Le naufrage du Brick-Goëlette " Croisine " - SUR LA COTE DE LA CHAUME (Vendée)
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Le naufrage du Brick-Goëlette « Croisine » SUR LA COTE DE LA CHAUME (Vendée) De gravir les rochers proches des malheureux. C'était de bon matin. Sur la grève déserte, Et malgré les embruns qui les couvrent, apparaissent Seul, je me dirigeais, tout pensif... à pas lents... Apportant dans leurs bras l'homme fermant les yeux. La mer était mauvaise, et dessus l'onde verte Des soins lui sont donnés ; il revient à la vie, S’élevaient, en criant, mouettes et goélands On l'emmène aussitôt le coucher chaudement, Le vent soufflait du large, par moments, en furie ; Pour cacher à ses yeux cette mer en furie, Et je plaignais le sort des pauvres matelots Qui prit ses compagnons, deux beaux enfants pourtant. Qui affrontent la mer pour y gagner leur vie Et qui, par trop souvent, y trouvent leur tombeau. Mais à bord du navire on voit l'autre chaloupe Lancée par-dessus bord sur les flots irrités, Puis le temps s'obscurcit et, par suite, la pluie Par ceux qui sont restés. A présent, l'on redoute Vint tomber à torrents, cachant à mon regard Qu'ils subissent le sort des deux infortunés. Les flots tumultueux... Et j'invoquais Marie L'un s'embarque, pourtant, mais une grosse lame Pour les bravos pêcheurs se trouvant en retard. Vient s'abattre en entier sur le fragile esquif. Une éclaircie enfin me fit voir une voile Et l'homme disparaît. Prions Dieu pour son âme. Venant du Nord-Noroît : c'était un bâtiment La chaloupe seule toucha sur le récif. Longeant la terre en grand, et presque à sec de toile. C'est alors que l'on vit sur le pont du Croisine, Quelle route suivait ce navire marchand,... Car l'on savait son nom en voyant le canot, C'était un brick - goélette, un fort et beau navire, L'on vit ces malheureux construire, on le devine, Ayant avec son foc et son petit hunier Avec planches, barils, un infime radeau.... Deux ris de brigantine ; et la barque en délire La mer tombant toujours, l'on espérait quand même Vint donner cap en grand, sur un affreux rocher, Pouvoir venir en aide à ces pauvres marins ; De ceux bordant au loin la côte inaccessible Mais ils étaient bien loin, distance trop extrême. Pour les pauvres marins qui viennent la chercher. On attendait là, tous, impuissants; mais enfin Et le navire fuyait, sur la vague terrible... Le canon porte-amarre arrive sur la grève, Quand il revient du lof, évitant de toucher... Traîné par les douaniers et de braves pêcheurs ; On pare la fusée, les amarres, sans trêve, Mais il est signalé ! Là-bas, du sémaphore Et puis chacun de nous espère, au fond du cœur. Le canon gronde alors, grandi par les échos, Le canon tonnait bien, mais le vent redoutable Et le peuple Chaumois accourt et voit encore Rejette la fusée non loin d'un noir rocher ; Le danger imminent des braves matelots. L'on tire une autre fois, c'est encore semblable, Il tient la cape au sud, et vient droit sur les Barges. Et notre faible espoir vint nous abandonner. « Où peut-il donc passer, ce pauvre bâtiment ? » Tout effort à présent est donc bien inutile, Là, pour comble, pas d'eau ! Spectacle terrifiant! L'on ne pourra donc pas sauver ces malheureux ? Il veut passer pourtant, saisi d'un espoir vague, Alors nous pleurons tous, d'une rage indicible, Près du phare isolé qui guide le pêcheur Voyant se dérouler ce drame sous nos yeux. Mais il touche ! ô mon Dieu! Puis une énorme vague L'on voit de temps en temps un du brick-goélette Vient le couvrir en grand... « Ils sont perdus ! Malheur ! » Amarrer des débris et les lancer à l'eau : Crient plus de mille bouches, plus de mille poitrines Il croit que la marée à la côte les jette, En voyant ce tableau qui les glace d’effroi. Mais un autre courant les détourne aussitôt. Et chacun implorait la puissance divine... Tout espoir est perdu, l'on se groupe en silence, Pour tous ces chers martyrs : un grand signe de croix ! La mer monte à présent, spectacle terrifiant !... Alors ensuite l'on vit ces hommes de vaillance, Le vent souffle toujours. La mer, dans sa violence, Qui voulaient se sauver, malgré les éléments, Frappe à coups redoublés le pauvre bâtiment. Mettre à flot leur canot ; douce et chère espérance Que t'avaient-ils donc fait, démon insatiable Ils embarquèrent trois, partant tous confiants : Que l'on nomme La Mer, tous ces nobles martyrs ? Une lame aussitôt soulevant le navire, Les roulant en fureur dans ton lit insondable ; Vint couvrir en entier le fragile canot, Tu n'es contente alors qu'à leurs derniers soupirs ! Qui remplit en versant, se relève et chavire, Entraînant avec lui les hommes sous 1e flot ; On ne voit à présent sur le pont du Croisine, Puis l'on voit se dresser sur la lame farouche, Plus que trois malheureux cramponnés aux haubans. Les têtes des martyrs qui surnageaient en vain... De leurs derniers instants pour eux l'heure est voisine... On entend s'échapper soudain, de chaque bouche, Oh ! la cruelle mort ! C'est trop souffrir, vraiment ! Un lourd et long sanglot qui se perd au lointain. La nuit, noire, descend, pour obscurcir le drame... Sur les trois naufragés, deux d'entre eux disparaissent : Le mat penche soudain, il va tomber à bas, Ce sont, je crois, le mousse avec un passager ; Puis le navire tangue et roule dans la lame, L'autre, c'est le novice, il nage et tient sans cesse Oh! Mes pauvres Bretons, quel horrible trépas ! La quille du canot dans son poing tout glacé, L'aumônier sur la grève a dit une prière Mais il est aperçu ; plusieurs marins s'empressent Qui s'envole vers Dieu, pour ces agonisants, Et chacun de nous prie, à genoux, sur la pierre,
Pour les humbles héros qui coulent lentement. Un autre disparaît... Là-bas, le capitaine, Le bateau s'enfonçant, la minute est suprême, Se tient à une planche, il ne veut pas mourir !... Un violent coup de mer le recouvre à mi- mât, Il fait un dernier signe, il se tient à grand' peine, Puis il tombe en arrière, et le mât de misaine, Mais un coup de mer vient, affreux, pour l'engloutir, Emporté par les flots, tombe avec le grand mât. La lame brise et passe... Survient une plus haute Une angoisse terrible étreint notre poitrine, On voit le malheureux, à la tête, blessé, En n'apercevant plus les malheureux marins, Il lâche son épave, et tout près de la côte, Disparus de l'appui que leur donnait Croisine. Il crie et disparaît... Le drame est consommé ! Mais on les aperçoit qui flottent au lointain. Oh! Pour ces beaux enfants, pour ces marins bretons, Ils sont sur le radeau, chacun reprend courage, Morts en martyrs un jour, au pays de Vendée, Chacun veut les sauver, mais la mer en courroux, Pour ces infortunés, très souvent nous prierons, Vient, sinistre, empêcher ce dernier sauvetage : Nous rappelant, hélas ! leur fin prématurée. Le radeau se fend, là, et tout près, devant nous ! On voit un malheureux qui flotte et qui surnage, Ils dorment maintenant sous la terre de France... Il est bien près pourtant, mais trop exténué, Le vieux peuple Chaumois fleurira leurs cercueils ; Alors plusieurs vers lui s'élançant, à la nage, Pour leurs familles en pleurs, prions la Providence Le ramènent à terre, expirant, mutilé. Que la perfide mer n'y sème plus de deuils ! Malgré les meilleurs soins, cet homme de vaillance, PAUL-EMILE PAJOT, Ne peut articuler aucun son, aucun mot, Marin-pêcheur, à la Chaume. Il est mort courageux, comme un vrai fils de France, Enfants, saluons cette race de héros.
La chanson de l’Ote-Vie Sur l'air de : « La guerre, la guerre... » de Yann-Nibor (voir la musique page 26 de l’Almanach 1899) I En avant, Buveurs de cognacs : Brûlez-vous l'estomac !!! Nos aïeux étaient (les colosses, C'étaient des rudes et fiers géants Nous autres ne sommes que des gosses, II A côté de nos vieux parents. Les fabricants la nomment eau d'vie, Les habitants de nos rivages Car pour la vendre il faut mentir ; Ont fait de l’eaudvi leur Bon-Dieu: Les méd'cins l'appellent e Ote-vie », Ils sont plus bêtes que les sauvages Car y a rien d'mieux pour abrutir... Qui l'ont bien nommée l'Eau-de-feu. - Du cœur ! Ne buvons plus, mes frères : Refrain : N'avons-nous pas assez de douleurs ? N'avons-nous pas assez de misères ? Un verre ! Deux verres ! Trois verres: Gardons nos sous pour not' bonheur. Faites donc pas tant d’manières ! Portez vite vot’ argent (Refrain) A ces pauv’s débitants Lisez leurs étiquettes Quelles merveilleuses recettes ! François LE PAPE.
LES MARTYRS DE LESCONIL Drame du 5 octobre 1903. – Cette complainte, qui est rigoureusement exacte, se chante sur l'air de : « Le Vieux Voyou ». C'est un naufrage lamentable, IV Marins, que je viens vous chanter La nuit s'écoulait, lente, affreuse... Des agonies épouvantables, Comme des cadavres ils surnageaient... Luttes et cris désespérés Soudain, la mer déferle et creuse D'abord, cinq hommes qui périrent Des gros brisants sont là, tout près ! Après quatre heures de martyre... C'est le « Soldat », terrible roche Et, toute la nuit par gros temps, La mort hideuse est toute proche... L'homme et le mousse qui dérivèrent Ils roulent dans l'énorme brisant Sur un coffre à filets, pendant Qui va les broyer sur la pierre : Dix-sept heures de mortelles misères ! Le coup d'mer passe en bouillonnant... I (O Ciel, entends donc leur prière !) Le cinq octobre, l'année dernière, V Sept pauvr's pécheurs de Lesconil Comme des goélands dans la tempête Cherchant la sardine (O chimère !) Sur le coup d'mer ils sont portés Partaient, sans souci du péril ; Le coffre et les hommes, sur sa crête, Vers Lorient ils allaient en quête Passent par-dessus tous les rochers ! Du« sprat »...Or, il ventait tempête !... Loin, sous le vent, ils retombèrent... Quand, sous l'vent de l'Ile-aux-Moutons, Mais, hélas ! C'était trop d'misère Une rafale irrésistible Le plus fort, Charlot, ressaisit Chavira les pauvres Bretons Le précieux coffre, et se ranime ; Alors, ce fut un drame horrible... Mais le pauvre mousse tout meurtri II Se laissa couler dans l'abîme !... Les malheureux se cramponnèrent : VI (La barque flottait à fleur d'eau)... Avec le jour vint l'Espérance : Des cris terrifiants ils poussèrent, Charlot voit des sables sous l'vent: Mais l'Ile n'avait aucun canot !... C'est Trévignon. Mais, ô souffrance, C'est en plein jour : vers les trois heures... Ses yeux se ferment, il est mourant... O Dieu, permettras-tu qu'ils meurent ? Dans l'Ile pleurant de désespoir Vers huit heures, il s'échoue à terre Le gardien du phare voit le drame : On accourt près du pauvre frère... Rien à faire !... Et quand vint le soir - Or, pendant que l'vaillant matelot Ils criaient encor dans les lames... Respire et revient à la vie Il murmure le nom d'son bateau III « Rigoletto »... - Quelle ironie !!! La nuit couvrit de son suaire Amis, que ce cruel naufrage L'horrible scène et les mourants : Nous soit une grande leçon Raidis, vaincus, cinq se noyèrent ... Quelques flotteurs de sauvetage Qui dira leurs cruels tourments ! Auraient sauvé ces pauv's Bretons... Deux survivaient crochés au coffre : Faisons tous des corsets en liège! Est-ce le salut que Dieu leur offre ? ... Méritons que l'Ciel nous protège... Toute la nuit les deux pauvres martyrs, Pour sauver la vie d'un marin Leurs couteaux plantés dans l'épave, Faut-il donc une énorme somme : Dérivaient... crispés... sans mollir... Des mille francs, sans doute ?... Oh! bien moins (Pitié, Seigneur : ils sont si braves !) Vingt sous de liège portent un homme ! TAILLEVENT La musique du « Vieux Voyou », par Gaston Maquis, se trouve chez l’éditeur : faub. St-Martin Paris. Prix 0 fr 35
Ah ! c'qu'il m'dégoûte ! ! ! Chanson anti-alcoolique de Théodore BOTREL I IV Quand les étrangers viennent chez nous faire un voyage Et le v'là buvant une tournée sur un'tournée Ils sont ébahis par les beautés de not'pays, Avec ses copains en faisant un bruit infernal : Mais vite écœurés de voir que l'plus beau paysage Valsez, petits verres - jusqu'à la fin de la journée ; Est déshonoré par Yann-la-Goutte et ses amis! Car tant plus il boit plus il a soif, cet animal ! REFRAIN (Refrain) Ah ! c'qu'il m'dégoûte, V Ce Yann-la-Goutte! Puis, quand vient la nuit, il roule au fond de quelque douve Le matin, l'tantôt, Où, si les gendarmes ne viennent pas le ramasser, Il est toujours méot, méot! Sa femme, au matin, sa femme en pleurs vous le retrouve C'qu'il s'en enfile Tous à la file Malade à crever... mais tout prêt à recommencer ! De verr's de Pernod, (Refrain) D'Eau vulnéraire et d'tord-boyau ! VI II C'est autour de lui la maladie et la misère C'est surtout l'Dimanche ou bien les jours de grandes Fêtes, De son noir taudis le gai Bonheur a déserté ! Les jours d'Assemblées ou bien les jours de Saints Pardons Il a tout noyé dans le fond de son premier verre Qu'il juge indiqués pour se souler comm'plusieurs bêtes : Famille et santé, Patriotisme et Dignité. C’est le dieu Bacchus qui reçoit tout's ses oraisons ! (Refrain) (Refrain) VII III Soyons sans pitié pour ces rebuts de la nature, La bourbe pâteuse, ces jours-là, Yann baille et s'étire Indignes vraiment du grand honneur d'être Bretons ; Et sort de son lit dès que parait le matin-jour : Et si vers l'Abri Yann-La-Goutt' vient par aventure Il prend tout l'argent contenu dans la pauv'tir'-lire ; Accueillons-le tous en lui chantant sur tous les tons : Puis il met le cap sur le premier Débit du bourg. (Refrain) (Refrain) Théodore BOTREL
LA CRUELLE BERCEUSE Paroles et musique de Théodore Botrel I REFRAIN La pauvre veuve en sa chaumière - Chante, disait la Mer méchante, A son petit chantait tout bas : Chante aussi fort que tu pourras ! « Le flot déjà m'a pris ton frère; Chante, chante, Il l'aimait trop : ne l'aime pas ! } Bis Chante mon gâs ! REFRAIN IV - Berce.! disait la Mer perverse, Un jour, enfin, la pauvre veuve Serre le bien dans tes deux bras ! A vu partir, son dernier né : Berce, berce, }Bis S’en est allé vers Terre-Neuve Berce ton gâs! Comme, jadis, son frère aîné !... II REFRAIN Lorsque la mer était très douce, Danse ! Le flot roule en cadence ! Le petit gâs lui murmurait : Jusqu’à ta mort tu danseras ! « espère un peu, je serai mousse ; Danse, danse, } Bis Dès mes douze ans, je partirai ! » Danse mon gâs ! REFRAIN V - Rêve ! disait le Vent de Grève, Son gâs parti la pauvre femme Rève au beau jour où tu fuiras L’'Espère en vain depuis un an Rêve, rêve, }Bis En maudissant la Mer infâme Rêve mon gâs ! Qui lui répond en ricanant III REFRAIN Lorsque la Mer était mauvaise, Sur tes deux gâs, miens â cette heure, Le petit gâs à demi-nu J'ai mieux que toi serré mes bras Chantait, debout sur la falaise, Pleure, pleure, }Bis Le front tourné vers l'inconnu Pleure tes gâs ! THEODORE BOTREL
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