L'analyse des eaux usées laisse croire que la consommation de certains médicaments antidouleurs contenant des opioïdes a diminué pendant la ...

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L'analyse des eaux usées laisse croire que la consommation de certains médicaments antidouleurs contenant des opioïdes a diminué pendant la ...
L'analyse des eaux usées laisse croire que
la consommation de certains médicaments
antidouleurs contenant des opioïdes a
diminué pendant la pandémie de
COVID-19 en 2020
Diffusé à 8 h 30, heure de l'Est dans Le Quotidien, le mercredi 9 mars 2022

À la suite de notre diffusion de juillet 2021 axée sur le fentanyl, le cannabis et la méthamphétamine, de nouveaux
résultats tirés de l'Enquête canadienne sur les eaux usées (ECEU) de Statistique Canada indiquent que la charge
de morphine ou de méthadone ne différait pas de façon significative dans les eaux usées de 2019 à 2020. En
revanche, la charge de codéine semble avoir diminué au cours de la même période.

L'annulation de milliers de chirurgies pendant la pandémie de COVID-19 a peut-être contribué à des variations de
la charge de certains médicaments antidouleurs contenant des opioïdes prescrits après les interventions. Les
modifications apportées à la réglementation des drogues en Colombie-Britannique pour les prescriptions de
codéine (afin qu'elles soient moins susceptibles d'être falsifiées) peuvent également contribuer à l'évolution de la
charge mesurée du médicament dans cette province. De plus, les restrictions en matière de santé publique, y
compris la distanciation physique et le port du masque, peuvent avoir réduit la transmission des virus respiratoires,
réduisant l'utilisation de médicaments contre le rhume ou la grippe (en anglais seulement) contenant de la codéine.

Depuis mars 2019, des échantillons d'eaux usées de diverses usines de traitement des eaux usées de cinq villes
canadiennes (Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Metro Vancouver) sont analysés dans le cadre de l'ECEU.
Les analyses des échantillons d'eaux usées permettent de produire des estimations de la quantité de métabolite
d'une drogue donnée (un produit chimique créé lorsque le corps transforme une drogue) introduite dans le système
de traitement des eaux usées, ce qui permet habituellement de déterminer la quantité globale de la drogue
consommée par la population dans une région donnée (la zone de desserte).

Le présent article du Quotidien porte principalement sur les opioïdes en vente libre ou sur ordonnance (codéine,
méthadone et morphine), utilisés comme analgésique, mais aussi dans les suppresseurs de toux et les
psychotropes. Les données les plus récentes de l'ECEU fournissent des estimations mensuelles sur les drogues et
leurs métabolites détectés dans les eaux usées pour 14 drogues préoccupantes, selon des échantillons recueillis
d'août à décembre 2019 et d'août à décembre 2020. Les estimations sont fondées sur la quantité de drogue
mesurée dans les eaux usées (c.-à-d. en grammes) et sont présentées en fonction de la charge par habitant, par
jour, ou par niveau.

Consommation de médicaments opioïdes pendant la pandémie de COVID-19
La codéine est un opioïde utilisé comme analgésique sur ordonnance pour soulager une douleur légère à modérée,
y compris une douleur postopératoire. La codéine peut également être utilisée pour réduire la toux. Des produits
contenant de la codéine (mélange, faible dose) sont actuellement disponibles sans ordonnance (p. ex.
médicaments contre le rhume et la grippe). En Colombie-Britannique, toutefois, le College of Pharmacists of British
Columbia Board a modifié, en janvier 2020, l'annexe concernant certaines préparations liquides de médicaments
sur ordonnance contenant de la codéine, de sorte qu'un double spécial du formulaire de prescription est maintenant
requis afin d'éviter les falsifications. L'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de Statistique
Canada a révélé que les médicaments opioïdes étaient utilisés par 13 % de la population âgée de 15 ans et plus
en 2018 et que les médicaments contenant de la codéine étaient les plus courants. De plus, environ 10 % des
personnes ayant consommé des médicaments antidouleurs contenant des opioïdes ont indiqué une consommation
problématique. Les données de Statistique Canada concernant le nombre provisoire de décès et surmortalité
montrent une augmentation des décès causés par des empoisonnements involontaires, de 2019 à 2020, y compris
les surdoses involontaires causées par des médicaments sur ordonnance et en vente libre.
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Le Quotidien, le mercredi 9 mars 2022

Les résultats relatifs aux eaux usées révèlent que les niveaux de codéine dans les eaux usées étaient
généralement plus faibles de mars à août 2020 que de mars à août 2019. L'annulation d'interventions chirurgicales
pendant la pandémie peut être un facteur ayant contribué à la réduction de la codéine mesurée dans les eaux
usées en 2020, ce qui pourrait avoir réduit la prescription de médicaments postopératoires, y compris les
médicaments antidouleurs contenant des opioïdes. L'Institut canadien d'information sur la santé a estimé que de
mars 2020 à juin 2021, 560 000 interventions chirurgicales de moins ont été pratiquées par rapport à la période
prépandémie (de janvier à décembre 2019). De plus, des restrictions en matière de santé publique, comme la
distanciation physique et le port du masque, peuvent avoir réduit la transmission d'autres virus respiratoires. Par
exemple, le rapport Surveillance de l'influenza de septembre 2021 de l'Agence de la santé publique du Canada a
indiqué que les cas de grippe détectés ont été nettement inférieurs au cours de la saison de la
grippe 2020-2021 qu'au cours des années précédentes; 69 cas confirmés en laboratoire ont été signalés
en 2020-2021 comparativement aux 55 378 cas confirmés en laboratoire déclarés au cours de la saison de la
grippe précédente (2019-2020). Cette situation a également pu entraîner une diminution de l'utilisation de
médicaments contre le rhume et la grippe contenant de la codéine, ce qui a également eu une influence sur les
niveaux de codéine détectés dans les eaux usées.

Infographie 1 – Charge combinée de codéine par habitant pour Halifax, Montréal, Toronto,
Edmonton et Metro Vancouver, de mars à décembre 2019 et de janvier à décembre 2020

Contrairement à la codéine, les niveaux de morphine dans les eaux usées ne différaient pas significativement
de 2019 à 2020. La morphine est un puissant médicament opioïde utilisé pour traiter les douleurs sévères et
chroniques. De nombreux opiacés produisent de la morphine lorsqu'ils sont métabolisés; il s'agit du métabolite le

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plus abondant de l'héroïne, de la codéine et de la morphine elle-même. Bien que la morphine soit également
utilisée pour la gestion de la douleur à la suite d'interventions chirurgicales, sa charge ne semble pas avoir diminué
à la suite de l'annulation de chirurgies non urgentes en raison de la COVID-19. Il est néanmoins important de noter
que de nombreux facteurs peuvent influencer les niveaux de drogues détectés dans les eaux usées. Les
comparaisons entre les villes décrivent, dans la prochaine section, certaines des raisons pour lesquelles le niveau
de morphine n'a peut-être pas diminué autant que celui de la codéine.

Infographie 2 – Charge combinée de morphine par habitant pour Halifax, Montréal, Toronto,
Edmonton et Metro Vancouver, de mars à décembre 2019 et de janvier à décembre 2020

Comme pour la morphine, les niveaux de méthadone dans les eaux usées n'ont pas changé de façon significative
de 2019 à 2020. La méthadone est un opioïde synthétique utilisé pour traiter la dépendance aux opioïdes (y
compris l'héroïne, l'oxycodone et le fentanyl), en aidant à atténuer les symptômes de sevrage et à réduire les
envies. Elle est utilisée à cette fin depuis environ 60 ans au Canada. En 2018, Santé Canada a annoncé que les
praticiens n'avaient plus besoin d'exemptions pour prescrire de la méthadone, permettant ainsi un meilleur accès à
ce traitement de réduction des méfaits des drogues. Bien que la méthadone soit également un analgésique, elle
n'est pas utilisée principalement comme analgésique après les opérations, de sorte qu'on s'attendait à ce que les
niveaux soient moins influencés par l'annulation des interventions chirurgicales observée en 2020 en raison de la
pandémie de COVID-19.

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Infographie 3 – Charge combinée de méthadone par habitant pour Halifax, Montréal, Toronto,
Edmonton et Metro Vancouver, de mars à décembre 2019 et de janvier à décembre 2020

Les charges de codéine les plus élevées ont été enregistrées à Edmonton; les charges de
morphine et de méthadone les plus élevées ont été enregistrées à Metro Vancouver
Les eaux usées sont une source précieuse de renseignements qui peuvent être utilisés pour surveiller les
tendances relatives aux drogues dans une ville au fil du temps. En raison de la variabilité des réseaux d'égouts et
des usines de traitement des eaux usées d'une ville à une autre, il convient de faire preuve de prudence lors de
l'établissement de comparaisons entre les villes, surtout lorsque les différences sont faibles.

Comme dans le cas des résultats de l'ECEU publiés en juillet 2021, différentes villes canadiennes présentent des
profils différents en matière de drogues, y compris concernant les opioïdes utilisés pour des raisons médicales. À
l'aide de données provenant des bureaux provinciaux et territoriaux des coroners en chef et des médecins légistes
en chef, l'Agence de la santé publique du Canada a déclaré que le taux brut le plus élevé de décès totaux
apparemment liés à la toxicité des opioïdes en 2020 était enregistré en Colombie-Britannique, suivi de celui
observé en Alberta. Dans le cadre de l'ECEU, les charges de codéine les plus élevées étaient enregistrées à
Edmonton en 2019 et en 2020; elles étaient plus de deux fois plus élevées que celles de toute autre ville au cours
de ces deux années. Cependant, comparativement à 2019, une diminution de la charge de codéine a été
enregistrée à Edmonton en 2020, ce qui pourrait avoir coïncidé avec l'annulation des interventions chirurgicales
non urgentes.

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Les charges de morphine les plus élevées étaient enregistrées à Metro Vancouver par rapport aux autres villes
mesurées en 2019 et en 2020. La consommation d'héroïne est un facteur contribuant aux niveaux de morphine
détectés dans les eaux usées, puisque la morphine constitue un métabolite important de l'héroïne. L'ensemble de
données de Statistique Canada sur les crimes déclarés par la police en 2020 pour certaines infractions relatives
aux drogues, selon la province ou le territoire, a révélé que le nombre le plus élevé d'infractions liées à l'héroïne
avait été enregistré en Colombie-Britannique, ce qui correspond aux données sur les eaux usées contenant de la
morphine.

Les charges de méthadone les plus élevées ont été observées à Metro Vancouver en 2019 et en 2020. Les
charges de fentanyl les plus élevées ont également été relevées à Metro Vancouver; il est par conséquent possible
d'établir une corrélation entre les deux puisque la méthadone est utilisée comme traitement contre la dépendance
aux opioïdes, y compris la dépendance au fentanyl. En général, les charges de méthadone semblent être
demeurées stables au Canada en 2019 et en 2020; la pandémie ne semble pas avoir eu d'effet important sur les
charges.

Infographie 4 – Charges combinées de codéine, de morphine et de méthadone par habitant pour
Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Metro Vancouver, de mars à décembre 2019 et de mars à
décembre 2020

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L'analyse des échantillons de l'ECEU de 2021 et la collecte en cours contribueront à mieux comprendre la
progression et la transformation de la consommation de drogues dans l'ensemble du Canada pendant et après la
pandémie. Cela pourrait aider les responsables de la santé publique, les organismes d'application de la loi et
d'autres organisations à adapter leur approche et leurs stratégies.

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Le Quotidien, le mercredi 9 mars 2022

Note aux lecteurs
L'épidémiologie des drogues fondée sur les eaux usées fait appel à des techniques d'analyse des eaux usées afin de quantifier la
consommation de drogues au niveau de la population. L'analyse des eaux usées complète d'autres indicateurs de la consommation de
drogues et a l'avantage supplémentaire de générer des données en temps quasi réel sur les tendances géographiques et temporelles.

Aux fins de cette enquête, des échantillons d'eaux usées ont été recueillis dans l'influent de 15 usines de traitement des eaux usées
(desservant près de 8,7 millions de Canadiens) pendant sept jours consécutifs au cours de la deuxième semaine de chaque mois. Les
échantillons quotidiens ont été analysés au laboratoire de la Direction générale des opérations réglementaires et de l'application de la loi
de Santé Canada à Toronto. Les résultats de laboratoire et les estimations démographiques pour chaque région ont ensuite été
combinés pour estimer la charge de drogues par habitant dans chaque ville.

Le tableau publié dans le cadre de la présente diffusion comprend les estimations de la charge quotidienne par habitant, du taux de
détection et du taux d'imputation par drogue et par ville pour les échantillons d'eaux usées recueillis dans le cadre de l'Enquête
canadienne sur les eaux usées (ECEU) d'août à décembre 2019 et d'août à décembre 2020.

Limites de l'Enquête canadienne sur les eaux usées

L'épidémiologie fondée sur les eaux usées est un outil peu coûteux et puissant permettant d'estimer la consommation de drogues à
l'échelon communautaire sans avoir besoin de mener des enquêtes sur la consommation de drogues autodéclarée. Toutefois, il y a
certaines limites quant à l'analyse et à l'interprétation des estimations à partir des échantillons d'eaux usées (dont bon nombre ont déjà
été décrites dans le rapport intitulé « Estimation de la consommation de cannabis et de drogue au Canada à partir des eaux usées :
résultats détaillés du test pilote ») et, par conséquent, ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Les effets de certains autres
facteurs, comme le temps d'entreposage des échantillons, qui pourraient avoir une incidence sur la comparabilité des résultats
de 2019 à 2020, font actuellement l'objet d'un examen. Il convient également de noter que les chiffres bruts ne sont pas comparables à
ceux de l'étude pilote en raison d'un changement relatif à la méthodologie et aux laboratoires d'analyse.

Interprétation des estimations de la charge de l'Enquête canadienne sur les eaux usées

Il convient de noter que certaines des charges mesurées rendent compte des niveaux des drogues mères et non des métabolites
exclusifs. Cela complexifie davantage la mesure des changements de niveaux strictement attribuables à la consommation, car il est
possible que la charge d'une drogue dans les eaux usées soit élevée en raison des rejets liés à la fabrication de drogues (pharmacie ou
déversement).

Lors de l'interprétation des niveaux de morphine dans les eaux usées, il faut aussi tenir compte du fait que la morphine est un métabolite
de plusieurs autres drogues, y compris la codéine et l'héroïne. Cela signifie que les niveaux de morphine dans les eaux usées peuvent
être influencés par ces drogues; les niveaux ne sont pas seulement une indication de la consommation de morphine.

Il convient de noter que la réduction des niveaux de codéine dans les eaux usées peut être multifactorielle et qu'il est difficile d'attribuer la
réduction uniquement à l'annulation de chirurgies ou à la mise en œuvre d'une nouvelle réglementation.

Interprétation des estimations de la charge à Montréal

Les estimations de la charge de drogues à Montréal doivent être interprétées avec prudence. Même si les charges sont normalisées en
fonction du débit des eaux usées et de la population, les niveaux exceptionnellement bas de nombreux médicaments observés dans les
eaux usées de Montréal nécessitent une enquête plus approfondie.

Définitions, source de données et méthodes : numéro d'enquête 5280.

Tableaux disponibles : tableau 13-10-0820-01.

Pour obtenir plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la
qualité des données, communiquez avec nous au 514-283-8300 ou composez sans frais
le 1-800-263-1136 (infostats@statcan.gc.ca), ou communiquez avec les Relations avec les médias
(statcan.mediahotline-ligneinfomedias.statcan@statcan.gc.ca).

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