Ensemble Quand le management fait des vagues - Mensuel Protestant du Sud-Ouest - Presse régionale ...

 
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Ensemble
Mensuel Protestant du Sud-Ouest

        Quand
        le management
        fait des vagues

                   Spiritualité
           Babel, le tour de la différence

                     Débattre
                 Synode national

                      Région
            Luther à Bordeaux en octobre

                                             N° 321 mai 2017. 5 €
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Éditorial
                                               Réalité spirituelle

                                                                                           lequel nous vivons ! Ainsi, nous pourrons oppo-
                                               contenir… sans la modifier, l’altérer.      ser à la réalité virtuelle que nous propose notre
                                               La seule réalité de ces casques, comme      société dans bien des domaines une réalité spi-
                                               l’affirment d’ailleurs les médecins, ce     rituelle.
                                               sont les dégâts irréversibles qu’ils cau-   Christophe Jacon.
                                               seront sur les yeux des utilisateurs.
                                               Réalité
                                               Cette nouveauté m’a fait penser à
                                               d’autres expressions employant le
                                               mot « réalité ». Dietrich Bonhoeffer,
                                               par exemple, distinguait les « réalités

  U
           ne des grandes nouveautés           dernières » des « réalités avant-der-
           de cette année, qui carton-         nières ». Le théologien distingue ainsi,
           nera à n’en pas douter au           sans les opposer, les réalités du monde
  pied du sapin de Noël, c’est le cas-         et celles de la foi. Il ne dévalorise pas
  que de « réalité virtuelle ». Étrange        les premières au profit des secondes.
  expression, tout de même ! À vrai            Il ne préconise ni le repli dans le quant
  dire, il me semble bien qu’elle re-          à soi ecclésial (réalités dernières) ni
  lève de l’oxymore. Vous savez,               la course frénétique dans une éthi-
  cette figure de style qui consiste à         que mondaine et humaniste (réalités
  accoler deux mots irréconciliables           avant-dernières). Il met les deux réali-
  comme le jour du « soleil-noir ».            tés en tension. Les réalités dernières,
  Car, après tout, si c’est virtuel,           l’Évangile de la grâce, servant de guide
  cela ne peut être « réel » et si c’est       pour les réalités avant-dernières. C’est
  une réalité, le virtuel ne saurait la        à l’aune de celui-ci que nous devons
                                               évaluer les progrès technologiques,
                                               les avancées de la médecine, les évo-
                                               lutions sociétales et même… les pro-
                                               grammes politiques du monde dans

                              Ensemble
             Mensuel Protestant du Sud-ouest

                                                                                 Contacts :
        Mensuel protestant du Sud-Ouest, édité par l’association            Journal Ensemble, 16 rue du Maréchal Brune, 19100 Brive la Gaillarde
    «La voix protestante» Presse protestante régionale.                     tél : 09.72.54.89.66. ensemble.marion@orange.fr
    Dépôt légal : à parution. CPPAP : 1218 G 82779
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    Directeur de la publication : Jacques Faisandier
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    Christophe Jacon (Informateur régional – Rédacteur en chef)
    tél : 06 09 81 72 40. christophe.jacon@sfr.fr                               Secrétaire de la rédaction : Marion Besse-Gauthier
    Philippe Biyong, Didier Fiévet, Nadia Savin, Daniel Schoenenber-            Maquette : Graph-Aire, 04 66 81 53 74 (www. graph-aire.eu)
    ger, Bernard Tournier.                                                      Imprimé par Pure Impression
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N° 321 mai 2017
Ensemble Quand le management fait des vagues - Mensuel Protestant du Sud-Ouest - Presse régionale ...
Ensemble N° 321 mai 2017

     Sommaire
5                     Spiritualité
                      Protes’Temps :
                       Alfred de Luze
                         Méditation :
        Avril, le printemps de la Vie
        Une nuée de réformateurs :
                      Menno Simons

13                         Dossier
                  Un management
                centré sur l’humain

21   Débattre avec le monde
                La Bible à l’honneur,
       Les grains de sable de Trump,
             L’Anim’Tour de la Ligue
          pour la Lecture de la Bible

31        Parcourir la Région
                           Région,
                       Bloc Notes,
                      C’était bien !

                                                                        3
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 Billet
 Alors et toi ça va,
 oui ben ça va,
 et toi ça va ?

 O
         ui, moi, ça va et toi ? – Ben, ça va et toi ? – Oui ça
         va, et toi ça va ? – Oui, ça va et toi ? – Ben, ça va
         et toi ? – Ça va, et à part ça ? – Ben, ça va... Sans
 doute reconnaîtrez-vous cet extrait d’un sketch de
 Coluche. Bien entendu, vous connaissez sans doute
 l’origine de cette question (« Ça va ? » Est une forme
 contractée de « Comment vas-tu ? » ou « Comment
 allez-vous ? »), et cela ne vous étonnera pas qu’en                     d’un regard compassionnel ou de
 anglais, on demande « How do you do ? » (Littérale-                     mots rassurants. Jusqu’au jour où                                  d’une autre manière que je pose
 ment : « Comment fais-tu ? »). Expression née à une                     un ami auquel je posais tout aussi                                 désormais la question, du familier
 époque où, par ce raccourci, on se préoccupait de la                    machinalement la question m’a                                      « Ça va ? » au plus conventionnel
 santé d’autrui en les questionnant quant aux résultats                  répondu d’une telle manière que                                    « Comment allez-vous ? ». Certes,
 d’une station sur un trône qui n’était pas… royal.                      j’ai compris qu’il avait de réels pro-                             il ne faut pas croire que je ne sois
 Je le reconnais bien volontiers, il m’arrive d’être par-                blèmes de santé et qu’il n’atten-                                  pas désemparé quand j’apprends
 fois dans cette situation de poser cette question sans                  dait pas de moi que je le plaigne.                                 une mauvaise nouvelle dans la ré-
 me soucier vraiment de la santé de la personne à la-                    Et, très spontanément, je lui ai                                   ponse, ou que je ne m’en veuille
 quelle je m’adresse, ou m’attendant à une réponse                       proposé de prier pour lui, tout en                                 pas d’avoir posé la question d’une
 positive du genre : « Très bien, merci ! Et toi ? ». On                 sachant qu’il se disait agnostique.                                manière inopportune. Mais je ne
 craint souvent une réponse négative, parce qu’on                        J’ai eu dans son « merci » l’impres-                               peux poser la question d’une fa-
 sait que vont être développés de longs bulletins de                     sion que c’était important pour                                    çon banale.
 santé que l’on ne sait commenter, se contentant                         lui, bien plus que de paroles de                                   Et toi, ça va ?
                                                                         compassion ou de réconfort sté-                                    Parmenas.
     Crédit Photos                                                       réotypées. Fort de tout cela, c’est

    p. 1 : Alexandre Bouvet                  p. 14 : Wikimedia.org                 p. 25 : © Philippe Biyong                                    p. 40 : © François Vouga
    p. 2 : © Flickr.fr                       p. 15 : Wikimedia.org                 p. 26 : © Éditeurs respectifs                                p. 41 : Patrice Le Bris
    p. 4 : Publicdomainpictures              p. 16 : © Jaysin Trevino              p. 27 : © White House. com                                   p. 41 : JILV
    p. 5 : © Maxhresdefault                  p. 17 : © Olivétan                    p. 28 : © Éditeurs respectifs                                p. 42 : Alain Labant,
    p. 6-7 : Éric de Bonnechose              p. 18 : Fondation John Bost           p. 30 : Françoise Burgelin                                           Jacques Faisandier
    p. 8 : MLGges                            p. 19 : Bruce Dennis                  p. 31 : Wikimedia.org                                        p. 43 : Christophe Jacon
    p. 9 : © MGM                             p. 20 : Anne Heimerdinger             p. 33 : Bordeaux FPF          .                                      Christophe Desplanques
    p. 10 : Wikimedia.org                    p. 21 : commons.wikipedia.org         p. 36 : N. Boutié, N. Libermann                              p. 64 : Edenpics
    p. 11 : Benjamin Lagard                  p. 22-23 : EKIR, LLB, D. Rolinet      p. 37 : Fondation John Bost
    p. 12 : Jacob Burghart                            Françoise Labarrière         p. 38 : MF Carpentier,
    p. 13 : Lucile                           p. 24 : ScrollBible éditions DR               Marlene Constantin

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N° 321 mai 2017
Ensemble Quand le management fait des vagues - Mensuel Protestant du Sud-Ouest - Presse régionale ...
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                                             Spiritualité

                                              6   Protes’Temps-Histoire
                                                  Alfred de Luze

                                              8   Méditation
                                                  Avril, printemps de la vie

                                              9   Ciné Miroir
                                                  La dernière marche

                                             10   Enfants de la Bible
                                                  Babel

                                             12   Un mot une vie
                                                  Menno Simmons

    La prière, source de grâce et de force
                                                                          5
                                                            N° 321 mai 2017
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Protes’Temps - Histoire
    Alfred de Luze :
    un Suisse protestant                                                                        des Suissesses apparentées : Marie

    immigré à Bordeaux
                                                                                                de Mandrot, Cécile de Fay-Solignac
                                                                                                et Cécile Borel, toutes fortunées et

    au XIXe siècle.
                                                                                                protestantes. Il est donc frappant
                                                                                                de constater que ce notable bor-
                                                                                                delais n’a uni aucun de ses fils avec
Alfred de Luze (1797-1880) arrive à Bor-                                                        une Bordelaise ce qui nous rappelle
deaux en 1820 pour faire fortune. Cette                                                         que l’intégration n’était pas alors
                                                                                                facile pour les immigrés.
ville ne lui est pas inconnue, car son
grand-oncle Jean-Jacques de Bethmann y                                                          Protestant
a fait fortune au XVIIIe siècle avant d’être                                                    Alfred de Luze, descendant de Ja-
ruiné par la révolte des esclaves de Saint                comme commis à Paris (banque          ques Deluze réfugié à Neuchâtel en
Domingue. Alfred de Luze a pour mis-                      Opérant), au Havre (maison Man- 1685, est un protestant convaincu
                                                          deront), en Allemagne à Francfort et fidèle. Il voit avec bonheur la
sion de redresser la maison Bethmann                      et Berlin, puis en leur faisant pros- communauté protestante de Bor-
qui périclite, mais il ne s’entend pas avec               pecter les marchés russe, japonais deaux se réveiller, acquérir « pignon
son cousin Édouard de Bethmann, peu                       et américain. Mais tous les fils      sur rue » et participer à toutes les
ardent au travail. Il fonde donc en 1826                  n’avaient pas la fibre commerciale activités de la cité. Ainsi en 1827, un
la maison de Luze et Dumas grâce à des                    et, en particulier l’aîné, William,   cimetière est ouvert rue Judaïque,
                                                          qui décide de quitter Bordeaux        mettant fin aux inhumations clan-
prêts de capitaux de sa famille mater-                                                          destines dans des terrains privés,
                                                          pour retourner en Suisse chez
nelle, les grands banquiers Bethmann                      sa famille paternelle à Chigny. Il    des chais ou des caves. En 1835, l’im-
de Francfort, et paternelle, les de Luze                  s’y marie en 1857 avec Élise de       mense temple des Chartrons, œu-
fabricants d’indiennes à Neuchâtel, et                    Venoge et fait souche sur place.      vre de Corcelles, est inauguré rue
avec le concours d’Émile Dumas formé à                    Alfred de Luze prend sa belle-
                                                          fille en affection et échange Alfred de Luze est un pro-
la banque Bethmann.
                                                          avec elle un millier de lettres testant convaincu et fidèle
                                                          entre 1857 et 1880 dont la
Commerçant prospère                                       lecture a permis la rédaction de      Notre Dame grâce essentiellement
L’affaire prospère très rapidement, important des         cet ouvrage. Alfred de Luze a         aux dons des fidèles. Des écoles de
bois merrains, des toiles de voiles, des conserves et     le souci de « bien marier » ses       garçons et de filles sont ouvertes
exportant des vins en Europe du Nord et en Russie.        fils, l’un avec Sophie Marchand,      pour les garçons et filles méritants
Mais en 1836 à la suite d’une erreur de vinification      fille d’un négociant en tissus        dans les locaux des temples; elles
d’Émile Dumas, le stock est détruit et l’affaire liqui-   Alphonse Marchand, maire de           sont financées par les dons des fidè-
dée –à charge pour chacun des associés de rembour-        Montendre, les trois autres avec      les qui permettent aussi d’assurer
ser 50% des dettes. Cela n’empêche pas Alfred de
Luze de fonder dès 1842 une nouvelle maison « A.
de Luze » en faisant à nouveau appel à sa famille et
ses amis pour récolter des fonds. Très travailleur –il
dit avoir travaillé comme un forçat pour rembourser
ses emprunts–, il réussit à nouveau et devient un
notable bordelais. Il avait épousé en 1827 Georgina
Johnston, issue d’une famille de négociants britan-
niques installés à Bordeaux en 1739 ; celle-ci meurt
brutalement en 1845 laissant Alfred seul avec cinq fils
dont le dernier n’a que quelques mois.
Père de famille
Alfred de Luze devient donc responsable de l’éduca-
tion d’une famille à laquelle il porte une grande at-
tention. Il initie ses fils au commerce en les envoyant

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                                               Pavillon Bosc
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Spiritualité

le repas de midi et des vêtements. Des salles d’asiles et donne généreusement aux
sont également fondées permettant aux mères d’y            ventes de charité que ses belles
laisser leurs jeunes enfants et d’aller travailler. Le     filles organisent dans les salons de
Diaconat a repris dès 1805 son assistance aux dému- la grande maison, le château de
nis pour lesquels il                                                    Rivière, qu’il a fait bâtir
assure le paiement        Alfred    de    Luze     patronne     la      par l’architecte Gus-
des loyers, le bois de Maison de Santé Protestante tave Alaux. Il se rend
chauffage, la nour-                                                     au culte régulièrement
riture et les vête-       (M.S.P.) dès son ouverture et et déplore la baisse de
ments, sous réserve donne généreusement aux                             fréquentation de ce
que les bénéficiai-                                                     dernier qu’il impute
res envoient leurs        ventes     de    charité     que ses          aux prises de position        Séverine Pacteau de Luze
enfants à l’école         belles-filles organisent                      théologiques, trop
et viennent avec                                                        libérales à son goût,         sur le pavé des Chartrons comme
eux au culte le dimanche. Depuis 1829, une Société         des pasteurs ou à leurs opinions           le feront en 1863 les luthériens qui
de bienfaisance des dames a été créée à l’initiative       politiques républicaines.                  ouvrent une chapelle allemande
du pasteur Antoine Vermeil, futur fondateur des                                                       -scandinave rue Tourat pour
Diaconesses, qui mobilise pour les mêmes tâches les Incarnation de la diversité                       laquelle il refusera
bonnes volontés féminines. Ces deux organismes             protestante                                tout financement. Ainsi la corres-
sont intégralement financés par les dons des fidèles. En bon protestant, il médite tous               pondance d’Alfred de Luze révèle
Enfin deux œuvres majeures sont fondées : en 1847, les matins les « Saintes Écritures»                la vie mouvementée, les réussi-
l’Asile des vieillards destiné à accueillir gratuitement et veille à l’éducation religieuse           tes et les échecs d’un protestant
les infirmes et les personnes âgées démunies ouvre         de ses enfants et petits-enfants,          convaincu. Elle montre bien l’im-
ses portes. Les familles Guestier et Johnston offrent à la confirmation desquels il se                portance du travail acharné d’un
une maison et du mobilier : elle compte une ving-          rend toujours. Ainsi au XIXe siècle,       entrepreneur et le soutien majeur
taine de pensionnaires hébergés gratuitement qui           un luthérien (Alfred de Luze a été         constitué par le réseau interna-
participent à la mesure de leurs forces à l’entretien      baptisé à la cathédrale de Franc-          tional des relations familiales et
de la maison et ont pour obligation d’assister au          fort), éduqué dans le calvinisme           commerciales.
culte chaque semaine.                                      en Suisse par son père et époux            La mondialisation déjà !
                                                           de Georgina Johnston, une
Mécène de la M.S.P                                         anglicane, accepte la diversité du         Séverine Pacteau de Luze,
En 1863, une Maison de santé (M.S.P.) est ouverte          protestantisme. Il est d’ailleurs          Auteur de « Alfred de Luze, un
rue Cassignol, dirigée à partir de 1865 par Mme            très mécontent lorsqu’en 1843,             négociant en vins à Bordeaux
Anaïs Momméja, veuve de pasteur, elle offre des            les anglicans ouvrent une chapelle         (1797-1880) ».
soins gratuits et si besoin une hospitalisation aux
malades et aux vieillards démunis.
Mme Momméja multiplie les
initiatives en offrant des soins
d’infirmières à domicile en
ville, et la création d’un cours
gratuit de premiers soins
pour femmes et jeunes filles.
Ce cours est dirigé par Mme
Gross-Droz, une ancienne
élève. La M.S.P. abrite en
1870-1871 un service de
vaccination et elle acquiert
une maison à Arcachon
pour soigner les enfants
tuberculeux. Alfred de
Luze patronne cette
œuvre dès son ouverture

                                                                                                                           N° 321 mai 2017
                                                                                                                                             7
                           l’École Florence Nightingale, dans le parc de Bagatelle
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Méditation
  Printemps de la vie !
  Au cœur du mois d’avril, la fête de la Pâ-
  que. Les Juifs revivent la sortie d’Égypte,
  le passage de la Mer, la vie dans le désert.
  Nous sommes nourris de cette histoire.
  Elle est couronnée par l’enseignement
  de Jésus, sa passion à Jérusalem, sa
  « sortie » de la mort. Ce jour de Pâques
  termine les Évangiles, et devient pour le
  groupe des apôtres, et par la suite pour
  les églises issues de leur témoignage,
  l’entrée dans une nouvelle ère.
                                                                L’ange ouvre aux femmes un nouveau chemin
  Deux femmes…

  L’
                                                              mort et son départ. Le « manque          suscitée par l’extraordinaire de ce
             évangéliste Matthieu (ch. 28, 1 à 15) ne parle   à voir », ici, ouvre le chemin d’une     qu’elles viennent de voir et ne pas
             que de Marie de Magdala et de l’autre Marie      course au témoignage. D’une part,        voir, des paroles entendues et de
             (mère de Jacques et Joseph, ch. 27,56).          l’ange invite les deux Marie à aller     la mission reçue. Mélangée à une
  Il met l’accent sur le fait qu’elles viennent voir le       voir ailleurs. Car elles verront. Sur    grande joie, car elles viennent
  sépulcre, le lieu où Jésus a été enseveli. C’est un ren-    le chemin d’un retour enfiévré par       d’apprendre que leur ami est
  dez-vous avec le silence, les larmes, les souvenirs ;       cette expérience, elles voient celui     vivant, que la vie ne s’arrête pas
  comme dans n’importe quel cimetière ; c’est tout.           qu’elles n’espéraient plus voir.         au tombeau, qu’il est possible de
  Le rédacteur de l’évangile fait alors de ces deux Ma-       D’autre part, l’ange donne une           le voir à nouveau. Ce sera autre-
  rie des spectatrices d’événements qui transforment          parole qu’elles doivent partager         ment et partiellement, puisqu’el-
  complètement la situation. Il va bouleverser leur           avec les disciples. « Jésus est          les se prosterneront devant lui.
  désespoir et déstabiliser les habitudes ancestrales.        réveillé des morts et il vous précède
  La terre tremble, elles voient un éclair qui déplace la                                              Marc Labarthe,
                                                              en Galilée » ; pour le voir à nouveau,
  pierre tombale puis s’immobilise dessus, elles voient                                                pasteur à Bordeaux.
                                                              il faut se rendre là-bas. Leur mise
  les gardes s’écrouler comme morts. Spectaculaire            en route n’est pas sans la crainte
  entrée en matière. Une voix surgit de cette masse
  lumineuse – elle ne leur veut pas de mal, c’est déjà
  ça ! et ce messager leur annonce que Jésus le crucifié
                                                               Demeure parmi nous, Jésus
  n’est pas ici. Il les invite à le constater par
  elles-mêmes en regardant l’endroit où Jésus gisait :         « Notre chemin de terre ne saurait disparaître
   il est vide. Il n’y a plus trace du cadavre. Elles          Ô mon Dieu !
  venaient voir ; et ce qu’elles voient n’est pas ce           Tu l’as marché, tu l’as peiné,
  qu’elles s’attendaient à voir, car elles voient derrière     Tu l’as ouvert jusqu’aux cieux.
  la pierre, au-delà… qu’il n’y a plus rien à voir !           Marche avec nous, Jésus, nous voulons voir Dieu !
                                                               Notre vie qui passe ne saurait s’effacer,
  …et leur ami                                                 Ô mon Dieu !
  Nos « tombeaux » enferment nos espérances mises              Tu l’as prise, tu l’as portée jusqu’à la mort,
  à mal par la vie, par nos échecs ou nos espoirs              Tu l’as rétablie à jamais,
  déçus. Ils contiennent aussi nos caricatures d’autrui        Un matin de Pâques.
  et autres bêtes noires. Nos cimetières sont divers !         Demeure parmi nous, Jésus,
  Mais nous les fréquentons, parce que la douleur est          Nous voulons vivre avec Dieu.
  vive, parce qu’il est difficile d’accepter de changer        Notre solitude d’hommes ne saurait nous suffire
  de regard, d’accueillir autrui dans sa différence.           Ô mon Dieu !
  Mais l’ange en a vu d’autres ! Et il n’en reste pas          Tu l’as connue, tu l’as percée,
  au constat visuel. Il explique le vide par le réveil du      Tu l’as comblé quand tu viens.
                                                               Prends notre main, Jésus,
                                                               Nous voulons être de Dieu

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                                                               Jacques Julien et Claude Peurron.

N° 321 mai 2017
Ensemble Quand le management fait des vagues - Mensuel Protestant du Sud-Ouest - Presse régionale ...
Ciné Miroir                                                                                          Spiritualité

La dernière marche
Séquence nostalgie ? Pas du                La grâce
tout, mais besoin de remet-                La grâce fait son irruption, à partir
tre en lumière un film qui                 d’une phrase risquée par la reli-
pour ancien qu’il soit (1995)              gieuse : « Matthews Poncelet, tu
n’en demeure pas moins une                 es fils de Dieu ! » Et c’est le départ
                                           d’un processus de conversion,
référence. Au moins en ce                  de retour sur soi, de rédemption.
qui concerne l’essentiel des               Jusqu’à ce discours dernier, sur
choses : la grâce qui change               la table d’injection létale (on est
tout, même la mort ! Ce qui                en Louisiane) où il va demander
ne saurait nous laisser indif-             pardon aux parents des victimes
                                           en disant : « … je voudrais que ma
férents, nous protestants.
                                           mort vous apporte un peu de paix ».
                                           Certes, le propos est un peu cari-

Q        uelques mots sur l’histoire.      catural, le film condensant vingt
                                           ans d’expérience d’aumônier de
         Matthews Poncelet est de-
                                           prison. Et il ne suffit pas d’une
         venu un salaud. Un salaud
                                           phrase-déclic pour que change la
ordinaire, un de ces petits blancs
                                           vie. Et on discutera la perspective
(aujourd’hui électeurs de Trump) qui
                                           catholique : « la rédemption, ça se
a mal tourné : un bon p’tit gars aux                                                les identifications usuelles : et si c’était moi, le
                                           mérite... » Mais c’est aussi l’intérêt
fréquentations douteuses, un père                                                   coupable. Qui viendrait à mon secours ? Renver-
                                           du film de faire réfléchir sur des
ouvrier qui partage son temps à éga-                                                sement de la question : non plus qui est mon pro-
                                           questions centrales.
lité entre bistrot et la ferme où il est                                            chain, mais de qui suis-je le prochain ? Retourne-
ouvrier agricole, une mère débor-          Une promesse                             ment évangélique, s’il en est ! (Cf. la parabole du
dée, toute dévouée à sa nombreuse          Néanmoins, tant par l’intensité          bon samaritain). Les silhouettes des victimes, vues
progéniture... Un soir où il est saoul     dramatique que par le jeu extra-         d’avion, bras en croix, se superposent à celle du
et drogué, il se laisse entraîner par      ordinaire de Susan Sarandon et           condamné, bras écarté sur la table d’injection...
un comparse dans une histoire terri-       Sean Penn, voici un film qu’il se-       Se dessine une autre silhouette, un certain Christ,
fiante et révoltante. Ils vont violer et   rait bon de (re)voir ensemble, en        en croix, visage de Dieu se laissant atteindre par
tuer un couple de jeunes amoureux.         Église (pour grands ados et adul-        l’extrême malheur, prenant le mal sur lui... Pour
Condamné à mort. Sœur Hélène va            tes). Voici un film qui nous redit       que même à l’instant de notre mort, résonne une
accepter de l’accompagner dans ce          que la grâce peut à tout instant,        promesse d’un possible... encore possible. Ça s’ap-
couloir qui mène à la salle d’exécu-       même quand il n’y a plus rien à          pelle Pâques, non ?
tion. Quelques jours où plus rien de       attendre, entrer dans une histoire       Didier Fiévet. pasteur à TO7, Toulouse.
neuf ne semble pouvoir arriver : mort      et la transformer. Voici un film qui
programmée, mort déjà-là. Et pour-         peut faire réfléchir sur le minis-       La Dernière Marche
tant, l’impossible va survenir.            tère d’aumônerie de prison. Voici        Date de sortie : 27 mars 1996 (France)
                                           un film qui nous invite à inverser       Réalisateur : Tim Robbins
                                                                                    Scénario : Tim Robbins
                                                                                    Distinctions et récompenses :
                                                                                    Oscar de la meilleure actrice.
                                                                                    Sélections : Oscar du meilleur acteur.
                                                                                    Résumé :
                                                                                    La Dernière Marche est un film américain réalisé
                                                                                    par Tim Robbins, sorti en 1995, d’après le livre du
                                                                                    même titre de Sœur Helen Préjean, religieuse amé-
                                                                                    ricaine de l’Institut des sœurs de saint Joseph qui a
                                                                                    exercé le ministère d’aumônier de prison pendant
                                                                                    des années... L’histoire d’une rédemption.

                                                                                                                         N° 321 mai 2017
                                                                                                                                            9
Ensemble Quand le management fait des vagues - Mensuel Protestant du Sud-Ouest - Presse régionale ...
Babel, le tour de la différence
  Un texte à lire
  (Genèse 11.1-9)
  « Toute la terre avait une seule langue et les mê-
  mes mots. »                                                 Méditation
   C’est comme ça que commence l’histoire de la Tour          Qu’est-ce que ce serait simple si nous
   de Babel dans le livre de la Genèse. C’est une idée qui    étions toujours tous d’accord :
   a l’air géniale comme ça, mais…                            pas de disputes avec les copains, pas de
   Un jour les hommes qui vivaient tous au même en-           brouilles avec les parents ou les professeurs…
    droit décidèrent de bâtir une ville et une tour dont le   Ce serait génial, non ?
    sommet toucherait le ciel ! Alors, ils commencèrent
                                                              Mais en fait, personne ne penserait plus rien,
    à faire des briques.
    Ce texte a été écrit en hébreu.                           plus personne ne réfléchirait, on serait comme
     Le texte hébreu joue sur les mots, et on peut            dans un moule… tous pareils !
     imaginer que ce sont les hommes eux-mêmes qui            Est-ce qu’il t’arrive de ne pas être d’accord
      deviennent des briques : tous bien carrés, tous         avec tes copains ou tes parents ?
      bien alignés, tous semblables !                         Est-ce qu’il t’arrive même de ne
      Alors Dieu décide de disperser les hommes sur           pas comprendre ce qu’ils veulent dire ?
      toute la surface de la terre et de mélanger les         Comment faites-vous pour
       langues…                                               vous comprendre de nouveau
                                                              et pour décider quand
                                                              vous avez des avis différents ?

                                                                            Prière
                                                                            Merci Seigneur,
                                                                            Merci parce que tu nous aimes
                                                                            comme un père
                                                                            qui aime chacun de ses enfants
                                                                            tel qu’il est.
                                                                            Nous avons du prix à tes yeux.
                                                                            Et c’est une belle chose pour moi,
                                                                            Parce que je sais que je suis
                                                                            précieux pour toi,
                                                                            Avec ce que je suis,
                                                                            Avec ce que je pense,
                                                                            Avec ce que je dis.
                                                                            Merci, parce qu’à tes yeux,
                                                                            Je peux être tel que je suis.
                                                                            Amen

10
                                                                           La tour de Babel
                                                                           de Marta Minujín

N° 321 mai 2017
Enfants de la Bible

                                                        Jeu
                                                         La tour infernale
                                                         Matériel : le plus grand nombre pos-
                                                         sible de petits objets que vous pour-
                                                         rez rassembler et qui ne risquent
                                                          pas de casser.
                                                           À tour de rôle, chacun de vous
                                                            pose un objet en l’empilant sur
                                                             les objets déjà posés. Tous en-
                                                              semble, essayez de bâtir la tour
                                                               la plus haute possible.

                                                                  Gérald Machabert,
                                                                   mensuel Réveil

Bricolage
Une tour de Babel pour ranger les
petits trucs qui traînent
Matériel : des feuilles de papier de différentes cou-
leurs et de différents formats
   – 1) Découpe une feuille en carré.
   – 2) Plie la feuille selon les médianes en
        rapprochant chaque bord vers le bord en face.
   – 3) Ramène les quatre pointes vers le centre.
   – 4) Plie en rapprochant chacun des quatre bords
        sur les lignes médianes.                        Avec une feuille un tout petit peu plus petite tu pourras
   – 5) Déplie tout en ne gardant que deux pointes      faire un autre couvercle qui pourra s’emboîter dans la
        rassemblées au centre.                          première et ainsi, tu auras une boîte pour ranger tous
   – 6) Ramène les deux bords le long de la médiane.    les petits trucs qui traînent dans ta chambre ou sur ton
   – 7) Écarte les deux bords à la verticale (comme     bureau (trombones, punaises, gomme…).
les bords d’une boîte) et rabats les deux pointes       Fais plusieurs boîtes et empile-les, tu auras ainsi une tour
restantes jusqu’au fond de la boîte.                    de Babel pour ranger ton bazar !

                                                                                                                          11
                                                                                                                 N° 321 mai 2017
Spiritualité
        Une nuée de réformateurs
        Menno Simons (1496-1561)
        Le 16e siècle ne donna pas naissance à
        un mouvement réformateur mais à des                     social. Il va bientôt
                                                                s’interroger sur
        mouvements. Entre eux, il y a eu de                     le baptême des
        nombreuses disputes. Les anabaptis-                     enfants, chercher
        tes subirent même les moqueries et la                   en vain des sources
                   persécution des luthériens. Or,              scripturaires et se
                    tous n’étaient pas violents et              rapprocher de grou-
                                                                pes qui baptisent les
                      persécuteurs. Parmi eux, il y             adultes – les rebap-
                       avait des pacifistes comme               tisent. De là vient
                        Menno Simons.                           leur nom «d’ana-
2000                                                            baptistes» (ana =
 1900

 1800                 J      ean Calvin n’aimait pas les
                             anabaptistes. Il rédigea même
                             en 1544 une «Brève Instruction
                       pour armer tous bons fidèles contre
                      les erreurs de la secte commune des
                                                                à nouveau). Mais
                                                                c’est à l’occasion du
                                                                massacre en avril
                                                                1535 d’anabaptistes
 1700                                                           proches de ceux de
                     anabaptistes». Zwingli l’avait déjà fait   Münster, que Menno
 1600                en 1527. Nos réformateurs officiels        Simons s’oppose au
                     n’aimaient pas trop les «anabaptis-        projet d’établir le
1500                tes». Ils les bannissaient des villes       Royaume de Dieu par
                    qu’ils contrôlaient. Ils organisèrent       l’épée et développe
 1400              même des «chasses aux anabaptistes»          une pensée résolu-
                   (Berne) et en condamnèrent certains          ment non-violente
 1300             à mort. Calvin avait sans doute gardé         et à distance des États. En 1536,       sation propre, distincte de l’État,
                  en mémoire la «guerre des paysans»            il abandonne son ministère de           avec des croyants volontaires, qui
 1200             (1524-1524) et, plus proche, l’épisode de     prêtre, se fait baptiser et devient     pratiquent entre eux l’admones-
                  Münster (1534-1535) au cours duquel un        un des leaders et organisateurs         tation fraternelle, et qui refusent
 1100            groupe anabaptiste avait voulu impo-           de la mouvance non-violente             le serment aux autorités. Et enfin
                 ser par la violence l’établissement du         anabaptiste aux Pays-Bas. La re-        l’opposition à l’intervention de
1000             Royaume de Dieu, et avait dérapé dans          connaissance de son rôle fera que       l’État, à l’utilisation de la force en
                 le désordre et le meurtre. Mais d’autres       les fidèles seront désignés comme       matière de foi, dans un contexte
                 anabaptistes étaient pacifiques, non-vio-      «mennonites». Il vivra poursuivi        où les Princes ou les Villes dé-
                 lents, et cependant Calvin les a poursui-      par les réformés, les luthériens et     cidaient de la religion de leurs
                 vis de sa vindicte. Menno Simons fait          les catholiques et mourra en 1561       habitants. En France des commu-
                 partie de ceux-là.                             dans le Schleswig-Holstein.             nautés mennonites existent en
                                                                                                        Alsace, au pays de Montbéliard,
                 Non-violence                                   Baptême d’adulte                        mais aussi en région parisienne,
                  Né en Frise (Pays-Bas), formé dans un         « Si l’on est justifié par la foi, si   où les groupes mennonites ont
                  monastère, il était devenu prêtre, puis       la foi est suscitée par l’annonce       été à l’origine de nombreux éta-
 500              s’était penché plus précisément sur les       de l’Évangile, si la foi appelle à la   blissements pour personnes en
                  Écritures bibliques, avait commencé à         conversion et au repentir, com-         situation de handicap. Les Églises
                  discuter les dogmes – notamment celui         ment peut-on baptiser des enfants       mennonites ne sont pas encore
                  de la présence réelle – et se considérait     qui n’ont pas encore la foi ? » La      entrées dans la Fédération Protes-
                   bientôt comme un «prêcheur évangé-           grâce sauve mais elle transforme        tante de France mais leurs œuvres
                   lique» (1526-1531) tout en étant curé        aussi. Elle appelle le croyant à        font partie de la Fédération de
                   de Witmarsum. Une évolution que              collaborer et pas seulement à           l’Entraide Protestante.
                    connaissent d’autres ecclésiastiques        attendre le décret de la prédesti-      Olivier Brès,
                     humanistes dans ces temps d’inquié-        nation. L’amour à la suite de Jé-       ÉPUdf, Bordeaux.
                     tude spirituelle et de bouleversement      sus-Christ, un amour des ennemis,
0 (J.C.)                                                        peut se pratiquer au risque de sa
                                                                vie. L’Église se donne une organi-

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    N° 321 mai 2017
Dossier
    Un management centré sur l’humain
                                                                                         Presse régionale
                                                                                         protestante

 Plus que
 le salaire !

A
        lors que, tout en prenant mon café ma-        n’est plus l’essentiel ! L’importance accordée
        tinal, j’écoutais une radio sur laquelle      au management signifie qu’une attention gran-
        l’auditeur est « bien », selon le slogan de   dissante est portée à la relation, à la création
cette fréquence, l’animateur évoqua la grande         de lien, au respect de la dignité de chaque per-
enquête annuelle d’un des syndicats de l’éduca-       sonne. À l’individu en tant que tel. En somme,
tion, l’UNSA. Pas moins de 31000 personnes y          c’est une manière d’affirmer le message de
ont participé. Cette enquête fait apparaître un       Luther en 1517 : l’homme ne dépend pas de son
élément surprenant. Le trio des revendications        travail, et du salaire qui le récompense mais des
enseignantes est : la création de poste, médaille     relations qui lui sont données de vivre. Et en
de bronze, le changement des pratiques péda-          premier, celle avec Dieu ! Cela confirme la per-
gogiques, médaille d’argent et, loin devant ces       tinence du message porté par la Réforme. Cela
deux priorités, le souhait d’une modification         confirme aussi l’importance qu’il y a à se pencher
profonde du management de l’éducation natio-          sur les méthodes de management actuelles. Cer-
nale, médaille d’or. Un certain nombre de per-        taines sont à dénoncer, d’autres à promouvoir.
sonnes interrogées se disent prêtes à partir si       Le dossier de ce mois est consacré à ce thème et
rien ne bouge…                                        essaye de mettre en avant des personnes qui,
                                                      au sein de l’Église ou en-dehors (mais souvent
Révélateur
                                                      en rapport avec l’Évangile) imaginent un autre
Cette enquête me semble révélatrice d’un chan-        management possible, plus respectueux de l’hu-
gement sociétal profond, à travers notamment          main. Bonne lecture.
tous les systèmes de partage et de collaboration
                                                      Christophe Jacon.
(la Share Economy comme on dit) : le salaire

                                                                                                      13
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Dossier

  Mettre l’humain au cœur du management
  Aujourd’hui, dans la majorité des en-
  treprises, les managers se trouvent                                                              vendons un produit dont ils ont
  confrontés à un paradoxe difficile à vivre.                                                      besoin, ou bien seulement parce
  Il leur est demandé d’atteindre un double                Aimer l’autre tel qu’il est             qu’ils nous rapportent beaucoup
                                                                                                   d’argent ? Les deux ne sont pas
  objectif : augmenter la rentabilité avec                 Cette situation du temps présent
                                                           interpelle le leadership sur la place   incompatibles, mais la perfor-
  moins de moyens mis à leur disposition                                                           mance économique et la rentabi-
                                                           de l’amour dans les relations avec
  et transmettre du sens aux équipes de                                                            lité sont une conséquence de la
                                                           les parties prenantes de l’entre-
  terrain pour qu’elles soient motivées et                 prise : comment devenir une en-         manière dont nous développons
  efficaces. Comment conjuguer ces deux                    treprise aimée par ses clients, ses     des relations d’amour gagnan-
  objectifs dans un management soucieux                    collaborateurs, ses fournisseurs        tes-gagnantes avec nos clients et
  de l’humain ?                                            voire ses actionnaires ? L’amour        collaborateurs. Les aimons-nous
                                                           devient ainsi un nouveau champ          pour le travail et la compétence
                                                           émotionnel à explorer et à dé-          qu’ils fournissent ou bien seu-

        L
                                                                                                   lement parce qu’ils remplissent
               es managers doivent aujourd’hui conju- velopper comme l’un des leviers
                                                           essentiels du leadership. Mais il ne    leurs objectifs pour que nous
               guer deux compétences particulières.
                                                           s’agit pas de n’importe quel degré      soyons rentables ?
               Celle de manager, en « gérant » les
        coûts, les projets, les productions et les ser-    de l’amour. Nous parlons ici de ce      Placer l’amour au cœur de
        vices ; et celle de leadership, en développant     que les Grecs appelaient la philia
                                                                                                   l’entreprise
        leur influence                                                         (l’amitié) : ce
        pour « conduire »         Les   managers        doivent     être       terme renvoie       L’amour interpelle donc sur le
                                                                                                   cœur de la relation humaine et de
        les équipes afin de        performants, efficaces et                   au respect des
                                                                                                   sa finalité. J’ai personnellement
        les faire adhérer      rentables. Ce qui laisse peu de différences     au respect de
                                                                                             et
                                                                                                   vécu plusieurs situations concrè-
        aux objectifs
        à atteindre. Il          place à la relation humaine. la dignité de                        tes où j’ai pu voir que cet amour
                                                                               la personne         surgissait dans les relations en
        faut ajouter à
                                                           humaine. Pour être aimé en              entreprise. L’une des clés essen-
        ces éléments de contexte une considérable
                                                                                                   tielles consiste, tout d’abord, en la
        accélération du rythme de vie due à la rapidité retour, il faut d’abord pouvoir
                                                                                                   manière dont « le » ou « la » leader
        des moyens de communication utilisés et une aimer l’autre non pas tel que nous
                                                           voudrions qu’il soit mais tel qu’il     croit que cette forme d’amour
        énorme pression des marchés sur lesquelles
                                                           est vraiment. Ainsi, aimons-nous        est possible à exercer de manière
        la concurrence s’accroît de jour en jour. Les
                                                           nos clients parce que nous leur         pratique dans les relations entre
        managers doivent ainsi être performants,
        efficaces et rentables. Cette logique très
        rationnelle laisse donc naturellement peu
        de place à la relation humaine.
        La majeure partie des managers               de
        de terrain sait cependant qu’il
        est impossible d’atteindre des
        objectifs chiffrés sans motiver
        leurs équipes et sans les faire
        adhérer à un projet qui fasse
        sens pour elles. De plus, les
        clients sont devenus volatiles
        et dénoncent publiquement,
        via les réseaux sociaux, les
        mauvaises pratiques ou les
        produits et services défi-
        cients des entreprises.

                                                    Les écoles de management n’apprennent pas à mettre l’humain au centre

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N° 321 mai 2017
Un management centré sur l’humain                                                                            Dossier
                                                                                                                       Presse régionale
                                                                                                                       protestante

                                                                                                      …et aller bien au-delà !
                                                                       Trouver                        Le christianisme, quant à lui, est
                                                                       l’équilibre…                   allé encore plus loin dans sa nomi-
                                                                                                      nation de l’amour. Il en a fait le de-
                                                                        Nous nous trouvons            gré ultime en tant qu’agapé, c’est-
                                                                        aujourd’hui dans une          à-dire l’amour qui n’attend rien
                                                                        situation où les clients et   en retour de l’autre. Il s’agit d’une
                                                                        les collaborateurs sont       élévation spirituelle qui s’enracine
                                                                        en attente de trans-          dans la foi et la grâce reçues de
                                                                        parence et de vérité.         Dieu. Il peut donc surgir et être
                                                                        Jusque-là les relations       donné dans l’entreprise par un
                                               Portrait de Reinhard relevaient de l’utilité
                                                  Wolf (Manager de nécessaire à l’échange             Autre. Mais il ne dépend pas de
                                             Raiffasen Zentralbank) des biens et des services.        nous. Il nous appelle cependant
                                                                                                      à développer des modèles de
                                                                        Nous n’en sommes plus         leadership qui s’enracinent dans
les parties prenantes. Cela tient, ensuite, dans la          là. Le contexte actuel requiert une
manière dont il, ou elle, a la capacité à faire adhérer                                               la profondeur d’un humanisme
                                                             forme de relation plus élevée : les      fraternel qui reconnait en chacun
son équipe à la démarche. Et il ne faut pas croire que clients veulent de la simplicité, de
cent pour cent des membres d’un conseil d’adminis- la rapidité et du service. Ils deman-              de nous et, en chacune des par-
tration ou d’un comité de direction adhèrent naturel- dent à être respectés comme il se               ties prenantes impactées par nos
lement à cette dynamique. Mais, dans ce cas précis,                                                   décisions et nos actions, sa part
                                                             doit. Car n’oublions pas qu’une          d’humanité. C’est ce que j’appelle
le leader doit fermement                                                           entreprise
affirmer qu’il ne peut pas y      L’amour de Dieu nous ap-                         sans clients
                                                                                                      le leadership de l’amour.
avoir un modèle alternatif.       pelle à développer des mo- ne fournit ni                            Emmanuel Toniutti
Très souvent, l’identification dèles de leadership qui s’en- salaires, ni
et la définition des valeurs de                                                                       Président fondateur de Internatio-
                                                                                   dividendes.
l’entreprise aident à soutenir racinent dans la profondeur Le client doit                             nal Ethics Consulting Group
cette démarche par l’amour. d’un humanisme fraternel.                                                 www.iecg.eu.com
                                                                                   être le cœur
Car les valeurs sont le reflet de                                                  de la préoccu-
l’expression du respect que l’entreprise souhaite dé- pation de l’entreprise. Le monde
velopper avec l’ensemble des partenaires qui contri- d’aujourd’hui nous demande
buent à sa pérennité. Mais parler d’amour engendre donc de revisiter nos modèles de
comme un choc émotionnel au sein des équipes car             leadership pour rendre à l’être hu-
ce n’est pas un vocabulaire habituel utilisé dans le         main sa dignité. Derrière un client,
contexte de l’entreprise. Cette forme d’amour n’est          il y a un être humain. Derrière
par ailleurs enseignée dans aucune école de com-             un collaborateur, un fournisseur
merce, de management ou d’ingénieur. Car l’amour             et un actionnaire, il y a des êtres
fait peur ; il convoque l’être humain devant l’essence humains. C’est une simple vérité
même de ce qui fonde la relation à soi et à l’autre.         que l’entreprise a eu tendance
Pourtant, il ne fait aucun doute pour moi, de par mes à oublier ces trente dernières
convictions et mon expérience de l’entraînement              années pour rémunérer toujours
des équipes dirigeantes et des managers à la mise en plus les actionnaires au détriment
œuvre concrète de cette démarche, que l’amour est de cette notion de respect et de
l’une des clés essentielles du leadership du vingt-          service des autres parties prenan-
et-unième siècle. Il répond au besoin fondamental            tes. Or l’entreprise est pérenne
de l’être humain à se sentir reconnu et contribue à          parce qu’elle réussit à trouver un
apaiser son angoisse de la vie, particulièrement dans juste équilibre entre le respect de
un monde où les relations sont plus que jamais la clé l’être humain et sa performance                               Emmanuel Toniutti
des réseaux et des affaires.                                 économique dans le temps.

                                                                                                                                         15
                                                                                                                           N° 321 mai 2017
Dossier

  Couper les ailes au zèle
  Une fois par an, les salariés se rendent à
  la médecine du travail. Elle est chargée                  collègues. Refusant d’accomplir        cela, les lieux de délibération
  de discerner, de prévenir et de stopper les               des actes contraires à leur idée       collective, véritables lieux d’ap-
  maladies des travailleurs. Elle traite les                du métier, les travailleurs font       prentissage et de développement
  symptômes mais nullement les causes.                      la grève du zèle ou se perdent à       de la confiance mutuelle, sont
                                                            « corps perdu » dans le travail,       nécessaires. Ils peuvent connaître
  Une des plus importantes est le manage-
                                                            pour ne pas faire face à cette tra-    deux formes : réunion de travail
  ment. Depuis presque 30 ans, Christophe                   hison d’eux-mêmes qu’ils accom-        ou de convivialité ; ces dernières,
  Dejours réfléchit à de nouvelles appro-                   plissent. C’est véritablement à        même improductives, ne sont pas
  ches.                                                     « corps perdu » puisque ce travail     inutiles ! Elles sont essentielles à

          P
                 our lui, tout travailleur fait face à      provoque troubles musculo-sque-        la coopération. Le manager est
                 des injonctions. Elles représentent        lettiques, dopage, dépression,         appelé également à traduire les
                 le prescrit. Mais elles sont insuffisan-   burn-out, karôshi (mort par excès      ordres de la direction. Il lui faut
          tes. Très souvent le salarié est confronté à      de travail) et même suicides.          dire ce que cela implique pour
          des imprévus, des incidents, des « bugs »                                                ses subordonnés. Cela le conduit
                                                            De nouvelles approches                 nécessairement à prendre une
          qui nécessitent son intelligence pratique.
                                                            Les psychocliniciens du travail ont    certaine distance vis-à-vis de la
          Sans elle, sans ce zèle que met l’ouvrier
                                                            élaboré leurs théories à partir de     direction. Il est la voix de ses
          pour accomplir sa tâche, aucune entreprise
                                                            cas pratique. De leurs interven-       subordonnés auprès de celle-ci.
          productive ne pourrait tourner. Ce zèle
                                                            tions, ils ont tiré plusieurs prin-    Il peut lui faire remonter ce qu’il
          est individuel et collectif puisque résultant
                                                            cipes. Le manager doit changer.        sait du travail réel et défendre les
          d’une transmission d’un savoir-faire ou de
                                                            D’abord, il doit être compétent,       décisions fondées sur la délibé-
          l’élaboration collective d’une équipe. Ce
                                                            connaître le travail réel pour aider   ration collective. Il montre ainsi
          zèle implique donc collaboration, coopéra-
                                                            ses subordonnés et pour qu’ils         aux salariés que leur parole a du
          tion et solidarité.
                                                            lui reconnaissent une autorité         sens et un impact positif pour
          La gestion                                        légitime. Ensuite, il doit écouter     l’entreprise. Enfin, le manager doit
          Or les politiques de management gestion-          les membres de son équipe, indi-       participer à l’écriture des principes
          naires ont mis à mal ce zèle du travailleur.      viduellement et collectivement.        de l’entreprise, pour les revisiter
          En introduisant à tous les niveaux la             Écouter et en prendre compte           ou les renforcer. Ce travail est es-
          performance et la rentabilité, l’analyse          dans son arbitrage. Puis il doit       sentiel car il « il n’y a pas de sépara-
          comptable a suscité la concurrence entre          veiller aux conditions favorables      tion entre la conduite dans et hors
          travailleurs. Les fractures ont entraîné l’iso-   de la coopération qui constitue,       travail. Une entreprise renouvelle le
          lement dans la tâche et la méfiance entre         au niveau collectif, le réel de la     vivre-ensemble ou bien elle contri-
                                                            coordination « prescrite ». Pour       bue à le détruire ». La question du
                                                                                                   management n’est donc pas une
                                                                                                                       question économi-
                                                                                                                        que mais socié-
                                                                                                                        tale ! Il est urgent
                                                                                                                        d’en prendre
                                                                                                                         conscience indi-
                                                                                                                         viduellement et
                                                                                                                          ecclésialement.

                                                                                                                        Christophe
                                                                                                                        Jacon.

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N° 321 mai 2017
                                                                                     sous l’influence du managering gestionnaire,
                                                                                     les entreprises ont cédé aux sirènes des open-space
Un management centré sur l’humain                                                                         Dossier 19
                                                                                                                         Presse régionale
                                                                                                                         protestante

                Les Églises à la pointe du management
                                                                Soucieuse de la personne et de son épanouissement,
                                                                les Églises sont bien placées pour mettre en place,
                                                                dans les structures qu’elles dirigent, comme la
                                                                Fondation John Bost ou un Foyer de l’Arche, des
    Piloter en étant au service                                 managements pas seulement soucieux du profit.
    Bien au-delà de la gestion d’une équipe,
    le management au sein d’un Foyer de
    l’Arche qui accueille personnes avec han-
    dicap, salariés, bénévoles et volontaires
    a à voir avec le partage de la vie, toute la
    vie. Interview de Anne Beau-Reder, ma-
    nager du Foyer de l’Arche à Lyon.
   Parleriez-vous de « management » pour décrire le
   poste que vous occupez ?
   - Je n’ai pas de problème à utiliser le terme de « ma-
   nagement » – surtout vu mon parcours ! – quand on y
   entend « gérer », « animer », « piloter » … Mais dans le
   cercle des 140 foyers de l’Arche à travers le monde, on
   préfère utiliser la notion de « leadership de service ».                                                           Anne Beau-Reder
   Ce qui est tout à fait clair pour moi dans ce que je fais,
   c’est que ma mission est soumise au sens, au projet          salariés, volontaires, bénévoles…        quels j’ai travaillé jusqu’à présent
   de la communauté. D’ailleurs, mon poste est défini           Dans ce sens, il est difficile d’être    et qui sont là pour accompagner
                                              par la com-       « à côté de la plaque » dans les dé-     plutôt que pour contrôler.
Les nouvelles générations munauté elle-                         cisions prises. En revanche, il m’a      Tout est-il donc idyllique à l’Ar-
                                                                fallu apprendre à réguler mon im-        che ?
attendent du travail un                       même, en
                                                                patience : le rythme d’une commu-        Presque, mais pas tout à fait… Je
                                              fonction d’un
épanouissement personnel. projet réécrit                        nauté est très particulier, très lent.   me dis que nous ne prenons pas
                                              tous les cinq     Mon temps n’est donc pas leur            assez soin de nos bénévoles ! Nous
   ans. Je suis donc évaluée au terme de ces cinq an-           temps ou celui du conseil d’admi-        sommes privilégiés, voire même
   nées, ainsi qu’à mi-mandat, pour vérifier que je suis        nistration. Il me faut donc adapter      gâtés ! Actuellement, il y a près de
   toujours la bonne personne pour servir ce projet. En         mon rythme à celui de la com-            120 bénévoles qui viennent régu-
   tant que responsable de communauté, je vois aussi            munauté pour que les décisions           lièrement dans notre Foyer, c’est
   ma mission comme porteuse d’espérance : contre les           soient comprises et acceptées. Par       énorme ! Leur rôle est prépondé-
   situations de désespérance, d’agacement, de fatigue,         ailleurs, être au service de la com-     rant : ils replacent le service au
   de handicap… c’est particulièrement vrai dans les            munauté, c’est aussi parfois pren-       cœur de la vie de la communauté,
   temps de prière matinaux que nous partageons tous            dre des décisions qui génèrent de        ils mettent l’Arche dans la vie et
   les jours, et dans les temps de fête, nombreux, qui          l’insatisfaction et donc assumer         c’est extrêmement gratifiant pour
   émaillent la vie de la communauté.                           qu’elles ne soient pas populaires.       les personnes accueillies, que des
   Dans vos responsabilités, vous est-il arrivé de vous         Est-ce un poste solitaire que vous       gens viennent ainsi partager du
   trouver en porte-à-faux ?                                    occupez ?                                temps avec elles, pour rien, juste
   Les décisions se prennent sur un mode très participa-        Tout au contraire ! J’accompagne         pour le temps passé avec elles. Et
   tif par le biais de l’assemblée des permanents qui ras-      des projets qui sont définis par         pourtant, il y a beaucoup de turn-
   semble toutes les semaines des représentants de tous         l’assemblée des permanents d’une         over parmi ces bénévoles, et de
   les acteurs de la communauté : personnes accueillies,        part. D’autre part, je suis particu-     notre côté, on ne s’en occupe pas
                                                                lièrement entourée par le conseil        suffisamment, on ne les accompa-
                                                                d’administration qui se conçoit          gne pas autant qu’on le devrait.
                                                                comme étant là pour donner les           Gérald Machabert,
                                                                moyens à la communauté de réali-         journal Réveil.
                                                                ser ces impulsions de fond. Je suis
                                                                admirative des présidents avec les-
                                                                                                                   è
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