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Observatoire de la société britannique
                          23 | 2018
                          La société civile mobilisée aux 20ème et 21ème
                          siècles. Perspectives britanniques, irlandaises et
                          internationales

La mobilisation associative au Royaume-Uni dans
les organisations communautaires nigérianes
Catherine Puzzo

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/osb/3035
DOI : 10.4000/osb.3035
ISSN : 1775-4135

Éditeur
Université du Sud Toulon-Var

Édition imprimée
Date de publication : 1 décembre 2018
Pagination : 105-127
ISSN : 1775-4135

Référence électronique
Catherine Puzzo, « La mobilisation associative au Royaume-Uni dans les organisations
communautaires nigérianes », Observatoire de la société britannique [En ligne], 23 | 2018, mis en ligne le
01 décembre 2018, consulté le 23 janvier 2020. URL : http://journals.openedition.org/osb/3035 ; DOI :
10.4000/osb.3035

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Observatoire de la société britannique
La mobilisation associative au Royaume-Uni dans les organisations communautai...   1

    La mobilisation associative au
    Royaume-Uni dans les organisations
    communautaires nigérianes
    Catherine Puzzo

    Introduction
1   Le secteur associatif fait partie du paysage socio-culturel britannique depuis fort
    longtemps1. D’assise locale ou nationale, les associations ont permis à de nombreux
    citoyens de s’engager dans la société civile en mobilisant temps et énergie pour une
    cause commune. Le développement de ces structures a fluctué selon les périodes,
    notamment en fonction de leurs visées mais également du fait des politiques du
    gouvernement central et des autorités locales de financement et de soutien au secteur
    associatif.
2   Cet article se penche sur les formes de mobilisation dans la société civile de résidents
    nigérians ou de citoyens naturalisés d’origine nigériane par le biais d’associations
    communautaires du Grand Londres. Dans le contexte des politiques publiques
    d’austérité menées depuis 2010, la mobilisation associative des ressortissants d’origine
    étrangère au Royaume-Uni permet de circonscrire la place qu’ils tentent d’occuper
    dans l’espace civique de la société britannique et l’impact que ce tour de vis budgétaire
    a pu avoir sur l’engagement citoyen. Ainsi que le rappelle David Sanders, la
    mobilisation dans la société civile peut prendre des formes multiples : « Engagement is
    defined as a multi-faceted phenomenon that embraces a variety of forms of citizen
    involvement with the political process2 ». Dans cette perspective, le rôle et la
    structuration des associations communautaires nigérianes ont fait l’objet d’une
    comparaison internationale portant sur les formes de mobilisations associatives de
    plusieurs communautés au Royaume-Uni et aux États-Unis3. Les données recueillies
    dans le cadre d’entretiens menés auprès de la communauté nigériane révèlent que la
    mobilisation citoyenne des membres de cette « jeune » communauté nous permet de

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    mieux appréhender la dynamique associative au Royaume-Uni, tout en mesurant les
    formes diverses que cet engagement citoyen peut prendre en fonction du contexte
    politique local.

    Une diaspora discrète, riche de nombreuses
    associations
3   Les Nigérians présents en Grande-Bretagne constituent la plus grosse communauté
    africaine du pays et sont issus majoritairement de deux des principales ethnies du
    Nigéria, les Igbo et les Yoruba, originaires du sud et de l’ouest de cette ancienne colonie
    britannique. En majorité chrétienne, cette communauté s’est structurée au gré de
    vagues migratoires qui sont le reflet des développements politiques qui ont affecté le
    Nigéria depuis son indépendance en 1960. La guerre civile de la fin des années 1960,
    l’instabilité politique chronique des décennies suivantes et la récession économique qui
    ont affecté le pays depuis les années 1980, ont poussé de nombreux Nigérians sur la
    voie de l’émigration, principalement vers le Royaume-Uni4. Si le volume de cette
    migration s’est considérablement accru durant la période 2001-2011, il faut noter que
    les échanges réguliers entre les deux pays remontent au début du 20 e siècle. La
    migration des Nigérians, principalement à Londres, débute durant la période coloniale.
    Dans le cadre de leurs études, de voyages d’affaires ou du tourisme, une élite en liens
    étroits avec l’Establishment britannique se déplaçait régulièrement d’un pays à l’autre.
    Durant les années 1950 et jusqu’aux années 1970 de nombreux Nigérians venaient
    étudier au Royaume-Uni puis repartaient leurs diplômes en poche afin d’occuper de
    hautes fonctions dans les strates économiques et politiques, désertées par les expatriés
    britanniques au moment de l’indépendance du pays. Au milieu des années 1980, la fin
    du boom économique favorisé par l’exploitation du pétrole et la crise qui s’ensuivit
    amènent nombre d’entre eux soit à migrer définitivement, soit à ne pas rentrer, alors
    même que leur séjour avait été initialement conçu comme provisoire. Les décennies
    suivantes voient ce phénomène s’amplifier et même accélérer puisqu’entre les
    recensements de 2001 et 2011, on note une augmentation de 120 % de la population
    nigériane résidant en Grande-Bretagne.
4   Cependant, les sources consultées montrent que les données chiffrées concernant cette
    communauté sont disparates avec des écarts statistiques surprenants. Le recensement
    de 2011 fait état d’une communauté nigériane de 191.000 personnes établies en
    Angleterre et au pays de Galles et de 9.450 résidents en Ecosse (+655 % par rapport à
    2001 avec 1.253 résidents enregistrés en 2001)5. C’est le 7e groupe plus important de
    migrants nés à l’étranger juste après les Bangladais. Il comporte une forte proportion
    d’étudiants qui, potentiellement, resteront après la fin de leurs études si les
    perspectives économiques du Nigéria ne s’améliorent pas. Ces données statistiques se
    réfèrent à la population résidente qui possède un statut régulier et ne reflètent pas la
    réalité migratoire de cette communauté : la part de migrants en situation irrégulière
    est vraisemblablement très sous-estimée. Il est hasardeux et complexe de déterminer le
    nombre de personnes en situation irrégulière mais l’on sait que les Nigérians
    représentent un des groupes les plus importants d’étrangers en attente d’expulsion
    dans les centres de rétention administrative. On sait également qu’ils sont parmi les
    premières victimes de la traite d’êtres humains avec, en particulier, un grand nombre
    de mineurs et de femmes qui entrent chaque année de façon clandestine au Royaume-

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    Uni et sont ensuite contraints de rester et de travailler sous la menace 6. Ainsi, dès 2009
    le Foreign & Commonwealth Office estimait qu’il y avait jusqu’à 3 millions de Nigérians
    au Royaume-Uni dont 70 % vivraient à Londres, soit 2,1 millions, c’est-à-dire dix fois
    l’estimation officielle du recensement de 20117. Ce chiffre nous a également été
    confirmé par l’ancien vice-président de l’association centrale regroupant toutes les
    associations nigérianes présentes au Royaume-Uni (CANUK, Central Association of
    Nigerians in the UK), association qui dépend directement de leur ambassade (Nigeria
    High Commission). Selon leurs sources, il y aurait 1,8 million de Nigérians à Londres,
    sans compter tous ceux vivant en situation irrégulière, ce qui leur fait avancer le chiffre
    de 2 millions de Nigérians vivant dans la seule métropole.
5   À dominance chrétienne (anglicans, catholiques, pentecôtistes) jusqu’à une époque
    relativement récente, les Nigérians du Royaume-Uni comptent depuis une quinzaine
    d’année une petite communauté musulmane dont l’importance croît chaque année, en
    particulier en raison de l’instabilité politique qui règne au nord du Nigéria, avec les
    exactions commises par Boko Haram. Les résidents nigérians, très occidentalisés, avec
    un niveau d’instruction et de formation supérieur à la moyenne nationale (équivalent à
    Bac+4) occupent des postes de cadres dans quelques secteurs-clés de l’économie
    britannique : santé, industrie pétrolière, enseignement, services publics, ingénierie,
    services financiers et juridiques. Cependant, un second groupe de Nigérians plus
    désavantagé tente de survivre malgré un fort taux de chômage et un statut parfois
    clandestin. Cette précarité économique et sociale affecte adultes et enfants. C’est vers
    cette seconde frange de la population nigériane que nombre d’associations constituées
    durant la dernière décennie ont tourné leurs efforts et organisé leurs activités. Dans un
    contexte de politiques d’immigration et d’intégration plus restreintes que jamais, les
    structures rassemblant des Nigérians se sont multipliées pour soutenir et aider les
    nouveaux venus à s’insérer dans la société britannique. Cette mobilisation, qui a crû au
    fil des années, est portée par de très nombreuses associations communautaires.
6   La dynamique associative de cette communauté en plein essor est indéniable. CANUK,
    organisation centrale directement liée à l’ambassade nigériane à Londres et qui
    regroupe une partie de ces associations, estime leur nombre total à 1500 dont seules
    320 sont officiellement enregistrées, soit environ 40000 membres affiliés. Ce réseau
    dense est à l’image d’une communauté très diverse. Un classement de toutes ces
    organisations s’avère complexe. Cependant, on peut les regrouper sous plusieurs
    grandes catégories : (i) les organisations « mères » qui représentent la communauté
    nigériane dans son intégralité auprès des autorités britanniques : CANUK (Central
    Association of Nigerians in the UK) et NIDO (Nigerians in Diaspora Organisation), (ii) les
    organisations professionnelles, dont les membres travaillent dans certains secteurs
    économiques : British Nigerian Law Forum, Association of British Nigerian Academics,
    (iii) les associations ethniques, qui représentent une ethnie particulière comme les
    Igbo, Congress of Igbo leaders, (iv) les organisations qui soutiennent des groupes
    particuliers, les femmes : Nigerian Organisation of Women (NOW), les étudiants Student
    Association of Nigerians in Diaspora (SAND), (v) les associations de quartier, véritables
    réseaux d’entraide locale, comme la Nigerian Community of Waltham Forest (NICOWF),
    (vi) les associations dont les membres travaillent pour le Home Office ou d’autres
    agences gouvernementales comme la police ou les douanes, Nigerian Police Forum,
    Association of British Law Enforcement Officers (ABLE) et (vii) des associations
    cultuelles et / ou d’enseignement religieux, qui regroupent soit des chrétiens soit des

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    musulmans, telles la Muslim Association of Nigerians UK (MANUK), the Nigerian
    Chaplaincy, ou the Overseas Fellowship of Nigerian Christians.
7   D’abord constitués de façon informelle, ces réseaux d’entraide ont su mobiliser les
    Nigérians de la première puis de la seconde génération. Ces groupes se sont ensuite
    développés de façon de plus en plus structurée, se transformant en associations au fur
    et à mesure de l’émergence de questionnements liés à l’intégration de cette
    communauté, notamment les discriminations économiques et sociales que ses membres
    subissent. De leur côté les autorités britanniques, qu’il s’agisse de l’État ou des
    collectivités locales, ont favorisé (voire encouragé à certaines périodes) leur
    développement, conscientes des risques et des dangers liés à l’exclusion sociale,
    politique et économique de certaines franges de la population. Ainsi l’organisation
    « mère » CANUK fut créée au lendemain des attentats de Londres du mois de juillet
    2005, suite aux requêtes du gouvernement de Tony Blair, conscient qu’il fallait trouver
    auprès de cette communauté un interlocuteur unique pouvant rassembler les leaders
    communautaires des différents groupes ethniques nigérians. Depuis, CANUK se veut
    l’organisation fédératrice de toutes les associations nigérianes existantes. Forte de son
    réseau de contacts, elle est capable de mobiliser rapidement ses membres pour réagir
    aux crises soudaines qui ont pu affecter dans le passé la communauté nigériane 8.

    Les formes de mobilisations des associations
    nigérianes
    De la nécessité de se mobiliser en général

8   De nombreux Nigérians partagent le sentiment diffus qu’ils doivent être les acteurs des
    changements à apporter, qu’ensemble ils doivent affronter les obstacles à leur
    intégration dans la société britannique et que le tissu associatif est un moyen de
    dépasser les clivages ethniques et religieux qui existent au Nigéria et qu’ils ne
    souhaitent pas perpétuer au Royaume-Uni. Selon les statuts de chaque association et la
    finalité de leurs objectifs, les formes de mobilisations varient mais la forte volonté
    d’impliquer toujours plus de membres de leur communauté unit les dirigeants
    associatifs interviewés dans le cadre de notre étude :
         If we leave people who haven’t got the experience to be responsible for all those
         things on our behalf, then we are not doing ourselves any justice. If you know you
         have something to contribute, get involved so that you can do something about it,
         but if you don’t, don’t complain9.
9   Ce sentiment de contribution active et d’engagement rejoint les appels récurrents que
    les décideurs publics britanniques ont lancés à la société civile depuis plusieurs
    décennies afin de lui demander plus d’implication et de participation dans l’élaboration
    d’une société britannique inclusive et modernisée. Ainsi, déjà en 1997 au moment où le
    parti travailliste prend le pouvoir, le projet politique du New Labour définit le citoyen
    idéal qui permettra à la société britannique de se renouveler et de préparer le 21 e
    siècle. Comme le souligne John Clarke: “New Labour’s ideal citizens are moralised,
    choice-making, self-directing subjects10”. Ce projet, qui s’inspire des théories d’Anthony
    Giddens, est conçu sur la base d’un partenariat étroit et fluide entre État et
    communautés. En 2010, la Big Society proposée par les conservateurs est censée inciter
    un renouveau civique qui permettra de dépasser les clivages partisans et d’amener des

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     réformes structurelles issues de la société et non de la sphère politique. Le projet de Big
     Society, décliné sous ses trois axes principaux, prévoit tout d’abord une emprise locale
     des communautés sur l’action publique, des modalités diverses de prestation des
     services publics et une nouvelle définition de l’action sociale. Rebecca Tunstall analyse
     ce rapport entre communautés et État et conclut: “[…] the Big Society is supposed to
     help create stronger communities that can do more to help themselves without first
     running to the state for help11”. Mais comme le démontrent Mathieu Berger et Jean de
     Munck, cette volonté de l’État de mobiliser les citoyens n’est pas exempte de critiques :
          Souvent présentée comme complémentaire à la représentation, la participation est
          régulièrement appelée à la rescousse des démocraties en crise. De multiples côtés,
          des dispositifs variés invitent le citoyen à s’exprimer, s’impliquer, s’engager,
          dialoguer, interagir, voter, intervenir, évaluer, réaliser et coréaliser, gérer et
          cogérer. Aucun champ des politiques publiques ne semble épargné : ville, santé,
          éducation, culture, ne jurent que par des publics “actifs” et “responsables 12.

     La mobilisation associative à l’épreuve des politiques d’austérité

10   Dès 2010, le vaste programme d’austérité et les coupes budgétaires décidés par le
     gouvernement de coalition et poursuivis depuis par les gouvernements conservateurs
     de David Cameron et de Teresa May mettent à mal la volonté affichée par le
     gouvernement de promouvoir la mobilisation citoyenne. Ces politiques d’austérité
     entendent réorienter l’action publique (notamment au niveau local), ce qui a pour
     conséquence de redéfinir l’action associative et le degré de mobilisation de ses
     membres.
          Given the pressure on public finances, local government will in the future simply
          not be able to deliver the level of services people have grown accustomed to, and
          citizens and community groups will have to do more to fill any gaps. (…)
          Community empowerment is about having the conditions in place that allow local
          people to make a difference to improve their localities13.
11   Dans ce contexte de politique budgétaire stricte, imposant une austérité ravageuse
     pour certains services publics, les associations de la société civile ont été fortement
     incitées à se mobiliser pour participer pleinement à la vie économique, sociale et
     politique locale afin de palier le désengagement des municipalités. C’est ainsi qu’entre
     2004 et 2014 le nombre d’actifs œuvrant dans le secteur associatif a fortement
     progressé au Royaume-Uni (+32 %) et ce, malgré une perte de 3 milliards de livres en
     financements pour tout ce secteur14.
12   Sur le terrain, les coupes budgétaires qui ont affecté les associations, quel que soit leur
     domaine d’activité, ne peuvent leur permettre de mener à bien tous les projets pour
     lesquels elles se sont constituées. À Londres, qui concentre la majorité de ces
     structures, les politiques d’austérité de la coalition précédente et des gouvernements
     conservateurs ont eu un effet dévastateur, tant sur le plan de l’emploi que sur les
     capacités d’action de ces associations15. Dans notre étude, nous avons pu observer que
     les contingences matérielles les avaient par exemple poussées à mutualiser des locaux,
     empêchées de renouveler des outils informatiques souvent obsolètes ou contraintes à
     supprimer de postes administratifs autrefois financés par les local councils 16. De façon
     plus significative, ces freins matériels entraînent souvent une démobilisation des
     membres de ces associations, ainsi que nous l’ont confirmé certains leaders associatifs :
          The funding problem is the biggest challenge so far. Help is not here anywhere, we
          are not enough active as we would like to be because of the post of coordinator

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          which is not anymore funded. The support of the government is necessary and
          some projects can’t be implemented without that support17.
          The UK government should help NIDO [Nigerians In Diaspora Organisation] to
          create a platform for more engagement, better facilities for those professionals.
          They should support our events, so that we can do more. Money and support is
          needed. Our projects are organised by volunteers, charities, there is no money 18.

     Se mobiliser pour la continuité du service public

13   Les restrictions budgétaires ont eu un autre effet, en poussant les associations
     nigérianes à s’interroger sur de nouvelles modalités de mobilisation pour remédier aux
     manquements des services publics. Ainsi NOW (Nigerian Organisation Women) et
     NICOWF (Nigerian Community of Waltham Forest) ont réussi à convaincre des juristes
     bénévoles de tenir des permanences hebdomadaires au sein de leurs locaux. Ces
     permanences se veulent une réponse citoyenne à l’État britannique « défaillant » afin
     de permettre à ceux qui ne peuvent s’offrir les services d’un avocat, d’obtenir des
     informations et une aide juridique concrètes pour des problèmes très souvent liés au
     statut migratoire.
14   C’est une conclusion similaire que dresse Roger Green dans son rapport sur les
     organisations des quartiers sud de Londres. Il souligne que la continuité de l’action
     publique n’a pu se faire que grâce à la mobilisation des associations communautaires de
     quartier : « It is about plugging the gaps19 ». Depuis 2010, le tissu associatif s’est bien
     souvent substitué au réseau des administrations dont les services publics ont soit
     disparu, soit sont devenus payants. C’est notamment dans le domaine de la santé que
     les besoins sont devenus les plus prégnants, suite à la mise en œuvre de politiques
     publiques encourageant une plus grande collaboration entre autorités sanitaires,
     collectivités et communautés de citoyens :
          Since 1992 a series of white papers, reports and recommendations have put local
          government at the centre of the national drive to improve health and tackle health
          inequalities. The July 2010 NHS White Paper ‘Equity and Excellence: liberating the
          NHS’ outlines how health services are being further strengthened, democratised
          and legitimised at the local level. (..) a model of collaboration and co-production
          with communities in service delivery is an important part of the current move
          towards the Big Society20.

     Se mobiliser pour s’intégrer

15   Un des objectifs communs aux associations nigérianes étudiées est celui de promouvoir
     l’intégration de leurs membres, résidents de longue date ou nouveaux venus. En effet,
     les leaders associatifs rencontrés ont tous souligné que leur communauté, bien que très
     occidentalisée, se heurte à des difficultés d’intégration (économique et sociale
     notamment). Plusieurs dénoncent l’existence d’un décalage entre système de valeurs
     britannique et valeurs prisées par les Nigérians, d’où des incompréhensions et des
     difficultés à appliquer certaines règles, notamment pour les Nigérians récemment
     arrivés en Grande-Bretagne. Ces problématiques ont été soulignées par plusieurs porte-
     paroles d’associations :
          Ignorance of the law is not an excuse here and you have many people travelling
          with things forbidden that they take from people they don’t know. We want to
          educate people, explain what is expected here and we’ve got projects to do that 21.

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          The idea is to make them contribute to the society they live in, help them
          understand the structure of UK society (very different from Nigerian one). We want
          to expose them the structures that make the UK, so that they respect them (ex how
          to run a business, bring up children, buy a house, academic structure in the UK,
          what is acceptable in Nigeria is not in the UK…). We let them understand
          citizenship in the UK otherwise they are not integrated, they’re segregated and that
          leads to radical islam, that leads to tension and not cohesion 22.
16   Que ces obstacles soient d’ordre religieux, social ou culturel, les associations militent
     pour établir des ponts entre leur communauté et le tissu social local.
          The Chaplaincy has become a strong rallying point for the Nigerian community, a
          link. It’s difficult for Nigerians to integrate with churches in the UK. The Chaplaincy
          serves as a bridge, a link with local churches23.
          The UK is not aware of the problems of the Nigerian community, there are cultural
          elements that they don’t know and this is where ABLE comes to help 24.
17   Cependant, certains dirigeants associatifs rencontrés regrettent amèrement le manque
     de réciprocité à leur encontre, soulignant l’insuffisance des soutiens à leurs actions de
     la part des autorités politiques, nationales ou, plus souvent, locales :
          We are part of the community but we don’t get any support; in the coming election
          they want your vote, we are invited to the House of Commons but it’s façade,
          windows dressing. A few politicians are concerned with what is happening. But as
          regards the people who live here, their daily concerns and issues for them, they are
          not addressed25.
          We are not satisfied with the government or institutions but it all depends on us,
          we have to work on it. They [government officials] don’t perceive the issues that
          affect us, so we have to forcefully make them perceive it, so the public sees it 26.
          UK government officials are not aware of the issues affecting the Nigerian
          community (…) and it is a problem and we would like to be consulted, involved in
          some discussions affecting Nigerians ‘if you are not involved you don’t engage’, the
          lack of engagement is problematic27.
18   Dans ce contexte, de nombreux dirigeants associatifs sont conscients que seul
     l’engagement en politique permet de faire aboutir certains de leurs projets.

     Se mobiliser dans la vie politique

19   La mobilisation associative se veut donc une étape vers l’engagement politique, perçu
     comme essentiel à l’intégration de cette communauté. Cet engagement se décline sous
     plusieurs formes : (i) le vote, puisque même s’ils ne sont pas naturalisés les résidents
     nigérians font partie du Commonwealth et, à ce titre, peuvent voter, (ii) le militantisme
     dans un parti politique et la candidature à des mandats électoraux, (iii) la participation
     à des manifestations ou congrès politiques. Ademola Aminu, maire d’origine nigériane
     de Lambeth et président de plusieurs associations communautaires, souligne
     l’importance du vote citoyen et du rôle de représentants politiques nationaux et locaux
     qui peuvent faire avancer la cause des communautés africaines :
          There are not enough African MPs (as there are Asian or West Indian ones). There is
          a second generation of children born here from African descent and from Caribbean
          but their education, their culture is very different. Africans are very conservative in
          their way to raise their children and the policies devised by the government are not
          suited to the way African children born here should be raised. So we shouldn’t
          blame families only but the law affecting BME [Black and Minority Ethnic ] is at
          stake. (…) The solution for people? it is to challenge my MP, it is about asking the
          questions and when they come during the electoral campaigns it is about asking

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          them the right questions and if they don’t have it then don’t vote them. We should
          encourage people to vote, it’s about encouraging people to engage28.
20   Malgré tout, les Nigérians sont plus représentés que d’autres communautés africaines :
     sur un total de trente-neuf conseillers municipaux (Local Councillors) issus de
     communautés africaines, plus de trente sont d’origine nigériane. Au niveau national, la
     représentation de cette communauté a crû suite aux élections de mai 2015, qui ont
     permis à quatre députés de cette origine d’accéder à la Chambre des communes.

     NOW, Nigerian Organisation of Women : la mobilisation au féminin

21   Pendant plusieurs décennies, jusqu’au début des années 1980, les études universitaires
     ont peu pris en compte l’importance et la spécificité de la migration des femmes au
     Royaume-Uni et de leur potentielle mobilisation dans la sphère politique et dans la
     société civile. Aussi il a été intéressant dans le cadre de cette étude de se pencher sur
     l’une des plus anciennes associations de femmes nigérianes, NOW, basée dans le nord
     de Londres (Edmonton, Borough of Enfield), dirigée par des femmes et pour des
     femmes. Cette association, qui a réussi à se maintenir là où d’autres groupes similaires
     ont été dissous (ex : Erhuvwu Ladies Club), bénéficie d’une notoriété certaine dans la
     communauté malgré le peu de moyens qui lui sont alloués. Depuis les années 1940, il
     existe des groupes de femmes, constitués de façon informelle, pour représenter les
     Nigérianes au Royaume-Uni. Avant l’indépendance (1960), des groupes de Nigérianes
     aidaient de façon bénévole le représentant du Nigeria à Londres (High Commissionner)
     à organiser l’accueil et le séjour des nouvelles venues dans cette communauté
     majoritairement masculine. Surnommées les « Ladies of Leisure », ces femmes
     accueillaient lors d’événements mondains (réceptions officielles assorties de danses
     traditionnelles notamment) les nouveaux arrivants et créaient du lien social afin qu’ils
     s’insèrent au mieux dans la communauté nigériane et dans la société britannique,
     même s’il s’agissait alors de brefs séjours. La guerre civile qui ravage le Nigéria à la fin
     des années 1960 (guerre du Biafra), l’instabilité politique qui s’ensuit, les difficultés
     économiques et la récession accélèrent le processus d’installation de cette communauté
     jusqu’alors de passage. Lorsque pour nombre de ces Nigérians il devint évident que le
     rêve du retour s’éloignait de plus en plus, de nouvelles problématiques inhérentes à
     l’installation et l’intégration de toute communauté émergent. Pour ces femmes
     nigérianes, leur fonction mondaine de « Ladies of Leisure » s’estompe pour faire place à
     une véritable forme de mobilisation citoyenne avec des objectifs pragmatiques et
     matériels : accès aux soins et à l’éducation pour leurs enfants, formation et emploi et,
     bientôt, questions juridiques liées au statut d’étranger, dans un contexte où la
     législation sur l’entrée et le séjour devenait de plus en plus restrictive.
22   Ainsi NOW souhaite répondre aux besoins des Nigérianes du Grand Londres, besoins qui
     sont à l’intersection du genre, de la race, de la culture et de l’identité, besoins mal
     connus, peu identifiés et, donc, souvent peu traités du fait de l’invisibilité dont
     souffrent souvent les femmes immigrées dans la société d’accueil. L’histoire sociale de
     l’invisibilité des femmes immigrées au Royaume-Uni, étudiée par Annie Phizacklea 29, a
     pendant longtemps entraîné un déni systématique de la spécificité de la situation des
     femmes d’origine étrangère et de leur possible implication dans la société d’accueil.
     Cela a au moins eu trois répercussions immédiates : (i) invisibilité législative, (ii)
     invisibilité statistique, (iii) invisibilité sociale. C’est dans ce contexte d’invisibilités
     diverses des femmes immigrées que NOW est formellement créé en 1984 dans le

     Observatoire de la société britannique, 23 | 2018
La mobilisation associative au Royaume-Uni dans les organisations communautai...   9

     borough de Enfield autour d’un noyau de Nigérianes conscientes qu’il fallait se
     mobiliser collectivement afin de s’impliquer dans leur quartier et dans la vie politique
     locale pour faire entendre leur voix auprès des autorités administratives et politiques
     de la ville. La vocation militante de NOW en faveur des droits des femmes, affichée dans
     les statuts de l’association, s’est déployée également au Nigéria, puisque l’association
     mène des projets de développement économique et social en faveur de la santé et de
     l’éducation des femmes, notamment par le biais de récoltes de fonds 30. L’association
     participe activement à la vie politique locale en siégeant lors des sessions publiques du
     conseil du borough. Ses membres alertent régulièrement les décideurs locaux sur les
     besoins des femmes nigérianes et, plus largement, des femmes africaines ou issues de
     minorités ethniques. Sa présidente a longtemps été membre du parti travailliste et fut
     élue conseillère municipale de Haringey en 1986-8731. L’association qu’elle dirige
     entend développer une conscience politique plus aigüe parmi ses membres afin que
     celles-ci soient force de propositions, puissent jouer un véritable rôle de lobby auprès
     des administrations locales ou même de lanceur d’alerte lorsque de nouvelles mesures
     règlementaires à l’impact potentiellement négatif sur la communauté sont adoptées.
     NOW travaille en étroite collaboration avec d’autres associations de femmes africaines
     dont elle partage les bureaux (AWWA, All African Women Organisations) ainsi qu’avec
     le tissu associatif de volontariat local tel Voluntary Action Enfield’ et Voluntary Action
     Harringey.
23   Par le biais des activités et des projets menés, l’association vise à donner aux femmes
     nigérianes une emprise plus grande sur la société. Durant les entretiens menés avec sa
     présidente, le terme « empowerment » a été utilisé à plusieurs reprises pour expliquer
     ce qui sous-tend leurs activités : « NOW tries to join as many networks as possible
     (women’s groups in general) […] it is necessary to empower them ». Le terme
     « empowerment », appliqué au début du 20e siècle aux luttes des féministes
     américaines pour la reconnaissance de leurs droits, puis utilisé dans le contexte des
     mouvements des droits civiques des années 1960 correspond bien à la démarche de
     cette association vis-à-vis de ses membres. « The concept of empowerment is associated
     with power relations between men and women and their ability to access resources and
     control them32 ». Bien que parfois traduit par « autonomisation des femmes » ou
     « développement du pouvoir d’agir des femmes », il serait plus exact dans ce contexte
     particulier de retenir la notion de désir d’avoir une emprise sur la société dans laquelle
     ces Nigérianes évoluent. NOW entend, par le biais des diverses activités proposées,
     éveiller une conscience politique et sociale chez ces femmes nigérianes afin qu’elles
     s’engagent dans la vie publique et deviennent les actrices des changements politiques,
     sociaux ou économiques auxquels elles croient. Le combat politique pour les droits des
     femmes a pris dans le passé une dimension internationale lorsque l’association a
     entretenu dans les années 1980 des contacts étroits avec une organisation américaine
     United Black Women Organisation. Cette association (qualifiée de « US Sister ») les
     avait contactées afin qu’elles participent à la 4e conférence internationale des Nations
     Unies sur le statut et le pouvoir des femmes, à Pékin, en 1995. Cette conférence et ses
     prolongements ont permis à l’association de se rendre compte que sa mobilisation au
     quotidien dans le Grand Londres revêtait une dimension universelle en raison des
     problématiques traitées depuis sa création, ce que sa présidente résumait ainsi : « You
     start local and you become global33 ».

     Observatoire de la société britannique, 23 | 2018
La mobilisation associative au Royaume-Uni dans les organisations communautai...   10

     Conclusion
24   La mobilisation de ces citoyens nigérians ou d’origine nigériane est essentielle à leur
     visibilité, afin qu’ils puissent pleinement prendre place au sein de la société civile du
     Royaume-Uni, alors même que les politiques budgétaires d’austérité ont mis à mal le
     tissu associatif. Cette mobilisation est plus que nécessaire pour deux raisons
     essentielles. D’une part, la communauté nigériane, de par ses diverses ethnies
     traversées par des fractures politiques et religieuses, commence à ressentir le besoin
     d’apparaître unie face aux politiques gouvernementales qui les affectent depuis environ
     une décennie. Ainsi, les Nigérians plus récemment arrivés subissent les conséquences
     de politiques d’immigration de plus en plus restrictives en matière d’entrée et de
     séjour, alors même que les générations arrivées des années 1960 jusqu’au début des
     années 2000 avaient pu bénéficier d’un régime plus souple. Face à l’exclusion (sociale,
     économique et politique) qui découle directement ou indirectement de ces mesures, les
     associations communautaires prennent conscience de leur rôle fondamental. Il leur
     faut jeter des ponts entre société civile et membres de la communauté et aider les plus
     démunis à s’intégrer socialement, économiquement, voire politiquement. D’autre part,
     la mobilisation collective de ces associations, la nécessité ressentie de faire front, d’être
     unis, devient alors le seul moyen de porter des revendications collectives dans une
     société dont ils ne partagent pas forcément certaines valeurs. Les Nigérians très
     conservateurs d’un point de vue social et religieux (respect de la famille, des aînés, du
     groupe en général) se sentent parfois en décalage avec une société qui prône des
     valeurs individualistes, parfois perçues comme trop libérales. Cette mobilisation
     communautaire devient ainsi vecteur d’identité, ce qui est un moyen de transmettre
     culture et, parfois, pratiques culturelles du pays d’origine à la seconde ou troisième
     génération.

     BIBLIOGRAPHIE

     Entretiens
     Entretien mené auprès de Oluwa Yemisi Jenkins, présidente de ABLE, Association of British-
     Nigerian Law Enforcement Officers, juin 2014. ABLE regroupe des britanniques d’origine
     nigériane travaillant pour le Home Office (services des douanes, immigration, police des
     frontières) et le Foreign & Commonwealth Office.

     Entretien mené auprès de Chima Olug, vice-président de CANUK, Central Association Nigerians
     UK, juin 2014. CANUK est l’association ‘mère’ regroupant toutes les associations nigérianes
     présentes au Royaume-Uni, elle est directement rattachée à l’ambassade du Nigeria à Londres.

     Entretiens menés auprès de Martha Osamor, présidente de NOW, Nigerian Organisation Women,
     juin 2014 et février 2015. NOW est une association locale du nord de Londres qui regroupe des
     femmes nigérianes ou d’origine nigériane.

     Observatoire de la société britannique, 23 | 2018
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Entretien mené auprès de Nksikan Etuk, président de NPF, Nigerian Police Forum, juin 2014. Le
NPF regroupe des officiers de la police britannique, en particulier ceux de la Métropolitan Police.

Entretien mené auprès de Paul Orhiere, vice-président de NPF, Nigerian Police Forum, février
2015.

Entretien mené auprès de Godson Azu, secrétaire général de NIDO (UK), Nigerian in Diaspora
Organisation UK South, février 2015. NIDO (UK) est la branche britannique de l’association NIDO
qui regroupe tous ceux qui font partie de la diaspora nigériane à travers le monde.

Entretien mené auprès de Ade Omooba, président de Christian Concern Legal Centre et membre
du NCLF (National Church Leaders Forum), février 2015. Le CCLC est un centre de soutien
juridique auprès de populations victimes de discriminations (raciales ou religieuses notamment) ;
il ne s’adresse pas exclusivement aux Nigérians mais son fondateur est particulièrement influent
et connu au sein de la communauté nigériane. Le NCLF a été créé peu de temps avant les élections
législatives de 2010 par des chefs religieux d’origine africaine ou caribéenne pour porter un
programme politique imprégné de valeurs religieuses chrétiennes.

Entretien mené auprès de Babatunde Akinyanju, président de BNLF, British Nigeria Law Forum,
février 2015. Le BNLF regroupe des juristes nigérians ou d’origine nigériane travaillant au
Royaume-Uni et/ou au Nigéria.

Entretien mené auprès de Debo Adewumi, secrétaire général de NICOWF, Nigerian Community
Organisation Waltham Forrest, février 2015. Le NICOWF est une association locale de résidents
nigérians ou d’origine nigériane du nord-est du Grand Londres.

Entretien mené auprès de Fabian Ukaegbu, président de NICOWF, Nigerian Community
Organisation Waltham Forrest, février 2015.

Entretien mené auprès de Obi Okoli, président de Congress of Igbo Leaders, février 2015. Cette
association représente les intérêts de la communauté Igbo qui réside au Royaume-Uni.

Entretien mené auprès de Aminu Ademola, maire de Lambeth, président de plusieurs
associations : Association of British Nigerian Councilors et de Nigerian British Academics, février
2015. Aminu Ademola est une personnalité politique d’influence auprès de la communauté des
résidents nigérians du Grand Londres. Il préside l’association des conseillers municipaux
britannique d’origine nigériane ainsi que l’association des enseignants universitaires nigérians
ou d’origine nigériane. Cette dernière association ne semble plus avoir enregistré d’activité
notable récemment.

Entretien mené auprès du révérend Ben Enwuchola, président de Nigerian Chaplaincy, février
2015. L’aumônerie présidée par le père Enwuchola est une association religieuse de confession
chrétienne protestante.

Entretien mené auprès de l’Imam Kazeem Fatai, président de MANUK, Muslim Association
Nigerian UK, février 2015. MANUK est une association religieuse et culturelle de diffusion de
l’Islam.

Entretien mené auprès du père Richard Dialla, paroisse catholique de Peckam, Londres, février
2015.

Sources secondaires
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Social Exclusion, Report 67, June 2011.

NOTES
1. Les premières associations caritatives (charities) remonteraient au 12e siècle. Voir Abercrombie
N. et Warde A., 2002.
2. Sanders, D., Fisher, Stephen D., Heath A. & Sobolewska M., « The democratic engagement of
Britain's ethnic minorities », Ethnic and Racial Studies, 37:1, 120-139, 2014.
3. Cet article se fonde sur des recherches de terrain menées dans le cadre d’une étude comparée
internationale sur plusieurs communautés d’immigrés vivant en Grande-Bretagne et aux États-
Unis: communautés musulmanes, sikhes nigérianes en Grande-Bretagne et communautés
musulmanes, et hispaniques aux États Unis (à Chicago et New York, en Arizona et au sud de la
Californie). Le projet de recherche intitulé, SoMi, Securitisation of Migrant Integration, Lessons from
the US and the UK, a été codirigé par CREW (Paris 3) et le CEVIPOF (Sciences-Po Paris) et financé
par l'AAP 2012 de l'Idex de Sorbonne Paris Cité (SPC).
4. L’émigration des Nigérians s’est faite essentiellement vers le Royaume-Uni, les États Unis et
l’Afrique du Sud.
5. Voir         les    résultats       du      recensement        de     2011.      < https://www.ons.gov.uk/
peoplepopulationandcommunity/populationandmigration/internationalmigration/articles/
internationalmigrantsinenglandandwales/2012-12-11>, consulté le 30 octobre 2017.
6. Voir Cherti M., Pennington J. & Grant P., Beyond Borders. Human Trafficking from Nigeria to the UK.
Institute for Public Policy Research, January 2013. , consulté en
juillet 2017.
7. < http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/20121212135632/http://www.fco.gov.uk/en/
about-the-fco/country-profiles/sub-saharan-africa/nigeria?profile=intRelations&pg=4> ,consulté
en juillet 2017.
8. Plusieurs événements très médiatisés ont marqué de manière durable la communauté
nigériane et l’ont amenée à se mobiliser collectivement : meurtre du jeune Damilola Taylor
(décembre 2000), attentat manqué d’un citoyen nigérian sur un vol transcontinental (décembre
2009) et, plus tard, meurtre d’un soldat, Lee Rigby, assassiné par deux Britanniques d’origine
nigériane convertis à l’islam (mai 2013).
9. Ademola Aminu, maire d’origine nigériane de Lambeth, The Vanguard, 3/06/2012.
10. Clarke J., «New Labour’s citizens: activated, empowered, responsibilized, abandoned?»,
Critical Social Policy, vol.25(4), 2005, p.441.
11. Tunstall R. et al., «Building the Big Society», London School of Economics, Centre for Analysis of
Social Exclusion, Report 67, June 2011, p. 3.

Observatoire de la société britannique, 23 | 2018
La mobilisation associative au Royaume-Uni dans les organisations communautai...   14

12. Berger M. et De Munck J., «Participer, entre idéal et illusion», Recherches sociologiques et
anthropologiques, 46-1, (In)capacités citoyennes, p. 1-24, 2015, ,
consulté en juillet 2016.
13. I&DeA, p.3 , consulté en juillet 2016.
14. National Council of Voluntary Organisations.
15. Green R., ‘Working Together’. Engaging with South London’s Voluntary and Community Sector: A
Community Scoping Study. Goldsmiths University of London, 2012. , consulté en juillet 2016.
16. NOW partage désormais ses locaux et les postes informatiques avec AWWA une association de
femmes africaines. NICOWF, une association nigériane du nord de Londres s’est vue dans
l’obligation de ne pas renouveler le contrat d’un secrétaire à mi-temps dont le poste lui avait été
initialement accordé par le local Council de Waltham Forest en 2001.
17. Entretien avec le secrétaire général de l’association Nigerian Community Waltham Forrest
(NCWF), février 2015.
18. Entretien avec le secrétaire général de l’association NIDO, février 2015.
19. Green, R., op.cit., p.14.
20. Involve, Not another consultation! Making community engagement informal and fun. A publication
by Involve and Local Government, 2011, p.9.
21. Entretien avec la présidente de ABLE (Association of British Law Enforcement Officers), juin 2014.
22. Entretien avec le révérend Ade Omooba, fondateur de Christian Concern Legal Centre, février
2015.
23. Entretien avec le révérend Ben Enwuchola, en charge de la Nigerian UK Chaplaincy, février
2015.
24. Entretien avec la présidente de ABLE (Association of British Law Enforcement Officers), juin 2014.
25. Entretien avec le secrétaire général de BNLF (British Nigerian Lawyers Forum), février 2015.
26. Entretien avec le porte-parole du Congrès des leaders Igbo, février 2015.
27. Entretien avec le vice-président de CANUK (Central Association Nigerians in the UK), juin 2014.
28. Entretien avec Ademola Aminu, maire de Lambeth, président de deux associations : The British
Nigerian Local Councillors Association et Nigerian Academics in the UK. Entretien mené en février 2015.
29. Phizacklea, A., «Gendered Actors in Migration», Andall J. (ed) Gender and Ethnicity in
Contemporary Europe, Berg, 2003, pp.23-40.
30. Depuis quelques années, le rôle joué par les organisations diasporiques tant dans leur pays
d’accueil que surtout dans leur pays d’origine est un champ d’études qui se développe
rapidement. Pour le Nigeria Ben Lampert (Open University) explique que ces associations
mobilisent des ressources matérielles, financières, intellectuelles et politiques afin de
promouvoir le développement économique et social du Nigeria mais également afin de
poursuivre certains buts politiques (ex: droit de vote de la diaspora dans les élections au Nigeria).
31. Martha Osamor, membre du parti travailliste, ancienne candidate locale est une figure de
proue de la communauté nigériane. Sa fille Kate Osamor est l’une des quatre députés (Labour)
d’origine nigériane qui a été élue à la chambre des Communes en mai 2015. Entretiens menés en
juin 2014 et février 2015.
32. Kamal, Z., « Empowerment of Women » Palestine-Israel Journal of Politics, Economics & Culture 17
(3/4): 25–29, 2011.
33. Entretien avec Martha Osamor, présidente de NOW (Nigerian Organisation Women), entretien
mené en juin 2014.

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