Last Action Hero (Le Dernier des Héros) - André Caron - Érudit

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Last Action Hero (Le Dernier des Héros) - André Caron - Érudit
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Séquences
La revue de cinéma

Last Action Hero (Le Dernier des Héros)
André Caron

Number 165, July–August 1993

URI: https://id.erudit.org/iderudit/59521ac

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Publisher(s)
La revue Séquences Inc.

ISSN
0037-2412 (print)
1923-5100 (digital)

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Caron, A. (1993). Review of [Last Action Hero (Le Dernier des Héros)]. Séquences,
(165), 44–46.

Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1993                                This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
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Last Action Hero (Le Dernier des Héros) - André Caron - Érudit
excellence, Le Voleur de bicyclette de      à un phare de motocyclette qui
Vittorio de Sica. La caméra s'occupe à      avance seule dans la nuit chinoise.
                                                                                                                 Last Action Hero
prendre le pouls de la foule d'un               En fait, malgré des moyens limités,                                  P o u r devenir l'homme le mieux
village, au moment où finit par en          le cinéaste continue de débusquer                                    payé d'Hollywood et atteindre le
émerger Qiu Ju. Aidée par sa jeune          l'originalité au gré d'images visant au                              statut de superstar à travers le monde,
belle-soeur, elle transporte en             maximum d'impact dramatique. Avec                                    Arnold Schwarzenegger n'a sûrement
charrette son mari chez le docteur. Ce      une caméra fixe, il utilise                                          pas fait preuve d'humilité. Il a façonné
dernier a été battu par le chef du          constamment la profondeur de champ                                   son image avec autant d'acharnement
village à la suite d'un échange de          et les arrière-plans, afin de rendre                                 et de persévérance qu'il en a mis à
propos impolis entre les deux               compte de la complexité des                                          développer         son       imposante
hommes.                                     situations      et    accroître    leur                              musculature. La vedette doit posséder
    A partir de cette introduction, où il   vraisemblance. Zhang Yimou nous                                      un ego à la mesure de son succès.
est surtout question de couiIles            délivre ainsi de l'hégémonie du gros                                 Car, autrement, comment expliquer la
enflées, Zhang Yimou dresse un              plan américain, en insufflant dans le                                popularité, aux États-Unis comme
tableau de la Chine d'aujourd'hui et        cadre mille et un détails évocateurs.                                ailleurs, de ce géant autrichien à
de la condition des femmes chinoises,       Le seul plan rapproché survient lors de                              l'accent incontournable et sans aucun
sous la loi de Mao. L'histoire de Qiu       la toute dernière image du film qui                                  talent de comédien? Son ascension
Ju est celle du combat d'une femme          nous montre une Qiu Ju affolée de                                    phénoménale constitue à la fois un
qui sait avoir raison. Dans le but juste    constater où l'a menée sa quête de                                   excellent exemple de réussite à
d'obtenir des excuses du chef du            justice.                                                             l'américaine et de commercialisation
village, son obstination admirable la                                                                            narcissique.
mènera à fouiller tous les recoins de la                                                                             Son dernier film, Last Action Hero,
justice chinoise. Telle un Sisyphe au                                                                            traite justement de ces deux aspects
féminin, Qiu Ju roule son ventre rond                                                                            étroitement        liés,   car,     pour
de femme enceinte toujours plus haut                                                                             Schwarzenegger, la contemplation de
avant de devoir toujours recommencer                                                                             soi mène irrémédiablement au succès
à zéro. L'absurde made in China.                                                                                 et à la gloire. Rarement oeuvre
    Une histoire simple et universelle à                                                                         cinématographique aura été aussi
laquelle adhéreront tous ceux et celles                                                                          égotiste. Même Sylvester Stallone n'a
qui, un jour ou l'autre, se sont sentis                                                                          jamais été aussi loin. D'abord, à
impuissants devant une machine                                                                                   l'instar de Sherlock Jr. de Buster
                                                                                               Gong Li dans le
bureaucratique ou humiliés par la                                                               rôle de Qiu |u
                                                                                                                 Keaton ou de Purple Rose of Cairo de
hiérarchie aléatoire des puissants.             Après des regards attentionnés vers                              Woody Allen, il s'agit d'un
Toutefois, Zhang Yimou ne filme pas         le passé, Zhang Yimou aborde donc                                    personnage de film qui traverse le
sans humour. Sans tomber dans               avec finesse la Chine d'aujourd'hui.                                 monde réel. À la différence qu'ici le
l'ethnocentrisme            et        le    Son oeuvre déjà imposante, sa                                        héros fictif, Jack Slater, est interprété
sensationnalisme — style Grands             capacité de renouvellement et sa belle                               dans la réalité de Last Action Hero
Explorateurs — il dresse un portrait        maîtrise de l'image annoncent de                                     par... Arnold Schwarzenegger! Dans
tout en contrastes et en paradoxes de       futurs beaux et grands films. Espérons                                les deux cas, la vedette des films de
son pays. Avec des ellipses fort            seulement que le drame de Qiu Ju ne                                  Slater et celle de Last Action Hero
appropriées, le cinéaste nous évite en      devienne jamais le sien...                                           sont donc la même. Mais est-ce
outre le détail des péripéties de Qiu                               Mario Cloutier                               vraiment la même? Hum. Joli
Ju, pour se concentrer sur l'émotion                                                                             paradoxe.
suscitée par des relations humaines.                                                                                 Suivons la logique du film. Lors du
    Gong Li s'avère tout à fait crédible    THE STORY OF QIU |U (Qiu |u Da Cuansi) -                             dénouement, qui se déroule au cours
                                            Réal.: Zhang Yimou — Scén.: Liu Heng, d'après
dans la peau de l'héroïne paysanne.         le roman The Wan family's lawsuit de Chen                            de la première newyorkaise de Jack
Courageuse obstinée, elle se montre         Yuan Bin — Phot.: Chi Xiao Ning — Mont.: Du                          Slater IV, le héros fictif Jack Slater
vulnérable dans cette belle séquence à      Yuan — Mus.: Zhao Ji Ping — Dec: Cao Jiu                             sauve la vie de son alter ego, la
                                            Ping — Int.: Gong Li (Qiu Ju), Lei Lao Sheng
la ville où Qiu Ju a perdu de vue sa        (Wang Tang, le chef du village), Ge Zhi Jun (Li,                     vedette Arnold Schwarzenegger, une
belle-soeur et frôle la panique. Pour       l'agent de police), Liu Pei Qi (Wang Qinglai, le                     scène dont l'exécution rappelle la
nous faire ressentir l'angoisse du          mari), Yang Liu Chun (Meizi, la belle-soeur) —                       finale de The Man Who Knew Too
                                            Prod.: Sil Métropole Organisation/Beijing Film
personnage principal, Yimou utilise un      Academy/The          Youth      Film    Studio
                                                                                                                 Much. Les deux hommes font alors
crescendo de bruits urbains. Un peu         Production/China Film — Chine — 1991 — 100                           connaissance. Mais, dans le contexte
plus loin, le cinéaste y va d'une autre     minutes — Dist.: Alliance/Vivafilm.                                  du film, cet Arnold est aussi fictif que
belle métaphore en identifiant Qiu Ju                                                                            Slater, puisqu'Arnold joue à la fois le

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Last Action Hero (Le Dernier des Héros) - André Caron - Érudit
rôle du héros et celui de la superstar.                                                                  cartoonesque), ou celle, vraiment
Ce n'est pas le vrai Arnold que l'on                                                                     étonnante pour un film américain, de
voit, mais la façade publique, la                                                                        faire traverser dans le monde réel la
vedette mondaine, l'image médiatique                                                                     Mort du film de Bergman, Le Septième
créée et écrite pour Last Action Hero,                                                                   Sceau. Mais il y a aussi beaucoup de
la même image artificielle qui se                                                                        choses qui ne fonctionnent pas,
retrouve au Tonight Show, à                                                                              comme ce toon détective qui détruit la
Entertainment Tonight ou à Planet                                                                        logique interne du film ou cette
Hollywood (sa propre chaîne de                                                                           présence déplacée et superflue d'un
restaurants qu'Arnold ne manque pas                                                                      Humphrey Bogart en noir et blanc. A
de mentionner dans le film). Aussi,                                                                      vouloir trop mettre de sucreries, on
quand Jack rabroue Arnold en lui                                                                         finit par causer une indigestion.
disant : «Je ne t'aime pas vraiment, tu                                                                  Somme toute, il y a du bon et du
ne m'as apporté que souffrance et                                                                        mauvais dans ce film fourre-tout, mais
misère», ne serait-ce pas alors le                                                                       les bons moments compensent
véritable Arnold qui s'adresse à la                                                                      amplement, selon moi, pour les
vedette Schwarzenegger par Jack                                                                          maladresses et les problèmes inhérents
Slater interposé? Hum. Fascinant                                                                         à ce type de superproduction.
paradoxe.                                                                                                     Le plus grave problème demeure
      En fait, nous n'en sommes pas à                                                                    toutefois l'absence de talent de
une contradiction près, car derrière le                                                                  comédien de Schwarzenegger. Je ne
supposé pastiche des films d'action et                                                                   peux qu'imaginer ce qu'un Harrison
l'illusoire réflexion sur la violence, se                                                                Ford aurait pu faire avec un tel
cache une gigantesque opération                                                                          personnage et une telle ambiguïté.
d'auto-glorification. Arnold justifie son                                                                Pour compenser ses lacunes, Arnold
rôle de superstar en le rendant                                                                 Arnold   s'entoure de comédiens de valeur qui
indispensable. Le peuple a besoin de                                                   Schwarzenegger    relèvent la qualité de l'interprétation
                                                                                             et Danny
héros. Chacun choisit ses héros en          terminer dans un cul-de-sac entre                            d'ensemble et apportent un certain
                                                                                             Madigan
fonction de ses idéaux. Le jeune            deux maisons. Il se dégage de ces                            prestige à l'entreprise. En fait, même le
Danny Madigan a choisi Jack Slater.         envolées une sensation de flottement                         jeune novice Austin O'Brien fait
Jack Slater devient nécessaire. Donc,       rêveuse qui n'est pas désagréable.                           montre de plus de talent qu'Arnold. Il
Arnold est nécessaire. Cette logique             Décidément,            McTiernan                        faut voir ce dernier tenter de donner
très narcissique entraîne le film dans      affectionne vraiment ces plongées                            un peu de profondeur à son
une complaisance caricaturale très          dans le vide, comme on en retrouve                           personnage. Quand Jack Slater
cartoonesque qui exclut toute               dans Nomads, dans Predator ou à la                           traverse de l'autre côté de l'écran, il se
réflexion, toute approche critique,         fin de Die Hard, quand le bandit                             lance dans une réflexion existentielle
toute forme de dérision.                    tombe au ralenti par une fenêtre de                          des plus pathétiques. D'abord, parce
    Malgré tout, Last Action Hero n'est     l'édifice. Dans Last Action Hero, il va                      que Slater est un héros monolithique
pas dénué d'intérêts. Après tout, John      encore plus loin dans ce sentiment de                        et monosyllabique, dont la plus
McTiernan a réalisé d'excellents films      vide et d'impuissance. Jack Slater se                        célèbre réplique est : «big mistake».
jusqu'à présent et il sait utiliser le      retrouve suspendu à un ascenseur                             C'est un homme d'action qui agit, qui
langage cinématographique avec brio.        extérieur qui s'est décollé de la paroi.                     fonce. Il n'a pas le temps ni
Die Hard, The Hunt for Red October          Il s'agrippe à une section de métal qui                      l'intelligence de s'interroger sur son
et même Predator en sont de bons            dépasse. Soudain, la pièce cède et,                          rôle dans la vie. Ensuite, parce
exemples. Ici, il confectionne              pendant un moment, Jack demeure                              qu'Arnold est absolument incapable
quelques-unes des scènes d'action les       suspendu dans le vide, surpris,                              de rendre ce genre d'émotion ou
plus époustouflantes jamais réalisées,      regardant le bout de métal détaché,                          d'introspection. Pourquoi s'obstine-t-il
telle cette poursuite en voitures qui       avant d'amorcer lentement son                                toujours à essayer?
commence avec une explosion                 irrémédiable descente. Une scène                                 De plus, comme le lui rappelle
outrageusement exagérée (on voit            digne des meilleurs Bugs Bunny.                              Danny, Jack Slater n'a rien à craindre
même la poutre qui permet de                    Il y a de très bonnes idées, dans ce                     tant que les recettes sont bonnes.
catapulter une voiture de police!) et se    film, comme celle de tourner des                             Arnold aurait dû suivre les conseils du
prolonge avec des envolées                  cartes à jouer qui marquent le compte                        garçon. D'ailleurs, n'y aurait-il pas
incroyables par-dessus viaducs,             à rebours annonçant l'explosion d'une                        quelque chose de prémonitoire pour
cloisons bétonnées et clôtures, pour se     bombe (un gag encore très                                    l'avenir de Schwarzenegger dans le

No 165 —Juillet-août 1993                                                                                                                       4?
titre Last Action Hero? Hum.                      premier de Laura Esquivel; à la suite                     plats de Tita; un gâteau de noces est
Fascinante contradiction.                         d'un énorme succès à l'échelle                            trop salé parce qu'il a été arrosé de ses
                          André Caron             internationale, son auteur l'a adapté                     pleurs à la préparation, ou un plat est
                                                  pour le cinéma. Résultat: ce film                         aigre-doux, car elle se sent hésitante
                                                  réalisé et produit par son mari,                          quant à une décision qu'elle doit
THE LAST ACTION HERO (Le Dernier des              Alfonso Arau, s'est valu une dizaine                      prendre.
Héros) — Réal.: John McTiernan — Seen.:
Shane Black, David Arnott, d'après une histoire   de prix dont celui du public au                               Le ton reste néanmoins léger; une
de Zak Penn et Adam Leff — Phot.: Dean            Festival of Festivals de Toronto, l'an                    grande place est donnée à l'humour et
Semler — Mont.: John Wright — Mus.: Michael       dernier, et il a été le candidat                          le réalisateur se moque même de
Kamen — Son: Lee Orloff — Dec: Eugenio
Zanetti — Cost.: Gloria Greshan — Int.: Arnold
                                                  mexicain à l'Oscar du Meilleur film en                    certaines superstitions naïves ou de
Schwartzenegger (Jack Slater), Austin O'Brien     langue étrangère. Cette oeuvre nous                       certains des agissements de Tita.
(Danny Madigan), Charles Dance (Benedict),        plonge dans ce qu'Alejo Carpentier,                           Arau a dirigé ce film avec finesse;
Anthony Quinn (Tony Vivaldi), F. Murray
Abraham (John Practice), Art Carney (Frank),
                                                  un romancier et musicologue cubain,                       il dessine à petits traits et ne cherche
Mercedes Ruehl (Mme Madigan), Frank McRae         a défini comme le «merveilleux réel»,                     pas à épater. Il utilise beaucoup le
(Dekker), Bridgette Wilson (Whitney/Meredith),    c'est-à-dire un mélange de réalisme et                    gros plan pour faire ressortir la beauté
Tom Noonan (Ripper), Robert Prosky (Nick), lan
McKellen (la Mort) — Prod.: Steve Roth, John
                                                  de symbolisme provenant en droite                         et la sensualité, que ce soit celles d'un
McTiernan — États-Unis — 1993 — 122               ligne de l'héritage des Noirs ou des                      plat ou celles du visage de Tita. Les
minutes — Dist.: Columbia.                        Amérindiens mêlé au cours des siècles                     plans larges servent essentiellement
                                                  à la culture européenne. Ce style                         aux paysages, toujours à contre-jour,
                                                  d'écriture se retrouve sous une forme                     filmés au coucher du soleil.
Une saveur de passion                             ou une autre chez Gabriel Garcîa                          D'ailleurs, tout le film est empreint de
    Cailles à la sauce de pétales de              Marquez (Mexique), Mario Vargas                           teintes chaudes, rougeâtres ou
roses: Ingrédients: 12 roses, rouges de           Llosa (Pérou) et Jorge Luis Borges                        orangées, en extérieur comme en
préférence, M châtaignes, 2 cuil. à               (Argentine), pour ne citer qu'eux.                        intérieur.
thé de beurre, 2 gouttes d'eau de rose,               Avec en toile de fond la révolution                       Lumi Cavazos campe une belle
2 cuil. à table de miel, 2 gousses d'ail,                                                                   Tita, pleine de vie, fragile, amoureuse,
6 cailles.                                                                                                  mais à la fois forte et déterminée. Le
    La méthode de cuisson? Il faudra                                                                        personnage de la mère tombe
voir ce charmant film mexicain pour                                                                         malheureusement parfois dans la
la découvrir et constater en même                                                                           caricature, tellement sa cruauté est
temps son effet aphrodisiaque sur                                                                           appuyée, mais cela est compensé par
ceux qui le dégustent! Cela en vaut la                                                                      de très forts moments où Régina Torne
peine, car Like Water for Chocolate                                                                         est d'une rare justesse. Enfin, Marco
nous révèle la cuisine sous la forme la                                                                     Leonardi aurait gagné à être moins
plus magique et la plus sensuelle qui                                                                       raide et plus vivant: on a de la
soit.                                                                                                       difficulté à croire en son sentiment
    Tita, la maîtresse d'oeuvre des plats                                                                   amoureux, tellement il apparaît froid
décrits dans ce film, est terrifiée dès                                                                     et distant.
son jeune âge par sa mère. Elle se                                                                              Quel plaisir de redécouvrir ainsi le
réfugie donc dans l'atmosphère                                                                              cinéma mexicain, si peu souvent sur
chaleureuse de la cuisine où règne la                                                                       nos écrans de nos jours! On ne peut
                                                                                             Lumi Cavazos
vieille et bonne Nacha. Tita acquiert                                                                       sortir indifférent de Like Water for
ainsi une rare expérience d'artiste               mexicaine, cette histoire se concentre                    Chocolate; ses créateurs y ont mis trop
culinaire et sa relation avec les                 essentiellement sur un univers                            de beaux ingrédients. On se laisse
aliments tient de la magie. Forcée par            féminin. On entre dans l'antre                            emporter d'une émotion à l'autre au
une mère tyrannique à ne jamais se                traditionnelle de la femme latino-                        point d'oublier les légers défauts. Au
marier, afin qu'elle s'occupe d'elle, et          américaine, composé de la chambre à                       fond, ce film ressemble à un bon
frustrée dans l'amour qu'elle ressent             coucher et de la cuisine. De plus, la                     repas: la digestion se fait bien, il laisse
pour Pedro, un jeune et riche                     sorcellerie occupe une bonne place,                       un bon souvenir et on se dit qu'on en
propriétaire de ranch, cette jeune                mais pas de façon rebutante ou                            reprendrait bien encore!
femme révèle ses états d'âme et règle             exagérée, plutôt intimiste, comme si                                                 Martin Delisle
même ses comptes par les plats                    elle faisait partie intégrante de la vie
qu'elle prépare.                                  de ces femmes à qui on a légué des
   Like Water for Chocolate a                     secrets, des formules, de génération en                   UNE SAVEUR DE PASSION (Con Aqua para
                                                                                                            Chocolate) — Réal.: Alfonso Arau — Scén.:
d'abord paru sous forme de roman, le              génération. Cela se retrouve dans les

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