Infections urogénitales féminines à Chlamydia trachomatis. Meilleures approches diagnostiques
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Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 1064–1074 EXAMENS COMPLÉMENTAIRES Infections urogénitales féminines à Chlamydia trachomatis. Meilleures approches diagnostiques Chlamydia trachomatis urogenital infections in women. Best diagnosis approaches F. Hamdad a,*, J. Orfila a, J.-C. Boulanger b, F. Eb a a Laboratoire de bactériologie–hygiène, CHU d’Amiens, place Victor-Pauchet, 80054 Amiens cedex 1, France b Centre de gynécologie–obstétrique, CHU d’Amiens, 24, rue Camille-Desmoulins, 80054 Amiens cedex 1, France Reçu le 9 février 2004 ; accepté le 5 octobre 2004 Disponible sur internet le 27 octobre 2004 Résumé Les Chlamydia sont des bactéries intracellulaires obligatoires responsables principalement d’infections sexuellement transmissibles (IST). Les réinfections ou les infections chroniques provoquent des inflammations à l’origine de complications telles que l’hypofertilité. Ces inflammations sont le résultat d’une stimulation immune continue. La prévalence élevée des infections à Chlamydia reflète la longue persistance de ces micro-organismes chez leur hôte. Les infections sont très souvent asymptomatiques et constituent un risque important de complications et de transmission. Le diagnostic direct d’une infection aiguë à Chlamydia trachomatis est réalisé par la mise en évidence de la bactérie vivante par culture cellulaire, de ses antigènes par immunofluorescence directe (IFD) ou par les techniques immunoenzymatiques et apparentées, de ses acides nucléiques par hybridation moléculaire ou par amplification génique (amplification d’un gène chromosomique, amplification d’une courte séquence du plasmide ou de l’ARNr). Au cours d’une infection chronique ou persistante, la charge bactérienne est faible et les bactéries sont très souvent non cultivables et expriment des antigènes différents. La culture cellulaire et les techniques habituelles de mise en évidence des antigènes peuvent être négatives, ce qui implique l’utilisation des techniques de détection des acides nucléiques avec amplification associée à un diagnostic sérologique. L’utilisation des techniques d’amplification a considérablement amélioré le diagnostic direct des infections à Chlamydia et offre, en outre, l’opportunité d’utiliser des prélèvements non invasifs pour le dépistage des sujets asymptomatiques. Nous proposons la meilleure stratégie diagnostique en fonction du contexte clinique. © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract Chlamydiae are obligate intracellular bacteria. Chlamydia trachomatis is the most common sexually transmitted disease (STD). The C. trachomatis damaging disease sequelae such as sterility is based on intense and chronic inflammation elicited and maintained by reinfection or persistent infection. The high prevalence of C. trachomatis infection reflects the long and successful adaptation of these organisms to persist in their human host population. The large group of asymptomatically infected persons is not only at risk of serious long-term sequelae but also sustains transmission within communities. C. trachomatis acute infections have been diagnosed by cell culture, direct immunofluorescence, enzyme immunoassay, direct DNA hybridization, and more recently by nucleic acid amplification tests (NAATs). In chronic or persistent chlamydial infections, the level of Chlamydia is very low and bacteria are often not viable. Such infections would be characterized by continuing positive NAATs but only intermittent isolation of viable Chlamydia and positive assays for chlamydial protein antigen. The development of NAATs has been a major advance in the field of chlamydial diagnosis. The use of NAATs associated with serology test is the best diagnosis. The introduction of * Auteur correspondant. Adresse e-mail : Hamdad-Daoudi.Farida@chu-amiens.fr (F. Hamdad). 1297-9589/$ - see front matter © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/S1297-9589(04)00327-3
F. Hamdad et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 1064–1074 1065 assays based on amplification of genetic material has subsequently increased the sensitivity of detecting chlamydial infections and offers the opportunity to use non-invasive sampling techniques to screen for infections in asympto- matic subjects. In this article, it was proposed the best diagnosis approaches for detection of acute and chronic infections. © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Chlamydia trachomatis ; Infections génitales ; Physiopathologie ; Diagnostic direct ; Diagnostic sérologique Keywords: Chlamydia trachomatis; Genital infections; Physiopathology; Direct diagnosis; Serological diagnosis 1. INTRODUCTION À l’heure actuelle, deux questions se posent : • quelles sont les méthodes de diagnostic direct les plus Les infections urogénitales à C. trachomatis ont une répar- fiables ? tition mondiale. • quel test choisir en fonction : Ces infections ont été reconnues comme un problème de C du contexte clinique ; santé publique majeur en raison des complications qu’elles C du prélèvement à étudier ; engendrent. Elles sont aujourd’hui au premier rang des C de la rapidité du résultat désirée. infections sexuellement transmissibles (IST) avec une esti- Des traitements antibiotiques efficaces et peu coûteux mation de 92 millions de nouveaux cas chaque année dans le sont disponibles, mais la difficulté diagnostique fait que ces monde [1]. Ce nombre est certainement sous-estimé, parti- infections très souvent asymptomatiques restent non traitées. culièrement chez les hommes qui subissent moins de dépis- tages que les femmes [2]. Chez l’homme, les glandes sexuel- 2. PHYSIOPATHOLOGIE DE L’INFECTION les annexes jouent un rôle de réservoir de germes au cours À C. TRACHOMATIS d’une IST et augmentent la probabilité de contamination féminine [3,4]. Les Chlamydia ont un tropisme marqué pour les cellules L’incidence est variable suivant les populations, l’activité épithéliales des muqueuses. sexuelle et l’âge. Les facteurs de risque incluent l’âge infé- Après transmission sexuelle, C. trachomatis se localise au rieur à 25 ans, la multiplicité des partenaires sexuels, la non niveau de l’appareil génital bas et infecte particulièrement les utilisation de préservatif. En 1995, d’après le réseau de cellules épithéliales de l’endocol. Bactéries intracellulaires surveillance de laboratoires (Renachla), la prévalence des obligatoires, les Chlamydia se présentent sous forme de corps infections à C. trachomatis chez les femmes asymptomatiques élémentaires (CE) ou de corps réticulés (CR) selon l’étape est de l’ordre de 4 % [5] et elle peut atteindre 20 % chez les de leur cycle de développement. Seuls les CE extracellulaires femmes qui consultent dans un centre antivénérien [6]. La sont capables d’infecter une cellule saine et l’internalisation plus forte prévalence s’observe entre 15 et 25 ans, puis s’achève par la formation d’une inclusion dans le cytoplasme décroît avec l’âge. de la cellule hôte. L’inclusion occupe un volume de plus en Le caractère pauci-symptomatique de l’infection urogéni- plus important en relation avec la multiplication des Chlamy- tale à C. trachomatis est à l’origine de la dissémination et des dia. Les bactéries sont ensuite libérées par éclatement et complications observées chez la femme jeune telles que les mort cellulaire. Un nouveau cycle de développement peut salpingites, les grossesses extra-utérines (GEU) et l’inferti- alors débuter par infection des cellules avoisinantes. lité tubaire. Le risque d’infertilité tubaire serait de 12 % Le cycle de développement de C. trachomatis dure géné- après un épisode infectieux à C. trachomatis et de 75 % après ralement 48 heures, mais cette durée varie beaucoup en trois épisodes [7]. fonction de la souche et du taux d’infection. Les infections à C. trachomatis évoluent selon deux mo- La multiplication intracellulaire représente un événement des, aigu et chronique, ce qui soulève la question de la crucial dans la physiopathologie de l’infection. persistance de la bactérie malgré la réponse immune de Au cours de l’infection, la réaction inflammatoire est l’hôte et une antibiothérapie active [8]. suivie de l’apparition d’une réaction immunitaire humorale La complexité de la physiopathologie de ces infections et cellulaire. Une activation du système immunitaire local et rend le diagnostic biologique difficile. Celui-ci repose, systémique aboutit à la synthèse des anticorps anti- C. tra- comme pour toute maladie infectieuse, sur un diagnostic chomatis détectés dans les sécrétions locales et dans le direct avec une détection de la bactérie, de ses antigènes ou sérum, mais c’est le système lymphocytaire qui joue le rôle le de ses acides nucléiques et sur un diagnostic indirect avec plus important. Ces réactions peuvent soit limiter, soit éra- mise en évidence des anticorps. Le type de prélèvement, la diquer une infection aiguë mais, dans certains cas, apparaît qualité des micro-organismes ou de leurs antigènes dans une infection chronique et persistante [9]. l’échantillon et la validité (sensibilité, spécificité) de la mé- La persistance définie comme une stase de l’infection thode de diagnostic direct influencent le résultat. durant laquelle la réponse immune de l’hôte n’a pas éliminé
1066 F. Hamdad et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 1064–1074 Fig. 1. Physiopathologie de l’infection urogénitale féminine à Chlamydia trachomatis. IL, interleukine ; GM-CSF, granulocyte-macrophage colony- stimulating factor. le pathogène est responsable de la destruction tissulaire philes, des lymphocytes, des cellules plasmatiques et des continue [10]. Le phénomène de persistance, moyen de macrophages. Les follicules lymphoïdes développés contien- défense de l’hôte est non seulement insuffisant pour détruire nent au centre des lymphocytes B, des macrophages et à la la bactérie puisqu’il inhibe sa croissance sans l’altérer mais il périphérie des lymphocytes T (Fig. 1). déclenche une réaction inflammatoire évoluant pour son propre compte vers les complications redoutables. Ces complications surviennent après une longue persistance du 3. MANIFESTATIONS CLINIQUES (TABLEAU 1) micro-organisme ou plusieurs réinfections [11]. Les phagocytes non professionnels (cellules épithéliales) Parmi les 19 sérovars connus de C. trachomatis, les séro- infectés par les Chlamydia produisent des substances pro- vars D à K ont un tropisme urogénital. L’influence du inflammatoires (cytokines, facteurs de croissance et autres sérovar sur le développement de l’infection urogénitale n’est médiateurs cellulaires). L’INF γ inhibe le pouvoir infectieux pas claire [15]. Les sérovars dominants isolés en Europe et de certains sérovars (sérotypes) de C. trachomatis [12]. La en Amérique du Nord sont les sérovars E (50 %), F (20 %) et différence de sensibilité des sérovars de C. trachomatis vis-à- D (10 %). vis de l’INF γ peut être à l’origine soit de l’éradication, soit Chez la femme, l’infection est localisée primitivement aux de la persistance de l’infection [12]. L’INF γ peut contribuer muqueuses génitales et évolue le plus souvent à bas bruit, à à la pathogenèse des infections persistantes en prévenant l’origine d’un portage asymptomatique, source, d’une part, l’apoptose des cellules infectées [13]. de dissémination de l’infection, d’autre part, de complica- Une mauvaise régulation de l’apoptose et le phénomène tions telles que les infections hautes et l’hypofertilité. de persistance offrent une alternative au pouvoir pathogène L’infection génitale peut suivre deux voies : des Chlamydia. • la voie urétrale provoquant une urétrite qui peut passer Sur le plan histopathologique, l’infection consiste en un inaperçue ou produire un syndrome urétral (dysurie, infiltrat profus contenant des polymorphonucléaires neutro- pollakiurie, ténesmes vésicaux etc.) ;
F. Hamdad et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 1064–1074 1067 Tableau 1 Pouvoir pathogène de Chlamydia trachomatis [35] Sérovars Infections aiguës Complications/infections chroniques A→C Kérato-conjonctivite Trachome cicatriciel, cécité D→K Infections sexuellement transmissibles • Chez la femme – cervicite Endométrite, salpingite, GEU, – urétrite infertilité tubaire, syndrome de Fitz-Hugh-Curtis • Chez l’homme – urétrite Épididymite, prostatite, hypofertilité • Dans les deux sexes – conjonctivites Syndrome de Reiter, arthrite réactionnelle • Nouveau-nés – conjonctivite – pneumopathie L1 → L3 Lymphogranulomatose vénérienne Trouble de drainage lymphatique • la voie génitale basse qui peut évoluer de façon ascen- femmes présentant dysurie, pollakiurie, leucocyturie avec dante. une bactériologie standard négative, la responsabilité de Le col est la porte d’entrée habituelle. C. trachomatis peut C. trachomatis a été mise en évidence [17]. être responsable de cervicite (principal vecteur de contami- nation), d’endométrite, d’inflammation pelvienne aiguë ou 3.2. Les infections génitales hautes chronique. Les infections génitales récurrentes sont particu- lièrement associées à une augmentation du risque de l’in- 3.2.1. L’endométrite flammation pelvienne qui est d’autant plus redoutable qu’elle Il s’agit de la propagation ascendante, à travers le canal atteint la femme jeune. Elle évolue souvent à bas bruit et endocervical, d’une infection située au niveau de l’urètre ou provoque des lésions tubaires irréversibles. L’infection est au niveau du col. Elle est caractérisée par une infiltration caractérisée par sa latence et sa persistance. La bactérie lympho-plasmocytaire diffuse du stroma et quelque fois de peut être bloquée par la réaction inflammatoire de l’orga- micro-ulcérations. C’est à partir de cette localisation que nisme à l’état de corps réticulés altérés porteurs d’une surviennent les complications [18]. protéine de choc thermique (heat shock protein, HSP), pro- téine de la membrane externe, génératrice de réaction 3.2.2. Les salpingites inflammatoire à long terme avec production continue de La conséquence la plus sévère est la salpingite qui peut fibrine, altérant la muqueuse tubaire, obturant les trompes, être soit aiguë, soit chronique et infraclinique. Le rôle de entourant d’adhérences les trompes et les ovaires. C. trachomatis dans la pathologie tubaire n’est plus à démon- Les manifestations peuvent, également, être mineures, trer et c’est ce qui fait sa gravité [19]. C. trachomatis est voire inexistantes. responsable de la moitié des cas de salpingite aiguë, et peut être retrouvée dans toutes les formes cliniques graves (ab- 3.1. Les infections génitales basses cès, pelvipéritonites) mais, la salpingite à Chlamydia est vo- 3.1.1. Cervicites lontiers subaiguë avec moins de fièvre et de douleurs que les C. trachomatis a une affinité particulière pour l’épithélium salpingites gonococciques. cylindrique (endocol et endomètre). Le signe clinique le plus constant reste la douleur mais elle Les cervicites à C. trachomatis sont caractérisées par une est d’intensité variable ; parfois il s’agit d’une simple gêne réaction inflammatoire plus ou moins intense, s’accompa- pelvienne. Elle est associée dans 30 à 50 % des cas à des gnant de sécrétions purulentes. Le col utérin est enflammé métrorragies. La fièvre est absente une fois sur deux. Les et saigne facilement au toucher vaginal. Des follicules lym- leucorrhées ne sont pas toujours retrouvées. phoïdes, analogues à ceux du trachome peuvent être obser- À la cœlioscopie, l’aspect est très évocateur quand il vés. montre des adhérences visqueuses avec pseudo-kystes péri- Les cervicites persistantes à Chlamydia sont communes tonéaux à contenu gélatineux [20]. La cœlioscopie est éga- chez les femmes en pleine activité sexuelle et constituent un lement le moyen de faire des prélèvements in situ qui véritable réservoir de germes. Plusieurs études ont montré permettront d’affirmer le diagnostic, d’envisager le pronos- que l’infection cervicale à C. trachomatis, particulièrement tic, et de commencer le traitement en réalisant une toilette celle de sérovar F, peut persister plusieurs années. Ce séro- péritonéale. var semble résister à la réponse immune de l’hôte [16]. Le spectre clinique des inflammations pelviennes va d’une endométrite asymptomatique à une salpingite sévère, pyo- 3.1.2. Urétrites salpinx, péritonite pelvienne et périhépatite. La place prépondérante de C. trachomatis dans l’urétrite La preuve de la responsabilité de C. trachomatis dans les non gonococcique chez l’homme est bien connue. Chez les stérilités tubaires est, aujourd’hui, bien établie. Elle a été
1068 F. Hamdad et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 1064–1074 faite par des études sérologiques et par culture par de La LGV ou maladie de Nicolas-Favre est due aux sérovars nombreux auteurs [21–23]. Le rôle de C. trachomatis dans la L1, L2, L2a, et L3 de C. trachomatis qui possèdent un tro- grossesse extra-utérine a également été démontré [24–26]. pisme ganglionnaire et réticulo-endothélial. Ces sérovars sont différents des autres sérovars, par leur tendance à 3.2.3. Syndrome de Fitz-Hugh-Curtis généraliser l’infection. Syndrome qui associe salpingite aiguë et périhépatite, il La tranche d’âge présentant le plus de risque se situe est caractérisé par l’association de fièvre, de douleurs de entre 20 et 40 ans. l’hypocondre droit et du pelvis. Parfois dominé par le syn- Les lésions primaires génitales ou anales sont ulcérées et drome hépatique, le diagnostic peut errer. transitoires. La LGV peut se compliquer de lymphadénite, rectite, fistule et évoluer vers la chronicité. 3.2.4. Complications maternofœtales 3.2.4.1. Complications au cours de la grossesse. L’augmentation 3.4. La proctite des endométrites du post-partum chez des femmes qui présentaient une infection à C. trachomatis diagnostiquée en Elle peut être due aux sérovars D à K ou L1 à L3. La début de grossesse a été démontrée [27]. Cette infection proctite due aux sérovars D à K est asymptomatique ou peu symptomatique alors que celle due aux sérovars L1 à L3 est pourrait être alors à l’origine d’une stérilité secondaire. généralement plus grave. Au cours des années 1970, il a été révélé que l’infection intra-utérine à C. trachomatis pouvait se produire lors d’une 3.5. Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter rupture prématurée des membranes [28]. Puis dans les années 1980, il a été montré que C. trachomatis était respon- Dans 70 à 80 % des cas, l’antigène HLA B 27 objective un sable d’un certain nombre d’avortements tardifs et de morts terrain prédisposant. Les patients possédant cet antigène in utero. Récemment, il a été établi que pouvaient se pro- sont plus susceptibles de développer le syndrome de duire des infections intra-utérines sans rupture prématurée Fiessinger-Leroy-Reiter [34]. Ce syndrome oculo-urétro- des membranes [29,30]. synovial est un rhumatisme inflammatoire aigu ou subaigu associé à une atteinte urétrale et conjonctivale. 3.2.4.2. Conséquences de l’infection chez l’enfant. Les nouveau- C. trachomatis est un des agents de ce syndrome chez nés sont infectés lors du passage dans la filière génitale [31]. l’homme. C’est le mode de contamination le plus connu. Les compli- Le Tableau 1 résume les principales manifestations clini- cations les plus fréquentes et les mieux connues sont les ques de C. trachomatis [35]. conjonctivites et les pneumonies [2,32,33]. C. trachomatis est capable de provoquer d’autres infections telles que des otites moyennes, des obstructions nasales et des bronchio- 4. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE lites D’UNE INFECTION À C. TRACHOMATIS Le nouveau-né peut présenter une conjonctivite à inclu- L’isolement de la bactérie par culture cellulaire est la sions qui survient dans un délai de 5 à 14 jours après la technique la plus spécifique. Cependant, elle reste très naissance. Cette localisation habituellement bénigne peut spécialisée, longue et coûteuse. Des tests rapides de dia- laisser des séquelles cornéennes. Ces infections ont prati- gnostic direct comme l’immunofluorescence directe, les quement disparu grâce à l’utilisation, à la naissance, de techniques immuno-enzymatiques et apparentées ont été collyres à base de tétracyclines. développés et appliqués à la détection des antigènes de la La période d’incubation de la pneumonie à C. trachomatis bactérie. Les techniques de détection des acides nucléiques varie de 15 jours à 15 semaines. L’infection se traduit par une et en particulier les techniques d’amplification génique ap- toux sèche survenant par quintes, parfois cyanosante sou- portent une contribution nouvelle au diagnostic de ces vent accompagnée de dyspnée dans un syndrome infectieux infections. important. Lorsqu’elle est associée à une rhinorrhée ou La sérologie est un témoin plus tardif de l’infection et se surtout à une conjonctivite, elle est très évocatrice. positive significativement lorsque les voies génitales hautes sont contaminées. 3.3. La lymphogranulomatose vénérienne (LGV) 4.1. Diagnostic direct Infection sexuellement transmissible, décrite pour la pre- mière fois par Hunter en 1786, puis en 1833 par Wallace. Le diagnostic direct est relativement facile lors des infec- Son entité pathologique n’a été établie qu’en 1913 par tions génitales basses localisées, mais devient plus délicat au Nicolas, Favre et Durand sous le terme de bubon climatéri- cours des infections hautes en raison de la difficulté de que. recueil de prélèvements. Relativement fréquente dans les pays tropicaux et subtro- picaux, elle peut s’observer dans les pays tempérés, où il 4.1.1. Prélèvements s’agit le plus souvent d’importation d’un pays endémique ou Les procédés diagnostiques les plus modernes restent d’un contact avec des sujets venant d’un pays endémique. tributaires de la qualité des prélèvements. Étant donné le
F. Hamdad et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 1064–1074 1069 caractère intracellulaire des Chlamydia, les prélèvements 4.1.1.4. Prélèvements respiratoires chez le nouveau-né. Le pré- doivent contenir des cellules quelle que soit la technique de lèvement consistera en une aspiration endotrachéale ou diagnostic utilisée. éventuellement un prélèvement pharyngé. 4.1.1.1. Prélèvements urogénitaux. 4.1.2. Conditions de prélèvement Prélèvement d’endocol. C’est le site le plus habituel Les milieux et les conditions de transport des prélève- de prélèvement. Les prélèvements sont effectués avec un ments sont adaptés à la technique de détection utilisée par le spéculum. Dans un premier temps, les sécrétions cervicales laboratoire. sont éliminées avec une compresse stérile. Un écouvillon est Seule la culture cellulaire exige des conditions strictes de inséré de un à deux centimètres dans l’endocol puis un transport, de délai et de température, de manière à ne pas mouvement de rotation est réalisé pour recueillir des cellu- affecter la viabilité de la bactérie. les. L’écouvillon est ensuite retiré sans toucher la muqueuse Pour les prélèvements réalisés par écouvillonnage, le vaginale puis coupé à deux centimètres du tampon et im- choix des écouvillons utilisés est important. Ils doivent être mergé dans le milieu de transport. adaptés au recueil des cellules et ne doivent pas être toxi- Prélèvement urétral. Ce prélèvement augmente la ques pour la culture cellulaire. Des écouvillons en dacron, en sensibilité de la recherche de 23 % lorsqu’il est associé au alginate de calcium ou des écouvillons en plastic ayant une prélèvement endocervical [36]. Ce prélèvement s’effectue extrémité en forme d’olive striée Bactopick® ou en forme en introduisant l’écouvillon de un centimètre au niveau de de petite brosse type Cytobrush® sont classiquement utili- l’urètre antérieur. Un mouvement de rotation est imprimé sés. Les écouvillons à tige en bois doivent être évités. avant le retrait de l’écouvillon. Lorsque plusieurs écouvillonnages sont réalisés chez un Les écouvillons d’endocol et d’urètre peuvent être intro- patient, l’ordre de prélèvement peut affecter le résultat. duits dans le même tube de milieu de transport ou séparé- Les prélèvements destinés à la culture sont impérative- ment dans deux tubes de milieu. ment et immédiatement placés à +4 °C. Le temps de conser- Sécrétions vaginales, prélèvements vulvaires, uri- vation doit être inférieur à 48 heures. Sinon, ils doivent être nes du premier jet. Depuis l’avènement des techniques congelés à –70 °C avant l’inoculation en sachant que la d’amplification génique, les urines du premier jet, les sécré- congélation entraîne une perte d’au moins 20 % de la tions vaginales et les prélèvements vulvaires peuvent être viabilité des bactéries [41]. utilisés pour la détection de C. trachomatis [37,38]. Ce sont Le milieu de transport traditionnel pour la recherche de des prélèvements non invasifs, réalisés par la patiente elle- Chlamydia en culture cellulaire est le milieu 2-sucrose phos- même et par conséquent accessibles au dépistage des popu- phate (2SP) qui contient du sérum de veau fœtal et des lations asymptomatiques. antibiotiques sans action sur la viabilité des Chlamydia. Ce Les urines permettent de recueillir les cellules urétrales milieu présente en outre l’avantage de pouvoir être utilisé infectées et peuvent donc être contaminées par les sécré- pour la recherche des Chlamydia par certaines méthodes tions cervicales et vaginales. Ces prélèvements doivent être effectués sans toilette préalable. d’amplification génique, ce qui permet, à partir d’un même Les résultats des études réalisées montrent que la recher- prélèvement, de réaliser à la fois la culture et certaines che de C. trachomatis sur le prélèvement d’endocol est plus techniques d’amplification génique [42]. Pour les kits com- sensible que le premier jet d’urine (91,4 vs 83,4 %), mais ce mercialisés permettant la mise en évidence des antigènes ou dernier constitue un bon prélèvement dans le cadre d’un des acides nucléiques de C. trachomatis, il est impératif de dépistage systématique [37,39,40]. suivre les indications des fabricants concernant les condi- Prélèvements du haut appareil génital. Produit de tions de prélèvement et de conservation avant analyse. grattage des trompes, biopsies tubaires, adhérences obte- La plus grande stabilité des antigènes et des acides nucléi- nues lors d’une cœlioscopie dans les cas de salpingite ou de ques (ADN) comparée à la viabilité de C. trachomatis offre la périhépatite, liquide péritonéal du Douglas. possibilité pour l’ensemble de ces méthodes non fondées Suspicion de LGV. Le prélèvement est réalisé par sur l’isolement en culture cellulaire, d’allonger le temps de ponction du bubon. conservation des échantillons à +4 °C au-delà de deux jours Rectites. Pour les atteintes rectales, il est indispensable sans diminuer leur sensibilité. de réaliser les prélèvements de lésions ulcératives sous Les prélèvements destinés aux techniques d’amplification anuscopie. génique doivent être réalisés sans toilette. Les spermicides et les produits de toilette intime (Dakin® etc.) sont à pros- 4.1.1.2. Prélèvements oculaires. Les prélèvements oculaires crire. Ces produits dénaturent les acides nucléiques et sont sont réalisés par grattage de la conjonctive inférieure dans à l’origine de réactions faussement négatives. les conjonctivites isolées ou associées à une urétrite. Les exsudats purulents doivent être éliminés au préalable avec 4.1.3. Méthodes directes de détection un tampon stérile. de C. trachomatis L’utilisation des méthodes de diagnostic direct des infec- 4.1.1.3. Liquides articulaires. Recueillis au cours du syndrome tions à C. trachomatis a connu une évolution en trois grandes de Fiessinger-Leroy-Reiter périodes.
1070 F. Hamdad et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 1064–1074 4.1.3.1. Ère de la culture cellulaire. Celle-ci s’étend de 1975 à infections asymptomatiques dans les populations à forte 1985. Elle n’a jamais été une technique de routine mais prévalence [42,48]. Cependant, elle est d’un intérêt moindre réservée aux laboratoires spécialisés en raison du coût, de la au cours des infections chroniques ou persistantes [42]. non-standardisation et de l’équipement lourd. La culture Grâce à sa grande spécificité, l’IFD est utilisée comme cellulaire a été longtemps considérée comme le « gold test de confirmation des techniques de diagnostic direct non standard » en raison de sa grande spécificité (100 %), mais sa fondées sur la culture. sensibilité varie selon les laboratoires de 50 à 90 %. Un Les techniques immuno-enzymatiques (EIA) et apparen- traitement antibiotique, la cytotoxicité de certains prélève- tées ont été développées pour la détection d’antigènes de ments (urines, liquides de ponction etc.), la mauvaise conser- Chlamydia extraits de prélèvements urogénitaux et fournis- vation des prélèvements entraînent des résultats faussement sent une alternative à la culture. négatifs. Une dizaine de trousses EIA sont actuellement commer- Cette sensibilité dépend, également, du nombre de bac- cialisées en France. La cible antigénique est généralement le téries présentes dans l’échantillon et de leur état réplicatif, LPS car il est plus soluble que la PMME. fonction du stade de la maladie aiguë ou chronique [42]. La L’avantage des méthodes EIA et apparentées est leur présence d’une forme persistante de C. trachomatis échappe réalisation rapide et simple avec possibilité d’automatisation complètement à l’isolement en culture cellulaire [43]. qui permet de faire de grandes séries. Les tests unitaires sur L’intérêt de la culture cellulaire est l’isolement des sou- membrane (immuno-chromatographie) ne nécessitent ches permettant une étude épidémiologique (sérotypage ou aucun équipement et ont été largement utilisés. génotypage) et éventuellement une étude de la sensibilité Toutes ces méthodes nécessitent une moins grande expé- aux antibiotiques en cas d’échec thérapeutique. Dans ce rience du personnel et permettent la détection de Chlamydia contexte, la culture cellulaire constitue la seule méthode viables ou non (moins de précaution à prendre au niveau du diagnostique valable. transport des prélèvements). La plupart de ces méthodes n’ont été validées que pour les prélèvements endocervicaux 4.1.3.2. Ère des tests de diagnostic rapides. Les techniques de et les prélèvements urétraux. détection des antigènes structuraux de la bactérie (lipopo- L’inconvénient majeur est leur faible sensibilité (50 à lysaccharide : LPS, et protéine majeure de la membrane 60 %) notamment lorsque le prélèvement contient peu de externe : PMME) sont apparues au début des années 1980 et bactéries et lors d’infection persistante. ont rencontré un grand succès dû à leur moindre coût, leur Ces tests sont encore utilisés dans les laboratoires où le facilité d’utilisation et à la rapidité des résultats. nombre de recherche de C. trachomatis est faible et incom- L’ère des techniques rapides de diagnostic direct consti- patible avec la mise en place de techniques plus onéreuses. tuées par l’immunofluorescence directe (IFD), les tests Contrairement à l’IFD, les résultats ne sont pas subjectifs. immuno-enzymatiques et apparentés, s’étend de 1985 à Le cut-off doit être calculé pour éviter les faux-positifs c’est 1995. à dire que la spécificité doit être maximale ce qui se fait L’immunofluorescence directe (IFD) permet la détection souvent aux dépens de la sensibilité. d’antigènes spécifiques du genre Chlamydia ou de l’espèce C. trachomatis par IF directe ou indirecte sur frottis. 4.1.3.3. Ère des techniques de biologie moléculaire. Au début des L’utilisation des anticorps monoclonaux marqués à la années 1990, les techniques de biologie moléculaires ont été fluorescéine révèle des CE extracellulaires, exceptionnelle- développées et utilisées dans la recherche. ment des inclusions, sur un tapis de cellules épithéliales, La détection de C. trachomatis par des sondes ADN est témoin de la qualité du prélèvement. réalisée par hybridation in situ ou en milieu liquide [49,50]. La spécificité est meilleure avec les anticorps monoclo- L’hybridation in situ avec des sondes nucléiques spécifiques a naux anti-PMME qu’avec les anti-LPS spécifiques de genre permis d’observer la persistance de C. trachomatis dans les [44–46]. La sensibilité est estimée à 80–90 % et la spécificité trompes de femmes souffrant de stérilité tubaire alors que la à 98–99 % par rapport à la culture, lorsque les deux métho- culture était négative [49]. L’hybridation moléculaire en mi- des sont réalisées de façon optimale [47]. lieu liquide n’apporte pas un gain de sensibilité par rapport L’avantage de cette technique est sa simplicité et sa aux techniques EIA [42]. rapidité (résultat en moins d’une heure). Elle est destinée à la Au milieu des années 1990 débute l’ère des techniques recherche de C. trachomatis dans les prélèvements urétraux, d’amplification génique. Ce sont des méthodes très sensi- endo-cervicaux et conjonctivaux, mais peut être appliquée à bles (86 à 96 %) puisqu’elles amplifient un petit nombre des prélèvements divers (liquides péritonéaux et biopsies de d’acides nucléiques présents dans le prélèvement. La spéci- trompe et d’endomètre). L’IFD permet de détecter les ficité (supérieure à 99,5 %) est assurée par le choix des Chlamydia viables ou non, l’inconvénient majeur étant la amorces et par la méthode de révélation. Ces techniques subjectivité de la lecture. Cette lecture dépend de la qualité d’amplification, en multipliant le nombre de copies de la du microscope à fluorescence et de l’expérience du micros- séquence cible si elle est présente dans l’échantillon étudié, copiste. ont pour effet d’en améliorer considérablement le seuil de L’IFD est une méthode très sensible et constitue une détection. Elles sont capables de détecter une molécule bonne technique de diagnostic des infections aiguës et des cible.
F. Hamdad et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 1064–1074 1071 Les techniques de biologie moléculaire avec amplification dilution [57]. Ceci constitue une raison supplémentaire pour génique, pallient aux insuffisances de la culture en cas de utiliser ces prélèvements dans les programmes de dépista- mauvais transport, d’antibiothérapie ou de prélèvements ges. cytotoxiques (urines, liquides de ponction etc.). Un résultat négatif par amplification génique n’exclut pas Ces méthodes amplifient soit un gène chromosomique, le un diagnostic positif surtout si l’examen a été pratiqué chez gène omp1 codant la PMME, soit l’ARNr présent à raison de un patient symptomatique et à haut risque d’infection. Les 1000 copies par bactérie, soit une séquence du plasmide résultats dépendent de la qualité du prélèvement, de la spécifique de C. trachomatis, présent chez 98 % des souches présence de la cible moléculaire et de l’absence d’inhibi- à raison de dix copies environ par bactérie. teurs. Les techniques qui amplifient l’ARNr possèdent une plus Les différentes méthodes de détection de C. trachomatis grande sensibilité que les tests d’amplification qui détectent et leurs cibles sont rappelées dans le Tableau 2. le plasmide ou le gène de la PMME. Cependant, l’ARNr est plus fragile que l’ADN ce qui peut affecter la sensibilité des 4.1.4. Stratégies diagnostiques de l’infection tests [42]. urogénitale Cinq techniques sont actuellement commercialisées en Au cours d’une infection aiguë, les prélèvements d’endo- France mais trois ont été particulièrement utilisées : PCR col demeurent les prélèvements de choix. Les méthodes Amplicor™ Roche Diagnostic, LCR (LCx-CT™) Abbott, classiques de diagnostic direct à savoir l’IFD et la culture Amplified CT™ (TMA) BioMérieux. cellulaire conservent tout leur intérêt. Les techniques d’am- La PCR (polymerase chain reaction) et la LCR (ligase chain plification génique, très intéressantes, les remplacent de plus reaction) amplifient un segment du plasmide. La TMA (trans- en plus. cription mediated amplification) amplifie l’ARNr après une Au cours d’une infection haute ou d’une infection transcription inverse en ADN complémentaire (ADNc). chronique/persistante, les prélèvements d’endocol ou les Les automates d’amplification et de détection (Cobas prélèvements du haut appareil génital restent la meilleure Amplicor™, Roche Diagnostics et LCx™ CT Abbott) ont alternative. En raison de la faible quantité de bactéries dans permis à beaucoup de laboratoires d’introduire ces techno- les sites infectieux, de l’expression des antigènes différents logies en routine. (peu de LPS et de PMME en faveur des C-HSP) et de leur état Très récemment les trousses LCX™ CT Abbott ont été réplicatif (la forme persistante échappe complètement à retirées du marché français et remplacées par une trousse l’isolement en culture cellulaire), la culture cellulaire et l’IFD d’amplification en temps réel. qui utilise les anticorps monoclonaux anti-LPS et anti-PMME Le développement de la PCR en temps réel permet de sont d’un intérêt moindre. La sensibilité des techniques quantifier les produits d’amplification [51]. Les systèmes de d’amplification ne sont pas affectées par cet état de persis- PCR en temps réel reposent sur la détection d’un émetteur tance et constituent les méthodes les plus indiquées. fluorescent pendant le processus d’amplification. L’augmen- Les techniques d’amplification sont également très utiles tation du signal d’émission fluorescente est directement pour le dépistage des sujets asymptomatiques et à risque. proportionnelle à la quantité d’amplifias produit durant la La meilleure stratégie diagnostique de l’infection urogéni- réaction. Les automates de PCR en temps réel (Light Cycler- tale à C. trachomatis en fonction du site de prélèvement et du Roche Applied Science et ABI Prism - Applied Biosystems) contexte clinique est résumée dans le Tableau 3. sont dotés d’une partie thermocycleur et d’une partie opti- que qui mesure l’intensité du faisceau lumineux émis par les Tableau 2 Méthodes directes de mise en évidence de Chlamydia trachomatis fluorophores présents dans le milieu réactionnel. L’avantage de la PCR quantitative est sa rapidité et sa capacité de Cibles Techniques produire des résultats quantitatifs. Ce sont des techniques Bactérie vivante Culture cellulaire (CE infectieux) qui ont un avenir prometteur pour le diagnostic rapide et la Antigènes : compréhension de la physiopathologie des infections à Chla- • LPS, PMME • Immunofluorescence directe (IFD) mydia. • Techniques immuno-enzymatiques Actuellement, ce sont les techniques d’amplification qua- et apparentées litative qui sont largement utilisées dans les programmes de Acides nucléiques : dépistage avec la possibilité de recourir à des prélèvements • ARNr • Hybridation moléculaire (PACE™2CT) non invasifs qui sont mieux acceptés par les sujets, mais non • Amplification (TMA) adaptés aux méthodes classiques de diagnostic [7,42,52–56]. • ADN chromosomique • Amplification (PCR) Bien qu’elles soient plus sensibles que la culture cellulaire (gène omp1) et l’IFD, ces techniques sont tributaires des inhibiteurs qui • ADN plasmidique • Amplification (PCR, LCR, SDA) peuvent être présents dans les prélèvements et dont la LPS : lipopolysaccharide ; PMME : protéine majeure de la membrane ex- nature n’est pas connue. Les urines féminines et masculines terne ; TMA : transcription mediated amplification ; PCR : polymerase chain contiennent très peu d’inhibiteurs en raison de l’effet de reaction ; LCR : ligase chain reaction ; SDA : strand displacement amplification.
1072 F. Hamdad et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 1064–1074 Tableau 3 Stratégies diagnostiques de l’infection urogénitale à C. trachomatis Infection génitale Dépistage Infection génitale haute/persistante basse/aiguë Endocol, urètre Endocol Urines 1e jet Vagin Endocol Brossage tubaire Vulve ou autres Culture cellulaire +++ + – – +/– – Détection des antigènes • IFD +++ + – – – – • EIA ++ + – – – – Détection des ac. nucléiques • Hybridation moléculaire ++ + – – – – • Amplification génique +++ +++ +++ +++ +++ +++ – : non indiquée ; +/– : peu sensible ; + : sensibilité moyenne ; ++ : sensible ; +++ : très sensible. 4.2. Diagnostic indirect ou diagnostic sérologique persistance des anticorps des infections actives où les Ig-G et les Ig-A spécifiques ont des taux élevés. La recherche des anticorps anti-Chlamydia n’a pas la Une autre protéine de la membrane externe de C. tracho- même valeur diagnostique que la mise en évidence du micro- matis, la C-HSP 60 peut induire une réponse immune de type organisme. Elle se justifie dans le cadre de la recherche de hypersensibilité retardée. L’organisme infecté développe l’étiologie d’une infection génitale haute, de ses complica- une réponse immune humorale vis-à-vis de la HSP 60 et tions proximales (GEU, stérilité), à distance (arthrites) ou plusieurs études ont montré une association importante encore de l’étiologie d’une infection systémique comme la entre la présence des anticorps anti-HSP 60 et le dévelop- LGV. pement de séquelles chroniques inflammatoires [14,59,60]. Chez les patients atteints de la lymphogranulomatose vénérienne, la clinique associée aux tests sérologiques per- met le plus souvent de poser le diagnostic étiologique. Les 5. CONCLUSION tests sérologiques sont fortement positifs avec une ascen- sion rapide du titre des anticorps [45,47,58]. Les techniques Les infections génitales féminines à C. trachomatis consti- de diagnostic actuellement utilisées sont la micro- tuent un problème majeur de santé publique et nécessitent immunofluorescence (MIF) et les techniques immuno- un programme mondial de contrôle. enzymatiques. En France, il n’existe pas encore de programme de pré- Ces techniques apportent des arguments diagnostiques vention, mais la loi Calmat du 23 janvier 1990 étend les indirects mais sont d’interprétation délicate en raison, d’une missions contraceptives des centres de planification ou part de la communauté antigénique qui existe entre les trois d’éducation familiale aux missions diagnostiques et théra- espèces de Chlamydia (C. trachomatis, C. psittaci, C. pneumo- peutiques de maladies transmises par voie sexuelle pour les niae), de l’autre, de la persistance des anticorps des mois, personnes mineures et constitue ainsi un outil pour connaî- voire des années après l’infection. Il peut être difficile de tre la prévalence de C. trachomatis dans la population. Cette préciser l’espèce en cause et de distinguer une cicatrice sérologique d’une infection en évolution. Actuellement, des loi étend le droit à la maîtrise de la fécondité au droit à la réactifs spécifiques de l’espèce C. trachomatis sont disponi- protection de la fertilité. bles et améliorent l’interprétation. De très nombreuses études ont montré que la préva- La spécificité des anticorps varie au cours de l’évolution lence de l’infection est maximale chez les jeunes de 15 à de la maladie. Les anticorps anti-LPS apparaissent durant la 25 ans [61–64]. Ce sont des périodes de grande vulnérabilité phase aiguë de l’infection et sont suivis des anticorps spéci- de contamination vis-à-vis de C. trachomatis génératrice chez fiques d’espèce. les femmes de salpingite silencieuse puis d’hypofertilité. Des Au cours des infections génitales hautes (salpingite aiguë, traitements antibiotiques efficaces et peu coûteux sont dis- périhépatite), des taux élevés d’anticorps sont souvent re- ponibles, mais la difficulté diagnostique fait que ces infections trouvés. Un taux d’Ig-G supérieur à 64 par MIF, chez la très souvent asymptomatiques restent non traitées. Le trai- femme, est statistiquement lié à la pathologie tubaire. Les tement classique préconisé par l’OMS pour le traitement Ig-M sont souvent absentes, probablement parce que les d’une infection basse est de six jours de doxycycline, 100 mg patientes ont été infectées antérieurement avec C. trachoma- par voie orale deux fois par jour qui peut désormais être tis. remplacé par 1 g d’azithromycine en une prise unique tant Les Ig-A ont une demi-vie courte et leur détection serait chez la femme infectée que chez son partenaire. en faveur d’une infection en évolution. Pour le moment, L’introduction des tests rapides et simples a permis la aucun consensus n’est établi quant à leur intérêt. généralisation du diagnostic direct des infections à C. tracho- Le dosage systématique des Ig-G et des Ig-A permet matis à tous les laboratoires. Le choix varie en fonction du classiquement de distinguer les infections anciennes avec coût, de la sensibilité et de la faisabilité.
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