Information presse Découverte de nouveaux marqueurs génétiques à l'origine d'une maladie des artères essentiellement féminine

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Information presse Découverte de nouveaux marqueurs génétiques à l'origine d'une maladie des artères essentiellement féminine
Paris, le 21 octobre 2021
Information presse
Découverte de nouveaux marqueurs génétiques à l’origine d'une
maladie des artères essentiellement féminine

Visualisation par artériographie d'une artère carotide atteinte par la DFM. © Service d'Hypertension de
l'HEGP

La dysplasie fibromusculaire artérielle (DFM) est une anomalie de la paroi de
certaines artères entraînant une augmentation du risque cardiovasculaire chez
les personnes qui en sont atteintes. Selon de récentes estimations, 3% de la
population générale pourrait en être affectée et au moins 80% des personnes
atteintes de cette maladie sont des femmes. Alors que les connaissances
scientifiques sur cette maladie étaient jusqu’ici limitées, des chercheurs et
chercheuses de l’Inserm et enseignants-chercheurs d’Université de Paris, en
collaboration avec l'Université du Michigan, sont parvenus à décrire la
composante génétique de la maladie, premier par vers l’identification de
nouvelles cibles thérapeutiques. Chez les personnes atteintes, ils ont identifié
des variations génétiques dans quatre gènes. Ces résultats font l’objet d’une
publication dans la revue Nature communications.

Certaines formes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), d’hypertension et d’infarctus du
myocarde surviennent plus fréquemment chez des femmes en apparente bonne santé, âgées
de moins de 60 ans, dont le poids et le bilan lipidique sont normaux. Ces patientes peuvent
être ensuite diagnostiquées d’une dysplasie fibromusculaire artérielle, maladie qui se traduit
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par la déformation, voire le rétrécissement des artères1. Celles-ci ne sont alors plus en mesure
d’irriguer correctement des organes vitaux comme les reins, le cœur et le cerveau.

Actuellement, la seule option thérapeutique proposée aux patients atteints de cette maladie
est la dilatation mécanique des déformations des artères par une technique médico-
chirurgicale appelée angioplastie percutanée, pourtant inefficace dans de nombreux cas.
Connaitre les bases génétiques d’une telle maladie est donc indispensable pour envisager la
mise en place de traitements spécifiques.

Dans une nouvelle étude2, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm et enseignants-
chercheurs d’Université de Paris ont passé au peigne fin les données génétiques de
1 500 personnes atteintes de dysplasie fibromusculaire artérielle, les comparant à celles de
plus de 7 000 témoins issus de la population générale.

Ils ont ainsi pu identifier des variations génétiques dans quatre gènes associés à la dysplasie
fibromusculaire artérielle. Celles-ci seraient à l’origine d’une altération de la fonction des
cellules qui composent la musculature de l’artère (les cellules musculaires lisses) et
impacteraient le travail de régulation de la distribution sanguine et de maintien de la pression
artérielle des artères musculaires, comme l’artère rénale et l’artère carotide.

Les résultats de cette étude indiquent que la dysplasie fibromusculaire artérielle serait
génétiquement déterminée par un très grand nombre de variations génétiques dont l’impact
individuel serait faible. Cependant, additionnées, leur impact serait important (représentant
environ 40% des facteurs génétiques impliqués dans la maladie) et provoquerait la survenue
de maladies graves comme l’accident vasculaire cérébral et l’hypertension.

Enfin, grâce à un travail de recherche incluant la comparaison génétique avec d’autres
maladies cardiovasculaires, les chercheurs ont découvert qu’une proportion importante des
causes génétiques de la dysplasie fibromusculaire artérielle sont identiques à celles
retrouvées dans l’hypertension artérielle, la céphalée migraineuse et l’anévrysme intracrânien,
des maladies où les femmes sont souvent surreprésentées également. Comprendre les
mécanismes biologiques impliqués dans cette maladie pourrait ainsi permettre de comprendre
les mécanismes biologiques communs à ces maladies cardiovasculaires et neuro-vasculaires.

« Nos résultats apportent de nouvelles connaissances biologiques sur cette maladie
singulière, ainsi que sur les gènes et les pistes à explorer, afin de parvenir à identifier des
cibles thérapeutiques pour la dysplasie fibromusculaire artérielle. Cette étude apporte
également un argument supplémentaire sur l’utilité d’étudier les formes féminines de la
maladie cardiovasculaire car cela permet d’aborder des aspects différents de ceux déjà établi
par l’étude de maladies cardiovasculaires classiques où les hommes sont surreprésentés »,
explique Nabila Bouatia-Naji, directrice de recherche à l’Inserm, et chef d’équipe au PARCC
(Paris - Centre de Recherche Cardiovasculaire) qui a dirigé cette étude collaborative
internationale.

1   Les artères sont très serrées par endroits (sténoses) et gonflées ailleurs (anévrysmes).
2   Menée grâce à un financement Européen (ERC).
Sources

Genetic investigation of fibromuscular dysplasia identifies risk loci and shared
genetics with common cardiovascular diseases

Adrien Georges # 1, Min-Lee Yang # 2 3, Takiy-Eddine Berrandou # 1, Mark K Bakker 4, Ozan
Dikilitas 5, Soto   Romuald      Kiando 1, Lijiang     Ma 6, Benjamin     A      Satterfield 5, Sebanti
Sengupta 2, Mengyao Yu 1, Jean-François Deleuze 7, Delia Dupré 1, Kristina L Hunker 2 3, Sergiy
Kyryachenko 1, Lu Liu 1, Ines Sayoud-Sadeg 1, Laurence Amar 1 8, Chad M Brummett 9, Dawn M
Coleman 10, Valentina d'Escamard 11, Peter de Leeuw 12 13, Natalia Fendrikova-Mahlay 14, Daniella
Kadian-Dodov 15, Jun     Z    Li 3, Aurélien    Lorthioir 1 8, Marco   Pappaccogli 16 17, Aleksander
Prejbisz 18, Witold   Smigielski 19, James       C     Stanley 10, Matthew     Zawistowski 20, Xiang
Zhou 20, Sebastian Zöllner 20, FEIRI investigators; International Stroke Genetics Consortium (ISGC)
Intracranial Aneurysm Working Group; MEGASTROKE; Philippe Amouyel 21, Marc L De
Buyzere 22, Stéphanie     Debette 23, Piotr     Dobrowolski 18, Wojciech    Drygas 24, Heather       L
Gornik 14, Jeffrey W Olin 15, Jerzy Piwonski 24, Ernst R Rietzschel 22, Ynte M Ruigrok 5, Miikka
Vikkula 25, Ewa Warchol Celinska 18, Andrzej Januszewicz 18, Iftikhar J Kullo 5 26, Michel
Azizi 8 27, Xavier Jeunemaitre 1 28, Alexandre Persu 16 29, Jason C Kovacic 15 30 31, Santhi K
Ganesh 32 33, Nabila Bouatia-Naji 34

1 PARCC, INSERM, Université de Paris, F-750015, Paris, France.
2 Division of Cardiovascular Medicine, Department of Internal Medicine, University of Michigan Medical
School, Ann Arbor, MI, USA.
3 Department of Human Genetics, University of Michigan Medical School, Ann Arbor, MI, USA.
4 Department of Neurology and Neurosurgery, University Medical Center Utrecht Brain Center, Utrecht
University, Utrecht, The Netherlands.
5 Department of Cardiovascular Medicine, Mayo Clinic, Rochester, MN, 55902, USA.
6 Icahn Institute for Genomics and Multiscale Biology, Icahn School of Medicine at Mount Sinai, New
York, NY, USA.
7 Centre National de Recherche en Génomique Humaine, Institut de Génomique, CEA and Fondation
Jean Dausset-CEPH, Evry, France.
8 Hypertension Unit, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Hôpital Européen Georges Pompidou, F-
75015, Paris, France.
9 Department of Anesthesiology, Michigan Medicine, University of Michigan, Ann Arbor, MI, USA.
10 Vascular Surgery Section, Department of Surgery, Michigan Medicine, University of Michigan, Ann
Arbor, MI, 48109, USA.
11 Cardiovascular Institute, Icahn School of Medicine at Mount Sinai, New York, NY, USA.
12 Department of Internal Medicine, Division of General Internal Medicine, Section Vascular Medicine,
Maastricht University Medical Centre, Maastricht University, Maastricht, the Netherlands.
13 CARIM School for Cardiovascular Diseases, Maastricht University Medical Centre, Maastricht
University, Maastricht, the Netherlands.
14 Heart and Vascular Institute, Cleveland Clinic, Cleveland, OH, 44195, USA.
15 Zena and Michael A. Wiener Cardiovascular Institute and Marie-Josée and Henry R, Kravis Center
for Cardiovascular Health Icahn School of Medicine at Mount Sinai, New York, NY, USA.
16 Division of Cardiology, Cliniques Universitaires Saint-Luc, Université Catholique de Louvain, 1200,
Brussels, Belgium.
17 Division of Internal Medicine and Hypertension Unit, Department of Medical Sciences, University of
Turin, Turin, Italy.
18 Department of Hypertension, National Institute of Cardiology, Warsaw, Poland.
19 Department of Demography, University of Lodz, Lodz, Poland.
20 Department of Biostatistics and Center for Statistical Genetics, University of Michigan School of
Public Health, Ann Arbor, MI, USA.
21 Univ. Lille, Inserm, CHU Lille, Institut Pasteur de Lille, U1167 - RID-AGE - Labex DISTALZ - Risk
factors and molecular determinants of aging-related disease, F-59000, Lille, France.
22 Department of Cardiovascular Diseases, Ghent University and Ghent University Hospital, Ghent,
Belgium.
23 Department of Neurology, Bordeaux University Hospital, Inserm U1219, Bordeaux, France.
24 Department of Epidemiology, Cardiovascular Disease Prevention, and Health Promotion, National
Institute of Cardiology, Warsaw, Poland.
25 Human Molecular Genetics, de Duve Institute, Université Catholique de Louvain, 1200, Brussels,
Belgium.
26 Gonda Vascular Center, Mayo Clinic, Rochester, MN, 55902, USA.
27 Université de Paris, Inserm, Centre d'Investigation Clinique 1418, F-75006, Paris, France.
28 Department of Genetics, Assistance-Publiques-Hôpitaux de Paris, Hôpital Européen Georges
Pompidou, F-75015, Paris, France.
29 Pole of Cardiovascular Research, Institut de Recherche Expérimentale et Clinique, Université
Catholique de Louvain, 1200, Brussels, Belgium.
30 Victor Chang Cardiac Research Institute, Darlinghurst, NSW, Australia.
31 St. Vincent's Clinical School, University of New South Wales, Sydney, NSW, Australia.
32 Division of Cardiovascular Medicine, Department of Internal Medicine, University of Michigan Medical
School, Ann Arbor, MI, USA. sganesh@med.umich.edu.
33 Department of Human Genetics, University of Michigan Medical School, Ann Arbor, MI, USA.
sganesh@med.umich.edu.
34 PARCC, INSERM, Université de Paris, F-750015, Paris, France.

#Contributed equally.

Nature communications, octobre 2021
https://doi.org/10.1038/s41467-021-26174-2

Contact chercheuse

Nabila Bouatia-Naji
Directrice de recherche Inserm
Unité 970 Inserm/Université Paris Descartes, Paris Centre de recherche cardiovasculaire,
Equipe Génétique de la physiopathologie des maladies artérielles
nabila.bouatia-naji@inserm.fr
+33 (0)6 01 97 24 77

Contact presse

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