dans l’empathie. Ça me permet de faire ressortir les idées des gens étage sans ascenseur, avec des enceintes à deux francs six sous, en avec qui je collabore. train d’enregistrer des voix. Je faisais avec les moyens du bord, mais il y avait une vraie ambiance. J’aimais ce côté un peu rafistolé, en prenant Un truc qui vous agace dans la musique ? un bout de guitare et en le dupliquant, en cherchant une mélodie qui Les gens qui se croient créatifs mais qui ne le sont pas. Je n’aime fasse « groové ». J’ai composé ce morceau dans la nuit, puis je l’ai fait pas la facilité qui consiste à reproduire quelque chose et à ne pas écouter à mes potes du groupe Synapson, et ils ont aimé. Après, j’ai le réinterpréter. commencé à passer cette musique en soirée, les gens ont kiffé et ça a commencé à prendre. Une adresse après un set endiablé ? Chez moi, ou dans mon studio. Y a-t-il eu des moments difficiles depuis le succès du titre ? Au début, c’était très dur d’enchaîner les soirées. On m’appelait de Un rituel avant de monter aux platines ? partout en Europe pour mixer. Je dormais peu, mais j’ai appris à gérer Un check tendresse avec mon « tourneur », celui qui organise mes et, aujourd’hui, j’ai une meilleure hygiène de vie. spectacles. 25
Vous pouvez aussi lire