Dossier Gaia - Office 64 de l'habitat
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Dossier Gaia
LA QUESTION DU LOGEMENT POUR LES JEUNES
DOSSIER
Le FJT sis boulevard du Rempart Lachepaillet à Bayonne dispose de 45 studios meublés à destination des 16-25 ans.
Le casse-tête
du logement pour
les jeunes travailleurs
Dans un marché immobilier tendu, c’est parfois la croix et la
bannière de trouver un hébergement pour les saisonniers et les
jeunes travailleurs. Le territoire cherche à se mobiliser afin de
leur proposer des solutions adaptées.
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hutsa
La fermeture fera estimer par les Domaines.
Mais il ne sera pas question de
de l’auberge surenchère, ça c’est clair.” Quand les artisans
de jeunesse La fermeture de l’auberge de jeu-
de Biarritz, nesse de Biarritz, après celle
d’Anglet en 2017, ne signe pas
œuvrent...
après celle pour autant la fin du tourisme
soc ial sur la côte basque. A Les quatre logements ne sont pas encore ouverts qu’un
d’Anglet Bayonne une nouvelle structure hôtelier du village a d’ores et déjà posé une option sur l’un
en 2017, a pris pignon sur rue dans l’ex-
hôtel de la Gare, rue Sainte-
d’eux. “Pour ses saisonniers, explique Marianne Sage. Ce n’est
pas toujours facile d’en trouver quand on n’a pas de logement à
ne signe pas Catherine. Un coup de cœur des leur proposer.”
deux associés aux manettes,
pour autant Thomas Tequi et Adrien Bérard. Marianne et Tristan Sage sont installés à Sare depuis 2010. Ils
la fin Cerise sur le gâteau : la gare mul- y avaient repris la boucherie-charcuterie-traiteur du village et
timodale de Bayonne n’est qu’à souhaitaient développer leur offre. Mais où ? Face à leur com-
du tourisme quelques pas. Les deux hommes merce, une maison aux volets clos. Une ancienne boucherie
n’en sont pas à leur première au- en rez-de-chaussée et annexe hôtelière aux deux étages
social berge : ils en ont créée une voilà supérieurs. Si les commerçants savent que faire du rez-de-
quelques années à Bordeaux. Sa chaussée (boutique et atelier de transformation, salaison et
sur la côte basque petite sœur portera presque le conserves, bistrot-charcutier), ils s’interrogent sur le haut.
même nom, Hostal 20 Bayonne.
Au fil des rencontres avec les professionnels du tourisme, leur
A Bayonne, ils bouclent leur pro- projet mûrit. Ce sera un gîte au premier étage et des loge-
jet. Projet qui, à 900 000 euros ments pour les saisonniers au second (deux studios, un
hors taxe, séduit des investis- appartement de type T2 et un de type T3).
seurs. Le concept des auberges
de jeunesse est loin d’être mort. Leur gestion ne leur fait pas peur : ils ont fait l’école hôtelière.
Ce premier trimestre, le rez-de- Reste à boucler le budget, avec une aide globale de la
chaussée de l’immeuble a été en Région de 55 562 euros. L’hébergement pour les saisonniers
pleins travaux de réhabilitation ouvrira dès juin. “Nous louerons le studio 380 euros par mois”,
et a ouvert le 22 mars. A la clef, poursuit Marianne Sage qui, avec son époux, a connu les
© DR cinq dortoirs, dont un réservé affres du logement saisonnier, parfois indigne, il y a une quin-
aux femmes, qui accueilleront zaine d’années : “On en a fait des saisons !” Il y aurait comme
hutsa
jusqu’à 25 personnes. La capacité un petit air de revanche.
Virginie BHAT projet : des logements pour montera à 90 lorsque la seconde
étudiants et saisonniers. “Il y a phase des travaux dans les
L
es rendez-vous se poursui- un réel besoin”, argue Maud étages supérieurs sera achevée à
vent. Des bailleurs sociaux C a s c i n o. S a n s o u b l i e r l e s l’hiver prochain. A terme, l’éta-
ont manifesté leur intérêt. quelque 250 000 euros de tra- blissement roulera avec une di-
Ainsi que le Foyer des jeunes tra- vaux qu’il aurait fallu pour re- zaine de salariés.
vailleurs de Bayonne”, explique mettre l’édifice aux normes. Or
Maud Cascino, adjointe à l’urba- la ville a d’autres priorités bud- La nouvelle auberge compte
nisme à Biarritz. En cette nouvelle gétaires. Et si d’occasion, l’opé- bien s’ouvrir à d’autres per-
année 2021, une page s’est tournée rateur apportait dans son es- sonnes que les jeunes routards.
dans la cité impériale. Son hôtel carcelle un projet de logement Ses responsables savent que des
du Palais a rouvert ses portes ; son social à l’arrière de celle qui saisonniers, des stagiaires, des
auberge de jeunesse a refermé les s’affiche encore auberge de jeu- intérimaires… rencontrent des
siennes. Définitivement. La muni- nesse à l’orée du lac Mouriscot. difficultés à trouver un loge-
cipalité biarrote, propriétaire des La parcelle où celle-ci est assise ment. Depuis un an, ses diri-
lieux, lui dessine une autre desti- a de quoi : 5 965 m2. “On peut y geants le vivent à Bordeaux.
née que le tourisme social. construire du R+1, plus com- “Avec la crise, certains en attente
b l e s ”, p r é c i s e l ’é lu e . P o u r d’un contrat étaient quasiment à
En fait, Biarritz veut s’en dé- l’heure, on ne sait combien va- la rue. Nous sommes restés ou- A Sare, quatre logements seront réservés aux saisonniers. © G. FAUVEAU
faire au profit d’un autre lent le terrain et son bâti. “On le verts et avons adapté notre offre,
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avec des contrats d’hébergement “Le flux estimé
au mois à 350 euros. Ils ont pu
ainsi se poser un mois ou deux.” [de saisonniers,
“Poste de plongeur au sein de
NDLR]
l'équipe du restaurant […] deux chaque année
postes à pourvoir un en CDI et un
saisonnier […] ATTENTION POSTE avoisinerait
NON LOGE.” Même en ces temps
d’incertitude, les structures de
les 6 000
l’hôtellerie, de la restauration, de
la vente… ont lancé leurs offres
personnes”,
d’emploi. La saison approche à la CAPB,
grands pas. A défaut de donnée
exhaustive, “le flux estimé [de “PLH
saisonniers, NDLR] chaque année
avoisinerait les 6 000 personnes”,
2020-2025 –
indique la Communauté d’agglo- Rapport
mération Pays Basque (CAPB)
dans son document “PLH 2020- de diagnostic”
2025 – Rapport de diagnostic”.
L’emploi saisonnier est un enjeu
économique fort pour le terri-
toire, or le logement de ces sala-
riés d’une saison est un point
noir au Pays Basque. De facto,
leur demande d’hébergement
tombe pile-poil au moment des
locations touristiques dans un
marché immobilier tendu par
ailleurs. Et ils ne gagnent pas des
mille et des cents pour avoir la Sur les communes de Bayonne, Biarritz et Bidart, entre autres, des solutions d’hébergement sont proposées aux jeunes actifs et étudiants.
main sur ces dernières.
C’est alors le système D. Chez des C’est justement l’une des pistes diantes où au fil des saisons les eux-mêmes les saisons”, pointe
copains, en camping, en camion envisagées par le Programme lo- uns et les autres se succéde- du doigt Thierry Montet, direc-
stationné d’une rue à l’autre, cal de l’habitat Pays Basque. Sa raient. Et de citer l’expérience teur de l’Office 64 de l’Habitat
d’une plage à une autre… Mais ces feuille de route s’attaque à la menée sur Bidart il y a quelques qui gère la résidence.
formules précaires ne sont pas la question de l’hébergement des années avec l’Office 64. A
panacée. “Ils ne trouvent pas le re- “Certaines saisonniers et des jeunes travail- Bayonne, c’est le projet de Seaska A l’instar de l’Agglo ou du Dépar-
pos dans des campings en été”,
avance ainsi Michel Larralde, se-
communes leurs. Car si “certaines com-
munes ou des professionnels pro-
qui pointe son nez sur ce cré-
neau à l’hôtel des Basques.
tement, la Région, le tourisme
dans son escarcelle, s’attelle à la
crétaire général de la CFDT Pays ou des posent des réponses concrètes à question. Parmi les dispositifs
Basque. Les professionnels quali- ces personnes, celles-ci restent li- Reste que la résidence étudiante d’aide (voir encadré) : un appel à
fiés qui travaillent en hiver dans les professionnels mitées”. La CAPB affiche son ob- à Bidart n’accueille pas tant de projet pour l’accueil des saison-
stations de ski partent vers la côte jectif : “accompagner les expéri- saisonniers extérieurs que cela. niers en période estivale. C’est
d’Azur où des structures d’héberge-
proposent mentations en matière de D’un côté, la saison touristique dans ce cadre qu’ “une première
ment existent à leur intention. Il des réponses logement temporaire et de ne cesse d’étendre ses filets au- initiative avait été lancée dans les
pourrait y avoir des logements mixité occupationnelle”. Elle ac- delà des traditionnels mois de Landes entre le lycée de Parentis
partagés entre étudiants et saison- concrètes compagne déjà Soliha “dans son juillet et août. Avec des contrats et Soliha, explique Emilie Du-
niers, les premiers partant en stage projet d’habitat modulaire” pour saisonniers en conséquence toya, conseillère régionale. L’in-
quand les seconds viennent tra- à ces personnes, des saisonniers de l’hôtellerie dont la durée empiète sur l’an- ternat du lycée proposait une
vailler…” Avec des financements
croisés des collectivités pour ce
celles-ci restent l’été et des étudiants l’hiver. Au-
tre levier : la mutualisation des
née universitaire. De l’autre, “de
nombreux étudiants gardent un
cinquantaine de chambres à prix
maîtrisé.” L’an dernier, quatre ré-
faire ou d’Action Logement. limitées” structures type résidences étu- pied au Pays Basque car ils font sidences universitaires du Clous
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Le FJT dispose aujourd’hui de
sept résidences, réparties le long
Le piment recherche de la côte basque, et 26 apparte-
ments diffus. Soit 150 loge-
ments et 188 lits. En fin d’année,
voie d’hébergement saisonnier il doit pendre possession d’une
nouvelle résidence, 22 loge-
ments, à Cam de Prats, créés par
“Les producteurs de kiwi ont créé deux zones Pour résoudre le problème de leur accueil, Habitat Sud Atlantic. Quatre-
d’hébergement de 5 000 mètres carrés pour une première réunion s’est tenue en septem- cent-soixante-dix jeunes ont été
accueillir leurs saisonniers. Avec des préfabriqués, bre dernier, entre les productions de piment, accueillis en 2019. Un accueil
des sanitaires…”, explique Panpi Olaizola, prési- les élus de la zone, la Communauté d’agglo- qui de 18-25 ans, a été élargi
dent du Syndicat du piment d’Espelette. mération Pays Basque (CAPB), la MSA, le grou- aux 16-30 ans. A leurs côtés, une
“Zones qui ont été financées par nos collègues, pement d’employeurs agricoles (GEA)... Un équipe de treize salariés. Pour
leur communauté de communes et la mutuelle autre projet d’hébergement se dessine : “la autant, il ne peut pas répondre à
sociale agricole (MSA). Nous avons bien envisagé création d’aires de camping à la ferme de petite toutes les demandes d’autant
de prendre exemple. Nous avons bien cherché taille afin d’en faciliter l’aménagement au regard que certains parcours peuvent
deux communes ici… Mais surtout, nous avons de la règlementation en matière d’urbanisme”, durer jusqu’à deux ans entre
réalisé que la saison du kiwi n’était que de trois à note la CAPB. ses murs. Le FJT reçoit quand
quatre semaines, alors que la nôtre s’étale sur six m ê m e a ut o u r d e 1 2 0 0 d e -
mois. On ne pourrait pas gérer ce système sur Si les producteurs ne sont pas insensibles à mandes par an.
une aussi longue période.” cette solution, restent des questions qui ne
sont pas encore résolues. A savoir qui va D’autres pistes d’hébergement
L’hébergement des quelque 250 saisonniers financer leur aménagement sur les exploita- en faveur de jeunes travailleurs
sur l’appellation relève un peu du casse-tête tions ? “Nous ne voulons pas échapper à nos res- sont explorées et la cohabitation
aujourd’hui. La plupart viennent désormais ponsabilités, mais nous demandons que nos par- est une porte poussée. Il existe le
hors des frontières hexagonales. Dans leurs tenaires s’y investissent aussi”, relève le prési- dispositif “Un, deux toit” poussée
camions où ils dorment et qu’ils disséminent dent syndical. Ce dispositif est-il de par la loi par la Région depuis 2010 où les
là où ils peuvent. Il y a eu quelquefois des considéré comme un avantage en nature ? jeunes sont logés chez des parti-
petites échauffourées… Et “en octobre le climat Entre-t-il dans le cadre d’un dispositif touris- culiers. De son côté, l’Office 64 de
change, s’indigne Michel Legagnoa, produc- tique ou agricole... Autant d’ombres au l’Habitat table sur la cohabitation
teur. Ils ont le droit à un hébergement décent.” tableau. intergénérationnelle. Objectif :
© DR / I. MIQUELESTORENA proposer à ses locataires de plus
de 60 ans d’accueillir des jeunes
travailleurs de moins de 30 ans
Pays Basque allaient se mettre mer pour trouver un logement. tion voilà 60 ans, l’organisation lorsque, célibataires ou en cou-
sur les rangs quand la Covid-19 a Bien des jeunes travailleurs se re- incontournable a évolué. Avec “La précarité des ple, ils occupent des apparte-
débarqué. De son côté, Soliha trouvent dans la même galère. En son public et la société. “Il faut ments de type T4 ou T5. “Nous
Nouvelle-Aquitaine serait prête à dépit des aides qui ne suffisent être à l’écoute des jeunes et de ce jeunes adultes avons répertorié 250 logements
repartir en 2021. pas toujours sur un marché im- dont ils ont besoin”, commente ainsi sous-occupés. Nous nous
mobilier tendu. “La précarité des Jean Durruty, son président. Pari existe, sommes rapprochés de l’associa-
Sont-ce les coups de pouce fi-
nanciers des collectivités qui
jeunes adultes existe, confrontés à
de bas salaires et une crise du mar-
de l’évolution gagné : son taux
d’occupation a été de 92 %
confrontés tion Maillâges pour une dé-
marche de prospection.”
poussent ça et là des projets en ché explosive. C’est un cocktail dé- en 2019 et à fonds publics à de bas salaires
faveur des saisonniers ? Tou- tonnant. Or, le logement fait partie constants, il est parvenu à lo- Si l’hébergement de jeunes tra-
jours est-il qu’à Saint-Jean-de- des droits fondamentaux, com- ger 30 à 40 % de jeunes en plus. et une crise vailleurs et de saisonniers se met
Lu z , l ’ h ô t e l q u i d o i t ê t r e mente ainsi Corine Picard de la en marche, avec des initiatives
construit à l’îlot Foch y planche. Mission locale jeunes Pays Basque. C’est ainsi que la structure est
du marché (…). complémentaires les unes des
A Biarritz, les Serres de la Mi- Logés, les jeunes sont sécurisés.” passée d’une grande cantine et Or, le logement autres, “malgré tout on est
lady, jusqu’à présent investies de chambres à des studios tout confronté à un manque criant”,
par des artistes, locataires, pour- C’est justement un peu la devise équipés. Même en wifi. Leur fait partie note Emilie Dutoya qui appelle à
raient être arasées en faveur de du FJT Pays Basque : “Un toit loyer sont à la mesure des mis- réflexion commune. Marché
ce type d’hébergement. pour avancer”. Et ne dites plus sions sociales du FJT : “Avec les des droits tendu, contrats courts, sélectivité
Les travailleurs saisonniers ne
“foyer des jeunes travailleurs”
mais FJT. Un nom plus en accord
APL, il restera à la charge d’un
jeune apprenti 50 euros sur un
fondamentaux”, aigüe en parc privé… les obsta-
cles et les contraintes pourront-
sont pas les seuls du territoire à ra- avec son temps. Depuis sa créa- loyer de 400 euros”. C. Picard ils être tous levés ?
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