VIH, syphilis, gonorrhée et chlamydiose en Suisse en 2017 : survol épidémiologique - admin.ch
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10 47/18 MALADIES TRANSMISSIBLES VIH, syphilis, gonorrhée et chlamydiose en Suisse en 2017 : survol épidémiologique L’année 2017 a été marquée par un net recul du nombre de diagnostics de VIH déclarés à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Cette inversion de tendance est probablement due à la multiplication des tests dans les groupes de personnes particulièrement expo- sées et à la précocité de plus en plus grande des traitements. Un tiers des diagnostics de VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ont été posés dans l’un des cinq « Checkpoints » suisses. Par contre, les cas de syphilis et de chlamy- diose ont été un peu plus nombreux qu’en 2016. Pour ce qui est de la syphilis, cette aug- mentation n’est certainement que minime, car l’OFSP a des indications selon lesquelles davantage de tests de dépistage auraient été réalisés dans l’année ; quant à la gonorr hée, la façon de compter les cas ayant changé en 2017, les chiffres ne peuvent pas faire l’objet d’une comparaison directe avec ceux qui figurent dans le dernier rapport annuel. Il est toutefois certain que beaucoup plus de HSH ont bénéficié du dépistage de la gonorr hée et de la chlamydiose dans le cadre de STARMAN, la campagne de dépistage des IST. Aucun cas de gonocoques multirésistants n’a été déclaré à l’OFSP. ÉVOLUTION DES DIAGNOSTICS de compter les cas ayant changé en 2017, les chiffres ne En 2017, 445 diagnostics de VIH ont été déclarés à l’Office fé- peuvent pas faire l’objet d’une comparaison directe avec ceux déral de la santé publique (OFSP), soit 16 % de moins qu’en qui figurent dans le dernier rapport annuel. L’augmentation du 2016. Ce chiffre, le plus bas jamais atteint, constitue un record nombre de cas par rapport à l’année précédente est globale- historique. Le nombre relatif de nouveaux diagnostics de VIH, ment minime et ne s’observe que dans le groupe des HSH. Il pour sa part, est passé de 6 à 5 pour 100 000 habitants. Cette est toutefois certain que, parmi ces derniers, beaucoup ont inversion de tendance est probablement due à la multiplica- bénéficié du dépistage de la gonorrhée et de la chlamydiose tion des tests chez les personnes particulièrement exposées et dans le cadre de STARMAN, la campagne de dépistage des IST à la précocité de plus en plus grande des traitements. organisée par l’Aide Suisse contre le Sida. Cette campagne Un tiers des diagnostics de VIH chez les hommes ayant des explique l’augmentation du nombre de cas dans ce groupe. rapports sexuels avec des hommes (HSH) ont été posés dans l’un des cinq « Checkpoints » suisses, des centres de santé RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE destinés aux homosexuels que l’on trouve à Zurich, Lausanne, Les chiffres les plus élevés pour toutes les infections sexuelle- Genève, Bâle et Berne. ment transmissibles (IST), VIH compris, ont été enregistrés dans la grande région de Zurich et dans la région lémanique. Dans Les cas de syphilis et de chlamydiose ont été un peu plus nom- les centres urbains de ces deux régions vivent de nombreuses breux en 2017 qu’en 2016, mais le nombre de nouveaux dia- personnes appartenant à des groupes à risque élevé d’exposi- gnostics déclarés est resté relativement constant (9 et 130 tion au VIH et aux autres IST : les hommes ayant des rapports pour 100 000 habitants). Pour ce qui est de la syphilis, cette sexuels avec des hommes et les travailleuses du sexe. Les augmentation n’est certainement que minime, car l’OFSP a chiffres ont été nettement inférieurs dans les régions rurales. des indications selon lesquelles davantage de tests de dépis- tage auraient été réalisés dans l’année (19 % de plus au total DÉPISTAGE ET CONSEIL CIBLÉ et 13 % de plus chez les HSH). Contrairement à celui de 2016, Le dépistage du VIH et de la syphilis s’est beaucoup dévelop- le présent rapport tient compte également des déclarations pé, du moins dans les centres VCT : le nombre de tests VIH a anonymes de syphilis provenant des centres de Voluntary augmenté de 11 % au total, et même de 20 % chez les HSH ; Councelling and Testing (VCT). Quant à la gonorrhée, la façon celui des tests de la syphilis de 19 % au total et de 13 % chez OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
MALADIES TRANSMISSIBLES 47/18 11 les HSH. Rien que dans le cadre de STARMAN, la campagne de Alors que les travailleuses du sexe en Suisse semblent rester dépistage des IST, 1200 tests VIH et plus de 1600 tests de la peu touchées par le VIH [4], les hommes hétérosexuels disent syphilis ont été réalisés chez les HSH pendant le mois de mai plus souvent avoir contracté le virus à l’occasion de relations 2017 [1]. Durant la campagne 2017, le nombre de dépistages sexuelles tarifées. Les médecins devraient intervenir sur ce point a été particulièrement élevé, car les personnes avaient accès lors de leurs consultations et attirer l’attention des touristes qui gratuitement à un ensemble de tests comprenant le VIH, la sy- envisagent d’avoir des rapports sexuels dans des régions à philis, la gonorrhée et la chlamydiose. STARMAN a donc été haute prévalence, notamment en Asie du Sud-Est, sur la répété en 2018, sous une forme légèrement modifiée. chimioprophylaxie médicamenteuse par voie orale (prophylaxie préexpositionnelle, « PrEP »), désormais possible en Suisse [5]. SEXE ET VOIE D’INFECTION La chlamydiose, dont 65 % des cas concernaient des femmes, SYNTHÈSE se distingue nettement des autres IST et du VIH, qui ont tou- La nette diminution du nombre de nouveaux diagnostics de ché majoritairement des hommes. Le plus fort pourcentage VIH témoigne de l’efficacité de la politique de prévention ap- d’hommes a été constaté pour la syphilis (91 %), suivi de la pliquée en Suisse depuis quelques années : multiplication des gonorrhée (82 %) et du VIH, resté à 78 %. En 2017 comme les tests, surtout chez les personnes particulièrement exposées, années précédentes, le pourcentage des hommes infectés lors traitement précoce et suivi régulier des patients. Le mérite en de rapports sexuels avec d’autres hommes a été plus élevé que revient aussi à l’Aide Suisse contre le Sida, aux Checkpoints et celui des hommes infectés par voie hétérosexuelle, et cela aus- à la cohorte VIH suisse, notamment aux médecins qui y sont si bien pour la syphilis (80 %) que pour le VIH (71 %). Pour la associés ; ceux-ci traitent les personnes comprises dans l’étude gonorrhée par contre, le pourcentage de HSH n’augmente for- conformément aux connaissances les plus récentes en la ma- tement que depuis 2010 ; il s’élevait en 2017 à 60 % des tière et garantissent une observance élevée. L’observance est hommes infectés. en outre renforcée grâce à une recommandation avancée, la Swiss Statement [6], qui a été confirmée récemment à la LIEU D’INFECTION Conférence internationale sur le sida 2018 : undetectable = La majorité des personnes atteintes de syphilis, mais surtout de untransmittable / indétectable = intransmissible. Les patients celles atteintes de gonorrhée, semble s’être contaminée en VIH qui connaissent cette règle se sentent moins stigmatisés et Suisse, quelles que soient la voie d’infection et la nationalité, sont incités à prendre régulièrement leurs médicaments, ce qui alors que les ressortissants étrangers ayant contracté le VIH par se reflète dans la baisse des chiffres. Par ailleurs, la prescription voie hétérosexuelle ont été infectés majoritairement à l’étran- d’une PrEP aux personnes à risque élevé d’exposition permet ger (en général le pays d’origine). elle aussi de se rapprocher de l’objectif national, l’élimination du VIH. Pour l’évaluation, il faut toutefois tenir compte du fait que plus le moment de l’infection est lointain, plus il est difficile pour le Malheureusement, on ne constate pas la même diminution médecin et le patient de savoir où exactement la contamina- des cas déclarés pour la syphilis et les autres IST bactériennes. tion a eu lieu. Les symptômes de la gonorrhée urétrale appa- Il faut ici continuer à expliquer, à tester et à traiter. Cependant, raissent déjà quelques jours après l’infection, et la syphilis est le coût élevé des tests IST reste un obstacle majeur, qui limite elle aussi généralement diagnostiquée à un stade précoce. leur usage, surtout pour les personnes à faible revenu. Mais pour les diagnostics de VIH, l’hypothèse relative au lieu de l’infection n’est pas toujours pertinente : des publications Contact Office fédéral de la santé publique récentes montrent que le pourcentage de migrants venant de Unité de direction Santé publique pays à haute prévalence du VIH qui se sont infectés après la Division Maladies transmissibles migration est plus élevé que ce que l’on supposait jusqu’à pré- Tél. 058 463 87 06 sent [2]. Les réseaux sexuels, non seulement de personnes is- sues de la migration, restent très marqués par leur origine [3]. Bibliographie 1. Lehner A & Schmidt AJ (2018): Umsetzung der Kampagne «Starman». Vortrag am Schweizer HIV&STI Forum, Bern. SEXE TARIFÉ Chez les hommes hétérosexuels et les femmes, les relations 2. Alvarez-Del Arco et al. (2017). High levels of postmigration HIV acquisi- tion within nine European countries. AIDS, 31(14):1979–1988 sexuelles tarifées jouent un rôle important dans la transmission 3. Aral S O (2002). Understanding racial-ethnic and societal differentials in de la syphilis, constat qui ne vaut pas pour le VIH. En ce qui STI. Sexually Transmitted Infections, 78: 2–4 concerne la syphilis, 15 % des hommes hétérosexuels disent 4. Aebi-Popp K, Schmidt AJ, et al. (2017): Rationale for prioritizing avoir été infectés par une travailleuse du sexe, tandis que par- STI-screening among asymptomatic female sex workers in Switzerland. mi les femmes hétérosexuelles, le pourcentage de celles infec- Poster session presented at IUSTI-2017 in Helsinki tées suite à une relation sexuelle tarifée est de 12 % ; toute- 5. Office fédéral de la santé publique (2016): Recommandations de la fois, on suppose pour 2017 une sous-estimation due à une Commission fédérale pour la santé sexuelle (CFSS) en matière de pro- erreur de traduction dans le formulaire de déclaration en alle- phylaxie préexposition contre le VIH (PrEP) en Suisse. Bulletin, 4:77–79 mand (erreur corrigée depuis). 6. Vernazza P & Bernard EJ (2018): HIV is not transmitted under fully sup- pressive therapy: The Swiss Statement – eight years later. Swiss Medical Weekly,146:w14246 OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
12 47/18 MALADIES TRANSMISSIBLES VIH et sida en Suisse, situation en 2017 En 2017, les laboratoires habilités selon le concept de test VIH à diagnostiquer et à dé- clarer le VIH ont déclaré 445 nouveaux cas, soit 16 % de moins que l’année précédente. ÉTAT DES DONNÉES précédente (déclarations jusqu’au en 2017 à 5,2 pour 100 000 habitants. La surveillance du VIH a débuté en 31 juillet 2018). La tendance à la baisse Toutefois, avec une fourchette allant de Suisse en 1985. Depuis, les laboratoires observée depuis 2008 s’est donc pour- 3,0 à 8,4 cas pour 100 000 habitants, habilités à confirmer un diagnostic du suivie (figure 1). les disparités régionales étaient mar- VIH sur la base du concept de test VIH quées (tableau 1) : les incidences les plus [1] déclarent à l’Office fédéral de la san- SEXE élevées concernaient la grande région té publique (OFSP) et au médecin canto- La majorité des déclarations de VIH de Zurich et la région lémanique, où se nal l’âge, le sexe et le canton de domi- concernait des hommes : ceux-ci, en situent les plus grands centres urbains cile des personnes pour lesquelles ce 2017 comme en 2016, représentaient de Suisse, tandis que les incidences les diagnostic a été posé. L’OFSP demande 78 % des cas. L’incidence, c’est-à-dire plus basses se trouvaient dans les ré- aux médecins traitants, outre le dia- le nombre de nouveaux cas pour gions principalement rurales de la Suisse gnostic, des informations complémen- 100 000 habitants, était plus basse, avec orientale et de la Suisse centrale. taires telles que la voie d’infection et la 2,3 pour les femmes (contre 2,7 en nationalité. Un formulaire spécial a été 2016) et 8,2 pour les hommes (contre RÉPARTITION PAR ÂGE créé à cet effet (remarque 1). 10,1 en 2016). Au moment du diagnostic de VIH, l’âge médian, établi pour les cinq dernières En 2017, 445 cas confirmés de VIH ont RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE années, était de 38 ans pour les femmes été déclarés, ce qui représente une di- Pour l’ensemble de la Suisse et pour les infectées par voie hétérosexuelle ; autre- minution de 16 % par rapport à l’année deux sexes réunis, l’incidence s’élevait ment dit, la moitié d’entre elles avaient Figure1 1 Figure Déclarations VIH de laboratoire, par sexe et par année du test, depuis le début des tests, 1985–2017 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 Total masculin féminin Sexe inconnu OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
MALADIES TRANSMISSIBLES 47/18 13 moins de 38 ans et l’autre moitié plus de Tableau 1 38 ans. Les hommes infectés par voie Incidence du VIH pour 100 000 habitants, par grande région1 de l’OFS et par hétérosexuelle étaient plus âgés : chez année de diagnostic, 2012–2017 eux, l’âge médian était de 43 ans, contre Année du diagnostic 2012 2013 2014 2015 2016 2017 36 ans dans les cas d’infection par voie homosexuelle (HSH). La répartition par Suisse 7,7 7,1 6,3 6,4 6,3 5,2 âge (figure 2) montre que parmi les Région lémanique 12,0 10,2 8,4 9,7 9,4 8,4 femmes infectées par voie hétéro- Espace Mittelland 5,4 5,9 5,5 6,1 3,8 3,9 sexuelle, la tranche des 35 à 44 ans a été la plus touchée (32 %), suivie de celle des Suisse du Nord-Ouest 5,4 5,8 5,5 4,3 5,6 3,6 25 à 34 ans (29 %). La fourchette des Zurich 11,7 10,9 9,1 9,8 10,8 7,3 âges était plus large chez les hommes Suisse orientale 4,7 3,3 3,1 2,9 2,5 3,3 infectés par voie hétérosexuelle, avec le Suisse centrale 3,3 4,0 3,7 2,7 3,4 3,0 maximum de cas entre 35 et 44 ans Tessin 8,2 6,6 5,4 4,8 8,2 4,5 (26 %). Au moment du diagnostic, les HSH étaient plus jeunes que les deux 1 Pour la définition des grandes régions de l’OFS, voir l’annexe autres groupes, avec le maximum chez les 25 à 34 ans (34 %) et nettement plus Figure 2 de cas chez les 15 à 24 ans (11 %) ; les Distribution par classe d’âge des personnes avec un diagnostic de VIH, HSH étaient donc les plus jeunes et les Figure selon 2la voie d’infection1 et le sexe hommes hétérosexuels, les plus âgés. (diagnostics des années 2013 à 2017 réunis pour des raisons statistiques) VOIE D’INFECTION Chez les hommes avec un diagnostic de 30% VIH, la voie d’infection la plus souvent indiquée en 2017, comme les années précédentes, a été celle des relations sexuelles avec d’autres hommes 20% (53,6 %), suivie des relations hétéro- sexuelles (22,0 %). Dans les cas de consommation de drogues intravei- neuses (IDU), l’utilisation de matériel 10% d’injection contaminé a été citée dans 1,7 % des diagnostics de VIH. Enfin, trois garçons originaires de pays 0% d’Afrique à haute prévalence ont été in- 0-14 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65 + fectés à la naissance par leur mère séro- positive. La voie d’infection est incon- HSH hétérosexuelle (masculin) hétérosexuelle (féminin) nue pour 20,0 % des diagnostics de VIH chez les hommes. 1 HSH : rapports sexuels entre hommes En 2017, comme durant les années pré- cédentes, les femmes avec un diagnos- La figure 3A montre l’évolution des dé- passant de 131 à 69 (figure 3B). C’est tic de VIH ont principalement été infec- clarations de VIH chez les hommes selon surtout dans ce groupe que l’évolution tées par voie hétérosexuelle (69,0 %). la voie d’infection. Le nombre de cas visible à la figure 3 pourrait être en rap- Pour les autres, les voies d’infection était nettement en recul en 2017 par port avec l’immigration et l’émigration étaient les mêmes que chez les rapport à 2016, tant chez les HSH que de personnes de nationalité étrangère hommes : IDU (6,0 %), une transfusion chez les personnes infectées par voie (voir paragraphe sur la nationalité). de sang à l’étranger et une fille infectée hétérosexuelle : il a diminué de 73 chez à la naissance par sa mère (originaire les HSH et de 27 dans le groupe hétéro- L’analyse des voies d’infection au niveau d’un pays d’Afrique à haute préva- sexuel, mais il a augmenté de 22 dans le régional montre que dans la grande ré- lence). La voie d’infection n’a pas pu groupe des cas pour lesquels il n’a pas gion de Zurich, 57 % des diagnostics de être déterminée dans 25,0 % des cas. été possible de déterminer la voie d’in- VIH concernaient les HSH, soit 15 % de fection. plus que la moyenne nationale, qui La fréquence des cas de transmission de s’établissait à 42 % (tableau 2). La com- la mère à l’enfant correspondait, en Chez les femmes infectées par voie hé- paraison des voies d’infection entre les 2017, à celle des années précédentes. térosexuelle, le nombre de cas a diminué cantons et les régions donne le même Aucune tendance n’est décelable. quasi régulièrement entre 2012 et 2017, résultat depuis déjà plusieurs années. OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
14 47/18 MALADIES TRANSMISSIBLES Figure 3 NATIONALITÉ Diagnostics de VIH chez les hommes et les femmes, par voie d’infection1 En 2017, un peu plus de la moitié des et par année de diagnostic, 2012–2017 diagnostics de VIH pour lesquels la na- tionalité des personnes infectées était A : Hommes connue concernait des ressortissants suisses (52 %), avec toutefois des varia- 300 tions selon le sexe et la voie d’infection (tableau 3). Parmi les femmes infectées par voie hétérosexuelle, 34 % étaient de 200 HSH nationalité suisse, contre 61 % des hommes (calcul de pourcentages ex- hétérosexuelle cluant les cas de nationalité inconnue) ; IDU 100 parmi ces femmes, 32 % étaient des inconue / autre ressortissantes d’un pays à haute préva- lence du VIH (PHP) selon les critères de l’OMS (remarque 2), alors que chez les 0 hommes, ce n’était le cas que pour 2012 2013 2014 2015 2016 2017 moins de la moitié de ce pourcentage (13 %). B : Femmes 300 En 2017, 60 % des HSH ayant un dia- gnostic de VIH étaient des Suisses, tan- dis que 24 % venaient de pays euro- 200 péens (calcul excluant la catégorie hétérosexuelle « inconnue »). Aucun HSH dont la natio- IDU nalité était connue ne venait d’un PHP. 100 Mais il est probable que ces chiffres inconnue / autre donnent une image fausse de la situa- tion, parce que les rapports sexuels entre hommes sont très stigmatisés, 0 voire interdits, dans les pays africains et 2012 2013 2014 2015 2016 2017 que les HSH qui en sont issus n’in- diquent pas toujours leur orientation 1 HSH : rapports sexuels entre hommes ; IDU : consommation de drogues par injection sexuelle au moment des tests [2]. LIEU D’INFECTION Tableau 2 D’après les indications des médecins, Déclarations de VIH par les médecins, par voie d’infection1 et par grande on note que, comme les années précé- région2 de l’OFS, 2017 dentes, les Suisses et les Suissesses in- fectés par voie hétérosexuelle ont plus Voie d’infection : hétérosexuelle HSH inconnue/autre* souvent contracté le VIH en Suisse qu’à N % N % N % l’étranger et les ressortissants étrangers nettement plus souvent à l’étranger (ta- Suisse 129 32,5 % 166 41,8 % 102 25,7 % bleau 4). Dans trois quarts des cas où Région lémanique 43 39,8 % 38 35,2 % 27 25,0 % les deux indications figuraient sur la dé- Espace Mittelland 25 37,3 % 22 32,8 % 20 29,9 % claration, la nationalité des étrangers Suisse du Nord-Ouest 10 23,8 % 22 52,4 % 10 23,8 % correspondait au lieu d’infection présu- mé. On retrouve le même tableau pour Zurich 24 23,3 % 59 57,3 % 20 19,4 % les HSH, bien que moins marqué : si les Suisse orientale 10 26,3 % 9 23,7 % 19 50,0 % Suisses ont été plus souvent infectés en Suisse centrale 11 45,8 % 10 41,7 % 3 12,5 % Suisse que les étrangers, les deux Tessin 6 23,8 % 6 40,0 % 3 20,0 % groupes l’ont été plus fréquemment en Suisse qu’à l’étranger. 1 HSH : rapports sexuels entre hommes ; autres : consommation de drogues par injection, transfusion, transmission de la mère à l’enfant À noter que l’indication du lieu de l’in- 2 Définition des grandes régions de l’OFS : voir annexe fection manquait dans certains groupes (jusqu’à un tiers des cas), ce qui limite la fiabilité des conclusions tirées. OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
MALADIES TRANSMISSIBLES 47/18 15 Tableau 3 Déclarations de VIH par les médecins, par nationalité, voie d’infection1 et sexe, 2017 Voie d’infection : hétérosexuelle HSH Sexe : féminin masculin N % N % N % Suisse 20 32,8 % 39 56,5 % 94 56,3 % Europe 5 8,2 % 8 11,6 % 37 22,2 % Pays à haute prévalence du VIH 19 31,1 % 8 11,6 % 0 0,0 % Autres pays 15 24,6 % 9 13,0 % 25 15,0 % Nationalité inconnue 2 3,3 % 5 7,2 % 11 6,6 % Total déclarations par les médecins 61 100,0 % 69 100,0 % 167 100,0 % 1 HSH : rapports sexuels entre hommes Tableau 4 Lieu présumé de l’infection à VIH, selon la voie d’infection1 et la nationalité, 2017 Voie d’infection : hétérosexuelle HSH Nationalité : Suisse étranger Suisse étranger Nombre de déclarations 59 100,0 % 71 100,0 % 94 100,0 % 73 100,0 % par les médecins Lieu de l’infection Suisse 31 52,5 % 15 21,1 % 48 51,1 % 30 41,1 % étranger 17 28,8 % 39 54,9 % 19 20,2 % 18 24,7 % aucune indication 11 18,6 % 17 23,9 % 27 28,7 % 25 34,2 % 1 HSH : rapports sexuels entre hommes Tableau 5 Type de relation avec le partenaire infectieux probable chez les personnes avec un diagnostic de VIH, selon la voie d’infection1 et le sexe, 2017 Voie d’infection : hétérosexuelle HSH Sexe : féminin masculin Nombre de déclarations par les médecins 61 100,0 % 69 100,0 % 167 100,0 % Partenaire connu 21 34,4 % 15 21,7 % 47 28,1 % Partenaire anonyme 8 13,1 % 11 15,9 % 50 29,9 % Relations sexuelles tarifées 3 4,9 % 8 11,6 % 3 1,8 % Pas identifiable 11 18,0 % 15 21,7 % 30 18,0 % Pas d’indication 18 29,5 % 20 29,0 % 37 22,2 % 1 HSH : rapports sexuels entre hommes SOURCE D’INFECTION connue, pour un tiers une partenaire manquait dans certains groupes (jusqu’à Près de deux tiers des femmes infectées anonyme et pour un quart des relations la moitié des cas), ce qui limite la fiabili- par voie hétérosexuelle pour lesquelles sexuelles tarifées. En ce qui concerne les té des conclusions tirées. la source d’infection était indiquée HSH dont la source d’infection est l’avaient été par un partenaire connu, connue, environ la moitié a été infectée MOMENT DE L’INFECTION un tiers par un partenaire anonyme et par un partenaire connu et l’autre moitié Le moment où la personne a été infec- 10 % lors de relations sexuelles tarifées par un partenaire anonyme, les relations tée par le VIH n’est généralement pas (tableau 5). Parmi les hommes infectés sexuelles tarifées constituant l’exception. connu. En Suisse, les infections qui re- par cette voie, les sources d’infection À noter que l’indication de la source montent à moins d’une année avant le étaient pour 45 % une partenaire d’infection n’était pas identifiable ou diagnostic peuvent être établies à l’aide OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
16 47/18 MALADIES TRANSMISSIBLES Tableau 6 Indicateurs pour le moment de l’infection dans les déclarations du VIH par les médecins, selon la voie d’infection1 et le sexe, 2017 Voie d’infection : hétérosexuelle HSH Sexe : féminin masculin Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage Nombre de déclarations par 61 * 69 * 167 * les médecins Infection VIH récente2 11 18,0 % 33 47,8 % 87 52,1 % Infection VIH aiguë 3 5 8,2 % 15 21,7 % 45 26,9 % Test VIH tardif 4 10 16,4 % 19 27,5 % 23 13,8 % 1 HSH : rapports sexuels entre hommes 2 Infection par le VIH moins d’une année avant le diagnostic (avec l’immunoblot Inno-Lia, remarque 3) 3 Stade précoce symptomatique (souvent semblable à une grippe), quelques semaines après l’infection 4 Indication de stade CDC C sur la déclaration VIH ou diagnostic du VIH et sida en l’espace de trois mois * Le total des pourcentages n’atteint pas 100 % parce qu’il s’agit d’indicateurs différents et non de catégories distinguables. d’une technique spéciale de laboratoire est plus grande pour qu’une infection latives au dépistage du VIH effectué sur (« Infection récente », remarque 3). En soit détectée précocement et donc l’initiative des médecins (PICT [3]). Si outre, le diagnostic clinique d’une infec- considérée comme récente (voir le com- l’on tient compte de la voie d’infection, tion VIH aiguë (appelée également mentaire de la figure 4 et l’article sur la on constate que les symptômes d’une primo-infection) permet de situer le mo- surveillance des tests). infection VIH aiguë conduisent plus ment de l’infection dans les quelques fréquemment à un test de dépistage semaines qui précèdent le diagnostic La fréquence avec laquelle les infections du VIH chez les HSH que chez les (remarque 4). Les diagnostics tardifs VIH aiguës ont été diagnostiquées était personnes infectées par voie hétéro- renvoient à des infections à un stade elle aussi différente pour les HSH et sexuelle. Ce constat corrobore le résul- déjà avancé, de sorte que les premiers pour les personnes infectées par voie tat mentionné au paragraphe précé- symptômes du sida sont attendus ou hétérosexuelle (tableau 6). Ce diagnos- dent, à savoir que les infections VIH déjà visibles. On parle ici de diagnostic tic a été posé chez un sixième des per- aiguës sont plus fréquemment diagnos- tardif du VIH lorsque des symptômes du sonnes infectées par voie hétérosexuelle tiquées chez les HSH que chez les sida ont été constatés au moment du (pour les deux sexes) et chez un quart personnes infectées par voie hétéro- diagnostic ou au plus tard trois mois des HSH, ce qui, s’ajoutant au pourcen- sexuelle. après. tage d’infections récentes, constitue un argument supplémentaire en faveur de Comme les années précédentes, le dia- En 2017, une infection récente a été la précocité du diagnostic de VIH dans gnostic de VIH a moins souvent été constatée chez 18 % des femmes et ce groupe. posé tardivement chez les HSH (14 %) 48 % des hommes infectés par voie hé- que chez les personnes infectées par térosexuelle (tableau 6). Le pourcentage L’analyse des raisons indiquées ces trois voie hétérosexuelle (deux sexes réunis : était plus élevé que l’année précédente dernières années sur les formulaires de 22 %). dans les deux sexes, ce que l’on ne peut déclaration pour justifier la réalisation toutefois pas considérer comme une d’un test VIH montre que les symp- L’ensemble des indicateurs relatifs au augmentation certaine car, pour des tômes constituent le motif le plus fré- moment de l’infection qui figurent au raisons statistiques, ce chiffre n’est pas quent (un tiers des cas). Dans 38 % des tableau 6 amènent à penser que le dia- suffisamment précis. Chez les HSH, un cas, il s’est avéré que ces symptômes gnostic de VIH est plus rarement posé peu plus de la moitié des infections étaient dus à une infection VIH aiguë. tôt après l’infection chez les personnes étaient considérées comme récentes. Lorsqu’un test avait été pratiqué pour infectées par voie hétérosexuelle que Dans ce groupe, le pourcentage d’infec- une autre raison (exposition au risque chez les HSH, ce qui s’explique vraisem- tions récentes est, depuis des années, ou dépistage, autres raisons), aucune in- blablement par le fait que ces derniers supérieur à celui constaté chez les per- fection aiguë n’était généralement se soumettent plus fréquemment à des sonnes infectées par voie hétéro- constatée. Les symptômes liés à l’infec- tests de dépistage. Chez les femmes in- sexuelle, ce qui s’explique principale- tion aiguë étaient donc dans de nom- fectées par voie hétérosexuelle, le fait ment par le fait que les HSH pratiquent breux cas le motif pour lequel le test qu’elles proviennent à 31 %, donc plus plus souvent des tests VIH que les autres VIH avait été effectué, comme proposé fréquemment que dans les autres groupes ; par conséquent, la probabilité dans les recommandations de l’OFSP re- groupes, de pays à haute prévalence du OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
MALADIES TRANSMISSIBLES 47/18 17 VIH (voir paragraphe sur la nationalité, Figure 4 tableau 3) et que beaucoup étaient vrai- Infections à VIH récentes et anciennes, selon la voie d’infection1 et le sexe, semblablement déjà infectées au mo- 2012–2017 ment de leur arrivée en Suisse joue certainement aussi un rôle. On peut en A : HSH1 conclure que, même en l’absence de suspicion d’infection par le VIH, les mé- 200 decins devraient plus souvent proposer un test de dépistage à leurs patients afin d’augmenter les chances de dia- 150 gnostiquer le VIH le plus rapidement possible (dépistage du VIH effectué sur l’initiative des médecins « PICT » [3]). 100 récente ancienne Durant la période 2012–2017, le pour- centage moyen d’infections récentes 50 différait nettement selon les groupes : il était d’une petite moitié chez les HSH, de 29 % pour les hommes infectés par 0 voie hétérosexuelle et de 12 % pour les 2012 2013 2014 2015 2016 2017 femmes. Il a toutefois évolué avec les années : B : Hétérosexuelle (hommes) chez les HSH, il est passé de 39 % à 64 %, pour redescendre à 52 % en 2017 (figure 4, A). Chez les personnes 200 infectées par voie hétérosexuelle, le nombre d’infections remontant à plus d’un an a diminué dans les deux sexes, 150 tandis qu’on ne distingue pas de ten- dance nette pour les infections récentes (figure 4, B et C). De ce fait, durant la 100 récente période considérée, le pourcentage des ancienne infections récentes est passé de 19 % 50 à 48 % chez les hommes et de 11 % à 19 % chez les femmes. Chez les per- sonnes infectées par voie hétéro- 0 sexuelle, la diminution du nombre de diagnostics de VIH entre 2012 et 2017, 2012 2013 2014 2015 2016 2017 visible à la figure 3, était donc principa- lement due à la diminution du nombre C : Hétérosexuelle (femmes) d’infections anciennes. Elle s’explique entre autres par la diminution, supé- 200 rieure à la moyenne, des diagnostics de VIH chez les personnes issues de pays à haute prévalence (figure 5), car le pour- 150 centage des infections anciennes est re- lativement élevé dans ce groupe. 100 récente Lorsque la fréquence des tests demeure ancienne inchangée, une modification du nombre d’infections VIH récentes indique une 50 modification correspondante de l’inci- dence du VIH. Les données fournies par les centres de conseil et de tests en 0 Suisse (centres VCT), qui, selon les an- 2012 2013 2014 2015 2016 2017 nées, établissent jusqu’à un quart des diagnostics du VIH, montrent que dans ces centres, le nombre de tests effectués 1 HSH : rapports sexuels entre hommes OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
18 47/18 MALADIES TRANSMISSIBLES par voie hétérosexuelle, 53 % pour les Figure 5 HSH et 6 % pour les IDU. Pour les cas Diagnostics de VIH chez les personnes venant d’un pays à haute prévalence de sida, le pourcentage moins élevé de du VIH, par voie d’infection1 et par sexe, 2012–2017 HSH s’explique peut-être par le fait que, dans ce groupe, les infections à VIH 45 sont diagnostiquées relativement tôt et traitées avec succès (voir paragraphe « Moment de l’infection »), parce qu’ils se soumettent beaucoup plus souvent à HSH des tests VIH que les autres groupes. 30 hétérosexuelle Parmi les IDU, le pourcentage de cas de (masculin) sida était supérieur à celui des cas de VIH, signe que les interruptions de trai- hétérosexuelle tement sont plus fréquentes dans ce 15 (féminin) groupe que chez les personnes infectées inconnue / autre par voie hétérosexuelle et les HSH. SYNTHÈSE Le nombre total de diagnostics de VIH 0 et, partant, son incidence, ont diminué 2012 2013 2014 2015 2016 2017 en 2017 par rapport à l’année précé- dente. Plus de trois quarts des diagnos- 1 HSH : rapports sexuels entre hommes tics concernaient des hommes, chez les- quels l’incidence était plus de trois fois supérieure à celle des femmes. La voie a augmenté dans le groupe des HSH présentent donc un groupe cible impor- d’infection de loin la plus fréquente (voir article « Surveillance des tests » tant pour les consultations VIH, notam- chez les hommes était toujours celle des dans le même cahier). Cette augmenta- ment si l’on veut que les personnes relations sexuelles entre hommes et, tion explique probablement, au moins infectées dans ce groupe de population chez les femmes, celle des relations hé- en partie, l’augmentation des infections puissent commencer un traitement le térosexuelles. Depuis quelques années, récentes observée chez les HSH en 2013 plus rapidement possible. les infections en lien avec la consomma- et 2014 ; le nombre d’infections ré- tion de drogues par injection n’oc- centes est toutefois redescendu en CAS DE SIDA cupent plus qu’une petite place dans le 2016 et 2017 (figure 4), contrairement Le nombre de nouveaux cas de sida tableau général. au nombre de tests effectués dans les s’est stabilisé autour de 60 à 80 cas par Parmi les HSH, le VIH a principalement centres VCT, ce qui pourrait signifier an (tableau 7), comme il ressort d’ex- été diagnostiqué chez des Suisses et des que le nombre de nouvelles contamina- trapolations statistiques tenant compte ressortissants de pays européens. Quelle tions s’est stabilisé. du fait qu’ils sont parfois déclarés plu- que soit la nationalité, les infections ont sieurs années seulement après le dia- été plus souvent contractées en Suisse Contrairement aux infections récentes, gnostic (remarque 5). Pour 2017, cette qu’à l’étranger. Parmi les femmes infec- les infections anciennes sont davantage extrapolation aboutit à un total de tées par voie hétérosexuelle, le pourcen- fonction de la prévalence dans le 104 cas, dont 50 déjà déclarés. L’esti- tage de celles d’origine étrangère était groupe considéré : plus la prévalence est mation pour 2017 donne des chiffres plus élevé que chez les hommes (HSH élevée, plus la probabilité est grande bien plus élevés que pour l’année pré compris). Chez les femmes, le pourcen- pour que l’infection remonte à plus cédente (71). Mais, en raison de l’incer- tage de celles issues d’un pays à haute d’un an avant le diagnostic. Dans le titude statistique liée aux estimations, prévalence du VIH était presque aussi groupe des personnes infectées par voie cette augmentation ne doit pas être élevé que celui des Suissesses. Les per- hétérosexuelle, le pourcentage de celles considérée comme une hausse effective. sonnes étrangères infectées par voie issues de la migration est nettement hétérosexuelle ont principalement été plus élevé que parmi les HSH (ta- En 2017, les cas de sida dont la voie contaminées à l’étranger ; dans un quart bleau 3) ; le nombre de diagnostics de d’infection était connue (88 %) se ré- des cas, le lieu de l’infection correspon- VIH pourrait par conséquent être aussi partissaient comme suit : 43 % parmi les dait à leur nationalité. influencé par l’immigration, et ce d’au- personnes infectées par voie hétéro- Les infections récentes ont plus souvent tant plus que la prévalence du VIH est sexuelle, 42 % parmi les HSH et 15 % été diagnostiquées chez des HSH que élevée dans les pays d’origine. Les per- parmi les IDU. Cette répartition diffère chez des personnes infectées par voie sonnes établies en Suisse et originaires de celle observée pour les voies d’infec- hétérosexuelle. Le nombre de ces cas, de pays à haute prévalence du VIH re- tion par le VIH : 42 % pour les infections qui avait augmenté en 2014 et 2015, OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
MALADIES TRANSMISSIBLES 47/18 19 Tableau 7 Nouveaux cas de sida par année de diagnostic, selon la voie d’infection1 et le sexe, 2012-2017 (corrigés des retards de déclaration) Voie d’infection Sexe Année du diagnostic 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Hétérosexuel masculin 27 29 19 25 11 19 féminin 23 24 13 11 17 19 HSH masculin 33 32 24 24 27 37 IDU masculin 3 5 4 2 4 7 féminin 3 5 0 0 1 6 Autres masculin 3 4 15 1 7 14 féminin 3 3 3 2 4 2 Total 95 102 78 65 71 104 dont déjà déclarés : 95 102 77 61 60 50 1 HSH : rapports sexuels entre hommes ; IDU : consommation de drogues par injection est redescendu. Il reste à voir si cette in- chaque année le total correspondant des dé- nombre réel doit donc être estimé au moyen version de la courbe se confirme ou si clarations de laboratoire. Cette approche d’un modèle statistique prenant en considé- suppose que ces déclarations sont représen- ration la répartition passée des retards de elle s’explique par des incertitudes sta- tatives de tous les cas de VIH diagnostiqués déclaration. Les données indiquées au ta- tistiques liées à la technique d’estima- par les laboratoires. bleau 7 se fondent sur la méthode de Rosen- tion. De manière générale, l’évolution berg [4]. 2. Selon l’ONUSIDA et l’OMS, un pays est répu- du nombre d’infections récentes peut té à haute prévalence du VIH lorsque celle- Annexe s’expliquer par l’évolution de l’inci- ci, dans la population générale, est supé- Définition des grandes régions de l’OFS dence, mais aussi par un changement rieure à 1 % dans le groupe d’âge des 15 à 45 ans. Dans les pays en voie de développe- Code Grande région Cantons qui la dans le taux de tests. Compte tenu de NUTS composent ment, les données sont souvent tirées l’augmentation du taux de tests chez d’études effectuées auprès de femmes en- CH01 Région lémanique GE, VD, VS les HSH (voir l’article « Surveillance des ceintes. Pour la Suisse, les pays à prendre en CH02 Espace Mittelland BE, SO, FR, NE, JU tests »), on peut supposer une diminu- considération sont principalement les pays CH03 Suisse du Nord-Ouest BS, BL, AG tion de l’incidence chez les HSH en de l’Afrique subsaharienne, ainsi que cer- Suisse avec un nombre décroissant de tains pays des Caraïbes. CH04 Zurich ZH diagnostics. 3. Depuis 2008, la Suisse utilise de manière CH05 Suisse orientale SG, TG, AI, AR, GL, standardisée une méthode de diagnostic qui SH, GR Contact permet, à l’aide d’un algorithme, de diffé- CH06 Suisse centrale UR, SZ, OW, NW, Office fédéral de la santé publique rencier les infections récentes des infections LU, ZG Unité de direction Santé publique anciennes. Cet algorithme a été développé CH07 Tessin TI Division Maladies transmissibles par le Centre national de rétrovirus (CNR) sur Tél. 058 463 87 06 la base de l’immunoblot Inno-Lia™ VIH I/II L’Office fédéral de la statistique (OFS) a élaboré (Fujirebio). Les infections dites récentes sont la délimitation des sept grandes régions CH01 à Remarques celles dont la transmission à la personne in- CH07 à des fins de comparaisons statistiques et 1. Les déclarations des médecins, appelées fectée remonte probablement à moins d’un d’intégration dans la statistique régionale « déclarations de résultats d’analyses cli- an avant le diagnostic. européenne NUTS (Nomenclature des unités niques » suite à la dernière révision de l’or- territoriales statistiques). 4. La primo-infection est un syndrome rétroviral donnance, doivent être adressées au méde- aigu qui survient chez de nombreuses per- cin cantonal du canton de domicile du Bibliographie sonnes infectées par le VIH depuis quelques patient qui, après les avoir contrôlées, les 1. GT Laboratoire et diagnostic de la CFSS : semaines à trois mois. Les « infections ré- transmet à l’OFSP. Ces déclarations n’ont pas Concept de test VIH 2013. Bulletin OFSP centes » et les « primo-infections » sont deux été transmises pour tous les cas de VIH dia- 2013 ; 47 : 852–854. indicateurs, méthodologiquement indépen- gnostiqués et déclarés par les laboratoires ; 2. Sokari, E. Die LGBTI-Bewegung und soziale dants, d’un stade d’infection précoce. ces dernières années, elles l’ont été dans Medien in Afrika: Eine Bestandsaufnahme. 80 % à 90 % des cas, mais la tendance est à 5. À la suite de retards dans la déclaration, https://www.boell.de/de/navigation/afri- la hausse. Dans les cas sans déclaration, si seule la moitié des cas de sida déclarés par le ka-Afrika-LGBTI-9040.html l’on disposait des données sur le sexe, l’âge passé pour une année concernait celle au et le canton de domicile, il manquait notam- cours de laquelle le diagnostic avait été éta- 3. Dépistage du VIH sur l’initiative des méde- ment celles sur la voie d’infection et la natio- bli ; 30 % des diagnostics se rapportaient à cins/But de la directive (PICT). Bulletin OFSP nalité. Pour les tendances présentées dans l’année précédente et 20 % à des cas encore 2015 ; 21 : 375–379. ce rapport par des graphiques, les données plus anciens. De ce fait, à la fin d’une année, 4. Rosenberg PS. A simple correction of AIDS basées sur les déclarations de résultats le nombre de nouveaux cas de sida ne peut surveillance data for reporting delays. d’analyses cliniques ont été extrapolées de pas être connu avec précision, puisque les J Acquir Immune Defic Syndr 1990 ; 3(1) : manière à obtenir pour chaque sexe et cas n’ont pas encore été tous déclarés. Le 49–54. OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
20 47/18 MALADIES TRANSMISSIBLES La syphilis en Suisse, situation en 2017 En 2017, 754 cas confirmés de syphilis ont été déclarés à l’OFSP, ce qui constitue une augmentation minime par rapport à l’année précédente. ÉTAT DES DONNÉES fection ou d’une réinfection. Les critères blir une classification définitive. Les En Suisse, la syphilis fait l’objet d’une de déclaration de la syphilis et la défini- 754 cas restants répondaient à la défini- surveillance permanente au moyen d’un tion de cas ont été révisés avec effet au tion de cas et ont donc été classés système de déclaration obligatoire de- 1er janvier 2018. Le présent rapport se comme cas certains (déclarations puis 2006. En 2015, l’OFSP a modifié les fonde toutefois sur l’ancien système. jusqu’au 31 juillet 2017). Les analyses formulaires pour la déclaration des ré- qui suivent se fondent sur les données sultats d’analyses de laboratoire et la En 2017, 1688 cas de syphilis ont été dont disposait l’OFSP sur les cas cer- déclaration des résultats d’analyses cli- déclarés, chiffre pratiquement identique tains. niques. Depuis, le corps médical a la à celui de l’année précédente (1696). possibilité de cocher sur le formulaire s’il 402 déclarations concernaient des SEXE s’agit du résultat du contrôle de l’évolu- contrôles de l’évolution d’une maladie La majorité des cas confirmés de syphilis tion d’une maladie déjà déclarée, d’une ou des cicatrices sérologiques ; 312 concernait des hommes (91 %) ; ce infection antérieure (cicatrice sérolo- n’ont pas pu être classées parce qu’il pourcentage n’a cessé d’augmenter gique) ou d’un nouveau cas n’ayant en- manquait une déclaration ; pour d’année en année (figure 1). Depuis core jamais été déclaré (nouvelle infec- 220 autres cas, il manquait trop d’indi- 2006, le nombre de cas a été multiplié tion ou réinfection). Le formulaire de cations relatives soit au diagnostic du par 3,8 pour les deux sexes réunis. Mais déclaration doit être entièrement rempli laboratoire, soit aux résultats d’analyses alors qu’il n’a augmenté que d’un fac- uniquement s’il s’agit d’une nouvelle in- cliniques, pour qu’il soit possible d’éta- teur 1,5 chez les femmes, il a été multi- Figure 1 Cas de syphilis confirmés, par sexe et par année de diagnostic, 2006-2017 Figure 1 800 600 400 200 0 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Total masculin féminin Sexe inconnu OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
MALADIES TRANSMISSIBLES 47/18 21 plié par plus de quatre pour les hommes Tableau 1 au cours des onze dernières années. En Incidence de la syphilis pour 100 000 habitants, par grande région1 de l’OFS 2017, l’incidence, c’est-à-dire le nombre et par année de diagnostic, 2012–2017 de nouveaux cas pour 100 000 habi- tants, s’élevait à 1,5 pour les femmes et Année du diagnostic 2012 2013 2014 2015 2016 2017 à 16 pour les hommes. Suisse 7,5 7,4 7,5 7,7 8,7 8,9 Région lémanique 11,3 12,2 10,1 10,2 12,1 11,2 RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE Espace Mittelland 4,9 3,6 3,8 3,8 6,0 5,5 Pour l’ensemble de la Suisse et pour les Suisse du Nord-Ouest 6,4 5,3 8,5 7,4 8,9 9,1 deux sexes ensemble, l’incidence s’éle- vait en 2017 à 8,9 pour 100 000 habi- Zurich 13,1 12,9 14,2 14,3 14,8 15,6 tants. Toutefois, on observait d’impor- Suisse orientale 2,8 4,2 3,0 4,1 4,1 4,7 tantes disparités entre les régions, avec Suisse centrale 5,4 4,7 3,8 5,2 4,6 4,3 une fourchette allant de 4 à 16 cas pour Tessin 4,4 5,5 6,3 7,1 6,5 6,4 100 000 habitants (tableau 1) : les inci- dences les plus élevées concernaient la 1 Pour la définition des grandes régions de l’OFS, voir l’annexe grande région de Zurich et la région lé- manique, où se situent les plus grands Figure 2 centres urbains de Suisse, tandis que les Répartition des personnes présentant une syphilis confirmée, par voie incidences étaient nettement plus d’infection1 et par sexe basses dans les régions principalement (cas des Figure 2 années 2013 à 2017 réunis pour des raisons statistiques) rurales de la Suisse orientale et de la Suisse centrale. 30% RÉPARTITION PAR ÂGE Au moment du diagnostic de syphilis, l’âge médian des femmes, établi sur les cinq dernières années, se situait à 20% 38 ans (comme pour la période 2011– 2016) ; autrement dit, la moitié d’entre elles était âgée de moins de 38 ans et 10% l’autre moitié de plus de 38 ans. La plu- part des cas ont été diagnostiqués dans le groupe des 25–34 ans (figure 2). Les hommes infectés par voie hétéro- 0% sexuelle étaient plus âgés que les 0-14 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65 + femmes : leur âge médian était de 42 ans, et le groupe d’âge le plus tou- HSH hétérosexuelle (masculin) hétérosexuelle (féminin) ché était celui des 45 à 54 ans. Chez les hommes ayant des rapports sexuels 1 HSH : rapports sexuels entre hommes avec des hommes (HSH), l’âge médian était de 39 ans, et la plupart des cas avaient été diagnostiqués dans le groupe des 35 à 44 ans. étaient deux fois plus touchés que les ration, qui devra être utilisé à partir de femmes. Dans le groupe des hommes 2019, prévoit à ce propos un champ VOIE D’INFECTION pour lesquels la voie d’infection était intitulé « Avortement en raison d’une Sur les 754 personnes avec un diagnos- connue, 80 % des infections étaient infection syphilitique ». tic de syphilis en 2017, 60 % s’étaient dues à des rapports sexuels entre infectées lors de rapports sexuels entre hommes. Les HSH qui, selon les estima- NATIONALITÉ hommes, 23 % lors de relations hétéro- tions, ne représentent pas plus de 3 % Parmi les personnes atteintes de syphilis sexuelles et un cas lors de relations des hommes sexuellement actifs [1], dont la nationalité est connue, 64 % sexuelles entre femmes (comme en sont donc particulièrement touchés par étaient suisses. Le pourcentage de 2016) ; la voie d’infection n’était pas la syphilis. Avec 84 %, le pourcentage Suisses variait selon le sexe et la voie connue pour les 17 % restants (figure 3, de HSH était élevé surtout dans la d’infection (tableau 3) : il s’élevait à tableau 2). Les femmes représentaient grande région de Zurich. Deux cas de 50 % pour les hommes et les femmes 31 % des personnes infectées par voie transmission de la mère à l’enfant (sy- infectés par voie hétérosexuelle ; il était hétérosexuelle (comme l’année précé- philis congénitale) ont été rapportés en plus élevé de 15 à 19 % pour les HSH. dente) ; autrement dit, les hommes 2017. Le nouveau formulaire de décla- OFSP-Bulletin 47 du 19 novembre 2018
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