DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég

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DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
HORS SÉRIE

LE MENSUEL DU CENTRE TECHNIQUE INTERPROFESSIONNEL DES FRUITS ET LÉGUMES

DOSSIER BIOCONTRÔLE
       EN FRUITS ET LÉGUMES

        RETOUR SUR LA JOURNÉE BIOCONTRÔLE EN FRUITS ET LÉGUMES
        DU 10 DÉCEMBRE 2015 – CENTRE CTIFL DE BALANDRAN
DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
D     DOSSIER                   MARC DELPORTE,                                            GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
                                     CTIFL

SOMMAIRE                                                    PRÉSENTATION
                                     DU GIS PICLÉG ET DU GIS FRUITS
2        DOSSIER

2	Présentation du GIS PIClég et
   du GIS Fruits

4	Introduction sur le biocontrôle
   en fruits et légumes

5        MANIFESTATION

5	Programme de la journée
   biocontrôle

6	Compte rendu de la
   journée : un état des lieux du
   biocontrôle, recherches en
   cours et perspectives

11	Focus sur les ateliers :
    - Atelier « Innovation -
    Technologie »
    - Atelier « Médiateurs           > ESSAI AVEC PLANTE-RELAIS SOUS ABRI (TRÈFLE INCARNAT)

    chimiques »
                                     Le GIS PIClég (Groupement d’intérêt          développement ambitieux, répondant
    - Atelier « Ravageurs et
                                     scientifique pour la Production inté-        aux préoccupations de la filière ;
    auxiliaires »
                                     grée en cultures légumières) est né en       – des résultats permettant de concevoir
                                     2007 sous le parrainage du ministère         des systèmes économiquement viables
                                     de l’Agriculture, à l’initiative des Pro-    et plus économes en intrants pour les
13       TÉMOIGNAGES
                                     ducteurs de légumes de France, de            cultures légumières de plein air ou sous
13       Professionnels              l’Inra et du Ctifl, avec pour ambition       abri.
                                     de mobiliser l’ensemble des acteurs de       Les travaux du GIS PIClég portent sur
15       Participant                 la recherche et du développement pour        la maîtrise des bioagresseurs aériens et
                                     proposer aux producteurs de légumes          telluriques, la gestion de la fertilisation
                                     des systèmes de cultures respectueux         et de l’eau, la génétique et l’innovation
16	DOCUMENTATION                    de l’environnement et économiquement         variétale et l’élaboration de nouveaux
    GÉNÉRALE                         performants.                                 systèmes de cultures plus économes en
                                     Le GIS PIClég c’est :                        intrants.
16 	Documentation générale          – un renforcement considérable des           L’objet du GIS PIClég est de coordonner
                                     liens entre les acteurs de la recherche      et d’orienter un programme pluridisci-
                                     et du développement de la filière « lé-      plinaire de recherche-développement
                                     gumes » : chercheurs, expérimenta-           pour concevoir, expérimenter et propo-
                                     teurs, conseillers agricoles ;               ser des systèmes de culture légumiers
                                     – une vingtaine de projets de recherche-     innovants.

créé à l’initiative de

                                                              Action pilotée par le ministère en charge
                                                              de l’agriculture avec l’appui financier de
                                                              l’ONEMA par les crédits issus de la rede-
                                                              vance pour pollutions diffuses attribués au
                                                              financement du plan Ecophyto

2
DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
PRÉSENTATION DU GIS PICLÉG ET DU GIS FRUITS                                                          GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016

Les programmes de recherche-
développement du GIS PIClég sont
orientés vers les problématiques de
la production, avec comme objectif la
mise en place de systèmes de culture
respectueux de l’environnement et
économiquement performants. Ainsi,
les projets et études du GIS PIClég
visent à diminuer l’utilisation des
produits phytosanitaires en cultures
légumières, ainsi qu’à mieux piloter
la fertilisation et l’irrigation. Cela im-
plique de reconcevoir les systèmes de
culture, en combinant des techniques
agronomiques à effets partiels, en in-
tégrant le choix du matériel végétal et
en gérant différemment l’alimentation
des plantes.
Les modes d’action du GIS PIClég sont
les suivants :
– inventorier et hiérarchiser les ques-
tions et les besoins, au sein des diffé-      > CONFUSEUR CONTRE LA TORDEUSE ORIENTALE EN VERGER DE PÊCHER
rents groupes thématiques ;
– coconstruire des projets pour y ré-         Six priorités scientifiques ont été défi-   de qualité à un prix acceptable pour les
pondre, associant les partenaires de la       nies :                                      consommateurs tout en intégrant les
recherche et du développement ;               – organisation des acteurs et compéti-      exigences nouvelles en matière envi-
– labelliser les projets proposés (label-     tivité du secteur ;                         ronnementale et, plus généralement,
lisation par le Comité stratégique sur        – attentes sociétales : comportement        la mise en œuvre de pratiques moins
proposition du Directoire opération-          du consommateur et de l’acheteur, de-       consommatrices en intrants, comme
nel) ;                                        mande du citoyen ;                          fixée dans le cadre du plan national
– identifier les sources pertinentes de       – connaissance du fonctionnement et         Ecophyto 2018, et ceci dans un contexte
financement (AIP Inra, ANR, Casdar,           maîtrise des bioagresseurs des pro-         de changements climatiques effectifs
autres…) ;                                    ductions fruitières ;                       dans les zones arboricoles françaises.
– suivre le déroulement des projets,          – adaptation et anticipation du change-     La filière doit donc modifier ses ma-
pour en assurer la cohérence par rap-         ment climatique ;                           nières de produire tout en restant com-
port aux objectifs du GIS ;                   – approche système aux trois échelles :     pétitive, en assurant un revenu décent
– organiser la diffusion des résultats.       parcelle, exploitation et territoire ;      aux professionnels, et en relevant les
À ce jour, plus de 24 projets ont été la-     – élaboration et maintien de la qualité     défis de la qualité et de l’adaptation des
bellisés par le GIS PIClég (voir http://      des fruits frais et transformés.            fruits aux marchés des produits frais
www.picleg.fr).                               Six actions programmatiques ont ainsi       ou transformés, et aux demandes des
Le GIS Fruits (Groupement d’inté-             été spécifiées :                            consommateurs. En d’autres termes,
rêt scientifique fruits), quant à lui,        – identifier de nouvelles questions de      elle se doit de conjuguer performances
regroupe 22 partenaires de la filière         recherche grâce au dialogue entre les       économiques, sociales et environne-
fruitière française, impliqués dans la        partenaires ;                               mentales.
recherche, le développement, la forma-        – lancer des projets de recherche, de       Pour relever ces défis, les innovations
tion et l’organisation professionnelle,       développement, de formation ;               biologiques, technologiques, éco-
afin de mettre en œuvre dans la durée,        – accompagner les innovations sur le        nomiques et/ou organisationnelles
une stratégie commune, allant de la           terrain ;                                   constituent des leviers essentiels que
recherche jusqu’au transfert des inno-        – diffuser les résultats des actions ;      doivent continuer de coconstruire les
vations vers les acteurs économiques.         – communiquer vers un large public ;        organismes de recherche, les acteurs
Cette structure s’articule autour de          – éclairer la décision publique grâce       professionnels et l’encadrement de
deux idées principales :                      aux acquis scientifiques du GIS.            cette filière. C’est dans ce contexte
– un triple défi : conjuguer perfor-          L’enjeu majeur pour la filière « fruits »   que s’est mis en place en 2012 un
mances économiques, sociales et envi-         est d’assurer, à tous les niveaux, sa ca-   Groupement d’intérêt scientifique
ronnementales de la filière ;                 pacité de présence sur les marchés en       (GIS) afin d’accompagner les muta-
– une approche globale : de la sélection      répondant aux attentes sociétales tout      tions de ce secteur par la coordination
de variétés, la production intégrée, la       en améliorant ses performances tech-        et la conduite d’actions de recherche,
commercialisation, la transformation,         nico-économiques.                           d’expérimentation, de développement
jusqu’à la consommation de fruits             Elle doit être en mesure de concilier       et de formation (voir le site officiel :
frais et transformés.                         plusieurs objectifs : fournir des fruits    http://www.gis-fruits.org). ▪

                                                                                                                                  3
DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
D     DOSSIER                             YANN BINTEIN, CTIFL                                      GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
                                              PHILIPPE NICOT, INRA

L’Union européenne, dans le cadre de
la directive 2009/128/CE et la France
                                                        INTRODUCTION SUR LE
dans le cadre du plan Ecophyto se sont
donné comme ambition de relever un
défi de grande ampleur : limiter les
                                                    BIOCONTRÔLE EN FRUITS
impacts négatifs de la protection des
cultures sur l’environnement et la san-                                 ET LÉGUMES
té, tout en maintenant, voire augmen-
tant, les niveaux de production agricole,
la qualité des produits de récolte, et la
rentabilité économique des exploita-
tions et des filières agricoles. Parmi les
leviers identifiés pour relever ce défi, le
biocontrôle des bioagresseurs occupe
une place de choix.
Mais qu’entend-on exactement par
                                                    Macro-organismes (auxiliaires)                  Médiateurs chimiques
« biocontrôle » ? L’article L.253-6 du
Code rural précise que les produits de
biocontrôle incluent des « Agents et
produits utilisant des mécanismes na-
turels dans le cadre de la lutte intégrée
contre les ennemis des cultures ».
Ils comprennent en particulier :
– les macro-organismes ;
– les produits phytopharmaceutiques                        Micro-organismes                         Substances naturelles
incluant des micro-organismes, des            > LES PRODUITS DE BIOCONTRÔLE
médiateurs chimiques (comme les
phéromones et les kairomones) et des          en œuvre par 7 producteurs sur 10 et la       née nationale sur la thématique du
substances d’origine végétale, animale        présence de macro-organismes préda-           biocontrôle, le 10 décembre 2015 sur
ou minérale.                                  teurs des pucerons (coccinelles, chry-        le centre Ctif l de Balandran autour de
Plusieurs événements majeurs contri-          sopes et syrphes) fait déjà l’objet d’un      quatre temps forts :
buent aujourd’hui à intensifier la            suivi dans 70 % des cas.                      – un état des lieux de la réglemen-
mobilisation autour du biocontrôle :          Concernant les cultures légumières            tation et du marché des produits de
évolution du contexte réglementaire,          sous serres chauffées, l’utilisation          biocontrôle pour les catégories concer-
apparition et réémergence de bioagres-        des macro-organismes est le premier           nées : macro et micro-organismes,
seurs, priorités de recherche dans            moyen de protection contre les in-            médiateurs chimiques et substances
la mission « Agriculture - Innova-            sectes et acariens dans les itinéraires       d’origine naturelle ;
tion 2025 » désormais fixées dans les         culturaux.                                    – une table ronde avec les acteurs
appels à projets, développement des ac-       Pour autant, la filière ne saurait se         de la filière (production, firmes du
teurs privés de la protection des plantes     contenter de ces seuls acquis. En effet,      biocontrôle, évaluation et recherche/
vers le biocontrôle, enfin concrétisation     l’apparition de nouveaux ravageurs            expérimentation) pour cerner la place
d’un large consortium public/privé            peut remettre en cause les itinéraires        du biocontrôle, l’attente des différents
de recherche et développement sur le          techniques déjà établis. Les systèmes         acteurs et de dégager les perspectives
biocontrôle.                                  dits « ouverts » comme les cultures           d’évolution pour les fruits et légumes ;
La filière des fruits et légumes a            légumières de plein champ se doivent          – un panorama de plusieurs pistes de
été pionnière dans le domaine du              de combiner les approches et les tech-        recherche et travaux en cours sur de
biocontrôle avec la recherche de nou-         niques après les échecs relatifs des          nouvelles solutions ou leur intégration
velles méthodes alternatives dans un          lâchers inondatifs. Les produits de           dans les différents systèmes de culture
contexte d’augmentation des usages            biocontrôle ne s’utilisent générale-          fruitiers et légumiers ;
orphelins et de diminution du nombre          ment pas comme les produits issus de          – des visites de stands des firmes du
de spécialités phytopharmaceutiques           la chimie de synthèse : généralement          biocontrôle, d’ateliers techniques et de
disponibles. Ce recours au biocontrôle        ciblés, parfois d’efficacité partielle, ils   posters sur des travaux scientifiques.
a bien souvent été le moteur de dé-           nécessitent une haute technicité pour         Ce hors-série a pour vocation de va-
marches professionnelles de produc-           leur prise en main et une réf lexion          loriser cet événement marquant pour
tion intégrée avec l’émergence de             du praticien pour l’intégrer dans une         la filière des fruits et légumes et d’en
chartes de qualité « produits ».              panoplie diversifiée de moyens de pro-        retracer le plus fidèlement possible les
Dans le cas du pommier, en ce qui             tection.                                      interventions, échanges et débats avec
concerne les insectes ravageurs, la           Afin d’accompagner cette dynamique,           plusieurs témoignages.
méthode de confusion sexuelle par             le Ctif l, le GIS PIClég et le GIS Fruits     Nous vous souhaitons une bonne
l’utilisation de phéromones est mise          ont décidé d’organiser une jour-              lecture ! ▪

4
DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
M    MANIFESTATION               YANN BINTEIN, CTIFL                             GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
                                 PHILIPPE NICOT, INRA

                                     PROGRAMME
JOURNÉE BIOCONTRÔLE EN FRUITS ET LÉGUMES
10 DÉCEMBRE 2015 - CENTRE CTIFL DE BALADRAN

9 h 15         Accueil des participants

9 h 45         Introduction - A. Vernède, Ctifl et M. Bariteau, Inra

10 h-11 h      Point de situation du biocontrôle
		• État des lieux de la réglementation — A. Tridon, DGAL
		• État des lieux du marché : quelles solutions disponibles ? – D. Longevialle, IBMA

11 h-11 h 45   Table ronde : Quelle place du biocontrôle en fruits et légumes ?
  Coanimation Y. Bintein, Ctifl et P. Nicot, Inra
		• G. Roche, Producteurs de Légumes de France
		• L. Barbier, FNPF
		• D. Longevialle, IBMA
		• J. Laville, Anses
		• N. Volkoff, Inra

12 h-12 h 45   Visite des stands et ateliers

12 h 30        Repas

14 h 45-17 h 30 Pistes de recherche et travaux en cours
               • Panorama sur les substances naturelles et micro-organismes - M. Giraud, Ctifl et
                  P. Marchand, Itab
               • Travaux sur les médiateurs chimiques en fruits et légumes - B. Frérot, Inra /
                  F. Verheggen, Gembloux – Agrobiotech-Université de Liège / AM. Cortesero, Inra
               • Travaux sur les macro-organismes pour l’arboriculture fruitière - C. Weydert, Ctifl
                  et N.Ris, Inra
               • Protection intégrée contre Sclerotinia en productions légumières - P. Lefloch,
                  Unilet et F. Villeneuve, Ctifl
               • Intégration des méthodes de biocontrôle sous serres et abris - Y. Trottin, Ctifl et
                  A. Lefèvre, Inra

17 h 30        Conclusion par Roger Laroche — 1er Vice-Président du Ctifl

                                                                                                            5
DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
M     MANIFESTATION                     YANNIE TROTTIN ET CLAIRE WEYDERT,                              GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
                                            CTIFL

                                                C O M P T E- R E N D U D E L A J O U R N É E

                                                       U N É TAT D E S LI E UX D U
                                              B I O CO NTRÔ LE , R EC H E RC H E S
                                              E N CO U R S E T P E R S P EC TIVE S
    LE JEUDI 10 DÉCEMBRE 2015,
    CTIFL (BALANDRAN)

La journée sur le biocontrôle a été coor-
ganisée par le Ctifl, le GIS PIClég et
le GIS Fruits avec l’appui financier de
l’Onema par les crédits issus de la re-
devance pour pollutions diffuses attri-
bués au financement du plan Ecophyto.
Près de 280 personnes, conseillers
techniques, expérimentateurs, cher-
cheurs, firmes phytosanitaires, semen-
ciers, producteurs et distributeurs des
filières fruits et légumes… ont participé
à cette manifestation dont la théma-
tique générale portait sur les produits
de biocontrôle : définition, état des
lieux, travaux de recherches en cours et    > TABLE RONDE SUR LE THÈME DE LA PLACE DU BIOCONTRÔLE ET L’ATTENTE DES ACTEURS
perspectives sur la base d’exemples en
cultures fruitières et légumières.          teurs de la filière, des ateliers pratiques,   (AMM) de ces produits soient accélé-
                                            des visites concernant d’une part les          rés. Des allègements réglementaires
                                            stands des firmes de biocontrôle et            sont prévus (par ex. dans le cadre de la
                                            d’autre part les posters portant sur des       LAAF, exemption d’obligation d’agré-
ENJEUX ET OBJECTIFS                         travaux scientifiques.                         ment phytosanitaire pour l’application
                                                                                           en prestation de service). Enfin, elle a
Cette journée a été introduite par                                                         donné la définition des types de pro-
A. Vernède (Directeur du Ctifl) et          ÉTAT DES LIEUX DE LA                           duits de biocontrôle (cf. ci-dessus) ainsi
M. Bariteau (Président du centre            RÉGLEMENTATION ET DU                           que celle d’une préparation naturelle
Inra Paca). Ils ont rappelé tout l’enjeu    MARCHÉ DES PRODUITS DE                         peu préoccupante : celle-ci est une
de cette journée pour relever les défis     BIOCONTRÔLE                                    substance de base (à ce jour, huit sont
du biocontrôle en impliquant et en                                                         approuvées) ou bien une substance
mobilisant tous les acteurs pour qu’ils     N. Therre (DGAL(1)) a présenté le              naturelle à usage biostimulant. Cette
puissent être coordonnés dans leur ac-      contexte réglementaire européen dans           dernière, appliquée par exemple sur les
tion afin de proposer une agriculture       le cadre de la directive 2009/128 sur          plantes, aura pour but de stimuler les
plus respectueuse de l’environnement.       l’utilisation des pesticides compatible        processus naturels de ces plantes afin
L’objectif était de permettre à un large    avec le développement durable et le            de faciliter ou de réguler l’absorption
public de se familiariser avec les pro-     Règlement 1107/2009 sur la mise sur            des éléments nutritifs ou d’améliorer
duits de biocontrôle et de s’informer, à    le marché des produits phytophar-              leur résistance aux stress abiotiques. Un
partir d’un certain nombre d’exemples       maceutiques. Cette réglementation              projet de décret est en cours pour défi-
en cultures fruitières et légumières,       notamment encourage les solutions              nir la procédure d’autorisation qui sera
des résultats les plus récents concer-      non chimiques et le recours à des mé-          spécifique (pas d’AMM classique). En-
nant les travaux de recherche menés         canismes naturels pour la protection           fin, elle a rappelé le lancement du plan
sur les différents types de produits de     des plantes. Pour la France, elle a rap-       Ecophyto II qui prévoit des mesures
biocontrôle : les macro-organismes, les     pelé que, dans le cadre de la Loi d’avenir     pour le développement des produits
micro-organismes, les substances na-        pour l’agriculture, l’alimentation et la       de biocontrôle ainsi que l’installation
turelles d’origine végétale, animale ou     forêt (LAAF), l’État soutient les acteurs      du consortium biocontrôle début 2016.
minérale et les médiateurs chimiques        professionnels dans le développement           Celui-ci est un groupe à gouvernance
(ex. les phéromones…).                      des solutions de biocontrôle et veille         paritaire public-privé pour développer
Dans ce cadre ont été organisés des         à ce que les processus d’évaluation et
conférences, une table ronde avec les ac-   d’Autorisation de mise sur le marché           (1)
                                                                                                 DGAL : Direction générale de l’alimentation

6
DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
COMPTE-RENDU DE LA JOURNÉE                                                                                 GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
UN ÉTAT DES LIEUX DU BIOCONTRÔLE, RECHERCHES EN COURS ET PERSPECTIVES

l’innovation en biocontrôle et son adap-     Le rôle de l’aval et des consommateurs            truction étaient moindres avec des mé-
tation dans les filières agricoles.          a été évoqué. Ces acteurs, parties pre-           thodologies d’évaluation spécifiques.
D. Longevialle (IBMA France(2)) a fait un    nantes dans le plan Ecophyto 2, peuvent           Par ailleurs, l’objectif de l’Anses est
état des lieux du marché des produits        inciter les filières à utiliser des produits      aussi d’informer rapidement des déci-
de biocontrôle. Au 10 décembre 2015,         de biocontrôle. La présence de l’aval de          sions qui sont prises.
l’IBMA France en tant que structure          la filière à cette journée Biocontrôle            D. Longevialle (IBMA) a confirmé,
associative, comptait 40 membres, dont       prouve son intérêt et son implication.            suite à une enquête auprès des firmes
31 membres actifs. Ce sont des firmes                                                          du biocontrôle, que dans les trois ans
très spécialisées dans le biocontrôle (no-                                                     à venir, de nombreux produits de
tamment dans les micro-organismes)           TABLE RONDE AVEC LES                              biocontrôle étaient attendus, ce qui
ou bien des firmes de l’agrochimie. Les      ACTEURS DE LA FILIÈRE                             prouve qu’il y a une accélération de l’in-
trois quarts de ces firmes proposent des                                                       novation par rapport à ces produits.
produits pour les fruits et les légumes.     L’objectif était de mieux cerner la place         N. Volkoff (Inra(5)) a présenté le réseau
Le marché du biocontrôle est estimé par      du biocontrôle ainsi que l’attente des            EMBA (Ecological management of
l’IBMA France à 100 millions d’euros         différents acteurs (production, firmes            bioagressors in agroecosystems), soit
(soit 5 % du marché de la protection des     du biocontrôle, évaluation et recherche)          une organisation scientifique de 80
plantes) et l’ambition est un marché du      et d’en dégager les perspectives d’évolu-         personnes Inra au sein de 15 unités et
biocontrôle passant à 15 % d’ici 2020.       tion pour les fruits et légumes.                  30 équipes. Les axes de recherche sont
D. Longevialle a rappelé la législation      G. Roche (Légumes de France) et                   notamment, la caractérisation de la bio-
sur ces produits. Tout produit revendi-      L. Barbier (FNPF(4)) ont rappelé, d’une           diversité, la compréhension des méca-
quant une action sur des bioagresseurs       part, l’antériorité de la filière fruits et lé-   nismes d’action, l’étude de la durabilité
(ravageurs, maladies, adventices) doit       gumes dans le biocontrôle, notamment              des méthodes de protection, mais aussi
faire l’objet d’une demande d’AMM            les macro-organismes introduits sous              la lutte biologique par conservation,
(comme tout produit phytopharmaceu-          serre depuis plus de 35 ans et, d’autre           par acclimatation… L’objectif est la re-
tique). Différents exemples de produits      part, que les professionnels étaient fa-          cherche finalisée, mais aussi l’intégra-
de biocontrôle ayant une AMM sur des         vorables à l’utilisation du biocontrôle en        tion des techniques sur le terrain.
fruits ou des légumes ont été cités. Les     tant que méthode à associer à d’autres
macro-organismes sont soumis à une           stratégies de protection. Par contre,
réglementation spécifique et l’introduc-     ils ont souligné que l’utilisation du             DES ATELIERS TECHNIQUES ET
tion de macro-organismes non indi-           biocontrôle demandait de la techni-               DES DÉMONSTRATIONS
gènes doit faire l’objet d’une demande       cité et ont demandé que l’efficacité
auprès de l’Anses(3).                        de ces nouveaux produits techniques               Trois ateliers techniques étaient propo-
Ces interventions ont suscité de nom-        et plus globalement des techniques                sés aux participants (cf. focus sur les
breuses questions de la salle. Il a été      alternatives soit validée avant que ne            ateliers p. 11).
question des conditions d’inscription        disparaissent des produits phytophar-             – L’atelier « Ravageurs et auxiliaires »,
des produits sur la liste NODU Vert, et      maceutiques. Dans ce cadre, J. Laville            animé par J.-M. Leyre, J.-F. Mandrin
notamment des produits d’origine mi-         (Anses) a rappelé que pour des subs-              et V. Baffert (Ctifl) offrait la possibilité
crobienne pour lesquels une réflexion        tances candidates à la substitution, une          d’observer des ravageurs et auxiliaires
est en cours. Des discussions sont           évaluation comparative peut aboutir à la          des cultures fruitières et légumières,
également en cours à propos des subs-        non-substitution dans le cas où aucune            présentés vivants ou sous une loupe
tances naturelles d’origine de synthèse      méthode alternative efficace n’existe.            binoculaire. On pouvait notamment
chimique parmi lesquelles seules les         Le rôle et l’organisation de l’Anses ont
phéromones font actuellement partie de       été présentés par J. Laville et notam-            (2)
                                                                                                   IBMA : International Biocontrol Manufac-
la liste NODU Vert. Une nouvelle liste       ment le pouvoir de décision pour les              turers Association
des produits NODU Vert de biocontrôle        AMM depuis le 1er juillet 2015. La base           (3)
                                                                                                    ANSES : Agence nationale de sécurité
– très attendue – devrait sortir bientôt.    e.phy, reprise par l’Anses, est en cours          sanitaire de l’alimentation, de l’environ-
Une question a été posée sur le contrôle     de transfert. Concernant les produits             nement et du travail
des résidus des produits de biocontrôle.     de biocontrôle, il a souligné le nombre           (4)
                                                                                                   FNPF : Fédération nationale des produc-
Ceux-ci font l’objet de la même dé-          croissant de dossiers de demandes                 teurs de fruits
marche que les autres produits phyto-        d’AMM. Il a rappelé que pour ces                  (5)
                                                                                                   Inra : Institut national de la recherche
pharmaceutiques.                             dossiers, les taxes et les délais d’ins-          agronomique

                                                                                                                                         7
DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
M     MANIFESTATION                      YANNIE TROTTIN ET CLAIRE WEYDERT,                          GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
                                             CTIFL

observer Drosophila suzukii, les pu-         Les participants pouvaient trouver de la       stimulants de défense des plantes (sur
naises Halyomorpha halys, Nesidiocoris       documentation en lien avec les thèmes          oïdium du melon et mildiou de la lai-
tenuis, des auxiliaires comme Macrolo-       présentés et des réponses à leurs ques-        tue ou sur arbres fruitiers à pépins) ou
phus ou des trichogrammes.                   tions auprès des animateurs des diffé-         sur les médiateurs chimiques visant
– L’atelier « Innovation - technolo-         rents ateliers.                                la Mouche du chou Delia radicum, la
gie », animé par A. Verhaeghe (Ctifl/                                                       Mouche méditerranéenne des fruits
SENuRA(6)), F. Zavagli (Ctifl) et J.-M.                                                     Ceratis capitata (piégeage massif) ou
Armand (Inra), portait sur les nouvelles     DES POSTERS SUR DES                            bien deux ravageurs de la framboise,
innovations en termes de biocontrôle.        TRAVAUX SCIENTIFIQUES                          l’anthonome Anthonomus rubi et le ver
Il était possible de tester l’application                                                   des framboises Byturus tomentosus avec
« Di@gnoplant » de l’Inra, de décou-         20 posters ont été présentés et répartis       étude de combinaison d’attractifs dans
vrir le nouveau projet Pulv’arbo porté       sur les trois ateliers. Ils concernaient des   un même piège.
par le Ctifl sur la pulvérisation fixe sur   travaux récents impliquant des produits        Enfin, dans le cadre du Plan Ecophyto,
frondaison, ou les nouveaux outils pro-      de biocontrôle et réalisés sur différents      les Réseaux Dephy Légumes et Fruits
posés pour l’application de différents       bioagresseurs de cultures fruitières ou        rouges, et Dephy Arboriculture frui-
produits de biocontrôle : application de     légumières.                                    tière ont fait l’objet de deux posters pour
trichogrammes par des drônes (Bio-           Six posters portaient sur la protection        présenter les premiers résultats obtenus
top), applications de phéromones par         biologique à l’aide d’introduction ou          en terme de leviers mis en œuvre pour
un fusil type paint ball (M2i) ou diffu-     apport de parasitoïdes, ou apport de           réduire l’utilisation des produits phyto-
sion de phéromones par les nouveaux          microorganismes (sur champignon)               pharmaceutiques. L’évolution de l’IFT
Puffer (Suterra).                            ou de nématodes entomopathogènes               (Indice de fréquence de traitement) en
– L’atelier « Médiateurs chimiques »,        (sur ravageur du sol). Ils concernaient        rapport avec ces changements de pra-
animé par B. Frérot (Inra), donnait des      la protection vis-à-vis de bioagresseurs       tiques était aussi présentée.
éléments sur la démarche permettant          émergents ou réémergents tels que Dro-
d’identifier des phéromones d’insectes       sophila suzukii sur fraise, les punaises
puis de les utiliser comme moyen de          Halyomorpha halys ou Nezara viridula,          DES STANDS COMMERCIAUX
surveillance ou de protection. Il était      le cynips du châtaigner Dryocosmus ku-
possible d’observer les glandes à phéro-     riphilus, les cochenilles sur agrumes, les     Outre les ateliers et les posters, 12 firmes
mones de carpocapses et de découvrir         taupins ou le champignon Sclerotinia           étaient présentes à la journée et ont pré-
dans une vidéo l’utilisation d’un tunnel     minor sur laitue.                              senté sur leurs stands une diversité de
de vol. Des pièges pour les punaises,        Six autres posters décrivaient des études      produits de biocontrôle à l’aide de pos-
étudiés par l’Agroscope dans le projet       se rapportant à l’agroécologie et les          ters, de matériel, de fiches… Ce sont des
Softpest Multitrap, étaient présentés.       services écosystémiques (régulation            macro-organismes et des pollinisateurs,
                                             naturelle, recherche de parasitisme indi-      notamment pour les cultures sous abri
                                             gène, plantes de service, chauve-souris        (ex. Biobest, Biotop, Syngenta, Kop-
                                             et infrastructures agroécologiques…).          pert), des adjuvants pour les bouillies
                                             Ils portaient sur des ravageurs majeurs        insecticides ou fongicides (ex. Action
                                             tels que la cochenille du mûrier sur noix      Pin, Vivagro…), des micro-organismes à
                                             (Parthenolecanium corni), les tordeuses        base de champignons, levures, virus (ex.
                                             sur pommier, la mouche de l’olive, les         De Sangosse, Agrauxine, Andermatt,
                                             thrips sur poireau, les ravageurs sous         Biobest, Koppert…), des produits pour
                                             abri. À noter dans ce cadre, un poster         la confusion sexuelle sous forme de
                                             portant sur l’augmentorium présenté            diffuseurs ou d’appâts pour le piégeage
                                             comme un outil de production agroé-            (ex. Goëmar, De Sangosse…) ou bien
                                             cologique pour une meilleure maîtrise          d’autres substances naturelles d’origine
                                             des mouches des fruits s’attaquant aux         minérale, végétale ou autres substances
                                             cucurbitacées sur l’île de La Réunion, à       (Goëmar, Jade, Vivagro, Syngenta…). Un
                                             la fois un outil de prophylaxie, de lutte      ensemble d’informations était dispo-
                                             biologique et de compostage.
> DÉMONSTRATION DANS LES ATELIERS
                                             D’autres travaux décrits dans les autres       (6)
                                                                                                SENuRA : Station d’expérimentation nuci-
TECHNIQUES                                   posters portaient en particulier sur les       cole Rhône-Alpes

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DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
COMPTE-RENDU DE LA JOURNÉE                                                                                 GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
UN ÉTAT DES LIEUX DU BIOCONTRÔLE, RECHERCHES EN COURS ET PERSPECTIVES

                                                                                               de l’étude des médiateurs chimiques
                                                                                               conduisant au développement de solu-
                                                                                               tions de biocontrôle ont été présentées :
                                                                                               vérification de l’existence d’une com-
                                                                                               munication olfactive entre la plante et
                                                                                               le ravageur, collecte et identification des
                                                                                               signaux chimiques émis par la plante,
                                                                                               test de l’effet sur le ravageur en tunnel
                                                                                               de vol ou par éléctroantennographie, for-
                                                                                               mulation d’attractifs puis validation sur
                                                                                               le terrain.
                                                                                               F. Verheggen a présenté le travail en
                                                                                               cours sur le développement d’une mé-
                                                                                               thode sémiochimique de lutte contre la
                                                                                               mouche du brou du noyer, cherchant
> 20 POSTERS ONT ÉTÉ PRÉSENTÉS ET RÉPARTIS DANS LES TROIS ATELIERS
                                                                                               à combiner à la fois des effets « push »
nible avec des perspectives de nouveaux        catégorie des SDP, un produit doit avoir        (répulsion) et « pull » (attraction) du
produits homologués.                           une action prouvée de stimulation d’un          ravageur. Ces travaux sont conduits en
                                               mécanisme de résistance chez la plante          partenariat avec la SENuRA.
                                               à laquelle peut s’ajouter un effet biotique,    L’exposé d’A.-M. Cortesero portait sur
PISTES DE RECHERCHE ET                         c’est-à-dire une action directe sur le          la démarche poursuivie pour dévelop-
TRAVAUX EN COURS SUR DE                        bioagresseur.                                   per une stratégie « push-pull » contre
NOUVELLES SOLUTIONS                            Des questions ont porté sur l’inscrip-          la mouche du chou Delia radicum. En
                                               tion des produits de biocontrôle en AB.         plus de s’intéresser aux médiateurs
M. Giraud (Ctifl) et P. Marchand (Itab(7))     Les micro-organismes et phéromones              chimiques en jeu dans le couple hôte-
ont présenté un panorama complet               sont actuellement inscrits d’office au          ravageur, l’étude portait aussi sur la pos-
concernant deux des quatre catégories de       règlement AB, mais l’inscription des            sibilité d’attirer des ennemis naturels
produits de biocontrôle : les substances       substances naturelles est plus compli-          du ravageur grâce à des molécules odo-
naturelles et les micro-organismes ac-         quée. Le règlement AB doit changer afin         rantes émises par la plante.
tuellement disponibles pour les cultures       de faciliter l’inscription de ces produits,     Une question a été posée sur la dé-
fruitières et légumières. Il existe une        en particulier les substances naturelles        marche de brevet pour la protection des
grande diversité de substances natu-           d’origine végétale. Le cas de l’azadirach-      résultats des recherches d’une structure
relles d’origine végétale (plantes et ex-      tine a été évoqué.                              de recherche publique. Il y avait consen-
traits de plantes, huiles essentielles…) et    B. Frérot (Inra Versailles), F. Verheggen       sus entre les chercheurs pour dire que
minérale (soufre, cuivre, talc, argiles…),     (université de Liège - Gembloux) et A.-M.       cette démarche est légitime et également
et quelques substances d’origine ani-          Cortesero (Inra Rennes) ont présenté            nécessaire pour financer une partie de la
male (chitosan, petit-lait). Les micro-        différentes approches de l’étude des            recherche publique.
organismes sont essentiellement re-            médiateurs chimiques en vue de leur             Les autres questions portaient sur l’uti-
présentés par les champignons et les           utilisation pour « manipuler » le com-          lisation des stratégies « push-pull », le
levures qui ont des actions fongicides,        portement des ravageurs.                        risque d’apparition de résistance à cette
antagonistes ou entomopathogènes,              B. Frérot a rappelé les différents types        technique et leurs effets sur l’environne-
par les bactéries dont l’action est insec-     de médiateurs chimiques impliqués               ment, en particulier sur les autres rava-
ticide ou Stimulateurs de défense des          dans les relations interspécifiques (kai-       geurs et sur les auxiliaires.
plantes (SDP) et par les virus, qui ont le     romones, pour la reconnaissance hôte/           C. Weydert (Ctifl) et N. Ris (Inra
plus souvent une action insecticide. Des       ravageur par exemple) et les relations in-      Sophia Antipolis) ont présenté des tra-
exemples de produits déjà homologués           traspécifiques (phéromones, phéromone           vaux portant sur l’utilisation de macro-
et utilisés en cultures fruitières et légu-    sexuelle par exemple) et donné un rapide        organismes en arboriculture fruitière.
mières ont été présentés. Un focus parti-      historique de l’étude et de l’utilisation des   Dans le cadre du « biocontrôle », les
culier a été fait sur les substances de base   médiateurs chimiques en agriculture.
et sur les SDP pour lesquels la réglemen-      Sur l’exemple de la bruche de la féverole,         ITAB : Institut technique de l’agriculture
                                                                                               (7 )

tation a été rappelée. Pour entrer dans la     Bruchus rufimanus, les différentes étapes       biologique

                                                                                                                                          9
DOSSIER BIOCONTRÔLE - GIS PICLég
M     MANIFESTATION                         YANNIE TROTTIN ET CLAIRE WEYDERT,                          GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
                                                 CTIFL

macro-organismes peuvent en effet                tion de parasitoïdes exotiques, des pro-       Après un rappel des caractéristiques et
être mobilisés par deux leviers : d’une          duits attractifs ou répulsifs.                 des spécificités des cultures maraîchères
part, la lutte biologique qui repose sur         Les deux dernières interventions por-          sous abri (diversité des abris, chauffés ou
l’utilisation d’espèces antagonistes au          taient sur des exemples de démarche            non, des espèces cultivées, des succes-
ravageur ciblé et, d’autre part, la lutte        de protection intégrée en cultures             sions de cultures et créneaux de produc-
autocide qui repose sur l’introduction           légumières de plein champ et sous              tion, des bioagresseurs…), les principaux
massive au champ d’individus (en géné-           abri. F. Villeneuve (Ctifl) et P. Le Floch     leviers mobilisables pour gérer les patho-
ral des mâles) de la même espèce que le          (Unilet(8)) ont donné un exemple de dé-        gènes et ravageurs aériens ou telluriques
bioagresseur ciblé, mais présentant des          marche de protection intégrée vis-à-vis        ont été présentés dans le cadre d’une
caractéristiques particulières (stérilité/       d’un champignon tellurique majeur Scle-        démarche de protection intégrée. Ainsi,
incompatibilité) conduisant à une dimi-          rotinia sclerotiorum, en recrudescence         les leviers de biocontrôle sont combinés
nution voire une extinction locale des           sur plusieurs cultures, dont le melon,         aux autres techniques tels que la prophy-
populations de ravageurs.                        la carotte, la salade… Certains points de      laxie, la conduite du climat et des plantes,
Concernant la lutte biologique, deux cas         biologie du champignon sont encore mal         la lutte mécanique ou physique, le choix
d’étude illustrant la cohérence et la com-       connus. Pour illustrer ce sujet, le projet     de matériel végétal résistant, le recours
plémentarité des travaux et compétences          Sclérolég (2014-2016), soutenu par le          aux produits chimiques de synthèse…
entre les différentes structures ont été         Casdar et labellisé par le GIS PIClég, a été   Ces différents leviers sont en interaction
plus précisément détaillés :                     présenté. Il concerne la carotte, l’endive,    entre eux et certains peuvent être incom-
– la lutte biologique par acclimatation          le melon et le haricot en plein champ et       patibles. Les intervenantes ont souligné
du parasitoïde exotique Torymus sinensis         des travaux sont menés pour mieux com-         l’importance de les combiner en les hié-
en vue du contrôle durable du cynips du          prendre le pathogène, mettre au point          rarchisant en fonction du risque, de la
châtaignier, Dryocosmus kuriphilus ;             des outils de prévision des risques et étu-    nuisibilité du bioagresseur, des moyens
– les études actuellement en cours sur           dier des stratégies en combinant diffé-        disponibles, mais aussi d’apprécier la
les insectes parasitoïdes (indigènes ou          rentes techniques de protection dont un        réussite des stratégies, notamment pour
exotiques) de Drosophila suzukii en vue          produit de biocontrôle, un champignon          le biocontrôle, par des indicateurs pra-
d’une lutte biologique par acclimatation         qui possède une AMM, Contans WG                tiques qui restent encore à définir. Cette
et/ou augmentation.                              (Coniothyrium minitans), parasite des          démarche a été présentée sur deux types
Parallèlement, les travaux conduits par le       sclérotes de Sclerotinia. Ce produit a aus-    de bioagresseurs « clés » : les aleurodes
Ctifl sur la biodiversité fonctionnelle en       si été appliqué au champ en conditions         sur tomate et le cortège tellurique de
verger (lutte biologique par conservation)       contrôlées sur un sol non contaminé avec       champignons et nématodes.
et les travaux d’intégration des méthodes        un suivi pluriannuel sur 4 ans pour étu-       Cette journée nationale sur le Biocontrôle
de lutte biologique dans de nouveaux sys-        dier l’évolution de l’efficacité du produit    a été riche d’informations diverses, de
tèmes de production (ex. : utilisation de        sur les sclérotes. Celle-ci s’est maintenue    contacts et d’échanges, montrant des
filets) ont été évoqués.                         sur plus de trois ans dans les conditions      perspectives encourageantes pour les fi-
Pour conclure, des axes d’amélioration           particulières de l’étude. De même, des         lières des fruits et légumes et favorisant
pour favoriser l’émergence et la réussite        travaux complémentaires ont confirmé           de nouvelles collaborations entre les dif-
de tels projets ont été proposés, parmi          l’incidence possible du type de sol et des     férents acteurs.
lesquels le soutien financier durable de         conditions climatiques sur l’efficacité de     En conclusion, Roger Laroche, 1er Vice-
ces activités de Recherche et Développe-         ce produit.                                    Président du Ctifl, a conclu la journée
ment et le renforcement des partenariats         Y. Trottin (Ctifl) et A. Lefèvre (Inra         en remerciant l’ensemble des partici-
intersectoriels (partenaires publics, par-       Alénya) ont abordé l’intégration du            pants, des intervenants et des organi-
tenaires privés, associations, etc.).            biocontrôle en cultures légumières             sateurs en insistant sur l’intensité de la
Le nouveau consortium Biocontrôle a              sous abri dont les systèmes de culture         recherche sur le biocontrôle ainsi que
fait l’objet d’une question sur sa compo-        sont déjà complexes. Le biocontrôle            les enjeux que nous avons pour tous
sition et ses objectifs. Il a pour but de sti-   n’est pas nouveau pour ces cultures, les       les acteurs de la filière qui prennent
muler les activités autour du biocontrôle.       macro-organismes étant introduits dans         aujourd’hui aussi une grande place
Les professionnels ont interrogé les             les serres depuis plus de 30 ans, mais il      dans la réflexion des enseignes de la
intervenants sur les possibilités d’utili-       faut noter que l’usage se généralise et que    distribution. ▪
ser des solutions de biocontrôle contre          la gamme des produits s’étoffe (disponi-
Drosophila suzukii. Des travaux sont en          bilité de substances naturelles, micro-or-     (8)
                                                                                                    Unilet: Union nationale interprofession-
cours sur la lutte autocide, l’acclimata-        ganismes, phéromones et kairomones).           nelle des légumes transformés

10
M      MANIFESTATION                       FRANZISKA ZAVAGLI, JEAN-MICHEL LEYRE,                      GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
                                              JEAN-FRANÇOIS MANDRIN, VÉRONIQUE BAFFERT, CTIFL
                                              AGNÈS VERHAEGHE, CTIFL/SENURA
                                              BRIGITTE FRÉROT, INRA VERSAILLES
                                              JEAN-MARC ARMAND, INRA BORDEAUX

                                                   F O C U S S U R L E S AT E L I E R S
ATELIER « INNOVATION-
TECHNOLOGIE »

Il était possible de tester l’application
« Di@gnoplant » de l’Inra, sur tablette
ou smartphone, qui permet d’identifier
les bioagresseurs sur une culture don-
née (tomate, courgette, melon, vigne et
tabac), d’après image, et ensuite d’ob-
tenir des informations sur le bioagres-
seur en question, sa biologie et les
moyens de protection adaptés.
Le projet Pulv’arbo, porté par le Ctifl,
était présenté par F. Zavagli au tra-
vers d’un document power-point. Il
s’agit d’un nouveau projet sur la pul-
vérisation fixe sur frondaison qui vise       > L’ATELIER « INNOVATION - TECHNOLOGIE », ANIMÉ PAR F. ZAVAGLI (CTIFL, À GAUCHE),
                                              A. VERHAEGHE (CTIFL/SENURA) ET J.-M. ARMAND (INRA BORDEAUX), PORTAIT SUR LES
à concevoir, développer et optimiser          NOUVELLES INNOVATIONS EN TERME DE BIOCONTRÔLE.
ce type de système, dans un premier
temps sur pommier. Le projet prévoit          solutions de confusion sexuelle) et les        ATELIER « RAVAGEURS ET
une comparaison des avantages et in-          questions ont principalement porté sur         AUXILIAIRES »
convénients de la méthode par rapport         le protocole d’identification et de mise au
à une pulvérisation classique.                point des phéromones.                          Environ 80 personnes sont venues sur
Trois autres modes innovants d’applica-       Des pièges pour les punaises, étudiés          l’atelier de façon continue pendant la
tion de produits de biocontrôle étaient       par C. Baroffio d’Agroscope IPV (Insti-        pause du déjeuner. Elles ont pu voir les
présentés dont deux via de petits films       tut des sciences en production végétale)       insectes qui étaient présentés, s’infor-
diffusés sur le stand : application de tri-   dans le projet Softpest Multitrap, étaient     mer notamment sur leur morphologie,
chogrammes par des drones (Société Bio-       également présentés sur le stand.              la biologie, leur comportement, les élé-
top), applications de phéromones par un       Les participants pouvaient trouver de la       ments de reconnaissance, les dégâts
fusil type paint-ball (Société M2i) ou dif-   documentation en lien avec les thèmes          occasionnés sur les cultures…
fusion de phéromones par les nouveaux         présentés et des réponses à leurs ques-        La visite était aussi l’occasion de discuter
Puffer® (Société Suterra). A. Verhaeghe       tions auprès des animateurs des diffé-         avec les animateurs, se former ou bien
assurait l’animation de cette partie du       rents ateliers.                                prendre la riche documentation dispo-
stand et répondait aux questions des          Plusieurs posters portant sur ces              nible sur l’atelier sous forme de diffé-
participants.                                 thèmes, médiateurs chimiques et inno-          rentes fiches et articles portant sur les
                                              vation, étaient exposés à proximité des        ravageurs ciblés dans l’atelier.
                                              stands pour apporter une information           Dix posters exposés dans la zone de cet
ATELIER « MÉDIATEURS                          sur les travaux conduits dans le domaine       atelier pouvaient aussi compléter l’infor-
CHIMIQUES »                                   de la production des fruits et légumes.        mation (Tableau 2) avec généralement

Les visiteurs, nombreux pendant la
pause du déjeuner, ont apprécié de pou-
voir découvrir ces nouvelles méthodes
d’application mais ont exprimé le regret
de ne pas pouvoir bénéficier encore de
ces innovations sur les cultures qui les
concernent.
Via une présentation PowerPoint, il
était possible d’observer le comporte-
ment d’appel des femelles, d’observer la
glande productrice de phéromone, les
antennes des mâles et des femelles, de
comprendre la complexité du message
et sa production en très faible quantité.
Le produit final, la capsule chargée de
phéromone de synthèse, était également
présenté.
Les visiteurs ont été nombreux (no-           > L’ATELIER « MÉDIATEURS CHIMIQUES », ANIMÉ PAR B. FRÉROT (INRA VERSAILLES), DONNAIT DES
                                              ÉLÉMENTS SUR LA DÉMARCHE PERMETTANT D’IDENTIFIER DES PHÉROMONES D’INSECTES PUIS
tamment chercheurs et utilisateurs de         DE LES UTILISER COMME MOYEN DE SURVEILLANCE OU DE PROTECTION.

                                                                                                                                       11
M      MANIFESTATION                       FRANZISKA ZAVAGLI, JEAN-MICHEL LEYRE,                      GIS PICLÉG NOVEMBRE 2016
                                                 JEAN-FRANÇOIS MANDRIN, VÉRONIQUE BAFFERT, CTIFL
                                                 AGNÈS VERHAEGHE, CTIFL/SENURA
                                                 BRIGITTE FRÉROT, INRA VERSAILLES
                                                 JEAN-MARC ARMAND, INRA BORDEAUX

     TABLEAU 1 : TITRES DES POSTERS PRÉSENTS SUR LES ATELIERS « INNOVATION - TECHNOLOGIE » ET
     « MÉDIATEURS CHIMIQUES »

     Évaluation des nématodes entomopathogènes pour lutter contre les taupins – Ogier J.-C. et al.
     Réseau Dephy arboriculture fruitière : présentation et premiers résultats – Garcin A. et al
     Réseau Dephy Légumes et fruits rouges : présentation et premiers résultats – Eckert C. et al.
     Utilisation de stimulateurs de défense des plantes (SDP) contre l’oïdium du melon et le mildiou de la laitue – Ade C. et al.
     Projet Casdar PEPS 2014-2017 « Fruits à pépins et stimulation de défenses » : résultats 2014-2015 – Brisset M.-N. et al.
     Coniothyrium minitans parasite des sclérotes de Sclerotinia minor – Troulet C. et al.
     Mise en évidence de composés diminuant la ponte de Delia radicum au champ et au laboratoire – Cortesero A.-M. et al.
     Softpest Multitrap : comment attirer deux ravageurs des framboises dans un même piège ? – Baroffio C. et al.
     Efficacité des moyens alternatifs de lutte contre Drosophila suzukii – Baroffio C. et al.

     TABLEAU 2 : TITRES DES POSTERS PRÉSENTS SUR L’ATELIER « RAVAGEURS ET AUXILIAIRES »

     Études expérimentales sur Drosophila suzukii : biologie du ravageur et efficacité d’un parasitoïde de pupes en cultures de
     fraise sous serre – Trottin Y. et al.
     Perspectives de lutte biologique contre les punaises Halyomorpha et Nezara – Fischer S. et al.
     Étude des parasitoïdes de Parthenolecanium corni en vergers nucicoles en Isère – Verhaeghe A. et al.
     Projet Cors’aphy : évaluation de la régulation assurée par des espèces du genre Aphytis et d’autres espèces d’auxiliaires sur les
     communautés de cochenilles diaspines dans les vergers d’agrumes – Kreiter Ph. et al.
     Projet Inula : services écosystémiques et potentiels effets non-intentionnels liés à une plante méditerranéenne, l’inule
     visqueuse. Implications en protection intégrée sous serres et en oléiculture – Ion-Scotta M. et al.
     Projet Cynips : comparative dynamics of exotic and native parasitoids of the chestnut gall wasp in France – Borowiec et al.
     Cynips du châtaignier : mise en œuvre de la lutte biologique avec Torymus sinensis – Hennion B. et al.
     Les chiroptères et la régulation des tordeuses en verger de pommier - Rôle des infrastructures agro-écologiques –
     Ricard J.-M. et al.
     Attractivité de différentes plantes phanérogames vis-à-vis des ennemis naturels de Thrips tabaci (projet Agath – premiers
     résultats) – Picault S. et al
     L’augmentorium : un outil « 3-en-1 » de production agroécologique des cultures – Deguine J.-P. et al.

                                                 des copies A4 du poster mises à disposi-        absoluta, tel que Trichogramma achaeae,
                                                 tion dans le présentoir prévu à cet effet.      ont été présentés. De même, deux es-
                                                 Plusieurs ravageurs et auxiliaires ont          pèces indigènes de parasitoïdes de D.
                                                 donc été présentés, soit vivants, ob-           suzukii prélevés sur le centre de Ba-
                                                 servés à l’œil nu ou sous loupe bino-           landran, Trichopria drosophilae et Pa-
                                                 culaire avec une caméra, soit dans              chycrepoideus vindemiae pouvaient être
                                                 l’alcool, ou bien même dans une boîte           observées ainsi que quelques individus
                                                 de collection.                                  de parasitoïdes de punaises Trissolcus
                                                 Les ravageurs tels que la mouche Droso-         basalis pour N. viridula ou Anastatus
                                                 phila suzukii, les punaises Halyomorpha         bifasciatus sur Halyomorpha halys et
                                                 halys, Nesidiocoris tenuis ou la mineuse        montrés dans deux tubes dans l’alcool,
                                                 Tuta absoluta pouvaient être observés.          en provenance de Suisse, aimablement
                                                 Concernant les punaises, une boîte de           prêtés par notre collègue Serge Fischer
                                                 collection proposée par notre collègue          d’Agroscope IPV dans le cadre de ses
                                                 de l’Inra CBGP à Montpellier, Jean-             recherches.
                                                 Claude Streito, était à disposition pour        À noter en particulier les discussions
                                                 observer un échantillon de la diversité         portant sur l’identification, la biologie,
                                                 d’espèces présentes en France.                  le cycle de développement, les dégâts
                                                 Des auxiliaires introduits en culture           de D. suzukii et sa protection sur cerise
> L’ATELIER « RAVAGEURS ET AUXILIAIRES »,        sous abri comme Macrolophus pyg-                et petits fruits, ou bien l’identification
ANIMÉ PAR J.-M. LEYRE, J.-F. MANDRIN ET
V. BAFFERT (CTIFL), OFFRAIT LA POSSIBILITÉ       maeus, prédateur polyphage no-                  de T. absoluta et des dégâts ou même
D’OBSERVER DES RAVAGEURS ET                      tamment sur aleurodes ou bien des               la comparaison des deux punaises mi-
AUXILIAIRES DES CULTURES FRUITIÈRES ET
LÉGUMIÈRES.                                      trichogrammes, parasitoïdes de Tuta             rides M. pygmaeus et N. tenuis. ▪

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