Festival de Jérusalem - Mardi 6 et mercredi 7 octobre 2020 - 20h30 - Philharmonie de Paris
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SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE L A MUSIQUE Mardi 6 et mercredi 7 octobre 2020 – 20h30 Festival de Jérusalem
Programme M A R D I 6 O C TO B R E 20 20 – 20 H 3 0 FA N TA I S I E S Franz Schubert Fantaisie pour piano à quatre mains D 940 Alexander von Zemlinsky Trio pour clarinette, violoncelle et piano op. 3 Franz Schubert Fantaisie pour violon et piano D 934 Elena Bashkirova, piano Sunwook Kim, piano Michael Barenboim, violon Jing Zhao, violoncelle Pascal Moraguès, clarinette FIN DU CONCERT (SANS ENTRACTE) VERS 21H55.
Les œuvres
Franz Schubert (1797-1828)
Fantaisie pour piano à quatre mains en fa mineur D 940
op. posth. 103
I. Allegro molto moderato – II. Largo – III. Allegro vivace – IV. Tempo primo
Composition : 1828.
Dédicace : à la comtesse Karoline Esterházy.
Création : le 9 mai 1828, à Vienne, par Franz Lachner et le compositeur.
Durée : environ 20 minutes.
Aux subtilités de la musique pour deux pianos, brillante et orientée vers la scène, Schubert
préféra tout au long de sa vie la Gemütlichkeit [confort, intimité] du jeu à quatre mains,
où les interprètes au coude-à-coude se partagent un même clavier. Chez lui plus que chez
tout autre, la pratique du genre est liée à l’amitié, à l’épanouissement du « je » artistique
au sein d’un « nous » qui le porte et l’encourage. Comme les schubertiades – ces réunions
conviviales où l’art tient la première place –, le piano à quatre mains – qui y est souvent
joué – est « le lieu de l’échange et du dialogue amical, symbole de la communion fraternelle
au sein d’un même univers affectif » (Brigitte Massin). Rien d’étonnant, donc, à ce que l’œuvre
schubertienne pour cette formation originale – un instrument, deux instrumentistes – tienne
une place toute particulière dans l’histoire de la musique, non seulement par le nombre
(trente-deux œuvres) mais aussi par la qualité.
De cette abondante production, la Fantaisie en fa mineur, composée en 1828, en même
temps que l’Allegro en la mineur et le Grand Rondeau en la majeur, représente le joyau.
Merveilleusement construite et équilibrée, joignant à l’enthousiasme d’une écriture savante
la profonde émotion d’un thème où l’économie des moyens le dispute à la beauté, elle fait
partie des plus belles œuvres écrites pour quatre mains. Fondant en une seule coulée les
quatre mouvements de la traditionnelle sonate, elle est débitrice du modèle de la Wanderer-
Fantasie, écrite en 1822. Liszt ne sera pas sourd à cette conception formelle : on peut d’ail-
leurs en voir un prolongement dans sa monumentale Sonate en si mineur de 1852-1853.
L’Allegro molto moderato par lequel s’ouvre la Fantaisie déroule tranquillement ses mélan-
coliques appels de quartes animés de notes pointées et d’appoggiatures ; il sera bientôt
4bousculé d’un thème viril et martelé dont on pressent déjà toutes les possibilités contrapun-
tiques. Le Largo s’échappe brusquement en fa dièse majeur (souvenir de la Fantaisie K 608
de Mozart, souvenir également de la Wanderer-Fantasie) et entame bientôt un doux chant
d’amour tout de frémissements. L’Allegro vivace qui suit joue le rôle du scherzo, avec ses
gammes décidées et ses croches souriantes, avant le retour du thème initial, encadrant
dans sa nudité et sa fragilité un passage fugué au flot tempétueux.
Angèle Leroy
Alexander
von Zemlinsky (1871-1942)
Trio pour clarinette, violoncelle et piano op. 3
I. Allegro ma non troppo
II. Andante
III. Allegro
Composition : 1896.
Création : le 11 décembre 1896, à Vienne, par Franz Blümel (clarinette), Friedrich
Buxbaum (violoncelle) et Hugo Reinhold (piano).
Durée : environ 30 minutes.
Un piano, une clarinette et un violoncelle : on associe spontanément cet effectif à Brahms,
l’un des rares compositeurs ayant écrit pour cette formation (son trio date de 1891). Et
c’est encore à lui que l’on songe en écoutant l’œuvre de Zemlinsky. L’opulence des textures
instrumentales, le lyrisme crépusculaire, la propension à superposer rythmes binaires et
ternaires, les techniques de travail thématique que le musicien de 25 ans manie déjà en
virtuose, tout cela rappelle le style de l’aîné. Mais si de nombreux passages sont colorés
de teintes automnales, le trio frappe dans l’ensemble par sa fougue (on songera en
particulier au premier mouvement et à la partie centrale de l’Andante, indiquée « Poco
mosso con fantasia »). Il adopte une coupe en trois mouvements, sans scherzo, peut-être
5parce que le dernier mouvement, avec son alacrité vif-argent, condense l’esprit d’un
finale et celui d’un scherzo.
Depuis la saison 1893-1894, Zemlinsky a l’occasion de croiser Brahms en participant
aux activités du Tonkünstlerverein (société de musique de chambre) de Vienne, ce qui
a pu renforcer l’influence du maître. En outre, il a reçu ses critiques et conseils après la
création de son Quintette à cordes en ré mineur (mars 1896) et bénéficié de son soutien
financier. N’étant plus contraint de donner autant de cours pour gagner sa vie, il peut
ainsi se consacrer davantage à la composition. Son Trio pour clarinette, violoncelle et
piano remporte le troisième prix d’un concours organisé par le Tonkünstlerverein. Il est
ensuite édité chez Simrock grâce aux recommandations de Brahms.
Hélène Cao
Franz Schubert
Fantaisie pour violon et piano en ut majeur D 934 op. 159
Composition : décembre 1827.
Création : le 20 janvier 1828, au Landhaus-Saal, Vienne, par Josef Slavík (violon)
et Karl Maria von Bocklet (piano).
Première édition : 1850, Anton Diabelli, Vienne, comme op. 159.
Durée : environ 30 minutes.
Après la composition de ses quatre sonates D 384, D 385, D 408 (1816) et D 574
(1817), Schubert resta neuf ans sans pratiquer le duo violon/piano. Mais la rencontre
avec un jeune virtuose tchèque, Joseph Slavík (1806-1833), lui inspira deux pièces clai-
rement destinées à mettre en valeur ses moyens techniques. Le Rondo D 895 naquit en
1826, suivi quelques mois plus tard de la Fantaisie, une partition plus ambitieuse (près
de trente minutes) mais tout aussi extravertie. Elle déconcerta les premiers auditeurs par
sa longueur et sa construction en épisodes autant que par l’étincelante démonstration de
virtuosité, si étrangère a priori au tempérament de Schubert. Pourtant, les univers qui se
succèdent lui appartiennent pleinement ; la richesse de l’inspiration et le travail formel
6(la précision des enchaînements, les retours thématiques) élèvent l’œuvre bien au-dessus
du simple morceau de bravoure.
L’introduction (andante molto) tisse un climat intrigant avec son violon flottant au-dessus
des trémolos du piano, dans une ambiguïté modale majeur/mineur typiquement schuber-
tienne. L’allegretto qui suit fait souffler un vent hongrois et primesautier. Le ton s’alourdit
au fil des modulations menant au cœur de l’œuvre : une série de quatre variations sur
Sei mir gegrüsst! [Je te salue !], un lied composé par Schubert en 1822 sur un poème
de Friedrich Rückert. Après une marche alerte (allegro vivace), une dernière évocation
du lied (allegretto) plonge dans la vive coda, qui reprend en accéléré (presto) le thème
de la marche.
Claire Delamarche
7P H I L H A R M O N I E D E PA R I S
Licences E.S. n°1-1083294, E.S. n°1-1041550, n°2-1041546, n°3-1041547.
6 concerts
du 12 octobre au 17 décembre
QUATUOR ÉBÈNE
BEETHOVEN
Photo : Julien Mignot
INTÉGRALE
DES QUATUORS
Conception graphique : BETC
philharmoniedeparis.fr
01 44 84 44 84
Porte de PantinProgramme M E R C R E D I 7 O C TO B R E 20 20 – 20 H 3 0 Franz Schubert Adagio e Rondo concertante pour violon, alto, violoncelle et piano D 487 Jörg Widmann Larmes des Muses pour violon, clarinette et piano Franz Schubert Quintette pour violon, alto, violoncelle, contrebasse et piano D 667 « La Truite » Elena Bashkirova, piano Michael Barenboim, violon Gérard Caussé, alto Jing Zhao, violoncelle Nabil Shehata, contrebasse Pascal Moraguès, clarinette FIN DU CONCERT (SANS ENTRACTE) VERS 21H45.
Les œuvres
Franz Schubert (1797-1828)
Adagio e Rondo concertante pour violon, alto, violoncelle
et piano en fa majeur D 487
Composition : septembre 1816.
er
Création : le 1 novembre 1861, dans le salon de Ludwig Bösendorfer, Vienne.
Durée : environ 14 minutes.
Schubert aurait composé l’Adagio e Rondo concertante à la demande d’Heinrich Grob,
frère de la soprano Therese Grob dont il était amoureux. Le manuscrit aurait été offert à
l’éditeur et compositeur Anton Diabelli après la mort de Schubert. Mais le diptyque n’est
édité qu’en 1865, quatre ans après sa première exécution connue en concert.
Dans sa première œuvre de chambre pour cordes et piano, Schubert écarte la tradition-
nelle forme en trois mouvements vif-lent-vif au profit d’une structure rappelant celle de
nombreux airs d’opéra : une première partie lente (adagio), une seconde rapide (allegro
vivace). Il substitue en quelque sorte le piano à la voix, puisque l’instrument à clavier
possède un statut de soliste (d’où le terme « concertante » dans le titre), les cordes se
limitant essentiellement à un rôle d’accompagnement.
Hélène Cao
Jörg Widmann (1973)
Tränen der Musen [Larmes des Muses] pour violon, clarinette et piano
Composition : 1993 (révision en 1996).
Création : le 5 juillet 1997, à Holzhausen am Ammersee, quartier de la commune
Utting am Ammersee.
Édition : Schott Music.
Durée : environ 12 minutes.
10« Inter armis musae silent. » J’ai découvert cette phrase alors que je travaillais à ce trio.
Est-il bien vrai que les muses doivent se taire lorsque les armes parlent ? Pourrait-on
éventuellement traduire ce silence par des sons ? D’un point de vue strictement musical
du moins, le trio est né de la tentative d’écrire une pièce à partir de trois notes : une
seconde mineure descendante suivie de la chute d’une tierce mineure.
Jörg Widmann
Franz Schubert
Quintette pour violon, alto, violoncelle, contrebasse
et piano en la majeur D 667 op. 114 « La Truite »
I. Allegro vivace
II. Andante
III. Scherzo : Presto
IV. Thema. Andantino – Variazioni
V. Allegro giusto
Commande de Sylvester Paumgartner.
Composition : probablement pendant l’automne 1819.
Création : probable audition privée chez Sylvester Paumgartner fin 1819.
Durée : environ 45 minutes.
Pendant l’été 1819, Schubert entreprend un voyage d’agrément en Autriche, en compagnie
du baryton Johann Michael Vogl. Si l’on en croit son ami Albert Stadler, c’est durant ces
semaines que le violoncelliste amateur et mécène Sylvester Paumgartner lui commande le
Quintette pour cordes et piano « La Truite » : « Vous connaissez sans doute le quintette de
Schubert pour pianoforte, violon, alto, violoncelle et contrebasse, avec les variations sur
sa “Truite”. Il l’a composé à la demande expresse de mon ami Sylvester Paumgartner, que
la délicieuse chanson avait ravi d’aise. Conformément à son souhait, le quintette devait
présenter la même structure et la même instrumentation que le récent quintette de Hummel,
qui est en fait un septuor. Schubert eut tôt fait de terminer ; il conserva la partition, je
me chargeai des parties et les expédiai à Steyr chez Paumgartner. » Dans cette lettre de
111858, Stadler fait allusion à l’adaptation par Hummel de son propre Septuor pour piano,
flûte, hautbois, cor, alto, violoncelle et contrebasse op. 74 (1816). Si Paumgartner a sans
doute joué le quintette de Schubert à son domicile, l’œuvre n’est éditée qu’en 1829.
Un Andante assez enjoué, des sonorités lumineuses, un finale bonhomme et populaire,
du travail thématique sans conflit : voilà une musique souriante, idéale pour les séances
de musique de chambre entre amis. L’écriture du piano, dont les deux mains sont souvent
à l’octave dans le registre aigu, renforce la sensation de clarté. L’effectif instrumental,
rarement employé (la formation associant le piano au quatuor à cordes connaîtra une plus
grande fortune), permet de confier des éléments mélodiques au violoncelle, la contrebasse
se chargeant alors de l’assise harmonique.
Aux quatre mouvements de la forme traditionnelle, Schubert ajoute un thème et variations
en quatrième position, fondé sur la mélodie de son lied Die Forelle [La Truite], composé
en 1817 sur un poème de Christian Friedrich Daniel Schubart. Après que les cordes ont
exposé le thème, chaque instrument est tour à tour mis en valeur. La sixième et dernière
variation, qui utilise la partie de piano du lied d’origine, invite à se rappeler le poème de
Schubart : l’histoire de la truite attrapée par un pêcheur rusé devrait servir d’avertissement
aux jeunes filles trop facilement abusées par le premier séducteur venu.
Hélène Cao
12Les compositeurs
Franz Schubert
Franz Schubert baigne dans la musique dès sa des œuvres comme le Quintette à cordes « La
plus tendre enfance. En parallèle des premiers Truite », son catalogue montre une forte propen-
rudiments instrumentaux apportés par son père sion à l’inachèvement qui suggère la nécessité,
ou son frère, l’enfant reçoit l’enseignement du pour le compositeur, de repenser son esthétique.
Kapellmeister de la ville. Il tient alors volontiers Du côté des lieder, il en résulte un recentrage
la partie d’alto dans le quatuor familial, mais sur les poètes romantiques (Novalis, Friedrich
joue tout aussi bien du violon, du piano ou de Schlegel, Heinrich Heine), qui aboutit en 1823
l’orgue. En 1808, il est admis sur concours dans à l’écriture du premier cycle sur des textes de
la maîtrise de la chapelle impériale de Vienne : Wilhelm Müller, La Belle Meunière, suivi en 1827
ces années d’études à l’austère Stadtkonvikt, du Voyage d’hiver. En parallèle, il compose ses
où il noue ses premières amitiés, lui apportent trois derniers quatuors à cordes (« Rosamunde »,
o
une formation musicale solide. Dès 1812, il « La Jeune Fille et la Mort » et le Quatuor n 15
devient l’élève en composition et contrepoint de en sol majeur), ses grandes sonates pour piano
Salieri, alors directeur de la musique à la cour et la Symphonie en ut majeur. La réception de sa
de Vienne. Les années qui suivent son départ du musique reste inégale, le compositeur essuyant
Konvikt, en 1813, sont d’une incroyable richesse son lot d’échecs à la scène mais rencontrant par
du point de vue compositionnel : le jeune homme ailleurs des succès indéniables : publication et
accumule les quatuors à cordes, les pièces pour création du Quatuor « Rosamunde » en 1824
piano, les œuvres pour orchestre et les lieder et publication des Sonates pour piano D 845,
– dont les chefs-d’œuvre Marguerite au rouet et D 850 et D 894, qui reçoivent des critiques posi-
Le Roi des aulnes. Des rencontres importantes, tives. En mars 1828, Schubert organise pour la
comme celle des poètes Johann Mayrhofer et seule et unique fois de sa vie un grand concert
Franz von Schober, ou celle du baryton Johann dédié à ses œuvres. Ayant souffert de la syphilis,
Michael Vogl lui ouvrent de nouveaux horizons. contractée vers 1823, et de son traitement au
Peu après un séjour en Hongrie en tant que pré- mercure, il meurt le 19 novembre 1828, à l’âge
cepteur des filles du comte Esterházy, et alors de 31 ans. Il laisse un catalogue immense dont
qu’il commence à être reconnu, Schubert semble des pans entiers resteront totalement inconnus du
traverser une crise compositionnelle. Après public durant plusieurs décennies.
13Alexander von Zemlinsky
Né à Vienne, Alexander von Zemlinsky est admis du poème symphonique Pelléas et Mélisande
en 1884 au conservatoire de sa ville natale, où de Schönberg, créé le même soir. Alors que La
il étudie le piano avec Anton Door, la théorie Sirène est considérée aujourd’hui comme l’une de
avec Robert Fuchs et la composition avec Anton ses œuvres les plus achevées, elle fut, au terme
Bruckner. Il peut compter, alors que s’amorce sa de cette mauvaise expérience, abandonnée par
carrière de compositeur, sur le soutien enthou- le compositeur et non publiée de son vivant. De
siaste de Brahms, qui, après avoir entendu sa même, son opéra George le rêveur, commandé
Symphonie en ré mineur et son Quatuor à cordes par Mahler alors à la tête de l’Opéra de Vienne,
o
n 1 interprété par le Quatuor Hellmesberger, est annulé en raison du changement de directeur.
le recommande à la maison d’édition Simrock. Ses tourments professionnels et personnels ont
Zemlinsky rencontre Schönberg en 1895, ce une influence directe sur ses compositions : son
o
qui bouleverse sa vie. Ils deviennent amis, puis Quatuor à cordes n 2 (1915) revisite l’épisode
beaux-frères lorsque le second épouse Mathilde de la liaison de sa sœur Mathilde Schönberg avec
von Zemlinsky, la sœur du premier. Zemlinsky le peintre Richard Gerstl et le suicide de ce der-
est également le seul musicien ayant enseigné la nier en 1908 ; son opéra Une tragédie florentine
musique à Schönberg, autodidacte notoire, en (1917), basé sur un texte d’Oscar Wilde, a pour
lui dispensant de manière informelle les bases thème un drame conjugal ; son opéra Le Nain
du contrepoint. Schönberg déclara plus tard : (1922), également basé sur un texte de Wilde,
« Alexander von Zemlinsky est celui à qui je dois est le reflet de son histoire pathétique avec Alma
presque toutes mes connaissances de la technique et du mélange d’attirance et de répulsion qu’elle
et des problèmes compositionnels. » Ensemble, ils éprouvait pour lui. Zemlinsky compose en 1923,
fondent la Vereinigung schaffender Tonkünstler, la Symphonie lyrique, une pièce en sept mouve-
une organisation destinée à promouvoir à Vienne ments pour soprano, baryton et orchestre, sur des
le goût pour la « nouvelle musique ». Au tour- poèmes de Tagore. Au cours des années 1920,
nant du siècle, Zemlinsky s’éprend de l’une de son style évolue, ce qui démontre une attention
ses élèves en classe de composition, une certaine particulière aux évolutions musicales de son temps,
o
Alma Schindler. S’ensuit une liaison, qui s’achève comme en témoigne son Quatuor à cordes n 3
en 1902 lorsqu’Alma le quitte pour épouser (1924). Ses Symphonische Gesänge (1929)
Mahler. En 1905, il connaît des déboires dans son pour baryton, mezzo-soprano et orchestre sont
activité de compositeur : sa fantaisie orchestrale composés d’après des poèmes afro-américains.
La Sirène est éclipsée par le succès flamboyant Quant à son opéra Le Cercle de craie (1932),
14il fait écho aux nouvelles idées développées par États-Unis en 1938, il meurt quatre ans plus tard,
Kurt Weill et Bertolt Brecht. Profondément marqué dans un relatif anonymat. Son dernier opéra, Le
par la mort soudaine de son ami Berg en 1935, il Roi Candaule, inachevé à sa mort, sera complété
o
lui dédie son Quatuor à cordes n 3. Émigré aux par le musicologue Antony Beaumont.
Jörg Widmann
Compositeur et clarinettiste, né à Munich en 1973, Hambourg. Jörg Widmann a été compositeur
Jörg Widmann prend ses premières leçons de en résidence à l’Orchestre de Paris de 2017
clarinette à l’âge de 7 ans. Il étudie avec Gerd à 2019. Il est aussi le premier compositeur en
Starke à Munich puis auprès de Charles Neidich résidence à l’Orchestre du Gewandhaus, l’œuvre
à la Juilliard School of Music de New York. Il Partita, five reminiscences for large orchestra lui
obtient le Premier prix du Concours Carl Maria ayant été commandée à la fois par l’Orchestre du
von Weber à Munich et celui des Conservatoires Gewandhaus et le Boston Symphony Orchestra,
allemands de musique à Berlin. Dès 1984, il et créée à Leipzig en mars 2018 sous la baguette
prend des cours de composition auprès de Kay d’Andris Nelsons. En juin 2019, son œuvre
Westermann, puis auprès de Hans Werner Henze, Labyrinth IV, commande de la Fondation Pierre
Wilfried Hiller, Heiner Goebbels et Wolfgang Boulez, est créée à la Pierre Boulez Saal de
Rihm. En 2001, Implosion pour orchestre est créé Berlin sous la direction de Daniel Barenboim.
au Festival de Donaueschingen. Jörg Widmann a Toujours en 2019, il a reçu l’Opus Klassik Award
été récompensé par de nombreuses distinctions, du « Compositeur de l’année » pour Arche. En
dont le Prix d’encouragement de la Fondation novembre, il a dirigé l’Irish Chamber Orchestra
Ernst von Siemens en 2003. En 2006, le Prix en tant que chef principal en tournée aux États-
de composition de l’Orchestre symphonique de Unis et en concerts dans toute l’Europe. En 2020,
la SWR lui est décerné pour Zweites Labyrinth ; il est joué au Davies Symphony Hall de San
il reçoit ensuite le Prix de composition Claudio Francisco sous la direction de Dima Slobodeniouk,
Abbado décerné lors de l’Académie de la au Wigmore Hall de Londres par le Quatuor
Philharmonie de Berlin. Armonica est créé en Artemis, au Carnegie Hall de New York et aussi
janvier 2007 par les Wiener Philharmoniker dans de nombreuses salles des Pays-Bas. Parmi
dirigés par Pierre Boulez. Son oratorio Arche ses partenaires réguliers en musique de chambre
est créé le 13 janvier 2017 dans le cadre des figurent Sir András Schiff, Daniel Barenboim,
journées d’inauguration de l’Elbphilharmonie à Elisabeth Leonskaja et Mitsuko Uchida.
15Les interprètes Elena Bashkirova La pianiste Elena Bashkirova a étudié au que les Münchner Philharmoniker, le DSO Berlin, Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Que ce les Wiener Philharmoniker, l’Orchestre de Paris, soit le répertoire avec orchestre, la musique de l’Orchestre philharmonique d’Israël ou encore le chambre, le récital, l’accompagnement de chan- Chicago Symphony Orchestra. Avec ses parte- teurs ou la programmation, les multiples facettes naires de musique de chambre, elle se produit de son activité créatrice revêtent toutes une égale à Genève, Lisbonne (Fondation Gulbenkian) et importance à ses yeux, et s’enrichissent continuel- Paris (Philharmonie), ainsi qu’au Wigmore Hall lement. Il y a vingt ans, Elena Bashkirova a fondé de Londres, à l’Elbphilharmonie de Hambourg le Festival international de musique de chambre et au Musikverein de Vienne. En 2018, Elena de Jérusalem, événement annuel organisé en sep- Bashkirova s’est vu remettre un doctorat hono- tembre dont elle assure la direction artistique. Elle raire de l’université Ben Gourion du Néguev. est régulièrement invitée par des orchestres tels Sunwook Kim Sunwook Kim donne son premier récital de piano symphonique de Bournemouth. En tant que à l’âge de 10 ans, puis suit les cours de l’Univer- soliste, Sunwook Kim fait des apparitions régu- sité nationale des arts de Corée avec Kim Dae-jin lières aux Piano 4 Étoiles, au Wigmore Hall, à la et de l’Académie royale de musique de Londres Maison des concerts de Stockholm ou au Teatro en direction d’orchestre. Londonien d’adoption, il Colón de Buenos Aires. Son premier disque de s’est forgé une renommée internationale en rem- récitals (Accentus, 2015) présente les sonates portant le Concours international de piano de Waldstein et Hammerklavier de Beethoven, et Leeds à 18 ans. Il collabore avec des orchestres a été suivi en janvier 2016 d’un second opus comme le London Symphony Orchestra, l’Or- de récitals sous le même label. Sa discographie chestre symphonique de la Radio de Berlin, ou comprend également deux enregistrements chez encore l’Orchestre symphonique de Bournemouth Deutsche Grammophon aux côtés de l’Orchestre avec lequel il a fait ses premiers pas sur la scène philharmonique de Séoul sous la baguette de des BBC Proms en 2014. Il passe la saison Myung-Whun Chung. 2014-2015 en résidence auprès de l’Orchestre 16
Michael Barenboim
Michael Barenboim est depuis ses débuts très anime des master-classes dans le monde entier.
impliqué dans le West-Eastern Divan Orchestra, Il a été nommé doyen de l’académie en juin
où il occupe la place de violon solo. Il donne 2020. Au cours la saison 2018-2019, on a
régulièrement les ouvrages de Pierre Boulez en pu l’entendre dans le Concerto de Beethoven
récital ou avec le Boulez Ensemble. La musique avec le West-Eastern Divan Orchestra et Daniel
de chambre constitue un autre volet essen- Barenboim à la Waldbühne de Berlin, avec le
tiel de sa carrière. Il est membre du quatuor Royal Liverpool Philharmonic sous la baguette
Michelangelo en tant qu’altiste, et il se produit de Robert Trevino dans le Concerto de Berg, et
régulièrement en trio avec piano entouré du vio- avec la Philharmonie de Dresde dans le Concerto
loncelliste Kian Soltani et de Daniel Barenboim. de Glazounov. Durant la saison 2020-2021, il
En parallèle de ses engagements solistes et donnera l’intégrale des trios de Beethoven à la
en récital, Michael Barenboim s’implique de Philharmonie de Paris avec Daniel Barenboim
manière forte et durable dans des activités édu- et Kian Soltani, et interprétera le Concerto de
catives. Il est à la tête du département de musique Dutilleux avec l’Orchestre de Paris en juin 2021.
de chambre de la Barenboim-Said Academy et
Jing Zhao
Jing Zhao commence à jouer du violoncelle master-classes de Mario Brunello et Georg
à l’âge de 5 ans. Alors qu’elle étudie au Faust à l’Accademia Chigiana de Sienne, et
Conservatoire central de musique de Pékin, travaille avec David Geringas à la Hanns Eisler-
elle est découverte par le violoncelliste japo- Akademy de Berlin. Lauréate du Premier prix de
nais Ryosuke Hori. Impressionné par ses talents l’ARD à Munich en septembre 2005, elle joue
musicaux, il l’invite au Japon pour des études sous la direction de chefs tels Seiji Ozawa et
plus poussées. En 1996, elle obtient une bourse Riccardo Muti. En avril 2007, Jing Zhao rem-
du Collège de musique de Tokyo, et commence porte un grand succès lors de trois concerts au
ses études supérieures. Elle est ensuite invitée Sydney Opera House avec le Sydney Symphony
à la Karajan-Akademy de Berlin, dont elle sort Orchestra. Son jeu dans la Symphonie concer-
diplômée en mars 2002. Elle participe aux tante de Prokofiev avec le Japan Philharmonic
17Orchestra en août 2007 est aussi particulière- musique de chambre avec le prince héritier du ment salué. Jing Zhao se produit également dans Japon Naruhito. Elle joue un violoncelle Giovanni différents ensembles de musique de chambre. En Grancino fabriqué en 1690, grâce au prêt de M. janvier 2007, elle est choisie pour jouer de la Lin Kim Min à Singapour. Pascal Moraguès Première clarinette solo à l’Orchestre de Paris Leipzig, Belcea, Jerusalem, Prazak, Sine Nomine, depuis 1981, Pascal Moraguès poursuit paral- Carmina, Amati, Fine Arts, Vogler... ainsi que lèlement une brillante carrière de soliste. Il s’est de l’Orchestre de chambre d’Europe. Il apparaît notamment produit sous la direction de Daniel régulièrement au programme des institutions musi- Barenboim, Pierre Boulez, Semyon Bychkov, cales internationales les plus prestigieuses, telles Carlo Maria Giulini, Zubin Mehta, Wolfgang que le Wigmore Hall de Londres, le Konzerthaus Sawallich, Emmanuel Krivine, Frans Brüggen de Vienne, le Konzerthaus de Berlin, le Carnegie et Yuri Bashmet. Partenaire de musique de Hall de New York, et figure dans les grandes chambre particulièrement sollicité, il est membre séries et festivals en Europe, au Moyen-Orient, du Quintette Moraguès et du Victoria Mullova aux États-Unis, en Australie et au Japon où il est Ensemble. On le retrouve également aux côtés de invité chaque année. En 2007, Pascal Moraguès Katia et Marielle Labèque, Christian Zacharias, a été fait chevalier dans l’ordre des Arts et des Christoph Eschenbach, Elena Bashkirova, Lettres par le ministre de la Culture et de la Pascal Rogé, Pierre-Laurent Aimard, les trios Communication de la République française. Wanderer, Guarneri et les quatuors Borodine, Gérard Caussé Gérard Caussé a développé – en paral- partenaire recherché de Gidon Kremer (Les lèle d’une carrière de soliste, en récital et Sept Dernières Paroles du Christ de Haydn), comme concertiste avec de grands chefs et Dimitry Sitkovetsky (création de la transcription de prestigieuses formations – une activité faite par Sitkovetsky des Variations Goldberg de musique de chambre reconnue. Il est un de Bach), Mischa Maisky, Michel Portal, Paul 18
Meyer, François-René Duchâble, Renaud dans de nombreuses master-classes, à Verbier,
Capuçon, Frank Braley, Nicholas Angelich… Salzbourg, Sienne, Villecroze, Lisbonne, La
Il a inspiré nombre de compositeurs : Henri Havane ou Caracas. Chef et directeur musical
Dutilleux, Philippe Hersant, Michaël Levinas, de l’Orchestre de chambre de Toulouse, de
Pascal Dusapin, Hugues Dufour, Betsy Jolas, la Camerata de la Fondation Caja Duero de
Wolfgang Rihm, Gérard Pesson… Sa défense Salamanque, Gérard Caussé incarne toutes les
des répertoires contemporains dès la fondation facettes d’une vie d’altiste, dont témoignent plus
de l’Ensemble intercontemporain, où Pierre de 60 enregistrements, comme la transcription
Boulez le nomme alto solo, s’accompagne des Suites pour violoncelle de Bach à l’alto,
d’une activité pédagogique novatrice recon- entrelacées de poèmes de Rainer Maria Rilke,
nue, du Conservatoire de Paris (CNSMDP) dits par Laurent Terzieff, chez Erato. Il joue un
à la Escuela Reina Sofía de Madrid, comme Gasparo da Salo de 1560.
Nabil Shehata
Chef d’orchestre de la Philharmonie Südwestfalen de nombreuses œuvres pour contrebasse à des
depuis 2019, Nabil Shehata a commencé sa car- compositeurs. Fréquemment invité dans des fes-
rière de chef d’orchestre en 2006 après avoir tivals (Schleswig-Holstein, Jerusalem International
reçu les encouragements et les instructions de Chamber Music, Bath International Music, Pâques
E.S. n°1-1083294, E.S. n°1-1041550, n°2-1041546, n°3-1041547 – Imprimeur : Impro
Daniel Barenboim, Rolf Reuter, Lawrence Foster à Salzbourg…), il se produit régulièrement en
et Christian Thielemann. Son apprentissage de musique de chambre avec Daniel Barenboim,
la musique débute avec les cours de piano don- Nikolaj Znaider, Christoph Poppen, David
nés par sa mère lorsqu’il a 6 ans. Il prend ses Geringas, Elena Bashkirova, Tatjana Vassiljeva,
premiers cours de contrebasse trois ans plus tard Klaus Thunemann, Viviane Hagner… Soutenir les
avec Thomas Zscherpe, et poursuit ses études avec jeunes artistes est d’une grande importance pour
Michinori Bunya et Esko Laine. Il est lauréat de plu- Nabil Shehata et il est fortement engagé dans le
sieurs concours internationaux, dont le concours West-Eastern Divan Orchestra, dont il est membre
ARD à Munich, où il a reçu le Premier prix et le depuis l’origine. Il donne des master-classes en
Prix du public. De 2004 à 2008, il a été première Europe, en Israël et au Japon, et il enseigne à
contrebasse solo des Berliner Philharmoniker, avec l’Académie des Berliner Philharmoniker ainsi qu’à
lesquels il s’est produit en tant que soliste sous la l’Université de musique et des arts de Munich
direction de Daniel Barenboim. Il a commandé depuis octobre 2007.
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