L'éducation relative à l'environnement par la littérature jeunesse, 2e partie
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Document generated on 03/29/2021 11:27 p.m. Lurelu L’éducation relative à l’environnement par la littérature jeunesse, 2e partie Hugue Asselin Volume 42, Number 3, Winter 2020 URI: https://id.erudit.org/iderudit/92496ac See table of contents Publisher(s) Association Lurelu ISSN 0705-6567 (print) 1923-2330 (digital) Explore this journal Cite this article Asselin, H. (2020). L’éducation relative à l’environnement par la littérature jeunesse, 2e partie. Lurelu, 42(3), 87–88. Tous droits réservés © Association Lurelu, 2020 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
L’éducation relative à l’environnement par la littérature jeunesse, 2e partie 87 Hugue Asselin Dans la première partie de ce texte (vol. 42, développer la pensée systémique dont notre sion bienveillante des savoirs traditionnels n° 2, automne 2019), nous avions entamé époque a besoin. occupent généralement une place centrale. l’exploration des différentes représentations Au Québec, on retrouve surtout cette repré- de l’environnement telles que caractérisées Milieu de vie sentation chez les Premières Nations. Ainsi, par Lucie Sauvé (1997, 2001). Nous avions on trouve chez certains éditeurs tel Planète alors parcouru l’environnement-nature, Pour l’environnement-milieu de vie, l’envi- rebelle plusieurs albums qui invoquent le l’environnement-problème et l’environne- ronnement c’est ce qui nous entoure. Dans territoire, comme Kwe kwe et Mulgtess de ment-ressource. À l’aide de quelques ouvra- cette représentation, l’environnement c’est JoAn Pawnee Parent et Guth Des Prez (2010); ges québécois de littérature jeunesse, nous notre milieu : la maison, l’école, le quartier, le Sarcelle de Hélène Paré (2015) et La légende avions vu que chacune de ces représenta- village ou la ville. Dans la littérature jeunesse de Carcajou de Renée Robitaille et Slavka tions s’exprime différemment dans la littéra- québécoise, il s’agit d’une représentation Kolesar (2017). ture et donc contribue de manière distincte très répandue. L’espace dont je dispose ne Aux Éditions du Soleil de minuit, on aux trois visées du Programme de formation suffira pas à mentionner toutes ces œuvres pourra utiliser La ronde des saisons d’Hélène de l’école québécoise. Dans cette deuxième qui mettent en scène le milieu de vie. Chapdelaine et Christine Sioui Wawano- partie, nous poursuivons notre survol en On peut citer, par exemple, Marianne loath (2014) ou Sedna d’Isabelle Crépeau et abordant l’environnement-système, l’envi- Dubuc qui nous invite Devant ma maison (La Sylvie Nadon (2009) pour lire les maillages ronnement-milieu de vie, l’environnement- courte échelle, 2010). On peut aussi penser symboliques qui racontent respectivement territoire, l’environnement-biosphère et aux diverses façons non pas de résider, mais les trames territoriales atikamekw et inuite. l’environnement-projet communautaire. d’habiter. La série illustrée par Rogé, qui a En plus des visions du monde propres débuté avec Haïti, mon pays, puis Mingan, aux Premières Nations, l’environnement- Système mon village et Hochelaga, mon quartier territoire se fraie aussi à l’occasion des (La Bagnole, 2010, 2012, 2015), partage voies dans l’imaginaire québécois, notam- L’environnement-système présente un magnifiquement les témoignages poétiques ment grâce à des œuvres comme celle de réseau de relations à comprendre. C’est une d’enfants qui s’ouvrent en autant de fenêtres Marianne Dubuc, Le chemin de la montagne représentation qui nous invite à relier les sur l’habiter. Le cas spécifique de Montréal (Comme des géants, 2017). composantes de l’environnement entre elles est aussi illustré avec brio dans La ruelle de afin de développer une vision d’ensemble. Céline Comtois et Geneviève Després (2017), Biosphère S’il s’agit bien d’un regard plus scientifique dans Montréal, j’ai quelque chose à te dire sur l’environnement, il réfère à une science d’un collectif d’auteurs avec Philippe Béha L’environnement-biosphère est celui de authentiquement interdisciplinaire. Dans les (Isatis, 2017), de même que dans l’abécé- l’environnement global, qui concerne œuvres québécoises, l’auteure Angèle De- daire photographique ABC MTL de Jeanne l’ensemble de notre planète. Il s’agit d’une launois est sans conteste une incontournable Painchaud et Bruno Ricca (Les 400 coups, représentation holistique qui, pour favori- de l’environnement-système. On peut ainsi 2017). Dans la perspective d’une nécessaire ser l’émergence d’une conscience plané- consulter son Cacas et compagnie illustré reconstruction de nos liens au milieu de taire, implique de prendre un certain recul par Marie Lafrance (Les 400 coups, 2011); sa vie, ces ouvrages favorisent le sentiment pour adopter une autre perspective. Elle série publiée aux 400 coups avec le tandem et, souhaitons-le, la prise de conscience de permet de jeter un regard macroscopique d’illustrateurs Bellebrute Le grand voyage notre appartenance au lieu. sur l’environnement (De Rosnay, 1975), un de monsieur caca (2011), Le grand voyage regard situé quelque part entre le champ de monsieur papier (2013) et Le nouveau Territoire du microscope et celui du télescope. C’est voyage de monsieur caca (2013); de même également une vision de l’environnement que le superbe Mémoire d’une pelure, avec L’environnement-territoire concerne l’envi- qui rejoint celle de James Lovelock et de Benjamin Deshaies (Les 400 coups, 2019). Ce ronnement où la nature et la culture ne son «Hypothèse Gaïa» (1970) où la planète type d’ouvrages constitue une mine d’exem- sont pas dissociées. C’est l’environnement tout entière est considérée comme une entité ples ludiques et fort efficaces, même en bas des êtres enracinés dans l’expérience du vivante. Une des images qui symbolise le âge, pour comprendre les interrelations qui territoire. Dans cette représentation, les pers- mieux cette représentation est donc sans composent notre environnement et pour pectives intergénérationnelles et la transmis- aucun doute celle de la Terre vue de l’espace.
lurelu volume 42 • n o 3 • hiver 2020 88 Au regard de la littérature jeunesse au est généralement moins saillante dans les taires? N’hésitez pas à communiquer avec Québec, on constate que cette représen- ouvrages parcourus jusqu’ici. moi (asselin.hugue@uqam.ca). tation n’y est pas très courante. On peut Les œuvres littéraires qui mettent en Merci aux libraires de la librairie Bric à certes observer cette vision dans certains scène des réalisations environnementales Brac et de la librairie Raffin St-Hubert pour ouvrages outre-Atlantique comme dans Je collectives contribuent à stimuler l’imagi- leur collaboration. serai les yeux de la Terre d’Alain Serres (Rue naire et à s’engager ici et maintenant dans du Monde, 2007), dans Le quark et l’enfant de le monde en devenir. Blandine Pluchet (Le Pommier, 2015) ou plus • Références récemment dans Nous sommes là d’Oliver Ce rapide tour d’horizon, en deux volets, Jeffers (Kaléidoscope, 2018). Au Québec, des représentations de l’environnement DE ROSNAY, J. Le macroscope, vers une vision globale, l’environnement-biosphère n’est toutefois ne constitue pas une liste prescriptive de Éd. du Seuil, 1975. pas représenté aussi précisément. On trouve contenus à transmettre dans le cadre d’une LOVELOCK, J. E. et P. COUTURIAU. La terre est malgré tout quelques albums qui tissent des éducation relative à l’environnement. Il s’agit un être vivant : l’hypothèse Gaïa, Le Rocher, 1986. liens avec cette vision de l’environnement davantage d’un outil pour mieux saisir que SAUVÉ, L. Pour une éducation relative à l’environne- chez Isatis, notamment dans le documentaire l’évolution de notre relation à l’environne- ment - Éléments de design pédagogique, Guide de Notre environnement de Jacques Pasquet ment est guidée par nos représentations, développement professionnel à l’intention des édu- et Yves Dumont (2018), ou encore dans que cette relation constitue une dimension cateurs, Montréal, Guérin/Eska, 2e édition, 1997. Les enfants de l’eau d’Angèle Delaunois et fondamentale du développement personnel http://www.espace-ressources.uqam.ca/images/Docu- Gérard Frischeteau (2006, 2019). Peut-être et social. Ainsi, en parcourant des albums ments/Recherche/Monographies/L.SAUVE(1997). un champ littéraire à développer? jeunesse, il nous est possible de nous inter- pdf. roger sur les finalités éducatives explicites SAUVÉ, L., ORELLANA, I., QUALMAN, S. et S. Projet communautaire ou implicites qui traversent ces œuvres. En DUBÉ (sous la direction de Lucie Sauvé). Éducation lien avec les trois visées du Programme de relative à l’environnement. École et communauté : Nous terminons ce panorama avec l’environ- formation de l’école québécoise, on pourra Une dynamique constructive, Montréal, Hurtubise nement-projet communautaire, un environ- donc se poser au moins trois questions. HMH, 2001. nement où s’engager ensemble. Dans cette Quelle place cet ouvrage accorde-t-il à la http://www.espace-ressources.uqam.ca/images/ représentation, l’environnement est en deve- dimension environnementale de notre iden- Documents/Pedagogique/Monographies/ecole- nir : l’environnement n’y est pas un objet, tité personnelle et collective? Quelle vision communaute-dynamique-const.pdf. mais un projet. Puisque l’environnement est du monde cette représentation de l’envi- notre affaire à tous, cette vision concerne ronnement encourage-t-elle à construire? notamment la dimension politique de notre Quel «pouvoir-agir», individuel ou collectif, rapport au monde. Notre sentiment de res- cette œuvre permet-elle de développer? On ponsabilité à l’égard de celui-ci interpelle constate ainsi que, s’il est parfaitement loua- ainsi des «savoir-agir» et des «pouvoir-agir» ble de nous interroger sur les manières dont écocitoyens. Le livre Cent enfants imaginent la littérature jeunesse peut contribuer à l’atté- comment changer le monde de Jennifer nuation des problèmes socioécologiques, il Couëlle et Jacques Laplante (La Bagnole, est d’autant plus important de considérer 2013) peut constituer un bel aperçu de cette comment cette littérature participe magni- représentation. On y retrouve des jeunes qui fiquement au développement intégral des veulent œuvrer pour le bien commun et qui personnes et groupes sociaux. proposent de beaux exemples imaginatifs de En somme, en explorant la diversité des transformation de leurs milieux respectifs. représentations de l’environnement avec les Comme on peut le remarquer dans ce livre, la enfants ou tout autre apprenant, c’est à un dimension communautaire ou collective de nouvel éventail de possibilités éducatives l’engagement en matière d’environnement qu’on s’ouvre. Des questions, des commen-
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