ZIMBABWE: Les agriculteurs pratiquent l'agro-écologie pour surmonter les adversités du changement climatique - La Via Campesina
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ZIMBABWE: Les agriculteurs pratiquent l’agro-écologie pour surmonter les adversités du changement climatique Auteur principal: Boaventura Monjane* Edité par: La Via Campesina Afrique australe et orientale et AfrikaKontakt Introduction et vue d’ensemble partir de ce qui était auparavant des fermes à grande échelle. La réforme agraire a entraîné Situé au sud de l’Afrique et autrefois connu des changements significatifs dans le secteur comme le grenier de l’Afrique, le Zimbabwe agraire, et les plus notables étant la produc- est un pays non seulement à faible revenu tion agricole et les modes de commercialisa- mais également enclavé. Au cours de la tion. Cette période a également correspondu période de 2000 à 2008, le pays a connu une à des hausses de température, à des régimes grave instabilité macroéconomique car- de précipitations irréguliers et à des sécher- actérisée par une hyperinflation. Le PIB réel a esses récurrentes, qui ont tous exacerbé les diminué de plus de 40% de même la produc- souffrances, en particulier pour les personnes tion agricole a connu une baisse (FAO, 2016). vivant dans les zones rurales où résident envi- ron 62% de la population. Cela a entraîné une crise économique et sociale profonde, le pays est devenu par cette La période 2009-2012 a été marquée par un occasion un net importateur de produits ali- rebond économique, avec des taux de crois- mentaires et une grande partie de la popula- sance moyens de 10% par an. Cependant, tion reste tributaire de l’aide alimentaire. Au après une stabilisation relative, la croissance début de la période 2000, le Président a lancé économique a fortement diminué (de 10,6% le Programme de réforme foncière accélérée en 2012 à 3,8% en 2014) en raison de la (FTLRP), qui a permis la redistribution de détérioration des termes de l’échange, d’une près de 20% de la superficie totale du pays grave sécheresse en 2012/13 et d’une incerti- des terres confisqués aux fermiers blancs et a tude politique persistante (FAO, 2016). créé des petites et moyennes entreprises à * Nous aimerions remercier Haidee-Laure Giles pour ses précieuses contributions à la recherche documentaire, à la relecture et aux commentaires 1
Le Zimbabwe reste l’un des pays les plus vernement, ils prennent progressivement des pauvres au monde, avec 72% de la population mesures concrètes pour renforcer la justice vivant en dessous du seuil national de pau- climatique au sein de leurs communautés. vreté. En plus du niveau élevé de pauvreté, le Zimbabwe a également une population jeune Le Secteur de l’Agriculture au (avec 67% âgés de 24 ans et moins) et le pays fait face à des niveaux persistants de malnu- Zimbabwe trition chronique (FAO, 2016). L’agriculture est l’épine dorsale de l’économie zimbabwéenne dans la mesure où les Zimba- Le Zimbabwe n’a pas été épargné par les bwéens sont dans leur grande majorité des effets du réchauffement climatique. Le pays ruraux qui tirent leur subsistance de l’agricul- se trouve dans une région semi-aride avec ture et d’autres activités économiques rurales des régimes de précipitations limités et peu connexes. C’est le secteur pourvoyeur d’em- fiables et des variations de température. Les ploi et les populations tirent 60-70% de leurs précipitations présentent une variabilité spa- revenus de ce secteur qui fournit également tiale et temporelle considérable caractérisée 60% des matières premières requises par le par des changements dans l’arrivée des secteur industriel et contribue à hauteur de pluies, une augmentation de la fréquence 40% aux recettes d’exportation totales. En et de l’intensité des pluies abondantes, une dépit des nombreux emplois que ce secteur augmentation de la proportion des années pourvoit, il ne contribue pourtant de manière de faibles précipitations, une diminution des directe que de 15 à 19 pour cent au PIB an- précipitations et une augmentation de la nuel, en fonction de la pluviométrie, et c’est fréquence et de l’intensité des périodes de une statistique qui ne tient pas compte de sécheresse de mi- saison (Unganai, 2009). Les l’importance et la domination de l’industrie phénomènes météorologiques extrêmes, à agricole. Il est généralement admis que lor- savoir les cyclones tropicaux et la sécheresse, sque l’agriculture fonctionne mal, le reste de ont également augmenté en fréquence et en l’économie souffre1. intensité (Mutasa, 2008). Les principaux produits agricoles produits par Cette recherche se penche sur la façon dont les agriculteurs communaux sont le maïs (l’al- les petits agriculteurs et les agriculteurs iment de base), l’arachide, les autres céréales, familiaux réagissent aux effets du change- les haricots, les légumes, la viande, le lait et ment climatique au Zimbabwe. L’étude sur le bois de chauffe. Les exploitants agricoles le terrain a été menée dans les provinces de commerciaux se concentrent sur les cultures Masvingo et de Manicaland où les agricul- commerciales telles que le tabac, les produits teurs pratiquent l’agro- écologie en tant que horticoles, en particulier les fleurs coupées, modèle de production de transformation tout le café, le maïs, les arachides, le sorgho, le en «s’adaptant» aux changements clima- soja, le tournesol et les bovins, les porcs, les tiques. En commanditant cette recherche, chèvres et les moutons. La Via Campesina-région Afrique australe et orientale (LVC-SEA), Africa Kontact (AK) et le Depuis 2001, le Zimbabwe connaît un défi- Forum des Petits Producteurs du Zimbabwe cit structurel de maïs et cette situation de (ZIMSOFF) cherchent à souligner que les pe- déficit a entrainé un changement de rôles. tits agriculteurs familiaux ne sont pas restés Désormais le Zimbabwe passe du statut des victimes passives. En dépit d’un accès d’exportateur net de produits alimentaires le limité aux ressources et au soutien du gou- 1 Government of Zimbabwe. 2001. The agricultural sector of Zimbabwe, statistical bulletin. Harare. 2
plus important d’Afrique australe à celui de du Zimbabwe 2013-2017 (ZAIP) pour aligner pays en déficit alimentaire. Pour couvrir les les investissements dans le secteur agricole besoins alimentaires du pays qui se chiffrent sur les principes du PDDAA. Cependant, ce autour 1,8 million de tonnes (consomma- Plan n’a pas encore été mis en œuvre en tion humaine et animale), le Zimbabwe doit raison du manque d’adhésion des principaux compter sur les importations régionales (prin- partenaires multilatéraux et bilatéraux (FAO, cipalement d’Afrique du Sud, de Zambie et 2016). Actuellement, le Zimbabwe n’a pas de du Malawi), qui ont augmenté ces dernières politique agricole à long terme à cause des années. Cependant, les partenaires commer- changements intervenus dans le secteur agri- ciaux régionaux font également face, de cole du fait du programme de réforme agrai- nos jours, à un déficit céréalier en maïs et le re adopté en 2000, le Cadre stratégique pour Zimbabwe a été contraint de se tourner vers l’agriculture 1995-2020 n’est plus valable. Un l’Amérique du Sud. Les faibles disponibilités nouveau cadre stratégique global pour l’ag- régionales de maïs font également grimper riculture (2012-2032) a été élaboré en 2012 les prix, exacerbant ainsi l’insécurité ali- avec l’aide de la FAO, mais il reste un projet et mentaire. La production de blé a également doit encore être adopté (FAO, 2016). diminué depuis 2001 et le pays importe actuellement environ 95% de ses besoins Changement Climatique estimés à 450 000 tonnes par an. En termes d’exportations, le pays continue de s’appuyer Selon le Service météorologique du Zim- sur une base d’exportation limitée dominée babwe, les températures minimales quo- principalement par les minéraux (or, nickel et tidiennes ont augmenté de près de 2,6 ° diamants) et le tabac (de loin la culture d’ex- C au cours du siècle dernier tandis que les portation la plus importante). Le Zimbabwe températures maximales quotidiennes ont est actuellement le 6ème plus grand exporta- augmenté de 2 ° C au cours de la même teur de tabac au monde (FAO, 2016). période (Brown et al, 2012). Le pays a connu des conditions météorologiques extrêmes Le Programme de transformation so- au cours des deux dernières décennies, no- cioéconomique durable du Zimbabwe (Zim As- tamment 10 sécheresses, une diminution de set, 2013-2018) a été adopté en 2013 comme l’eau douce et la destruction de la biodiversité nouveau plan de développement économique. (Chakwana, 2015). Ce programme a pour objectif de stimuler la reprise économique du Zimbabwe jusqu’en Selon La Compagnie d’Energie du Zimbabwe, 2018. Dans ce Programme de transforma- les niveaux d’eau dans le lac principal du tion socioéconomique durable du Zimbabwe, pays, le lac Kariba, ont chuté à moins de 30%, le secteur agricole est identifié comme l’un ce qui affecte sérieusement la production des principaux moteurs de la croissance d’électricité dans le pays. L’hydroélectricité et de la création d’emplois. La politique du contribue de manière significative à la pro- programme sur l’agriculture vise à assurer duction d’électricité du pays. Les épisodes de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au sécheresse au cours des dernières années, niveau des ménages et au niveau national, combinés à l’évolution des régimes de précip- ainsi qu’à accroître la production agricole, la itations dans le pays, ont entraîné une dimi- productivité et la qualité. nution des niveaux d’eau de Kariba. Les pluies sont devenues si irrégulières dans certaines En novembre 2013, le Zimbabwe a signé zones du pays que le Programme des Nations le Programme intégré pour le développe- Unies pour le développement prédit que la ment de l’agriculture en Afrique (PDDAA) et production agricole - principale source de rev- a élaboré le Plan d’investissement agricole enus du Zimbabwe pour près des trois quarts 3
de la population - pourrait diminuer jusqu’à La recherche a découvert que d’autres effets 30%, ce qui pourrait accentuer la faim et la négatifs incluent des tempêtes violentes et pauvreté (Chakwana, 2015). Les régions de des inondations entraînant la destruction l’ouest et du sud du Zimbabwe devraient con- des abris, des kraals d’élevage, des écoles, naître un assèchement, laissant des millions des hôpitaux, mais surtout des champs et les de Zimbabwéens dans la faim et la pauvreté riziéres emportés par les rivières et les bar- qui sont une résultante de cette situation. rages. L’impact négatif du changement clima- tique au Zimbabwe est susceptible d’entraver En termes d’agriculture, en général, selon les le développement du pays, de poser un risque projections du Groupe intergouvernemental sérieux pour la sécurité alimentaire, la nutri- sur l’évolution du climat (GIEC 2007), les tion et la capacité d’adaptation. À cet égard, surfaces appropriées pour la culture du maïs il est nécessaire d’intégrer l’adaptation au cli- diminueront d’ici 2080, tandis que les zones mat dans tous les projets de développement appropriées pour le coton et le sorgho aug- nationaux et régionaux axés sur l’agriculture3. menteront d’ici 2080. Dans le sud-ouest du pays, sorgho et maïs deviendront vulnérables L’une des pratiques importantes en matière au changement climatique, tandis que le d’atténuation du changement climatique coton deviendra moins vulnérable. Dans le consiste à mettre en œuvre des pratiques nord et le centre du pays, le maïs, le sorgho résilientes que les petits exploitants agricoles et le coton deviendront moins vulnérables (SHF) ont utilisées au fil des ans. Ceux-ci (Brown et al, 2012). comprennent l’agro écologie, l’agriculture de conservation et l’utilisation durable des terres Les petits exploitants agricoles et leurs et la gestion de l’eau. Les faits ont clairement familles sont particulièrement vulnérables démontré que la population rurale comprend parce qu’ils ont peu d’atouts sur lesquels les petits exploitants agricoles (SHF) les pay- s’appuyer et une capacité limitée à se sans sont les plus affectés par les conditions remettre des extrêmes climatiques. Augment- climatiques difficiles parce qu’ils n’ont pas les er la résilience des petits exploitants agricoles ressources adéquates pour l’adaptation et les (SHF), en particulier des femmes, est donc mécanismes résilients. une question urgente. Le changement clima- tique compromet la réduction de la pauvreté Les petits exploitants agricoles (SHF) au Zim- et les progrès en matière de développement, babwe ont mis en œuvre des pratiques visant tout en menaçant la sécurité alimentaire, la à atténuer les changements climatiques dans souveraineté et les moyens de subsistance la région avec pour objectifs de promouvoir la des femmes. Des problèmes liés aux régimes sécurité alimentaire et nutritionnelle, pro- pluviométriques caractérisés par de faibles mouvoir la résilience, augmenter la stabilité, précipitations et des sécheresses affectant faire face aux impacts négatifs du change- la productivité des cultures, tuant le bétail ment climatique et encourager une gestion par manque d’eau potable et de pâturages rationnelle des ressources naturelles (c’est-à- et affectant les moyens de subsistance des dire la terre et l’eau) principalement dans les populations qui dépendent de l’agriculture communautés rurales. Les pratiques les plus pour leur survie, leur emploi et leurs revenus, remarquables qui ont été mises en œuvre la souveraineté et l’état nutritionnel. Il est comprennent l’agro écologie, l’agriculture de nécessaire d’intégrer l’adaptation au climat conservation, l’aquiculture, le reboisement et dans tous les projets de développement na- la production animale. tionaux et régionaux ciblant l’agriculture2. 2 Olushola Fadairo; Climate change projects aren’t working because communities are left out; Thursday 20 April 2017 3 Olushola Fadairo; Climate change projects aren’t working because communities are left out; Thursday 20 April 2017 4
Une étude du Fonds international de dével- il existe diverses politiques environnemental- oppement agricole (FIDA) intitulée Petites es qui traitent également des questions de exploitations, impacts importants: intégration changement climatique. Ces politiques com- du changement climatique pour la résilience prennent: la Politique d’évaluation de l’impact et la sécurité alimentaire a montré que le sur l’environnement (1997), les politiques et changement climatique menace la base de stratégies nationales d’éducation environne- ressources naturelles dans une grande partie mentale (2003) et la Stratégie nationale de du monde en développement. Le changement lutte contre les incendies et le plan de mise climatique accélère la dégradation de l’éco- en œuvre (2006). Les autres politiques liées à système et rend l’agriculture plus risquée, la stabilisation des GES comprennent: La poli- ce qui rend les petits exploitants agricoles si tique énergétique nationale (2009), le Cadre importants dans le cadre de la lutte pour la stratégique pour l’agriculture du Zimbabwe souveraineté alimentaire mondiale, la nutri- (CSA), qui s’étend sur un horizon de 25 ans tion et la sécurité alimentaire, confrontés à (1995-2020), la politique de l’eau et la poli- des conditions climatiques plus extrêmes. Les tique scientifique et technologique. petits paysans, en particulier les femmes et les jeunes, sont plus touchés par les sécher- Cependant, bien que ces politiques renvoient esses, les inondations et les tempêtes, en collectivement aux mesures d’atténuation et même temps qu’ils subissent les effets gra- d’adaptation, elles manquent de référence duels du changement climatique, tels que spécifique au changement climatique et rest- le stress hydrique des cultures et du bétail, ent donc insuffisantes à la lumière des im- l’érosion côtière infestations de ravageurs pacts prévus du changement climatique et de imprévisibles. l’ampleur et de la portée de la vulnérabilité. Stratégie nationale et cadre Le changement climatique est largement considéré comme un problème secondaire politique dans les politiques et ne bénéficie donc pas d’une attention suffisante en termes d’orien- Le Zimbabwe a été parmi les premiers pays à tation politique ou d’allocation des ressourc- ratifier la Convention-cadre des Nations Unies es. En vue de combler cette lacune politique, sur les changements climatiques (CCNUCC) le Gouvernement du Zimbabwe a commencé en 1992. Il est également signataire d’autres à élaborer la stratégie nationale de réponse lois environnementales majeures régissant le au changement climatique (NCCRS) en 2011, changement climatique, à savoir le Protocole promulguée en 2014. La stratégie nationale de Kyoto ratifié en 2009 et l’accord de Paris de réaction au changement climatique édicte récemment ratifié en Août 2017. un plan d’action national pour l’atténuation et l’adaptation, fournissant un cadre pour Les questions de changement climatique ont une approche globale et stratégique sur également été largement intégrées dans la les aspects d’atténuation, d’adaptation, de législation nationale en 2009 et dans la poli- technologie, de financement, ainsi que d’édu- tique de l’environnement (NPE) comme con- cation et de sensibilisation du public. Il vise à tribution à la stabilisation des Gas à Effets de «intégrer le changement climatique dans tous Serre (GES). La NPE, cependant, ne traite pas les secteurs de l’économie» (NCCRS, 2014) et le changement climatique comme un prob- à ouvrir un dialogue politique sur la nécessité lème autonome. Au contraire, il est impliqué d’une politique indépendante sur le change- dans les stratégies et les activités qui entraî- ment climatique. nent des émissions de GES. Parallèlement à la nouvelle politique de l’environnement (NPE), 5
Dans ce contexte, le Gouvernement du Zim- les pays en développement étant plus vul- babwe s’est engagé à élaborer une politique nérables en raison de leur faible capacité de lutte contre le changement climatique au d’adaptation. La stratégie nationale d’adap- début de 2015. La politique adopte une tra- tation à l’évolution du climat du Zimbabwe jectoire pour atténuer les effets néfastes du (NCCRS guidera les mesures nationales de changement climatique en ciblant principale- réponse aux impacts du changement clima- ment le secteur de l’énergie et vise à protéger tique et fournira des conseils sur l’intégration le climat des secteurs sensibles du développe- des questions de changement climatique ment socio-économique. dans les processus nationaux de planifica- tion du développement aux niveaux national, Le gouvernement fait pression pour ce qu’il provincial, de district et local et assurera des appelle l’agriculture adaptée au changement activités coordonnées4. climatique (CSA). Cependant, se rendant compte des impacts du changement clima- Le Gouvernement du Zimbabwe considère tique chez les populations indigènes pauvres le changement climatique comme l’une des du fait de leur faible capacité d’adaptation menaces pour le pays et sa population, et es- mais également du manque de financement time également qu’il pourrait compromettre pour mettre en œuvre des programmes une grande partie des réalisations positives adaptatifs, le gouvernement du Zimbabwe a enregistrées au cours de ces dernières années mis en œuvre une stratégie nationale d’ad- dans le pays dans le cadre de la poursuite aptation à l’évolution du climat (NCCRS) des objectifs de développement. Le change- pour guider la mesure de réponse nationale ment climatique et les politiques visant à mi- face aux impacts du changement climatique. nimiser ses effets ont d’énormes implications Les rapports du Groupe d’experts intergou- socio-économiques et environnementales5. vernemental sur l’évolution du climat (GIEC) Le défi pour le pays est de savoir comment indiquent que l’Afrique souffrira le plus des développer des stratégies d’adaptation qui impacts du changement climatique. La nature peuvent réduire et atténuer les impacts divers mondiale des changements climatiques exige et complexes du changement climatique. La la coopération et la participation les plus larg- stratégie nationale d’adaptation à l’évolu- es à une réponse internationale efficace et ap- tion du climat (NCCRS) est une réponse à propriée comprenant des mesures d’atténua- ce défi et vise également à contribuer à la tion et d’adaptation fondées sur les principes réalisation du Programme de transformation de la Convention sur les changements clima- socioéconomique durable du Zimbabwe (Zim tiques (CCC). Asset) 2013-2018 et au-delà. La stratégie nationale d’adaptation à l’évo- Le Programme de transformation so- lution du climat du Zimbabwe (NCCRS) a été cioéconomique durable du Zimbabwe (Zim lancée en 2011 et reconnaît que les impacts Asset) reconnaît que le pays est vulnérable du changement et de la variabilité clima- aux sécheresses chroniques et aux inonda- tiques deviennent plus évidents avec la per- tions causées par le changement climatique sistance des années de sécheresses, des inon- résultant du réchauffement climatique. Il note dations, des tempêtes de grêle, des journées également que le changement climatique chaudes et des vagues de chaleur. Le change- affecte l’économie agricole du pays dont les ment climatique est l’une des plus grandes moyens de subsistance dépendent largement menaces pour le développement mondial, de l’agriculture pluviale, de l’élevage et des 4 Zimbabwe’s National Climate Change Response Strategy, GOV, 2011 5 Zimbabwe’s National Climate Change Response Strategy, GOV, 2011 6
ressources naturelles. Ainsi, le gouvernement nécessité d’accroître les investissements dans a créé un ministère de l’Environnement, de l’irrigation, en particulier dans la réhabilita- l’Eau et du Climat en reconnaissance de l’im- tion des installations existantes. portance du climat et du changement clima- Cependant, même si le budget alloué à l’irri- tique pour le développement du pays. gation a augmenté au fil des années, il reste Cela a été suivi par l’élaboration du projet de très faible (moins de 3% du budget agricole politique du Zimbabwe sur les changements total) et insuffisant (FAO, 2016). Il existe climatiques de 2013 qui devrait encore être actuellement un certain nombre de projets finalisé. en cours pour réhabiliter les infrastructures d’irrigation, avec un financement principale- La Convention-cadre des Nations Unies sur ment du gouvernement ainsi que des dona- les changements climatiques a lancé les pro- teurs multilatéraux et bilatéraux. En 2015/16, jets du Fonds spécial pour les changements le gouvernement a alloué 7 millions de dollars climatiques (FSCC) concernant: l’adaptation; au développement de l’irrigation, ce qui com- le transfert de technologie et le renforce- plète les 8,6 millions de dollars alloués par ment des capacités; l’énergie, les transports, les partenaires au développement. En outre, l’industrie, l’agriculture, la foresterie et la le gouvernement met actuellement en œuvre gestion des déchets; et la diversification le Plan directeur national sur les ressources économique. Ce fonds devrait compléter en eau et l’irrigation résilient au changement d’autres mécanismes de financement pour la climatique, qui vise à intégrer la modélisation mise en œuvre de la Convention. du changement climatique au développement et à la gestion des ressources en eau et des Infrastructure, genre et infrastructures d’irrigation. participation Genre et questions transversales Absence d’infrastructures servant à Les interventions liées au changement clima- l’irrigation tique peuvent être un point d’entrée essentiel pour promouvoir l’égalité des femmes en ter- Le Zimbabwe est un pays semi-aride et son mes de droits fonciers, de droits économiques agriculture est pluviale virile. Parce que la et culturels, d’accès aux processus de prise majeure partie du pays reçoit des précipita- de décision et de participation politique6. tions limitées et erratiques, l’irrigation est Les femmes ont moins accès aux connais- une condition préalable à la réussite de la sances et aux processus de prise de décision. production agricole. Le pays dispose d’un Les hommes dominent les décisions sur le potentiel d’irrigation inexploité de près de changement climatique, l’élaboration des 1,5 million d’hectares, alors que la superficie politiques et la planification locale qui affect- équipée pour l’irrigation est estimée environ ent la vie immédiate des femmes. Lorsque à 200 000 ha (Zawe, 2015). Le Zimbabwe a les femmes se battent pour la santé et le un grand nombre de petits et moyens barrag- bien-être de leurs familles et de leurs com- es sous-utilisés et de petits périmètres d’ir- munautés, elles se battent également pour la rigation délabrés. De même, de nombreuses santé de la Terre. C’est parce que les femmes installations d’irrigation sur les anciennes dépendent de la terre pour leurs activités exploitations commerciales à grande échelle agricoles. sont dans un état de délabrement avancé. Le gouvernement a clairement souligné la 6 www.worldbank.org/ Women in Agriculture: The Agents of Change for the Global Food System; March 7, 2017 7
Bien que les femmes (et les enfants) devraient l’environnement» (EMA, 2002). Selon Dodman être touchées de manière disproportionnée & Mitlin D (2015), la société civile participe par le changement climatique, elles restent activement à la question du changement largement absentes des processus de prise climatique: le groupe de travail zimbabwéen de décision sur l’adaptation au changement sur le changement climatique compte plus climatique et la réduction des risques de de 30 organisations de la société civile parmi catastrophe. Chagutah (2010) souligne que ses membres et se réunit régulièrement; et le genre a été absent des cadres politiques la coalition du Zimbabwe pour le change- impliquant la gestion et la protection de ment climatique a été créée en 2009 en vue l’environnement et des ressources naturelles de sensibiliser les jeunes aux changements au Zimbabwe. En plus de favoriser les inégal- climatiques et d’accroître leur participation ités persistantes entre les sexes, cela affecte aux programmes nationaux, régionaux et l’efficacité de la politique, étant donné que internationaux de lutte contre le changement les femmes jouent souvent un rôle central climatique. La rédaction du SNCE de 2014 dans l’adaptation et le relèvement après une a mené à de vastes consultations publiques catastrophe. Il est heureux de noter que le pour contribuer au processus d’élaboration NCCRS s’est efforcé de remédier à cette omis- d’un plan d’action complet sur les questions sion en appelant à l’intégration du genre. On de changement climatique. Cependant, ce dit que le changement climatique «exacerbe processus a été long et il reste à évaluer com- les inégalités existantes» (NCCRS, 2014); bien les paysans, par opposition à certaines le genre est ainsi réduit aux problèmes des ONG, ont été consultés. Il existe un risque que femmes. De plus, dans le même document, les stratégies d’adaptation nationales for- le gouvernement admet que «les données mulées sans la participation de ceux qui sont désagrégées par sexe sur le changement destinés à adopter les pratiques limiteront climatique, ses impacts et ses stratégies d’ad- plutôt qu’elles ne faciliteront l’adaptation et aptation sont encore limitées au Zimbabwe» risquent de provoquer une inadaptation. (NCCRS, 2014), ce qui tend à impliquer un travail plus approfondi pour voir la stratégie Manque de reconnaissance des pratiques pleinement mise en œuvre dans cet aspect. locales existantes Absence de participation significative des Les chercheurs ont également découvert que paysans à l’élaboration des politiques les petits exploitants agricoles (SHF) ont également développé leurs propres pratiques L’Association zimbabwéenne du droit de de résilience aux changements climatiques, l’environnement (ZELA) souligne l’importance notamment la production de cultures résis- fondamentale de la participation du public et tant à la sécheresse telles que le sorgho, de la participation des parties prenantes dans le millet, les arachides, les pois chiches, le le développement de la future législation sur sésame et les noix rondes ainsi que le manioc. le changement climatique (Brown et al, 2012). Les agriculteurs se sont également tournés La loi sur la gestion de l’environnement stip- vers le petit bétail, comme les chèvres, les ule que toute personne «a le droit d’accéder à moutons, les cochons, les «poules villa- l’information environnementale et de partic- geoises7», ’ les pintades, en période de pré- iper à la promulgation et à la mise en œuvre cipitations irrégulières. Les petits exploitants de mesures législatives, politiques et autres agricoles (SHF) pratiquent maintenant une prévenant la pollution et la dégradation de gestion durable de l’eau, telle que la collecte 7 Village chickens are the type of chickens that are bred through being fed of produce from the unprocessed farm produce and allowed to roam around the homestead in search of food. 8
de l’eau, qui consiste à creuser des barrages tion des agriculteurs ruraux dans le processus en terre et des trous dans les puits pour cap- d’élaboration des politiques pour faire face turer l’eau rare. aux problèmes de changement climatique, en particulier les femmes et les jeunes des zones La zone de Shashe est une étude de cas clas- rurales; la pauvreté, les inégalités, les taux de sique sur la capacité des petits agriculteurs à chômage élevés et la menace du changement s’adapter et à résister à l’impact du change- climatique sont toujours présents. ment climatique, comme la récolte de l’eau, la diversification des cultures et du bétail et Les décideurs politiques continuent à faire la production de petites céréales telles que pression pour des politiques qui ne répondent le mil, le rapoko. , sorgho, arachides, pois de pas de manière adéquate aux besoins en vache pour n’en nommer que quelques-uns. matière de changement climatique des petits exploitants agricoles (SSFs) et des paysans La recherche a mis au jour le fait que les dans les zones rurales, en particulier les processus politiques et les programmes femmes et les jeunes. Des organisations telles pour faire face au changement climatique au que ZIMSOFF avec leur adhésion à LVC et Zimbabwe ne sont pas en accord avec ce que d’autres organisations partageant les mêmes les petits exploitants agricoles (SHF) et les idées ont milité pour des pratiques agricoles paysans qui sont membres de ZIMSOFF et de qui répondent aux besoins des agriculteurs LVC font la promotion. Le gouvernement et pauvres tels que l’agro-écologie, la souver- les organes décisionnels n’ont pas reconnu le aineté alimentaire, la diversification des rôle important joué par les petits exploitants cultures, la rotation des cultures, l’agrofores- agricoles (SHF) et les paysans dans l’atténu- terie, l’agriculture et les pratiques de récolte ation des changements climatiques et les pra- de l’eau, y compris des pratiques durables tiques résilientes. de gestion de l’eau et des sols, la promotion des semences indigènes et la promotion des Ces pratiques vont de l’agro-écologie en petites céréales (légumineuses). passant pat la souveraineté alimentaire, la diversification des cultures, la rotation des Le Gouvernement du Zimbabwe et les or- cultures, l’agroforesterie, l’agriculture de con- ganes de décision n’ont pas reconnu le rôle servation et les pratiques de collecte de l’eau, important joué par les petits exploitants agri- y compris des pratiques durables de gestion coles (SHF) et les paysans dans l’atténuation des eaux et des sols. Le Gouvernement du des changements climatiques et les pratiques Zimbabwe et les institutions mondiales ont résilientes, comme souligné ci-dessus. Ces également échoué à reconnaître l’importance pratiques allant du Gouvernement du Zimba- des semences indigènes et la production de bwe à la culture des graines locales et à la petites céréales (légumineuses) comme une production de petites graines (légumineuses) autre façon de faire face aux changements constituent une autre façon de résister aux climatiques. Le Gouvernement du Zimbabwe changements climatiques, mais continuent continue de pressuriser les petits exploitants à pressuriser les petits exploitants agricoles agricoles (SHF) et les paysans pour qu’ils (SSF) et encouragent les paysans à utiliser mettent en place des formes d’agriculture des semences hybrides, en particulier le maïs. conventionnelles basées sur l’agriculture adaptée au changement climatique (CSA), Resultats, debat et conclusion utilisent des semences hybrides en particulier le maïs et les engrais synthétiques. Le mouvement politique d’agro écologie approuvé par La Via Campesina a permis Ce qui est décourageant, c’est la marginalisa- aux agriculteurs du monde entier d’étendre 9
leurs réseaux grâce au partage d’expériences esse sévères pendant la saison des pluies» entre agriculteurs (Rosset et al., 2011). Cela à «précipitations très irrégulières» (ibid). Il permet aux paysans d’apprendre entre eux y a cinq régions naturelles au Zimbabwe. La et d’adopter les pratiques qu’ils jugent utiles, qualité de la terre est meilleure dans la région plutôt que d’avoir des politiques imposées 1 avec une qualité décroissante jusqu’à la par le haut qui ne tiennent pas compte du région 5. La région 4 est une région agricole contexte environnemental, social ou politique semi-extensive et la région 5 est une région local. Le mouvement met en avant un dis- agricole extensive. Bien que la zone soit trop cours politique sur le changement climatique, sèche pour la production agricole, les agri- encourageant les agriculteurs à voir au-delà culteurs cultivent des céréales pour assurer des aspects purement naturels du change- leur sécurité alimentaire et certaines cultures ment climatique, et diffusant une com- de rente telles que le coton. Le maïs à lui seul préhension des facteurs socio-économiques représente 40 à 50% des surfaces cultivées qui contribuent à leur vulnérabilité. dans les deux régions. Dans ces deux-là, les rendements des cultures sont extrêmement Un objectif important pour LVC est d’aug- faibles et les risques associés à l’agriculture menter la capacité des constituants à identifi- sont élevés. er les acteurs et les pratiques préjudiciables à la justice climatique et la capacité des agricul- Expériences avec le changement climatique teurs à faire face aux effets du changement climatique, ainsi que l’apprentissage concom- Un point important de toutes les entrev- itant de pratiques qui améliorent la capacité ues était l’imprévisibilité des conditions d’adaptation et la résilience, spécifiquement météorologiques. Le problème était que les l’agro écologie. La mesure dans laquelle les pluies arrivaient tardivement, ne duraient constituants des organisations membres de pas assez, ou arrivaient avant les dates LVC incarnent le mouvement politique de prévues, ce qui signifiait que les habitudes l’agro écologie est –il de savoir que ce travail de plantation traditionnelles étaient minées. de terrain était orienté vers la découverte. Sur une année moyenne, la fréquence de la sécheresse a augmenté dans toute la région, Sites de recherche avec pour conséquence commune une baisse significative des rendements. La plupart des Le travail de terrain qui a servi de base à cet personnes interrogées pensent que cette article est réalisé en collaboration avec ZIM- situation a commencé il y a de cela une SOFF - Forum des petits producteurs bio du dizaine d’années, même si certains souti- Zimbabwe, une organisation qui compte 10 ennent que ça remonte au-delà. L’un des 400 membres. Les résultats détaillés ci-des- administrateurs des sites visités a déclaré sous ont été obtenus à travers une série que «les précipitations ne sont plus fiables. Et d’entretiens semi-structurés, ainsi que des cette situation a pris départ depuis environ entretiens thématiques avec un total de 12 2000. Parfois, vous plantez tôt et les plantes agriculteurs, membres de ZIMSOFF, sur une échouent. Parfois en retard et les cultures période de quatre jours. Il a été réalisé en n’atteignent pas la maturité. Voilà ce qui nous mai 2017, dans les deux provinces de Mani- amène à dire que les précipitions sont de plus caland et Masvingo, situées dans le centre / en plus peu fiable. » Il a rappelé que les habi- sud-est du Zimbabwe. Masvingo se situe dans tants de son quartier feraient face à la faim la région 4-5 et Manicaland dans la région 5 et qu’ils devraient compter sur l’aide alimen- (FAO) et les deux régions varient entre «pré- taire. De plus, il a mentionné les conséquenc- cipitations sujettes à des sécheresses saison- es sévères de la sécheresse en une année nières fréquentes et des périodes de sécher- entrainant une perte énorme du bétail. Ils 10
avaient besoin de conduire leur bétail vers les agriculteurs, le processus de restauration des sources d’eau lointaines, voyage au cours pour obtenir de bons rendements peut pren- duquel le bétail ne pouvait pas survivre. Cela dre jusqu’à trois ans. a également conduit à une baisse significative du prix du bétail, selon l’administrateur. Tous les agriculteurs interrogés ont souligné l’importance de la diversification des cultures Adaptation contre la monoculture du maïs, la culture de base dans la région. On a noté que les En raison de la pénurie d’eau importante face différentes cultures présentaient des avan- au changement climatique, la rétention d’eau tages différents, l’avantage de la diversifica- est devenue essentielle. À ce titre, les agricul- tion étant d’éviter le risque d’une mauvaise teurs interrogés ont souligné l’importance année. Le mil rouge a l’avantage de pouvoir d’utiliser des cultures à courtes saisons qui être conservé jusqu’à 9 ans. En outre, il faut nécessitent moins d’eau et développer des un peu de temps pour mûrir ce qui signifie pratiques de conservation. Une de ces pra- qu’il n’est pas aussi sensible aux périodes de tiques consistait à éviter de brûler de l’herbe, pluies raccourcies. Certains agriculteurs ont comme cela se fait traditionnellement, car explicitement mentionné la culture du mil à l’herbe dans les champs aide à retenir l’hu- élaguer comme adaptation au changement midité dans le sol et réduit le ruissellement. climatique: “Nous faisons face au change- L’utilisation de la culture intercalaire en agro ment climatique en cultivant plus de millet, écologie était une autre technique utilisée car cela peut durer quelques années.” Les pour conserver l’eau. autres cultures qui ont été cultivées en raison de leur plus grande résistance à la baisse Un agriculteur a choisi d’adopter une im- des précipitations comprennent le sorgho et portante recommandation de ZIMSOFF le mil perlé. Un agriculteur a déclaré que «la concernant le bétail. Les pauvres agricul- première ligne de défense consiste à cultiver teurs détiennent souvent un capital finan- un large éventail de cultures vivrières» et «le cier dans l’élevage de sorte que la mort du maïs est très sensible à la sécheresse». bétail est très souvent perçue comme étant économiquement destructrice. Un des fer- Il montre comment la diversification est miers dit avoir expérimenté tout cela avec utilisée pour accroître la résilience. Ce senti- d’autres fermiers en acquérant collective- ment a été réitéré à maintes reprises par les ment des chèvres, qui exigent moins d’eau agriculteurs avec un inconvénient supplémen- pour leur survie et résistent plus à la sécher- taire noté pour le maïs, à savoir qu’il avait le esse. De plus, ces deux animaux fournissent moins de temps de stockage sur toutes les du fumier, qui peut être utilisé pour fertiliser cultures; environ 1 an, sans utiliser de “pro- leurs champs. Ceci est important car les duits chimiques” coûteux. De plus, il a été engrais chimiques achetés dans les magasins noté qu’il était plus sensible aux ravageurs. sont chers et doivent être utilisés année après Les avantages du maïs ont également été année si les agriculteurs doivent éviter la mentionnés. Dans les années où les condi- dégradation des sols. Selon un agriculteur: tions météorologiques n’étaient pas aussi im- «Si j’utilise de l’engrais aujourd’hui et que je prévisibles, il était possible et souhaitable de n’ai pas d’argent, je ne serai pas en mesure cultiver du maïs car c’est la culture la moins d’utiliser les champs demain. Le sol dégradé intensive en main-d’œuvre à traiter. par l’utilisation d’engrais chimiques peut être inversé si du fumier est utilisé, mais selon 11
$ Upenyu Ivhu innovation de récolte de l’eau 18 membres de l’organisation paysanne Upenyu Ivhu ont participé à l’enquête (12 femmes et 6 hommes). L’enquête a eu lieu dans la région de Murowa au niveau de la circonscription de Runde où ces ménages qui composent cette communauté pratiquent la récolte de l’eau, l’agriculture bio et le maintien d’une diversité de bétail. Les membres ont travaillé avec le regretté Zephaniah Phiri, un autre fermier innovant bien connu sous le nom de «Water Harvester», pour créer le groupe des agriculteurs innovateurs Hupenyu Ivhu (Life is Soil) en 1989. Pendant ces périodes de précipitations irrégulières, les petits exploitants pratiquent des techniques de gestion de l’eau telles que la collecte de l’eau qui consiste à creuser des barrages en terre et des contours de niveaux de profondeur égaux pour capturer l’eau rare. “Nous collectons les eaux de ruissellements qui traversent nos champs; nous gardons chaque goutte d’eau. Nous récoltons l’eau de pluie qui dégouline des rochers, de la route et aussi, comme il pleut, dans les contours que nous avons construits », a déclaré un fermier. Les barrages en terre ont également permis aux agriculteurs de se lancer dans la pisciculture qui contribue aux régimes alimentaires et aux revenus des ménages, améliorant ainsi leurs économies locales et leurs moyens de subsistance. C’est une initiative agricole qui n’était auparavant pas possible dans la région qui reçoit des précipitations faibles et peu fréquentes mais dans ce cas les solutions locales ont eu la réponse en voyant simplement une menace comme une opportunité. Selon un agriculteur, le processus de construction des contours se fait progressivement et un cette construction de contour peut durer jusqu’à un an en fonction de la taille, mais le processus vaut la peine d’offrir aux agriculteurs des solutions alternatives pour contrer les effets d’une pluviométrie irrégulière comme moyen de subsistance. L’eau retenue et endiguée assure que les terres sous-jacentes restent humides et retiennent l’humidité, de sorte que les cultures dans les champs environnants peuvent atteindre leur pleine maturité malgré le manque de pluie constante dans la région. L’eau récoltée permet également aux agriculteurs de cultiver leurs potagers tout au long de l’année, ce qui aggrave la diversité de leur système alimentaire. Cultiver exclusivement pour la vente au cultivent le tabac et le coton ce qui ne peut marché était généralement considéré pas garantir la survie lorsqu’on est dans comme un mouvement de renforcement une mauvaise année de récolte. «Dans les de la vulnérabilité, exprimé en termes de zones à forte pluviométrie, les gens ont dépendance au marché. La monoculture est tendance à être orientés vers les cultures considérée comme financièrement risquée commerciales, ils n’ont pas d’autres cultures par un agriculteur qui dit: «L’agriculteur comme les arachides, le mile perlé, le mile, devient un travailleur pour l’industrie, le niébé, pour e citer que ceux-là. Faire de seulement les fermes pour payer les prêts.» la monoculture, c’est une menace pour la Selon nos interviewés, la plupart des souveraineté alimentaire des ménages. “ agriculteurs qui cultivent pour le marché 12
Le point important relevé par les agriculteurs encouragent la culture du maïs depuis est qu’en période d’incertitude sur les les années 1960, selon un agriculteur. Le conditions météorologiques et les niveaux même agriculteur a cependant noté qu’avec de précipitations, la subsistance doit être la les impacts croissants du changement priorité, car l’agriculture pour l’exportation climatique, cela semble être en train utilisant des cultures commerciales est de changer. Interviewer un agent de trop risquée. L’aversion pour le marché due vulgarisation a confirmé ceci; il a dit que à l’éviction des produits qui devaient être le maïs était important mais que vous achetés chaque année, comme les engrais deviez cultiver une variété de cultures. Il a chimiques et les semences hybrides, était également souligné l’importance de cultiver également évidente dans la mesure où des variétés de saison courte et que le maïs de nombreux agriculteurs choisissaient prend moins de temps à mûrir. Incorporant de conserver leurs récoltes excédentaires la diversification dans son enseignement, plutôt que de les vendre. Quelques fermiers l’agent de vulgarisation démontre ont aussi expliqué comment ils allaient le comment les pratiques des agriculteurs donner à des voisins qui avaient moins de peuvent influencer ce que le gouvernement chance, démontrant un rejet de l’idée que recommande. Il était également clair que la nourriture devait nécessairement être les petits agriculteurs expérimentent de banalisée. nombreuses innovations visant à atteindre la souveraineté alimentaire qui contribuent à Se battre pour la souveraineté des semences leur influence sur les agents de vulgarisation et leur récit d’adaptation, comme un L’état du maïs comme aliment de base ne agriculteur a précisé que: “actuellement les peut s’expliquer en partie par le fait que les agents de vulgarisation ont cet objectif parce agents de vulgarisation gouvernementaux que nous sommes en train de les repousser. “ La lutte du CHIEHA SFO pour la justice climatique L’Association de guérisseurs de la terre de Chibememe (CHIEHA) est située dans le quartier 1 sous le chef Gudo du district de Chiredzi Masvingo. La zone s’étend le long de la rive du fleuve Save River qui délimite Chiredzi de Checheche de Manicaland, d’où cette organisation de petits agriculteurs qui est devenue une partie de la grappe de l’Est pour ZIMSOFF. L’organisation paysanne est située à environ 91 km à l’est de la ville de Chiredzi. Elle se situe dans la région agricole agro-écologique 5 (cinq) où les précipitations très faibles inférieures à 300 mm sont reçues par saison agricole. Le groupe compte 36 membres dont 26 femmes. CHIEHA est une organisation communautaire de conservation et de développement fondée en 1998 dans les zones rurales du sud-est du Zimbabwe. Le CHIEHA est un lauréat du Prix 2004 de l’Initiative des Nations Unies pour l’Équateur, reconnu pour ses efforts exceptionnels en faveur de la conservation simultanée de la biodiversité et de la réduction de la pauvreté: http://www.undp.org/equatorinitiative/ secondary/2004-finalists.htm Les 36 agriculteurs (26 femmes et 10 hommes) interrogés dans le cadre de cette enquête font partie de CHIEHA et de différents quartiers environnants. Les agriculteurs ont détaillé leurs efforts pour éviter les effets du changement climatique en utilisant des semences indigènes qui peuvent résister aux 13
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