GUIDE DE POCHE DES RECOMMANDATIONS DE L'ESC
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GUIDE DE POCHE DES RECOMMANDATIONS DE L’ESC Comité d’élaboration de recommandations pratiques en vue d’améliorer la qualité de la pratique clinique et des soins aux patients en Europe DYSLIPIDÉMIES RECOMMANDATIONS DE L’ESC/EAS POUR LA PRISE EN CHARGE DES DYSLIPIDÉMIES Pour de plus amples informations www.escardio.org/guidelines
Tous nos remerciements à DES AstraZeneca qui a rendu possible la traduction et la diffusion de cette brochure grâce à une contribution E L’ESC financière. AstraZeneca n’a aucunement été impliqué dans le développement de ces ques recommandations ni influencé ique leur contenu. S UR IES nS 2441-12-2011
Guide de poche de l’ESC/EAS Recommandations de l’ESC/EAS pour la prise en charge des dyslipidémies* Le Groupe de Travail pour la prise en charge des dyslipidémies de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) et de la Société Européenne d’Athérosclérose (EAS). Elaborées en collaboration avec l’Association Européenne pour la Prévention & la Réhabilitation Cardiovasculaire. Président de l’ESC Président de l’EAS Željko Reiner Alberico L. Catapano Hôpital universitaire de Zagreb, Département de Science pharmacologique Faculté de Médecine, Université de Milan,Via Balzaretti, 9, Université de Zagreb, Šalata 2 20133 Milan, Italie 10000 Zagreb, Croatie Tél : +39 02 5031 8302 Tél : +385 1 2368 729 Fax : +39 02 5031 8386 Fax : +385 1 2379 922 E-mail : Alberico.Catapano@unimi.it E-mail : zreiner@kbc-zagreb.hr Membres du Groupe de travail Guy De Backer, Gand, Belgique ; Ian Graham, Dublin, Irlande ; Marja-Riitta Taskinen, Helsinki, Finlande ; Olov Wiklund, Göteborg, Suède ; Stefan Agewall, Oslo, Norvège ; Eduardo Alegria, Donostia, Espagne ; M. John Chapman, Paris, France ; Paul Durrington, Manchester, Royaume-Uni ; Serap Erdine, Istanbul, Turquie ; Julian Halcox, Cardiff, Royaume-Uni ; Richard Hobbs, Birmingham, Royaume-Uni ; John Kjekshus, Oslo, Norvège ; Pasquale Perrone Filardi, Naples, Italie ; Gabriele Riccardi, Naples, Italie ; Robert F. Storey, Sheffield, Royaume-Uni ; David Wood, Londres, Royaume-Uni Autres organismes de l’ESC ayant participé à l’élaboration de ce document : Associations : Association pour l’insuffisance cardiaque (HFA). Groupes de travail : Pharmacologie cardiovasculaire et traitement médicamenteux, Hypertension et cœur, Thrombose. Conseils : Pratique en cardiologie, Soins cardiovasculaires primaires, Imagerie cardiovasculaire. Collaborateurs de l’ESC : Cyril Moulin,Veronica Dean, Catherine Despres, Nathalie Cameron - Sophia Antipolis, France. Nous remercions tout particulièrement Guy De Backer, Christian Funck-Brentano et Bogdan A. Popescu pour leur précieuse collaboration. *Adaptées des Recommandations de l’ESC pour la prise en charge des dyslipidémies (European Heart Journal 2011 ; 32 : 1769–1818- doi:10.1093/eurheartj/ehr158) - EuropeanAtherosclerosis Society (EAS).Atherosclerosis 2011;doi:10.1016/j.atherosclerosis.2011.06.012) 1
Table des Matières 1. Introduction ............................................................................................................................. Page 4 2. Risque cardiovasculaire global .................................................................................... Page 5 3. Évaluation biologique des lipides et des apolipoprotéines ..................... Page 14 4. Cibles thérapeutiques ....................................................................................................... Page 18 5. Changements du mode de vie pour améliorer le profil des lipides plasmatiques................................................................................................... Page 18 6. Médicaments pour traiter l’hypercholestérolémie .................................... Page 24 7. Approche pratique pour atteindre l’objectif du LDL-C............................ Page 25 8. Médicaments pour traiter l’hypertriglycéridémie......................................... Page 27 9. Médicaments influençant les lipoprotéines de haute densité (HDL).. Page 29 10. Prise en charge des dyslipidémies dans différents tableaux cliniques ............................................................................................................... Page 30 11. Surveillance des lipides et des enzymes chez les patients sous hypolipidémiant ..................................................................................................................... Page 38 12. Comment améliorer l’observance des conseils de modifications de mode de vie et du traitement médicamenteux ....................................... Page 40 2
Liste des abbréviations ALT Alanine AminoTransférase apo A1 apolipoprotéine A1 apo B apolipoprotéine B AVC Accident Vasculaire Cérébral DALY’s Disability Adjusted Life Years CK Créatine phosphoKinase CT Cholestérol Total CV CardioVasculaire DFG Débit de Filtration Glomérulaire ESC Société Européenne de Cardiologie HAART Highly Active AntiRetroviral Treatment HF Hypercholestérolémie Familiale HDL-C Cholestérol associé aux lipoprotéines de haute densité HFC Hyperlipidémie Familiale Combinée HFHe Hypercholestérolémie Familiale Hétérozygote HFHo Hypercholestérolémie Familiale Homozygote hs-CRP Protéine C-Réactive à haute sensibilité HTG HyperTriGlycéridémie SCA Syndrome Coronarien Aigu IMC Indice de Masse Corporelle IRC Insuffisance Rénale Chronique MCV Maladie CardioVasculaire IC Insuffisance Cardiaque IM Infarctus du Myocarde IRCT Insuffisance Rénale Chronique Terminale LDL-C Cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité LED Lupus Erythémateux Disséminé Lp(a) Lipoprotéine(a) LSN Limite Supérieure de la Normale MC Maladie Coronaire Non-HDL-C Cholestérol non HDL NYHA New York Heart Association OMS Organisation Mondiale de la Santé PAP Pathologie Artérielle Périphérique SCORE Systematic Coronary Risk Estimation SMet Syndrome Métabolique TG Triglycéride VIH Virus de l’Immunodéficience Humaine 3
1. Introduction 1.1 Étendue du problème Les maladies cardiovasculaires (MCV) dues à l’athérosclérose de la paroi artérielle et à la thrombose sont la première cause de mortalité prématurée et de ‘Disability Adjusted Life Years’ en Europe. Elles sont aussi de plus en plus fréquentes dans les pays en développement. Dans l’Union européenne, le coût économique des MCV représente environ 192 milliards d’euros en frais de santé annuels, directs et indirects. Les causes des MCV sont multifactorielles. Certains de ces facteurs ne sont pas modifiables, tels que l’âge et le sexe masculin, d’autres sont modifiables, tels que le tabagisme, le manque d’activité physique, les habitudes alimentaires, une tension artérielle élevée, le diabète de type 2 et les dyslipidémies. Ces recommandations traitent de la prise en charge des dyslipidémies et font partie intégrante de la prévention des MCV. 1.2 Dyslipidémies Le métabolisme lipidique peut être perturbé de différentes manières entraînant des modifications du fonctionnement et/ou des niveaux de lipoprotéines plasmatiques. Ce phénomène, en lui-même et par l’interaction avec d’autres facteurs de risques cardiovasculaires (CV), peut influer sur le développement de l’athérosclérose. Les dyslipidémies couvrent un large spectre d’anomalies lipidiques, dont certaines sont très importantes dans la prévention des MCV. L’attention se porte principalement sur une augmentation du cholestérol total (CT) et du cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité (LDL-C) surtout parce que ces taux peuvent être modifiés par des changements du mode de vie et par des traitements médicamenteux. Il apparaît toutefois que d’autres formes de dyslipidémies prédisposent à des MCV prématurées. Les dyslipidémies peuvent également avoir une signification différente dans certains sous-groupes de patients où apparaissent une prédisposition génétique et/ou des comorbidités. Cela requiert une attention particulière complémentaire de la prise en charge du risque CV global. Les dyslipidémies peuvent être associées à d’autres maladies (dyslipidémies secondaires) ou à l’interaction entre prédisposition génétique et facteurs environnementaux. 4
2. 2 Risque cardiovasculaire global 2.1 Évaluation du risque cardiovasculaire global Tous les patients doivent être classés en fonction de leurs lipides plasmatiques mais aussi en termes du risque global résultant de la coexistence et de l’interaction synergique de différents facteurs de risque, de lésions d’organes et de maladies. Cette évaluation devrait comprendre la stratification à l’aide des tableaux provenant d’études épidémiologiques tels que les tableaux SCORE. Les décisions relatives aux stratégies thérapeutiques (comment et quand introduire d’autres médicaments pour d’autres paramètres tels que la tension artérielle) dépendent du niveau de risque initial. Le risque CV global est un continuum qui peut être évalué par différentes méthodes essentiellement basées sur les données épidémiologiques provenant d’études de cohorte. Tous les modèles présentent des avantages et des inconvénients. La catégorisation en différents niveaux de risque CV global est arbitraire mais elle est recommandée en raison de sa simplicité. Il est très courant d’utiliser des tableaux et c’est d’ailleurs ce que nous ferons dans les présentes recommandations, mais nous recommandons vivement d’utiliser l’algorithme qui fournit une évaluation plus précise du risque (voir www.heartscore.org). Le risque CV global évalué à l’aide du modèle SCORE exprime le risque absolu de faire un événement CV fatal dans les 10 ans. Un tableau SCORE spécifique à la Belgique a été développé tenant compte des statistiques de mortalité nationales et de la prévalence des facteurs de risque. La figure 1 montre ce tableau ‘calibré’. 5
Comment utiliser les tableaux d’évaluation du risque • Pour la Belgique, il est recommandé d’utiliser le tableau SCORE ‘calibré’ (figure 1). • Pour estimer le risque de mortalité MCV à 10 ans d’une personne, trouvez le tableau correspondant à son sexe, son statut tabagique et son âge. Dans ce tableau, trouvez la cellule s’approchant le plus de la tension artérielle et du CT de la personne. L’évaluation des risques devra être revue à la hausse à mesure que la personne se rapproche de la catégorie d’âge suivante. • Les personnes à faible risque doivent bénéficier de conseils leur permettant de conserver ce statut à faible risque. Aucun seuil n’étant applicable de manière universelle, l’intensité des recommandations devrait augmenter avec le risque. • Les risques relatifs peuvent être étonnamment élevés chez des personnes jeunes, même si les niveaux de risque absolus sont faibles. Le graphique de risque relatif (figure 2) peut être utile pour identifier et conseiller ces personnes. • Les graphiques peuvent être utilisés pour donner des indications concernant les effets de la diminution des facteurs de risque, parce qu’il y aura un délai avant que le risque ne diminue et parce que les résultats des essais randomisés contrôlés fournissent généralement de meilleures estimations des bénéfices. Les personnes qui arrêtent de fumer diminuent généralement leur risque par deux. • La présence de facteurs de risque supplémentaires accroît le risque (tels qu’un faible taux d’HDL-C, des TG élevés). 6
≥170 8 10 13 16 16 20 24 30 15 18 22 27 28 34 41 48 ≥150 6 7 9 11 12 14 18 22 10 13 16 20 20 25 30 36 ≥68 ≥130 4 5 6 8 8 10 13 15 7 9 11 14 15 18 22 27
Remarque Importante : - Afin d’estimer l’effet du cholestérol associé aux lipoprotéines de haute densité (HDL-C) sur le risque CV global, le chiffre obtenu dans la figure 1 devra être multiplié par un coefficient qui varie en fonction du sexe et du HDL-C : Taux 30 38 46 54 62 70 HDL-C, mg/dl Femme x 1,8 x 1,5 x 1,2 x1 x 0,8 x 0,7 Homme x 1,3 x 1,1 x1 x 0,9 x 0,8 x 0,7 - Pour convertir le risque de MCV fatale en risque de MCV grave totale (fatale + non fatale), multipliez-le par 3 pour les hommes, par 4 pour les femmes et par un peu moins pour les personnes âgées. - Le graphique SCORE s’utilise pour les personnes sans MCV, diabète, insuffisance rénale chronique déclarés ou niveaux très élevés de facteurs de risque individuels ; les autres personnes sont déjà à haut risque et doivent bénéficier de conseils intensifs en matière de facteurs de risque. 8
Figure 2 : Tableau du risque relatif Ce graphique peut être utilisé pour montrer aux personnes jeunes présentant un faible risque global que, par rapport à d’autres dans leur tranche d’âge, leur risque peut être beaucoup plus élevé. Cela peut aider à les convaincre d’éviter de fumer, d’avoir une alimentation saine et de faire de l’exercice ainsi qu’à pointer ceux qui pourraient devenir candidats à un traitement médicamenteux. Ce tableau indique un risque relatif, non un pourcentage de risque. La personne dans le coin supérieur droit présente donc un risque douze fois plus élevé que la personne dans le coin inférieur gauche. Non fumeur Fumeur systolique (mmHg) Tension artérielle 180 3 3 4 5 6 6 7 8 10 12 © 2007 ESC 160 2 3 3 4 4 4 5 6 7 8 140 1 2 2 2 3 3 3 4 5 6 120 1 1 1 2 2 2 2 3 3 4 150 190 230 270 310 150 190 230 270 310 Cholestérol (mg/dl) Les personnes jeunes à niveaux élevés de facteurs de risque posent un problème particulier ; un faible risque absolu peut dissimuler un risque relatif très élevé nécessitant des conseils intensifs en matière de mode de vie. C’est pourquoi un graphique de risque relatif a été ajouté aux graphiques de risque absolu pour illustrer que, en particulier chez les personnes assez jeunes, les changements du mode de vie peuvent réduire considérablement le risque relatif et peuvent réduire l’augmentation du risque absolu qui apparaîtra avec l’âge (figure 2). 9
Le risque sera également plus élevé qu’indiqué dans les tableaux pour : • Les personnes socialement défavorisées ; les privations induisent de nombreux autres facteurs de risque. • Les sujets sédentaires et ceux présentant une obésité abdominale ; ces caractéristiques déterminent de nombreux autres aspects des risques énumérés ci-dessous. • Les personnes diabétiques : une nouvelle analyse de la base de données SCORE indique que les personnes présentant un diabète avéré ont un risque nettement plus élevé ; cinq fois plus élevé pour les femmes et trois fois plus élevé pour les hommes. • Les personnes ayant un faible taux d’HDL-C ou d’apolipoprotéine A1 (apo A1), des taux élevés de TG, de fibrinogène, d’homocystéine, d’ apolipoprotéine B (apo B) et de lipoprotéine(a) (Lp(a)), une hyper- cholestérolémie familiale (HF) ou un taux élevé de hs-CRP ; ces fac- teurs indiquent un niveau de risque accru pour les deux sexes, pour toutes les tranches d’âge et pour tous les niveaux de risque. • Les personnes asymptomatiques présentant des signes précliniques d’athérosclérose, par exemple la présence de plaques ou un épaississement de l’intima–média carotidienne détecté lors d’une échographie carotidienne. • Les personnes atteintes d’insuffisance rénale. • Les personnes ayant des antécédents familiaux de MCV précoce dont on considère qu’ils multiplient le risque par 1,7 chez les femmes et par 2,0 chez les hommes. • À l’inverse, le risque peut être inférieur à celui indiqué chez les personnes ayant des taux très élevés d’HDL-C ou des antécédents familiaux de longévité. 10
Éléments qualificateurs • Les tableaux peuvent contribuer à évaluer et gérer les risques mais ils doivent être interprétés à la lumière des connaissances et des expériences des cliniciens et de la probabilité de MCV chez le patient avant les tests. • Les risques seront surestimés dans les pays où la mortalité par MCV diminue et sous-estimés dans les pays où la mortalité augmente. • À tout âge, l’évaluation des risques est plus faible pour les femmes que pour les hommes. Cela peut induire en erreur puisqu’en fin de compte, au moins autant de femmes que d’hommes meurent de MCV. L’examen des graphiques indique que le risque est seulement retardé chez les femmes, une femme âgée de 60 ans ressemblant à un homme de 50 ans en termes de risques. 2.2. Niveaux de risques L’évaluation du risque CV global fait partie d’un continuum. Les valeurs seuils utilisées pour définir les risques élevés sont en partie arbitraires et basées sur les niveaux de risque auxquels le bénéfice est évident dans les essais cliniques. Dans la pratique clinique, il faudrait prendre en considération les questions pra- tiques relatives aux soins de santé et aux systèmes d’assurance maladie locaux. Il faut identifier et prendre en charge les personnes à haut risque ; mais celles à risque modéré devraient également bénéficier de conseils professionnels concernant les changements de leur mode de vie et, dans certains cas, un traitement médicamenteux sera nécessaire pour maîtriser leur taux de lipides plasmatiques. Pour ces patients, nous devrions faire tout ce qui est raisonnablement possible pour : • éviter toute nouvelle augmentation du risque CV global, • accroître la prise de conscience du danger que représente le risque CV, • améliorer la communication en matière de risque et • promouvoir les efforts de prévention primaire. Les personnes à faible risque devraient bénéficier de conseils pour les aider à préserver ce statut. L’intensité des actions de prévention doit donc être adaptée au risque CV global du patient. 11
Ces considérations nous amènent à proposer les niveaux suivants de risque CV global : 1) Risque très élevé Les sujets présentant l’une des situations suivantes : • MCV attestée par un examen invasif ou non invasif (tel qu’angiographie coronaire, imagerie nucléaire, échocardiographie à l’effort, échographie carotidienne), infarctus du myocarde antérieur, SCA, revascularisation coronaire (intervention coronaire percutanée, pontage aorto- coronarien) et autres procédures de revascularisation artérielle, AVC ischémique, PAP. • Les patients atteints de diabète de type 2, les patients atteints de diabète de type 1 avec lésion d’un organe cible (telle que microalbuminurie). • Patients souffrant d’IRC modérée à sévère (débit de filtration glomérulaire (DFG) < 60 ml/min/1,73 m²). • Un risque SCORE calculé à 10 ans ≥ 10 %. 2) Risque élevé Les sujets présentant l’un des points suivants : • Facteurs de risque individuels manifestement marqués tels que Dyslipidémie familiale et hypertension sévère. • Un SCORE calculé ≥ 5 % et < 10 % pour le risque à 10 ans de MCV fatale. 3) Risque modéré Les sujets sont considérés comme étant à risque modéré lorsque leur SCORE est ≥ 1 % et < 5 % à 10 ans. Beaucoup de sujets d’âge moyen appar- tiennent à cette catégorie de risque. Ce risque est en outre modulé par des antécédents familiaux de MC précoce, par une obésité abdominale, par les habitudes d’activité physique faible, les taux d’HDL-C, de TG, de hsCRP, de Lp(a), de fibrinogène, d’homocystéine, d’apo B et par la classe sociale. 4) Faible risque La catégorie de faible risque s’applique aux personnes dont le SCORE est < 1 %. Le tableau 3 présente différentes stratégies d’intervention en fonction du risque CV global et du taux de LDL-C. 12
Tableau 3 : Stratégies d’intervention en fonction du risque CV global et du taux de LDL-C Taux de LDL-C Risque CV global (SCORE) % < 70 mg/dl 70 à < 100 mg/dl 100 à < 155 mg/dl 155 à < 190 mg/dl > 190 mg/dl Intervention sur le mode de vie, envisager Pas d’intervention Pas d’intervention relative Intervention sur le mode Intervention sur le mode
3. Évaluation biologique des lipides et apolipoprotéines Tableau 4 : Recommandations pour le bilan lipidique afin d’évaluer le risque CV global Affection Classea Niveaub Le bilan lipidique est indiqué chez les patients présentant : I C Diabète de type 2 MCV avérée I C Hypertension I C Tabagisme I C IMC ≥ 30 kg/m² ou tour de taille ≥ 94 cm (90 cmc) I C pour les hommes, ≥ 80 cm pour les femmes Antécédents familiaux de MCV précoce I C Maladie inflammatoire chronique I C Insuffisance rénale chronique I C Antécédents familiaux de dyslipidémie familiale I C Le profilage lipidique peut être envisagé chez les hommes IIb C > 40 ans et chez les femmes > 50 ans a = classe de recommandation ; b = niveau de preuve ; c = pour les hommes asiatiques IMC = indice de masse corporelle ; CV = cardiovasculaire ; MCV = maladie cardiovasculaire. Pour ces analyses, la plupart des méthodes disponibles dans le commerce sont bien standardisées. Les évolutions méthodologiques peuvent entraîner des changements au niveau des valeurs, surtout chez les patients ayant des taux lipidiques anormalement élevés ou en présence d’interaction protéique. Les progrès récents de la chimie sèche permettent désormais d’analyser les lipides sur place dans la pratique clinique. Parmi ces méthodes disponibles, seuls les produits certifiés et bien standardisés devraient être utilisés dans la mesure du possible. 14
Tableau 5 : Recommandations pour les analyses lipidiques spécifiques pour évaluer le risque de MCV Recommandations Classea Niveaub L’utilisation du CT est recommandée pour évaluer le risque I C CV global par le biais du système SCORE. L’utilisation du LDL-C est recommandée comme analyse I C lipidique primaire pour le dépistage et l’évaluation du risque. Les TG fournissent des informations complémentaires sur le I C risque et sont indiquées pour évaluer le risque. Le HDL-C est un facteur de risque important et son I C utilisation est recommandée pour évaluer le risque. Le cholestérol non-HDL doit être considéré comme un marqueur de risque alternatif, surtout en cas IIa C d’hyperlipidémies combinées, de diabète, de SMet ou d’IRC. La Lp(a) devrait être recommandée dans certains cas à haut risque et chez les sujets ayant des antécédents familiaux de IIa C MCV précoce. L’Apo B doit être considéré comme un marqueur de risque alternatif surtout en cas d’hyperlipidémie combinée, de IIa C diabète, de SMet ou d’IRC. Le rapport apo B/apo A1 combine les informations relatives au risque des apo B et apo A1 et peut être recommandé en IIb C tant qu’analyse alternative pour évaluer le risque. Le rapport non-HDL-C/HDL-C peut être recommandé IIb C comme analyse alternative en vue d’évaluer le risque. a = classe de recommandation ; b = niveau de preuve Apo = apolipoprotéine ; IRC = insuffisance rénale chronique ; MCV = maladie cardiovasculaire ; HDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de haute densité ; LDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité ; Lp = lipoprotéine ; SMet = syndrome métabolique ; CT = cholestérol total ; TG = triglycérides. 15
Tableau 6 : Recommandations pour les analyses lipidiques en vue de caractériser les dyslipidémies avant traitement Recommandations Classea Niveaub L’utilisation du LDL-C est recommandée comme analyse I C lipidique primaire. Les TG fournissent des informations complémentaires relatives au risque et l’analyse est indiquée pour le diagnostic I C et le choix du traitement. Il est recommandé d’analyser le HDL-C avant d’instaurer I C le traitement. Le non-HDL-C devrait être recommandé en vue de mieux caractériser les hyperlipidémies combinées et les IIa C dyslipidémies dans le diabète, le SMet ou l’IRC. L’apo B devrait être recommandée en vue de mieux caractériser les hyperlipidémies combinées et les IIa C dyslipidémies dans le diabète, le SMet, ou l’IRC. La Lp(a) devrait être recommandée dans certains cas à risque élevé et chez les sujets ayant des antécédents IIa C de MCV précoce. Le CT peut être envisagé, mais il ne suffit généralement pas à IIb C caractériser la dyslipidémie avant d’instaurer un traitement. a = classe de recommandation ; b = niveau de preuve Apo = apolipoprotéine ; IRC = insuffisance rénale chronique ; MCV = maladie cardiovasculaire ; HDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de haute densité ; LDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité ; Lp = lipoprotéine ; SMet = syndrome métabolique ; CT = cholestérol total ; TG = triglycérides. 16
Tableau 7 : Recommandations pour les analyses lipidiques en tant que cible thérapeutique dans la prévention des MCV Recommandations Classea Niveaub Le LDL-C est recommandé en tant que cible pour I A le traitement. Le CT devrait être considéré comme cible thérapeutique IIa A si d’autres analyses ne sont pas disponibles. Les TG devraient être analysés pendant le traitement IIa B des dyslipidémies avec des niveaux de TG élevés. Le non-HDL-C devrait être considéré comme cible secondaire dans les hyperlipidémies combinées, le diabète, IIa B le SMet ou l’IRC. L’apo B devrait être considérée comme cible thérapeutique IIa B secondaire. L’HDL-C n’est pas recommandé en tant que cible de III C traitement. Les ratios apo B/apo A1 et non-HDL-C/HDL-C ne sont pas III C recommandés en tant que cibles de traitement. a = classe de recommandation ; b = niveau de preuve Apo = apolipoprotéine ; IRC = insuffisance rénale chronique ; MCV = maladie cardiovasculaire ; HDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de haute densité ; LDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité ; Lp = lipoprotéine ; SMet = syndrome métabolique ; CT = cholestérol total ; TG = triglycérides. 17
4. Cibles thérapeutiques Les cibles thérapeutiques des dyslipidémies sont essentiellement basées sur les résultats d’ essais cliniques. Dans presque tous les essais avec des hypolipidémiants, le taux de LDL-C a été utilisé comme indicateur de réponse au traitement. C’est pourquoi, le LDL-C reste la cible thérapeutique primaire dans la plupart des stratégies de prise en charge des dyslipidémies. Tableau 8 : Recommandations des cibles thérapeutiques pour le LDL-C Recommandations Classea Niveaub Chez les patients à risque CV TRÈS ÉLEVÉ (MCV avérée, diabète de type 2, diabète de type 1 avec lésion d’organe cible, IRC modérée à sévère ou un taux SCORE ≥ 10 %), l’objectif I A LDL-C est < 70 mg/dl et/ou une réduction du LDL-C ≥ 50 % lorsque le taux cible ne peut être atteint. Chez les patients à risque CV ÉLEVÉ (facteurs de risque individuels manifestement élevés, un taux SCORE ≥ 5 à < 10 %), IIa A il faut envisager un taux cible de LDL-C < 100 mg/dl. Chez les patients à risque CV MODÉRÉ (un taux SCORE ≥ 1 et < 5 %), il faut envisager un taux cible IIa C de LDL-C < 115 mg/dl. a = classe de recommandation ; b = niveau de preuve IRC = insuffisance rénale chronique ; CV = cardiovasculaire ; MCV = maladie cardiovasculaire ; LDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité • Si le non-HDL-C est utilisé, les cibles doivent être < 100 mg/dl et < 130 mg/dl chez les patients à risque CV global très élevé et élevé, respectivement (classe IIa B). .•etSiélevé, l’apo B est disponible, les cibles sont < 80 mg/dl et < 100 mg/dl chez les patients à risque CV global très élevé respectivement (classe IIa B). 5. Changements du mode de vie pour améliorer le profil des lipides plasmatiques La plupart des preuves confirmant le lien entre l’alimentation et les MCV sont basées sur des études observationnelles et sur des études évaluant les effets des changements du mode d’alimentation sur les taux lipidiques. Il existe 18
toutefois des etudes qui indiquent que les facteurs diététiques peuvent influencer l’athérogenèse directement ou par le biais d’effets sur les facteurs de risque traditionnels, tels que les taux lipidiques, la tension artérielle ou les taux de glucose. L’influence des changements du mode de vie et de certains aliments fonctionnels sur les lipoprotéines est résumée au tableau 9. Tableau 9 : Effet des changements du mode de vie sur les taux lipidiques Importance Niveau de de l’effet preuve Interventions sur le mode de vie en vue de réduire les taux de CT et de LDL-C Réduire la consommation des graisses saturées +++ A Réduire la consommation des graisses trans +++ A Augmenter la consommation des fibres alimentaires ++ A Réduire la consommation du cholestérol alimentaire ++ B Utiliser les aliments fonctionnels enrichis aux +++ A phytostérols Réduire la surcharge pondérale + B Utiliser les produits à base de protéines de soja + B Augmenter l’exercice physique régulier + A Utiliser les compléments à base de levure de riz rouge + B Utiliser les compléments à base de polycosanols - B Interventions sur le mode de vie pour réduire les taux de TG Réduire la surcharge pondérale +++ A Réduire la consommation d’alcool +++ A Réduire la consommation de monosaccharides et de +++ A disaccharides Augmenter l’exercice physique régulier ++ A Réduire la quantité totale de glucides alimentaires ++ A Utiliser des compléments à base de graisses ++ A polyinsaturées n-3 Remplacer les graisses saturées par des graisses mono- + B insaturées ou polyinsaturées 19
Tableau 9 : Effet des changements spécifiques du mode de vie sur les taux lipidiques (suite) Importance Niveau de de l’effet preuve Interventions sur le mode de vie pour augmenter les taux d’HDL-C Réduire les graisses alimentaires trans +++ A Augmenter l’exercice physique régulier +++ A Réduire la surcharge pondérale ++ A Réduire les glucides alimentaires et les remplacer par ++ A des graisses insaturées Consommer l’alcool avec modération ++ B Parmi les aliments riches en glucides, préférer ceux ayant un faible indice glycémique et une teneur élevée + C en fibres Arrêter de fumer + B Réduire la consommation de monosaccharides et + C de disaccharides +++ = unanimité quant aux effets sur les taux lipidiques. ++ = effets moins prononcés sur les niveaux lipidiques ; l’importance des preuves/l’opinion est en faveur de l’efficacité. + = preuves contradictoires ; l’efficacité est moins bien établie par les preuves/l’opinion. – = pas efficace et/ou incertitudes concernant l’innocuité. HDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de haute densité ; LDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité ; TG = triglycérides. 20
Le contrôle du poids corporel représente l’un des principaux problèmes des sociétés occidentales. Une modeste diminution du poids et une activité physique régulière d’intensité modérée sont très efficaces dans la prévention du diabète de type 2 et pour améliorer toutes les anomalies métaboliques et les facteurs de risque CV combinés à l’insulinorésistance (souvent associée à l’adiposité abdominale). Il faut encourager l’activité physique, pour arriver à un exercice physique régulier d’au moins 30 minutes chaque jour. Tableau 10 : Définition de l’obésité abdominale Tour de taille Blancs Hommes ≥ 94 cm ; femmes ≥ 80 cm Sud-asiatiques, Chinois, Japonais Hommes ≥ 90 cm ; femmes ≥ 80 cm Utiliser les recommandations sud-asiatiques Populations de l’Amérique centrale jusqu’à ce que des données plus spécifiques et du sud soient disponibles Utiliser les données européennes jusqu’à Africains sub-sahariens ce que des données plus spécifiques soient disponibles Utiliser les données européennes jusqu’à Populations de la Méditerranée orientale ce que des données plus spécifiques soient et du Moyen-Orient (arabes) disponibles 21
Tableau 11 : Recommandations nutritionnelles en vue d’abaisser le CT et le LDL-C À choisir À utiliser avec À préférer occasionnellement modération en quantités limitées Pain, riz et pâtes raffinés, Pâtisseries, muffins, tartes, Céréales Complètes biscuits, corn flakes croissants Légumes crus et Légumes préparés au Légumes cuits beurre ou à la crème Tous (y compris soja Légumes secs et protéines de soja) Fruits secs, gelées et Fruits frais ou confitures, fruits en Fruits surgelés conserve, sorbets, glaces à l’eau Sucres et Édulcorants non Saccharose, miel, fructose, Cake, crèmes glacées édulcorants caloriques glucose, chocolat, confiserie Poissons maigres, Morceaux maigres de bœuf, Saucisses, salami, lard, Viandes et poissons gras, volaille agneau, porc ou veau, fruits spare ribs, hot dogs, poissons sans peau de mer, mollusques abats Lait, fromages et autres Fromages ordinaires, Produits Lait et yaourt produits laitiers à faible crème, jaune d’œuf, lait laitiers et œufs écrémés, blanc d’œuf teneur en matières grasses et yaourt entiers Beurre, margarines dures, Vinaigre, ketchup, graisses trans, huiles de Graisse moutarde, Huiles végétales, margarines palme et de noix de coco ; alimentaire et assaisonnements molles, assaisonnements lard, gras de bacon, assai- assaisonnements sans matières pour salades, mayonnaise sonnements préparés avec grasses des jaunes d’œufs Noix/graines Toutes Noix de coco Modes de Grillades, cuisson à Cuisson à la poêle, au four Friture cuisson l’eau, à la vapeur LDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité ; CT = cholestérol total. 22
Tableau 12 : Résumé des mesures en matière de mode de vie et de choix alimentaires sains pour la prise en charge du risque cardiovasculaire global • Les recommandations nutritionnelles devraient toujours tenir compte des habitudes alimentaires locales ; il convient toutefois de promouvoir les habitudes alimentaires saines issues d’autres cultures. • L’alimentation doit être très variée. L’apport énergétique doit être adapté pour prévenir l’excès de poids et l’obésité. • Il faut encourager la consommation de fruits, légumes, légumes secs, noix, céréales et pain complets, de poissons (surtout gras). • Il faut remplacer les graisses saturées par les aliments ci-dessus et par des graisses mono-insaturées et polyinsaturées de source végétale afin de réduire l’apport énergétique de graisses totales à < 35 % de l’apport énergétique, les graisses saturées à < 7 % de l’apport énergétique total, les graisses trans à < 1 % de l’apport énergétique total et le cholestérol alimentaire à < 300 mg/jour. • Il faut réduire l’apport en sel à moins de 5 g/jour en évitant d’ajouter du sel à table, en limitant la quantité de sel dans les préparations et en choisissant des aliments frais ou surgelés non salés ; de nombreux mets préparés et plats cuisinés contiennent beaucoup de sel, le pain également. • Pour ceux qui consomment des boissons alcoolisées, il faut recommander une consommation modérée (< 10–20 g/jour pour les femmes et < 20–30 g/jour pour les hommes) ; les patients souffrant d’hypertriglycéridémie (HTG) devraient s’abstenir de consommer de l’alcool. • Il faut limiter la consommation de boissons et d’aliments contenant des sucres ajoutés, en particulier les sodas, surtout pour les patients souffrant d’HTG. • Il faut encourager l’activité physique, pour arriver à un exercice physique régulier d’au moins 30 minutes chaque jour. • Il faut éviter la consommation de tabac, active comme passive. Tout le monde devrait être informé des modes de vie associés à un moindre risque de MCV. Les sujets à haut risque, surtout ceux souffrant de dyslipidémie, devraient si possible bénéficier de conseils nutritionnels spécialisés. Des stratégies nutritionnelles novatrices destinées à améliorer les dyslipidémies ont été développées ; elles découragent la consommation de 23
certains éléments nutritionnels « à risque » ou la consommation d’aliments fonctionnels spécifiquement ciblés et/ou de compléments alimentaires ; ces aliments sont utilisés comme alternatives aux médicaments hypolipémiants ou en complément de ceux-ci. La justification des allégations de santé pertinentes pour chaque type d’aliments devrait se baser sur les résultats d’études d’intervention sur les humains en accord avec les allégations proposées. Dans l’ensemble, les preuves disponibles à ce jour concernant les aliments fonctionnels sont insuffisantes ; la lacune principale est l’absence d’essais d’intervention diététique suffisamment longs pour modifier l’évolution de l’histoire naturelle de la dyslipidémie et des MCV. 6. Médicaments pour traiter l’hypercholestérolémie La dyslipidémie peut avoir différentes causes ; il faut envisager la possibilité d’une hypercholestérolémie secondaire (tableau 13) avant d’instaurer le traitement. Les statines réduisent considérablement le CT et le LDL-C, mais aussi la morbidité et la mortalité CV dans la prévention primaire et secondaire. Elles doivent donc être les médicaments de première intention pour traiter l’hypercholestérolémie. Tableau 13 : Exemples de causes d’hypercholestérolémie secondaire • Hypothyroïdie • Anorexie mentale • Syndrome néphrotique • Agents immunosuppresseurs • Grossesse • Corticostéroïdes • Syndrome de Cushing STRATÉGIE GÉNÉRALE : • Évaluer le risque CV global du patient • Impliquer le patient dans les décisions relatives à la prise en charge du risque CV • Identifier le LDL-C cible pour ce niveau de risque • Calculer le pourcentage de réduction du LDL-C requis pour atteindre cet objectif 24
• Choisir une statine permettant d’atteindre en moyenne cette réduction • Étant donné que la réponse aux traitements par statines est variable, une posologie croissante est souvent nécessaire pour atteindre l’objectif • Si les statines ne permettent pas d’atteindre l’objectif, il faut envisager une association de médicaments. 7. Approche pratique pour atteindre l’objectif du LDL-C L’approche proposée requiert d’apprécier la distance pour atteindre l’objectif, ce qui peut être obtenu facilement grâce au tableau 14. Après détermination de la distance séparant de l’objectif, la réponse moyenne à une statine peut être déterminée par interpolation et les médicaments pouvant contribuer à atteindre cet objectif peuvent être identifiés à partir de la figure 12. Il faut également tenir compte de l’intolérance aux statines, de l’état clinique du patient et des interactions éventuelles avec d’autres médicaments. Tableau 14 : Pourcentage de réduction du LDL-C nécessaire pour atteindre les objectifs en fonction de la valeur de départ LDL-C DE DÉPART % DE RÉDUCTION POUR ATTEINDRE LE LDL-C mg/dl < 70 mg/dl < 100 mg/dl < 115 mg/dl > 240 > 70 > 60 > 55 200-240 65-70 50-60 40-55 170-200 60-65 40-50 30-45 150-170 55-60 35-40 25-30 130-150 45-55 25-35 10-25 110-130 35-45 10-25
26 Figure 3 : Revue systématique de l’équivalence thérapeutique des statines : % réduction LDL-C par rapport aux doses 70 60 50 40 30 LDL-C % 20 10 0 A10 A20 A40 A80 F20 F40 F80 L10 L20 L40 L80 P10 P20 P40 S10 S20 S40 S80 R5 R10 R20 R40 P1 P2 P4 ATOR FLUVA LOVA PRAVA SIMVA ROSU PITA ATOR = Atorvastatine; FLUVA = Fluvastatine; LOVA = Lovastatine; PRAVA = Pravastatine; SIMVA = Simvastatine; ROSU = Rosuvastatine; PITA = Pitavastatine. Weng TC, et al. J Clin Pharm Ther 2010;35:139-151. Mukhtar RY, et al. Int J Clin Pract 2005;59(2):239-252.
Tableau 15 : Recommandations pour le traitement pharmacologique de l’hypercholestérolémie Recommandations Classea Niveaub Prescrire les statines jusqu’à la dose maximale recommandée I A ou la dose maximale tolérable pour atteindre le taux cible. En cas d’intolérance aux statines, il faut envisager d’administrer IIa B des chélateurs de l’acide biliaire ou de l’acide nicotinique. Un inhibiteur de l’absorption du cholestérol, seul ou en association avec des chélateurs de l’acide biliaire ou avec IIb C de l’acide nicotinique, peut également être envisagé en cas d’intolérance aux statines. Si le niveau cible n’est pas atteint, l’association d’une statine avec un inhibiteur de l’absorption du cholestérol, un chélateur IIb C de l’acide biliaire ou l’acide nicotinique peut être envisagée. a = classe de recommandation ; b = niveau de preuve 8. Médicaments pour traiter l’hypertriglycéridémie L’hypertriglycéridémie est également considérée comme un facteur de risque pour les MCV. Il faut toutefois examiner les causes secondaires avant d’instaurer un traitement. Tableau 16 : Causes possibles d’HTG • Prédisposition génétique • Obésité • Diabète de type 2 • Consommation d’alcool • Régime riche en glucides simples • Insuffisance rénale • Hypothyroïdie • Grossesse (les concentrations physiologiques de TG doublent au cours du troisième trimestre) • Maladies auto-immunes, telles que présence de paraprotéinémie ou LED 27
Tableau 16 : Causes possibles d’HTG (suite) • De nombreux médicaments, dont > Corticostéroïdes > Œstrogènes, surtout ceux pris oralement > Tamoxifène > Antihypertenseurs : par ex. agents bloquants ß-adrénergiques (à l’exception du carvédilol), thiazides > Isotrétinoïne > Résines chélatrices de l’acide biliaire > Ciclosporine > Schémas antirétroviraux (inhibiteurs de la protéase) > Médicaments psychotropes : phénothiazines, antipsychotiques de seconde génération HTG = hypertriglycéridémie ; LED = lupus érythémateux disséminé ; TG = triglycérides. Tableau 17 : Recommandations pour le traitement médicamenteux de l’HTG Recommandations Classea Niveaub Chez les patients à haut risque CV global avec des TG > 200 mg/dl qui ne diminuent pas par des mesures visant à changer le mode de vie, il faut réduire l’HTG à l’aide des médicaments suivants : Sont recommandés : les fibrates I B Doivent être envisagés : la niacine IIa B niacine + laropiprant IIa C acides gras n-3 IIa B statine + acide nicotinique* IIa A statine + fibrates IIa C Peuvent être envisagées : associations avec acides gras n-3† IIb B a = classe de recommandation ; b = niveau de preuve *Effet hypolipémiant supplémentaire avéré par rapport à la monothérapie. †La preuve de l’efficacité de la prévention des MCV par une association thérapeutique est généralement limitée. MCV = maladie cardiovasculaire ; HTG = hypertriglycéridémie. 28
9. Médicaments influençant les lipoprotéines de haute densité (HDL) Étant donné que des taux peu élevés d’HDL-C constituent un facteur important, indépendant et inverse de prédiction du risque de développement précoce d’athérosclérose et de MCV, augmenter le HDL-C peut être considéré comme une cible secondaire chez les patients atteints de dyslipidémie. Tableau 18 : Recommandations si un traitement médicamenteux du faible taux d’HDL-C est envisagé Recommandations Classea Niveaub La niacine est actuellement le médicament le plus efficace IIa A pour augmenter le HDL-C et devrait donc être envisagée. Les statines et les fibrates augmentent le HDL-C dans une IIb B proportion similaire et ces médicaments peuvent être envisagés. L’efficacité des fibrates pour augmenter le HDL-C peut être IIb B atténuée chez les diabétiques de type 2. a = classe de recommandation ; b = niveau de preuve ; HDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de haute densité. La dyslipidémie mixte est courante dans la pratique ; il est donc important d’envisager une association thérapeutique pour contrôler les troubles lipidiques multiples (tableau 19). Tableau 19 : Résumé de l’efficacité des associations médicamenteuses dans la prise en charge des dyslipidémies mixtes • Dans la dyslipidémie mixte, une augmentation du HDL-C et une diminution des TG peuvent etre conseillées en plus d’une réduction du LDL-C par le biais d’une statine. Il faut donc envisager d’associer à une statine l’acide nicotinique mais le rougissement qu’il risque de provoquer comme effet secondaire peut affecter le respect du traitement par le patient. • Une association de statines avec des fibrates peut également être proposée tout en surveillant l’apparition d’une atteinte musculaire mais il faut éviter l’association avec le gemfibrozil. • Si les TG ne sont pas sous contrôle avec les statines ou les fibrates, la prescription d’acides gras n-3 peut entrainer une diminution supplémentaire des TG ; ces associations sont sans danger et bien tolérées. HDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de haute densité. ; LDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité ;TG = triglycérides. 29
10. Prise en charge des dyslipidémies dans différents tableaux cliniques Tableau 20 : Critères diagnostiques pour le diagnostic clinique de l’HFHe d’après MedPed et l’OMS Critères Score Parent au premier degré présentant une MC* précoce et/ou parent au premier degré dont le 1 Antécédents LDL-C > percentile 95 familiaux Parent au premier degré avec Xt et/ou enfant 2 < 18 ans avec LDL-C > percentile 95 Le patient a une MC précoce * 2 Antécédents cliniques Le patient a une maladie vasculaire cérébrale/ 1 périphérique précoce Xanthome tendineux 6 Examen médical Arc cornéen avant l’âge de 45 ans 4 > 330 mg/dl 8 250–329 mg/dl 5 LDL-C 190–249 mg/dl 3 155–189 mg/dl 1 HF avérée Score > 8 HF probable Score 6-8 HF possible Score 3-5 Pas de diagnostic Score < 3 * MC ou MCV précoce : hommes avant 55 ans, femmes avant 60 ans. MC = maladie coronarienne ; HF = hypercholestérolémie familiale ; HFHe = hypercholestérolémie familiale hétérozygote ; LDL-C = cholestérol associé aux lipoprotéines de faible densité ; MedPed = Programme pour des diagnostics précoces en vue de la prévention des décès prématurés ; Xt = xanthome tendineux ; OMS = Organisation mondiale de la santé. 10.1 Dyslipidémies familiales Les taux de lipides plasmatiques sont, dans une très large mesure, déterminés par des facteurs génétiques. Dans ses formes les plus extrêmes, cela se manifeste par des hyperlipidémies familiales. Lorsqu’une forme génétique est suspectée, il est suggéré d’orienter vers une clinique spécialisée dans les lipides. La forme de dyslipidémie familiale la plus sévère est l’HF et les critères de diagnostic clinique et de traitement sont présentés aux tableaux 20 et 21. 30
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