L'INDUSTRIE DE LA TRANSFORMATION DU POISSON ET DES FRUITS DE MER - du Canada atlantique
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Utilisation de la technologie dans L’INDUSTRIE DE LA TRANSFORMATION DU POISSON ET DES FRUITS DE du Canada atlantique MER Septembre 2018 Mobiliser Les SECURING Talents CANADA’S Pour FISHL’Industrie + SEAFOOD Du POISSON ET FRUITS DE WORKFORCE MER Du Canada
Ce projet a été financé par le Programme des conseils sectoriels du gouvernement du Canada. Les avis et interprétations de cette publication sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas forcément ceux du gouvernement du Canada. ISBN 978-1-989541-17-3 Copyright © 2019 Compétences Transformation Alimentaire Canada Tous droits réservés. La reproduction, l’enregistrement dans un système de recherche documentaire ou la transmission sous quelque forme que ce soit ou par n’importe quel moyen (y compris électro- nique, mécanique, photographique, enregistrement ou photocopie) d’une partie quelconque de la présente publication sans l’autorisation écrite de Compétences Transformation Alimentaire Canada est une violation du droit d’auteur. Compétences Transformation Alimentaire Canada 201 – 3030, chemin Conroy Ottawa (Ontario) K1G 6C2 Tél. : (613) 237-7988 Sans frais : 1-877-963-7472 Téléc. : 613-237-9939 lmi@fphrc.ca www.fpsc-ctac.com Ce rapport a été produit en partenariat avec le Centre pour le développement de l’aquaculture et des fruits de mer de l’Institut des pêches et de la mer de l’Université Memorial de Terre-Neuve.
TABLEAU DES MATIÈRES TABLEAU DES MATIÈRES 03 SOMMAIRE 06 ACRONYMES 07 1.0 INTRODUCTION 08 2.0 MÉTHODOLOGIE 09 3.0 ÉVALUATION-PAYS 10 3.1 APERÇU 11 3.11 LES ÎLES FÉROÉ 13 APERÇU 13 VISITE D’USINE 14 3.1.2 ISLANDE 15 APERÇU 15 VISITE D’USINES 16 KEY OBSERVATIONS 21 3.1.3 NORVÈGE 22 APERÇU 22 VISITE D’USINES 23 PRINCIPALES OBSERVATIONS 26 3.1.4 ÉTATS-UNIS 27 APERÇU 27 SECTEUR DE LA TRANSFORMATION 28 RÔLE DES TRAVAILLEURS ÉTRANGERS ET DE L’AUTOMATISATION DANS L’INDUSTRIE AMÉRICAINE DE LA TRANSFORMATION DES PRODUITS DE LA MER 28 4.0 TECHNOLOGIE 29 4.1 INNOVATIONS DANS LA TRANSFORMATION DU CORÉGONE ET DES SALMONIDÉS 30 4.1.1 BAADER 32 4.1.2 MAREL 32 4.2 INNOVATIONS DANS LA TRANSFORMATION DU CRABE ET DU HOMARD 34 4.2.1 SYSTÈMES À COULIS DE GLACE 35 4.2.2 CUISSON COOLSTEAM 35 4.2.3 TRAITEMENT À HAUTE PRESSION 35 4.2.4 TRANSFORMATION DU HOMARD 36 4.2.5 TRANSFORMATION DU CRABE DES NEIGES 37 03 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
TABLEAU DES MATIÈRES A CONTINUÉ 5.0 RECHERCHE 39 5.1 ÎLES FÉROÉ 40 5.2 ISLANDE 41 5.3 NORVÈGE 42 5.4 ÉTATS-UNIS 44 6.0 CANADA 45 6.1 ÉTAT DE PRÉPARATION DES TRANSFORMATEURS CANADIENS DE PRODUITS DE LA MER 46 6.2 COMPARAISON DE L’ÉTAT DE PRÉPARATION TECHNOLOGIQUE AVEC CELLE D’AUTRES PAYS 49 6.3 MAXIMISER LA VALEUR DES PRODUITS DE LA MER CANADIENS 51 6.4 RECHERCHE ET TECHNOLOGIE 54 6.4.1 FISHERIES AND MARINE INSTITUTE 54 SCHOOL OF FISHERIES 55 CENTRE FOR AQUACULTURE AND SEAFOOD DEVELOPMENT 55 6.4.2 CENTRE CANADIEN D’INNOVATIONS DES PÊCHES (CCFI) 56 6.4.3 UNIVERSITÉ DALHOUSIE 58 6.4.4 FOODTECH CANADA – FISHERIES AND SEAFOOD INNOVATION CENTRES 58 6.4.5 INSTITUT DE RECHERCHE SUR LES ZONES CÔTIÈRES 59 6.4.6 FONDS DES PÊCHES DE L’ATLANTIQUE 59 7.0 COMPARAISONS PAYS : TECHNOLOGIE, VALEUR ET PRATIQUES DU MARCHÉ DE LA MAIN-D’ŒUVRE 60 8.0 CONCLUSIONS 65 9.0 RÉFÉRENCES 66 LISTE DE TABLEAUX ET FIGURES TABLEAU 1 CITOYENNETÉ EN ISLANDE, SELON LA NATIONALITÉ (STATISTICS ICELAND, 2016) 15 TABLEAU 2 IMPORTANTS PRODUITS DE LA MER IMPORTÉS AUX ÉTATS-UNIS EN 2015 27 TABLEAU 3 PRINCIPAUX FOURNISSEURS DE TECHNOLOGIE POUR L’INDUSTRIE DU POISSON ET DES FRUITS DE MER 31 TABLEAU 4 FOURNISSEURS DE TECHNOLOGIES ET DE SOLUTIONS POUR L’INDUSTRIE DE LA TRANSFORMATION DU HOMARD (ENGINUITY INC., 2014) 36 TABLEAU 5 COMPARAISONS DE PAYS – TECHNOLOGIE, MAXIMISATION DE LA VALEUR ET PRATIQUES DU MARCHÉ DU TRAVAIL (CI-DESSOUS) 61 04 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
FIGURE 1 VOLUME TOTAL (EN TONNES) DES DÉBARQUEMENTS DE POISSON DE CAPTURE DES ÎLES FÉROÉ 13 FIGURE 2 VALEUR TOTALE (EN MILLIONS DE DKK) DES DÉBARQUEMENTS DE POISSON DE CAPTURE DES ÎLES FÉROÉ 13 FIGURE 3 CHAÎNE DE VALEUR INTÉGRÉE VERTICALEMENT DE BAKKAFROST 14 FIGURE 4 VOLUME TOTAL (EN TONNES) DES DÉBARQUEMENTS DE POISSON DE CAPTURE DE L’ISLANDE 15 FIGURE 5 VALEUR TOTALE (EN MILLIERS D’ISK) DES DÉBARQUEMENTS DE POISSON DE CAPTURE DE L’ISLANDE 15 FIGURE 6 CARTE DE L’ISLANDE 16 FIGURE 7 UN DES PLUS RÉCENTS NAVIRES DE PÊCHE DE HB GRANDI, LE ENGEY RE91, CONSTRUIT EN 2017 17 FIGURE 8 USINE DE TRANSFORMATION DE MORUE VISIR DOTÉE D’ÉQUIPEMENT DE TRANSFORMATION DU POISSON BAADER ET MAREL 18 FIGURE 9 LIMONADE À BASE DE COLLAGÈNE MARIN 18 FIGURE 10 SÉCHERIE HAUSTAK À GRINDAVIK, ISLANDE 20 FIGURE 11 VAPEUR D’UNE CENTRALE GÉOTHERMIQUE DE GRINDAVIK QUI FOURNIT DE L’ÉNERGIE À LA SÉCHERIE 20 FIGURE 12 PESAGE ET ENSACHAGE DE PRODUITS DE POISSON SÉCHÉ CHEZ HAUSTAK 20 FIGURE 13 INSTALLATION DE TRANSFORMATION DE POISSONS PÉLAGIQUES DE VSV À VESTMANNAEYJAR (CI-DESSUS) 21 FIGURE 14 UN DES NAVIRES DE PÊCHE DE VSV AMARRÉ À PROXIMITÉ DE L’USINE DE TRANSFORMATION 21 FIGURE 15 VENTILATION DES PÊCHES DE CAPTURE DE LA NORVÈGE 23 FIGURE 16 SIÈGE SOCIAL ET PRINCIPALE USINE DE TRANSFORMATION DE SMP MARINE PRODUCTS 23 FIGURE 17 PRINCIPALE INSTALLATION DE TRANSFORMATION DE FIRDA SEAFOOD GROUP AS À BYRKNESOV, NORVÈGE 24 FIGURE 18 RÉSERVOIR D’ENSILAGE À L’EXTÉRIEUR DE L’USINE DE TRANSFORMATION DE FIRDA À BYRKNESOV, NORVÈGE 24 FIGURE 19 SIÈGE SOCIAL ET INSTALLATION DE TRANSFORMATION BR KARLSEN À HUSOY, SENJA, NORVÈGE 25 FIGURE 20 COLLECTE DE CARCASSES DE SAUMON POUR TRANSFORMATION ULTÉRIEURE CHEZ B.R. KARLSEN 25 FIGURE 21 FILETEUSE ET DÉSARÊTEUSE DE B. R. KARLSEN 25 FIGURE 22 ROBOTIQUE DE FIN DE LIGNE POUR LA PALETTISATION CHEZ B.R. KARLSEN 25 FIGURE 23 SIÈGE SOCIAL ET PRINCIPALE USINE DE TRANSFORMATION DE NERGARD À SENJAHOPEN, NORVÈGE 26 FIGURE 24 AMÉNAGEMENT CONCEPTUEL DE LA CHAÎNE DE TRANSFORMATION DE SAUMON BAADER (SOURCE : BAADER CANADA) 32 FIGURE 25 TRACÉ CONCEPTUEL DE LA CHAÎNE DE TRANSFORMATION DE CORÉGONE BAADER À L’INSTALLATION DE DÉMONSTRATION 33 FIGURE 26 NC HIPERBARIC WAVE 6600 55L SYSTÈME À HAUTE PRESSION HYDROSTATIQUES HORIZONTAL INSTALLÉ AU FISHERIES AND MARINE INSTITUTE DE LA MEMORIAL UNIVERSITY OF NEWFOUNDLAND 35 FIGURE 27 BAADER CB 2801 (À GAUCHE) ET RYCO 260 (À DROITE) 37 FIGURE 28 BAADER CS 602/604 38 FIGURE 29 CHAÎNE D’EMBALLAGE/CALIBRAGE DE CRABE SKAGINN 3X 38 FIGURE 30 SIÈGE SOCIAL DE NOFIMA À TROMSO, NORVÈGE 42 05 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
SOMMAIRE COMPÉTENCES TRANSFORMATION ALIMENTAIRE CANADA (CTAC) ENTREPREND UNE ÉTUDE APPROFONDIE DU SECTEUR DE LA TRANSFORMATION DU POISSON ET DES PRODUITS DE LA MER AU CANADA ATLANTIQUE (CTAC, 2017). Cette étude vise à recueillir de l’information sur l’éten- Toutes les organisations européennes visitées sig- due des défis en matière de ressources humaines (RH) nalent des difficultés sur les plans de la démographie et et à déterminer les meilleures pratiques exemplaires du recrutement des jeunes dans l’industrie. Certaines qui aideront les employeurs à répondre à leurs besoins entreprises ont dit qu’elles employaient des travailleurs en main-d’œuvre. Pour compléter cette étude, CTAC saisonniers pour la transformation, et d’autres ont ad- a demandé au Centre for Aquaculture and Seafood mis qu’elles investissaient dans des programmes de Development (CASD) de procéder à une analyse du travailleurs internationaux et s’y fiaient comme mesures secteur européen et américain de la transformation du intérimaires pour combler les pénuries de main-d’œu- poisson et des produits de la mer, et plus particulière- vre. Parmi les stratégies à long terme adoptées, men- ment du niveau de technologie utilisé et des pratiques tionnons la diversification dans d’autres espèces dont du marché du travail. L’évaluation a comporté des re- l’aquaculture, afin de fournir des possibilités d’emploi cherches documentaires exhaustives, des consulta- toute l’année; l’intégration verticale afin de pouvoir tions avec l’industrie ainsi que des visites sur le terrain accéder toute l’année à des matières premières de en Norvège, en Islande et aux îles Féroé. Ce rapport grande qualité; l’accent sur la maximisation de la valeur examine les facteurs liés à l’utilisation de la technologie afin de promouvoir l’utilisation intégrale des matières et de l’automatisation dans l’industrie de la transforma- premières et le développement de produits de plus tion du poisson et des produits de la mer du Canada grande valeur; et l’investissement dans l’innovation, la atlantique, ainsi que les défis connexes en matière de science et la technologie afin de développer des tech- RH, et les compare à ceux existant en Europe et aux nologies de transformation et d’automatisation plus États-Unis. perfectionnées. En général, les transformateurs de poisson et de pro- Les États-Unis se fient beaucoup aux travailleurs duits de la mer non Canadiens semblent éprouver des étrangers qui, en 2015, représentaient 62,8 % de la difficultés similaires à leurs pairs du Canada, notamment main-d’œuvre de l’industrie de la transformation du quant à l’approvisionnement en matières premières, au poisson et des produits de la mer. Mais les difficultés coût de la technologie et aux pénuries de main-d’œu- associées à l’obtention de visas H-2B ont forcé certains vre. Ces entreprises sont cependant beaucoup plus transformateurs à rechercher d’autres solutions pour douées pour extraire plus de valeur de leurs ressou- combler leurs pénuries de main-d’œuvre. Parmi ces rces halieutiques que leurs contreparties canadiennes. solutions de rechange : (1) militer en faveur de l’octroi Les pays européens tels que l’Islande, la Norvège, le de « visa réservé au poisson et aux fruits de mer », et (2) Danemark et l’Allemagne sont perçus comme des chefs adopter des technologies de transformation avancées de file non seulement dans l’utilisation de l’automatisa- et l’intégration de la robotique dans les chaînes de pro- tion et de la robotique pour la transformation du pois- duction. son et des fruits de mer, mais aussi en ce qui a trait au développement de ces technologies (surtout l’Islande D’un point de vue mondial, le Canada est relativement et la Norvège). Les États-Unis, bien qu’ils ne soient pas un petit acteur dans l’approvisionnement en poissons généralement reconnus pour le développement de démersaux, poissons pélagiques, saumon d’élevage et technologies liées à la transformation du poisson et des crevettes. Les pays qui en produisent beaucoup (com- produits de la mer, figurent en tête de liste des pays qui me l’Islande et la Norvège par exemple) ont développé adoptent l’automatisation et la robotique. de nouvelles technologies de transformation pour ces espèces. Le Canada est en revanche un joueur de taille 06 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
pour le homard et le crabe. Ainsi, si le Canada a besoin de meilleures technologies pour ces espèces, il est peu ACRONYMES probable que les transformateurs les trouvent ailleurs. CAD Dollar canadien Quelle que soit l’espèce, il n’y a pas d’efforts concertés CASD Centre for Aquaculture ou soutenus au Canada pour développer les technol- and Seafood ogies dont ont besoin les entreprises canadiennes Development pour soutenir la concurrence de leurs homologues eu- CCFI Centre canadien ropéens ou américains. d’innovations des pêches CNA College of the North Cette évaluation semble indiquer que les transforma- teurs canadiens de poisson et de fruits de mer n’aiment Atlantic pas les risques et semblent réticents à investir dans la DAL Université Dalhousie recherche et le développement (R&D) technologiques, MPO Pêches et Océans et qu’ils privilégient plutôt des solutions prêtes à l’em- Canada ploi. Les technologies étrangères ne sont cependant DKK Couronne danoise peut-être pas applicables au Canada en raison des dif- EEE Espace économique férences dans les volumes de transformation, la diver- européen sité des espèces, la disponibilité de travailleurs qual- AELE Association européenne ifiés et des produits fabriqués. Le développement de de libre-échange nouvelles technologies doit provenir du secteur tech- UE Union européenne nologique ou d’organisations spécialisées en R&D. Les SEM Surgelé en mer sociétés canadiennes de technologie ne perçoivent P&FM Poisson et fruits de mer pas le marché du poisson et des fruits de mer comme FFAW Fish, Food and Allied étant très attrayant, et le soutien gouvernemental pour les organisations de R&D a fluctué et été difficile à ob- Workers tenir (p. ex., le Fonds des pêches de l’Atlantique). En CTAC Compétences Transfor définitive, le contexte canadien ne se prête pas à l’in- mation Alimentaire Canada vestissement dans les technologies d’automatisation, H + G Étêté et éviscéré même si elles étaient disponibles. HOG Éviscéré avec tête RH Ressources humaines L’industrie de la transformation du poisson et des pro- ISK Couronne islandaise duits de la mer du Canada atlantique fait face à une EAM Emballage sous grande incertitude. L’incertitude règne sur les plans des atmosphère modifiée ressources, l’impact continu du changement climatique, MI Fisheries and Marine le régime de gestion des ressources (p. ex., les ZPM, Institute la décision récente au sujet la mactre), et la disponibil- AMP Aires marines protégées ité de main-d’œuvre locale et de travailleurs étrangers NOAA National Oceanic and temporaires. Cette incertitude entraîne une baisse des investissements et fait en sorte que les rendements Atmospheric sont eux aussi incertains, si bien que l’industrie éprouve Administration de la difficulté à mobiliser des capitaux. D’autres fac- NFI National Fisheries teurs contribuent à compliquer l’utilisation et l’adoption Institute de technologies dans l’industrie de la transformation T-N-L Terre-Neuve-et-Labrador du poisson et des fruits de mer du Canada atlantique, NOK Couronne norvégienne notamment la diversité des espèces, les tailles, les OCI Ocean Choice formes de produits et le nombre de producteurs. À l’op- International posé des usines de transformation européennes très EMR Eau de mer recirculée spécialisées, la plupart des établissements du Canada R&D Recherche et atlantique transforment plusieurs espèces, offrent des développement emplois saisonniers, sont peu spécialisés et ne traitent TRCVIPM Tableau ronde sur la qu’un seul ou quelques produits. Cet état de chose a fait chaîne de valeur de que de nombreuses espèces sont traitées sous formes minimales (p. ex., poisson entier congelé ou H+G), qu’on l’industrie des produits a peu investi dans des technologies de transformation de la mer de pointe et que l’industrie est saisonnière (et de courte É.-U. États-Unis d’Amérique durée) et à forte intensité de main-d’œuvre. PVA Produits à valeur ajoutée 07 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
/01 INTRODUCTION SELON CTAC, LE SECTEUR CANADIEN DU POISSON ET DES FRUITS DE MER EMPLOIE ENVIRON 17 000 PERSONNES, A UNE PRODUCTION BRUTE D’UNE VALEUR DE 7,9 MILLIARDS DE DOLLARS ET EXPORTE EN- VIRON PLUS DE 5,9 MILLIARDS DE DOLLARS DE PRODUITS (2015). SEL- ON LES REVENUS, ENVIRON 30 % DU SECTEUR SE TROUVENT À TERRE- NEUVE, ENVIRON 30 % DANS LES PROVINCES MARITIMES ET LES 40 % RESTANTS SE TROUVENT AILLEURS AU CANADA. Au Canada atlantique, le secteur de la transformation tique des propriétaires exploitants. Dans le domaine comprend en général de nombreuses usines indépen- de la transformation, la consolidation se produit prin- dantes exploitant un moins grand nombre d’entreprises cipalement parce que les participants estiment difficile verticalement intégrées. La plupart des usines font la de poursuivre leurs activités étant donné la structure transformation primaire de produits de la pêche commer- d’intendance actuelle de l’industrie et l’accès aux res- ciale ou de produits de l’aquaculture, et quelques-unes sources, plutôt que les acquisitions. Les transforma- seulement font de la transformation secondaire. Une teurs n’ont généralement pas besoin d’autres usines usine emploie généralement moins de 500 travailleurs, ou d’autre équipement. Ils ont besoin d’avoir accès à bien qu’une grande entreprise ayant plusieurs usines des matières premières et à de la main-d’œuvre, et une peut en employer plus. Pour de nombreuses pêches de entreprise qui désire abandonner le secteur ne peut capture selon les méthodes traditionnelles, les usines garantir un transfert de ces éléments à un nouveau pro- de transformation sont principalement des employeurs priétaire. saisonniers alors que dans le domaine de l’aquaculture, la saison de transformation peut être plus longue ou les Tous ces facteurs se répercutent sur la dynamique des usines peuvent fonctionner toute l’année. ressources humaines (RH) de l’industrie de la transfor- mation des produits de la mer du Canada atlantique. Le secteur des produits de la mer est actuellement en L’industrie est essentiellement saisonnière, et le re- transition, plusieurs facteurs ayant une incidence sur crutement et maintien en poste sont compliqués par la l’industrie et ses chaînes de valeur. Les activités de démographie (vieillissement de la main-d’œuvre) et la récolte et de transformation se consolident quant au concurrence que livrent d’autres industries qui offrent nombre de personnes ou d’entreprises évoluant dans des salaires plus élevés et des emplois à plus long l’industrie. Les fluctuations dans les quotas et le déclin terme. On envisage des stratégies comme le recrute- dans les ressources favorisent une plus grande con- ment de travailleurs étrangers, la mobilisation des com- solidation du secteur, et la diminution de quotas a une munautés autochtones et la transition vers une plus incidence négative sur la capacité des organisations à grande automatisation comme solutions potentielles investir dans leurs activités ou à obtenir un financement aux défis de RH. pour des investissements technologiques. Bien que la consolidation puisse améliorer la rentabilité en raison C’est dans ce contexte de transition et de défis, que d’économies d’échelle, cela se fait lentement. Dans le Compétences Transformation Alimentaire Canada domaine des captures, les pêcheurs se procurent des (CTAC) entreprend une étude approfondie du secteur permis, mais le nombre qu’ils peuvent acheter est limité de la transformation du poisson et des produits de la en raison, par exemple, de l’opposition des Fish Food mer au Canada atlantique. Cette étude vise à recueil- and Allied Workers (FFAW) à T.-N.-L., de l’accent renou- lir de l’information sur l’étendue des défis en matière velé de Pêches et Océans Canada (MPO) sur la poli- de ressources humaines et à déterminer les meilleures 08 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
/02 pratiques exemplaires qui aideront les employeurs à répondre à leurs besoins en main-d’œuvre. Dans le cadre de cette plus grande initiative, l’étude MÉTHODOLOGIE abordera quatre principaux thèmes ou composants, à savoir : NOUS AVONS PROCÉDÉ COM- ME SUIT POUR EFFECTUER LA COLLECTE DE DONNÉES ET D’INFORMATION. Choix de pays : Les critères suivants ont été retenus pour LES PROFILS DE LA MAIN-D’ŒUVRE le choix des pays : le niveau d’adoption de technologies de transformation de pointe; les investissements dans l’inno- vation, la recherche et le développement; les pratiques du marché du travail; la spé- cialisation des espèces transformées (c.- à-d. salmonidés, poissons démersaux et poissons pélagiques). UNE ANALYSE DES SOURCES DE MAIN-D’ŒU- Examen documentaire : L’examen et l’analyse documentaire ont VRE (SOURCES LOCALES, PEUPLES AUTOCH- visé de l’information issue de gouverne- TONES, TRAVAILLEURS INTERNATIONAUX ET ments et/ou de l’industrie (sites Web et AUTRES SOURCES) autres publications), de conférences, de rapports de pairs de l’industrie et d’autres publications. Consultations auprès de l’industrie : Ces consultations ont été menées par courriel, au téléphone et en personne. Visites sur le terrain : Une série de visites sur le terrain ont été UNE ANALYSE DES PROFESSIONS, LA RÉ- réalisées dans le cadre de missions de MUNÉRATION DES TRAVAILLEURS ET DES transfert direct de technologies ou de PROJECTIONS DE LA DEMANDE conférences en Norvège, en Islande et aux îles Féroé. À ce moment-là, les cher- cheurs ont visité plusieurs établissements Pour compléter cette étude, CTAC a demandé au Cen- de transformation de poisson et de pro- tre for Aquaculture and Seafood Development (CASD) duits de la mer, et ont rencontré des res- de procéder à une analyse du secteur des produits de sortissants de ces pays qui travaillaient la mer, et tout particulièrement du niveau de technol- auprès d’organisations de recherche clés ogie utilisée et des pratiques du marché du travail de du secteur des produits de la mer. pays européens représentatifs (Islande, Norvège et îles Féroé) et aux États-Unis. Le rapport qui suit résume cette évaluation. 09 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
/03 ÉVALUATION-PAYS LE RÔLE DE LA TECHNOLOGIE DANS LA TRANSFORMATION DES PRO- DUITS DE LA MER A ÉVOLUÉ RAPIDEMENT CES DIX DERNIÈRES AN- NÉES, PAR SUITE DU BESOIN DE L’INDUSTRIE D’ACCROÎTRE LA VAL- EUR DE PRODUCTION, DE FOURNIR DES PRODUITS INNOVATEURS, D’AMÉLIORER LA PRODUCTIVITÉ ET DE COMPENSER UNE DIMINUTION DE LA MAIN-D’ŒUVRE. L’automatisation des procédés et les technologies avancées de transformation ont donc gagné en im- portance, alors que les transformateurs de poisson et de fruits de mer tentent de maintenir leur compéti- tivité sur les marchés mondiaux des produits de la mer. D’autres catalyseurs de technologie et d’innova- tion sont issus de la demande croissante des consommateurs en produits de la mer récoltés/produits de manière durable et en produits de santé naturels. Dans cette section, nous examinons l’utilisation et le développement de technologies de transformation de pointe de trois pays européens (à savoir l’Islande, la Norvège et les îles Féroé). Nous examinons également les États-Unis, car ce pays est considéré com- me chef de file dans l’adoption de l’automatisation et de la robotique, et que plus de 60 % (en dollars) des exportations canadiennes de produits de la mer sont destinées à ce marché. https://www.canada.ca/fr/peches-oceans/nouvelles/2018/03/peches-et-oceans-canada-pub- lie-les-donnees-sur-le-commerce-de-2017--les-exportations-de-poissons-et-de-fruits-de-mer- canadiens-continuent-de-s.html 10 © © Compétences Compétences Transformation Transformation Alimentaire Alimentaire Canada Canada
/3.1 APERÇU CES QUELQUES DERNIÈRES ANNÉES, CASD A ÉTÉ LE SEUL PARTENAIRE NORD-AMÉRICAIN PARTICIPER À UNE INITIATIVE DE RECHERCHE COL- LABORATIVE HORIZON 2020 DE L’UNION EUROPÉENNE (UE) APPELÉE PRIMEFISH. Ce projet vise à créer une boîte à outils pour renforcer la durabilité économique et la compétitivité de l’industrie européenne des produits de la mer, sur les marchés locaux et mondiaux. L’étude contient une analyse poussée de la chaîne de valeur dont les données sont issues de tous les aspects des secteurs des produits de la mer et de l’aquaculture (structure réglementaire, récolte, transformation, marketing, etc.) liés à la compétitivité et à la performance économique d’entreprises clés du secteur. Le consortium réunit 16 partenaires académiques / de l’industrie (dont CASD) et un groupe de référence de l’industrie constitué de 38 grandes sociétés de produits de la mer et d’aquaculture d’Europe, du Canada et du Vietnam, dont plusieurs sont très présentes dans la transformation du poisson de capture et de l’aqua- culture. Dans ce contexte de collaboration, les équipes De manière générale, selon l’espèce, le poisson est du projet ont partagé de l’information sur les défis transformé de manière à produire trois principaux de l’industrie, le niveau d’investissements tech- types de produits : poisson frais, poisson surgelé nologiques, les RH et les données financières et et poisson salé. La plupart des établissements se dans de nombreux cas, des comparaisons ont été spécialisent dans une grande espèce et un type dressées entre les différents pays pour en évalu- de produit (morue salée par exemple), et d’autres er la compétitivité. Nous avons utilisé une partie ciblent une même espèce et plusieurs types de de cette information, et avons également recueilli produits. Ceci est différent des usines du Canada de l’information lors de visites sur le terrain et de atlantique, qui traitent souvent plusieurs espèces missions de transfert de technologie en Norvège, et un seul type de produit ou un nombre limité de en Islande et aux îles Féroé. Durant ces missions, produits. Nos usines sont beaucoup moins spécial- des représentants de CASD ont visité plusieurs isées. Cela s’explique du fait que nos activités sont établissements de transformation de poisson et de essentiellement de marché portuaire et de nos fruits de mer, et évalué le niveau de technologie antécédents voulant que chaque communauté ait utilisée ainsi que les défis généraux du secteur de sa propre usine de transformation de poisson. La la transformation (RH, taille de l’offre, etc.). concurrence pour les matières premières fait en sorte que les usines s’engagent à acheter toutes Aux fins du rapport, les évaluations-pays ont mis les prises d’un pêcheur. En Europe, les marchés l’accent sur les pays possédant des installations de portuaires fonctionnent différemment. La spécial- transformation d’espèces aquacoles et d’espèces pêchées dont les salmonidés aquicoles (saumon et truite-arc-en-ciel), les espèces commerciales de cisco (morue et aiglefin) et les espèces pélagiques commerciales (hareng, maquereau et capelan). 11 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
isation veut dire qu’on peut investir dans des ca- n’ont pas suffisamment de produits pour répondre pacités spécialisées. Un établissement qui traite à la demande de leurs clients, elles les achètent plusieurs espèces doit faire des compromis, car il auprès d’exploitants indépendants plus petits est impossible d’avoir de la technologie de pointe (dont la flottille est généralement inférieure à 65 pour chaque espèce. Il existe un problème simi- pieds) qui vendent leurs produits sur le marché laire dans le secteur de la récolte, ce qui influe sur aux enchères. Toutes les entreprises ont indiqué la qualité des matières premières que reçoivent qu’elles éprouvaient des difficultés sur les plans nos usines. de la démographie et du recrutement des jeunes dans l’industrie. Certaines sociétés ont mentionné Comme exemple de spécialisation observée en les emplois saisonniers pour la transformation et Europe, citons l’usine de transformation de salmo- d’autres, l’investissement et la dépendance sur les nidés des îles Féroé, appelée Bakkafrost, qui ne programmes de travailleurs internationaux. traite que du saumon d’élevage mais sous divers- es formes pour la consommation : depuis le pois- La technologie utilisée va de robots d’encaissage, son frais (entièrement éviscéré) jusqu’aux produits de machines automatisées à étêter et fileter, de surgelés (vendus surgelés au détail), ainsi que des machines de découpe par jet d’eau et de « flow- sous-produits (flancs surgelés, peau de saumon). lines ». Lorsque nous avons visité ces installations, Toutes les usines visitées cherchent à utiliser la trois fournisseurs se sont particulièrement démar- totalité des matières premières, si bien qu’elles qués pour la fourniture de technologie de transfor- transforment leurs sous-produits en produits à val- mation en Europe. Ce sont Baader (www.baader. eur ajoutée (têtes séchées, produits d’ensilage ou com/en), Marel (www.marel.com) et Skaginn 3X farine de poisson et huile de poisson) pour des (www.skaginn3x.com). Baader et Marel organisent marchés à créneau. tous les ans un important salon professionnel afin de promouvoir les technologies existantes et nou- L’industrie européenne de l’aquaculture (y com- velles. Ces événements attirent toute une panoplie pris en Norvège, aux îles Féroé et en Islande) d’acteurs mondiaux. Un rapport publié par KPMG comprend essentiellement de grandes entrepris- LLP en 2014 indique que de manière générale, cer- es intégrées verticalement qui peuvent contrôler tains pays européens tels que l’Islande, la Norvège, l’approvisionnement dans leurs établissements de l’Allemagne et le Danemark sont des chefs de file transformation. Dans la pêche de capture com- de l’adoption de l’automatisation et de la robot- merciale, il existe une certaine variabilité car ce ique dans le secteur de la transformation du pois- segment comprend des entreprises indépendan- son et des fruits de mer. Les États-Unis, le Japon tes et de grandes entreprises intégrées verticale- et la Corée font également partie des chefs de file ment dont les stratégies varient pour obtenir les au chapitre de l’automatisation et de la robotique. produits destinés à la transformation. En Islande, En revanche, Norsworthy (2015) a signalé qu’il y par exemple, la plupart des quotas sont contrôlés avait une absence générale d’investissement dans par de grandes entreprises intégrées verticale- des technologies de transformation de pointe à ment qui ont leurs propres navires de pêche et Terre-Neuve-Labrador pour diverses raisons, nota- approvisionnent leurs propres usines. Si elles mment la diversité des espèces transformées. DE MANIÈRE GÉNÉRALE, LES TRANSFORMATEURS NON CANA- DIENS DE POISSON ET DE FRUITS DE MER SEMBLAIENT ÉPROUVER LES MÊMES DIFFICULTÉS QUE LEURS PAIRS CANADIENS. 12 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
/3.1.1 LES ÎLES FÉROÉ APERÇU DÉBARQUEMENTS DE PÊCHES DE CAPTURE DES ÎLES FÉROÉ - 2016 (EN MILLIONS DE TONNES) En 2016, les îles Féroé comptaient 49 864 habitants. Ce pays a une longue histoire dans le domaine des pêches et de l’aquaculture, une tendance qui se poursuit encore aujourd’hui. En 2015, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) classait les îles Féroé au 31e rang pour la production en milieu sauvage (pêche de capture) (FAO, 2017, p 9). Au total, 751 000 tonnes ont été récoltées en 2016 pour une valeur de 867,8 millions DKK (176,3 millions CAD). La Figure 1 présente une ventilation des débarquements selon le poids et la Figure 2, selon la valeur (Statistics Faroe Islands, 2017). En 2016, l’industrie de l’aquaculture a récolté 68 271 tonnes (poids éviscéré) de saumon (Statistics Faroe Islands, 2017). Morue Aiglefin Goberg Autres Figure 1. Volume total (en tonnes) des débarquements de En 2016, l’industrie de la pêche et de l’aquaculture poisson de capture des îles Féroé employait 3 920 personnes dans les secteurs pri- maires et secondaires. Le taux de chômage en 2016 DÉBARQUEMENTS DE PÊCHES DE CAPTURE DES était moins de 3 % (Statistics Faroe Islands, 2017). ÎLES FÉROÉ - 2016 (EN MILLIONS DKK) Toujours en 2016, le nombre total d’immigrants se chiffrait à 1 622, dont 246 (15 %) étaient issus de pays non nordiques (Statistics Faroe Islands, 2017). Les citoyens de la Finlande, de la Suède, de la Nor- vège, du Danemark, de l’Islande et du Groenland peuvent travailler librement aux îles Féroé. Ils n’ont pas besoin de permis de travail. Les citoyens de l’UE hors de la Scandinavie doivent cependant obtenir un permis de travail, tout comme d’ailleurs ceux de pays hors de l’UE et de la Scandinavie. (Taks, 2017) Morue Aiglefin Goberg Autres Figure 2. Valeur totale (en millions de DKK) des débarque- ments de poisson de capture des îles Féroé. 13 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
VISITE D’USINE : BAKKAFROST BAKKAFROST https://www.bakkafrost.com/ Bakkafrost est le plus important producteur salmoni- cole des îles Féroé. Il s’agit d’une importante compag- Pêches nie de salmoniculture intégrée verticalement, qui ex- Récolte erce un contrôle sur toute la chaîne de valeur (Figure Pélagic 3), depuis les aliments pour poisson aux produits finis à valeur ajoutée. La traçabilité est ainsi inégalée et la qualité est toujours élevée. En 2016, Bakkafrost comptait plus de 1 000 employés Farine de et avait un chiffre d’affaires de 3 202,7 millions DKK Transforma- poisson - huile (651,0 millions CAD). et aliments tion primaire En 2014, la société a dévoilé son plan de dépenses en capital pour la période 2014-2020. Elle proposait d’in- vestir des millions de DKK dans de nouvelles technolo- gies pour améliorer ses installations de transformation, Produits ses bateaux viviers et la production de saumoneau. En 2016, Bakkafrost a remplacé sept usines par un seul Écloserie à valeur établissement de transformation polyvalent ultramod- ajoutée erne de 4 000 mètres carrés aménagé à Glyvrar, et construit un nouveau bateau vivier pouvant transporter 450 tonnes de poisson de leurs fermes. La capacité de production journalière de l’usine de Étape transformation est d’environ 100 tonnes de produits à d’eau Logistique valeur ajoutée (PVA) destinés à la consommation et à douce la restauration. La plupart de la technologie de la nou- velle installation de transformation provient de Baader ou de Marel. À la fin de la chaîne de transformation, on utilise des robots d’encaissage pour palettiser les pro- duits finis. La chaîne de production comprend de nou- Étape de velles technologies, notamment un nouveau système Vente et l’eau de d’étourdissement électrique, une chaîne de refroidisse- mer marketing ment améliorée, des éviscérateurs automatisés (par ex., éviscérateur de saumon Baader 144), nettoyage NEP et l’utilisation du logiciel de traçabilité INNOVA de Marel. Figure 3. Chaîne de valeur intégrée verticalement de Bakkafrost 14 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
/3.1.2 ISLANDE APERÇU PANNE DE CAPTURE En 2017, l’Islande comptait 332 529 habitants (Statis- DES PÊCHES EN ISLANDE tics Iceland, 2017). Ce pays a une longue histoire dans le domaine des pêches, qui sont très importantes pour l’économie. L’industrie islandaise des pêches met beau- coup d’accent sur la qualité, l’utilisation des sous-pro- duits et la maximisation de la valeur. 400k 336 562 En 2015, la FAO classait l’Islande au 19e rang pour la 300k pêche en milieu sauvage (pêche de capture) (FAO, 243 871 2018). Au total, 1 319 395 tonnes ont été récoltées pour 214 954 200k une valeur de 151 301 060 ISK (1,8 million CAD). La Fig- 168 251 ure 14 présente une ventilation des débarquements 100k selon le poids et la Figure 2, selon la valeur (Statistics 58 093 69 975 Iceland, 2016). 48 165 44 005 0 12 448 48 110 6 316 11 536 Ro e e u n ug L’emploi total pour la pêche de capture et l’aquaculture ap u or aq efi an a g r re M er eu oi el gl g s ue ob n N an Ai e Bl on er a s’établissait à environ 7 316 personnes en 2015 (Statis- tt ue an G er C es el n ni ve um ng la H ap M èt tr ta re er Au Sa Fl Li in C C tics Iceland, 2016), et le taux de chômage était de 4 % M pr de ai fs fr eu (Statistics Iceland, 2016). à O n ie ég rv Figure 4. Volume total (en tonnes) des débarque- no g en ments de poisson de capture de l’Islande ar H Nationalité Nombre % Islande 304 806 92,6 Pays nordiques 1 578 0,5 80M Autres pays européens (UE) 19 064 5,8 60 963 620 États-Unis 567 0,2 60M Afrique 396 0,1 Asie 2 058 0,6 40M Tableau 1. Citoyenneté en Islande, selon la national- 20M ité (Statistics Iceland, 2016) 13 442 527 9 977 961 5 666 444 Le Tableau 1 présente les données de citoyenneté de 0 2 683 778 9 012 841 2015 pour l’Islande (Statistics Iceland, 2016). Les citoy- Ro e e u n ug ap u or aq efi an a g r re M er eu oi el gl ng ens d’États appartenant à l’Espace économique eu- es ue ob N an Ai Bl on er ra tt ue an G C es el n ni ve e um ng la H ap M ét tr ta ropéen (EEE) et à la Zone européenne de libre-échange re er Au Sa Fl Li in C C M pr de (ZELE) n’ont pas besoin de permis de séjour spécial ai fs fr eu à O n pour demeurer en Islande, mais ils doivent s’enregis- ie ég rv trer auprès de Registers Iceland (https://www.skra.is/ no Figure 5. Valeur totale (en milliers d’ISK) des g en english/individuals/). C’est là que se trouve l’information ar débarquements de poisson de capture de l’Islande H sur le séjour permanent des citoyens de l’EEE et/ou de la ZELE. Un ressortissant d’un pays hors de l’EEE et/ou de la ZELE qui compte séjourner en Islande pendant plus de trois mois doit posséder un permis de séjour valable (The Directorate of Immigration, 2018). 15 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
VISITES D’USINES Des visites sur le terrain ont été menées du 11 au 15 septembre 2017 dans trois régions : Reykjavik à l’ouest, Grin- davik au sud-ouest et Vestmannaeyjar au sud, dans les Westman Islands (Figure 6). Figure 6. Carte de l’Islande VOIR CETTE CARTE http://africatwin.com.pl/showthread.php?t=16182 16 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
HB GRANDI SITE WEB D’ENTREPRISE la production de produits de grande qualité à base de https://www.hbgrandi.com/ poisson sauvage pris dans les eaux islandaises; et au respect de l’environnement marin. Mais le facteur clé de réussite est, selon l’entreprise, l’engagement de ses HB Grandi hf. est une des plus importantes entreprises employés à produire des produits de qualité. de fruits de mer de l’Islande. Son siège social et ses principales installations de transformation se trouvent à HB Grandi a fait l’acquisition de trois nouveaux cha- Reykjavik. C’est une société intégrée verticalement dont lutiers de pêche fraîche construits en 2017, chacun les activités sont la pêche, la transformation et la com- d’eux étant doté de technologie embarquée de ma- mercialisation de poissons démersaux et pélagiques. nipulation automatisée du poisson et d’un système de La flottille de pêche et les usines de transformation de transformation plus automatisé installés par Skaginn HB Grandi emploient environ 800 personnes. En raison 3X, un fabricant islandais d’équipement de transforma- de pénuries de main-d’œuvre en Islande, la société tion du poisson. L’Engey Re 91 (Figure 7) est un des na- a recours à des travailleurs étrangers de 23 pays qui vires de pêche les plus perfectionnés en Islande. Il est habitent en permanence dans le pays. Le salaire men- doté de meilleures technologies de manipulation et de suel moyen d’un travailleur d’usine est de 4 250 CAD, transformation du poisson (p. ex., la technologie primée alors que les pêcheurs reçoivent un pourcentage de la SUB-CHILLING de Skaginn 3X), d’une nouvelle tech- valeur de la prise. nologie de photographie qui classe tous les poissons selon la taille et l’espèce, ce qui facilite une traçabilité HB Grandi exploite trois usines en Islande de même complète. que trois chalutiers-usines réfrigérés, quatre chalutiers de pêche fraîche et deux navires de pêche pélagique. https://www.seafoodsource.com/news/ La société a des quotas de 45 487 tonnes de poissons supply-trade/hb-grandi-trawler-eng- démersaux et de 112 157 tonnes de poissons pélagiques. Elle exploite aussi une usine de farine de poisson ainsi ey-equipped-with-skaginn-3x-process- que deux filiales, une pour la production de rogue et ing-technology l’autre pour la production de produits de la mer secon- En avril 2018, HB Grandi a conclu un marché avec Marel daires à valeur ajoutée (p. ex., plats de poisson préparé, pour l’installation d’un système FleXicut et d’emballe- terrines de poisson). uses-calibreuses à bord de son nouveau chalutier-con- gélateur. Selon la société, sa réussite tient à plusieurs facteurs, dont son accent sur les technologies avancées de pêche et de transformation (les navires et les usines https://marel.com/fish-processing/news/ étant dotés de technologies de transformation du pois- flexicut-marine-to-be-installed-aboard-hb- son issues des entreprises islandaises Skaginn 3X, Val- grandi/5474 ka et Marel); au développement continu de produits; à En mai 2014, HB Grandi a finalisé un investissement dans une portionneuse de marque Revo de Marel, dont la société faisait l’essai à son usine de transformation de poissons démersaux de Reykjavik. https://www.seafoodsource.com/news/ supply-trade/hb-grandi-trawler-eng- ey-equipped-with-skaginn-3x-process- ing-technology Figure 7. Un des plus récents navires de pêche de HB Grandi, le Engey RE91, construit en 2017 17 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
VISIR SITE WEB D’ENTREPRISE http://www.visirhf.is/is/um-visi/english Vísir est une société de pêche expérimentée et innova- actuellement à fabriquer une boisson santé, de la « li- trice qui exploite exclusivement cinq palangriers et un monade à base de collagène marin » (Figure 9), conçue établissement de transformation ultramoderne à Grin- en collaboration avec le groupe Iceland Ocean Cluster. davik, ayant une capacité de production journalière de 100 tonnes de morue. La société traite 60 tonnes de morue fraiche et 15 tonnes de morue salée par jour (soit de 35 à 40 tonnes de poids humide). La chaîne de transformation du poisson frais (Figure 8) emploie 60 personnes par quart de travail et est dotée d’équipe- ment automatique d’étêtage, de filetage, d’épiautage et de portionnage (système Flexicut de Marel), ainsi que de robots d’encaissage pour le déchargement des bacs pour poissons et la palettisation de fin de ligne. Son installation de pointe est de conception novatrice purement islandaise. Visir a collaboré avec de nom- breuses sociétés de haute technologie et organisations de recherche islandaises (telles de MATIS), qui sont à l’avant-garde du développement et de la fabrication d’équipement de pêche de calibre mondial. Visir a comme philosophie d’utiliser au maximum la to- talité de ses prises, et d’extraire la plus grande valeur Figure 9. Limonade à base de collagène marin des ressources océaniques. Les têtes et les carcasses sont rassemblées et vendues à Haustak, un établisse- ment de séchage de poisson de Grindavik apparte- nent en copropriété à Visir. Visir est également copro- priétaire de Codland, qui érige une usine de collagène à proximité de l’usine de séchage de Grindavik. Visir fournira des peaux de poisson à Codland qui en ex- traira du collagène. Les extraits de collagène servant Figure 8.Usine de transformation de morue Visir dotée d’équi- pement de transformation du poisson Baader et Marel 18 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
THORFISH SITE WEB D’ENTREPRISE http://www.thorfish.is/ Thorfish est une société de transformation de poisson intégrée verticalement de taille moyenne de Grinda- vik, une petite ville de pêche de la péninsule sud de l’Islande. Thorfish transforme essentiellement des es- pèces de poisson démersal et de poisson pélagique. La société possède quatre palangriers et trois cha- lutiers-congélateurs. Thorfish a également créé plusieurs filiales, dont : EHF – un service de fournitures de pêche issu de la fusion du service d’engins de pêche de Thorfish et de SH Haustak – la plus importante sécherie de l’Islande Salt Refinery – exploitée par Haustak, qui reçoit du sel usé issu des procédés de transformation de morue de Thorfish Ltd. Le sel est raffiné et ven- du pour être réutilisé dans des applications telles que le sel de voirie Codland – Société de R&D qui cherche à améliorer la transformation du poisson et l’utilisation des matières premières. L’organisation met l’accent sur la produc- tion du poisson salé frais, mais elle produit également du poisson démersal frais et surgelé ainsi que des es- pèces pélagiques. La production journalière s’élève en moyenne à 40 tonnes de morue salée (produite à partir de 100 tonnes de poisson frais) et la société emploie quelque 45 personnes. L’installation est très automatisée et est dotée d’équipement automatique d’étêtage, de filetage, de saumurage par injection, de remplissage/superposition et d’extraction de protéines. Certaines opérations se font manuellemment, tels que l’ablation de la langue de morue, l’inspection et le par- age. Tous les sous-produits sont ramassés et vendus. Les têtes et les carcasses sont vendues à Haustak qui les sèche, alors que les vessies natatoires sont em- ballées et surgelées pour les marchés asiatiques. Les peaux sont rassemblées et fournies à Codland pour l’extraction de collagène. 19 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
HAUSTAK SITE WEB D’ENTREPRISE http://www.haustak.is/ Haustak est une usine de transformation très unique (Figure 10). Située à Grindavik, cette usine se spécialise dans les sous-produits de poisson séché. Elle appartient à deux transformateurs de poisson locaux, à savoir Vi- sir et Thorfish, qui fournissent des têtes fraîches et des carcasses. Visir et Thorfish ont créé Haustak pour traiter spécifiquement leurs sous-produits de poisson. Les principaux produits sont les têtes et les carcasses séchées qui sont un produit créneau spécifique destiné à une importante tribu locale du Nigéria. La compagnie fonctionne toute l’année et emploie environ 50 personnes. Elle produit 15 000 tonnes de sous-produits de poisson séché par année (rendement approximatif de 20 %) à partir de 75 000 tonnes de sous-produits de poisson frais. Figure 10. Sécherie Haustak à Figure 11. Vapeur d’une centrale Figure 12. Pesage et ensachage Grindavik, Islande géothermique de Grindavik qui de produits de poisson séché fournit de l’énergie à la sécherie chez Haustak Haustak tire parti de l’énergie thermique produite par une centrale géothermique avoisinante (Figure 11) pour faire fonctionner sa technologie spécialisée de séchage multi-étapes. Les têtes et les carcasses sont triées et dis- posées manuellement sur des cadres de séchage, et sont ensuite chargées par des robots d’encaissage sur un convoyeur qui les dépose dans une chambre de pré-séchage, où les têtes et les carcasses demeurent durant cinq à sept jours. Les cadres de têtes et de carcasses séchées sont ensuite transportées dans une salle post-séchage pour continuer le séchage. Lorsque le séchage est terminé, les robots d’encaissage déposent les produits de poisson séché dans de grands bacs (à poisson) et entassent les cadres vides. Des chariots élévateurs à fourches sont utilisés pour transporter les bacs dans l’aire d’emballage/ensachage, où les sous-produits sont emballés dans des sacs de jute écologiques à l’aide d’un système de pesage / d’ensachage automatisé (Figure 12). Une fois remplis, les sacs sont chargés dans un conteneur d’expédition hygiénique par des chariots élévateurs à fourches spéciaux qui les entassent en rangées de six sacs. 20 © Compétences Transformation Alimentaire Canada
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