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Conférence de presse sur les résultats finaux du projet Agralid Vers de meilleures stratégies agricoles et alimentaires pour concilier développement durable et nutrition © Inra - Christophe Maître www.inra.fr Conférence de presse, 7 novembre 2016 Vers de meilleures stratégies agricoles et alimentaires pour concilier durabilité et nutrition
Intervenants Jacques Mourot Directeur de recherche à l’Inra, Unité mixte de recherche Physiologie, environnement et génétique pour l'animal et les systèmes d'élevage, centre Inra de Rennes Jacques Mourot a une formation universitaire (doctorat d’état en Sciences Naturelles, option Nutrition Humaine). Au cours de sa carrière tout d’abord au centre de Nutrition Humaine de Nancy pendant 6 ans puis à l’Inra de Rennes depuis 1986, il s’est intéressé essentiellement au métabolisme des lipides chez l’homme et chez l’animal. Depuis plus de 15 ans il a orienté ses recherches vers l’effet des facteurs d’élevage et les conséquences sur la qualité nutritionnelle (lipides) des produits animaux destinés à l’Homme. Il est le porteur du projet ANR AGRALID Contact : jacques.mourot@inra.fr Mohamed Merdji Professeur à Audencia Business School Nantes Mohamed Merdji a une formation universitaire (doctorat en économie obtenu à l'université de Lille 1 et doctorat en sciences de gestion obtenu à l'université Paris- Dauphine). Il a consacré l’essentiel de ses travaux de recherche à l’analyse des mécanismes socio-anthropologiques de formation et d’évolution des goûts et des aversions alimentaires ainsi qu'aux questions liées à l’acceptabilité sociale des innovations dans le domaine alimentaire. Contact : mmerdji@audencia.com Guillaume Chesneau Directeur Recherche & Innovations, VALOREX Guillaume Chesneau a une formation d’ingénieur en Agriculture (à Angers, 1994- 1999). Depuis 1999, il est ingénieur R&D chez VALOREX. Il a une activité de recherche appliquée dans les domaines de la nutrition animale, de la santé et du bien-être animal, des impacts environnementaux, de la santé humaine et des attentes sociétales ainsi que des technologies industrielles et analytiques. Il dirige actuellement une équipe d’une quinzaine de docteurs, ingénieurs et techniciens. Contact : g.chesneau@valorex.com 3 Conférence de presse, 7 novembre 2016 Vers de meilleures stratégies agricoles et alimentaires pour concilier durabilité et nutrition
Communiqué de presse Inra, Bleu Blanc Coeur, Valorex, Terrena – 7 novembre 2016 Vers de meilleures stratégies agricoles et alimentaires pour concilier durabilité et nutrition Comment améliorer nos apports nutritionnels en optimisant nos pratiques agricoles ? Manger sain est-il bon pour notre planète ? Comment guider nos choix alimentaires pour concilier durabilité et nutrition ? Depuis plus de 3 ans, des équipes coordonnées par l’Inra et impliquant la filière Bleu-Blanc- Cœur, Valorex, Terrena travaillent sur ces problématiques dans le cadre du projet Agralid. A l’occasion d’un séminaire à Paris le 8 novembre 2016, les chercheurs livrent leurs résultats finaux. Ils confirment que le mode de production des produits animaux est un levier efficace d’amélioration des apports en acides gras dans la population française. De plus, leurs travaux débouchent sur un outil d’aide à la décision pour choisir les menus les plus durables selon différentes contraintes (disponibilité des aliments, coût, environnement…). De nombreuses maladies contemporaines (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires…) sont liées à des déséquilibres dans les apports alimentaires qu’il s’agisse d’excès de sel, de sucres rapides, d’un mauvais équilibre entre énergie et protéines ou entre acides gras oméga-6 et oméga-3. Dans ce contexte, le projet Agralid a démarré en janvier 2013 avec pour objectif d’identifier des filières de productions agricoles durables capables de répondre au mieux aux recommandations nutritionnelles pour l’homme, en modifiant le moins possible les habitudes alimentaires et en proposant des menus accessibles au plus grand nombre. Des algues et du lin pour nourrir les animaux d’élevage et améliorer nos apports en acides gras La qualité nutritionnelle des produits animaux, l’impact environnemental, le coût de production peuvent être améliorés par le mode de production et particulièrement par les stratégies alimentaires mises en place dans les élevages. Ainsi, les pratiques déclinées au travers de la filière Bleu-Blanc-Cœur (BBC, voir encadré) répondent à des enjeux de santé publique en ce qui concerne les apports d’acides gras. Dans le cadre du projet Agralid, les chercheurs ont utilisé de nouvelles matières premières alimentaires. Ils ont, entre autre, nourri les animaux d’élevage (porcs, poulets, poules pondeuses et vaches laitières) avec une source de microalgues riches en acide docosahéxaéonique (ou DHA), un acide gras jugé bon pour la santé humaine. Cet apport de DHA par les micro-algues s’est traduit par un fort dépôt dans la viande et les œufs. Les chercheurs ont également montré que les apports en acides gras oméga-3 sont améliorés lorsque les produits animaux sont issus d’un mode de production BBC filière lin (animaux nourris avec des graines de lin). De plus, les scientifiques ont testé l’impact de nouvelles technologies industrielles (extrusion1 ou dépelliculage des graines de lin) sur la digestibilité des acides gras et leur efficacité alimentaire. Ils ont constaté que l’apport de graines de lin permet d’augmenter le dépôt d’acides gras oméga-3 par rapport à un régime standard (il est par exemple multiplié par cinq pour la côte de porc) et cet effet est amplifié avec les graines dépelliculées. En termes d’impacts environnementaux, les scientifiques ont montré que la filière BBC réduit les impacts « changement climatique » et « demande cumulée en énergie » de la plupart des produits animaux. 1L’extrusion est une phase cruciale du procédé industriel permettant de traiter les graines de lin. Elle permet de détoxifier le produit tout en préservant toutes ses qualités nutritionnelles. 4 ••• Conférence de presse, 7 novembre 2016 Vers de meilleures stratégies agricoles et alimentaires pour concilier durabilité et nutrition
Le point de vue des éleveurs et des consommateurs Comment les éleveurs se situent face à des offres de démarches agricoles intégrant des critères de nutrition, de santé humaine et d’environnement ? Les chercheurs d’Agralid ont mené plusieurs enquêtes sociologiques intégrant une composante économique auprès des éleveurs. Leurs analyses ont permis de conclure que l’adhésion à une démarche nutrition-santé-environnement n’est pas contraignante sur le plan technique du point de vue de la conduite d’élevage. Par ailleurs, une expérimentation a été menée auprès de 300 personnes dans deux restaurants d’entreprise à Nantes et à Rennes. Il s’agissait de présenter aux consommateurs différents types de menus (un menu « santé » nutritionnellement optimisé, un menu « végétarien » à faible impact carbone, un menu « filière » basé sur l’identification de l’origine et du mode de production des produits (dont BBC), un menu « global » combinant une partie des composantes des 3 menus précédents). Résultat : le menu « végétarien » (mettant l’accent sur les seuls arguments environnementaux) est celui qui recueille le plus mauvais score en termes de choix. Cette étude confirme également la préférence marquée des Français pour les produits dont l’origine et le mode de production sont bien identifiés. Ils révèlent aussi que les consommateurs sont prêts à payer plus cher (jusqu’à un surcoût de 10%) en choisissant un menu BBC « filière » ou « global », ce qui s’explique par des raisons à la fois hédoniques, sanitaires et éthiques. Un outil d’aide à la décision pour améliorer ses menus Le projet Agralid s’est concentré sur l'élaboration d'un outil d'aide à la décision pour définir les meilleures stratégies alimentaires. Une base de données regroupant au total 140 ingrédients a été constituée en rassemblant les informations relatives aux dimensions nutritionnelles, environnementales et socio-économiques. Les scientifiques ont ensuite développé un outil interactif qui permet non seulement de représenter graphiquement et de manière synthétique les principaux résultats du projet Agralid. Mais surtout, cet outil permet d'explorer les conséquences d’un changement de pratique alimentaire progressif en termes de composition nutritionnelle, d'habitude alimentaire, de coût économique et d'impact environnemental (voir figure). Il permet également de constituer de nouveaux menus tenant compte de diverses contraintes telles que les catégories, la quantité ou la diversité des ingrédients, les apports nutritionnels, les prix… Après 3 ans de travaux, le projet Agralid a rassemblé une quinzaine de chercheurs de disciplines diverses et complémentaires qui confirment que le mode de production des produits animaux est un levier efficace d’amélioration des apports en acides gras dans la population française. Reste à poursuivre les travaux de recherche dans le domaine de la production des microalgues riches en DHA pour réduire les coûts d’utilisation en élevage, dans la protection des acides gras oméga-3 d’une possible peroxydation des produits enrichis naturellement en ces acides gras. Par ailleurs, les consommateurs choisissent un menu non seulement pour son goût mais parce que les produits qui le composent donnent toutes les garanties de santé du fait de leur origine et de leur mode de production. Et il serait souhaitable de mieux valoriser auprès des consommateurs « le bénéfice santé » de ces produits issus de filières spécialisées comme celle des animaux recevant une part de graines de lin dans leur alimentation. ••• 5 Conférence de presse, 7 novembre 2016 Vers de meilleures stratégies agricoles et alimentaires pour concilier durabilité et nutrition
Figure 1. Copies d'écran de l'outil d'aide à la décision : représentation synthétique du coût et des valeurs nutritionnelles et environnementales d'un menu (à gauche) et de la contribution des différents ingrédients à l'impact changement climatique (à droite). AGRALID en bref Agralid - évaluation nutritionnelle, environnementale et socioéconomique de plusieurs menus alimentaires ; vers une évolution durable des pratiques agricoles et des recommandations nutritionnelles - est un projet financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) à hauteur de 726 663 euros. Début du projet : janvier 2013 – Fin en juin 2016 Les partenaires du projet : AUDENCIA ; unité Inra de recherches avicoles ; unité Physiologie, environnement et génétique pour l'animal et les systèmes d'élevage (Inra, Agrocampus ouest) ; TERRENA ; GROUPE ESA ; unité Sol agro et hydrosystème spatialisation (Inra, Agrocampus ouest) ; Valorex ; Bleu-Blanc-Coeur En novembre 2016 : 12 publications scientifiques, 25 communications dans des congrès en plus de présentation à l’expo universelle de Milan 2016 et lors de la COP 21 à Paris. En savoir plus : http://www6.inra.fr/agralid ••• 6 Conférence de presse, 7 novembre 2016 Vers de meilleures stratégies agricoles et alimentaires pour concilier durabilité et nutrition
La filière bleu-blanc-coeur en bref L’Association Bleu-Blanc-Coeur est née en 2000 d’un collectif de paysans, scientifiques, agronomes, consommateurs et médecins. Elle s’inscrit dans une démarche d’amélioration de la chaîne alimentaire. Elle organise le retour de cultures végétales telles que l’herbe, la luzerne, le lin, la féverole… réputées vertueuses pour l’environnement et pour leurs qualités nutritionnelles. Les animaux Bleu-Blanc-Cœur reçoivent ainsi une alimentation diversifiée avec ces plantes et graines sélectionnées pour leurs qualités nutritionnelles. La démarche Bleu-Blanc-Cœur est ainsi engagée dans une démarche d’amélioration de la teneur nutritionnelle en oméga 3 de notre alimentation. Cette démarche fait l’objet d’une reconnaissance des experts des Ministères de la santé et de l’Agriculture. Valorex en bref Créée en 1993, Valorex est une entreprise spécialisée dans la mise en place de filières végétales et dans la cuisson, appelée cuisson extrusion, de graines oléagineuses et protéagineuses pour l’alimentation animale. L’histoire de Valorex est celle d’une conviction, d’une certaine façon de faire le métier de la nutrition animale au service d’une chaîne alimentaire. Sa philosophie la porte à vouloir bien nourrir les animaux pour bien nourrir les hommes, tout en prenant en considération le bien-être social et économique des éleveurs, et l’environnement. Valorex en chiffres : 308 publications, 12 brevets, 10 thèses CIFRE, une équipe R&D régroupant 30 ingénieurs, docteurs en science, thésards, statisticiens, techniciens au service du développement de nos activités et de nos filières. Terrena en bref Avec un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros, 14 000 salariés et près de 22 000 adhérents en 2015, le groupe coopératif Terrena est l’un des acteurs majeurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Terrena fait partie intégrante du bassin agricole de l’ouest de la France, l’un des principaux d’Europe. Son cœur de territoire couvre les départements de Loire-Atlantique, du Maine-et-Loire, des Deux-Sèvres et de la Vienne. Depuis 2008, Terrena déploie La Nouvelle Agriculture sur l’ensemble de ses filières et de ses productions. La coopérative propose aux agriculteurs de nouvelles pratiques pour produire plus et mieux avec moins : moins d’intrants chimiques, moins d’eau, plus de respect des sols et du bien-être animal… Des solutions innovantes issues de l’Agriculture Ecologiquement Intensive sont expérimentées, grandeur nature dans les fermes, par nos agriculteurs Sentinelles de la terre. Terrena garantit l’origine des produits et propose une alimentation de qualité, accessible à tous. Elle porte un avenir positif à la fois pour les consommateurs et pour l’agriculture française. Parmi les récompenses qui lui ont été attribuées figurent le Prix européen Cogeca pour l’innovation coopérative 2012, un Trophée territoire Innovation Pays de Loire 2013, le Lapin d’or et le Poulet d’or aux Trophées du Bien-être Animal respectivement en 2015 et 2016, décernés par l’association CIWF. Contact scientifique Jacques Mourot Tel. 02 23 48 50 60/ jacques.mourot@inra.fr Unité Physiologie, environnement et génétique pour l'animal et les systèmes d'élevage (Inra, Agrocampus Ouest) Département Physiologie Animale et Systèmes d'Elevage Centre Inra de Rennes 7 Conférence de presse, 7 novembre 2016 Vers de meilleures stratégies agricoles et alimentaires pour concilier durabilité et nutrition
Evaluation nutritionnelle, environnementale et socioéconomique de plusieurs menus alimentaires vers une évolution durable des pratiques agricoles et des recommandations nutritionnelles. Comment concilier les pratiques agricoles durables et les recommandations nutritionnelles ? Quelles préconisations alimentaires en terme d’aliments et de mode de production de ces aliments pour garantir au consommateur des menus parfaitement équilibrés nutritionnellement, et au producteur des modes de production acceptables, tout en limitant leurs impacts environnementaux et leurs coûts de revient. Comment améliorer la santé du consommateur et de la planète sans modifier ses habitudes alimentaires Le déséquilibre des apports alimentaires chez l’homme est responsable de l’apparition et du développement de nombreuses maladies contemporaines : maladies cardio-vasculaires, obésité, diabète… Ce déséquilibre peut trouver différentes origines : excès d’énergie, nature de cette énergie, mauvais rapport énergie/protéine ou acides gras n-6 / acides gras n-3, et d’autres facteurs (sel, sucres rapides, stress…). L’un des objectifs d’AGRALID est d’identifier des filières de productions agricoles durables et en mesure de contribuer à l’atteinte des recommandations nutritionnelles de l’homme ; ceci en modifiant le moins possible les habitudes alimentaires et en proposant des menus accessibles au plus grand nombre. Pour ce faire, des expérimentations sur animaux testeront de nouvelles matières premières alimentaires dans le but d’optimiser les résultats notamment en termes de qualité nutritionnelle des produits, d’impact environnemental et de coût de production. Un outil d’aide à la décision permettra à partir des menus types préalablement constitués de proposer les menus les plus durables en fonction de différentes contraintes que peuvent être la disponibilité des aliments, leur accessibilité etc… Analyses multi-variées de 8 menus caractérisées dans les 3 dimensions de leur durabilité Une relation existe entre la qualité des lipides alimentaires ingérés par l’animal et les acides gras qui se déposent dans la viande ou le lait. Cette relation est utilisée pour introduire dans l’alimentation de l’animal des acides gras jugés bons pour la santé humaine. Ceci est déjà en pratique. Dans le projet AGRALID nous allons essayer d’augmenter la digestibilité des lipides de la famille n-3 et leur efficacité alimentaire en améliorant les techniques d’extrusion des graines de lin ou en utilisant des graines dépelliculées. Nous testerons également de nouvelles sources d’acides gras n-3 en incorporant dans l’aliment des micro-algues riches en acides gras n-3 à longue chaîne (le DHA identique à celui apporté par les poissons gras). Dans le cadre du lot où sont menées les expérimentations animales, ces sources lipidiques seront testées chez le porc, le poulet de chair, la poule pondeuse et la vache laitière. Nous analyserons les cycles de vie et l’impact sur l’environnement de production des aliments composants les menus proposés et conçus selon diverses pratiques alimentaires. L’acceptabilité de ces produits par le producteur, le consommateur, le transformateur et l’utilisateur (restauration collective) sera étudiée d’un point de vue sociologique tout en intégrant une composante économique.
PROGRAMME 9H00 - Accueil 9H30 - Introduction par Jacques MOUROT (INRA) 9H45 - SESSION 1 - Nutrition : Carrefour des pratiques agricoles et alimentaires Présidents de séance : Bernard SCHMITT (CERNh) ; Guillaume CHESNEAU (VALOREX) Dans quelles mesures nos pratiques agricoles & alimentaires peuvent influencer nos apports nutritionnels ? Constance FERRY (CERNh) Guillaume MAIRESSE (VALOREX) Quand les pratiques agricoles contribuent à améliorer nos apports nutritionnels Auriane DE TONNAC (INRA) Elisabeth BAEZA (INRA) Catherine HURTAUD (INRA) 11H00 - Pause
11H30 - SESSION 2 - Nutrition & environnement : Manger sain est-il bon pour ma planète ? Présidents de séance : Jacques MOUROT (INRA) ; Nathalie KERHOAS (BLEU-BLANC-COEUR) Exemple de l’ANR OCAD : Quelle compatibilité entre qualité nutritionnelle et environnementale de l’alimentation en France : apports de l’épidémiologie nutritionnelle et de la modélisation de rations Nicole DARMON (INRA, INSERM) Comment les pratiques alimentaires et agricoles influencent l’impact environnemental de notre assiette ? Hayo Van Der WERF (INRA) Conclusion : Concilier nutrition & environnement Pierre WEILL (BLEU-BLANC-COEUR) 13H00 - Déjeuner
14H00 - SESSION 3 - Nutrition & sociologie : Comment nos pratiques alimentaires et agricoles impactent-elles nos choix alimentaires ? Présidents de séance : Mathieu GUILLEVIC (VALOREX) ; Joy THORNES (TERRENA) Modifications de nos pratiques agricoles & acceptabilité de l’éleveur Par Roger LE GUEN (ESA) Jean-Pierre PASQUET (producteur laitier BLEU-BLANC-COEUR) Modifications de nos pratiques alimentaires & acceptabilité du consommateur Par Mohamed MERDJI (AUDENCIA) Céline MAILLARD (ANSAMBLE)
15H00 - SESSION 4 - Durabilité des systèmes agricoles et alimentaires : Quels modèles pour demain ? Présidents de séance : Jacques MOUROT (INRA) ; Pierre WEILL (BLEU-BLANC-COEUR) Peut-on concilier la durabilité et la nutrition ? : mise en place d’un outil d’aide à la décision Par Jean-Yves DOURMAD (INRA) Durabilité & Nutrition : Quelles mises en œuvre possibles dans les filières ? Laurent FROGET (DAVIGEL) Joy THORNES (TERRENA) Dr Thierry GUICHETEAU (médecin) Jean-Pierre PASQUET (BLEU-BLANC-CŒUR) 17H00 - Conclusion Par Jacques MOUROT (INRA) ; Nathalie KERHOAS (BLEU-BLANC-COEUR)
SESSION 1 Nutrition : Carrefour des pratiques agricoles et alimentaires Présidents de séance : Dr Bernard SCHMITT (CERNh) – Guillaume CHESNEAU (VALOREX) Dans quelles mesures nos pratiques agricoles et alimentaires peuvent influencer nos apports nutritionnels ? Constance FERRY (CERNh), Guillaume MAIRESSE (VALOREX)
Contribution des produits issus de la filière Bleu-Blanc-Cœur à l’amélioration des atteintes aux apports nutritionnels conseillés en acides gras dans le cadre de 4 menus types L’amélioration du profil nutritionnel des produits animaux peut être efficacement pilotée par le mode de production et notamment par les stratégies alimentaires mises en place dans les élevages. Celles-ci déclinées au travers de la filière Bleu-Blanc-Cœur (BBC) répondent à des enjeux de santé publique notamment en ce qui concerne les apports d’acides gras (AG). En effet, les enquêtes nutritionnelles révèlent un décalage significatif entre les apports réels et les apports nutritionnels conseillés. Le présent travail réalisé dans le cadre du projet AGRALID vise à quantifier les apports journaliers en AG dans le cadre de 4 menus types chacun d’eux étant décliné en version BBC ou en version « filière conventionnelle ». Ce travail a permis de caractériser au niveau des menus, l’impact des produits BBC sur l’amélioration des apports en AG au regard des recommandations émises par l’ANSES sous la forme des Apports Nutritionnels Conseillés (ANC) mais aussi d’évaluer la prise en compte de cet impact dans l’étiquetage nutritionnel en cours d’expérimentation. Matériel et méthodes Un menu moyen sur 15 jours, représentatif de la consommation de la population adulte masculine, a été construit à partir de la base de données issue de l’enquête menée par le CREDOC sur les Comportements et Consommations Alimentaires en France (CREDOC, 2010). A partir de ces données, une sélection des 92 aliments les plus consommés par les français a été réalisée. Une quantité moyenne de consommation en g/j a ensuite été déterminée. Sur cette base, 3 autres typologies de menus ont été modélisées à partir du menu moyen français tel que décrit précédemment : (i) le menu « PNNS » qui suit les recommandations émises par le Plan National Nutrition Santé (PNNS) : 5 fruits et légumes par jour, 3 produits laitiers par jour, féculent à chaque repas, viande/poisson/œuf : 1 à 2 fois/j, limitation les produits sucrés, les matières grasses et le sel, diversification des huiles alimentaires),; (ii) le menu « PNNS sans poisson », dans lequel le poisson a été remplacé par des produits animaux terrestres (ce menu a été élaboré afin d’évaluer la contribution du poissons aux atteintes des ANC) ; (iii) le menu végétarien dans lequel toutes les viandes ont été remplacées par des œufs ou du tofu. Pour chacun de ces 4 menus, 2 déclinaisons ont été modélisées : la première (STD) est caractérisé par le fait que tous les produits animaux sont issus de la filière conventionnelle, et la seconde (BBC) par des produits animaux tous issus de la filière BBC, par le remplacement de 5 % de la farine par un mélange de graines de lin (Linette®), source d’AG polyinstaurés n-3), et par le remplacement total des huiles de tournesol par un mélange d’huile de colza et d’olive. Le bilan des apports en AG de ces 8 menus est calculé en s’appuyant sur les tables de composition nutritionnelle CIQUAL (ANSES, 2013), excepté pour les produits animaux (hors poissons) pour lesquels de nouvelles références ont été établies pour les AG, les tables CIQUAL ne faisant pas la distinction entre les modes de production des aliments. Ces profils sont issus de la littérature scientifique existante et des données internes à BBC recueillies de 2010 à 2013. Au final, seule la composition en AG des produits diffère entre BBC et STD. Principaux résultats Le tableau 1 qui résume les apports en AG des différents menus fait ressortir des situations contrastées vis- à-vis du respect des ANC selon les typologies de menu. Le régime le plus éloigné des ANC est constitué par le menu végétarien, tandis que l’optimum est le menu PNNS.
Tableau 1 : Bilan journalier des apports en acides gras des 8 menus et comparaison aux ANC. Energie Protéines Glucides Lipides AGS AGMI LA ALA LA/ALA EPA DHA C12-14-16 kcal/j % AET % AET % AET % AET % AET % AET % AET mg mg % AET ANC (de l'AET) 11-15% 45-55% 35-40% ≤12% 15-20% 4% AET 1% AET ≤5 250 mg 250 mg ≤8% AET Filière 2295 18,1% 44,7% 37,2% 16,0% 12,9% 4,1% 0,4% 11,3 0,083 0,139 10,5% Conventionnelle Menu Moyen Bleu-Blanc-Cœur 2315 18,0% 44,3% 37,8% 14,8% 15,1% 3,0% 1,2% 2,44 0,118 0,187 8,9% Filière 2280 14,8% 48,5% 36,7% 12,0% 16,3% 3,9% 0,8% 4,63 0,084 0,14 7,6% Conventionnelle Menu PNNS Bleu-Blanc-Cœur 2301 14,7% 48,0% 37,3% 11,1% 17,5% 3,8% 1,6% 2,41 0,105 0,171 6,8% Filière 2292 14,5% 48,2% 37,3% 12,6% 16,4% 3,9% 0,8% 4,7 0,019 0,029 8,4% Menu PNNS sans Conventionnelle poisson Bleu-Blanc-Cœur 2314 14,4% 47,7% 37,9% 11,8% 17,5% 3,8% 1,6% 2,41 0,044 0,077 7,2% Filière 2174 13,5% 51,7% 34,8% 15,0% 11,1% 4,6% 0,4% 11,21 0,019 0,037 9,9% Conventionnelle Menu Végétarien Bleu-Blanc-Cœur 2195 13,4% 51,2% 35,5% 13,7% 13,9% 3,3% 1,3% 2,6 0,042 0,1 8,0% Dans les 4 typologies, le choix du mode de production BBC permet une amélioration significative des apports et permet d’atteindre la plupart des recommandations des ANC. Il est également intéressant de noter que le menu moyen décliné en version BBC permet d’atteindre des niveaux similaires de conformité aux ANC que le menu PNNS, excepté pour les AG saturés (AGS) qui demeurent en excès. La part des produits animaux dans l’amélioration des apports lipidiques a pu être également évaluée. Ainsi, les œufs sont des leviers intéressant d’amélioration des apports en AGPIn-3 à longues chaines, les produits laitiers sont des contributeurs important à la réduction des apports en AGS et les viandes constituent des vecteurs d’AGPIn-3, notamment pour les charcuteries et viandes de monogastriques. Les résultats indiquent également que même dans le cadre du menu PNNS, les apports en AGPI n-3 longues chaines (EPA, DHA) ne couvrent pas les ANC. Le recours à des produits BBC permet certes d’accroitre ces niveaux notamment par l’intermédiaire des œufs BBC qui constituent des sources d’apports intéressantes en DHA, mais la couverture des ANC vis-à-vis de ces AGPIn-3 longues chaines passe par la mise en place de solutions complémentaires (augmentation de la consommation de poisson gras, inclusion de microalgues dans les régimes des animaux,…). Les résultats obtenus permettent d’émettre un regard critique sur l’étiquetage nutritionnel en cours d’expérimentation. En effet, ceux-ci intègrent dans leurs modalités de calcul pour la partie lipidique que les AGS. Or elle ne peut être réduite qu’aux seuls AGS totaux et ce d’autant plus que les ANC portent uniquement sur les AG C12-C14-C16:0. D’autre part, les filières de production différenciantes, telles que proposées par BBC, qui agissent sur les modes production et notamment sur le choix des matières premières des rations animales, et qui plus est, adopte une démarche de menus (addition d’une somme d’effets sur la composition des ingrédients), se trouvent ainsi exclues de toutes possibilités de reconnaissance sur la base des seuls étiquetages nutritionnels en cours d’expérimentation. Ainsi, un score représentatif de la qualité des lipides est proposé, afin de mieux intégrer ce nécessaire équilibre des AG dans les menus, et ainsi donner la voie à des scores nutritionnels plus complets à l’avenir. Conclusion Le choix du mode de production des produits animaux se révèle être un levier efficace d’amélioration des apports en AG dans la population française. Ces travaux démontrent aussi la complémentarité des produits animaux de la filière BBC aux atteintes des ANC, puisque les œufs sont des leviers intéressant d’amélioration des apports en AGPIn-3 à longues chaines, les produits laitiers des contributeurs important à la réduction des AGS, et les viandes des vecteurs d’AGPIn-3.
SESSION 1 Nutrition : Carrefour des pratiques agricoles et alimentaires Présidents de séance : Dr Bernard SCHMITT (CERNh) – Guillaume CHESNEAU (VALOREX) Quand les pratiques agricoles contribuent à améliorer nos apports nutritionnels : exemple du porc charcutier Auriane DE TONNAC (INRA)
Effet de différentes formes d'apport d’acides gras omégas 3 sur les qualités nutritionnelles et sensorielles de la viande de porc. Par l’alimentation du porc il est possible d’améliorer la qualité nutritionnelle de la viande destinée à la consommation humaine. Les graines de lin extrudées, riches en acide α-linolénique (acide gras précurseur de la série n-3, C18:3 n-3 – ALA), incorporées dans l’alimentation du porc permettent d’accroître fortement la teneur en cet acide gras dans la viande et les produits transformés. Cependant cet acide gras est peu transformé en ses dérivés n-3 à longues chaines comme le C20:5 n-3 – EPA et C22:6 n-3 – DHA qui sont aussi indispensables à la santé de l’homme. Pour tenter de combler ce déficit de consommation, la première étude a testé l’effet de l’apport de micro-algues riches en DHA couplée à plus ou moins de graines de lin extrudées. Dans la deuxième étude, la technologie de préparation des graines de lin a été testée. La modification des conditions d’extrusion a montré l’importance de la technologie de traitement des graines sur la digestion et la disponibilité des acides gras. Dans cette étude, l’utilisation de graines dont la pellicule qui les entoure était ou non enlevée a été testé afin de chercher s’il est possible d’augmenter le dépôt des acides gras n-3. Dans les deux études, les performances de croissance des animaux et le dépôt des acides gras dans la viande ont été étudiés. Etude 1 : Effet de l’apport de teneurs différentes en ALA et DHA des régimes sur les performances de croissance des porcs et le dépôt des acides gras dans la viande. Des régimes apportant soit des graines de lin extrudées (GLE) comme source exclusive de lipides ou bien des micro-algues (ALG), ou des mélanges ¾ GLE ¼ ALG ou ½ GLE ½ ALG ont été comparés à un régime témoin standard. Les régimes isolipidiques à 3% apportaient 0,55 g d’ALA par kg d’aliment et des traces de DHA pour le régime témoin ; 3,9 g ALA et des traces de DHA pour le régime GLE ; 3,2 g ALA et 1,7 g DHA pour le régime ¾ GLE ¼ ALG ; 2,4 g ALA et 3,3 g DHA pour le régime ½ GLE ½ ALG ; 6,9 g ALA et 7,3 g DHA pour le régime ALG. Les performances de croissance des animaux n’ont pas été modifiées. Les dépôts des acides gras n-3 sont en relation avec la quantité ingérée et le DHA est retrouvé dans la viande (fig 1). Il semble donc peu utilisé pour le métabolisme énergétique. La teneur en ALA dans la côte de porc d’animaux du lot GLE est multipliée par 5 par rapport aux porcs du lot témoin (P
350 6,0 300 mg d'AG/100 g de viande ALA TEM 5,0 250 DHA GLE + 200 4,0 GLE - % AG 150 3,0 100 2,0 50 1,0 0 TEM GLE 3/4 GLE 1/2 GLE ALG 0,0 1/4 ALG 1/2 ALG TA LD Figure 1 teneur en ALA et DHA (mg/100g de Figure 2 Comparaison des % de n-3 totaux déposés viande) de la côte de porc en fonction des dans le tissu adipeux et dans le muscle en fonction régimes (n=10 porcs/lot) des graines dépelliculées (GLE +) ou non (GLE -). (n=10porcs/lot) Etude 2 : Effet d’apport de graines de lin dépelliculées ou non dans le régime sur les performances de croissance et le profil des acides gras dans la viande Des régimes apportant soit des graines de lin extrudées (GLE) que l’on peut qualifier de traditionnelles (GLE +), soit des graines de lin extrudées dont la pellicule a été enlevée (GLE -) comme source de lipides ont été comparés à un régime témoin standard. Les performances de croissance des animaux sont identiques. Le pourcentage d’acides gras totaux n-3 est supérieur chez les porcs du régime GLE- par rapport à ceux du régime GLE + et cela dans tous les tissus étudiés (fig. 2). La comparaison de moyenne montre une différence significative dans le tissu adipeux (P
SESSION 1 Nutrition : Carrefour des pratiques agricoles et alimentaires Présidents de séance : Dr Bernard SCHMITT (CERNh) – Guillaume CHESNEAU (VALOREX) Quand les pratiques agricoles contribuent à améliorer nos apports nutritionnels : exemple de la vache laitière Catherine HURTAUD (INRA)
Effet de différentes formes d'apport d'omégas 3 sur le profil en acides gras des laits de vaches et les propriétés sensorielles des fromages et des beurres L’alimentation de la vache laitière a un impact fort sur la qualité nutritionnelle des produits car il existe une relation entre les acides gras (AG) ingérés et ceux du lait. On peut améliorer la qualité nutritionnelle en introduisant dans l’alimentation des vaches laitières des AG intéressants pour la santé humaine. Il est donc important d’améliorer l'efficacité du transfert des AG de l'aliment des animaux à l'aliment des hommes. Deux voies d'amélioration de l'efficacité de transfert des AG n-3 ont été étudiées : nouvelle technique de traitement des graines de lin et utilisation de micro-algues riches en DHA. Ces aliments (lin riche LF+ ou pauvre en fibres LF-, micro-algues ALG, mélange micro-algues-lin riche en fibres LF+/ALG) ont été comparés à un régime témoin (ensilage de maïs, concentré céréales et tourteau de soja TEM) ou à ce même régime complété par du lin extrudé LIN. Cette expérimentation a été réalisée selon un schéma en continu sur 48 vaches laitières en milieu de lactation (6 lots de 8 vaches). Une analyse de covariance a été réalisée selon la procédure GLM de SAS. L’effet « traitement » a été testé. Le traitement LIN n’a eu aucun effet significatif sur les paramètres laitiers (production laitière, teneurs en matières grasse et protéines) par rapport au traitement TEM. Les traitements ALG et LF+/ALG ont induit une forte diminution de la production laitière (respectivement -2,8 et -6,0 kg/j) et de la teneur en matières grasses du lait (respectivement -17,3 et -17,9 g/kg). Le profil en AG des laits a été modifié : augmentation du pourcentage de C18:3 n-3 avec les traitements LIN, LF-, LF+ et LF+/ALG (respectivement 0,30, 0,28, 0,32 et 0,26 %), augmentation du C22:5 n-3 avec ALG et LF+/ALG (respectivement 0,43 et 0,15 %). La taille médiane des globules gras a été significativement réduite (2,20 et 2,35 vs 3,66 µm respectivement) avec les traitements ALG et LF+/ALG. La lipolyse spontanée a été évaluée par différence entre les acides gras libres (AGL) initiaux et les AGL présents dans le lait après 24 h de stockage à 4°C. La quantité d’AGL initiaux et la lipolyse spontanée ont été supérieures pour les traitements ALG et LF+/ALG (0,95 et 0,87 vs 0,40 mEq/100g de MG pour les AGL initiaux et 1,12 et 0,54 vs 0,24 mEq/100g de MG pour la lipolyse spontanée). Le lait issu du traitement LF+/ ALG a été plus riche en protéines solubles. Des fabrications beurrières et fromagères de type pâte pressée cuite ont été réalisées avec les laits TEM, LF+, ALG et LF+/ALG. La fabrication de beurre n’a pas été possible avec les crèmes des traitements ALG et LF+/ALG. Les paramètres de fabrication n’ont pas été différents entre TEM et LF+. Le beurre LF+ a eu tendance à être moins dur et était moins jaune. Concernant les propriétés sensorielles, le beurre LF+ avait une odeur et une flaveur rances moins prononcées (respectivement -1 et -1,2 points) et une flaveur crème plus intense (0,5 point) que le beurre TEM. Le rendement fromager en frais a été plus élevé avec LF+/ALG (0,52 kg/100 kg par rapport à TEM). Par contre, le rapport gras/sec et l’extrait sec du caillé ont été moins élevés avec ALG et LF+/ALG et le lactosérum était plus riche en matières grasses. Les fromages ALG et LF+/ALG ont été jugés moins colorés, plus ouverts, moins fermes, plus élastiques, plus granuleux et plus piquants. En conclusion, le lin LF+ est très bien valorisé par les vaches laitières. Les laits sont enrichis en C18:3 et sont similaires à ceux du lin « normal ». Ils ont de bonnes aptitudes à la transformation beurrière et fromagère et les produits obtenus ont de bonnes propriétés sensorielles. Les micro-algues ont eu un effet exacerbé : les vaches ont produit moins de lait mais un lait demi-écrémé enrichi en DHA. Les micro-algues ont probablement perturbé les fermentations ruminales entraînant une régulation négative de la production laitière et de la matière grasse secrétée sous forme de petits globules gras. La synthèse des phospholipides et des triglycérides pourrait avoir été perturbée. Ceci expliquerait les niveaux d’AGL initiaux et la lipolyse spontanée des laits plus élevés. Des essais seraient nécessaires pour trouver la bonne dose, la forme d’apport et le bon ratio LF+/ALG afin de valoriser au mieux leur intérêt nutritionnel.
SESSION 1 Nutrition : Carrefour des pratiques agricoles et alimentaires Présidents de séance : Dr Bernard SCHMITT (CERNh) – Guillaume CHESNEAU (VALOREX) Quand les pratiques agricoles contribuent à améliorer nos apports nutritionnels : exemple de la poule pondeuse et du poulet de chair Elisabeth BAEZA (INRA)
Effet de différentes sources alimentaires en acides gras n-3 sur les performances de croissance et la qualité technologique, nutritionnelle et sensorielle de la viande de poulets L’objectif de cette étude était d’augmenter la teneur en acides gras (AG) n-3 de la viande sans altérer ses propriétés sensorielles et/ou technologiques ni les performances de croissance de poulets élevés en conditions standards. Des poulets mâles de souche Ross 308 ont été répartis en 5 lots correspondant à 5 types d’aliment pour les périodes de croissance et de finition : témoin (T), contenant des graines de lin extrudées riches en fibres (GLE), des graines de lin extrudées à faible teneur en fibres (GLDP), des microalgues (MA) ou une association de 75% GLDP et 25% MA (GLDP+MA). L’apport de microalgues dans le régime alimentaire a provoqué une diminution de la consommation alimentaire sans affecter la croissance des animaux qui présentaient un meilleur indice de consommation que ceux des autres lots pour les périodes de croissance et finition et pour la période globale d’élevage. L’apport de lin dans le régime alimentaire n’a pas modifié les performances de croissance des animaux par comparaison avec le lot témoin. L’enrichissement en AG n-3 du régime alimentaire a peu affecté la composition corporelle des animaux, le pH ultime et la couleur des filets. L’apport de microalgues dans le régime alimentaire a accru la sensibilité de la viande à l’oxydation. La teneur en lipides des filets n’a pas été affectée par le traitement alimentaire. Les filets des poulets alimentés avec les régimes contenant des graines de lin et/ou des microalgues sont bien enrichis en AG n-3 (X 2,4 à 3,9 par rapport au témoin). Avec les graines de lin, c’est essentiellement la teneur en acide linolénique qui est accrue et avec les microalgues, c’est surtout la teneur en AG n-3 à longues chaînes qui est augmentée. L’enrichissement en AG n-3 du régime alimentaire n’a pas eu d’impact sur la qualité sensorielle des filets. Par contre, les cuisses du lot MA ont la plus faible note pour la flaveur « poulet » et la note la plus élevée pour la flaveur « anormale » correspondant en fait à une flaveur de poisson. Effet de différentes sources alimentaires en acides gras n-3 sur les performances de ponte et la qualité technologique, nutritionnelle et sensorielle des œufs L’objectif de cette étude était d’augmenter la teneur en acides gras (AG) n-3 des œufs sans altérer leurs propriétés sensorielles et/ou technologiques ni les performances de ponte des poules. Des poules pondeuses de souche 477 ont été réparties en 5 lots correspondant à 5 types d’aliment pour le début de la période de ponte: témoin (T), contenant des graines de lin extrudées riches en fibres (GLE), des graines de lin extrudées à faible teneur en fibres (GLDP), des microalgues (MA) ou une association de 75% GLDP et 25% MA (GLDP+MA). L’enrichissement en AG n-3 du régime alimentaire n’a pas eu d’effet sur les performances de ponte, le poids vif des poules et la viscosité du blanc d’œuf. Les poules nourries avec l’aliment contenant des microalgues ont produit des œufs dont le jaune était plus rouge et plus foncé suggérant la présence de pigments rouges dans la préparation de microalgues. Néanmoins, la faible différence de coloration avec les autres lots n’est en principe pas perceptible par l’œil humain. La mesure avec l’échelle DSM de la coloration du jaune d’œuf par les jurés d’analyse sensorielle n’a effectivement pas mis en évidence d’effet de l’aliment sur ce paramètre. La teneur en lipides des œufs n’est pas affectée non plus par le traitement alimentaire. Les œufs des poules alimentées avec les régimes contenant des graines de lin et/ou des microalgues sont bien enrichis en AG n-3 (teneur X 2,5 à 2,9 par rapport au témoin, P < 0,001). Avec les graines de lin, c’est essentiellement la teneur en acide linolénique qui est accrue (X 3,0 à 3,4 par rapport au témoin, P < 0,001) et avec les microalgues, c’est surtout la teneur en AG n-3 à longues chaînes qui est augmentée (X 4,1 par rapport au témoin, P < 0,001). La source alimentaire en lipides n’a pas eu d’effet sur la qualité sensorielle des œufs cuits à la coque à l’exception du critère « flaveur anormale » dont la note est plus élevée pour le lot MA avec un qualificatif de flaveur de poisson.
SESSION 2 Nutrition & Environnement : Manger sain est-il bon pour ma planète ? Présidents de séance : Jacques MOUROT (INRA) – Nathalie KERHOAS (BLEU-BLANC-COEUR) Exemple de l’ANR OCAD : Quelle compatibilité entre qualité nutritionnelle et environnementale de l’alimentation en France : apports de l’épidémiologie nutritionnelle et de la modélisation de rations Nicole DARMON (INRA, INSERM)
Quelle compatibilité entre qualité nutritionnelle et environnementale de l’alimentation : apports de l’épidémiologie nutritionnelle et de la modélisation Contributeurs : Florent Vieux, Gabriel Masset, Tangui Barré, Marlène Pérignon, Rozenn Gazan, Marie-Jo Amiot et Matthieu Maillot. Dans le cadre des projets DUALINE et OCAD mais aussi dans le cadre des thèses de Florent Vieux (soutenue en déc 2012, Tangui Barré (soutenance en déc 2016) et Rozenn Gazan (thèse en cours), du projet AVASUN financé par la fondation Carasso (post doctorants : Gabriel Masset, puis Marlène Pérignon) et des projets WANTED et PAV financés par le projet du métaprogramme DID’IT de l’INRA Les régimes durables ne sont pas seulement des régimes à faible impact environnemental. Selon la FAO, pour être qualifiés de durables, ils doivent aussi être culturellement acceptables, accessibles économiquement viables et abordables, ainsi que ‘nutritionnellement adéquats, sûrs et sains’. Notre équipe de recherche en nutrition a conduit en France des études dont l’objectif général était de clarifier les relations entre la nutrition et les autres dimensions de l’alimentation durable, tout en cherchant à identifier des choix alimentaires plus durables. Sur le plan méthodologique, ces études ont nécessité i) la compilation de données hétérogènes auxquelles nous avons appliqué des ii) approches de type épidémiologique et iii) des modélisations. i) Compilation de données hétérogènes Nous avons compilé, pour un nombre d’aliments génériques compris entre 200 et 400 aliments selon les études, des bases de données « complètes » dans lesquelles ont été réunies, au-delà des teneurs en énergie et nutriments dans les aliments, des informations telles que le niveau de contamination en diverses substances (données de l’étude EAT2 de l’ANSES), des informations sur des facteurs - tels que la teneur en acides aminés, fer héminique ou en acide phytique ou encore le type de matrice alimentaire - connus pour influencer la biodisponibilité de certains nutriments clés (protéines, fer, zinc, vit A), ainsi que des informations sur la distribution des consommations des aliments dans la population, la taille des portions consommées ainsi que le prix moyen des aliments. Des données d’impact environnemental ont été obtenues pour plusieurs indicateurs (émissions de gaz à effets de serre-EGES, acidification, eutrophisation) à l’aide d’une méthode hybride combinant des approches de type analyse de cycle de vie et de type Input/Output (Bertoluci et al., 2016). ii) Approches de type épidémiologique Caractéristiques des diètes observées L’analyse des consommations alimentaires réelles des adultes de l’étude INCA2 a mis en évidence une très forte variabilité inter-individuelle de l’impact environnemental des diètes, et une corrélation positive forte entre les apports énergétiques totaux et les EGES (R² = 0,57) (Vieux et al., 2012). Ainsi, le premier levier pour réduire l’impact environnemental de notre alimentation est sans aucun doute de consommer juste ce dont nous avons besoin, pas plus, ce qui est totalement en accord avec les messages de santé publique pour combattre le surpoids et l’obésité. L’épidémiologie nutritionnelle a aussi permis de montrer que, dans les diètes telles qu’elles sont consommées aujourd’hui en France, la compatibilité entre l’adéquation nutritionnelle et un moindre impact environnemental ne va pas de soi. Par exemple, les adultes dont
l’alimentation a la meilleure qualité nutritionnelle ne sont pas ceux dont l’alimentation a le plus faible niveau d’EGES (Vieux et al., 2013). Identification de déviants positifs Nous avons voulu savoir s’il était possible d’identifier quelques individus qui, au sein de l’échantillon des adultes de INCA2, avaient quand même une alimentation à la fois faiblement impactante et de bonne qualité nutritionnelle. Nous avons donc cherché à vérifier s’il existait des diètes observées « plus durables » que d’autres. Pour les identifier, nous avons extrait, parmi l’ensemble des diètes observées, celles qui avaient à la fois des EGES inférieures à la médiane et une qualité nutritionnelle (estimée par l’indicateur PanDIet) supérieure à la médiane (Masset et al., 2014). Ces diètes « plus durables » représentaient à peu près 20 % de l’ensemble des diètes observées : leur niveau d’EGES était réduit de 19% et 17% par rapport à la moyenne nationale respective des hommes et des femmes, et ce sans coût additionnel. Ces diètes différaient des autres principalement par un apport énergétique total plus faible (kcal/jour) et une densité énergétique plus faible également (kcal/100g). Leur composition, en termes de contribution calorique des groupes et sous- groupes d’aliments, n’était pas radicalement différente de la diète moyenne observée, notamment aucun groupe ni sous-groupe n’était supprimé. Les diètes « plus durables » se distinguaient tout de même par des proportions plus élevées de féculents, fruits et légumes (F&L) et fruits oléagineux et plus faibles de viandes, plats complets contenant de la viande et boissons alcoolisées. Ces différences étaient de faible ampleur mais statistiquement significatives. En revanche, il n’y avait aucune différence significative entre les diètes «plus durables» et la diète moyenne concernant la part des produits laitiers, ou celle des produits de grignotage sucrés ou salés. iii) Modélisations Scenarios de réduction de viande Nous avons simulé une réduction de la consommation de viande et analysé son impact sur les EGES (Vieux et al., 2012). Les résultats ont confirmé que la réduction de la consommation de viande est un levier majeur pour baisser les EGES, mais montraient dans le même temps que le choix des aliments qui viennent substituer la viande est crucial. La substitution iso-énergétique par des F&L avait un impact négatif sur l’environnement, en raison des grandes quantités de F&L nécessaires. Modélisation de rations par programmation linéaire - Jusqu’où est-il possible de réduire les EGES tout en respectant les recommandations nutritionnelles ? Pour le savoir et identifier les changements alimentaires nécessaires, nous avons utilisé la modélisation par programmation linéaire : l’étude a montré qu’une réduction maximale de 70% était atteignable mais des changements alimentaires majeurs seraient requis, susceptibles de compromettre l’acceptabilité des diètes modélisées (Perignon et al., 2016) . - Quelle compatibilité entre nutrition et toxicologie, 2 sous-domaines de la dimension nutrition de l’alimentation durable ? Aborder la dimension nutrition par la seule adéquation aux apports nutritionnels conseillés est réducteur. Une augmentation de la consommation de F&L, de produits céréaliers complets et de poisson est recommandée pour l’équilibre nutritionnel alors ces aliments sont des contributeurs majeurs à l’exposition à certains contaminants alimentaires (dioxines dans les poissons, résidus de pesticides dans les fruits…). Nous avons développé des modèles spécifiques pour savoir si les choix alimentaires permettant de respecter les recommandations nutritionnelles ne risqueraient pas d’augmenter l’exposition à certains
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