L'Agriculture en France et en Europe à l'horizon 2025 - Présentation des interventions

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L'Agriculture en France et en Europe à l'horizon 2025 - Présentation des interventions
L’Agriculture en France et en Europe
à l’horizon 2025
Présentation des interventions

 3 MAI 2017 A BORDEAUX
 33è CONGRÈS ANNUEL
L'Agriculture en France et en Europe à l'horizon 2025 - Présentation des interventions
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L'Agriculture en France et en Europe à l'horizon 2025 - Présentation des interventions
SOMMAIRE
Le mot des Présidents 								Page 4
« Retrouver la compétitivité de la ferme France »

Edito par Jean-Guy VALETTE   							Page 5
« L’agriculture en France et en Europe en 2025…. »

Noëlie AUSSEL 								Pages 6/7
« L’Agriculture de précision et développement
des productions agricoles »

 Gilbert GRENIER 									Pages 8/9
« Le développement de l’agriculture numérique :
enjeux et perspectives »

Arnold PUECH D’ALISSAC 							Pages 10/11
« Les facteurs qui influencent la PAC après 2020 »

Yves MADRE         								Pages 12/13
« Ambition économique et environnementale
au cœur de la future PAC post 2020 »

 Éric SADIN 									Pages 14/15
« Environnement numérique contemporain et responsabilité
individuelle et collective »

Les chiffres du NACA 			 					Page 16

Vert l’avenir 			             						Page 17

Les Partenaires   								Pages 18/19

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L'Agriculture en France et en Europe à l'horizon 2025 - Présentation des interventions
Le mot des Présidents

         Gérard PIVETEAU             Jean-Claude LAMY           Jean- Michel BODIN

    Retrouver la compétitivité de la ferme France
    Réfléchir ensemble sur la place de l’agriculture en 2025 c’est à la fois faire un bilan des 20 der-
    nières années, mais c’est surtout se projeter dans ce futur proche…
    Le temps agricole est celui d’une campagne, qui prend en compte les saisons, les variations de
    température et de pluviométrie variable par définitions d’une année sur l’autre. Mais le temps
    économique au niveau de nos entreprises est plus long. En effet, la décision de construire un
    silo, d’installer une ligne de fabrication nécessite le temps long des études techniques, finan-
    cières, administratives…et nous devons tenir compte du temps des amortissements…

    Nous sommes donc confrontés parallèlement à des évolutions où le numérique accélère tout,
    tant dans l’information constamment renouvelée que dans la masse de données qui ne cesse
    d’augmenter.

    Mais d’abord, où en sommes-nous aujourd’hui dans nos activités ?
    L’agriculture française représente :
             • environ 13 % des emplois français
             • un excédent commercial régulier de 10 milliards
             • une production diversifiée, de qualité
             • une place prépondérante en Europe et dans le Monde
             • une capacité d’innovation importante.

    Mais, nous constatons de façon récurrente :
            • un recul des exportations alors que la croissance se fait à l’étranger plutôt qu’en France
            • une baisse de la compétitivité de nos produits à l’export
            • une augmentation constante des normes administratives
            • une demande sociétale pour plus d’environnement parfois déconnectée de la réalité du
            contexte de production.

    Pour nos entreprises, tous ces éléments vont de pair avec des structures qui se concentrent et
    augmentent de taille – toutes les entreprises, les exploitations agricoles, les firmes amont, les
    sociétés à l’aval ainsi que notre secteur qui n’échappe pas à cette règle. Nous notons aussi le
    renforcement de structures agricoles qui confient les travaux à des entrepreneurs afin de pouvoir
    maitriser le foncier.
    Dans le même temps, chaque acteur est plus attentif à la régularité de ses performances écono-
    miques en fonction des différents aléas qui peuvent impacter le résultat économique, que ce soit
    aléa climatique et/ou plus grande volatilité des prix. De plus, les nouvelles technologies, l’agri-
    culture connectée, les technologies issues du numérique, l’économie collaborative sont autant
    d’évolutions que nous devons regarder avec attention.
    Nos entreprises ont toujours su conjuguer l’expertise dans différents métiers, apporter un conseil
    adapté aux différentes situations des agriculteurs, avec la proximité qui nous caractérisent.
    Les années qui s’ouvrent devant nous seront celles où notre capacité d’adaptation sera au centre
    des actions pour répondre aux exigences du développement durable pour assurer la pérennité
    de notre secteur… avec une agriculture compétitive qui retrouve sa place de leader européen…
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L'Agriculture en France et en Europe à l'horizon 2025 - Présentation des interventions
Edito
                Par Jean-Guy VALETTE
                Directeur du Négoce Agricole Centre Atlantique

« L’agriculture en France et en Europe en 2025…. »
Quels sont les principaux facteurs qui impacteront le plus l’évolution de l’agriculture d’ici 2025 ?

De nombreuses réflexions sont menées au sein des différentes organisations impliquées direc-
tement ou non dans l’économie agricole. La synthèse serait difficile, alors prenons le parti, de
retenir les éléments les plus impactants.

La révolution numérique
Le regard sur les 25 dernières années se porte inévitablement sur la révolution numérique.
Au-delà des impacts sur la vie de tout citoyen et/ou consommateur, les technologies de l’infor-
mation ont envahi nos vies. Nous pouvons, notamment, citer quelques étapes :

        • 1994 : système satellitaire numérique
        • 2000 : radio satellitaire
        • 2007 : lancement de l’i phone
        • 2010 : arrivée des tablettes
        • 2016 : internet des objets, économie collaborative - Airbnb, Uber…, et développement
        des GAFAM – Google/Amazon/Facebook/Apple/Microsoft, avec des capitalisations de
        plusieurs dizaines de milliards en quelques années…
L’agriculture n’a pas échappé à cette révolution numérique qui se traduit dans tous les domaines
avec des équipements qui se généralisent – à la parcelle- sur le tracteur –sur les outils de traite-
ments ou d’épandage d’engrais-…mais aussi pour les animaux avec les robots de traite, distribu-
teurs de concentrés, d’enregistrements de données de tous ordres…pour nos équipes, avec les
OAD – Outils d’Aide à la Décision…et des informations de marché en temps réel…
Ces développements posent naturellement la question de l’appropriation, de la formation des
utilisateurs, mais aussi la mise en relation entre les acteurs d’amont et d’aval de l’exploitation
agricole, le traitement des données, leur analyse et leur exploitation… La mise à disposition, la
propriété, le traitement et l’utilisation des données –Big data- sont déjà de véritables enjeux qui
seront affaire de contrats à étudier et à mettre en place !

La poursuite de la PAC et L’Europe…
L’entrée en vigueur de la nouvelle PAC en 2015 s’est effectuée dans un environnement mondial
chahuté et pour la France, une année 2016 globalement difficile pour les acteurs : exploitants
agricoles mais également pour tout l’environnement amont et aval.
L’évolution de toutes les agricultures ne peut pas se faire sans la prise en compte de la grande
variabilité des prix et surtout de leur plus grande volatilité. Nous devons aussi intégrer les évolu-
tions de la demande mondiale et, les progrès de nouveaux pays entrant en concurrence directe
avec les producteurs français…
La nouvelle PAC post 2020 va devoir analyser les points d’accroche pour l’agriculture française,
en particulier. La recherche de mécanismes qui ne s’appuient pas uniquement sur le verdis-
sement est un axe de travail fondamental. La prise en compte des dispositifs de soutien des
agriculteurs dans plusieurs pays et la nécessaire sécurité alimentaire qui rime souvent avec paix
sociale dans de nombreuses nations sont des éléments à ne pas oublier.... Parallèlement, le
BREXIT va, sur la période post mars 2019, poser de nouvelles modalités d’organisation que nous
ne pourrons pas négliger.
Il est aujourd’hui acquis que les réflexions engagées pour la future PAC doivent déboucher sur des
dispositifs plus simples dans la compréhension, plus souples à mettre en œuvre. Cette approche doit pa-
rallèlement redonner la place prépondérante que l’agriculture avait précédemment.
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L'Agriculture en France et en Europe à l'horizon 2025 - Présentation des interventions
« L’agriculture de précision et
    développement des productions agricoles »
                          Par Noëlie AUSSEL
                          Responsable produits agriculture de précision
                          et protection des cultures chez John Deere.

          Les mutations du monde agricole ces dernières années n’ont pas laissé indifférents les ac-
          teurs de la filière, à commencer par les agriculteurs qui se penchent de plus en plus vers les
          solutions d’agriculture de précision et de développement des productions agricoles.
          En tant que constructeur de machinisme agricole, John Deere a proposé très tôt des sys-
          tèmes visant à optimiser l’application d’intrants, à exploiter au mieux le potentiel des ma-
          tériels puis, face aux évolutions des technologies et des besoins, de nouvelles solutions
          connectées ont vu le jour.

          La gamme agriculture de précision chez John Deere s’est développée dès le début des an-
          nées 2000 avec, dans un premier temps, l’apparition du guidage et de l’autoguidage. Cette
          nouvelle technologie est mise en avant non seulement pour son intérêt économique via l’op-
          timisation des passages d’outils mais également pour son intérêt agronomique lorsqu’elle
          est couplée à des signaux de correction précis. Rapidement, plusieurs équipements et so-
          lutions d’agriculture de précision sont venus compléter la gamme pour répondre aux évolu-
          tions des techniques culturales. Des capteurs sont embarqués sur les machines, les outils
          sont équipés de contrôle de sections ou capables de moduler les doses.
          Ainsi, selon le niveau d’équipement, il est possible de contrôler les apports d’intrants (quelle
          dose dois-je appliquer ? à quel endroit ?), de documenter son intervention (quelle dose ai-je
          appliqué ? à quel endroit ?) et de cartographier son rendement. Autrement-dit, grâce aux
          nouvelles technologies les exploitants agricoles passent de l’échelle interparcellaire, qui
          réduit à une vision d’ensemble, à une échelle intraparcellaire, permettant de s’adapter à
          l’hétérogénéité des sols et de générer des données précises, riches d’information pour une
          analyse agronomique poussée.

          Les données collectées peuvent être stockées et visualisées sur une interface web,
          MyJohnDeere.com, dont un volet spécifique, le Centre des opérations, offre aux utilisateurs
          la possibilité de comparer les cartes entre elles, d’éditer des rapports ou encore de partager
          ces données avec les partenaires de leur choix.

          Vers la maitrise de la logistique
          Or, l’agriculture de précision ne se résume pas seulement à la notion de gestion des intrants
          puisqu’elle s’étend aujourd’hui à l’optimisation des performances des machines et de la
          logistique comme la réduction des temps morts. C’est pourquoi, depuis plusieurs années
          maintenant, John Deere propose d’équiper les automoteurs de solutions télématiques. L’in-
          troduction de boîtiers transférant les données machine vers l’interface web, MyJohnDeere.
          com, vise à améliorer la proactivité des ateliers et à accompagner les utilisateurs dans leur
          quête d’optimisation.

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L'Agriculture en France et en Europe à l'horizon 2025 - Présentation des interventions
La maîtrise de la logistique est devenue un point clef pour bon nombres de structures qui,
du fait de leur évolution, élargissent l’optimisation à la gestion de l’exploitation. Des ap-
plications mobiles permettent aujourd’hui à un responsable de définir des travaux, de les
associer à des chauffeurs, des machines et des pratiques culturales. Grâce à un système de
navigation agricole intégrant les voies rurales, les chauffeurs pourront adapter leurs trajets
en fonction de leur véhicule et des outils attelés.

Le partage des données
A l’heure de la numérisation des données et de la « machine connectée », il est aujourd’hui
possible de « connecter ses parcelles », de « connecter ses machines » et de « connecter ses
chauffeurs » pour toujours repousser les limites de l’optimisation. La collecte de données,
propriété des utilisateurs, prend tout son sens lorsqu’elle est valorisée. Les interactions
entre exploitant agricole ou chef d’entreprise et les autres acteurs de la filière agricole sont
de plus en plus étroites et donnent naissance à des partenariats. Tout comme une conces-
sion peut accompagner son client dans le suivi de son parc matériel, un conseiller agrono-
mique a la possibilité d’apporter une vision objective aux données générées et collectées
par un agriculteur.

Le partage des données est indéniablement un moyen d’optimiser le développement des
pratiques agricoles puisqu’il permet de faire interagir l’ensemble des intervenants et ouvre
le champ des possibles.

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L'Agriculture en France et en Europe à l'horizon 2025 - Présentation des interventions
« Le développement de l’agriculture numérique :
    enjeux et perspectives »
                           Par Gilbert GRENIER
                           Professeur de Machinisme et Agriculture Numérique à Bordeaux Sciences Agro.
                           Co-responsable de la spécialisation AgroTIC, Expert pour l’AFNOR et l’ISO
                           sur la normalisation de l’électronique en agriculture.
                           Conseiller Technologique pour le SIMA

           La révolution du Numérique en agriculture est souvent vue sous l’angle des avancées techno-
           logiques. Mais le principal apport du Numérique consiste en une «Révolution Agronomique»,
           révolution à la fois dans les outils, les concepts, les méthodes et aussi les connaissances
           agronomiques.

           Le changement fondamental est un changement dans les approches agronomiques : d’une
           part on peut - enfin - tenir compte de la variabilité spatiale et de la variabilité temporelle des
           paramètres agronomiques de base (sol, climat, plante). Et d’autre part, on pilote de façon
           de plus en plus fine les opérations culturales grâce à des approches novatrices basées sur
           le tryptique «Mesure/Décision/Action». Ces approches sont plus précises que celles basées
           sur la méthode des bilans, et elles apportent une dimension temporelle et dynamique à
           ce pilotage fin. On passe ainsi de l’Agriculture Raisonnée, qui s’appuie sur relativement peu
           d’informations, à de l’Agriculture Mesurée pour laquelle on dispose d’un volume d’information
           considérable (on passe de quelques informations par hectare à quelques milliers voire mil-
           lions d’informations par hectare).

           Ce changement s’appuie sur 3 domaines qui sont permis par les technologies du Numérique :

                   • les outils de mesure : capteurs, réseaux de capteurs et objets connectés, outils de télé
           détection (du drone au satellite), et de proxidétection (capteurs embarqués sur véhicules
           ou portés à la main par l’utilisateur),

                   • les outils de transfert, de stockage et d’analyse des données : Internet et téléphonie
           mobile, Cloud, Systèmes d’Information Géographique, Outils d’Aide à la Décision, …

                    • les outils de mise en œuvre d’actions de plus en plus précises. Ces outils per-
           mettent d’effectuer des applications uniformes (une dose pour l’ensemble de la parcelle)
           et/ou des actions modulées (différentes doses selon les zones délimitées au sein de la par-
           celle). Mais ces outils sont aussi de plus en plus précis dans l’exécution de leur travail, avec
           un retour d’informations vers l’utilisateur (cartographie des actions réalisées). Et le cœur du
           fonctionnement de ces outils repose à la fois sur l’Isobus pour les transferts d’informations,
           et sur l’électrique pour plus de réactivité et de précision dans les actions.

           A ces 3 mousquetaires «Mesure/Décision/Action», se rajoute un quatrième qui est le «Big
           Data». Derrière ce mot barbare il faut voir la possibilité de collecter des données années
           après années, et de pouvoir analyser ces données afin de gagner en expertise et en connais-
           sances agronomiques nouvelles. Il y a un potentiel énorme de connaissances nouvelles à
           découvrir par le fait d’obtenir des données tout au long du cycle cultural, depuis l’avant-se-
           mis jusqu’à la récolte.

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Mais tous ces changements en impliquent d’autres, tant au niveau économique qu’au niveau
organisationnel et dans les relations entre acteurs. Un des aspects essentiels est que les
agriculteurs deviennent les producteurs d’informations à caractère agronomique, et qu’ils
vont avoir de plus en plus besoin d’experts agronomiques aptes à les aider dans l’analyse de
données complexes et hétérogènes, et pour des prises de décision de plus en plus pointues.

Le processus de prise de décision ne peut plus être le même selon que l’on dispose de
quelques données par parcelle, ou de quelques milliers voire millions de données pour la
même parcelle.

L’agriculteur aura besoin d’experts capables de préparer les données (enlever ou corriger
les données aberrantes), passer de données individuelles à des cartes (interpolation des
données et définition de zones), et pour ensuite donner du sens agronomique à des cartes
qui, pour le profane, ne seraient sans cela que des cartes avec de jolies couleurs.

Les conseillers agronomiques devront avoir des compétences nouvelles, aussi bien en ma-
tière de maîtrise d’outils informatiques (en particulier les SIG et les OAD), mais aussi en
géostatistiques et traitement de données spatialisées. Ce sont des nouveaux métiers qui
sont en train d’émerger.

Par contre, les conseillers n’auront plus à mettre en place des essais en micro-parcelles.
D’une part ces essais leur prennent trop de temps et d’autre part les résultats de ces es-
sais ne sont pas facilement transposables à des situations plus contrastées. A l’avenir, ces
conseillers auront à «superviser» des réseaux d’agriculteurs-expérimentateurs qui feront des
essais en grandes parcelles, et qui auront besoin d’une aide pour l’organisation de ces es-
sais et, surtout, pour l’interprétation des résultats.

Le Numérique est une opportunité pour changer la façon de faire de l’Agronomie et aussi de
l’Economie : à l’avenir les agriculteurs feront toutes sortes de cartes (cartes des sols, cartes
des semis, cartes de végétation, cartes de besoin en azote, cartes de rendement,…). Mais
l’on oublie un type de cartes, très utilisé aux USA, et qui est certainement celui qui aurait le
plus d’impact sur la réflexion agronomique : les «profitability maps» (cartes de marge nette
des cultures). Car au final, le Numérique est surtout un moyen de faire mieux en termes de
production agricole et de maintenir la rentabilité des exploitations agricoles.

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« Les principaux facteurs qui influencent
 la PAC après 2020 »
                       Par Arnold PUECH D’ALISSAC
                       Membre du CESE – Comité Economique et Social Européen,
                       Agriculteur, Élu professionnel FNSEA, Chambre Régionale
                       d’Agriculture Normandie.

       Pendant un demi-siècle, la politique agricole commune (PAC) a contribué à la construction
       de l’Union européenne. Aujourd’hui, un retour aux sources devrait permettre d’élaborer une
       nouvelle vision à long terme de la PAC, qui donnerait des orientations claires et concrètes
       non seulement aux agriculteurs, mais aussi à des millions de citoyens. Le Comité n’a eu de
       cesse de répéter que la future PAC doit défendre le modèle agricole européen, fondé sur les
       principes de souveraineté alimentaire, de durabilité et d’adaptation aux besoins réels des
       citoyens européens, qu’ils soient agriculteurs, ouvriers agricoles ou consommateurs.

       Le CESE se réjouit des premières discussions et réflexions sur l’avenir de la PAC après 2020.
       Tandis que les objectifs de la PAC, tels qu’ils sont définis dans le traité depuis 1957, et les
       nouveaux enjeux auxquels elle est confrontée n’ont jamais été aussi pertinents, il est extrê-
       mement important de procéder à une analyse approfondie de la PAC actuelle et des résul-
       tats de sa réforme précédente. Le présent avis a pour but d’avancer quelques suggestions
       et de participer à la réflexion sur l’avenir de la PAC.

       Premièrement, eu égard à la complexité de la PAC et aux difficultés rencontrées pour mettre
       en œuvre la dernière réforme, les agriculteurs ont besoin de stabilité politique et d’une vision
       à long terme de la politique agricole. Plusieurs années seront inévitablement nécessaires,
       en particulier dans le cadre du traité de Lisbonne, pour réfléchir, partager des objectifs,
       débattre des enjeux et trouver des solutions. Par conséquent, les institutions européennes
       devraient convenir sans tarder de prolonger la durée de la PAC actuelle d’au moins deux ans.

       La PAC devrait accorder davantage d’attention à l’installation des jeunes et des nouveaux agriculteurs
       et agricultrices, non seulement au moyen d’outils spécifiques, mais aussi grâce à une réelle
       stabilité de la politique. En effet, une stabilité accrue est nécessaire pour que les agricul-
       teurs puissent investir pour plusieurs décennies et relever le défi du renouvellement des
       générations.

       La future PAC devrait prendre en compte, d’une part, la diversité des modèles agricoles et
       spécificités régionales, et de l’autre, la diversité de ses objectifs : économiques, sociaux
       et environnementaux. La production alimentaire et l’agriculture revêtent une importance
       majeure et font partie intégrante de la culture de chaque nation dans le monde. Une poli-
       tique alimentaire européenne devrait être fondée sur des denrées alimentaires saines et de
       qualité et créer des synergies avec la PAC. La PAC devrait avoir pour principe essentiel de
       maintenir l’agriculture vivante et durable dans toutes les régions de l’UE.

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La première priorité de la prochaine réforme de la PAC devrait être la simplification. La mise en
œuvre de la PAC doit être plus souple, et des systèmes de contrôle et de sanction plus rai-
sonnables doivent être élaborés. Il est de la plus haute importance de veiller à ce que les
agriculteurs perçoivent les paiements en temps utile.

Étant donné que la PAC est une politique impliquant une intervention directe au niveau euro-
péen et que le délitement de la préférence communautaire entraîne une baisse des prix à la
production, la future politique agricole doit être en mesure de relever tous les défis auxquels elle est
confrontée, y compris les perturbations du marché. Il importe dès lors de réorienter le cadre poli-
tique pour relever tous ces nouveaux défis et fournir les outils adéquats au niveau européen.

En 2017, la Commission européenne poursuivra ses travaux et procédera à une vaste
consultation sur la simplification et la modernisation de la PAC. Il importe que la société
civile européenne participe activement à ce processus. Le CESE devrait instituer un groupe
d’étude chargé de le suivre et d’y contribuer.

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« Ambition économique et environnementale
     au cœur de la future PAC post 2020 »
                           Par Yves MADRE
                           co-fondateur FARM EUROPE

          Farm Europe a présenté le rapport final de l’édition 2016 du Global Food Forum aux institu-
          tions européennes, dans le contexte de la consultation publique sur l’avenir de la Politique
          agricole commune lancée par la Commission européenne.

          Le rapport développe une série de recommandations clefs pour bâtir une agriculture perfor-
          mante à la fois sur le plan économique et environnemental.

          Renforcer les outils de gestion des risques, dès 2017

          Toute nouvelle stratégie pour des filières agroalimentaires résilientes doit intégrer un fait :
          plus que jamais, l’agriculture est confrontée aux perturbations croissantes du climat et des
          marchés.

          Pour le bénéfice de l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire de l’UE, la PAC doit
          mettre à disposition un ensemble d’outils efficaces de gestion des risques pour renforcer la
          résilience de l’ensemble des modèles agricoles européens.

          Cela ne sera pas obtenu au moyen d’un seul instrument, mais à travers la mise en place d’une
          palette d’outils complémentaires proposés aux agriculteurs, en plaçant ceux-ci au cœur des
          décisions en fonction de leur situation et de leurs besoins. Dans chaque État membre, les
          agriculteurs devraient être libres d’opter pour des dispositifs d’assurances et / ou des fonds
          mutuels conçus au regard des défis qu’ils doivent relever et aux besoins qui en découlent.

          Bâtir un « new deal » au sein de la chaine alimentaire
          Le manque de coopération au sein de la chaîne alimentaire de l’UE compromet la capacité
          du secteur à faire face aux défis posés par la mondialisation et les investissements. Un “new
          deal” doit d’abord réaffirmer la prééminence de la PAC sur les règles générales de concur-
          rence. Ce principe doit être la base d’action pour les autorités nationales de la concurrence.

          La transparence au sein de la chaine doit être améliorée, notamment en ce qui concerne
          les prix et les volumes au niveau de la première transformation et au stade du consomma-
          teur final. Les relations contractuelles doivent être encouragées sur la base de règles plus
          claires, permettant des négociations de contrats collectifs au niveau des organisations de
          producteurs ou des groupes d’organisations de producteurs.

          Ces approches doivent être considérées en tenant compte du fait que les marchés perti-
          nents des principaux produits agricoles sont plus souvent à l’échelle européenne que natio-
          nale ou régionale.

          Durabilité environnementale : se focaliser sur les résultats
          Les progrès technologiques dans le secteur agricole créent de nouvelles opportunités pour
          les politiques environnementales et de durabilité au niveau européen.

          L’enjeu pour l’Union européenne serait alors de passer d’une politique normative à une poli-
          tique véritablement axée sur les résultats qui serait cohérente avec les critères de « verdisse-
          ment » actuels et fondée sur la volonté des agriculteurs eux-mêmes, les producteurs pouvant
          opter pour l’application de mesures telles que demandées par les politiques existantes ou
          une approche axée sur les résultats.

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Durabilité économique : se focaliser sur l’investissement
L’ambition de maintenir un secteur agroalimentaire dynamique sur l’ensemble de l’UE doit
se transformer en réalité. Au cours des dix dernières années, la compétitivité effective du
secteur agricole de l’UE a diminué.
L’Europe ne doit pas limiter ses actions à un ensemble d’initiatives visant à accompagner le
ralentissement de son secteur agricole ni accepter de limiter son ambition à une agriculture
de conservation des zones les plus fragiles. Au contraire, le cadre politique européen doit se
concentrer sur le lancement de stratégies économiques dynamiques et ciblées pour relan-
cer les investissements dans l’ensemble de la chaîne alimentaire de l’UE.

Nutrition et santé : retrouver la confiance
La chaine alimentaire européenne est confrontée au défi de trouver une relation harmo-
nieuse et positive entre nutrition et santé.

Pour y parvenir, un certain nombre d’obstacles doivent être levés : une stratégie claire et
commune de la part des acteurs de la chaine alimentaire (agriculture, industrie, commerce)
devrait être définie.

De plus, un dialogue avec la Société Civile devrait être encouragé afin de bâtir un nouveau
consensus et d’aller au-delà des positions idéologiques. L’absence de débat entre acteurs
publics et privés sur les questions de nutrition et de santé est inacceptable.

Brexit et commerce : se focaliser sur les intérêts de l’UE
La plupart des Etats membres de l’UE ont des intérêts commerciaux substantiels sur le mar-
ché britannique dans le secteur agro-alimentaire.

Quel que soit le résultat des négociations entre l’UE et le Royaume-Uni, tant l’évolution des
politiques internes britanniques que les stratégies commerciales divergentes entre les deux,
vont mener, à moyen et long terme à des changements pour le secteur agro-alimentaire
européen.

Ceux-ci ne devraient pas être sous-estimés, et ce, d’autant plus compte tenu de l’engage-
ment clair des nouveaux dirigeants britanniques à faire du Royaume-Uni « la plus grande
économie ouverte du monde ». Cette stratégie va rendre difficile un accord de libre échange
complet entre l’UE et le Royaume-Uni.

En ce qui concerne l’agenda commercial global de l’UE, le Brexit est l’occasion de revoir la fa-
çon d’accorder les mandats de négociation à la Commission européenne, et de relancer une
politique commerciale européenne sur la base d’une nouvelle méthode de gouvernance,
plus transparente et plus acceptable pour la société civile.

                                                                                                   13
« Environnement numérique contemporain
     et responsabilité individuelle et collective »
                            Par   Éric SADIN
                            Écrivain et philosophe. Intervenant régulier à Sciences Po Paris,
                            Professeur à l’Ecole supérieure d’art de Toulon

          Certains ont pensé que la période de l’avènement de l’informatique personnelle pouvait
          être porteuse des mêmes valeurs d’autonomie individuelle et d’émancipation sociale et
          politique que celles des années 1960 …

          C’est à cette époque que se constitua tout un imaginaire autour ce qui fut alors nommé
          «cyberculture». Elle aspirait à de nouvelles formes de créativité grâce aux pouvoirs offerts
          par les machines informatiques alors très embryonnaires.

          L’avènement de l’Internet laissa entrevoir la réalisation du « village global ».
          Plus tard, l’avènement de l’Internet laissa entrevoir la réalisation du «village global» prophéti-
          sé au cours des mêmes années 1960 par Marshall McLuhan. Le protocole rendant possible
          des communications entre personnes au mépris des distances physiques à des coûts mar-
          ginaux, autant qu’un accès à des corpus de tous ordres. Dimensions qui ont contribué à le
          parer de vertus supposées offrir un surcroît d’autonomie aux individus.

          Mais très vite, au moment de sa soudaine généralisation, vers le milieu des années 1990,
          il a été massivement investi par le régime privé. Qui l’a d’abord exploité comme un nouveau
          canal de vente de biens et de services, en inaugurant les «magasins en ligne». Ensuite par
          l’exposition de bannières publicitaires, alors très rudimentaires. Un peu plus tard est apparu
          un modèle inédit, fondé sur le suivi des navigations et la constitution de gigantesques bases
          de données à caractère personnel, dont Google devint l’acteur majeur.

          Ces trois axes n’ont cessé de se sophistiquer au cours des années 2000 et ont définitive-
          ment assis la domination des puissances économiques sur le monde numérique.

          Une industrie de la vie…
          Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle étape de la numérisation progressive du
          monde. Celle de la dissémination tous azimuts de capteurs. À terme, toutes les surfaces
          sont appelées à être connectées: corps, domiciles, véhicules, environnements urbains et
          professionnels…
          Cette architecture technologique entraînant un témoignage intégral de nos comportements
          permettant à l’économie du numérique de s’adosser à tous les instants de l’existence, de
          n’être exclue d’aucun domaine, et d’instaurer une «industrie de la vie» cherchant à tirer profit
          du moindre de nos gestes.

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La start-up, c’est la nouvelle utopie économique et sociale de notre temps.
N’importe qui, à partir d’une «idée», en s’entourant de codeurs et en levant des fonds grâce
aux capital-risqueurs, peut désormais se croire maître de sa vie, «œuvrer au bien de l’huma-
nité», tout en rêvant de «devenir milliardaire».

Plus largement, le technolibéralisme a institué des méthodes managériales laissant croire
que chacun peut librement s’épanouir. Les responsables politiques se situent aux avant-
postes de cette «silicolonisation du monde», éprouvant la terreur de «rater le train de l’his-
toire», convaincus que le soutien, sous toutes les formes, à l’industrie du numérique, va
résoudre les difficultés économiques autant que nombres des problèmes de la société.

De son côté, le Conseil national du numérique œuvre à faciliter le développement tous azi-
muts de l’économie de la donnée, ne se souciant que des seuls enjeux économiques dans
un mépris coupable à l’égard de toutes les incidences civilisationnelles.

On peut toujours prophétiser sans grand risque sur des perspectives à trente ans. Pour ma
part, ce que je relève, c’est qu’aujourd’hui l’industrie du numérique s’est engagée dans une
conquête intégrale de la vie et qu’elle entend façonner de part en part la société, que ce
soient la forme de notre intimité domestique, le monde du travail, l’organisation urbaine,
l’éducation, la santé…

La silicolonisation du monde institue à terme une marchandisation intégrale de la vie autant
qu’une organisation automatisée de la société.

La société, dans sa grande majorité, témoigne d’une regrettable passivité. Quant à la classe
politique, elle est comme pétrifiée par une fascination sans borne. C’est à toutes les forces
de société civile de faire œuvre de politique.

La nature de la technique est en train de muter. Celle qui émerge actuellement ne consiste
plus à répondre à de seules tâches fonctionnelles mais à assurer une mission organisa-
tionnelle. Il s’agit là d’une rupture majeure. C’est le rôle désormais dévolu à l’intelligence
artificielle, celui de gérer «au mieux» les affaires humaines.

Ce n’est pas la race humaine qui est en danger, mais bien la figure humaine, en tant que
dotée de la faculté de jugement et de celle d’agir librement et en conscience.

                                               Extraits entretien LE FIGARO Publié le 06/01/2017

                                                                                                   15
Les Chiffres du NACA

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► Promouvoir les démarches de bonnes pratiques agricoles…

 ► Favoriser la diffusion des innovations techniques et technologiques

 ► Conjuguer agronomie et environnement avec responsabilité sociétale
 et environnementale

 ► Accompagner les Techniciens Conseils du négoce agricole

 ► Valoriser la relation de proximité et de confiance des négociants
 avec leurs clients agriculteurs.

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Les Partenaires

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19
UNE STRUCTURE AU SERVICE
 DES NÉGOCIANTS AGRICOLES

  19 Départements et 3 Régions

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                                                               EURE ET
                                                               LOIR

                                                                          45
                                                                          LOIRET
                                                              41          Orléans
                                                              LOIR ET
                                                              CHER
                                                  37
                                                  INDRE
                                                  ET LOIRE                      18
                                                                                CHER
                                                                 36
                          85        79                           INDRE
                          VENDEE    DEUX       86
                                    SEVRES     VIENNE

                                               Poitiers

                              17                             87          23
                              CHARENTE                       HAUTE       CREUSE
                              MARITIME                       VIENNE
                                           16
                                           CHARENTE          Limoges

                                                                      19
                                                                      CORRÈZE
                                                 24
                                                 DORDOGNE
                                33
                                GIRONDE

                                Bordeaux
                                              47
                                              LOT ET
                                              GARONNE
                           40
NÉGOCE AGRICOLE            LANDES

CENTRE-ATLANTIQUE
Les Ruralies – CS 80004
79231 PRAHECQ Cedex        64
                           PYRENEES
Tél : 05 49 75 69 30       ATLANTIQUES

email : info@gsnaca.fr

                                           @gs_naca
                                         www.negoce-centre-atlantique.com
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