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LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 CARBON IMPACT QUARTERLY INVESTING TOGETHER JUIN 2020 LA FRANÇAISE 1
« LES ÉMISSIONS DE CARBONE SONT UN ÉLÉMENT CLÉ DES ENSEMBLES DE DONNÉES ESG, QUI INFLUENCENT LES DÉCISIONS D’INVESTISSEMENT »
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 SOMMAIRE Introduction............................................................................................................. 3 1 - Émissions de carbone déclarées.......................................................................... 4 2 - Une approche basée sur les données pour augmenter la couverture.................. 8 3 - L’impact à court terme de la Covid-19 sur les émissions de carbone...................11 4 - Réductions de carbone des entreprises émettrices 2014-2018......................... 13 5 - Conclusion : La gestion des risques climatiques, la prochaine frontière............ 16 Annexe.....................................................................................................................18 Glossaire.................................................................................................................. 19 2
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 INTRODUCTION Les marchés financiers sont de plus en plus conscients de l’importance des données ESG pour la prise de décision. Les émissions de carbone sont l’un des ensembles de données les plus développés disponible pour l’analyse des investissements. Ces données sont essentielles pour les modèles de données ESG, l’empreinte carbone et l’évaluation des risques climatiques. Dans ce rapport, nous examinons les propriétés et la qualité des données sur les émissions de carbone, à la fois rapportées et estimées. (1) Les défis liés aux données ESG sont bien connus : niveaux d’information, normes de reporting, cohérence temporelle, séries chronologiques, audit, matérialité et agrégation, pour n’en nommer que quelques-uns. En effet, de ce point de vue, les ensembles de données portant sur le carbone peuvent être considérés comme plus matures que d’autres, car certains de ces défis sont déjà traités par des organisations établies comme WRI, CDP, SBTi et bien d’autres. Néanmoins, au vu de l’importance des données relatives au carbone dans notre processus d’investissement, nous avons décidé de ne pas utiliser les estimations communiquées par des fournisseurs de données tiers, notamment en raison des écarts importants qui existent entre les données de différents fournisseurs. Dans ce rapport, nous abordons certains des défis liés aux lacunes et inconsistances des données disponibles et présentons la solution que nous proposons : la création d’une vaste série chronologique d’émissions de carbone couvrant tous nos titres de participation et la plupart de nos titres obligataires. Alors que nous continuons à intégrer toujours plus les informations ESG dans nos processus d’investissement, nous revenons à l’essentiel en examinant les données relatives aux émissions de carbone comme un élément clé des ensembles de données ESG. L’analyse de l’empreinte carbone est un exemple d’utilisation des données sur le carbone bien établi, mais limité. Par conséquent, nous utilisons des outils analytiques complémentaires basés sur nos données relatives au carbone et notre modèle d’estimation, ce qui nous permet d’anticiper et d’évaluer de manière plus exhaustive les risques et les opportunités climatiques. Grâce à cette intégration, nous sommes en mesure de concevoir des solutions d’investissement comme nos stratégies « Carbon Impact » qui contribuent à fournir le capital nécessaire à la transition vers une économie zéro carbone. Roland Rott, CFA (1) Sauf indication contraire, les termes suivants sont utilisés comme synonymes : émissions de carbone, émissions de GES et émissions de CO2e. Tous ces termes incluent les gaz à effet de serre suivants : dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4), oxyde nitreux (N2O) et gaz fluorés (HFC, PFC, SF6, NF3). 3
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 1 - ÉMISSIONS DE CARBONE DÉCLARÉES À la Française, nous nous appuyons sur les D’un point de vue sectoriel, les données du CDP émissions annuelles de carbone des entreprises peuvent être considérées comme une bonne (scope 1, 2 et 3) déclarées au CDP, car nous approximation du marché actions mondial. 40 % considérons qu’il s’agit du moyen le plus efficace des réponses au questionnaire 2018 (publié par de recueillir et de modéliser ce type de données. le CDP fin 2019) provenaient d’entreprises de Le CDP, anciennement connu sous le nom de secteurs industriels tels que les industries de Carbon Disclosure Project, est une organisation transformation, l’industrie manufacturière, les internationale à but non lucratif qui coordonne services aux collectivités et les transports, et un système de divulgation d’informations 18 % du secteur financier, ce qui est le reflet destiné aux investisseurs, entreprises, villes, assez fidèle d’un large indice actions mondial, États et régions pour leur permettre de gérer tel que le MSCI ACWI. De plus, la répartition leurs impacts environnementaux respectifs sur sectorielle des divulgations faites au CDP n’a pas le climat, l’eau et les forêts. changé significativement au fil des ans. Le CDP travaille avec les entreprises et collecte Le protocole des GES (2) fait la distinction entre les les informations fournies par celles-ci tout au émissions directes et indirectes de gaz à effet de long de l’année, conformément à leur cycle de serre. Les premières sont celles qui proviennent reporting, et publie une mise à jour annuelle de sources détenues ou contrôlées par la société de son ensemble de données, généralement déclarante. Les secondes sont la conséquence en novembre. Le questionnaire du CDP couvre des activités de la société déclarante, mais se un large éventail de sujets, notamment les produisent au niveau de sources détenues ou émissions de GES, les consommations d’énergie contrôlées par une autre société ou partie. et d’eau et les objectifs en matière de durabilité. Les trois champs d’application ou « scopes » Les divulgations faites au CDP constituent l’une d’émissions de GES définis par le Protocole des des sources les plus complètes de données GES sont les suivants (voir l’illustration 1) : environnementales au niveau entreprise Scope 1 : les émissions résultant directement disponibles aujourd’hui, et elles augmentent chaque année. Le nombre d’entreprises de l’activité d’une organisation. divulguant des informations au CDP n’a cessé Scope 2 : les émissions indirectes provenant de progresser au cours des dix dernières de l’achat d’électricité, de vapeur, de années, passant d’environ 1 800 entreprises en chauffage et de refroidissement par une 2010 à plus de 2 500 entreprises en 2019. De organisation pour son propre usage. nombreux efforts doivent être déployés pour rendre les déclarations standars exploitables : Scope 3 : les émissions indirectes produites les données brutes contiennent un certain tout au long de la chaîne de valeur d’une nombre de chiffres erronés, les entreprises organisation, mais appartenant à une entité c om m uniquant des unités inc or re c tes différente. (kilogrammes au lieu de tonnes) ou des chiffres qui ne correspondent pas aux niveaux historiques, car le champ d’application des déclarations a considérablement changé. (2) Greenhouse Gas Protocol: A Corporate Accounting and Reporting Standard. Édition révisée (2004). www.ghgprotocol.org/ corporate-standard 4
VUE D’ENSEMBLE — ÉMISSIONS MONDIALES ANNUELLES DE GES La climatologie montre que les émissions totales de GES d’origine humaine doivent être considérablement réduites au cours de ce siècle pour limiter le réchauffement climatique. Le lien direct entre les émissions mondiales annuelles de GES et celles des entreprises est fourni par les données du scope 1 évoquées dans le présent rapport. Illustration A1 : Émissions mondiales de gaz à effet de serre Secteur Utilisation finale / activité Gaz Route 11,9 % Transport 15,9 % Rail, air, bateau et pipeline 4,3 % Bâtiments résidentiels 10,9 % É N E R G I E Électricité et chauffage 30,4 % Bâtiments commerciaux 6,6 % Combustion de carburant 7,8 % CO2 74,4 % non attribuée Fer et acier 7,2 % Bâtiments 5,5 % Autre combustion 3% Chimie et pétrochimie 5,8 % de carburant Fabrication et construction 12,4 % Autre secteur d’activité 10.6 % Utilisation de l'énergie dans l'agriculture et la pêche 1,7 % Émissions fugitives 5,8 % Charbon 1,9 % Pétrole et gaz naturel 3,8 % Processus industriels 5,6 % Ciment 3% Bétail et fumier 5,8 % Agriculture 11,8 % Riziculture 1,3 % CH4 17,3 % Sols agricoles 4,1 % Incendies 3,5 % Changement d'affectation des terres et foresterie 6,5 % Terres forestières Terres cultivées 2,2 % 1,4 % N2O 6,2 % Déchets/Gaspillage 3,2 % Décharges Eaux usées 1,9 % 1% HFCs, PFCs, SF6, NF3 2,1 % Source:Greenhouse gas emissions on Climate Watch. Available at: https://www.climatewatchdata.org Source : WRI 2016 (Total : 49,4 Gt CO2e) Selon le WRI et le PNUE, les émissions annuelles totales de GES d’origine humaine n’ont pas encore atteint leur sommet.* Les chiffres du PNUE les estiment à 52,8 Gt en 2016, 53,5 Gt en 2017 et à 55,3 Gt de CO2e en 2018. Un examen plus approfondi de l’illustration A1 montre que près de 80 % des émissions mondiales de GES sont causées par les émissions de carbone liées à l’énergie (72,9 %) et aux processus industriels (5,6 %, principalement la production de ciment), les 20 % restants étant liés à l’agriculture (11,8 %), au changement d’affectation des terres et à la sylviculture (6,5 %) et aux déchets (3,2 %). Quatre secteurs contribuent à eux seuls à 64 % des émissions totales de GES, ou à 88 % des émissions totales de GES liées à l’énergie : production d’électricité et de chaleur (30,4 %), transports (15,9 %), fabrication et construction (12,4 %) et bâtiments (5,5 %). Selon l’AIE, environ 90 % des émissions totales de CO2 sont liées à l’énergie, soit environ 34 Gt de CO2 en 2016. Elles proviennent de l’utilisation de combustibles fossiles (55 %) et de charbon (15 %) ainsi que de la production d’électricité à partir de charbon (30 %). * Les estimations mondiales varient quelque peu. Les chiffres suivants sont tirés du rapport du PNUE sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions publié en 2019. Le rapport du PNUE indique également que nous sommes sur le point d’atteindre les 56 Gt CO2e d’ici 2030. Les dernières données du WRI sont disponibles sur www.wri.org/resources/ data-visualizations/world-greenhouse-gas-emissions-2016 5
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 ILLUSTRATION 1 : Synthèse des scopes du Protocole GHG et des émissions sur toute la chaîne de valeur CO2 CH4 N 2O HFCs PFCs SF6 CO2 CH4 N 2O HFCs PFCs SF6 CO2 CH4 N 2O HFCs PFCs SF6 purchased electricity, steam, CO2 CH4 purchasedN 2O electricity, steam, HFC PFC SFheating 6 & cooling for own use CO2 CH4 Ncooling PFCs heating & 2O HFCs for own use SF6 CO2 CH4 N 2Opurchased electricity, HFCs steam, PFCs SF CO2 CH4 CO2 CO2N 2O CH4 CHHFCs N 2 O PFCs HFCs N 2Opurchased HFCs SF 6 PFCs PFCs SF66 SF6 4 heating electricity, & cooling for own usesteam, CO2 CH4 N 2O HFCs PFCs SF 6 CO2 Scope CH 4 2 N 2O ScopeHFCs 1 heating & cooling for own use PFCs transportation SFand 6 distribution processing of sold products CO2 CH4 CO2 N 2O CH4 HFCs N 2O PFCs HFCs SF6 PFCs SF6 INDIRECT DIRECT CO2 CHpurchased 4 N O electricity, 2 steam, HFCs company PFCs SF6 processing of transportation purchased electricity, steam, heating & cooling for own use facilities purchased transportation capital and distribution soldfuel processing and products of heating & cooling for ownpurchased use capital fuel and goods and goodsdistribution and energy sold products related CO2 CH4 Ngoods 2O and HFCs goods PFCs energy related SF6 services activities company purchased services electricity, steam, HFCs activities facilitiescompany CO2 CH4 electricity, purchased N 2Osteam, PFCs SF6 transportation processing of heating heating &&cooling cooling forown own purchased use capital fuel and facilities purchased electricity, steam, for use goods and Scope 3 purchased goods capital energy related transportation and fuel and distribution processing of sold products end-of-life treatment of Scope 3 use of sold and distribution products sold products purchased electricity, steam, purchased electricity, services steam, goods and goods activities energy related transportation waste business heatingpurchased & cooling for own electricity, usesteam, INDIRECT services activities and distribution sold products generated in INDIRECT travel heating & cooling for own use heating & cooling purchased heating &for transportation coolingown use electricity, for own waste steam, use business company and distribution generated company in travel facilities end-of-life operations use of sold purchased heating &electricity, cooling for steam, own use transportation transportation processing processing of end-of-life of treatment of productsuse of sold purchased electricity, steam, purchased electricity, heating & cooling steam, for own use facilities purchased operations capital fuel and company biens and distribution and distribution sold products sold products treatment of sold products products heating & cooling foretown use heating capital & coolingfuel for and own transportation use goods and waste goods purchased electricity, steam, energy related vehicles business transportation processing of services goods energy related services generated activities sold products transportation and distribution heating & cooling forinwaste own use travel transportation business processing transport of and distribution processing sold products of achetés activities transportation processing of and distribution operations and generated company distribution incompany travelet distribution sold products sold products achats d'électricité, de vapeur, andtransportation distribution company processing sold products of end-of-life use of sold purchased electricity, steam,et de refroidissement operations facilities facilitiesend-of-life transportation and distribution processing employee of leasedtreatment sold products assets ofinvestissements de chauffage company of soldcompany usevehicles products &purchased heating purchased cooling for pourownusage use capital capital propre employee company fuel fuelandand actifs loués transportation company processing of investments facilities transportation treatment of and products processing distribution ofsold products commuting vehicles leased assets sold franchises products goods and goods energy related transportation waste installations business and distribution sold products goods and purchased capital goodscommuting facilities fuel energy and related and distribution facilitiessold products company sold products transportation processing of transportation services waste business activities and distribution generated inde l'entreprise travel purchased purchased goods and services fuel and capital goods capital fuel and activities company travel energy related facilities and distribution sold products purchased fuel and transportation processing of and distribution goods and generated in operationsand distribution goods and energy services and goods company related purchased goods operations energy capital goods related employee activities energy fuel and leased related company assets facilities investments sold products end-of-life company use of sold leased assets franchises servicespurchased goodsactivities company leased assets end-of-life use of sold leased assets services activities goods and services capital facilities commuting déplacements fuel energy andrelated activities facilities transportation investments traitement treatment company of vehiclesproducts franchises purchased capital purchased goods activités liées services capital and goods fuel and energy des company vehicles salariés related activitiesfacilities and distribution end-of-life des produits treatment sold products use of of sold products transportation waste business end-of-life use of sold facilities end-of-life treatment use of sold products of sold products goods and goods goods and purchased au carburant servicesgoodscapital energy fuelrelated and activities vendus end-of-life use of sold transportation waste purchased business capital fuel and services services and et à l'énergiegoods distribution and generated goods in related activities energy travel company treatment of productstreatment sold products of end-of-life treatment ofproducts products use of sold transportation distribution waste andservices generated operationsgoods inand activities goods travel sold energy related products sold products end-of-life use products of sold employee business business leased assets véhicules investments sold treatment productsof actifs loués franchises transportation wastetransportation and distribution transportation wasteoperations business generated services inwaste facilities activities utilisation employee leased assets investments commuting end-of-life use de of soldleasedend-of-life company société end-of-life use of sold treatment assets franchises of sold products products and distributionpurchasedgeneratedand indistribution capital travel and distribution generated fuel operationsand in waste generated in travel business travel treatment of companyproducts commuting treatment of treatment productsof sold products des produits goods and operations goodstransportation operations energy related déchets generated in business travel vehicles traitement de fin use of sold waste operations company company sold products sold products vendus transportation business sold products vehiclescompany products services transportation waste business de vie des produits transportation waste businessand and distribution distribution generated produits activities in operationslors vehicles travel travel vehicles vehicles company and distribution generated in and distributiontravel generated indes opérations operations travel vendus transportation investments waste company businesscompany vehicles use ofleased sold assets operations employee operations leased assets vehiclescompany travel end-of-life vehicles franchises commuting company and distribution generated in treatment of products employee leased leased vehicles assets investments operations vehicles assetsleased franchises assets franchises employeetransportation leased assets employee Activités employeecommuting waste commuting en leased investments amont assets business assets investments investments Société déclarante leased assets sold products franchises leased leased company assets Activités en aval franchisesfranchises employee leased assets investments vehicles leased assets commuting and distribution commuting generated employeein employee commuting travel leased assets investments leased assets investments leased assets franchises leased assets franchises commuting operations employee commuting leased assets investments company leased assets franchises Source : Protocole des Gaz à effet de serre : chaîne de valeur d’entreprise (scope 3) Norme de comptabilité et de reporting (2011) Selon l’activité économique d’une organisation, réduite en passant à des fournisseurs d’éner- les scopes 1, 2 et 3 peuvent contribuer de gie renouvelable ou en améliorant l’efficacité manière très différente à son empreinte globale. énergétique sur site. Par exemple, l’empreinte d’une compagnie Enfin, nous pouvons considérer le modèle aérienne comprend principalement des économique d’une banque comme un émissions du scope 1, à savoir les émissions exemple d’empreinte émanant principale- directes du carburant consommé par ses ment d’émissions du scope 3. Les banques avions. Le défi pour une compagnie aérienne ont des émissions des scopes 1 et 2 relative- cherchant à réduire son empreinte en matière ment faibles, mais une empreinte indirecte de GES serait donc de développer une flotte potentiellement élevée à travers leur chaîne d’avions plus verte, avec une consommation de valeur, en raison de leurs activités de fi- de carburant plus faible, fonctionnant au nancement et des entreprises et secteurs biocarburant ou grâce à des systèmes de auxquels elles prêtent. Pour une banque dé- propulsion alternatifs qui ne dépendent pas sireuse de réduire son empreinte globale, de l’utilisation de combustibles fossiles. il s’agirait du scope avec le levier le plus élevé, et il lui faudrait supprimer progressivement E n revanche, pour les secteurs qui dé- ou limiter le financement des entreprises à pendent de l’électricité achetée, comme forte empreinte carbone. les communications, la part relative des émissions du scope 2 est plus élevée. Dans Les émissions du scope 3 sont subdivisées en ce cas, l’empreinte provient principalement 15 catégories différentes, correspondant aux des émissions générées par la production émissions de différentes activités à différents d’électricité, puis utilisées dans les activités stades de la chaîne de valeur (3). Ces catégories de l’entreprise, et pourrait notamment être incluent les activités en amont, telles que les (3) Protocole des Gaz à effet de serre : Norme du scope 3 (2011). www.ghgprotocol.org/standards/scope-3-standard 6
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 émissions liées aux biens et services achetés et au comparaison des émissions du scope 3 entre transport et à la distribution en amont, ainsi que deux entreprises. les activités en aval, principalement l’utilisation L’illustration 2 présente la contribution des des produits vendus. Les 15 catégories ne sont scopes 1, 2 et 3 aux émissions totales de GES pas toujours toutes applicables à tous les pour un large échantillon d’entreprises. Pour secteurs, et en vertu des normes relatives aux fournir une interprétation plus significative, entreprises telles que définies par le Protocole nous avons divisé les données du scope 3 entre des GES, une entreprise peut choisir quelles activités en amont et activités en aval : émissions du scope 3 elle va déclarer (pour autant qu’elle le fasse), ce qui rend difficile toute ILLUSTRATION 2 : Proportion absolue et relative des scopes 1, 2 et 3 (amont/aval) dans les émissions totales de GES Émissions absolues moyennes de CO2e Portée des émissions de CO2 par secteur et par scope en % du total par secteur !"#$%&'&(#)*+,-%./ Minéraux énergé�ques Services aux collec�vités Minéraux non énergé�ques Transport Minéraux Services aux collec�vités non énergé�ques Biens de consomma�on Industries de durables transforma�on Technologie électronique Services de santé Fabrica�on par Services les producteurs aux consommateurs Transport Technologie de la santé Industries de transforma�on Communica�ons Services industriels Services industriels Commerce de détail Minéraux énergé�ques Services de distribu�on Consommables non durables Communica�ons Commerce de détail Services technologiques Services commerciaux Consommables non durables Fabrica�on par les producteurs Finance Services de distribu�on Services aux consommateurs Finance Technologie de la santé Technologie électronique Services commerciaux Biens de consomma�on durables Services de santé Services technologiques 2 000 000 4 000 000 6 000 000 8 000 000 1 000 000 000 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Scope 1 Scope 2 Scope 3 Amont Scope 3 Aval Scope 1 Scope 2 Scope 3 Amont Scope 3 Aval Remarques : les graphiques montrent les données de 2018. Nous combinons nos données du scope 1 et scope 2 avec les données du scope 3 du CDP. La taille de l’échantillon est déterminée par les données du scope 3 disponibles dans l’ensemble de données nettoyées et validées du CDP et comprend environ 4 600 entreprises. Le principal défi pour nous découle du fait que les déterminer l’empreinte carbone des gestionnaires normes du Protocole des GES ont été définies pour de portefeuille. En revanche, le but des émissions être utilisées par des organisations individuelles du scope 3 est l’identification des risques et des et garantir l’absence de chevauchement entre les opportunités liés au carbone pour une entreprise trois scopes pour une société déclarante donnée(4). individuelle tout au long de sa chaîne de valeur. Elles ne sont cependant pas conçues pour être C’est un objectif incontestablement important aggrégées au niveau portefeuille, en raison du qui constitue la base de notre recherche d’in- problème inhérent du « double comptage » qui se vestissement bottom-up et de notre analyse de pose lorsque l’on combine les émissions des entre- l’impact carbone. Ainsi, nous utilisons les infor- prises de différents secteurs en une seule valeur mations présentées dans l’illustration 2 pour nous de portefeuille. En effet, le Protocole des GES sti- aider à identifier et à nous concentrer sur le ou pule explicitement que « les émissions de scope 3 les champs d’application les plus pertinents pour ne doivent pas être agrégées entre les entreprises chaque secteur ou entreprise considéré, dans pour déterminer les émissions totales » (5). En une démarche visant à contrôler et à influencer d’autres termes, elles ne conviennent pas pour la réduction des émissions de carbone. (4) Protocole des GES : Norme du scope 3, page 27 : « Le scope 1, le scope 2 et le scope 3 sont mutuellement exclusifs pour l’en- treprise déclarante, de sorte qu’il n’y a pas de double comptage des émissions entre les scopes. En d’autres termes, l’inventaire du scope 3 d’une entreprise n’inclut pas les émissions déjà comptabilisées dans le scope 1 ou le scope 2 par la même entreprise. Ensemble, les émissions des scopes 1, 2 et 3 d’une entreprise représentent les émissions totales de GES liées aux activités de l’entreprise. » (5) Protocole des GES : Norme du scope 3, page 28. 7
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 2 - UNE APPROCHE BASÉE SUR LES DONNÉES POUR AUGMENTER LA COUVERTURE Bien qu’en constante augmentation, le nombre recommandations plus ambitieuses de la TCFD absolu de divulgations au CDP reste faible : la afin qu’elles deviennent une norme d’évaluation plupart des entreprises ne fournissent tou- des risques et des opportunités climatiques jours aucune information sur leurs émissions de acceptée à l’échelle mondiale. GES et leur exposition aux risques climatiques. Dans l’indice boursier EuroStoxx600, le nombre Les émissions directes (scope 1) déclarées en de sociétés ayant divulgué en 2019 leurs émissions 2018 par environ 2 200 entreprises totalisent annuelles pour l’exercice 2018 était d’environ 70 %. 6,4 Gt CO2e, soit 11,5 % du total des 55 Gt CO2e Dans les indices plus larges et pour les marchés émis dans le monde (6). Bien entendu, ce pour- émergents, ce pourcentage est beaucoup plus centage ne tient pas compte de l’influence des faible. Ce manque de couverture peut constituer entreprises déclarantes sur les émissions, et un réel problème pour les sociétés de gestion qui plus particulièrement sur la réduction des émis- tentent de comprendre et de gérer les risques et sions dans leur chaîne d’approvisionnement et à les opportunités liés au climat dans leurs porte- travers leurs produits et services (scopes 2 et 3). feuilles. À La Française, nous avons donc déve- À titre d’illustration, nous pouvons donc ajou- loppé un modèle pour estimer les émissions des ter les émissions des scopes 2 et 3 à ce calcul scopes 1 et 2 et surmonter ce défi majeur. lorsque les données sont disponibles (environ 1 600 entreprises) (7). Cela nous donne une es- Les émissions du scope 1 sont le résultat direct timation plus élevée pour l’échantillon repré- de l’activité d’une organisation sur une période sentant 30,5 Gt CO2e ou 56 % des émissions donnée. Pour toute organisation cotée, cette annuelles totales de GES. Il s’agit certainement activité est bien connue des gestionnaires d’in- d’une surestimation importante compte tenu vestissement, car les entreprises la déclarent de la question du double comptage le long de au moins une fois par an et souvent tous les tri- la chaîne de valeur, comme expliqué ci-des- mestres. La mesure d’activité la plus indicative sus. Étant donné la grande dispersion de ces pour une entreprise est son chiffre d’affaires. agrégats de données, nous exhortons toutes Dans l’illustration 3, nous comparons les émis- sions du scope 1 et les revenus des entreprises les entreprises à divulguer leurs émissions au100000000 CDP aussi bien par le biais de nos votes que de pour le même exercice dans différents secteurs 100000000 nos engagements, afin de dresser un100000000 (compagnies aériennes, aperçu 10000000 100000000 télécommunications et plus complet des niveaux d’émissions 10000000 mon- marché secondaire de l’automobile) : diaux. En outre, nous soutenons l’adoption des 1000000 10000000 10000000 Scope 1 (tCO2e) Illustration 3 : Profil du scope 1 vs Chiffre d’affaires pour un1000000 1000000 échantillon de secteurs Scope 1 (tCO2e) 1000000 100000 Scope 1 (tCO2e) Scope 1 (tCO2e) 100000000 100000 100000 100000 10000 10000000 10000 10000 10000 1000 1000000 1000 Scope 1 (tCO2e) 1000 1000 100 100000 100 1000 10000 100000 1000000 100 100 1000 10000 Chiffre 100000d'affaires (MEUR)1000000 100 100 Chiffre d'affaires (MEUR) 100 1000 10000 automobile 1 10000 100 Télécommunications 1000 majeures 10000 Compagnies aériennes 100000 Marché secondaire 1000000 Chiffre d'affairesMarché (MEUR)secondaire automobile Chiffre d'affaires (MEUR) Télécommunications majeures Compagnies aériennes Télécommunications majeures Télécommunications Compagnies aériennes Marchémajeures Compagnies aériennes secondaire automobile M 1000 100 100 1000 10000 100000 1000000 Chiffre d'affaires (MEUR) Télécommunications majeures Compagnies aériennes Marché secondaire automobile (6) Sur notre univers de plus de 7 000 sociétés cotées en bourse et privées, les émissions du scope 1 (déclarées et estimées) totalisent 10,6 Gt CO2e, soit 19 % du total 2018. (7) Il est à noter que la plupart des sociétés de financement n’ont pas commencé à déclarer leurs émissions du scope 3, c’est-à-dire que l’empreinte carbone du portefeuille de prêts, du livre de souscriptions ou du portefeuille d’investissement n’est pas disponible. 8
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 Selon nous, trois points clés sont à retenir de émette plus de GES du fait de ses vols qu’une ce graphique : entreprise de télécommunications du fait Les trois secteurs présentés ont des modèles de l’exploitation de son réseau. Mais il est économiques très différents et le profil de intéressant de noter à quel point cela est vrai. leurs émissions du scope 1 par rapport à leur Bien entendu, les trois secteurs choisis ci- chiffre d’affaires est très différent. dessus n’ont pas été choisis au hasard, mais Pour les trois secteurs, il existe une forte soigneusement sélectionnés pour illustrer un point crucial : en ce qui concerne le problème corrélation positive entre les revenus et les de l’estimation des émissions de GES, le secteur émissions du scope 1, ce qui indique que les économique est une variable clé. émissions augmentent avec les revenus. Ce n’est certes pas du tout surprenant, mais Cela étant dit, nous pouvons utiliser les émissions c’est néanmoins intéressant du point de vue de GES déclarées pour trouver des groupes de la modélisation. d’industries qui ont des profils comparables en termes d’émissions du scope 1 comparé aux revenus. M ême si le rythme auquel les émissions Dans l’illustration 4, nous présentons ces profils semblent augmenter avec les revenus est pour trois autres secteurs distincts : les logiciels/ comparable pour les trois groupes, il n’y a services Internet, la banque d’investissement/ presque pas de chevauchement entre les courtage et assurance généraliste. secteurs. Une fois de plus, cela n’est pas surprenant : certains modèles commerciaux Comme les groupes présentés précédemment, sont plus gourmands en carbone que ces trois secteurs ont des modèles économiques d’autres et il ne semble pas déraisonnable très différents : qu’à revenus égaux, une compagnie aérienne Illustration 4 : Profil du scope 1 vs revenus pour un échantillon de secteurs 100000 10000 Scope 1 (tCO2e) 1000 100 10 1 10 100 1000 10000 100000 1000000 Chiffre d'affaires (MEUR) Assurance mul�ligne Banques d'inves�ssement / cour�ers Logiciels / services Internet lequel des secteurs donnés et ne pas passer Pour chaque secteur, nous observons toujours pour une valeur aberrante dans le groupe. une forte corrélation positive entre les revenus Une fois de plus, ceci n’est peut-être pas et les émissions du scope 1 déclarées, ce qui surprenant, mais c’est un résultat très corrobore l’idée d’utiliser les revenus comme significatif du point de vue de la modélisation. mesure de l’activité pour déduire les émissions Ces trois secteurs peuvent avoir des modèles Cependant, contrairement aux secteurs de commerciaux différents, mais la matérialité l’illustration 3, on note ici un chevauchement de l’activité reste la même. Le 21 e siècle est élevé entre les trois secteurs, et ils suivent numérique et une banque d’investissement ou tous le même modèle. Toute entreprise une société de courtage sont principalement représentée sur ce graphique pourrait constituées d’immeubles de bureaux et de raisonnablement faire partie de n’importe personnes utilisant des ordinateurs connectés à 9
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 Internet. À cet égard, une compagnie d’assurance En utilisant de telles corrélations sectorielles ou une entreprise de logiciels fonctionnent de entre la matérialité de l’activité et les déclarations la même manière. Bien que réalisant des travaux publiées, nous sommes en mesure d’estimer les différents, du point de vue du scope 1, les actifs émissions des entreprises non encore incluses et activités générant des émissions de GES sont dans l’ensemble de données du CDP. comparables, ce qui signifie que ces secteurs L’illustration 5 ci-dessous présente les résultats ont des profils scope 1 vs revenus similaires. des tests hors échantillon de notre modèle pour Au-delà des revenus, nous avons identifié plu- les émissions du scope 1, afin de vérifier nos sieurs autres paramètres pertinents dérivés des estimations : rapports des entreprises qui peuvent également être de bons indicateurs prévisionnels des émis- sions des scopes 1 et 2 (8). Illustration 5 : Essais hors échantillon — Modèle d’estimation des émissions des scope 1 et scope 2 Scope 1 : Modèle d’estimation Émissions de carbone du scope 2 (hors échantillon) vs estimations 100000000 1E+09 10000000 100000000 1000000 Scope 2 Es�mé (tCO2e) 10000000 Scope 1 Es�mé (tCO2e) 100000 1000000 100000 10000 10000 1000 1000 100 100 10 10 1 1 10 100 1000 10000 100000 1000000 10000000 100000000 1 10 100 1000 10000 100000 1000000 10000000 100000000 1E+09 Scope 2 Déclaré (tCO2e) Scope 1 Déclaré (tCO2e) Modèle de La Française y=x Modèle de La Française y=x Les graphiques de l’illustration 5 montrent nos Compte tenu de l’état actuel des données du prévisions des émissions relevant des scopes 1 et scope 3, avec les défis mentionnés ci-dessus, 2, déterminées à partir des valeurs réalisées par nous ne pensons pas qu’il soit envisageable un échantillon d’entreprises rendant compte au d’estimer les émissions du scope 3 avec un CDP. Il est important de noter que cette étape degré de précision raisonnable. Par conséquent, de validation est effectuée hors échantillon, nous ne faisons pas d’estimation sur le scope 3 ce qui signifie que les entreprises utilisées dans son ensemble. Dans l’illustration 2, nous pour valider le modèle n’ont pas été utilisées présentons les données du scope 3, y compris pour le constituer. On note quelques valeurs les estimations du CDP. Dans nos recherches aberrantes, mais dans la plupart des cas, on voit à des fins d’investissement, nous utilisons les que le modèle semble prédire le niveau général données du CDP en plus des données du scope 3 des émissions avec une précision élevée. telles que rapportées dans les états financiers Nous avons effectué des tests similaires ou les rapports de développement durable. Si sur les profils d’émissions spécifiques aux elles ne sont pas mentionnées, nous estimons secteurs utilisés pour arriver aux classifications les émissions du scope 3 au cas par cas. industrielles fonction des émissions de carbone Il convient de souligner qu’au fil du temps, nous utilisées dans notre modèle d’estimation. Les nous attendons à un découplage des émissions émissions du scope 1 sont celles qui résultent de GES de la croissance économique en raison directement des activités d’une organisation et de progrès suffisants réalisés dans la limitation qui peuvent être mesurées de la manière la plus des risques climatiques. Cela signifie que les fiable. En revanche, les émissions du scope 2 modèles observés qui soutiennent notre modèle dépendent davantage d’estimations et ne sont d’estimation peuvent cesser de se vérifier. pas aussi directement déterminées par l’activité Cependant, lorsque cela deviendra réalité, nous d’une organisation. Sans surprise, la qualité de espérons que la plupart, sinon la totalité, des prédiction hors échantillon (modèle R²) de notre entreprises déclareront leurs émissions de GES, modèle interne est de 85 % pour les émissions éliminant ainsi le besoin d’estimations. du scope 1 et de 71 % pour celles du scope 2. (8) Un document de méthodologie détaillé est disponible sur demande pour les clients. 10
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 3 - L’IMPACT À COURT TERME DE LA COVID-19 SUR LES ÉMISSIONS DE CARBONE L’analyse du changement climatique porte par soudainement l’attention sur le court terme, essence sur le long terme. Pour les gestionnaires ce qui nécessite l’application d’estimations d’actifs, mesurer les risques climatiques pour spécifiques. leurs investissements respectifs sur un horizon En avril 2020, l’AIE prévoyait une baisse des temporel généralement beaucoup plus court émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie de 8 % (généralement des années plutôt que des en 2020 par rapport à 2019 (voir l’illustration 6) (10). décennies) demeure donc un défi. Les approches Une telle réduction représenterait la plus forte dominantes pour faire face aux tendances baisse annuelle jamais enregistrée, six fois plus séculaires sont les évaluations qualitatives et les importante que le précédent record de 0,4 Gt analyses de scénarios (9). Cependant, au moment observé en 2009 pendant la crise financière, et de la rédaction du présent rapport, l’impact deux fois plus que le total de toutes les réductions économique de la crise de la Covid-19 ramène précédentes depuis la fin de la Seconde Guerre Illustration 6 : Émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie et variations annuelles, 1900-2020 35 Gt 30 25 20 15 10 5 0 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 Seconde Grande Guerre Deuxième Crise Dépression mondiale choc pétrolier financière 2 Gt 1 0 -1 -2 -3 Source : AIE : Revue mondiale de l’énergie (avril 2020) (9) Voir Mark Carney : Breaking the tragedy of the horizon – climate change and financial stability, allocution chez Lloyd’s of London (septembre 2015). www.bankofengland.co.uk. Voir aussi le rapport final : Recommendations of the Task Force on Climate-related Financial Disclosures (juin 2017). www.fsb-tcfd.org 11
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 mondiale. Les climatologues viennent de publier 2020 et 2021, sur la base du consensus relatif des résultats similaires qui prévoient une aux estimations de revenus des entreprises. ré duc tion annualisé e des émissions de Comme le montre l’illustration 7, nous prévoyons GES comprise entre 4 % et 7 % en raison de la actuellement que les émissions de carbone dans Covid-19 (11). la zone euro diminueront de plus de 10 % en Notre modèle d’estimation bottom-up des 2020 en raison des conséquences récessives émissions de carbone nous permet d’estimer dévastatrices de la crise sanitaire mondiale. l’évolution des émissions de carbone pour Illustration 7 : Croissance estimée des émissions de GES pour 2020 et 2021 — zone euro 15 % de changement par rapport à l'année précédente 10 5 0 -5 -10 -15 -20 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020e 2021e Changement des émissions de Scope 1 + 2 Croissance du PIB réel Bien que cet effet puisse ressembler à une bonne limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré nouvelle quant à la réalisation des objectifs de Celsius si les émissions de GES diminuent de réduction des émissions de carbone, il est peu 7,6 % chaque année entre 2020 et 2030 (13). Ce probable qu’il dure ; de plus, il s’avère finalement chiffre est d’une ampleur similaire à la réduction trop faible par rapport aux progrès requis pour des émissions de CO2 de 8 % estimée par l’AIE nous mettre sur la voie à long terme vers une éco- pour 2020, une réduction entièrement due à nomie sobre en carbone. Une fois de plus, sur la un arrêt soudain et non durable de l’activité base des prévisions actuelles du consensus, notre économique mondiale. Il est donc évident que le modèle estime que les émissions de carbone vont seul moyen d’atteindre cet objectif de 1,5 degré « se redresser » pour revenir au même rythme que Celsius consiste à reconstruire l’économie au précédemment voire à un rythme plus rapide en cours de la prochaine décennie sur la base de 2021, car l’économie devrait rebondir. Les clima- technologies à faible émission de carbone. (14) tologues confirment ce point de vue : « … Même si Ainsi, nous avons l’opportunité de sortir de cette la production de CO2 [en 2020] sera légèrement crise sanitaire en nous engageant dans une plus lente que prévu, elle ne suffira pas à ralentir « reprise verte », dans laquelle le vaste soutien notablement le réchauffement climatique. »(12) financier des gouvernements destiné à la reprise Au lieu d’offrir une solution imprévue, la crise économique serait lié à la transition vers une de la Covid-19 met plutôt en évidence l’ampleur économie sans carbone. C’est en agissant des efforts nécessaires pour éviter une crise ainsi que nous pourrons faire en sorte que le climatique : selon le Programme des Nations Unies découplage nécessaire de l’activité économique pour l’Environnement, il est toujours possible de et des émissions de carbone devienne réalité. (10) Agence internationale de l’énergie : Global Energy Review 2020. The impacts of the Covid 19 crisis on global energy demand and CO2 emissions, (avril 2020). www.iea.org (11) Le Quéré, C., Jackson, RB, Jones, MW et al. Temporary reduction in daily global CO2 emissions during the Covid 19 forced confinement. Nat. Clim. Chang. (2020). https://doi.org/10.1038/s41558-020-0797-x (12) Prof Richard Betts et al : ‘What impact will the coronavirus pandemic have on atmospheric CO2?’, guest post in Carbon Brief (www.carbonbrief.org), 7 mai 2020. (13) PNUE : « Emissions Gap Report », novembre 2019 (www.unenvironment.org/interactive/emissions-gap-report/2019) (14) L’AIE déclare que « comme après les crises précédentes, cependant, le rebond des émissions peut être plus important que la baisse, à moins que la vague d’investissements pour relancer l’économie ne soit consacrée à des infrastructures énergétiques plus propres et plus résilientes. », Global Energy Review 2020, p. 4. 12
LA FRANÇAISE IMPACT CARBONE TRIMESTRIEL JUIN 2020 4 - RÉDUCTIONS DE CARBONE DES ENTREPRISES ÉMETTRICES 2014-2018 Notre modèle nous permet d’estimer les émissions de toute entreprise qui divulgue publiquement ses fondamentaux avec une précision élevée. Cela nous permet de gérer de manière systématique l’empreinte carbone de nos fonds et de faire des comparaisons significatives avec des indices plus larges. Nous pouvons également utiliser notre modèle pour estimer les émissions de carbone pour un univers donné au fil du temps, ce qui peut être un outil important pour évaluer les risques climatiques avec une approche prospective. Comme dans tout modèle fondamental, nous avons besoin pour cela de données chronologiques très précises, qui constituent la base de nos prévisions et servent de référence pour des objectifs de réduction ambitieux. Par exemple, pour savoir si les entreprises ont réduit leurs émissions directes de carbone au cours des cinq dernières années, nous devons analyser la série chronologique des émissions déclarées. D’une année à l’autre, l’échantillon des entreprises communiquant leurs émissions au CDP pour une année donnée n’est pas nécessairement identique puisque les cycles de déclaration de certaines entreprises accusent un retard de plus d’un an et que d’autres rendent compte pour la première fois. La construction de séries chronologiques sur les émissions déclarées nécessite donc une agrégation minutieuse des données disponibles. Pour que notre évaluation soit significative, nous avons commencé par un échantillon de sociétés cotées en bourse qui ont systématiquement déclaré leurs émissions annuelles chaque année de l’exercice 2014 à l’exercice 2018. Nous avons concentré l’analyse sur les émissions directes uniquement (scope 1), afin d’éviter tout double comptage au niveau agrégé (les émissions du scope 2 d’une entreprise sont les émissions du scope 1 d’une autre). De plus, du point de vue de la réduction des émissions, les émissions directes sont par définition celles que les entreprises contrôlent plutôt qu’influencent. Nous avons analysé un échantillon d’environ 1 000 entreprises, avec une distribution sectorielle représentative de l’univers plus large de divulgations au CDP. Les émissions totales de cet échantillon sont la somme des émissions du scope 1 de ces entreprises. Cet échantillon donne un aperçu utile de la manière dont les entreprises qui ont été les plus constantes dans la divulgation de leurs émissions agissent face au changement climatique. Différences sectorielles En 2018, les émissions totales de cet échantillon étaient de 3,9 Gt CO2e, ce qui représente environ 7 % des émissions mondiales totales cette année-là. La série chronologique complète (c’est-à-dire le total des niveaux d’émissions sur une période donnée de cinq ans) par secteur est présentée sur l’illustration 8. Illustration 8 : Émissions totales de l’échantillon — séries chronologiques 4500 4000 3500 3000 Émissions (MtCO2e) Autres Industries de transforma�on 2500 Transport 2000 Minéraux énergé�ques Minéraux non énergé�ques 1500 Services aux collec�vités 1000 500 0 2014 2015 2016 2017 2018 13
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