L'ENSEIGNEMENT EN SUBMERSION - " Pourquoi l'enseignement en submersion attire-t-il tant d'élèves francophones dans les écoles néerlandophones du ...
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L’ENSEIGNEMENT EN SUBMERSION « Pourquoi l’enseignement en submersion attire-t-il tant d’élèves francophones dans les écoles néerlandophones du fondamental jusqu’au secondaire ? » Travail de fin d’études présenté en vue de l’obtention du grade de Bachelier- Agrégée de l’enseignement secondaire inférieur, en langues germaniques Travail de fin d’études réalisé par Valérie GROS Promotrice Nathalie GEVERS Année académique 2016-2017 Haute école Léonard de Vinci asbl – Ecole normale catholique du Brabant Wallon Siège social : Place de l’Alma, 2 – 1200 Bruxelles Adresse courrier : Voie Cardijn, 10 – 1348 Louvain-La-Neuve www.encbw.vinci.be - info.encbw@vinci.be - Tél : +32 10 45 33 85 RPM Bruxelles 0459 279 954
Remerciements Je tiens à remercier vivement toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce travail de fin d’études. Madame Gevers, la promotrice de ce travail, sans qui celui-ci n’aurait jamais eu lieu. Je la remercie pour sa disponibilité, ses précieux conseils qui m’ont guidée tout au long de la rédaction de mon travail et son aide pour la diffusion de mes questionnaires. Marie-Rose Vansteenbrugge, ma maman, qui a relu mon travail. Je la remercie pour ses remarques constructives. Madame Bollaert, professeure à la Arteveldehogeschool de Gand, dont les cours m’ont été très utiles pour certains chapitres de ce travail. Les 110 personnes qui ont répondu à mes questionnaires et participé à la diffusion de ceux- ci. Mon entourage pour son aide et son soutien permanents pendant ces mois de travail. Tous ceux qui m’ont aidée ou soutenue de quelle que manière que ce soit et que je ne saurais citer ici.
Table des matières TABLE DES MATIERES ....................................................................................................................... 2 INTRODUCTION ................................................................................................................................... 4 1. THEORIE ....................................................................................................................................... 6 1.1. DEFINITION ............................................................................................................................................. 6 1.2. CHIFFRES ................................................................................................................................................. 6 1.3. AVANTAGES ............................................................................................................................................. 9 1.3.1. Bilinguisme .....................................................................................................................................9 1.3.2. Un meilleur enseignement .................................................................................................... 14 1.3.3. Plus de transparence de la part des écoles .................................................................... 16 1.3.4. Une meilleure maîtrise des langues germaniques ...................................................... 17 1.4. INCONVENIENTS .................................................................................................................................. 18 1.4.1. La submersion oui, mais seulement pour les bons élèves ? ..................................... 18 1.4.2. Une moins bonne maîtrise de la langue maternelle ? ............................................... 19 1.4.3. Manque de places...................................................................................................................... 20 1.4.4. Baisse de qualité de l’enseignement ................................................................................. 20 1.5. CONDITIONS OFFICIELLES POUR S’INSCRIRE DANS L’ENSEIGNEMENT NEERLANDOPHONE ... 21 1.6. CONDITIONS POUR UN ENSEIGNEMENT EN SUBMERSION REUSSI ............................................... 21 1.7. « TAALBELEID » .................................................................................................................................. 22 1.8. AUTRES OPTIONS POUR DEVENIR BILINGUE ................................................................................... 24 2. COMPARAISON DES PROGRAMMES ................................................................................... 27 3. QUESTIONNAIRE ...................................................................................................................... 34 3.1. QUELS PARCOURS ? ............................................................................................................................. 34 3.2. POURQUOI L’ENSEIGNEMENT NEERLANDOPHONE ? ..................................................................... 36 3.3. DES DIFFICULTES ?.............................................................................................................................. 39 3.4. QUEL GENRE DE CLASSES ? ................................................................................................................ 39 3.5. CONCLUSION......................................................................................................................................... 41 4. CONCLUSION ............................................................................................................................. 44 5. BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................... 47 6. LISTE DES ANNEXES................................................................................................................ 50 2
6.1. ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE « ELEVES » .......................................................................................... I 6.2. ANNEXE 2 : REPONSES AU QUESTIONNAIRE « ELEVES » .............................................................. VI 6.3. ANNEXE 3 : QUESTIONNAIRE « PARENTS » .............................................................................. XVIII 6.4. ANNEXE 4 : REPONSES QUESTIONNAIRE « PARENTS » ........................................................... XXIII 3
INTRODUCTION Vivant à Bruxelles à côté des communes à facilités, j’ai toujours été en contact avec des gens de mon âge qui étaient dans l’enseignement néerlandophone, alors que moi j’étais dans l’enseignement francophone. C’est en particulier dans les mouvements de jeunesse que j’étais avec des filles qui étaient à l’école en néerlandais. Quand j’étais moi-même en primaire, il y avait cinq à dix filles en néerlandais, sur les quarante de ma ronde lutins. Mais en devenant chef, j’ai vu cette proportion s’inverser. Aujourd’hui, dans la même ronde, il y en a trente qui vont à l’école en néerlandais contre dix qui sont dans des écoles francophones. Aussi, lorsque je fais des babysittings, donc chez de très jeunes enfants, je suis étonnée de voir que la très grande majorité de ces enfants sont en maternelle en néerlandais, alors que les parents parlent français et qu’ils habitent tout près de nombreuses écoles francophones. Cela m’a fortement interpelée ; pourquoi tant de parents font-ils aujourd’hui le choix d’envoyer leurs enfants dans l’enseignement néerlandophone ? Est-ce uniquement pour rendre leurs enfants bilingues, ou y a-t-il d’autres raisons ? L’enseignement néerlandophone est-il meilleur que celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles ? Etant une future professeure de langues, je trouve cela important de m’intéresser au bilinguisme et de me pencher un peu sur un des moyens d’y parvenir dans notre pays : la submersion. Nous vivons dans un pays tout à fait particulier, divisé en deux communautés qui coexistent mais ne se comprennent pas toujours. J’ai donc décidé de porter mon attention sur ces personnes qui font le choix d’avoir le meilleur des deux mondes et allient ainsi les langues de deux communautés, deux cultures différentes. Afin de répondre à ma question-problème, j’ai divisé mon travail en plusieurs parties. Tout d’abord il y a la partie théorique, où je m’intéresse aux chiffres, aux avantages et aux inconvénients, et à certains aspects de l’enseignement en Flandre, comme la politique linguistique mise en place ces dernières années dans toutes les écoles flamandes. J’ai également comparé les programmes d’anglais de nos deux enseignements, et j’ai exploré brièvement d’autres options pour devenir bilingue. 4
Dans la deuxième partie j’ai fait passer un questionnaire à des élèves et des parents qui ont opté pour l’enseignement flamand. J’ai ensuite analysé les résultats obtenus et les ai mis en lien avec la théorie que j’ai développée auparavant. Enfin, j’ai conclu mon travail sur base des résultats de mon enquête que j’ai analysés. 5
1. THEORIE 1.1. Définition Avant toute chose, il est important de faire la distinction entre l’immersion et la submersion linguistique. Selon la Fédération Wallonie-Bruxelles, « l'apprentissage par immersion est une procédure pédagogique visant à assurer la maîtrise des compétences attendues en assurant une partie des cours et des activités pédagogiques de la grille-horaire dans une langue moderne autre que le français, en vue de l’acquisition progressive de cette autre langue1. » La submersion est selon le Larousse2, le fait d’être submergé, recouvert entièrement. La submersion linguistique va donc se différencier complètement de l’immersion par son caractère intégral. En immersion, l’élève francophone ira dans une école francophone et suivra certains de ses cours dans sa langue maternelle, le français, et d’autres cours dans la langue qu’il veut apprendre, le néerlandais par exemple. En submersion, l’élève francophone n’ira pas dans l’enseignement francophone, mais il va aller dans l’enseignement néerlandophone, où il suivra l’intégralité de ses cours en néerlandais et devra parler constamment cette langue puisqu’il sera en classe avec des élèves néerlandophones et sera donc en contact continu avec la langue de Vondel. 1.2. Chiffres Dans un article sur le site de BECI (Brussels Enterprises Commerce and Industry), on peut trouver les chiffres suivants concernant l’enseignement néerlandophone à Bruxelles : de 1979 à 2007, on observe « (…) une progression fulgurante du nombre d’élèves en maternelle et en primaire issus de familles francophones homogènes, un passage de 6% à 32% pour l'enseignement maternel et de 2% à 30% pour le primaire. 1 Fédération Wallonie-Bruxelles. L’immersion linguistique dans le fondamental. Repéré à http://www.enseignement.be/index.php?page=23801 2 Submersion. (s. d.). Dans Larousse, Dictionnaires de français. Repéré le 31 janvier 2017 à http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/submersion/75066 6
Une hausse totalement similaire a été enregistrée dans le groupe d'allophones homogènes, ce pourcentage étant passé de 5% à 33% en maternelle et de 2% à 31% en primaire. 3 » L’enseignement néerlandophone bruxellois se retrouve donc face à une situation assez particulière : en maternelle et en primaire, les élèves parlant le néerlandais à la maison sont en minorité face aux francophones et étrangers parlant une autre langue au quotidien. En moyenne dans l’enseignement fondamental néerlandophone à Bruxelles, seulement un tiers des élèves d’une classe sont réellement néerlandophone ; les deux autres tiers ayant le français ou une langue étrangère comme langue maternelle En secondaire par contre, les néerlandophones sont encore en majorité (56,3%4). Toujours selon cet article du BECI, l’enseignement néerlandophone est aujourd’hui le reflet de la « société multiculturelle bruxelloise ». La diversité culturelle faciliterait dès lors l’apprentissage du néerlandais dans certaines écoles néerlandophones, où les élèves utilisent tous le néerlandais pour communiquer entre eux. Dans d’autres écoles néerlandophones par contre, c’est le français qui prend le dessus, dû au nombre important de francophones dans ces écoles. Je pense par exemple à Sint-Jan Berchmanscollege à Bruxelles, il semble que la grande majorité des élèves soient francophones. Stéphanie Bocart, journaliste belge responsable de l’actualité bruxelloise au quotidien La Libre Belgique, s’est également penchée sur les chiffres concernant l’enseignement néerlandophone à Bruxelles, publiés par le Centre de recherche et d’information socio- politiques (Crisp). De cet ouvrage5, il ressort que « la région bruxelloise compte 120 écoles fondamentales et plus de 30 écoles secondaires (francophones et néerlandophones confondues, ndlr). Le pourcentage de néerlandophones oscille entre 5 et 15 % de la population, tandis que l’enseignement néerlandophone représente près de 3 Brussels Enterprises Commerce and Industry. L’enseignement néerlandophone est en nette progression. Repéré à http://www.beci.be/centre_de_connaissance/enseignement_formation/l_enseignement_a_bruxelles_selon _beci/enseignement_neerlandophone/ 4 Bocard, S. (2013) Les écoles flamandes de Bruxelles sont devenues des écoles d’immersion en néerlandais. La Libre. Repéré à http://www.lalibre.be/actu/belgique/les-ecoles-flamandes-de-bruxelles- sont-devenues-des-ecoles-d-immersion-en-neerlandais-52537e9f35706e5fd9248b27 5 FANNES P. e.a., L’enseignement en Communauté flamande (1988-2013), Courrier hebdomadaire n° 2186-2187, P., 98 p., 2013. 7
20 % de l’offre d’enseignement bruxelloise. Sur les 203 000 élèves de l’enseignement obligatoire, 80 % sont scolarisés dans l’enseignement francophone, 17 % dans l’enseignement néerlandophone et les 3 % restants dans les écoles européennes et internationales. » La situation n’a pourtant pas toujours été la même. Dans les années septante, l’enseignement néerlandophone bruxellois comptait trop peu d’élèves et aurait probablement disparu si le gouvernement n’avait pas lancé une série de campagnes prônant le bilinguisme et afin de recruter des élèves francophones et étrangers. « En trente ans, le nombre d’élèves dans les écoles néerlandophones bruxelloises (maternelles, ndlr) est ainsi passé de quelque 4 300 à plus de 12 000 en 2012. Idem au niveau primaire, où le nombre d’enfants a gonflé d’un peu moins de 9 000 en 1979- 1980 à près de 15 500 en 2012-2013. Quant au secondaire, il scolarisait 12 628 élèves en 2012-2013. » Comme écrit précédemment, j’ai remarqué cet engouement pour l’enseignement néerlandophone ces dernières années. Dans les communes de Bruxelles-Est que je connais bien et où vivent la plupart des jeunes de mon entourage (Woluwé-Saint-Pierre, Kraainem, Wezembeek-Oppem, Auderghem et Tervuren), je remarque qu’un nombre croissant d’élèves choisissent l’enseignement néerlandophone. Lors de mes babysittings aussi, donc avec des enfants de maternelle, je remarque qu’énormément de parents francophones ont choisi de mettre leurs enfants à l’école en néerlandais. Les écoles néerlandophones étant assez nombreuses dans nos communes, il est par exemple tout aussi facile pour les parents d’amener leurs enfants au Lycée Mater Dei qu’au Mater Dei-Instituut, puisque les deux écoles sont côte à côte. Comme le confirment les chiffres, une partie de ces élèves francophones décident cependant de retourner dans l’enseignement francophone pour le secondaire. Il peut s’agir par exemple d’une décision des parents pour permettre à leur enfant d’avoir une maîtrise plus solide de leur langue maternelle, de l’élève qui n’a tout simplement plus envie d’étudier en néerlandais, ou d’un souhait d’être mieux préparé à étudier ensuite en français à l’université. 8
1.3. Avantages 1.3.1. Bilinguisme Le premier avantage qui vient à l’esprit lorsque l’on pense à la submersion est bien entendu la maîtrise de la langue d’enseignement, dans ce cas-ci le néerlandais. En parlant le français à la maison et le néerlandais à l’école dès leur plus jeune âge, les élèves francophones scolarisés en néerlandais sont mis dans des conditions idéales pour devenir bilingues. Il est bien connu que plus tôt on apprend une langue, mieux on la maîtrise6. Cela a d’ailleurs été confirmé par Martine Poncelet, responsable de l’Unité de neuropsychologie du langage et des apprentissages au sein du département de Psychologie : cognition & comportement de l’Université de Liège (ULg). Dans un article de Stéphanie Bocard, on peut par ailleurs lire que « en général, les très bons bilingues, (…) les ‘bilingues précoces’, ont appris les langues très rapidement ». Au moment où la plasticité́ cérébrale est en plein essor, soit avant sept ans, il est tout aussi naturel pour un enfant d’apprendre une que deux langues7. Dès lors, il est plus qu’intéressant de placer son enfant dès la maternelle en submersion. En étant en contact dès son plus jeune âge avec une deuxième langue, l’enfant va pouvoir développer sa discrimination auditive, c’est-à-dire sa capacité cognitive à bien distinguer les sons8. Comme nous l’avions vu dans un chapitre du livre 100 fautes en néerlandais9, certains francophones ont des difficultés à faire la distinction entre les sons ‘k’, ‘g’, ‘ch’, ‘sch’ en néerlandais. Je repense alors aux élèves rencontrés en stage ou pendant ma propre scolarité, parlant uniquement le français, qui ont des difficultés à différencier ces sons. 6 Bocard, S. (2014) L’immersion bilingue, c’est mieux dès 3 ans. La Libre. Repéré à http://www.lalibre.be/actu/belgique/l-immersion-bilingue-c-est-mieux-des-3-ans- 52c790d63570105ef7e409df 7 Kihlstedt, M. (2005) Les avantages du bilinguisme précoce. Repéré à https://halshs.archives- ouvertes.fr/halshs-00131876 8 Bocard, S. (2014) L’immersion bilingue, c’est mieux dès 3 ans. La Libre. Repéré à http://www.lalibre.be/actu/belgique/l-immersion-bilingue-c-est-mieux-des-3-ans- 52c790d63570105ef7e409df 9 Hiligsmann, P. (2014) 100 fautes en néerlandais. Les erreurs les plus courantes des francophones. Editions De Boeck, « Collection Langues Etrangères ». 9
De plus, il ressort d’une étude de 1962 de Pearl et Lambert que le bilinguisme permet une meilleure flexibilité mentale, une supériorité dans l’élaboration conceptuelle et globalement un ensemble plus diversifié de compétences mentales10. Par ailleurs, toujours selon l’article de Defamie et Balsen Pantic, les bilingues mettraient en place des stratégies de compensation pour gérer l’interférence entre leurs deux langues. Ces stratégies accéléreraient le fonctionnement cognitif et permettraient d’être plus perspicaces dans les relations structurelles de la langue. En effet, ils auraient une conscience métalinguistique plus précoce et supérieure. En tant que bilingue français-allemand, je peux effectivement confirmer avoir toujours eu davantage de facilités que les autres élèves monolingues en langues, tant au niveau de la syntaxe que la phonologie. Au niveau cognitif, les enfants bilingues montrent plus de facilité dans la résolution de problèmes. En effet, le « switching », c’est-à-dire la capacité d’un bilingue de passer d’une langue à l’autre en fonction du contexte et de son interlocuteur tout en inhibant l’autre langue, est l’une des capacités les plus complexes gérées par les fonctions supérieures. Grâce au « switching », les enfants bilingues parviennent plus facilement à contrôler leur attention sur ce qui est important et à inhiber les informations qui ne le sont pas11, facilitant ainsi la résolution de problèmes. On note également une meilleure concentration, grâce à ce « switching ». Cela a été démontré par Sharon Unsworth de l’Université de Utrecht 12 . Les bilingues arrivant mieux à inhiber une information qui s’avère moins importante, cela leur permet de réfléchir plus rapidement. Les bilingues sont également plus rapides en lecture technique. Ils arrivent donc plus rapidement à associer chaque lettre au son correspondant et savent rapidement lier cela à des mots. La lecture technique est donc quelque chose de très abstrait. En 10 Defamie, A., Balsen Pantic, J. (2014) Théorie de l’Esprit et bilinguisme. Avantages des bilingues dans les tâches affectives et cognitives. Dans Sciences Cognitives. 11 Bialystok, E. (2009) L’cquisition d’une deuxième langue, le bilinguisme pendant la petite enfance et leur impact sur le développement cognitif précoce. Repéré à http://www.enfant- encyclopedie.com/deuxieme-langue/selon-experts/lacquisition-dune-deuxieme-langue-le-bilinguisme- pendant-la-petite 12 Pistache, Vrije Basisschool. Meertaligheid. Repéré à http://pistachepistache.be/meertaligheid 10
compréhension à la lecture par contre, les bilingues sont ni plus lents ni plus rapides que les monolingues. La pensée abstraite est également quelque chose que les bilingues vont atteindre plus rapidement que les autres enfants de leur âge. Une étude à l’Université de Tilburg a démontré que quand on leur demande quel mot est le plus long entre « trein » et « brommer », les élèves monolingues répondront « trein » car il n’arrive pas à dissocier ce mot de sa signification, et vont visualiser un train et dire que c’est plus long qu’un mobylette. Un enfant bilingue qui maîtrise la pensée abstraite par contre saura dire que « brommer » est plus long que « trein » puisqu’il va regarder la forme du mot et verra que « brommer » contient deux syllabes13. Enfin, une étude canadienne à l’Université de York a montré que les personnes qui savent parler plusieurs langues sont atteints de démence ou d’Alzheimer quelques années plus tard que les monolingues 14 . Les avantages du bilinguisme sont donc présents dès l’enfance et se font encore ressentir pendant toute notre vie. Sans compter que la maîtrise de plusieurs langues, surtout dans un pays comme la Belgique, est un véritable atout sur le marché du travail. Il est cependant à noter que pour arriver à un bilinguisme réussi et équilibré, les deux langues de l’enfant, ici le français et le néerlandais, se doivent d’être présentes dès l’école maternelle et de manière optimale. En effet, dans le cas où le bilinguisme est déséquilibré, on peut retrouver un désavantage au niveau des tâches lexicales chez la personne bilingue. Elle peut par exemple avoir un stock lexical passif moins étendu dans chaque langue que la personne monolingue. Il faut donc par exemple que l’élève parle toujours le français à la maison et le néerlandais à l’école, et ce dès son plus jeune âge. Ainsi, le bilinguisme sera précoce et équilibré, il n’y aura pas de différences entre l’élève bilingue et un élève francophone monolingue. La taille de leurs lexiques sera alors équivalente et leurs performances dans des tâches linguistiques également. Afin d’arriver à ce bilinguisme, la submersion semble être un très bon moyen. Comme nous l’avons vu dans nos cours de psychologie, tous les élèves n’ont pas le même style d’apprentissage. Lorsque nous préparons nos cours de langues, nous tentons toujours de 13 Pistache, Vrije Basisschool. Meertaligheid. Repéré à http://pistachepistache.be/meertaligheid 14 Pistache, Vrije Basisschool. Meertaligheid. Repéré à http://pistachepistache.be/meertaligheid 11
prendre cela en compte pour toucher un maximum d’élèves. Nous pensons donc aux élèves auditifs, visuels et kinesthésiques. Il serait cependant également intéressant, lors de l’apprentissage d’une nouvelle langue, de s’appuyer sur les styles d’apprentissage ainsi que les différents types d’intelligences. Selon Gardner et sa théorie des Intelligences Multiples, il y a neuf différents types d’intelligences. Il est donc difficile pour un professeur de langues de prendre en compte ces neuf différents types, et donc de créer des cours qui sont optimaux pour tout le monde. En allant dans l’enseignement néerlandophone par contre, ce seront toutes les intelligences qui vont être stimulées au travers des différents cours, du quotidien, des relations avec les autres,… Par exemple, l’élève qui a une intelligence linguistique n’aura pas trop de soucis à bien apprendre une langue lors des cours de néerlandais, puisqu’il a une facilité à utiliser comprendre les mots et les nuances de sens, tant dans sa langue maternelle que dans d’autres langues. Il apprendra cependant encore mieux le néerlandais en allant dans une école néerlandophone, et s’en sortira facilement dans sa deuxième langue. L’élève à l’intelligence logico-mathématique est difficile à prendre en compte dans un cours de langue. Cependant, cette intelligence étant la plus utilisée dans l’enseignement, l’élève qui veut maîtriser le néerlandais, a tout intérêt à aller dans l’enseignement néerlandophone où il suivra dès lors les cours de mathématiques et de sciences en néerlandais et raisonnera alors dans cette langue. L’élève qui aime apprendre par lui-même, se comprendre, chercher ses forces et ses faiblesses, … a une intelligence intra-personnelle. En allant dans l’enseignement néerlandophone, il sera stimulé lors des auto-évaluations dans les différents cours et il cherchera à s’améliorer et trouver une bonne méthode de travail pour réussir au mieux tous ses cours qui sont donnés dans la langue cible. Alors qu’en restant dans l’enseignement francophone, toutes ses réflexions sur lui-même se feront en français. L’élève qui a selon moi un grand avantage s’il va à l’école en néerlandais, est celui qui a une intelligence interpersonnelle. Lui qui a la capacité de communiquer aisément avec les autres, va être en interaction constante avec ses camarades et enseignants néerlandophones et va ainsi apprendre rapidement cette deuxième langue. L’élève à l’intelligence corporelle-kinesthésique est souvent frustré en cours de langue puisqu’il ne peut pas constamment bouger et être actif. Dans l’enseignement 12
néerlandophone, il suivra les cours de dessin, de technologie et surtout les cours d’éducation physique en néerlandais. Il pourra ainsi être actif et se dépenser, tout en communiquant en langue cible avec ses camarades et son professeur. L’élève qui a une intelligence musicale va être stimulé quelques fois par an dans un cours de néerlandais classique, lorsque le professeur décide de travailler sur base d’une chanson. Il va également pouvoir apprécier les sons et la musicalité qui viennent du professeur lorsqu’il parle en langue cible, mais cela uniquement quelques heures par semaine pendant les cours de néerlandais. En allant à l’école en Flandre par contre, il entendra constamment ses professeurs et camarades parler en langue cible. De plus, il y a de fortes chances qu’il écoute les grands classiques de la chanson néerlandaise avec ses camarades de classe. Ces chansons que tout jeune flamand qui se respecte connaît sur le bout des doigts : Te min voor Anja15, Het is een nacht16, Dromen zijn bedrog17 et autres chansons incontournables18. L’élève qui aime être au contact de la nature, qui est sensible à ce qui est vivant et qui s’intéresse à l’environnement où il évolue, a une intelligence naturaliste. Cet élève apprendra au mieux une langue en allant dans l’enseignement néerlandophone. Il saura dès lors s’épanouir dès la maternelle dans la cour de récréation, en jouant dans le bac à sable ou dans la forêt, et il appréciera les excursions avec sa classe néerlandophone, ainsi que les cours de sciences qu’il suivra en primaire et en secondaire. Comme nous pouvons le constater, il est bien plus facile d’apprendre une langue en la vivant quotidiennement et en étant entouré de celle-ci. En restant dans l’enseignement francophone, l’élève n’a l’occasion d’apprendre le néerlandais que lors des cours de langues, et de nombreux élèves n’y trouvent pas leur compte et n’apprennent donc pas la langue de la manière la plus efficace. En allant dans l’enseignement en submersion par contre, ce sont pratiquement toutes les intelligences qui sont stimulées pour favoriser l’apprentissage du néerlandais – certaines plus que d’autres bien sûr – et il est donc optimal pour tous les élèves qui veulent apprendre cette langue d’y vivre leur scolarité. 15 Spring. (2003) Te min voor Anja. Dans Spring. 16 Meeuwis, G. (1995) Het is een nacht (Levensecht). Dans Verbazing. 17 Borsato, M. (1994). Dromen zijn bedrog. Dans Marco. 18 Selon mes 22 co-kotteurs flamands à Gand, et mes amis bilingues à Bruxelles et Leuven. 13
1.3.2. Un meilleur enseignement Selon les chiffres PISA de 2012, le niveau des élèves en Flandre est nettement supérieur à celui des élèves de la Communauté française. En mathématiques, en sciences ainsi qu’en lecture, les Flamands affichent un bien meilleur score qu’en Fédération Wallonie- Bruxelles19. En 2015 encore, l’écart entre nos deux enseignements se creusait20. Pour expliquer cela, il faut analyser plusieurs aspects de nos enseignements. Tout d’abord, la Fédération Wallonie-Bruxelles est la championne du redoublement. En effet, en 2008 elle comptait 49% d’élèves avec un retard scolaire d’au moins un an, contrairement à la Flandre où ils étaient 27%. Les différences entre nos communautés se font également ressentir dans l’enseignement de qualification, que les Flamands ont mieux su valoriser et qui est plus performant au Nord du pays. En Wallonie et à Bruxelles, les filières techniques et professionnelles sont déconsidérées, alors qu’en Flandre elles sont mieux vues21. Il est vrai toutefois que chez nous comme chez eux, passer du général au technique est considéré comme « descendre » dans une filière plus « basse » - le nom de « watervalsysteem » en Flandre le montre bien. Nombreux sont ceux qui, en Fédération Wallonie-Bruxelles, préfèrent redoubler, voire même tripler une année, afin d’éviter de passer dans la filière technique et se retrouver avec les 36% des francophones à s’être retrouvés là, rarement par choix. Alors qu’en Flandre, ils sont 53% des élèves dans l’enseignement de qualification – une réorientation conseillée par les professeurs et/ou souhaitée par l’élève et ses parents. Une enquête de la KU Leuven22 montre que pour les élèves recevant un ‘B-attest’ en fin d’année, c’est-à-dire qu’ils peuvent passer dans l’année suivante mais doivent alors changer d’orientation, il est préférable de suivre ce conseil plutôt que de rester dans leur 19 Enseignement : la communauté française loin derrière la Flandre (PISA). (2013) Repéré à http://www.lalibre.be/actu/belgique/enseignement-la-communaute-francaise-loin-derriere-la-flandre-pisa- 529daa7f35708eb0ea992b66 20 La ligue de l’Enseignement et le d’Education permantente asbl. (2016) PISA 2015 : l’écart se creuse entre la Wallonie et la Flandre. Repéré à https://ligue-enseignement.be/pisa-2015-lecart-se-creuse-entre- la-wallonie-et-la-flandre/ 21 Enseignons.be. (2008) Les élèves flamands sont meilleurs. Pourquoi ?. Repéré à http://www.enseignons.be/2008/09/02/les-eleves-flamands-sont-meilleurs-pourquoi/ 22 Knack.be. (2013) Waterval beter dan zittenblijven. Repéré à http://www.knack.be/nieuws/belgie/waterval-beter-dan-zittenblijven/article-normal-117128.html 14
orientation et redoubler alors une année. En effet, leur estime de soi va d’abord en être affectée, mais celle-ci va se rétablir par la suite. Contrairement aux élèves qui font le choix de redoubler et qui eux verront leur estime de soi faiblir au fil du temps. Ayant assisté à des conseils de classe lors de mon stage au Bernarduscollege à Audenarde, j’ai en effet pu constater que certains élèves avaient exprimé spontanément le souhait de passer en technique et les enseignants prenaient en compte les souhaits des élèves et des parents, et évitaient d’imposer ce genre de décisions. Plus concrètement cependant, ce serait un aspect financier qui donnerait aussi un avantage à la Flandre, puisqu’étant plus riche, elle investit davantage dans son enseignement. Elle dépense 20% de plus par élève qu’en Fédération Wallonie- Bruxelles. Cela s’expliquerait notamment par un plus faible taux de redoublement, qui permet dès lors à la Flandre s’investir davantage23. Cela permet d’investir notamment dans du meilleur matériel scolaire. En effet, trois quarts des écoles néerlandophones disposent de vingt-cinq ordinateurs pour cent élèves, tandis que dans les écoles francophones on en compte seulement huit pour cent élèves24. J’ai pu remarquer cet écart au niveau technologique lorsque j’étais en stage dans une école en Flandre, à Audenarde. Dans cette école générale, toutes les classes étaient équipées d’un ordinateur ainsi que d’un tableau interactif ou d’un projecteur. Dès lors, pratiquement tous les enseignants donnaient cours avec un PowerPoint ou utilisaient le CD-ROM ou le site du manuel pour montrer les réponses au tableau par exemple. Dans une école technique et professionnelle à Wetteren, l’école avait entre autres construit un parc et des serres dans l’enceinte de l’école pour que les élèves en option jardinage puissent s’exercer au mieux. De manière générale, nous tous, étudiants francophones en Erasmus à Gand, avons pu remarquer que les écoles en Flandre étaient bien mieux équipées que celles que nous avons connues en Wallonie et à Bruxelles. L’argent investi par la Flandre dans son enseignement permet également aux enseignants d’avoir un salaire légèrement plus élevé que leurs collègues francophones. 23 Enseignons.be. (2008) Les élèves flamands sont meilleurs. Pourquoi ?. Repéré à http://www.enseignons.be/2008/09/02/les-eleves-flamands-sont-meilleurs-pourquoi/ 24 Le Vif. (2016) L’enseignement wallon beaucoup moins numérique qu’en Flandre. Repéré à http://www.levif.be/actualite/belgique/l-enseignement-wallon-beaucoup-moins-numerique-qu-en- flandre/article-normal-547319.html 15
En effet, en 2011, un enseignant en Fédération Wallonie-Bruxelles touchait en début de carrière 23.584 euros annuels, contre 24.018 en Flandre25. La richesse de la Flandre expliquerait également le niveau scolaire plus élevé de ses élèves de par le lien étroit qui existe entre le niveau socio-économique des élèves et leurs résultats scolaires. Enfin, je pense que la répartition des sessions d’examens dans le secondaire est plus judicieuse en Flandre qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous avons deux sessions d’examens en secondaire : la session de Noël et la session de juin. Les écoles néerlandophones, en revanche, ont rajouté une troisième session d’examens pour les élèves de la première à la quatrième secondaire : la session de Pâques. Lors de cette session, les élèves de la première à la troisième doivent représenter un examen pour toutes les branches, tandis que les élèves de quatrième ont un examen uniquement pour les cours les plus conséquents dans leur horaire. Dans le troisième degré par contre, cette session de Pâques n’a plus lieu, préparant petit à petit les élèves au système universitaire belge. Cette session de Pâques permet dès lors aux enseignants ainsi qu’aux élèves de faire le point avant la dernière ligne droite. Les élèves voient ainsi où ils en sont dans leur maîtrise des cours et peuvent encore mettre des moyens en place pour réussir leur année. Ensuite, lors de la session de juin, ils doivent étudier uniquement la matière qui a été vue depuis Pâques, rendant la session de juin moins conséquente, moins stressante et plus abordable. Les communautés francophone et néerlandophone ont cependant toutes deux un système inégalitaire, où on l’on observe de fortes disparités en fonction des élèves et des écoles. En effet, la Belgique a l’un des systèmes scolaires les plus inégalitaires parmi les pays participant à l’enquête PISA. 1.3.3. Plus de transparence de la part des écoles En Flandre comme en Fédération Wallonie-Bruxelles, des inspecteurs viennent parfois dans les écoles, assurant ainsi une conformité avec le programme et proposant des pistes d’amélioration le cas échéant. 25 Vacature.com. (2011) Waar verdient een leerkracht het meest ?. Repéré à https://www.vacature.com/nl-be/carriere/salaris/Waar-verdient-een-leerkracht-het-meest 16
Les rapports de ces inspections dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont confidentiels et ne peuvent être lus par n’importe qui. Dans les écoles néerlandophones par contre, ces rapports sont trouvables sur internet et accessibles à tous26. Ainsi, les parents peuvent aller voir le rapport qui a été écrit sur une école. Dans ces rapports d’inspection, les parents peuvent lire entre autres si l’école néerlandophone est conforme aux conditions générales d’agrément, c’est-à-dire si les élèves en fin de secondaire atteignent bien les objectifs demandés par le programme dans les différents cours, si l’équipement scolaire est en suffisance dans l’école, si les évaluations sont en accord avec le programme, si les élèves sont bien accompagnés par les enseignants, où les enseignants en sont dans leur développement professionnel, … Ces différentes parties sont analysées pour chaque matière (langues modernes, langues anciennes, éducation physique, éducation à la musique, sciences, néerlandais, … et compétences interdisciplinaires). Le rapport examine également le respect des mesures d’hygiène et le règlement interne de l’école. Les inspecteurs observent aussi dans quelle mesure l’école maintient sa propre qualité, à travers le développement professionnel des enseignants, l’accompagnement des élèves et les évaluations. Ils s’intéressent ensuite à la politique générale de l’école, au niveau de la direction, la vision pédagogique, la prise de décision, le souci de la qualité et la politique linguistique, dont on parlera plus tard. Le rapport se conclut par une liste des forces et faiblesses de l’école, c’est-à-dire ce que l’école fait bien, ce qu’elle peut améliorer et enfin ce qu’elle doit améliorer, tout cela accompagné de quelques conseils de l’inspecteur. Ces rapports sont donc assez détaillés et permettent aux parents qui le souhaitent de se faire une idée précise de l’école où ils aimeraient inscrire leurs enfants et ainsi faire un choix éclairé. 1.3.4. Une meilleure maîtrise des langues germaniques Un autre avantage de l’enseignement néerlandophone est une ouverture aux langues germaniques. En mettant leur enfant à l’école en néerlandais, les parents peuvent 26 Vlaanderen.be – Onderwijs. (http://data-onderwijs.vlaanderen.be/onderwijsaanbod/lijst.aspx?hs=311) 17
espérer que celui-ci aura davantage de facilités et d’opportunités d’apprendre d’autres langues germaniques. En effet, il est bien connu que le néerlandais, l’anglais et l’allemand ont un point commun : ce sont des langues germaniques occidentales27. Il est donc bien souvent plus facile pour les enfants maîtrisant déjà une langue germanique d’en maîtriser une autre. De plus, lorsqu’on a grandi dans le bilinguisme, apprendre une troisième ou une quatrième langue est plus facile que pour les monolingues. « L’équipement neuronal du bilingue précoce n’est pas le même que chez un enfant monolingue. (…) Ce qui se passe d’un point de vue neurologique, c’est que certaines connexions entre les neurones sont sollicitées au moment où la malléabilité corticale du cerveau bat son plein, des connexions qui, chez des enfants monolingues, ont éte sclerosées à l’âge du langage avec le résultat qu’une fenêtre cognitive s’est fermée à jamais.28» Enfin, le système éducatif néerlandophone permet aux élèves de choisir l’anglais en troisième langue dès la deuxième humanité, contrairement aux écoles bruxelloises francophones qui ne permettent de choisir l’anglais qu’à partir de la troisième secondaire. Certaines écoles en Wallonie permettent de choisir l’anglais comme seconde langue dès la première secondaire, mais cela se fait alors au détriment du néerlandais, qui ne peut alors être choisi qu’à partir de la troisième année. Les écoles néerlandophones imposent également à leurs élèves l’apprentissage de l’allemand pendant au moins un an. Cela permet donc aux élèves d’avoir une meilleure maîtrise de l’anglais et au minimum des notions d’allemand, contrairement aux élèves de l’enseignement francophone qui en sortent avec une moins bonne maîtrise de l’anglais et pour la plupart aucune notion d’allemand. 1.4. Inconvénients 1.4.1. La submersion oui, mais seulement pour les bons élèves ? Certains diront que seuls les enfants « très doués », qui ont appris à parler facilement, 27 Les langues germaniques. (s. d.). Dans Wikipédia. Repéré le 23 février 2017 à https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_germaniques_occidentales 28 Kihlstedt, M. (2005) Les avantages du bilinguisme précoce. Repéré à https://halshs.archives- ouvertes.fr/halshs-00131876 18
ou qui ont déjà deux langues maternelles, peuvent s’en sortir dans un enseignement dans une autre langue. Il est écrit dans un article sur le site du Plan Marnix (« Comment rendre nos enfants multilingues ? »), que certains enfants, lorsqu’ils font leur scolarité en submersion, peuvent « souffrir d’un handicap linguistique permanent », ce qui risque d’affecter leur apprentissage dans toutes les matières et pourrait engendrer des troubles cognitifs durables 29 . Ils nuancent cependant leurs propos, expliquant que l’enseignement en submersion peut réussir. De nombreux élèves s’en tirent avec un très bon niveau dans leur langue maternelle ainsi que dans leur langue d’instruction. En effet, il est aussi stipulé dans l’article de Stéphanie Bocart que diverses études ont montré que « même des enfants qui pouvaient avoir certaines difficultés d’apprentissage (dysphasie, dyslexie, … ) (…) s’en sortent quand même » dans l’enseignement en submersion, selon Martine Poncelet30. 1.4.2. Une moins bonne maîtrise de la langue maternelle ? Un aspect qui pourrait dissuader certains parents francophones d’inscrire leur enfant dans l’enseignement néerlandophone est la maîtrise de la langue maternelle. On peut craindre que la maîtrise du néerlandais prenne le pas sur la maîtrise du français et empêche une bonne connaissance de leur langue maternelle. Pour pallier à cela, il faut que les deux langues « ne soient pas en conflit, mais aient un statut social comparable et bénéficient d’une égale considération »31. Comme expliqué précédemment, il est important que le bilinguisme soit précoce et équilibré, afin que le jeune n’ait pas de retard aux niveaux langagier et lexical. Il est possible par exemple que l’enfant parle constamment le néerlandais à l’école et qu’il pratique alors le français non seulement à la maison mais aussi lors de ses activités extra-scolaires (sport, mouvements de jeunesse, solfège,…). Ainsi, les deux langues sont pratiquées au maximum. Les parents peuvent également faire la lecture à leur 29 Housen, A., Sole-Mena, A., Van Parijs, P. (s. d.). Comment rendre nos enfants multilingues. Repéré à http://www.marnixplan.org/Comment-rendre-nos-enfants 30 Bocard, S. (2014) L’immersion bilingue, c’est mieux dès 3 ans. Dans La Libre. Repéré à http://www.lalibre.be/actu/belgique/l-immersion-bilingue-c-est-mieux-des-3-ans- 52c790d63570105ef7e409df 31 Petit, J. (2001) L’immersion, une révolution. Editions Colmar : J.D. Bentzinger. 19
enfant en français quand il est plus petit puis, une fois qu’il est capable de lire par lui- même, lui faire lire des livres en français pendant son temps libre. Cela permet alors à l’enfant de développer de bonnes compétences en lecture et une bonne orthographe dans sa langue maternelle, tout en apprenant à l’école le néerlandais avec toutes les compétences liées à la maîtrise de cette langue. Il est également déconseillé de « mixer » les deux langues ensemble, il faut donc éviter que l’enfant mélange les deux langues dans une même phrase. De plus, pour faciliter le bilinguisme chez les jeunes enfants, il est préférable qu’ils sachent quand et à qui ils doivent parler en quelle langue. Ainsi, le « switching » dont je parlais précédemment, peut se faire de manière optimale. L’enfant sait alors exactement en quelle langue il doit s’exprimer en fonction du contexte et de la personne. Dans mon cas par exemple, j’ai toujours su que je parlais en français avec ma maman et en allemand avec mon papa. Cette distinction étant bien faite, il est plus facile pour l’enfant de bien faire la différence entre ses différentes langues. Dans le cas des élèves francophones scolarisés en néerlandais, il doit être clair pour eux qu’il parlent le français à la maison et chez les scouts par exemple, mais qu’ils parlent le néerlandais à l’école et avec leurs camarades de classe. 1.4.3. Manque de places Suite au succès rencontré ces dernières années par l’enseignement néerlandophone à Bruxelles, les écoles se trouvent désormais avec un nombre trop élevé de demandes. Certaines écoles comptent parfois jusqu’à 28 élèves par classe et doivent encore refuser de nouveaux élèves32. 1.4.4. Baisse de qualité de l’enseignement Une telle augmentation du nombre d’élèves peut difficilement se faire sans une perte de qualité de l’enseignement. Un retard en néerlandais au sein d’un environnement francophone est néfaste pour le développement de toutes les autres aptitudes et 32 Brussels Enterprises Commerce and Industry. (s. d.). L’enseignement néerlandophone est en nette progression. Repéré à http://www.beci.be/centre_de_connaissance/enseignement_formation/l_enseignement_a_bruxelles_selon _beci/enseignement_neerlandophone/ 20
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