LE CORONA LA VRAIE NATURE D'UN THÉÂTRE - GÉRALD MCNICHOLS TÉTREAULT - ÉRUDIT
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Document generated on 02/27/2020 7:44 p.m. Continuité Le Corona La vraie nature d’un théâtre Gérald McNichols Tétreault Présence acadienne Number 61, Summer 1994 URI: https://id.erudit.org/iderudit/17382ac See table of contents Publisher(s) Éditions Continuité ISSN 0714-9476 (print) 1923-2543 (digital) Explore this journal Cite this article McNichols Tétreault, G. (1994). Le Corona : la vraie nature d’un théâtre. Continuité, (61), 7–9. Tous droits réservés © Éditions Continuité, 1994 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
PORTES OUVERTES M W " " ^ S Le Corona 1 ' "f*"- 0 - ^ La vraie nature Là" ^ 1 d'un théâtre \V* PAR GÉRALD M C N I C H O L S TÉTREAULT LES VESTIGES D'UN LIEU PER- METTENT GÉNÉRALEMENT D'EN IMAGINER LE PASSÉ. DANS LE CAS DU THÉÂTRE C O R O N A , U N MINUTIEUX TRA- VAIL D ' E X P L O R A T I O N A PERMIS DE FAIRE LE PONT ENTRE UN /.// rr//v/v r/;/ A»
l'arrière-scène, ce qui rendra possible la présentation de spec- tacles sur scène qui respectent les exigences scénographiques contemporaines. Les édifices intégrés au projet conserveront leur apparence actuelle. Côté est, l'ancienne plomberie, qui gardera son décor intérieur et sa mezzanine art déco, sera conver- tie en foyer du théâtre et abritera des bureaux pour l'administra- tion. Côté ouest, la petite maison rouge, typique de l'architecture de la Petite Bourgogne, devien- 3 tr— — — • •—*••. dra un café qui servira de lieu de /•.'// haut, détail de la façade rencontre entre les artistes, les employés du théâtre, les grou- du Corona. pies et la population du quar- Ci-contre, vue d'ensemble tier. En 1993, on a confié aux des muses de Briffa. architectes de l'Atelier Big City : Cormier, Cohen, Davies, la conception du Café Corona. LA VÉRITÉ D U LIEU La réhabilitation de l'édi- U N PROJET Dépouillé de ses richesses, fice sera complétée par l'ajout ARTISTIQUE INTÉGRÉ U N LIEU D E il lui fallut attendre le milieu des des aménagements nécessaires à Un processus d'appel CONVERGENCE années 1980 pour être redécou- la présentation de spectacles sur d'offres et de sélection dirigé par D ' u n e certaine façon, vert. Martha Flemming et Lyne scène et à l'écran. Ce sont les l'agence d'architecture Saia et l'édifice lui-même a été mis à Lapointe, artistes contemporai- architectes Saia et Barbarese Barbarese (1992), assisté des contribution dans le processus nes dirigeant le groupe Les peti- (1992-1993) qui ont réalisé la agences spécialisées dans les arts d'élaboration du projet. En tes filles aux allumettes, le rendi- programmation, l'étude de faisa- de la scène Tintam'art (gestion) effet, de nombreux événements rent au public à l'occasion d'un bilité technique et le concept de et Trizart (scénographie), a ont eu lieu dans le théâtre événement artistique tenu en cette intervention. L'effet dra- conduit au choix du projet pré- Corona spécialement illuminé 1987, la Donna Delinquenté. matique provoqué par le senté par M. Robert Vinet, de pour chaque occasion : visites, Grâce à leur performance multi- contraste entre les équipements Gestion Son Image inc. La réali- petits et grands déjeuners, sémi- média et au recours à l'installa- techniques contemporains et le sation du projet est financée naires, conférences, reportages tion, les artistes ont effectué une maintien de la patine du temps dans une proportion de 75 % photos, télévisuels et radiopho- véritable « psychanalyse » du et du relatif aspect de dégrada- par l'industrie de la production niques, séances d'information et lieu, de son état d'abandon et de tion du lieu, déjà expérimenté artistique et des demandes de consultation ouvertes à la sa marginalisation. Le théâtre au théâtre Majestic de New d'aide à la conservation du population. Ces événements, de Corona est devenu une épave York (Brooklin Academy of patrimoine et au développement même que le tournage en 1990 d'où on perçoit sous un angle Music), autorisait ce choix. des équipements culturels ont du long métrage d'André neuf le passage du temps et le Cette approche sensible a été adressées aux deux niveaux Forcier, Une histoire inventée, et sens de la ville. Il prend, de ce pu être éprouvée au cours de de gouvernement supérieurs. l'année suivante, du téléfilm de fait, une signification nouvelle. l'année 1992, alors qu'une sub- L'achèvement est prévu pour la Jean Beaudin, Nénette, ont Au-delà de l'intervention vention (Entente Mac-Ville 5) a fin de 1994 et l'ouverture pour contribué à faire prendre cons- de Lapointe et de Flemming, permis à la SIMPA de réaliser in l'automne suivant. cience au public, aux associa- tout travail de restauration visant situ les travaux de nettoyage et Le Corona sera un lieu de tions culturelles et communau- à remettre le bâtiment dans un de consolidation du rideau de création de comédies musicales taires locales, aux gestionnaires état original ou idéal aurait scène. Ces travaux furent réalisés doté d'un projet artistique origi- et aux décideurs politiques de entraîné une perte de sens consi- en deux mois par M"" Anita nal auquel est notamment asso- l'intérêt de réhabiliter le théâtre dérable, la construction anachro- Henri, restauratrice spécialisée, ciée M"" Diane Dufresne. Une Corona. nique d'un faux, la négation du sous la direction de M™ Brigitte phase ultérieure du projet per- En consultant la popula- passage du temps. Le parti adop- Bilodeau de la SIMPA avec la mettra d'adosser à l'arrière-scène tion et les associations culturel- té a plutôt été de respecter son collaboration précieuse du un studio de préproduction. les du quartier, on a aussi pu état actuel, de conserver les tra- Centre de conservation du Des espaces seront mis à la dis- prendre en compte les besoins ces dues à l'usure du temps et au Québec. Un système spécial position de petites et moyennes qu'elles ont exprimés. La com- passage des générations. Ce d'échafaudage a dû être conçu compagnies de production artis- pagnie de Gestion Son, Image choix controversé remet en ques- de façon à maintenir le rideau tique, ce qui aura pour effet de inc., la Ville de Montréal ainsi tion les attitudes et les pratiques en suspension. Une enveloppe favoriser les échanges et la colla- que la commission scolaire ont actuelles privilégiant la remise à protectrice recouvre maintenant boration entre les gens du dans ce sens discuté d'un projet l'état original. Les architectes le rideau en attendant qu'il milieu. d'entente afin d'établir une pro- Beaupré et Michaud ont établi retrouve son rôle original dans L'acquisition des proprié- grammation culturelle, artisti- un programme de mesures l'édifice réhabilité. Chaque tés situées de part et d'autre et à que et cinématographique com- (1992-1993) visant à réparer les année, on en vérifie l'état. l'arrière de l'édifice de la rue plémentaire qui réponde aux principales avaries, à nettoyer les Notre-Dame permettra de besoins du quartier. Visites gui- surfaces et à contrôler la dégra- résoudre des problèmes techni- dées, programmes de formation dation, sans recourir à la restau- ques. La situation de cette salle aux métiers scéniques, événe- permet l'agrandissement de ments spéciaux, ateliers ouverts 8 CONTINUITÉ NUMÉRO 61
I SAUVER LA FACE... La façade de l'édifice a posé un grave p r o b l è m e de À LA RESCOUSSE DES LIEUX DU CINÉMA conservation. Sa c o m p o s i t i o n architecturale en arche triom- phal est d'un intérêt majeur. Ce mur porteur présente cependant différents problèmes structuraux qui en compromettent la stabili- s a té. U n affaissement partiel de l^BI l'arche, probablement attribua- ble à un défaut de conception du mur ou à une intervention malheureuse, est survenu il y a plu- sieurs années. La face extérieure du mur a été recouverte d ' u n enduit de maçonnerie p r o b a b l e m e n t dans les années 1940 ou 1950. Cet enduit très lourd a tendance à se séparer du mur en entraînant avec lui le premier rang de brique du riche parement original de la façade de l'édifice. Les ingénieurs Nicolet, Char- Le sauvetage et la réhabilitation du théâtre Corona demeure trand, Knoll ont dirigé des travaux provisoires pour arrêter le pro- un cas isolé. Des 68 salles que comptait encore Montréal en 1940, cessus d'effondrement. Ils ont aussi participé avec les architectes 48 ont changé de vocation ou ont été démolies. En excluant les 9 Beaupré et Michaud à la conception d'une solution à long terme qui salles vacantes et en danger, approximativement 11 salles servent tienne compte du principe d'interventions minimales et du maintien encore de cinéma. Faute de temps et de ressources financières, il de l'intégrité du mur. Le motif original de la façade sera respecté. est peu probable que la démarche de développement du théâtre , Corona puisse être reprise dans chacun de ces cas. Il faudra sans doute trouver dans l'avenir une solution plus globale, qui demande un degré d'intervention plus léger et qui aux écoles du quartier portant 3. Groupe de travail sur l'exploita- s'accorde davantage avec la fonction cinématographique originale sur l'histoire, le patrimoine, le tion des salles de cinémas, des anciennes salles. En 1988, le Groupe de travail sur l'exploita- t h é â t r e et le c i n é m a p e r - L'exploitation cinématographique tion des salles de cinéma recommandait que soit conservée et pré- p é t u e r o n t la m é m o i r e de la au Québec. Que sont nos cinémas servée la vocation cinématographique des établissements ayant scène montréalaise en récom- devenus ?, ministère des Affaires encore une valeur patrimoniale. Le milieu québécois du cinéma pensant le travail des artisans culturelles du Québec, novembre s'apprête à célébrer son centenaire et il est très préoccupé par la fai- qui ont cru à l'impossible. 1988. ble diffusion des films québécois ; il songerait même à créer un 4. « Les images de la scène, théorie et nouveau réseau de distribution qui serait indépendant des majors. Gérald McNichols pratique sémiotiques », Protée, vol. La SIMPA demandera au milieu du cinéma québécois de partici- Tétreault 17, n" 1, hiver 1989 ; « Une épine per l'automne prochain à une réflexion commune sur la possibilité Architecte dans l'œil », de Rodrigue Ville- de d'acquérir les anciens cinémas dont l'avenir est incertain. neuve, et « Conversation d'amou- Transformer un ancien cinéma de 1000 places en salle de 1. J. Martineau, Cinémas. Les salles reuses », de Martha Flemming et spectacle peut coûter de 5 à 10 millions de dollars. Y rétablir la de cinémas construites avant 1940 Lyne Lapointe, Les petites filles fonction de cinéma pourrait se faire, dans certains cas, pour cinq sur le territoire de la Communauté aux allumettes. fois moins d'argent. Les Rendez-vous du cinéma le démontrent, il urbaine de montréal. Analyse, syn- 5. Entente sur la mise en valeur du existe une production cinématographique québécoise (courts et thèse et évaluation patrimoniale, patrimoine entre le ministère de la longs métrages, vidéos, films d'animation, documentaires, etc.) qui ministère des Affaires culturelles, Culture du Québec et une ville. ne demande qu'à être découverte. Ce ne sont pas seulement les Direction du patrimoine de anciens cinémas qu'il faut réhabiliter, c'est le cinéma lui-même Montréal, août 1987-février 1988. qu'il faut ramener au cœur des quartiers densément urbanisés. Les 2. Serge Grunberg, « Hollywood, salles abandonnées s'y trouvent déjà... histoires secrètes », Globe Hebdo, n°28, 18 au 24 août 1993, p. 7. NUMÉRO 61 CONTINUITÉ
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