Hamlet Fiche pédagogique - le phénix, scène nationale Valenciennes
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Hamlet Fiche pédagogique © Sofie Silbermann D’après Hamlet de Shakespeare Adaptation et mise en scène : Lisaboa Houbrechts Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 1 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Sensibiliser au spectacle avant la représentation Lisaboa Houbrechts & son univers artistique Lisaboa Houbrechts parle de son parcours Je suis née en 1992 à Hasselt, en Belgique. Je suis auteure et metteure en scène. C’est pendant mes études d’art dramatique, à Gand, que j’ai fondé le collectif Kuiperskaai, avec trois autres artistes : Oscar van der Put, Romy Louise Lauwers et Victor Lauwers. On a commencé en organisant des expositions et des performances dans le milieu underground. En 2013, j’ai écrit et monté ma première pièce, De Schepping / The Creation, sur un poète sombrant dans la folie. Puis ça a été The Goldberg Chronicles, une pièce historique qui a été très appréciée par la critique. Alors j’ai continué : Mariembourg, suivie d’une adaptation du Conte d’Hiver de Shakespeare, qui a été sélectionnée pour plusieurs festivals internationaux. A l’époque, je n’avais pas encore terminé mon Master… Je l’obtiens en 2016, avant de me lancer dans la mise en scène de 1095, sur un texte de Victor Lauwers ; la pièce a fait l’objet d’une tournée européenne. J’intègre ensuite le dispositif P.U.L.S. de la Toneelhius à Anvers, qui m’accompagne dans le développement de mon travail, en parallèle de mon engagement au sein de Kuiperskaai. Avec le collectif, nous adaptons Hamlet (la traduction est une fois encore signée Victor), et installés à Bruxelles depuis 2017, nous poursuivons l’écriture de projets traitant de l’histoire, de la condition et du désir humains. Source : pôle européen de création Les spectacles de Lisaboa Houbrechts en images De Schepping / The Creation © Stijn Eeckhout Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 2 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
The Goldberg Chronicles © Victor Lauwers Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 3 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Mariembourg © Ronny Wertelaers Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 4 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Conte d’Hiver © Karin Jonkers Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 5 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
1095 © Klaudyna Schubert Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 6 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Après avoir lu la présentation de Lisaboa Houbrechts et en observant les images issues de ses précédents spectacles, caractérisez le travail de la metteure en scène : quels points communs identifiez-vous ? A quelles disciplines artistiques fait-elle appel ? Comment pourriez-vous qualifier son esthétique ? Hamlet Résumé de l’intrigue Acte I Scène I — Relève de la garde à Elseneur par une froide nuit d'hiver. À minuit, l'officier Bernardo remplace le soldat Francisco. Il est rejoint par Marcellus et Horatio. Ils aperçoivent le spectre muet du roi défunt et se rappellent les exploits de celui-ci : il a vaincu le roi de Norvège Fortinbras au cours d'un combat chevaleresque, emportant toutes ses terres par un pacte conclu à l'avance. Le Danemark se prépare à la guerre, car Fortinbras fils rassemble des troupes aux frontières pour reprendre les terres de son père. Scène II — Château d'Elseneur. Le roi Claudius envoie Cornélius et Voltemand chez le roi de Norvège pour qu'il mette fin aux agissements de son neveu, le jeune Fortinbras. Claudius permet à Laërte, fils de Polonius, de retourner étudier en France mais refuse à Hamlet de retourner étudier à Wittenberg. Hamlet est amer car son oncle s'est marié avec sa mère peu après les funérailles de son père. Bernardo, Marcellus et Horatio révèlent la vision du spectre à Hamlet qui se résout à le voir lui-même. Scène III — Laërte, sur le départ, met sa sœur Ophélie en garde contre les avances d'Hamlet. Polonius fait de même. Scène IV — Minuit. Horatio, Marcellus et Hamlet aperçoivent le spectre qui fait signe à Hamlet de le suivre seul. Horatio et Marcellus suivent Hamlet en cachette. Scène V — Le spectre du roi révèle à Hamlet que Claudius l'a assassiné en lui versant un poison dans les oreilles, après avoir commis l'adultère avec la reine ; le spectre demande à Hamlet de le venger mais d'épargner sa mère, puis il disparaît. Horatio et Marcellus rejoignent Hamlet et lui demandent de révéler ce qu'a dit le spectre. Hamlet refuse mais les prévient qu'il se fera désormais passer pour un fou et leur fait jurer de ne rien révéler de ce qu'ils ont vu cette nuit. Acte II Scène I — Polonius envoie son serviteur Reynaldo à Paris pour espionner son fils dont la conduite laisse à désirer. Ophélie raconte à son père une scène où Hamlet lui a semblé agir comme un fou. Polonius décide de mettre Claudius au courant. Scène II — Claudius et Gertrude, inquiets du comportement de Hamlet, envoient ses amis d'enfance, Rosencrantz et Guildenstern, auprès de celui-ci pour le ramener à la raison. Voltemand informe Claudius que le roi de Norvège a mis fin aux préparatifs du jeune Fortinbras et redirigé l'attaque contre la Pologne, sollicitant le droit de passer par le Danemark. Polonius explique à Claudius et Gertrude que la folie de Hamlet est due au fait qu'Ophélie ait repoussé ses avances. Les dialogues de Hamlet avec Polonius, au cours duquel il compare Polonius à Jephté, puis avec Rosencrantz et Guildenstern, confirment les soupçons de folie. Entre alors une troupe de comédiens à qui Hamlet demande de jouer le lendemain le meurtre de Gonzague en y insérant une tirade écrite par lui. Dans un monologue, seul, Hamlet espère que la pièce amènera son oncle à avouer son crime. Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 7 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Acte III Scène I — Claudius et Polonius assistent, cachés, au monologue » To be or not to be » de Hamlet puis au dialogue avec Ophélie où il lui reproche son immodestie et lui enjoint de rejoindre un couvent. Claudius projette d'envoyer Hamlet en Angleterre pour réclamer un tribut et le guérir, mais Polonius le persuade de laisser la reine lui parler avant de prendre une décision. Scène II — Hamlet donne ses conseils aux comédiens et demande à Horatio d'observer la réaction du roi lors de la représentation. La pièce, qui raconte l'histoire d'un meurtre à Vienne, commence et Hamlet ne cesse de faire des commentaires tel un chœur antique. Claudius interrompt subitement la pièce au moment de l'empoisonnement et se retire avec la reine. Polonius convoque Hamlet auprès de la reine. Scène III — Claudius, pressentant le danger, charge Rosencrantz et Guildenstern d'accompagner Hamlet en Angleterre. Seul, Claudius médite sur le meurtre de son frère et implore le ciel de lui pardonner. Hamlet le surprend mais décide de ne pas tuer Claudius à l'instant où il prie, pensant que cela l'enverrait au paradis, et reporte la vengeance à plus tard. Scène IV — Hamlet reproche à sa mère son attitude et, à l'instant où il se fait plus violent, Polonius, qui écoutait secrètement, appelle à l'aide. Hamlet, pensant surprendre Claudius, se trompe et le tue. Hamlet accuse maintenant sa mère d'avoir tué son père. Le spectre du roi apparaît à Hamlet mais la reine ne le voit pas. Hamlet ordonne ironiquement à sa mère de révéler la supercherie de sa folie à Claudius. Elle jure de taire leur conversation. Hamlet s'en va avec le corps de Polonius, dans l'intention de répondre de sa mort. Acte IV Scène I — Gertrude raconte le meurtre de Polonius par Hamlet — mais pas la supercherie de la folie — à Claudius qui envoie Rosencrantz et Guildenstern se saisir du cadavre. Scène II — Rosencrantz et Guildenstern s'enquièrent du corps de Polonius auprès de Hamlet qui répond de manière sibylline et demande qu'on le conduise auprès de Claudius. Scène III — Hamlet comparaît devant Claudius qui réclame le corps de Polonius. Hamlet finit par indiquer l'endroit et feint de se résoudre à embarquer pour l'Angleterre. Dans un monologue, Claudius révèle qu'il a demandé au roi d'Angleterre de tuer Hamlet. Scène IV — Hamlet rencontre Fortinbras en partance pour la Pologne et médite sur la futilité de la guerre. Scène V — Dialogue énigmatique entre la reine, le roi et Ophélie qui semble avoir perdu la raison et chante. Laërte, persuadé que Claudius est responsable de la mort de son père, arrive avec une fronde pour renverser le roi. Claudius promet des explications. Scène VI — Des marins remettent à Horatio une lettre de Hamlet, prisonnier de pirates, qui l'invite à le rejoindre. Scène VII — Le roi, qui vient de révéler à Laërte que c'est Hamlet qui a tué son père, reçoit des lettres de Hamlet : une pour lui-même et l'autre pour la reine. Hamlet annonce son retour et le roi ourdit avec Laërte un assassinat maquillé en accident lors d'un combat d'escrime où l'épée de Laërte doit être empoisonnée ; si le stratagème échoue, Claudius promet de donner un breuvage empoisonné à Hamlet. La reine annonce qu'Ophélie est morte noyée. Acte V Scène I — Deux fossoyeurs discutent le suicide apparent d'Ophélie alors qu'ils creusent sa tombe. Hamlet arrive avec Horatio et discute avec le fossoyeur d'un crâne qu'il a mis au jour, celui d'un bouffon de l'enfance de Hamlet, Yorick. La procession funéraire d'Ophélie approche, menée par Laërte. Lui et Hamlet en viennent aux mains, mais la bagarre est brisée. Scène II — Hamlet raconte à Horatio comment il s'est échappé et comment Rosencrantz et Guildenstern sont morts. Un courtisan, Osric, les interrompt et invite Hamlet à se battre avec Laërte. Le combat commence alors que l'armée de Fortinbras se rapproche d'Elseneur. Laërte blesse Hamlet avec une lame empoisonnée, mais au cours d'un corps à corps ils échangent leurs armes, et Hamlet à son tour lui porte un coup que le poison rend fatal. Gertrude boit accidentellement du vin Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 8 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
empoisonné et meurt. Dans ses derniers moments, Laërte se réconcilie avec Hamlet et révèle le complot meurtrier de Claudius. Avant de mourir, Hamlet parvient à tuer Claudius et nomme Fortinbras comme son héritier. Quand Fortinbras arrive, Horatio raconte l'histoire et Fortinbras ordonne de rendre hommage à Hamlet. Images du spectacle Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 9 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 10 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
© Klaudyna Schubert Après avoir lu le résumé de la pièce (nécessaire avant d’assister à la représentation), devinez qui peuvent être les personnages représentés sur les photographies du spectacle et à quel moment de l’intrigue chacune des images peut correspondre. Quelles grandes thématiques ces images reflètent-elles ? Activité de pratique théâtrale : dans l’espace, reproduisez ces images le plus fidèlement possible. Animez ces « tableaux humains » en imaginant les situations et les enjeux. Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 11 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Réfléchir au spectacle après la représentation Voici quelques pistes à explorer avec vos élèves pour travailler autour du spectacle : La dimension plastique de la scénographie (sons, lumières, couleurs, formes, textures, matières…) : quel(s) effets ? quel(s) sens ? Le mélange du tragique et du grotesque : quels passages relèvent de la tragédie ? quels passages provoquent le rire ? Pourquoi ? La représentation du spectre : comment les metteurs en scène parviennent-ils à représenter l’invisible ? Document 1 : mise en scène de John Barton, Royal Shakespeare Company, 1980 Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 12 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Document 2 : mise en scène de Michael Boyd, Royal Shakespeare Company, 2004 Le spectre du vieux roi Hamlet (Greg Hicks) apparaît la nuit à Hamlet, Horatio et Marcellus. Hamlet (Toby Stephens) pris le spectre de lui parler. Document 3 : Mise en scène d'Adrian Noble, Royal Shakespeare Company 1992 - Spectre - Clifford Rose Hamlet - Kenneth Branagh Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 13 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Document 4 : Mise en scène de Patrice Chéreau Festival d'Avignon 1983 La mise en abyme : comment Lisaboa Houbrechts a-t-elle choisi de traiter ce passage de la pièce ? Chercher d’autres scènes de mise en abyme et réfléchir aux fonctions de ce procédé dramatique. Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 14 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
Réflexion autour de la relation comédien/personnage (les trois comédiens principaux du Hamlet de Lisaboa Houbrechts appartiennent à la même famille et jouent une tragédie familiale) : interactions entre la présence physique, réelle de l’acteur et la présence fictive, créée du rôle. Comment l’acteur se rapporte-t-il au rôle ? Ou dans un contexte plus large : quel est le champ de tension entre « le soi » et « l’autre » ? Comment l’authenticité interagit-elle avec l’altérité ? Ces trois textes peuvent servir de supports à la réflexion. Document A : Denis Diderot, Paradoxe sur le comédien, 1773 (publié en 1830). [L’acteur] s’écoute au moment où il vous trouble, et […] tout son talent consiste non pas à sentir, comme vous le supposez, mais à rendre si scrupuleusement les signes extérieurs du sentiment que vous vous y trompez. Les cris de sa douleur sont notés dans son oreille. Les gestes de son désespoir sont de mémoire, et ont été préparés devant une glace. Il sait le moment précis où il tirera son mouchoir et où les larmes couleront ; attendez-les à ce mot, à cette syllabe, ni plus tôt ni plus tard. Ce tremblement de la voix, ces mots suspendus, ces sons étouffés ou traînés, ce frémissement des membres, ce vacillement des genoux, ces évanouissements, ces fureurs, pure imitation, leçon recordée d’avance, grimace pathétique, singerie sublime dont l’acteur garde le souvenir longtemps après l’avoir étudiée, dont il avait la conscience présente au moment où il l’exécutait, qui lui laisse, heureusement pour le poète, pour le spectateur et pour lui, toute liberté de son esprit, et qui ne lui ôte, ainsi que les autres exercices, que la force du corps. Le socque ou le cothurne1 déposé, sa voix est éteinte, il éprouve une extrême fatigue, il va changer de linge ou se coucher ; mais il ne lui reste ni trouble, ni douleur, ni mélancolie, ni affaissement d’âme. C’est vous qui remportez toutes ces impressions. L’acteur est las, et vous tristes ; c’est qu’il s’est démené sans rien sentir, et que vous avez senti sans vous démener. S’il en était autrement, la condition de comédien serait la plus malheureuse des conditions ; mais il n’est pas le personnage, il le joue et le joue si bien que vous le prenez pour tel : l’illusion n’est que pour vous ; il sait bien, lui, qu’il ne l’est pas. Document B : Bertholt Brecht, Petit Organon pour le théâtre, 1948. 47. Pour produire des effets de distanciation, il a fallu que le comédien laisse de côté tout ce qu’il avait appris et qui lui permettait de provoquer l’identification du public avec les personnages qu’il jouait. Comme il ne vise plus à mettre son public en transes, il ne faut plus qu’il se mette lui-même en transes. Ses muscles doivent rester détendus, tant il est vrai que, si, par exemple, il tourne la tête en crispant les muscles du cou, il va « magiquement » attirer les regards et parfois même entraîner les têtes des spectateurs, ce qui ne peut qu’affaiblir toute spéculation ou toute émotion de leur part à propos de ce geste. Sa diction doit se débarrasser du ton psalmodiant et 1 Socque : chaussure basse qui faisait partie du costume de l’acteur de comédie dans l’Antiquité. Cothurne : chaussure haute portée par les acteurs de tragédie dans l’Antiquité. Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 15 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
des rythmes fixes qui bercent le spectateur au point que le sens se perd. Même pour jouer les possédés, il ne doit pas donner l’impression d’être possédé lui-même ; comment, sinon, les spectateurs pourraient-ils déceler ce qui possède les possédés ? 48. A aucun moment il ne s’autorise à se métamorphoser intégralement en son personnage. Si l’on disait de lui : « Il ne jouait pas le roi Lear, il était le roi Lear », ce serait pour lui un verdict écrasant. Il a uniquement à montrer son personnage ; ou, pour mieux dire, il n’a pas uniquement à le vivre ; cela ne signifie pas qu’il doive rester froid en jouant les passionnés. Simplement, ses sentiments propres ne devraient pas être par principe ceux de son personnage, afin que ceux de son public ne s’identifient pas par principe à ceux du personnage. Le public doit en la matière avoir toute la liberté. Document C : Constantin Stanislavski, La Construction du personnage, 1929. Constantin Stanislavski, né le 5 janvier 1863 à Moscou et mort le 7 août 1938, fut comédien, metteur en scène et professeur d'art dramatique. Il est l'un des créateurs, avec Vladimir Nemirovitch-Dantchenko, du Théâtre d'Art de Moscou (qu'il dirigea jusqu'à sa mort) et il est l'auteur de La Formation de l'acteur et de La Construction du Personnage, deux ouvrages dans lesquels il élabore le « système », c’est-à-dire une nouvelle méthode de formation du comédien. Une personne qui, dans la vie réelle, est en plein milieu d’un drame affectif poignant, est incapable d’en parler d’une manière cohérente. Dans de tels instants, les larmes l’étouffent, sa voix se brise, l’intensité des sentiments remplit sa pensée de confusion, son aspect pitoyable affole ceux qui la regardent et les empêche de comprendre la cause même de sa douleur. Mais le temps, qui guérit tout, apaise l’agitation intérieure des hommes, les rend capables de revoir avec calme, en pensée, les événements révolus. A ce moment, on peut enfin parler de ces événements d’une manière cohérente, lentement, intelligiblement et l’on peut rester relativement maître de soi en racontant l’histoire, tandis que ce sont ceux qui l’écoutent qui pleurent. C’est précisément là le résultat que notre art cherche à atteindre. C’est pour cela que notre art exige qu’un acteur expérimente les angoisses de son rôle, qu’il pleure toutes les larmes de son corps chez lui ou pendant les répétitions, de façon à atteindre le calme, de façon à se débarrasser de tous les éléments étrangers à son rôle ou pouvant lui nuire. Il peut alors paraître sur la scène pour communiquer au public les angoisses qu’il a traversées, mais termes clairs, prenants, profondément sentis, intelligibles et éloquents. A ce moment, le public sera plus affecté que l’acteur, et celui-ci conservera toutes ses forces pour les diriger là où il a le plus besoin d’elles pour reproduire la vie intérieure du personnage qu’il présente. Fiche réalisée par Etienne Visinet, professeur missionné au phénix scène nationale pôle européen 16 de création de Valenciennes par la DAAC de l’Académie de Lille
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