FRET ("Förster / fluorescence resonance energy transfer")
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FRET (“Förster / fluorescence resonance energy transfer”) I - Théorie II - Méthodes de mesure III - Applications à des études biologiques IV - Un exemple de l’utilisation du FRET : étude de l’interaction CXCR4 / PKCα V - Perspectives et limites du FRET ; autres techniques complémentaires Marion PETER marion.peter@igmm.cnrs.fr
FRET (“Förster / fluorescence resonance energy transfer”) I - Théorie II - Méthodes de mesure III - Applications à des études biologiques IV - Un exemple de l’utilisation du FRET : étude de l’interaction CXCR4 / PKCα V - Perspectives et limites du FRET ; autres techniques complémentaires
Rappels sur la fluorescence Le phénomène de fluorescence est la propriété d’une molécule d’émettre, lorsqu’elle est excitée par un rayonnement de longueur d’onde λ1, un rayonnement d’une longueur d’onde λ2, telle que λ2 est supérieure à λ1. La fluorescence peut : - être naturelle : autofluorescence - résulter de l’adjonction d’un fluorophore sur un constituant cellulaire - résulter du couplage d’un fluorophore à un anticorps, permettant la détection d’une protéine particulière dans la cellule - résulter de l’ajout d’un ADNc codant pour un fluorophore à l’ADNc codant pour la protéine d’intérêt considérée
FRET (“Förster / fluorescence resonance energy transfer”) Définition : Processus non radiatif par lequel de l’énergie d’un fluorophore donneur à l’état excité est transmis à un fluorophore accepteur à proximité immédiate (distance < 10 nm).
FRET (“Förster / fluorescence resonance energy transfer”) Conditions : - excitation du donneur - chevauchement du spectre d’émission du donneur et du spectre d’absorption de l’accepteur - orientation donneur / accepteur favorable et distance donneur / accepteur < 10 nm détection d’interactions moléculaires (D’après Bastiaens and Pepperkok, 2000)
FRET (“Förster / fluorescence resonance energy transfer”) Conséquences : - diminution de l’intensité de fluorescence du donneur et augmentation de l’intensité de fluorescence de l’accepteur - diminution de la durée de vie de fluorescence du donneur définition de la durée de vie de fluorescence : durée moyenne pendant laquelle un fluorophore reste à l’état excité après absorption d’un photon (de l’ordre de ps à ns). intensité d’émission donneur seul donneur en présence d’accepteur et lorsqu’il y a FRET τDA τD temps
FRET (“Förster / fluorescence resonance energy transfer”) I - Théorie II - Méthodes de mesure III - Applications à des études biologiques IV - Un exemple de l’utilisation du FRET : étude de l’interaction CXCR4 / PKCα V - Perspectives et limites du FRET ; autres techniques complémentaires
Méthodes de mesures du FRET Mesures d’intensités de fluorescence - mesures de ratios donneur / accepteur la stœchiométrie donneur / accepteur doit être constante au cours de l’expérience ex. biosenseur - mesures de l’augmentation de l’intensité de l’accepteur corrections à apporter concernant la fluorescence détectée dans le canal de l’accepteur due au donneur - mesures de l’intensité du donneur après photobleaching de l’accepteur débris Mesures de durées de vie de fluorescence
Choix de la technique de FLIM (“fluorescence lifetime imaging microscopy”) pour mesurer le FRET Avantages : - la durée de vie de fluorescence est indépendante de la concentration de fluorophore et du chemin de la lumière - si l’accepteur est en excès, le FRET mesuré par FLIM est indépendant de la distribution subcellulaire des concentrations protéiques - cette technique permet de déterminer la proportion de molécules en interaction dans chaque voxel d’une cellule - les images présentent un bon rapport signal / bruit
Choix de la technique de FLIM (“fluorescence lifetime imaging microscopy”) pour mesurer le FRET Inconvénients : - les temps d’acquisition sont souvent longs - l’équipement est coûteux
Méthodes de mesure de durées de vie de fluorescence intensité τDA τD temps (D’après Bastiaens and Squire, 1999)
TCSPC (“time-correlated single photon counting”) Pulse d’excitation Intensité Forme d’onde de fluorescence Temps Δt Δt Référence Intensité Evénements Temps
FRET (“Förster / fluorescence resonance energy transfer”) I - Théorie II - Méthodes de mesure III - Applications à des études biologiques IV - Un exemple de l’utilisation du FRET : étude de l’interaction CXCR4 / PKCα V - Perspectives et limites du FRET ; autres techniques complémentaires
Applications Etude d’interactions intramoléculaires : - changements conformationnels de protéines - dimérisation de protéines - caractérisation de complexes macromoléculaires - biosenseurs : applications à l’étude d’activités enzymatiques, à la détermination de concentration d’ions (Ca2+) ou de métabolites (AMPc) (D’après Zhang et al, 2002)
Applications Etude d’interactions intermoléculaires : - protéine / protéine - protéine / ADN (D’après Zhang et al, 2002)
Pourquoi le FRET ? Il est souhaitable de savoir où et quand, dans une cellule, des molécules d’intérêt interagissent. La majorité des autres approches expérimentales ne permettent pas d’obtenir ces informations, que ce soit : - la microscopie à fluorescence “classique”, la microscopie confocale ou la microscopie électronique - les approches biochimiques : immunoprécipitation et “western blot”, “pull-down”, fractionnement cellulaire, tests d’activité enzymatique...
Démarche expérimentale Ex. pour une étude d’interaction protéine / protéine in vivo - choix de la stratégie : soit 2 protéines exprimées en fusion avec des protéines fluorescentes soit 1 protéine exprimée en fusion avec une protéine fluorescente et 1 autre protéine détectée par un anticorps fluorescent (ou protéines recombinantes marquées avec des fluorophores) - choix de la place de l’étiquette fluorescente : d’après les caractéristiques connues des protéines d’intérêt (ex. propriétés biologiques, données structurales) - test de l’effet de l’ajout de l’étiquette fluorescente sur les propriétés des protéines d’intérêt, par rapport aux protéines endogènes (ex. localisation subcellulaire, propriétés enzymatiques le cas échéant) - étude de la colocalisation des protéines d’intérêt, en microscopie confocale - étude de leur interaction éventuelle par FRET
Démarche expérimentale Ex. pour une étude d’interaction protéine / protéine in vivo - étude de leur interaction éventuelle par FRET microinjecter ou transfecter des vecteurs codant pour le donneur et l’accepteur en fusion avec des protéines fluorescentes pour des mesures de FRET par mesures de durée de vie de fluorescence du donneur, mesurer : la durée de vie de fluorescence du donneur seul la durée de vie de fluorescence du donneur en présence d’accepteur utiliser éventuellement des mutants permettant d’abolir l’interaction (contrôle négatif) ou de rendre l’interaction constitutive (contrôle positif)
FRET (“Förster / fluorescence resonance energy transfer”) I - Théorie II - Méthodes de mesure III - Applications à des études biologiques IV - Un exemple de l’utilisation du FRET : étude de l’interaction CXCR4 / PKCα V - Perspectives et limites du FRET ; autres techniques complémentaires
Choix du couple de fluorophores EGFP / mRFP1 pour des expériences de FRET / FLIM Figure 1 A 1.0 0.8 CFP Normalised Intensity YFP eGFP 0.6 mRFP1 0.4 0.2 0.0 500 550 600 650 700 Wavelength (nm) (D’après Peter et al., 2005)
Choix du couple de fluorophores EGFP / mRFP1 pour des expériences de FRET / FLIM Figure 1 B (D’après Peter et al., 2005)
Choix du couple de fluorophores EGFP / mRFP1 pour des expériences de FRET / FLIM Figure 2 5000 A 10000 B 10000 C 4000 8000 8000 Photon Counts Photon Counts Photon Counts 3000 6000 6000 raw data raw data 1-! "2= 6.72 raw data 2000 4000 4000 1-! "2= 4.27 2-! "2= 1.25 1-! "2= 1.09 2 2-! " = 1.13 1000 2000 2000 0 0 0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6 Weighted Residuals 12 12 12 Time (ns) Time (ns) Time (ns) 8 1-! 8 8 1-! 4 4 1-! 4 Weighted Residuals Weighted Residuals 0 0 0 -4 -4 -4 -8 -8 -8 -12 -12 -12 12 0 1 2 3 4 5 6 12 8 Time (ns) 8 2-! 2-! 4 4 0 0 -4 -4 -8 -8 -12 -12 0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6 Time(ns) Time(ns) (D’après Peter et al., 2005)
Choix du couple de fluorophores EGFP / mRFP1 pour des expériences de FRET / FLIM Figure 3 τ = 2.05 ± 0.1 ns (D’après Peter et al., 2005)
Choix du couple de fluorophores EGFP / mRFP1 pour des expériences de FRET / FLIM Figure 4 GFP Emission 50000 mRFP1 absorbance 1.0 40000 Absorbance (cm M ) Intensity (arb. units) 0.8 -1 -1 30000 0.6 20000 0.4 0.2 10000 0.0 0 450 500 550 600 Wavelength (nm) (D’après Peter et al., 2005)
Choix du couple de fluorophores EGFP / mRFP1 pour des expériences de FRET / FLIM Avantages : - leur expression peut être directement couplée aux protéines d’intérêt ce qui permet d’éviter d’utiliser des anticorps, qui peuvent créer un encombrement stérique - leurs spectres d’émission sont bien séparés contrairement à CFP / YFP - ils ne présentent pas de problème de photo-instabilité contrairement à BFP - la EGFP seule présente une décroissance de fluorescence de type mono-exponentiel contrairement à CFP - la RFP monomérique 1 présente moins de risques de perturber la fonction de la protéine d’intérêt, et mature plus rapidement comparée à DsRed ou HcRed
Choix du couple de fluorophores EGFP / mRFP1 pour des expériences de FRET / FLIM Inconvénient : - la RFP monomérique 1 a un rendement quantique faible
Microscopie 1 photon et 2 photons 1 photon L’ensemble de l’échantillon est excité 2 photons Brad Amos (LMB.Cambridge) Seule la région focale est excitée d’où meilleure résolution spatiale qu’en microscopie classique, moins de photobleaching et de phototoxicité qu’en confocal, applications à l’imagerie du vivant, cellules, tissus etc
Etude de l’interaction CXCR4 / PKCα par FRET / FLIM Figure 5 Cellules fixées MDA-MB-231-CXCR4-EGFP exprimant de façon transitoire PKCα-mRFP1, traitées ou non au PDBu Cellule fixée MDA-MB-231-CXCR4-EGFP exprimant de façon transitoire V1V3-PKCα-mRFP1 (D’après Peter et al., 2005)
Etude de l’interaction CXCR4 / PKCα par FRET / FLIM Figure 5 Cellules fixées MDA-MB-231-CXCR4-EGFP exprimant de façon transitoire PKCα-DsRed, traitées ou non au PDBu (D’après Peter et al., 2005)
sur différents plans… Figures 6 et 7 Cellule fixée MDA-MB-231-CXCR4-EGFP exprimant V1V3-PKCα-mRFP1 (D’après Peter et al., 2005)
au cours du temps… Figure 8 Cellules vivantes MDA-MB-231-CXCR4-EGFP contrôle Cellule vivante MDA-MB-231-CXCR4-EGFP transfectée avec PKCα-mRFP1 et traitée PDBu (D’après Peter et al., 2005)
Etude de l’interaction ezrine / PKCα par FRET / FLIM Cellule MCF-7 fixée exprimant de façon transitoire V1V3-PKCα-EGFP, ezrine-VSVG et marquée avec un anticorps anti-VSVG-Cyan3 (D’après Peter and Ameer-Beg, 2004)
Même expérience, mais avec un système d’imagerie moins performant (D’après Parsons et al., 2001)
Critères à remplir pour obtenir des informations concluantes à partir de données de FRET / FLIM - D’autres approches doivent corroborer les données de FLIM par ex. immunoprécipitation, “pull-down”, fractionnement par gradient de sucrose, microscopie électronique... - Une représentation statistique de résultats cumulés de FLIM doit être présentée - Des mutants doivent apporter les contrôles négatifs adéquats des interactions détectées par FLIM - La proximité donneur-accepteur peut être régulée physiologiquement ou pharmacologiquement montrer que le FRET détecté correspond à un processus régulé répond en partie à la critique courante selon laquelle l’interaction détectée est due à la surexpression des protéines - Les niveaux d’expression de donneur et d’accepteur doivent être contrôlés
FRET (“Förster / fluorescence resonance energy transfer”) I - Théorie II - Méthodes de mesure III - Applications à des études biologiques IV - Un exemple de l’utilisation du FRET : étude de l’interaction CXCR4 / PKCα V - Perspectives et limites du FRET ; autres techniques complémentaires
Perspectives de la technique de FRET Développements - de nouveaux fluorophores et de quantum dots (D’après Shaner et al., 2001) - de détecteurs plus performants - de logiciels d’acquisition et d’analyse Applications du FRET - à des interactions multiples (D’après Giepmans et al., 2006) - à des screens haut débit - en association avec d’autres techniques de microscopie (ex. TIRF)
Limites de la technique de FRET - Des résultats négatifs ne permettent pas d’affirmer que les molécules d’intérêt n’interagissent pas. - Cette technique suppose un niveau d’expression élevé des molécules d’intérêt, ce qui peut perturber leur fonction et / ou la réponse cellulaire.
Autres techniques complémentaires pour la détection d’interactions moléculaires in vivo FCS (“fluorescence correlation spectroscopy”) mesure de la diffusion par ex. de protéines fluorescentes, leur diffusion étant plus lente lorsqu’elles sont en interaction (D’après Bastiaens and Pepperkok, 2000) Avantage : - ne nécessite pas un niveau d’expression élevé des protéines d’intérêt Inconvénients : - ne peut être utilisé qu’en cellules vivantes (bien sûr !) - ne peut être utilisé dans certains compartiments cellulaires où la diffusion est très lente BRET (“bioluminescence resonance energy transfer”)
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