LA DÉFLATION MENACE-T-ELLE DANS LA ZONE EURO ?
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ZONE EURO PRIX À LA CONSOMMATION Indice général et inflation sous-jacente 5 variation sur 12 mois en % 4 3 Indice général 2 1 Indice hors alimentation et énergie 0 -1 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Source : Eurostat
ZONE EURO Le glissement annuel des prix à la consommation, qui ressortait à 3 % à l’automne 2011, n’a cessé de se replier depuis deux ans, pour s’établir à 0,5 % en mars 2014 avant de remonter à 0,7 % en avril. Une inflation plus faible avait été observée en 2009 mais c’était alors en répercussion de la chute des cours du pétrole, revenus vers 40 $ par baril en regard d’une pointe de 140 $ en juillet 2008. Cette fois, la désinflation est davantage liée à la modération de l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation), qui semble s’installer durablement aux environs de 1 % l’an.
ZONE EURO PRIX À LA CONSOMMATION Principaux postes 3.00 20 variation sur 12 mois en % 2.50 15 Services Énergie 2.00 10 1.50 5 1.00 0 Produits alimentaires 0.50 -5 et tabac 0 -10 Produits Industriels non énergétiques -0.50 -15 08 09 10 11 12 13 14 08 09 10 11 12 13 14 Source : Eurostat
ZONE EURO De fait, on observe une décélération sensible de la hausse des prix dans l’industrie et les services. La hausse des prix industriels est tombée à 0,1 % en avril. Dans le secteur tertiaire, le glissement connaît de fortes fluctuations, mais ressort en moyenne vers 1,3 %. Dans la période récente, les prix de l’énergie et de l’alimentation contribuent à la désinflation dans une proportion modeste. Les prix énergétiques baissent légèrement, tandis que les prix alimentaires augmentent de 0,7 % sur douze mois, ce qui n’est pas une situation inédite.
ZONE EURO PRIX À LA CONSOMMATION Glissement annuel en mars 2014 1.50 variation en % France 1.00 0.50 0,00 -0.50 -1.00 -1.50 Source : Eurostat
ZONE EURO La publication des chiffres de l’inflation par pays est décalée d’un mois. L’inflation moyenne de 0,5 % observée en mars dans la zone euro recouvrait des situations très contrastées selon les économies. Dans trois pays, la hausse des prix atteint 1,3-1,4 %. Six économies, dont l’Allemagne et la France, se situent entre 0,6 et 0,9 %. Trois pays, dont l’Italie, observent une hausse des prix de 0,3 %, donc pratiquement nulle. Les Pays-Bas se situent à 0,1 %. Cinq économies connaissent donc une inflation négative. Il s’en faut de peu en Espagne et en Slovaquie (- 0,2 %), ainsi qu’au Portugal (- 0,4 %). En revanche, les replis sont significatifs à Chypre (- 0,9 %) et surtout en Grèce (- 1,5 %).
ZONE EURO PRIX À LA CONSOMMATION Europe du Sud, Irlande, France 6 4.00 variation sur 12 mois en % 5 3.50 4 3.00 Portugal 3 2.50 2 2.00 Irlande France 1 1.50 0 1.00 -1 0.50 Grèce Italie -2 0 Espagne -3 -0.50 2011 2012 2013 2014 2011 2012 2013 2014 Source : Eurostat
ZONE EURO La Grèce connaît une véritable déflation, puisque la baisse des prix date du début 2013, avec même une pointe à près de - 3 % à la fin 2013. Le passage en territoire négatif est plus récent au Portugal et en Espagne, mais la vitesse impressionnante de la décélération suscite de légitimes inquiétudes. Le ralentissement observé en Italie paraît suivre avec retard les évolutions espagnole et portugaise. En revanche, l’Irlande qui avait connu fugitivement une inflation zéro, retrouve une légère croissance de ses prix. Les prévisions des économistes ne vont pas dans le sens d’une déflation, bien au contraire. Ainsi le consensus pour 2014 envisage une hausse de 0,9 % des prix italiens et 0,5 % des prix espagnols. En France, en revanche, la désinflation semble s’être arrêtée vers 0,7-0,8 %. Notre prévision pour 2014 se situe dans cette zone.
ZONE EURO PRIX À LA PRODUCTION ET COÛTS Prix à la production sur le marché intérieur Coûts salariaux horaires dans l’industrie manufacturière 5 6 variation sur un an en % 4 5 3 2 4 1 Coûts salariaux 0 3 -1 2 -2 -3 Charges 1 -4 Salaires -5 0 08 09 10 11 12 13 14 08 09 10 11 12 13 14 Source : Eurostat
ZONE EURO Les prix à la production sont susceptibles de fournir une tendance sur l’orientation ultérieure des prix à la consommation. Leur glissement sur un an, qui était monté à 4,5 % début 2011, est passé en territoire négatif depuis l’automne 2013. En février, leur recul atteignait 0,5 %. Ces prix à la production sont d’abord influencés par les coûts internes. Leur progression, remontée à 3 % en 2011 dans l’industrie manufacturière, vient de passer sous la barre des 2 %. Ce repli vient pour beaucoup de la décélération des charges annexes aux salaires, qui ne progressent plus que de 0,5 % sur un an. Les charges baissent de 2,5 % en Espagne, de 2,9 % en France (Eurostat intègre l’effet CICE dès début 2013) et de 4,2 % au Portugal. L’augmentation des salaires reste légèrement supérieure à 2 %.
MONDE MARCHÉS MONDIAUX Cours des matières premières en dollars Cours de l’euro 250 1.65 début 2008 = 100 1€=…$ 1.60 Produits agricoles non alimentaires 1.55 200 1.50 Matières premières Pétrole alimentaires 1.45 150 1.40 1.35 100 1.30 Métaux 1.25 non ferreux 50 1.20 30 1.15 08 09 10 11 12 13 14 08 09 10 11 12 13 14 Sources : The Economist, Thomson Reuters Datastream
MONDE Les prix à la production sont également liés à l’évolution des cours mondiaux des matières premières. Après d’amples fluctuations (chute en 2008, puis rebond) jusqu’en 2011, les variations en dollars ont été contenues ces trois dernières années, avec une légère orientation baissière. Cette influence désinflationniste a été accentuée depuis l’été 2012 par l’appréciation régulière de l’euro par rapport à la devise américaine. L’euro se situe désormais à proximité de 1,40 $ en regard d’une moyenne annuelle de 1,28 en 2012.
La zone euro connaît une sensible désinflation, qui confine à la baisse des prix dans quelques pays. Le risque d’une vraie déflation (baisse des prix et des salaires nominaux, activité au mieux stagnante) paraît écartée par le soutien aux cours des matières premières exercé par une croissance mondiale égale ou supérieure à 3 %. La désinflation elle-même est dangereuse, car elle freine le nécessaire désendettement des agents économiques : État mais aussi ménages et entreprises. La BCE est consciente que la force de l’euro favorise la faible inflation. Elle pourrait donc agir en fonction de cette crainte, alors qu’elle refusait jusqu’à présent d’intervenir en faveur des activités exportatrices.
Les séries statistiques sont issues de la banque de données Thomson Reuters Datastream.
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