LA MER DU NORD BELGE Biodiversité et Natura 2000 dans la partie belge de la mer du Nord - Vlaams Instituut voor de Zee
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LA MER DU NORD BELGE UNE EAU VIVE ! Biodiversité et Natura 2000 dans la partie belge de la mer du Nord
PRÉFACE Chez beaucoup de gens, le terme « nature » évoque l’image de forêts, de bruyères, de prairies pleines de fleurs et autres paysages terrestres, mais on ne parle jamais de « paysage marin » - le mot existe pourtant, non ? Pour la plupart, la nature en mer ou dans les océans, ce sont des récifs tropicaux peuplés de poissons bigarrés ou de grands cétacés, pas vraiment quelque chose qu’on associe à la partie belge de la mer du Nord. La règle ici est on ne peut plus claire : on n’aime que ce qu’on connaît. Pourtant, les mers et océans sont le berceau de la vie, ils couvrent plus de 70 % de la surface terrestre, et il serait préférable de parler de la planète « mer » que de la planète « terre ». Et bien que la partie belge de la mer du Nord ne représente qu’une tête d’épingle par rapport à la superficie totale des mers du globe, cette petite zone abrite néanmoins une grande diversité : nos bancs de sable peu profonds sont caractérisés par une faune riche et unique. Mais notre zone côtière est densément peuplée et la partie belge de la mer du Nord est l’une des mers les plus fréquentées au monde. Ceci n’est pas sans conséquence pour le milieu marin. Malgré une amélioration perceptible ces dernières années de la pollution par les hydrocarbures et des métaux lourds, la pression sur tout ce qui vit dans la mer reste élevée et une grande part de la biodiversité marine dans la partie belge de la mer du Nord a déjà disparu. C’est pourquoi nous voulons par la présente brochure vous informer de l’importance de la mer du Nord pour la biodiversité marine et pour la politique actuelle. Récemment, un tiers de notre Mer du Nord a été désigné comme zone nécessitant d’être protégée. Je travaille intensément à développer ces mesures de protection. Il est notamment nécessaire de dresser l’inventaire des activités qui génèrent des pressions et de les éliminer progressivement afin que les générations futures puissent elles aussi continuer à profiter de la mer. J’examine en même temps comment mener une politique proactive pour donner un coup de pouce à la vie en mer. Je pense par exemple à l’aménagement d’habitats (comme les récifs), le retour de l’huître européenne dans nos eaux marines et la désignation de zones de repos et de chasse pour les phoques et les marsouins. L’avenir nous rendra au centuple l’énergie que nous investissons maintenant dans la mer. Johan Vande Lanotte Ministre de la mer du Nord
SOMMAIRE 1. LA MER DU NORD ET SA BIODIVERSITÉ 5 5 La partie belge de la mer du Nord en quelques mots 7 La biodiversité de la partie belge de la mer du Nord 13 Un déferlement de produits et de services 17 Sale temps pour la mer et sa biodiversité 2. CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ DANS LA PARTIE BELGE DE LA MER DU NORD 19 19 Conservation de la biodiversité marine 23 La directive « Oiseaux », la directive « Habitats » et Natura 2000 27 Natura 2000 dans la partie belge de la mer du Nord... et un petit plus 29 Mesures en faveur des aires protégées 30 Un coup d’œil chez nos voisins 31 Habitats protégés Natura 2000 dans la partie belge de la mer du Nord 33 Espèces protégées Natura 2000 dans la partie belge de la mer du Nord 3. CONCLUSION 34 4. FAITES-VOUS CAUSE COMMUNE AVEC LA MER ? 35 5. CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES 36 6. POUR PLUS D’INFORMATION 39 7. QUELQUES DÉFINITIONS 40
1 LA MER DU NORD ET SA BIODIVERSITÉ LA PARTIE BELGE DE LA MER DU NORD EN QUELQUES MOTS La mer du Nord est circonscrite par la Norvège, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, la France et la Grande-Bretagne. Au nord, elle rejoint l’océan Atlantique, au sud la Manche et à l’est la mer Baltique. La mer du Nord animaux qui vivent sur et entre couvre un volume de quelque 94 000 km² et une superficie les bancs de sable constituent d’environ 750 000 km², soit près de 0,2 % de la superficie une importante source de totale des eaux de la planète. nourriture pour les oiseaux, les poissons et les mammifères marins. En outre, notre zone côtière est un lieu de reproduc- La partie belge de la mer du Nord couvre tion idéal pour bon nombre d’espèces de environ 3 454 km², ce que l’on peut poissons et d’invertébrés. comparer à la superficie de la Flandre Près de la côte belge, le courant est paral- occidentale. C’est pourquoi cette partie lèle à celle-ci. Plus on s’éloigne en haute est aussi appelée notre onzième province. mer, plus les courants prennent une direc- Nos eaux marines couvrent quelque 0,5 % tion SO-NE. La partie belge de la mer du de la superficie totale de la mer du Nord. Nord étant en quelque sorte en entonnoir Elles englobent la mer territoriale, une entre les côtes britanniques, françaises bande de 12 milles nautiques, soit un peu et belges, la dérive nord-atlantique, qui plus de 22 km, devant la côte et la zone prolonge le Gulf Stream, est à l’origine de économique exclusive (ZEE ou plateau fortes marées. La différence de hauteur continental). Dans cette ZEE, notre pays entre marée haute et marée basse est de peut excercer certains droits en matière 3 à 5 m en fonction du moment. d’extraction de matières premières, de production d’énergie, de conservation de L’estuaire* de l’Escaut déverse ses eaux à la nature, de recherche scientifique, etc. l’est de la partie belge de la mer du Nord. L’Escaut véhicule des substances nutritives La mer baignant notre côte longue de supplémentaires, de l’eau douce et des 65 km est peu profonde : en moyenne boues. L’eau riche en nourriture assure 20 m avec un maximum de 46 m. On y une production primaire accrue avec la trouve des bancs de sable plus ou moins formation d’un plancton abondant. À parallèles au littoral. Les Bancs Hinder cet endroit, il y a également un échange sont les plus éloignés de la côte et donc intense de poissons et de crustacés entre les plus profonds. Les Bancs côtiers, le fleuve et la mer peu profonde. Grâce les Bancs des Flandres et les Bancs de à la boue dont la taille du grain est plus Zélande sont les plus proches du littoral et fine, d’autres animaux terricoles peuvent les moins profonds. Lors de marées basses y vivre. Plus vers l’ouest, l’influence de extrêmes, quelques sommets de ces bancs l’eau douce et de l’eau riche en nourriture s’assèchent même. diminue et la taille du grain de sédiment* La partie belge de la mer du Nord peut augmente, ce qui fournit à nouveau Les termes désignés par un * dans être comparée à un paysage sous-marin des conditions optimales pour d’autres le présent texte et les suivants sont définis à la p. 40. légèrement vallonné. Les nombreux animaux et algues. la mer du nord et sa biodiversité 5
Les différences de relief combinées à des Au fil des années, ces épaves ont elles modes de courants ont pour résultat un aussi été entièrement accaparées par des gradient* de types de sédiments allant de organismes. la boue très fine au sable grossier. Des sédiments plus grossiers se déposent Tous ces facteurs combinés font que la en général aux endroits caractérisés par partie belge de la mer du Nord, aussi un fort courant ou un important travail petite soit-elle comparée à d’autres mers des vagues. Les sédiments plus fins se et océans, est particulière et héberge une présentent là où le courant et le travail des grande variété d’animaux et de plantes. vagues sont plus faibles. Cette diversité d’habitats* est encore plus Mais, la partie belge de la mer du Nord marquée par la présence de lits de gravier subit une forte pression due aux activités et par les structures en dur construites humaines. La mer du Nord méridionale, 2°0’0’’ 4°0’0’’E par l’homme, telles que les infrastructures à laquelle appartient la partie belge, est portuaires, les épis*, les bouées, les avec la Manche contiguë, la région du 52°0’0’’N 52°0’0’’N socles d’éoliennes, etc. Elles accueillent monde où la navigation est la plus dense. des organismes qui ne peuvent pas s’ac- À cela s’ajoutent la pêche, les activités climater aussi facilement ailleurs. Savez- portuaires, les parcs éoliens, l’exploita- vous du reste que plus de 200 épaves de tion du sable et du gravier, les travaux navires sont échouées sur le sol de notre de dragage, les opérations militaires, les mer du Nord ? activités récréatives, etc. 50°0’0’’N 50°0’0’’N 2°0’0’’ 2°0’0’’ 0°0’0’’ 4°0’0’’E 4°0’0’’E 4°0’0’’E 52°0’0’’N 52°0’0’’N 52°0’0’’N 52°0’0’’N 50°0’0’’N 50°0’0’’N 50°0’0’’N 50°0’0’’N 0°0’0’’ 0°0’0’’ 4°0’0’’E 4°0’0’’E Bancs du Large Bancs côtiers Bancs des Flandres emijl Bancs de Zélande limite 12 milles Limiet Limiet12 12zeemijl zeemijl nautiques espaces marins belges: 0 5 10 20 espaces espacesmarins mer territoriale marinsbelges: belges: 00 55 10 10 zeemijl 20 20 zeemijl zeemijl zone économique exclusive 6 la mer du nord et sa biodiversité
LA BIODIVERSITÉ DE LA PARTIE BELGE DE LA MER DU NORD « Biodiversité » est la contraction des Toutes ces espèces sont reliées entre elles mots « biologique » et « diversité ». Il dans le réseau alimentaire marin, un réseau de s’agit donc de la diversité des orga- proies et de prédateurs. La base de ce réseau nismes vivants : les animaux, les plantes, est constituée par les bactéries et les virus. les champignons et les micro-organismes Leur importance a longtemps été sous-es- ou, en d’autres termes, de l’ensemble de timée, mais ils s’affirment par leur présence la vie sur terre. massive : une cuillérée d’eau de mer contient La biodiversité est souvent considérée à jusqu’à 1 million de bactéries et 10 millions de trois niveaux : virus. Ils dégradent les matières organiques en éléments, les rendant ainsi disponibles pour La diversité des espèces : être assimilées par les plantes et les animaux. la diversité de toutes les espèces de plantes, Les sacrophages comme les crabes jouent à d’animaux, de champignons et de micro- cet égard un rôle important. organismes, par exemple toutes les espèces d’oiseaux, de poissons ou d’algues. La base du réseau alimentaire marin est éga- lement constituée par plus de 500 espèces de La diversité génétique : plancton, ces minuscules organismes qui se la diversité des gènes dans les plantes, les laissent dériver passivement dans l’eau. Selon animaux, les champignons et les micro-orga- qu’il s’agit de plantes ou d’animaux, on parle nismes. Ainsi, une quinzaine de populations de phytoplancton ou de zooplancton. Cer- de cabillauds génétiquement différentes est taines espèces, surtout les plus petites, en font présente dans l’océan Atlantique, souvent géo- partie durant toute leur existence. D’autres, graphiquement séparées les unes des autres. comme certains poissons et crustacés, n’y La diversité des écosystèmes : séjournent qu’au cours des premiers stades de la diversité de toutes les communautés vi- leur cycle de vie. vantes qui existent sur terre, comme les forêts, Les diatomées et les cyanobactéries* sont les déserts, les marais, les rivières, les mers et des exemples de phytoplancton. Les rotifères, océans, les montagnes, mais aussi l’environ- ainsi appelés en raison de la couronne de cils nement rural ou urbain. Un écosystème est autour de leur bouche, les amphipodes et les l’ensemble des espèces avec l’habitat où elles méduses sont des exemples de zooplancton. sont présentes. Le zooplancton se nourrit du phytoplancton avec lequel il constitue le menu des poissons La combinaison des nombreux bancs de sable, et autres animaux. Lorsqu’ils meurent, le phy- du courant, des fortes marées, du gradient* toplancton et le zooplancton se déposent sur alimentaire avec un pic à l’embouchure de le sol où ils deviennent une importante source l’Escaut et une baisse orientée sud-ouest, les alimentaire pour les organismes vivant au sol, variations du type de sédiment* et la variété appelés également le benthos*. Le plancton des sous-sols durs et tendres font que la partie vivant est lui aussi une proie pour les animaux belge de la mer du Nord héberge une riche du sol. biodiversité constituée de milliers d’espèces de plantes, d’animaux et de micro-organismes. la mer du nord et sa biodiversité 7
Faune du sol Le benthos se subdivise selon l’endroit où Les sols mous où les lanices sont présents les organismes sont présents et selon leur en grand nombre constituent un habitat* taille. important pour la biodiversité marine. Le lanice est un polychète qui construit un long Le méiobenthos est constitué d’orga- tube. Aux endroits où ce ver est présent nismes de taille inférieure à 1 mm qui en populations denses, le nombre total vivent dans le sol. Les amphipodes et les d’espèces animales est de quatre à six fois nématodes en sont des exemples. Ces plus élevé qu’ailleurs. Le nombre d’orga- groupes sont très divers et présents en nismes y est même jusqu’à 34 fois plus élevé très grandes densités. qu’ailleurs. Cela s’explique par le fait que le lanice augmente la quantité d’oxygène dans La variante plus grande de cette catégorie le sol, dégrade les matières organiques et est le macrobenthos. Celui-ci contient retient les sédiments. Il crée des conditions entre autres les polychètes, les crusta- favorables pour les espèces à longue durée cés et les coquillages les plus connus. de vie qui subissent une forte pression en Les différences entre le macrobenthos mer du Nord, raison pour laquelle on n’hésite des substrats* tendres et durs sont bien pas à l’appeler un ingénieur écosystème. entendu importantes. On trouve de riches communautés dans les chenaux et sur les flancs des bancs de sable. Les animaux qui vivent sur le sol – l’épi- Par ailleurs, cet habitat s’avère important benthos – sont les plus connus : ce sont pour les poissons plats et les oiseaux. Il est les crevettes grises, les étoiles de mer, les clair que ces bancs de lanices hébergent une oursins et certaines espèces de poissons. riche biodiversité. Dans nos eaux marines, on Les bernard-l’hermite, les escargots et les trouve ces bancs le long du littoral occidental ophiures appartiennent à cette catégorie. et un peu plus loin en mer dans la partie orientale. Enfin, il y a aussi les animaux qui vivent juste au-dessus de l’eau, l’hyperbenthos. Outre le substrat principalement tendre du Les larves de poissons, les amphipodes et sol marin, des lits de graviers sont également les cumacés sont une importante source présents dans les chenaux entre les bancs de nourriture pour les poissons qui vivent de sable. Des données historiques montrent près du sol. Leur diversité augmente avec que ces lits de graviers hébergeaient autre- la profondeur. fois des bancs d’huîtres plates indigènes, sur lesquelles vivaient de nombreuses autres espèces. Les lits de graviers constituaient des hauts lieux de biodiversité dans la partie 8 la mer du nord et sa biodiversité
belge de la mer du Nord. Le hareng utili- en l’occurrence très probablement de D’autres espèces, telles que la seiche sait ces zones pour déposer ses œufs. refuges qui, en raison de leur situa- commune, la petite roussette et Une étude récente montre que la tion, sont d’un accès difficile pour les d’autres espèces de requins, fixent composition des espèces de ces lits activités humaines. On y a découvert leurs pontes à des éponges, des de graviers s’est fortement modifiée : des espèces uniques pour nos eaux bryozoaires et des colonies de polypes l’huître plate a pratiquement disparu marines comme le troque-jujube et des hydroïdes*. de la mer du Nord méridionale et les espèces qui perforent la pierre et vivent espèces à longue durée de vie qui se dans des cavités, telles que la moule Les épaves de bateaux coulés, elles reproduisent lentement, telles que le perforante et le mollusque Gastro- aussi, se révèlent être des oasis de buccin, ont laissé la place aux espèces chaena dubia. structures dures très riches en espèces. opportunistes à courte durée de vie Lors d’une récente étude de dix épaves comme l’étoile de mer. Les lits de graviers ont une fonction de navires dans la partie belge de la importante comme lieu de nidification mer du Nord, plus de 200 espèces Malgré les changements, on a trouvé à et de reproduction pour les espèces d’animaux ont été observées, dont 46 différents endroits des lits de graviers mises sous pression par la pêche. Ils n’avaient pas encore été rencontrées au- auxquels sont attachés des éponges sont importants pour des espèces paravant dans nos eaux marines. Outre et des bryozoaires qui à leur tour qui ont besoin d’un substrat dur pour les bancs de sable, les lits de graviers hébergent une faune de nudibranches, pondre leurs œufs (entre autres le et les épaves sont donc des habitats des petits crustacés et des vers. Il s’agit buccin, la seiche marine, les nasses). importants pour la biodiversité marine. la mer du nord et sa biodiversité 9
Vie aquatique En raison de ses nombreux bancs de sable La partie belge de la mer du Nord constitue et des abris qu’ils offrent, la partie belge de une région très importante pour ces oiseaux la mer du Nord constitue une pouponnière en quête de nourriture qui viennent s’y pour de nombreuses espèces de poissons reposer avant de migrer vers des régions et de coquillages. 140 espèces de poissons plus lointaines. sont présentes dans les eaux marines Il est intéressant de signaler à cet égard que belges. Certaines espèces de raies et de trois espèces de sternes, la sterne pierrega- requins ont toutefois presque disparu de rin, la sterne caugek et la sterne naine, qui nos eaux et quelques autres espèces de couvent dans l’avant-port de Zeebruges, poissons sont (fortement) menacées. sont en nombre important sur le plan in- La majeure partie de notre ichtyofaune ternational. En hiver, les sternes échangent marine est constituée d’espèces qui vivent à nos contrées contre l’Afrique au climat plus proximité du sol. Les poissons plats, comme chaud. Mais, alors, les bancs de sable peu la sole, le flet, la plie, le turbot et la limande profonds de nos eaux côtières constituent en sont de parfaits exemples. D’autres pois- un territoire riche en nourriture entre autres sons de fond sont entre autres le goujon et pour la macreuse noire, le grèbe huppé et le serpent de mer. quelques espèces de mouettes. L’hippocampe, une espèce insolite et ap- Pour certains oiseaux marins, une eau de parentée à l’aiguille de mer, redevient plus mer plus limpide est importante pour leur fréquent dans les eaux belges. Le hareng, permettre d’attraper des proies. Cela est le sprat et le maquereau sont des exemples possible plus loin en mer, là où l’eau est de poissons qui fréquentent surtout les moins trouble. Le guillemot de Troï, le petit colonnes d’eau. pingouin et le fou de Bassan y plongent à la Grâce à la faune riche et diverse en pois- poursuite de leurs proies. Le plongeon cat- sons, coquillages et crustacés, nos eaux marin, la mouette pygmée et la mouette tri- côtières accueillent également d’innom- dactyle savent eux aussi apprécier les riches brables oiseaux marins qui y trouvent une ressources des bancs de sable. Encore plus nourriture abondante. Une étude montre loin en mer, on trouve des espèces telles que quelque 60 espèces d’oiseaux marins que le pétrel fulmar et le grand labbe. sont présentes dans la partie belge de la mer du Nord. Les mammifères marins paraissent actuellement être en nombre croissant dans En automne, plus d’un million d’oiseaux la partie belge de la mer du Nord. C’est marins migrent vers des régions plus certainement le cas du marsouin commun, chaudes en passant par l’entonnoir que un petit cétacé et le mammifère marin le forme la partie de la mer du Nord méridio- plus commun chez nous. Cela s’explique nale. probablement par un déplacement de leurs populations vers nos contrées. 10 la mer du nord et sa biodiversité
Depuis quelques années, on observe à Le mammifère marin de loin le plus menacée par la pollution, les pertur- nouveau des femelles avec leurs jeunes connu chez nous est le phoque bations et le piégeage dans des filets devant nos côtes. Ce petit cétacé, commun. Ce nageur d’exception peut emmêlants. d’1,5 m de long, chasse en utilisant atteindre près de 2 m de long. On a son sonar. Aussi, les perturbations le plus de chances de le voir devant Il y a aussi le grand dauphin qui acoustiques sont-elles un problème Coxyde, à l’embouchure de l’Yzer et jusqu’au milieu du siècle dernier était pour cette espèce, au même titre que la près de Zeebruges. Malgré son aug- fréquent en mer du Nord méridionale. pollution et le piégeage dans des filets. mentation depuis quelques décennies, Sa présence actuellement se fait rare. l’espèce est toujours menacée par la Ce dauphin est menacé par la pollution, Le dauphin à nez blanc se rencontre en pollution, les perturbations, les filets les prises accessoires, les perturbations général plus loin du rivage, par exemple emmêlants et dérivants, et le virus du acoustiques et autres. au voisinage des Bancs Hinder. Cette phoque. Aucune colonie de phoques L’un ou l’autre cachalot ou un autre espèce de dauphin peut atteindre 3 m ne se trouve en Belgique, car il n’y a pas grand cétacé originaire de l’océan de long et s’approche souvent des na- assez de calme sur les plages. Atlantique musardent sporadiquement vires. La pollution et le piégeage dans jusque dans nos eaux. Pour bon nombre des filets emmêlants constituent les Le quatrième mammifère marin présent de ces espèces, notre mer peu profonde principales menaces pour le dauphin à régulièrement dans nos eaux est le ne convient toutefois pas comme habi- nez blanc. phoque gris. Cette espèce peut mesurer tat, ce qui conduit de temps en temps à jusqu’à 2,5 m de long et est gravement des échouages d’animaux affaiblis. Ascidies Diversité en espèces de quelques Rotifères groupes d’animaux et d’algues dans Algues brunes la partie belge de la mer du Nord Échinodermes (source : VLIZ). Éponges Algues rouges Algues vertes Autres groupes de vers Cnidaires et cténaires Mollusques Bryozoaires Plathelminthes Annélides Vertébrés Nématodes Arthropodes Nombre d’espèces 0 200 400 600
Nouveaux résidents Tout qui se promène sur la plage ne peut Le réchauffement climatique déplace vers passer à côté des nombreuses coquilles le Nord l’aire de répartition d’espèces de couteaux américains rejetés sur le vivant plus au Sud. Ainsi, des animaux et rivage. Depuis 1987, cette espèce exotique des plantes qui n’étaient pas présents au- colonise à grande vitesse nos eaux trefois parce qu’il y faisait « trop froid » ap- côtières au point d’être plus fréquente que paraissent devant nos côtes. Une balane les espèces indigènes. D’autres exemples méridionale (Balanus amphitrite) en est d’espèces exogènes* présentes en une exemple. Cette espèce est apparue nombre sont l’anémone, originaire de la récemment dans la partie belge de la mer côte asiatique, la crépidule d’Amérique du du Nord, et se fixe sur les bouées et autres Nord et l’huître japonaise désormais plus structures en dur comme les socles des nombreuse que l’huître plate indigène éoliennes. Le changement de température en voie de disparition. Ces espèces sont de l’eau et le déplacement de l’aire de ré- arrivées chez nous comme passagères partition des animaux et plantes peuvent clandestines dans l’eau de ballast des conduire à des perturbations des relations navires ou en se laissant embarquer sur écologiques entre les espèces et avoir une leurs coques. Il s’agit d’espèces oppor- influence sur le réseau alimentaire marin. tunistes qui ont pu s’établir dans la zone côtière souvent perturbée de la mer du Nord et qui constituent maintenant une composante essentielle de notre biodiver- sité marine. 12 la mer du nord et sa biodiversité
UN DÉFERLEMENT DE PRODUITS ET DE SERVICES Les écosystèmes* côtiers et marins ap- buccin et le crabe de la mer du Nord. partiennent aux écosystèmes les plus Notre littoral est presque entièrement oc- productifs au monde. La mer du Nord cupé par des zones de loisirs et portuaires. et sa biodiversité nous fournissent une Aucune place donc pour l’élevage des foule de services. Ces services sont moules. Celui-ci est par contre autorisé souvent répartis en services d’approvi- au large de la partie belge de la mer du sionnement, de régulation, culturels et Nord, où quatre moulières sont délimitées. de soutien. Les moules pourraient y être élevées par la technique de la culture suspendue. Les Les services d’approvisionnement sont coquillages y croissent sur des cordes qui les produits qui sont obtenus des éco- pendent sous des bouées flottant dans systèmes. Les produits de la mer les plus l’eau. Cette technique présente quelques évidents sont bien entendu les poissons, avantages : les prédateurs, tels que les les crustacés et les coquillages. En 2010, crabes, les astéries et les oiseaux, ont un total de 13 544 tonnes de poissons moins facilement accès aux moules. et de 2 003 tonnes de crustacés et de Constamment immergées, ces choses coquillages ont été débarquées et vendues exquises peuvent filtrer tout le temps la pour les ports d’Ostende, de Zeebruges et nourriture de l’eau, ce qui favorise leur de Nieuwport ensemble. Il va de soi qu’une croissance plus rapide. Des expériences partie de ce total a été capturée en dehors montrent qu’une bonne production est de la partie belge de la mer du Nord. Les possible, jusqu’à 15 kg de moules par poissons débarqués avaient une valeur mètre de corde. Toutefois, aucune moule totale de plus de 60 millions d’euros. n’est élevée pour le moment dans la partie La vente des crustacés et coquillages a belge de la mer du Nord. À l’avenir, des rapporté 4,4 millions d’euros. Les produits expériences seront également envisagées rapportés de la pêche ont donc eu une va- avec d’autres coquillages, tels que l’huître leur totale de près de 65 millions d’euros. plate et la coquille Saint-Jacques. Pour les espèces de poissons, la première D’autres produits de la mer sont les place au classement des captures les plus couteaux, les étoiles de mer, etc. qui sont importantes est occupée par la plie et la vendus comme objet de décoration dans sole, suivies par la raie, le cabillaud et la les boutiques de souvenirs, les poissons sole limande. La petite roussette, le gron- et coquillages pour les amateurs d’aqua- din perlon, la lotte, la limande et la barbue riophilie et les parties constitutives des complètent le top 10. Pour les crustacés et plantes, animaux et micro-organismes ma- les coquillages, la place de tête est occu- rins utilisées en pharmacie, en cosmétique pée - sans grande surprise - par la crevette, et dans d’autres industries. suivie par la seiche, divers coquillages, le la mer du nord et sa biodiversité 13
Le pouvoir régulateur des écosystèmes La mer et le littoral constituent aussi un offre également un certain nombre d’avan- laboratoire à ciel ouvert pour la recherche tages. Les écosystèmes marins capturent scientifique. Par ailleurs, la mer du Nord le CO2, tant par la photosynthèse des offre un tas de possibilités pour l’éduca- algues que par son élimination vers les tion et la sensibilisation. Balades guidées profondeurs de l’océan. Plus d’un quart de le long de l’eau et sur l’eau, classes de la quantité de CO2 rejetée dans le monde mer et découverte des oiseaux ne sont entier est ainsi éliminé de l’atmosphère. que quelques exemples de ce qui est Mers et océans jouent de cette manière un offert. rôle de régulation du climat. Ils intervien- nent également dans une certaine mesure Les eaux marines et leur biodiversité sont dans l’épuration des eaux : les algues, également un thème artistique. La mer par exemple, absorbent des engrais pour et tout ce qui se passe autour d’elle sont se développer, et la forte houle ainsi que source d’inspiration pour les peintres, les l’action des marées entraînent une dilu- cinéastes, les écrivains, les musiciens, les tion de la pollution. photographes, etc. La mer et ses habitants font régulièrement une percée dans notre Des organismes tels que le lanice peuvent vie quotidienne loin du littoral. Il suffit de être présents en grands nombres. Ils penser aux peluches des enfants qui ont la assurent une certaine stabilisation des forme d’un phoque ou d’un dauphin, aux fonds marins en captant et en fixant les gros mots du genre « Quel eMERdeur ! »... sédiments*. Les dunes, à leur tour, jouent un rôle dans la protection de l’arrière-pays Enfin, il y a aussi les clichés typiquement contre les inondations et les tempêtes. belges liés à la mer et à ses produits : la casserole de moules fumante accompa- Les services culturels sont des avan- gnée de frites dorées, les donaces des tages non matériels que les gens puisent canards que les enfants cherchent le long dans les écosystèmes. Le meilleur de la ligne d’eau pour en faire des fleurs exemple pour les zones côtières est le en papier qu’ils vendent sur la plage, tourisme et les activités récréatives. Nager, peler des crevettes et s’en régaler sur faire de la voile, patauger ou manger une terrasse de la digue, etc. une glace en regardant la mer : le littoral Tous ces liens prévisibles et moins prévi- belge accueille chaque année jusqu’à 20 sibles avec la mer confèrent une dimen- millions de touristes, ce qui globalement sion supplémentaire à la nécessité de sau- représente plus de 2,5 milliards d’euros de vegarder le milieu marin et sa biodiversité. recettes. Les services de soutien sont indispen- sables au bon fonctionnement de tous les autres services de l’écosystème. Par 14 la mer du nord et sa biodiversité
exemple, la production d’oxygène qu’elle permet la navigation, ses élevé de notre électricité doit provenir et le cycle des aliments et de l’eau. avantages les plus importants sont de sources d’énergie renouvelable. Une caractéristique importante de l’extraction de minéraux et l’énergie Les turbines éoliennes en mer y la partie belge de la mer du Nord est éolienne. contribuent. Trois parcs éoliens qui sa fonction de reproduction pour hébergeront au total plus de 230 d’innombrables animaux marins. Les L’extraction de sable et de gravier turbines éoliennes sont actuellement nombreux bancs de sable jouent à cet dans la partie belge de la mer du en construction dans la partie belge égard un rôle essentiel. Ainsi, ils sont Nord est une alternative aux carrières de la mer du Nord, ce qui procurera de à la base d’une biomasse supérieure de sable de plus en plus rares dans l’électricité verte à plus d’un demi- et de la diversité des espèces. Un le pays. Le sable et le gravier extraits million de ménages. Trois nouveaux autre trait caractéristique de nos eaux sont principalement utilisés dans projets de fermes éoliennes se sont côtières est leur forte productivité, le secteur de la construction, où ils vu attribuer une zone dans nos eaux entre autres par les apports des servent à fabriquer du béton, et pour marines. eaux de l’Escaut riches en alluvions. relever et élargir la plage afin de frei- Tous ces services de l’écosystème Cette forte productivité est à la base ner l’érosion du littoral. Les chiffres les ainsi que les activités et secteurs qui d’un réseau alimentaire marin très plus récents font état d’une extraction y sont associés montrent que la mer développé. de près de 3 millions de m³ par an, du Nord, son milieu et sa biodiver- Outre ces quatre catégories de ser- soit un chiffre d’affaires avoisinant le sité sont également des employeurs vices qui sont en relation directe avec demi-milliard d’euros. d’envergure : sans eux, pas de travail la biodiversité, la mer du Nord recèle Afin de réduire les émissions de gaz et donc aussi pas de revenus. encore d’autres avantages. Outre à effet de serre, un pourcentage plus la mer du nord et sa biodiversité 15
PRINCIPALES MENACES QUELQUES CAUSES SOUS-JACENTES • Surpêche et disparition d’espèces • Pêches non durables, prises accessoires de mammifères marins et d’espèces sans • Pollution et eutrophisation valeur commerciale • Apports de substances polluantes et • Perturbation et destruction des toxiques via les rivières, les rejets de fonds marins navires, les catastrophes (métaux lourds, hydrocarbures, apports excessifs d’azote • Espèces exotiques* invasives et de phosphore, etc.) • Activités qui perturbent les fonds marins, • Tourisme et activités récréatives telles que les filets dérivants qui raclent ou labourent le fond, les travaux de dragage, l’exploitation de sable et de gravier • Transport international, eaux de ballast des vraquiers, réchauffement du climat • Tourisme et activités récréatives, urbanisation du littoral, activités militaires
SALE TEMPS POUR LA MER ET SA BIODIVERSITÉ Malgré le caractère unique et l’impor- habitat* les espèces qui s’y sont fixées. tance primordiale de la biodiversité ma- Ce qui peut conduire à une augmentation rine, la mer subit de fortes pressions des locale de la biodiversité. Et les espèces activités humaines. La quasi-disparition exotiques* y apparaissent aussi. d’espèces telles que le grand dauphin, la raie bouclée, le bigorneau perceur et Certaines espèces d’oiseaux, comme le fou l’huître plate devant nos côtes en est une de Bassan, paraissent plutôt éviter les parcs, conséquence. Les espèces commerciales tandis que d’autres, comme la sterne pierre- telles que le cabillaud, la sole et la plie garin et le grand cormoran, y sont vus plus voient aussi leurs populations régresser. souvent. Le parc éolien, parce qu’aucune pêche n’y est pratiquée, peut constituer un Le tableau à la page de gauche énumère abri pour les poissons et les mammifères les principales menaces et quelques causes marins. Le sommet des bancs de sable sous-jacentes. entre les fondations des turbines éoliennes reste épargné des perturbations dues à la Certaines interventions peuvent avoir des pêche au chalut à perche* et autres activités effets à la fois positifs et négatifs sur le qui troublent les fonds marins. Les turbines milieu et sa biodiversité. Les parcs éoliens éoliennes sont un phénomène très récent qui sont construits en mer et produisent dans les eaux belges et une surveillance à de l’électricité verte en sont un exemple. plus long terme permettra de déterminer de Au cours de leur construction, de grandes quel côté la balance se mettra à pencher. quantités de sable sont déplacées, ce qui provoque la mort de nombreux animaux Comme il est impossible de faire fi de terricoles. Le battage des pieux de fondation l’influence humaine, il est indispensable de peut être nuisible aux larves de poissons trouver un équilibre juste et durable entre et larves d’autres animaux. Mais une fois la la conservation des richesses naturelles et construction terminée, les fondations sont les activités humaines, entre l’écologie et rapidement colonisées par des espèces qui l’économie. s’y attachent ou qui utilisent comme zone bestemd voor inplanting zone bestemd voor inplanting diving bird seal zone zone bestemd voor van inplanting windturbines shallow sandbanks zone bestemd voor zone inplanting destinée à echinoderm bestemd voor van inplanting windturbines zone best gull/tern sea otter nursery area van windturbines l’implantation d’éoliennes van windturbines windturbines van windt van mussel baggerstortplaatsen concessie baggerstortplaatsen baggerstortplaatsen zone de déversement de déblais de dragage baggerstortplaatsen baggerstortplaatsen S1 vaarwegen S2 stortplaa vaarwegen vaarwegen Br & W Oostende vaarwegen voies devaarwegen navigation Br & W ZBO Br & W Nieuwpoort vaarwege baggerplaatsen baggerpl baggerplaatsen baggerplaatsen baggerplaatsen zone de dragage baggerplaatsen visserij visserij visserij pêche visserij visserij visserij Veerse zand- en zand- en grindwinning ankergeb zand- extraction en de sable zand- grindwinning et de gravier en grindwinning grindwinning zand- zand- en en grindwinning Paardenm (gedumpt zone d’ancrage ankergebied ankergebied ankergebied zones aan ankergebied ankergebied schelpdie Paardenmarkt Paardenmarkt Paardenmarkt Paardenmarkt kabels en (gedumptePaardenmarkt munitie WO I) Paardenmarkt Vlakte (zone de dépôt(gedumpte (gedumpte munitie des munitions WO de guerre) munitie WO I)I) I) militaire o (gedumpte (gedumpte munitie munitie WO WO I) zones aangeduid voor zones zones zones aangeduid voor désignées pour aangeduid voor zones zones schelpdierkweek aangeduid aangeduid voor voor schelpdierkweek l’élevage des coquillages schelpdierkweek schelpdierkweek kabelsschelpdierkweek en pijpleidingen kabels kabels en en pijpleidingen kabels kabels en pijpleidingen câbles en et gazoducts pijpleidingen pijpleidingen militaire oefenzones 0 5 10 20 19/12/2011 zonesmilitaire oefenzones © BMM d’exercices militaire militaire militaires oefenzones militaire oefenzones BEMAGIC: Laurence oefenzones zeemijl Projectie: UTM 31 - W la mer du nord et sa biodiversité 17
2 CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ DANS LA PARTIE BELGE DE LA MER DU NORD CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ MARINE La mer abrite une diversité fantastique de formes de vie qui sont reliées La convention sur les espèces entre elles de manière complexe, qui font fonctionner l’écosystème* migratrices appartenant à la marin et sont à la base d’une foule de services. Néanmoins les activités faune sauvage (1979) - connue humaines et leur impact mettent tout cela sous forte pression. Une également sous le nom de convention de Bonn - vise à prise de conscience croissante de l’importance de la mer et de sa protéger les espèces migra- biodiversité a abouti à des initiatives de conservation à divers niveaux, trices, à maintenir ou rétablir pour lesquels des délégations belges ont souvent pris place à la table leurs habitats* et à éliminer les des négociations. Après un bref aperçu des accords pris au niveau obstacles à la migration. Au titre de cette convention, des international, européen et local, la mise à exécution de ces accords conventions partielles ont été par la Belgique sur son territoire sera examinée de plus près. rédigées entre autres sur les cétacés (ASCOBANS, accord sur la conservation des petits cétacés de la mer Sur le plan international Baltique et de la mer du Nord) et les oiseaux d’eau (AEWA ou accord sur la conservation La convention sur la diversité biologique a des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eura- été présentée lors du Sommet mondial de sie). www.cms.int Rio de Janeiro en 1992. Les objectifs prin- cipaux sont la conservation et l’utilisation La convention sur le commerce international durable de la biodiversité et la réparti- des espèces de faune et de flore sauvages tion équitable de ses bénéfices. Le Plan menacées d’extinction (1975) - connue sous stratégique 2011-2020 de cette convention l’acronyme CITES - entend éviter que la survie contient 20 objectifs, notamment la déli- d’espèces ne soit menacée par le commerce mitation d’un réseau de zones maritimes international. Sur la liste de cette convention protégées d’intérêt particulier pour la sont inscrites plus de 30 000 espèces végé- biodiversité. Ce réseau devra englober à tales et animales qui ont chacune un degré l’échelon de la planète 10 % de toutes les de protection adapté. Les cétacés en mer du zones maritimes et côtières d’ici 2020. Nord et ceux qui s’échouent sur nos côtes www.cbd.int relèvent de la CITES. www.cites.org La convention sur les zones humides La convention de Bern (1979) vise la conser- d’intérêt international - connue également vation des espèces de flore et de faune sous le nom de convention de Ramsar - sauvages et de leurs milieux naturels. Une at- date de 1971. Cette convention vise des tention particulière est accordée aux espèces actions nationales et une coopération vulnérables et menacées, en ce compris les internationale pour la conservation et l’uti- espèces migratrices. La convention est une lisation raisonnable des zones humides et initiative du Conseil de l’Europe et annonce la de leurs richesses. Dans la partie belge de directive « Habitats » (cf. plus loin). la mer du Nord, une zone située devant le www.coe.int > topics > Culture, nature, littoral occidental a été désignée comme heritage > Biological diversity – Bern zone Ramsar. www.ramsar.org Convention conservation de la biodiversité dans la partie belge de la mer du nord 19
Union européenne Deux directives constituent la pierre De plus amples informations sur la directive angulaire de la politique européenne en « Oiseaux », la directive « Habitats » et matière de biodiversité : Natura 2000 peuvent être trouvées à partir de la p. 23. Leur mise en application en • La directive « Oiseaux » protège Belgique est présentée à partir de la p. 27. toutes les espèces d’oiseaux vivant naturellement à l’état sauvage et les La directive-cadre Stratégie européenne régions où elles couvent, cherchent pour le milieu marin (2008) oblige les États leur nourriture et hivernent ; membres à réaliser un certain nombre d’objectifs environnementaux supplémen- • La directive « Habitats » protège les taires. Ces objectifs valent pour tout l’espace espèces de faune (sans les oiseaux) marin d’un État membre et ne visent pas en et de flore ainsi que les zones particulier des zones protégées. L’objectif naturelles et semi-naturelles revêtant final est d’atteindre un bon état écologique une importance pour la protection dans toutes les eaux marines de l’UE d’ici de la faune et de la flore sauvages. à 2020. Onze thèmes sont traités, dont la Il s’agit essentiellement d’habitats conservation de la biodiversité, la limitation et d’espèces vulnérables, menacés des espèces exotiques*, l’intégrité du sol ou rares. sous-marin, le maintien à niveau des stocks de poissons et de coquillages, un réseau En même temps que l’adoption de la alimentaire sain, l’eutrophisation* limitée directive « Habitats », l’UE lançait le projet et les quantités de déchets dans l’eau et les « Natura 2000 » visant la réalisation d’un produits de la mer. De plus amples informa- réseau écologique de zones naturelles et tions peuvent être trouvées dans la brochure semi-naturelles. Contrairement aux réserves « Une stratégie marine pour la mer du Nord ». strictement axées sur la conservation où http://ec.europa.eu/environment/water/ pratiquement toute activité est interdite, les marine/directive_en.htm sites Natura 2000 font l’objet d’une politique de protection ou de restauration d’espèces La directive-cadre sur l’eau (2000) vise ou d’habitats déterminés. Les activités à atteindre un bon état écologique et économiques, récréatives et/ou culturelles chimique des eaux européennes d’ici à 2015 sont dès lors autorisées, à l’exception de et principalement les lacs et rivières, mais celles qui sont dommageables pour la aussi les estuaires* ainsi qu’une partie des nature et/ou empêchent la restauration de eaux côtières. la biodiversité. http://ec.europa.eu/environment/water/ http://ec.europa.eu/environment/ water-framework/index_en.html nature/natura2000/ index_en.htm 20 conservation de la biodiversité dans la partie belge de la mer du nord
Sur le plan régional Belgique OSPAR (1992) est un accord régional L’élément de base de la protection de La protection des espèces dans la partie pour la protection du milieu marin l’espace marin belge est la loi sur le belge de la mer du Nord figure dans de l’Atlantique du Nord-Est, qui inclut milieu marin du 20 janvier 1999. Cette l’arrêté royal (AR) du 21 décembre 2001. la mer du Nord. Il a été signé par 15 loi concerne tous les aspects de la poli- Cet arrêté contient diverses espèces qui parties contractantes, dont la Belgique tique du milieu marin. Elle prévoit que figurent également dans les directives et l’UE. La commission OSPAR sur- les mesures nécessaires peuvent être « Oiseaux » et « Habitats ». Ainsi, une veille l’exécution de cet accord. Une prises pour mettre en œuvre la directive protection rigoureuse de tous les nouvelle édition du « Quality Status « Oiseaux » et la directive « Habitats ». cétacés et phoques y est la règle. Ces Report » sur l’état écologique de La loi permet d’interdire les activités animaux ne peuvent, entre autres, l’Atlantique du Nord-Est est parue en dommageables et impose une auto- être perturbés, vendus ou mis à mort. 2010 : qsr2010.ospar.org. risation pour diverses activités et une www.ospar.org évaluation des incidences des projets sur l’environnement. Elle contient aussi des dispositions visant la prévention et la réduction de la pollution et des perturbations en mer. conservation de la biodiversité dans la partie belge de la mer du nord 21
Pour le reste, toutes les espèces d’oi- sportive, comme l’interdiction d’utiliser à seaux sont protégées en mer. Certains des fins récréatives des filets emmêlants oiseaux marins sont très sensibles en dessous de la laisse de basse mer, aux perturbations. C’est la raison pour surtout pour protéger les petits cétacés laquelle des plongeons (par exemple comme le marsouin commun. le plongeon arctique et le plongeon Par ailleurs, il y a aussi la législation catmarin), les macreuses (par exemple relative aux diverses fonctions d’utilisa- la macreuse noire), les eiders à duvet tion de la mer, telles que l’exploitation du et les grèbes ne peuvent être perturbés sable et la production d’énergie éolienne. pendant la période hivernale. Les sternes (par exemple la sterne pierregarin, la sterne caugek, le sterne naine) et les pluviers (par exemple le pluvier à collier interrompu, le pluvier grand-gravelot) ne doivent absolument pas être dérangés pendant leur période de reproduction. Les tortues de mer et des espèces de poissons telles que le corégone, la petite alose, l’esturgeon, l’alose vraie et la lam- proie sont également protégés. L’AR interdit par ailleurs la mise à l’eau d’espèces exotiques*. Des restrictions sont également imposées à la pêche 22 conservation de la biodiversité dans la partie belge de la mer du nord
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