Chasse en parc ou en terrain ouvert - PASSION CHASSE Gaby Dayer, la passion du métier - Chasse et nature
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Revue mensuelle | www.chassenature.ch | N° 10 octobre 2018 PASSION CHASSE HISTOIRE PORTRAIT Chasse en parc Le veneur Gaby Dayer, la ou en terrain ouvert et le braconnier passion du métier
B L A C K Le Superposé www.o u td o o r- en terp ri s e.ch CONFORT PROGRESSIF A J U S T E M E N T PA R F A I T EQUILIBRE IDÉAL S Û R E T R É S I STA N T Expérience de tir Vous permet de mettre à Equilibre en force, Verrou en acier unique conformité votre fusil puissance et poids solide et fiable Importateur général pour la Suisse: Outdoor Enterprise SA, Via Pra Proed 2, 6534 San Vittore, Tél. 091 791 27 18, info@outdoor-enterprise.ch, www.outdoor-enterprise.ch benelli.it
no 10 octobre 2018 | CHASSE ET NATURE | 3 ÉDITO Nicolas, Thierry et Aymeric | Vincent Gillioz, rédacteur de Diana Chasse et Nature L a démission à la fin du mois d’août dernier du mi- nistre français de la transition écologique Nicolas Hulot a fait grand bruit à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur de l’Hexagone. Les médias romands ont abon- damment commenté l’affaire, interprétée parfois comme un cataclysme environnemental. Attendu comme le Mes- sie par certains milieux, l’ancien animateur télé qui n’a jamais trouvé sa place au sein de gouvernement a fini par jeter l’éponge devant son impuissance à influencer la po- litique de l’Elysée. Son «Plan Loup 2018-2023», décrié tant du côté des écologistes que de celui des éleveurs, reste peut-être le meilleur exemple de son incapacité à appréhender les questions de terrain. L’icône de l’écolo- gie n’avait peut- être simplement pas la fibre politique. La faute aux chasseurs Mais si l’histoire de cet homme d’un Etat voisin nous intéresse, c’est que de nombreux journaux n’ont pas manqué de mettre cette démission sur le dos des chas- seurs. C’est à la sortie d’une réunion sur le sujet, en présence d’Emmanuel Macron, que le ministre aurait décidé de quitter le navire. La présence, inopinée se- ron. Profitant de la tribune offerte, le gourou du tofu ne lon l’intéressé, du lobbyiste pro-chasse Thierry Coste, s’est pas privé d’attaquer la chasse, en prétendant avoir aurait agacé Hulot et constitué la goutte d’eau... Mais tout compris sur un sujet qui lui est en fait totalement l’allégation paraît trop aisée, et les nemrods trop bien étranger. Ainsi, l’antispéciste – dont on ne peut nier la placés pour servir de bouc émissaire. Thierry Coste, qualité de la plume – prétend «que les campagnes sont personnage souvent controversé même chez les chas- désormais habitées par une génération émergente de seurs, s’est quant à lui rapidement défendu d’avoir été à citoyens que la chasse révulse». Ou encore «que l’au- l’origine du départ du ministre. Il a même reconnu, lors torisation des ré- ducteurs de son sur les armes à feu d’une interview diffusée sur Europe 1: «Je regrette qu’il va rendre la chasse encore plus facile puisque le bruit soit parti parce que je pense qu’il a fait du bon boulot. ne fera plus fuir les animaux». La lecture de ces propos Le monde de la chasse était favorable à sa ligne poli- nous questionne sur le type de campagne que fréquente tique sur certains sujets.» Comme quoi, chaque histoire Caron, et sur sa connaissance de l’ouïe des animaux. a toujours au minimum deux versions. Mais ces phrases ont le mérite de nous confirmer que le militantisme ex- trémiste ne s’embarrasse jamais de la Le végan s’en mêle vérité... fallait-il encore le préciser. Mais le plus cocasse de toute cette affaire, c’est flot Nous vous souhaitons une bonne lecture, et surtout d’ineptie asséné par le Pape des végans Aymeric Ca- une bonne chasse.
4 | CHASSE ET NATURE | n° 10 octobre 2018 SOMMAIRE Nature 7 La faune sauvage Revue mensuelle fondée en 1883 Organe officiel de la Société suisse du vallon d’Arolla des chasseurs «La Diana» www.chassenature.ch ÉDITEUR Texte Narcisse Seppey, photos Georges Laurent Diana Romande Pascal Pittet, président, Chemin Clos-du-Moulin 21 1677 Prez-vers-Siviriez Passion chasse ÉDITEUR DÉLÉGUÉ Chasse en parc ou AdVantage SA Editions & Régie publicitaire en terrain ouvert Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne 12 RÉDACTION Texte et photos Alain Rossier Vincent Gillioz Tél. 076 370 83 91 redaction@chassenature.ch 15 ABONNEMENTS Histoire AdVantage SA Veneur Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne Tél. 021 800 44 37 et braconnier : abo.chassenature@advantagesa.ch PUBLICITÉ la forêt en partage Marianne Bechtel Tél. 079 379 82 71 mac@bab-consulting.com Texte Nadine Bordessoule Gilliéron AdVantage SA Tél. 021 800 44 37 regie@advantagesa.ch Portrait Délai de réservation : le 1er du mois pour parution Gaby Dayer dans l’édition du mois suivant tourne une page MISE EN PAGES l’atelier prémédia Sàrl Texte et photos Chasie 18 Tél. 079 830 61 38 julia.dubuis@lapm.ch IMPRESSION Imprimerie Saint-Paul 21 Boulevard de Pérolles 38 1700 Fribourg Passion chasse Aux postes Tirage : 4000 exemplaires Texte Théia N° 10 octobre 2018 Photo de couverture : Henry Ausloos Recette de chasse Gnocconi au ragù Les articles publiés dans Diana Chasse et Nature n’engagent que leurs auteurs. Les documents de canard envoyés ne sont pas restitués, sauf accord préalable avec la rédaction. et aux blettes 46 Tous droits de reproduction (articles et illustrations) réservés pour tous pays. La reproduction de tout ou d’Esther Ghezzo et Morgan Malka partie de textes et d’illustrations doit faire l’objet d’un accord préalable avec la rédaction. 6 La photo insolite par Christian Schneiter | 5 Les actus par Vincent Gillioz 15 Le coin du pêcheur : Paradis du saumon et du crabe par Vincent Gillioz 23 Poster : Chat sauvage, un forestier discret par Vincent Gillioz 26 Portfolio par Frédéric Rapin | 27 Politique : L’exception genevoise, un luxe ! par Vincent Gillioz | 29 Les infos | 47 Jeu Scannez ce code avec votre smartphone et consultez notre site Internet
5 LES ACTUS Venaison comportement de ceux équipés Viande de gibier dans nos assiettes d’émetteurs pendant l’exercice de la chasse. Cette décision a cepen- L’émission On en parle ! diffu- dant été bloquée par un recours sée sur La Première a relevé administratif déposé par Pro que chaque Suisse consomme en Natura auprès du Tribunal can- moyenne 500 grammes de viande tonal. L’ouverture partielle devra de gibier par an – entre un et trois donc attendre une décision de repas chaque année – contre justice. La durée de la procédure nantes mémoires de l’auteur, 22 kilos de porc, 11 kilos de bœuf, va semble-t-il rendre impossible dernier chasseur de loups en et 12 kilos de volaille. On y la chasse au cerf dans ce secteur Poitou. De 1905 à la Grande apprend que 70% de la viande jusqu’à l’année prochaine. Guerre, il eut le dernier équipage proposée en grande surface et à chasser uniquement le loup et servie dans les restaurants pro- sonna soixante-trois hallalis sur vient de l’étranger, principalement d’Autriche et de Nouvelle- Nouveaux cet animal. Bost-Lamondie avait formé une meute composée de Zélande. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire recommande chasseurs demi-loups, et d’un chien d’équi- Diminution des preneurs de permis page de haute lignée poitevine. par ailleurs, pour les femmes sur Vaud Il avait ainsi obtenu le double ré- enceintes ou qui souhaitent le sultat peu commun : faire chasser devenir, de s’assurer que le gibier des loups par des demi-loups et consommé a été abattu avec des avoir une meute qui refusait toute munitions exemptes de plomb. autre voie que celle du prédateur. Ce métal lourd, même en quantité Illustré de vingt-deux photos et infime, pourrait en effet avoir documents inédits, l’ouvrage est des conséquences néfastes sur disponible sur le site de l’éditeur la santé des fœtus. www.montbel.com Un article publié dans 24 Heures Retour du loup début septembre, illustré par un Un individu installé dans le Jura sympathique dessin de Benedicte, franco-suisse relevait la diminution inquiétante Plusieurs indices démontrent, des preneurs de permis depuis selon l’Office national de la chasse plusieurs années, ceci dans un et de la faune sauvage (ONCFS) Ouverture contexte où les agriculteurs sont de plus en plus confrontés aux en France, qu’un loup s’est im- planté dans le Jura franco-suisse District franc fédéral dommages causés par la faune. Si depuis quelque temps. Selon de la forêt d’Aletsch près d’un millier de permis étaient divers indices concordants, dont vendus au milieu des années 80, la majorité ont été repérés dans le La chasse au cerf dans le district ils n’étaient plus que 674 en 2017. franc fédéral d’Aletsch avait été Jura vaudois, et deux autres dans Dans cet article, Frédéric Hof- les départements du Doubs et du autorisée par le Conseil d’Etat mann, responsable cantonal de la valaisan en juin via un avenant. Jura en France voisine, au moins faune, explique la raréfaction des un loup s’est durablement implan- Cette ouverture partielle avait chasseurs pas plusieurs facteurs : pour but la régulation, car les té entre la Suisse et l’Hexagone. la pléthore de loisirs, le coût de «Des analyses génétiques ont per- cerfs causent des dommages l’activité et bien sûr l’image de la considérables dans les forêts de mis de le confirmer», a relevé le chasse souvent controversée. Français Nicolas Jean, ingénieur protection situées sur les pentes sud, mais aussi d’étudier le de l’ONCFS. Des traces récur- rentes ont été observées depuis Livres deux hivers consécutifs. Le temps où l’on chassait le loup Les éditions Montbel viennent de rééditer l’ouvrage culte de Julien Bost-Lamondie Ecoute en tête, les derniers loups, souvenir de vénerie. Il s’agit des passion-
6 | CHASSE ET NATURE | no 10 octobre 2018 La photo insolite Géraldine et le gypaète L’ auteur de la photo insolite du mois n’est autre acclamer la championne et marraine de l’œuvre, lors que Christian Schneiter, taxidermiste et sculp- de son passage. teur jurassien bien connu de tous les chasseurs. A noter que ce gypaète en bronze a été commandé Prise lors de l’inauguration d’une de ses œuvres – un par le président d’Ayent-Anzère Marco Aymon. Chris- gypaète barbu en bronze grandeur nature – le 1er août, tian Schneiter s’est basé sur ses oiseaux préparés pour l’image nous montre la freerideuse et base jumpeuse réaliser son modèle, qui démontre l’envergure excep- Géraldine Fasnacht en plein vol, au plus près de l’oiseau tionnelle de ce «planeur». Après avoir réalisé un proto- métallique. type, celui-ci a été confié à un atelier de fonderie pour Partie de 3000 mètres d’altitude, depuis un hélicop- les étapes du moulage et du coulage du bronze. La tère, la sportive de l’extrême est venue survoler la ter- sculpture à la patine dorée, qui la fait rayonner dans le rasse du restaurant du «Pas de Maimbré» au sommet ciel valaisan, a été portée sur son site d’accueil définitif des télécabines d’Anzère. Le bon millier de visiteurs qui par hélicoptère. s’était déplacé pour inaugurer la sculpture a ainsi pu Envoyez vous aussi vos photos bizarres Appel aux photographes ! ou insolites à : redaction@chassenature.ch. Toute photo proposée par un non-abonné Si leur qualité est suffisante pour l’impression, lui vaudra six mois d’abonnement gratuit elles seront publiées ici avec vos explications. en cas de publication…
7 NATURE La faune sauvage du vallon d’Arolla | Texte Narcisse Seppey | Photos Georges Laurent LE MOIS DERNIER, NOUS PRÉSENTIONS, SOUS LA PLUME DE NARCISSE SEPPEY ET L’OBJECTIF DE GEORGES LAURENT, LA NATURE, LE PAYSAGE ET LES GENS DU MERVEILLEUX VALLON D’AROLLA. NOUS POURSUIVONS DANS CE NUMÉRO AVEC LA FAUNE SAUVAGE. L a rudesse du sol et la rigueur du climat dictent à elles seu- les la liste des espèces anima- les qui s’y prêtent. La première impression fait croire à une faune sauvage aussi rare que la popula- tion humaine. Le promeneur atten- tif ne tarde pas à s’émerveiller de la richesse des espèces et surtout de leur capacité à s’adapter à ce bio- tope exigeant. Les quatre races d’ongulés alpins se répartissent le territoire selon leurs besoins : • Le cerf et le chevreuil occupent les régions boisées propres à leur recherche de tranquillité dans l’ombre. Plus répandus qu’il n’y paraît, ils sont visibles à l’aube et au crépuscule dans les clairières ensoleillées dont l’herbe leur convient en priorité. • Le chamois occupe la totalité du territoire, particulièrement dans Le cerf occuppe les régions boisées. les zones interdites de chasse. Son biotope favori borde les li- sières supérieures de la forêt qui ailés. Certains groupes, en nombre ils se couchent à l’abri des rochers lui fournit la protection contre le forcément restreint, s’installent à et se rafraîchissent en plein été soleil, l’homme et les prédateurs demeure en haute montagne où sur les névés.
8 | CHASSE ET NATURE | no 10 octobre 2018 Le bouquetin est à l'aise dans les parois rocheuses. Marmottes en aval d'Arolla, aux abords de Pitépra. • Le bouquetin trouve son biotope assurer l’avenir de l’espèce mal- succombe lui-même. Son propre idéal dans les parois rocheuses gré la lourde prédation de l’aigle rejeton est chassé du territoire entrecoupées de pentes riches royal et du renard. La marmotte avant son premier hiver qui lui en fétuque, plante indispensable est l’âme vivante de la montagne sera pénible et souvent mortel car à sa survie en hiver grâce à ses pour le promeneur qui ne se sent tous les biotopes valaisans pro- deux particularités : elle conserve pas offusqué même s’il se fait sif- pices à l’aigle sont occupés par un sa valeur nutritive en hiver et fler. couple nicheur et seigneurial. n’attache pas la neige que le • Le lièvre offre aussi la présence • D’autres rapaces, diurnes et noc- bouquetin fait glisser à coups de des deux espèces. Le lièvre com- turnes, hantent également le val pattes. Cette manœuvre le fait mun habite la zone forestière d’Arolla. Buses, autours et fau- parfois déclencher une avalanche dont les clairières lui assurent cons planent régulièrement dans au-dessus de lui et entraîner tout sa pitance. Le lièvre variable se le ciel ; hiboux et chouettes se un groupe au bas de la paroi. cantonne sur les hauteurs où son font entendre en pleine nuit. Malgré la rudesse des lieux, les mimétisme en toute saison est sa Même le gypaète barbu s’y fait bouquetins du val d’Arolla sont meilleure protection, sauf lorsque souvent admirer grâce à son en- en nombre suffisant et en bonne son habit blanc hivernal le rend vergure proche de trois mètres. santé. Les vieux mâles sont sou- fort visible sur le sol encore privé • Les vieux arbres constituent éga- vent porteurs d’une paire de cor- de neige. lement un biotope idéal pour les nes massives et atteignant 90 cm. pics. Les coups de bec à répéti- Leur apparition imprévue à proxi- Les oiseaux sont les êtres vivants tion dignes d’un marteau piqueur mité des promeneurs ou varap- les plus visibles tant par leurs mou- facilitent la découverte de son au- peurs est impressionnante et met vements que par leurs manifesta- teur qui s’appelle pivert, pic noir en action immédiate les appa- tions gutturales : ou pic épeiche, aussi beaux les reils photographiques. • A tout seigneur tout honneur, uns que les autres. l’aigle royal le mérite en toute pri- • Les éboueurs de la nature sont les Les rongeurs alpins sont égale- meur. Un couple nicheur assure plus nombreux. Le val d’Arolla en- ment bien présents : en tout temps sa primauté dans tretient la majeure partie des cor- • La marmotte, à la légendaire ca- le val d’Arolla. Malgré la présence vidés connus en montagne. Les pacité de survie malgré six mois de plusieurs aires connues dans diverses versions de corbeaux, d’hibernation dans son terrier des parois en surplomb et même allant du grand corbeau au cho- hivernal, sait choisir les rares dans l’enfourchure d’un vieux card, sont bien représentées dans biotopes qui lui conviennent. mélèze, le couple maître des lieux le vallon. Tout animal touché par Ses effectifs sont suffisants pour ne tolère aucun intrus, sauf s’il y la mort est aperçu dans le plus
9 bref délai et blanchi en un temps Le tétras lyre à la lisière supérieure de la forêt. record, sauf si l’aigle, le renard ou un autre prédateur y réclame sa première part. • Le casse-noix moucheté n’est ni tueur ni éboueur, sauf en cas de nécessité alimentaire qui le fait imiter tous les autres corvidés. Son bec puissant le fait porter son intérêt sur les graines fores- tières. Le val d’Arolla lui convient particulièrement grâce aux forêts d’aroles qui lui fournissent à profusion les pins d’arole dont les amandes sont extraites à grands coups de bec. Certaines sont consommées immédiate- ment mais la majorité est stockée dans son jabot dont le contenu est déposé précieusement dans des cachettes destinées à son ali- PUBLICITÉ ouverture novembre 2018 L’équipe a le plaisir de vous annoncer que le travail et les efforts entrepris depuis plusieurs mois vont permettre l’ouverture de l’Armurerie Nouvelle Lausannoise, avec boutique et atelier au mois de novembre prochain. Les armes et équipements destinés à la chasse et aux chasseurs y seront particulièrement représentés. Vous trouverez les informations complémentaires en octobre, sur notre site Internet. En vous souhaitant une bonne ouverture... de la chasse, nous nous réjouissons de vous accompagner par la suite.
10 | CHASSE ET NATURE | no 10 octobre 2018 mentation hivernale. Cet oiseau chettes, plusieurs mois plus tard leries. Il se servira de ses réserves est admiré pour sa mémoire qui et même sous un mètre de neige, même jusqu’en juin pour nourrir lui permet de découvrir ses ca- qu’il traverse en creusant des ga- ses oisillons. • Gardons pour le dessert les té- traonidés dont au moins deux es- L’aigle royal niche dans les parois en surplomb du vallon. pèces sont bien répandues dans le val d’Arolla. Le tétras lyre occupe la lisière supérieure des forêts, riche en baies qui constituent sa pitance préférée. Quelle agréable découverte lorsqu’un coq, qui a tablé sur son abri buissonneux, s’envole à quelques mètres du promeneur ébahi pour piquer à une vitesse folle jusqu’au bas de la pente ! Les vrais connaisseurs jouiront même de l’un des plus beaux spectacles que puisse of- frir la faune sauvage alpine : le bal du tétras lyre, dans la quinzaine de mai. Moins visible et surtout plus calme, le lagopède est bien connu sur les pentes rocailleuses supérieures à la forêt. A l’instar du lièvre variable et de l’hermine, le lagopède qui a revêtu son ha- bit blanc avant l’apparition de la Le casse-noix moucheté, hôte familier des forêts d’aroles. neige est particulièrement aisé à découvrir en cet état passager. Les prédateurs sont également bien connus dans le val d’Arolla. Le lynx, nocturne et taciturne, y laisse ses traces régulières depuis une trentaine d’années. Le loup occupe aussi régulièrement ce biotope idéal dont la majeure partie productive d’ongulés est protégée. Le renard s’y porte fort bien, tant en hiver qu’en bonne saison. Ces animaux, dont les incidences sur les autres espèces sont importantes, échappent à la régulation pratiquée sur les autres espèces aussi bien qu’aux promeneurs qui ne les voient jamais. Bijou privilégié par la nature, le val d’Arolla mérite une attention particulière afin que les générations futures jouissent des mêmes mer- veilles que celles d’aujourd’hui.
11 LA CLASSIQUE D’ABORD, UN SILENCE MAJESTUEUX... Soudain, votre cœur bat la chamade ; dans les TANT broussailles, un bruit attire votre attention… Vo u s s e r r e z v o t r e B A R M K 3 C o m p o s i t e B r o w n H C AT TENDUE A d j u s t a b l e a v e c u n e s a i n e i m p a t i e n c e . Vo u s s e n t e z q u e l a sortie de l’animal est imminente, que le fameux « passage » aura lieu d’un moment à l’autre… Il vous est si familier – et cependant, il demeure si impressionnant ! Subitement, le gibier se présente à vous, à distance i d é a l e … Vo u s é p a u l e z , v o u s s u i v e z . L e g e s t e e s t a s s u r é ; l e souffle, retenu. Le rythme de vos tirs et les battements de votre cœur se confondent en une parfaite harmonie. Grandeur de l’instant. — Plus d’information sur browning.eu BROWNING, POUR LES INITIÉS. Arme: B A R M K 3 C O M P O S I T E B R O W N H C A D J U S TA B L E — Lieu: S A I N T - H U B E R T, L I B I N - B E L G I Q U E
12 | CHASSE ET NATURE | no 10 octobre 2018 PASSION CHASSE Chasse en parc ou en terrain ouvert | Texte et photos Alain Rossier LE CHOIX D’UN TERRITOIRE DE CHASSE EST SOUVENT FONCTION DE LA PROXIMITÉ, MAIS PEUT ÉGA- LEMENT ÊTRE FAIT EN RELATION AVEC LES CAPACITÉ PHYSIQUES DES CHASSEURS, LE TYPE DE GIBIER RECHERCHÉ OU ENCORE LE TEMPS ET LES MOYENS À DISPOSITION. S’ il existe des terrains de chasse adaptés aux parti- sans du «tout ou rien», il apparaît que ceux-ci sont rarement en phase avec l’éthique, le respect des animaux et de la nature en gé- néral. Pourtant, le manque de temps peut parfois amener à des pratiques médiocres, basées sur l’idée qu’il faut absolument se retrouver en présence de gibier et le prélever coûte que coûte. Dans ces cas, l’in- vestissement consenti peut parfois primer sur l’éthique, sans laquelle aucune chasse ne devrait pourtant être possible ! L’homme est malin, il Le parc du Château de Lany, en Tchéquie, est parfois capable de sauter à pieds compte quelques beaux trophées de mouflons. joints par-dessus les convenances et le respect. Il n’y a bien sûr pas lieu d’entrer dans une spirale moraliste, En Suisse, il est heureux que la met surtout d’appliquer des prélè- mais il s’agit néanmoins de ne pas chasse «ouverte» soit la plus pra- vements qualitatifs, qui protègent tout admettre sans prévention. tiquée dans les territoires canto- les meilleurs reproducteurs lorsque Ceci dit, l’esprit de la chasse et naux. Certes, un certain nombre ceux-ci sont peu nombreux sur un celui des chasseurs ne sauraient de cantons alémaniques louent des territoire réservé. se passer du besoin de surprise, in- secteurs dits de «chasse affermée» dispensable à nous faire vivre des à des groupes de chasseurs. Mais Choisir selon ses envies moments d’intenses émotions, qui cette solution qui implique une ré- et ses moyens surpassent largement le sentiment glementation particulière ne limite Tous les chasseurs de grand gibier de réussite dans le cas d’un prélève- pas l’exercice à des enclos de plus n’ont pas les mêmes envies et si cer- ment réalisé. ou moins grande surface. Elle per- tains visent les grands tableaux per-
13 sonnels, ou ceux de fin de journée, de chênes verts, une terre souvent est très intéressante et permet d’en- d’autres recherchent plutôt l’animal aride et rocailleuse. Les tirs se font traîner des jeunes chiens qu’il faut qui va leur donner un beau trophée. parfois sur des distances à la limite passionner pour la recherche du gi- Certains encore se sentent plus du raisonnable. En revanche, cer- bier. Encore faut-il pouvoir travailler heureux avec la possibilité de tirer tains de ces territoires sont clos sur seul avec son élève, car la présence un grand nombre de bêtes dans une plusieurs milliers d’hectares et le gi- de plusieurs chiens et d’autres chas- même journée. bier n’est pas toujours naturel, com- seurs va forcément perturber l’ap- Ces différentes orientations vont merce oblige ! La qualité de ces pro- prenti dans son instruction. déterminer les territoires recher- positions de chasse est étroitement A noter encore que dans les chés par chacun. Plusieurs pays, liée à leur organisation parfaite. grandes parcelles closes, aménagées très accessibles depuis la Roman- Mais celle-ci peut parfois masquer avec des couverts correspondant die, offrent des possibilités très allé- le côté mercantile et lucratif de ces aux gibiers lâchés, l’effet terrain ou- chantes dans ce domaine. Ainsi par opérations, qui pousse les vendeurs vert peut parfois être excellent, à exemple, l’Espagne et ses fameuses à devoir en donner «assez pour leur condition de ne pas tourner en rond monterias permettent le tir de plu- argent» aux clients chasseurs ! toute une journée et repasser x fois sieurs espèces comme les cerfs, les Ce type de chasse est également au même endroit. sangliers, les mouflons. La chasse se organisé pour le petit gibier et en pratique en battue avec des chiens, particulier pour le tir de la perdrix Profiter de ce que l’on a dans un milieu particulier consti- rouge, qui se pratique beaucoup en près de soi ! tué de vallons et de collines, avec battue. Pour les propriétaires de Ces possibilités évoquées, qui sont une végétation typique des forêts chiens d’arrêt, la chasse en enclos souvent alléchantes, ne doivent pas PUBLICITÉ
14 | CHASSE ET NATURE | no 10 octobre 2018 faire oublier que chasser chez soi des biotopes diversifiés, habités par offre toujours un sentiment de bien- du vrai gibier ? Les Genevois n’ont être et de confort, qu’on ne retrouve d’autres solutions que de s’expatrier nulle part ailleurs, même si l’herbe pour s’adonner à leur passion, alors du pré du voisin semble parfois avoir qu’ils pourraient trouver leur bon- meilleur goût que celle qui pousse heur chez eux, tout en déchargeant dans notre jardin. les gardes-faune et en diminuant les Dès lors que l’on maîtrise bien sa charges financières de l’Etat. Mais chasse de proximité, force est d’ad- il s’agit là d’un autre débat. N’ou- mettre que c’est la plus belle et ce blions simplement pas que le choix ne sont pas les chasseurs romands de chasser en parc où en terrain ou- qui vont le démentir. De la plaine vert doit être mûrement réfléchi, en avec des forêts, de la moyenne fonction des possibilités de chacun. montagne, des Alpes, des lacs et Et surtout que le prix payé n’est pas Quand le faon de daim profite des cours d’eau, que demander de forcément en relation avec la satis- d’une clôture pour se sentir en sécurité. plus pour exercer la chasse dans faction finale. Mon expérience Je n’ai chassé que trois fois dans des chasses de gros gibier clôturées et seulement pour le sanglier. Je n’ai tiré que deux animaux et en ai manqué un. Alors que nous n’étions que trois fusils dans la première, dont un traquait avec un fox anglais, j’ai vu beaucoup de cochons sans pouvoir tirer. Plus tard, on m’a envoyé seul vers ce qui devait être un ferme tenu par le fox et effectivement, le chien tenait en respect onze bêtes noires de poids moyen qui me faisaient face. Impressionnant tout de même ! L’une est tombée à mon coup de carabine, les autres et le chien sont partis, quel souvenir ! Dans cette même chasse, quelques années plus tard, alors que nous sommes en battue avec une douzaine de fusils et trois ou quatre chiens, les menées sont bien soutenues quand quinze bêtes noires traversent la ligne proche de moi. Je stoppe un ragot au rembûcher et en manque un autre. Ma troisième expérience, je l’ai vécue en Bourgogne dans une chasse extrêmement bien organisée et sécurisée, mais ce n’était pas mon jour et je n’ai pas eu d’occasion de tir, comme quoi rien n’est jamais gagné d’avance. Ma dernière sortie en parc date de cette année sur un territoire tchèque, que nous avons visité en voiture, juste pour nous faire plaisir. En effet 3000 hectares clos abritent plus de 2000 têtes de gibier répartis entre le cerf élaphe, le daim, le cerf sika européen et asiatique, le mouflon et le sanglier. Cette entité appartient à la Répu- blique et c’est le président qui règne sur elle. Plus de septante personnes entretiennent les clôtures, la forêt, les places d’agrainage et veillent sur les animaux toute l’année. On rencontre de magnifiques sujets dans chaque espèce et des grands trophées attestent de la qualité de ce semi-élevage à ciel ouvert. Lors de cette visite, les cerfs portaient encore des bois en velours et l’on pouvait imaginer la grandeur et le volume de certains trophées en devenir. Les daims et les sikas, en velours également, se déplaçaient en groupes serrés avec les femelles et les jeunes, et ne se laissaient pas approcher de trop près. Les mouflons, à l’image de leur comportement en pleine nature, étaient les plus difficiles à aborder, mais des grands trophées ont pu se remarquer. Dans ce parc, toutes les mues des cervidés sont récoltées et chaque année une vente de ces bois est organisée sur catalogue, un bon moyen pour générer des fonds destinés à l’entretien du parc. La chasse s’y pratique généralement en petites traques pour quelques fusils, soit lors d’affûts ou d’approche ! Tout cela a bien sûr un coût et les très grands trophées ne sont pas à la portée de toutes les bourses.
15 HISTOIRE Veneur et braconnier : la forêt en partage | Texte Nadine Bordessoule Gilliéron, médiéviste À LA NOBLE FIGURE DU VENEUR, MONTÉ SUR SON DESTRIER ET ACCOMPAGNÉ DE SES RABATTEURS ET DE SES LÉVRIERS, S’OPPOSE CELLE DU BRACONNIER, FIGURE POPULAIRE REBELLE À L’AUTORITÉ, DONT LES MÉTHODES DE CHASSE S’INSPIRENT DES PIÈGES, COLLETS ET AUTRES TECHNIQUES ANCESTRALES. L a forêt est le lieu de la chasse. Le chasseur qui s’aventure en forêt sort du monde civilisé. Dans toutes les légendes, l’homme s’expose en forêt à des rencontres avec des esprits des bois, des créa- tures saintes, fabuleuses ou féroces. La forêt marque la frontière entre le domaine de l’humain et celui du sauvage. Mais un véritable changement transforme l’aspect de l’Europe au cours du Moyen-Age. L’étendue et la profondeur des forêts insondables qui recouvraient les trois quarts du territoire de Charlemagne se ré- duisent peu à peu. L’augmentation de la population, le développement des villes et l’invention de nouvelles techniques agricoles contribuent à diminuer la part du sauvage. Pa- rallèlement, il se produit une modi- fication de la représentation de la forêt dans l’imaginaire. La crainte des sombres forêts, peuplées d’ours, de loups et autres bêtes terrifiantes est remplacée par la familiarité des bois. Ce changement se reflète par la nuance entre les mots «sauvage» et Der November, Joachim von Sandrart. 1643. «sylvestre», tous deux issus du latin
16 | CHASSE ET NATURE | no 10 octobre 2018 concourt ainsi à faire de la chasse Extrait du « Livre de la Chasse » de Gaston Phoebus (1331-1391). une activité hautement ritualisée qui, en prenant ses distances avec un mode de subsistance populaire, tend à se rapprocher d’une céré- monie dont le peuple est exclu. La mainmise de la noblesse sur la chasse et le gibier ne va pas rester sans réaction du côté du peuple. Les légendes populaires anglaises témoignent de ces privilèges que transgresse, entre autres, le person- nage de Robin des Bois, représenté comme un hors-la-loi. Non content de détrousser les riches, il braconne également le gibier et régale ses hôtes de gigantesques festins de venaison illégalement chassée. Le braconnier, un chasseur de l’ombre Qui sont les braconniers, ces chas- seurs de l’ombre ? Image roman- tique, le braconnier est considéré comme un maraudeur nocturne, un contestataire de l’autorité, voire un silva, et qui donnent deux idées dif- devient une activité culturelle de anarchiste du monde rural. Person- férentes de la «forêt». référence pour les élites. L’aspect le nage populaire, sympathique, les plus caractéristique de cette éléva- produits de sa chasse se retrouvent Un privilège de la noblesse tion du statut de la chasse est consti- parfois même sur les tables des Avec la réduction des lieux et tué par la codification du rituel dont métayers, et autres dignitaires de des bêtes sauvages, la chasse de- les traités de vénerie conservent le village. Quelques lièvres ou grives vient peu à peu un privilège : celui détail. L’élitisme est renforcé par fournis pour un repas entre notables de la noblesse. La gestion des forêts l’emploi d’une terminologie extrê- valent bien un peu d’indulgence sur passe du pouvoir royal à une admi- mement codifiée. Encore de nos les conditions de chasse de ce gibier. nistration assurée par la noblesse jours, les chasseurs ont recours à Par ailleurs, dans les campagnes, locale qui va interdire la chasse une langue hermétique à tout indi- braconner était perçu comme un aux paysans. C’est en France que vidu non initié à la pratique, ce qui moyen de mettre de la viande au le phénomène de la ritualisation de permet de distinguer les «vrais» des menu familial. Cette chasse, le plus la chasse comme un privilège des néophytes. souvent nocturne, consiste en la nobles apparaît en premier, avant Création d’un vocabulaire donc, pose de collets et autres pièges qui de s’étendre par l’aristocratie fran- mais également d’une musique. Les nécessitent une connaissance inti- co-normande à l’Angleterre et au différentes étapes de la quête, de me de la nature, des déplacements nord de l’Europe. la prise, de la mise à mort et de la et des habitudes du gibier, auxquels Ce développement marque le découpe sont rythmées par le son les enfants s’initient tôt. Face à l’ex- début de nouvelles traditions de des trompes. L’écorchement et le pansion de ces chasses illégales, chasse : la chasse à courre et la dépeçage de la proie suivent égale- l’administration décide de nom- fauconnerie deviennent les plus ment un ordre symbolique qui veut, mer dans chaque village des gardes importantes formes de chasse. En par exemple, que l’on tranche en champêtres qui ont pour mission changeant de statut social, la chasse premier les testicules du cerf. Tout de faire régner la loi. Mais ceux-ci
17 ferment souvent les yeux, en échange d’une part du butin ou d’une place à table autour d’un civet, au fumet alléchant tout autant qu’illégal. Chasser ou piéger ? On distingue ainsi, dès le Moyen-Age, les chasses aristocratiques des pratiques roturières, dont les braconniers s’inspirent. La chasse au filet ou aux haies, c’est-à-dire à l’aide de filets que l’on fixe aux arbres et dans lesquels on rabat le gibier, est consi- dérée comme une chasse noble, étant donné le nombre de chiens et de rabatteurs nécessaires pour lever les proies et les pousser dans les pièges. Mais pour le célèbre chasseur du 14e siècle, Gaston Phoe- bus, c’est cependant «un plaisir d’homme gras ou www.pulsar-thermal.ch d’homme vieilli ou de prélat ou d’homme qui ne veut pas travailler». Son mépris, pour ces types de chasses, indignes du noble qu’il est, s’étend à d’autres «vilaines chasses» telles que la dardière. Il s’agit d’un autre type de piège, sorte de gros pieu acéré monté sur un ressort qui se détend lorsque l’animal touche le piège et se fait ainsi transpercer. De même, le piège de la fosse est considéré comme chasse de vilains, de communs et de paysans. Il évoque aussi la chasse au «ausse- piez», sorte de nœud coulant rattaché à une branche recourbée. Lorsque l’animal s’avance, il actionne la détente et se retrouve ligoté, pendu en l’air. De nom- breux autres pièges sont également conçus pour se Nouveauté: débarrasser des loups, soit en les attrapant vivants Jumelles thermiques Pulsar Accolade XP50/XQ38 dans des labyrinthes et des fosses, soit en leur perfo- rant les intestins avec des morceaux de viande plan- Pour une observation confortable et décontractée! tés d’aiguilles. 77414 Accolade XP50, 640x480 Pixel CHF 5‘700.00 Les chasses sans chiens (ou avec des braques, 77411 Accolade XQ38, 384x288 Pixel CHF 3‘900.00 d’où le terme braconner) sont ainsi, de manière explicite, dédiées à des chasseurs non aristocrates. Car ces chasses répondent à des besoins précis : il s’agit moins d’une partie de plaisir que de protéger les troupeaux des loups, les récoltes des chevreuils, les poules du renard ou d’attraper un blaireau afin de faire des souliers de son cuir. La chasse aux blai- Caméra thermique reaux se pratique ainsi en bouchant leurs terriers et ajout frontal (2 en 1) par des filets en forme de sacs dans lesquels les ani- 76459 Core FXQ50 maux viendront se jeter en regagnant leur tanière. • Haute résolution 384x288 Pixel, 17 μm, 50 Hz Venues du fond des âges, ces pratiques populaires CHF 4‘200.00 permettent aux paysans de se nourrir, de se vêtir et de se défendre des prédateurs mais elles doivent Disponible auprès des magasins spécialisés! se faire en douce de la noblesse qui y voit, avant tout, une contestation de son autorité et de ses privilèges. OptiLink SA, rue de la poste 10, 2504 Bienne Fon 032 323 56 66, info@optilink.ch, www.optilink.ch
18 | CHASSE ET NATURE | no 10 octobre 2018 PORTRAIT Gaby Dayer tourne une page | Texte et photo Chasie LE PRÉSENTER FRISE L’AFFRONT TANT IL EST CONNU EN SUISSE COMME AILLEURS PAR SON AMOUR ET SA PASSION POUR SON MÉTIER. MAIS APRÈS PLUS D’UN DEMI-SIÈCLE DE VIE PROFESSIONNELLE CONSACRÉE AUX ARMES, IL MÉRITE BIEN QUE L’ON S’ARRÊTE QUELQUES INSTANTS SUR SON PAR- COURS ET SON ENGAGEMENT POUR LA PROMOTION DE LA CHASSE. l’occupaient lorsque le troupeau se trouvait à l’alpage. Puis printemps et automne, la famille se déplaçait dans les mayens pour la garde du bétail. Gaby aime aussi se souvenir qu’il conduisait régulièrement à la pâture les chèvres des villageois. Puis est arrivée la fin de la scolari- té et il convenait d’orienter la suite. La régente de l’école primaire locale a apporté son grain de sel en affir- mant «Gaby est un jeune homme paresseux mais plein de capacités». Il fallait donc choisir un métier plu- tôt que des études. Le choix d’une carrière professionnelle G aby Dayer a vu le jour le que les cornes des escargots». Fils Le garde-chasse Alexandre Dayer, 14 août 1944 à Euseigne sur unique d’un père garde-chasse dans son père, avait à cœur d’améliorer ou la commune d’Hérémence. le val des Dix et d’une mère gérant réparer les fusils de ses copains chas- Sa naissance prématurée l’avait le ménage et la campagne, Gaby seurs. Il se rendait pour cela à l’atelier déjà projeté, par les soucis de survie Dayer a passé son enfance et son mécanique du barrage en construc- créés à ses parents, sur le devant de adolescence dans son village natal. tion à la Grande-Dixence et souvent la scène, si bien que lorsqu’il avait Comme tous les jeunes de sa géné- il prenait avec lui son fils. Gaby avait 4 ou 5 ans, il s’était entendu dire ration, il partageait son temps entre ainsi l’opportunité de voir comment par un de ses oncles : «Toi tu as l’école et l’aide aux tâches campa- tarauder, ajuster, réparer les armes. eu de la chance car à ta naissance gnardes de la famille. Les travaux Mais il avait plutôt dans la tête de tes doigts n’étaient pas plus grands aux champs et ceux des fenaisons travailler la mécanique sur les cars
19 postaux, camions ou autres poids ce milieu. La mécanique fine s’est mestre d’études, les parents Dayer lourds, engins qu’il voyait réguliè- avérée davantage plaisante que la ont sollicité le retour au pays, pro- rement traverser le village. Contact mécanique lourde. «Quand j’ai re- bablement parce qu’ils sentaient que a donc été pris avec le garage res- marqué que les ouvriers de l’armu- leur fils unique, qui se plaisait en Au- ponsable de l’entretien et des ré- rerie travaillaient dans la précision triche, leur échappait. parations des cars postaux à Sion. avec des blouses aux poches gar- L’occasion était rêvée puisqu’un de nies de tournevis et de stylos, je me Création et développement ses cousins terminait, ce même mois, suis dit que cela était préférable aux de l’armurerie Dayer son apprentissage de mécanicien marteaux et salopettes graisseuses». Au retour en Suisse de Gaby, tout poids lourds. Mais voilà, ce même Un contrat d’apprentissage auprès était préparé pour la création de l’en- cousin a fortement déconseillé ce de cette armurerie a permis à notre treprise d’armurerie Dayer. Un local métier parce que sujet à trop d’in- jeune homme de s’établir à Berne de au rez-de-chaussée de la maison de conforts. Gaby en a informé le père septembre 1959 à mai 1963. A l’issue son oncle à Sion avait été aménagé et Alexandre qui n’a pas insisté. Peut- de cette formation, son patron lui a l’entreprise a pu débuter son activi- être avait-il déjà une idée dans la offert la possibilité de se rendre en té le 1er septembre 1964. La maman tête concernant le futur de son fils ? qualité d’élève invité à l’Ecole des Olivette officiait en qualité de ven- Profitant de ses relations amicales armes à feu, à Ferlach en Autriche, deuse au magasin et le fils Gaby avec un maître fabricant d’armes durant une année ou plus. Le but œuvrait à l’atelier. Les locaux se à Berne, Alexandre a organisé une était de devenir ingénieur ETS spé- situant près des casernes de Sion visite de cet atelier renommé. Tout cialisé dans la fabrication des armes et du stand de tir, le nouvel armu- de suite, Gaby s’est senti à l’aise dans de chasse. A la fin du deuxième se- rier a vu les militaires et les tireurs PUBLICITÉ CHASSE AU CERF à p. de € 990.00 THE PASSION OF Pêcheurs et chasseurs HUNTING CHASSE AU MOUFLON CHASSE AU Un magasin refait à neuf rien que pour vous ! Nouveaux rayons XXL pour la pêche et la chasse. à p. de € PETIT GIBIER Encore plus de matériel en stock. à p. de € 690.00 Encore plus de choix. 1495.00 Toutes les nouveautés 2018 disponibles. Mais le plus simple est que vous veniez CHASSE AU le constater par vous-même... KEILER EN TURQUIE à p. de € Conseils par des spécialistes! 890.00 Sim’sport, Dorsaz 027 346 30 39 Rue du Collège 30 simon@sim-sport.ch WWW.CAPRA-ADVENTURES.COM 1964 Conthey www.sim-sport.ch TEL: 076 379 24 26 Fermé lundi matin 16010_CAP_ANZ_Adventures_88x122_3mm_FR.indd 1 15.06.18 10:20
20 | CHASSE ET NATURE | no 10 octobre 2018 profiter de cette proximité pour l’en- Gaby Dayer est naturellement deve- de toutes classes sociales. Il a voya- tretien et la réparation des armes. nu chasseur. Il en est à sa cinquan- gé en Suisse et dans le monde. Mal- De fil en aiguille, de relations en re- tième saison de chasse en Valais. gré cela, il a toujours fait preuve lations, l’atelier d’armes de chasse Ses relations professionnelles, le d’humilité et de simplicité. La notion s’est développé rapidement pour développement de son armurerie, de service est ancrée dans son être. se transformer en armurerie poly- l’ont amené à chasser tous les gibiers Il n’a jamais craint d’interrompre valente à la tête de laquelle Gaby dans un grand nombre de pays. Sa une journée de chasse pour venir à Dayer a trôné jusqu’en juillet 2018, chasse de prédilection reste celle l’armurerie dépanner un chasseur date de sa remise en d’autres mains. du chamois. «Les montagnes, les dont l’arme était défectueuse. Il n’a Restera comme marque de fabrique paysages, l’agilité et la ruse de cet jamais dédaigné le simple chasseur, la création artisanale de la carabine animal futé sont incomparables» ni la jeunesse, qu’il a conseillés au- de chasse «Compact», réalisée à dit-il en laissant ses yeux s’illuminer tant que les ministres ou autres gens plus de quatre cents exemplaires. d’étoiles. Gaby Dayer constate avec de la haute. Il s’est dépensé sans satisfaction l’évolution des chasseurs compter pour ses amis, pour les so- Les stands de tir qui sont continuellement formés ciétés locales, parfois au détriment Gaby Dayer s’est investi dès la dans la connaissance du gibier et le de sa famille à qui il tient comme création de son entreprise dans la maniement des armes. Il admet que à la prunelle de ses yeux. Il a aimé promotion de la formation et de la les règlements sont nécessaires pour son métier et a été passionné par la sécurité avec les armes. Un lanceur une gestion correcte de la faune et il fabrication et la transformation arti- manuel de pigeons d’argile faisait prône sans ambiguïté le maintien du sanales des armes. Il passe la main le bonheur des chasseurs du dis- système des réserves, pour garantir sans regret car comme il dit «l’armu- trict d’Hérens. La ligne de tir à balle la préservation et le développement rier est devenu davantage vendeur entre les murs de protection dans du gibier. Il déplore le mode de ges- et conseiller que technicien tant la les bois de la Borgne bénéficiait à tion des grands prédateurs. «La lé- profession a changé depuis Internet de nombreux tireurs, chasseurs et gislation est contraire au bon sens et l’industrialisation». Comme il l’a candidats chasseurs. Puis, sous son et permet une réintroduction et une toujours été, Gaby Dayer reste pro- impulsion, plusieurs Dianas ont créé progression au sujet desquelles les fondément attaché à sa région, à la des stands de tir de chasse moder- chasseurs et les éleveurs ne sont pas terre et aux activités rurales. Libéré nes. Il en est résulté la fin des tirs dupes» clame-t-il avec énergie. du stress professionnel, c’est entre sauvages dans tous les recoins du son quartier des Casernes, son vil- territoire. L’homme et son avenir lage natal, son stand du Sauterôt et Il a consacré cinquante-neuf an- son mayen de Leteygeon, qu’il par- La chasse nées à son métier, dont cinquante- tage avec sa famille et ses amis son Avec des ancêtres chasseurs, un quatre dans son armurerie. Gaby amour pour la chasse et sa passion père braconnier puis garde-chasse, Dayer a côtoyé des personnages intacte pour les armes. # CONCOURS Participez à notre concours et gagnez un exemplaire du livre de J. Bost-Lamondie, réédition des éditions Montbel, présenté dans notre page « actu ». Conditions : le gagnant sera désigné par tirage au sort et avisé personnellement. La participation est limitée à un seul envoi par personne. Aucune conversion de prix ne sera possible. Coupon de participation au concours Chasse et Nature d’octobre 2018, à nous retourner avant le 18 octobre 2018, a l’adresse : Chasse et Nature, AdVantage Sa, Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne ou par courriel à regie@advantage.ch. Nom, prénom: Adresse: No postal/Lieu: Tél.: Mail:
Vous pouvez aussi lire