LE CORONA LA VRAIE NATURE D'UN THÉÂTRE - GÉRALD MCNICHOLS TÉTREAULT - ÉRUDIT

 
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LE CORONA LA VRAIE NATURE D'UN THÉÂTRE - GÉRALD MCNICHOLS TÉTREAULT - ÉRUDIT
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Continuité

Le Corona
La vraie nature d’un théâtre
Gérald McNichols Tétreault

Présence acadienne
Number 61, Summer 1994

URI: https://id.erudit.org/iderudit/17382ac

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Publisher(s)
Éditions Continuité

ISSN
0714-9476 (print)
1923-2543 (digital)

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McNichols Tétreault, G. (1994). Le Corona : la vraie nature d’un théâtre. Continuité,
(61), 7–9.

Tous droits réservés © Éditions Continuité, 1994                                        This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including
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LE CORONA LA VRAIE NATURE D'UN THÉÂTRE - GÉRALD MCNICHOLS TÉTREAULT - ÉRUDIT
PORTES OUVERTES

  M W " " ^ S Le Corona
             1 ' "f*"- 0 -             ^
                                           La vraie nature
             Là" ^ 1                       d'un théâtre
     \V*                                   PAR GÉRALD
                                           M C N I C H O L S TÉTREAULT

                                             LES VESTIGES D'UN LIEU PER-

                                                 METTENT GÉNÉRALEMENT
                                                   D'EN IMAGINER LE PASSÉ.

                                                 DANS LE CAS DU THÉÂTRE

                                           C O R O N A ,   U N   MINUTIEUX        TRA-

                                           VAIL D ' E X P L O R A T I O N   A   PERMIS

                                              DE FAIRE LE PONT ENTRE UN
/.// rr//v/v r/;/ A»
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l'arrière-scène, ce qui rendra
                                                                                                                       possible la présentation de spec-
                                                                                                                       tacles sur scène qui respectent
                                                                                                                       les exigences scénographiques
                                                                                                                       contemporaines. Les édifices
                                                                                                                       intégrés au projet conserveront
                                                                                                                       leur apparence actuelle. Côté
                                                                                                                       est, l'ancienne plomberie, qui
                                                                                                                       gardera son décor intérieur et sa
                                                                                                                       mezzanine art déco, sera conver-
                                                                                                                       tie en foyer du théâtre et abritera
                                                                                                                       des bureaux pour l'administra-
                                                                                                                       tion. Côté ouest, la petite maison
                                                                                                                       rouge, typique de l'architecture
                                                                                                                       de la Petite Bourgogne, devien-
                                                                                 3         tr—   — —     •   •—*••.    dra un café qui servira de lieu de
                                                                                 /•.'// haut, détail de la façade      rencontre entre les artistes, les
                                                                                                                       employés du théâtre, les grou-
                                                                                 du Corona.                            pies et la population du quar-
                                                                                 Ci-contre, vue d'ensemble             tier. En 1993, on a confié aux
                                                                                 des muses de Briffa.                  architectes de l'Atelier Big City :
                                                                                                                       Cormier, Cohen, Davies, la
                                                                                                                       conception du Café Corona.
    LA VÉRITÉ D U LIEU                             La réhabilitation de l'édi-   U N PROJET
             Dépouillé de ses richesses,   fice sera complétée par l'ajout       ARTISTIQUE INTÉGRÉ                    U N LIEU D E
    il lui fallut attendre le milieu des   des aménagements nécessaires à                Un processus d'appel          CONVERGENCE
    années 1980 pour être redécou-         la présentation de spectacles sur     d'offres et de sélection dirigé par           D ' u n e certaine façon,
    vert. Martha Flemming et Lyne          scène et à l'écran. Ce sont les       l'agence d'architecture Saia et       l'édifice lui-même a été mis à
    Lapointe, artistes contemporai-        architectes Saia et Barbarese         Barbarese (1992), assisté des         contribution dans le processus
    nes dirigeant le groupe Les peti-      (1992-1993) qui ont réalisé la        agences spécialisées dans les arts    d'élaboration du projet. En
    tes filles aux allumettes, le rendi-   programmation, l'étude de faisa-      de la scène Tintam'art (gestion)      effet, de nombreux événements
    rent au public à l'occasion d'un       bilité technique et le concept de     et Trizart (scénographie), a          ont eu lieu dans le théâtre
    événement artistique tenu en           cette intervention. L'effet dra-      conduit au choix du projet pré-       Corona spécialement illuminé
    1987, la Donna Delinquenté.            matique provoqué par le               senté par M. Robert Vinet, de         pour chaque occasion : visites,
    Grâce à leur performance multi-        contraste entre les équipements       Gestion Son Image inc. La réali-      petits et grands déjeuners, sémi-
    média et au recours à l'installa-      techniques contemporains et le        sation du projet est financée         naires, conférences, reportages
    tion, les artistes ont effectué une    maintien de la patine du temps        dans une proportion de 75 %           photos, télévisuels et radiopho-
    véritable « psychanalyse » du          et du relatif aspect de dégrada-      par l'industrie de la production      niques, séances d'information et
    lieu, de son état d'abandon et de      tion du lieu, déjà expérimenté        artistique et des demandes            de consultation ouvertes à la
    sa marginalisation. Le théâtre         au théâtre Majestic de New            d'aide à la conservation du           population. Ces événements, de
    Corona est devenu une épave            York (Brooklin Academy of             patrimoine et au développement        même que le tournage en 1990
    d'où on perçoit sous un angle          Music), autorisait ce choix.          des équipements culturels ont         du long métrage d'André
    neuf le passage du temps et le                 Cette approche sensible a     été adressées aux deux niveaux        Forcier, Une histoire inventée, et
    sens de la ville. Il prend, de ce      pu être éprouvée au cours de          de gouvernement supérieurs.           l'année suivante, du téléfilm de
    fait, une signification nouvelle.      l'année 1992, alors qu'une sub-       L'achèvement est prévu pour la        Jean Beaudin, Nénette, ont
            Au-delà de l'intervention      vention (Entente Mac-Ville 5) a       fin de 1994 et l'ouverture pour       contribué à faire prendre cons-
    de Lapointe et de Flemming,            permis à la SIMPA de réaliser in      l'automne suivant.                    cience au public, aux associa-
    tout travail de restauration visant    situ les travaux de nettoyage et              Le Corona sera un lieu de     tions culturelles et communau-
    à remettre le bâtiment dans un         de consolidation du rideau de         création de comédies musicales        taires locales, aux gestionnaires
    état original ou idéal aurait          scène. Ces travaux furent réalisés    doté d'un projet artistique origi-    et aux décideurs politiques de
    entraîné une perte de sens consi-      en deux mois par M"" Anita            nal auquel est notamment asso-        l'intérêt de réhabiliter le théâtre
    dérable, la construction anachro-      Henri, restauratrice spécialisée,     ciée M"" Diane Dufresne. Une          Corona.
    nique d'un faux, la négation du        sous la direction de M™ Brigitte      phase ultérieure du projet per-               En consultant la popula-
    passage du temps. Le parti adop-       Bilodeau de la SIMPA avec la          mettra d'adosser à l'arrière-scène    tion et les associations culturel-
    té a plutôt été de respecter son       collaboration précieuse du            un studio de préproduction.           les du quartier, on a aussi pu
    état actuel, de conserver les tra-     Centre de conservation du             Des espaces seront mis à la dis-      prendre en compte les besoins
    ces dues à l'usure du temps et au      Québec. Un système spécial            position de petites et moyennes       qu'elles ont exprimés. La com-
    passage des générations. Ce            d'échafaudage a dû être conçu         compagnies de production artis-       pagnie de Gestion Son, Image
    choix controversé remet en ques-       de façon à maintenir le rideau        tique, ce qui aura pour effet de      inc., la Ville de Montréal ainsi
    tion les attitudes et les pratiques    en suspension. Une enveloppe          favoriser les échanges et la colla-   que la commission scolaire ont
    actuelles privilégiant la remise à     protectrice recouvre maintenant       boration entre les gens du            dans ce sens discuté d'un projet
    l'état original. Les architectes       le rideau en attendant qu'il          milieu.                               d'entente afin d'établir une pro-
    Beaupré et Michaud ont établi          retrouve son rôle original dans               L'acquisition des proprié-    grammation culturelle, artisti-
    un programme de mesures                l'édifice réhabilité. Chaque          tés situées de part et d'autre et à   que et cinématographique com-
    (1992-1993) visant à réparer les       année, on en vérifie l'état.          l'arrière de l'édifice de la rue      plémentaire qui réponde aux
    principales avaries, à nettoyer les                                          Notre-Dame permettra de               besoins du quartier. Visites gui-
    surfaces et à contrôler la dégra-                                            résoudre des problèmes techni-        dées, programmes de formation
    dation, sans recourir à la restau-                                           ques. La situation de cette salle     aux métiers scéniques, événe-
                                                                                 permet l'agrandissement de            ments spéciaux, ateliers ouverts

8   CONTINUITÉ NUMÉRO 61
I       SAUVER LA FACE...
                                              La façade de l'édifice a
                                     posé un grave p r o b l è m e de
                                                                                           À LA RESCOUSSE DES
                                                                                           LIEUX DU CINÉMA
                                     conservation. Sa c o m p o s i t i o n
                                     architecturale en arche triom-
                                     phal est d'un intérêt majeur. Ce
                                     mur porteur présente cependant
                                     différents problèmes structuraux
                                     qui en compromettent la stabili-
                            s a      té. U n affaissement partiel de
                            l^BI l'arche, probablement attribua-
                                     ble à un défaut de conception
du mur ou à une intervention malheureuse, est survenu il y a plu-
sieurs années. La face extérieure du mur a été recouverte d ' u n
enduit de maçonnerie p r o b a b l e m e n t dans les années 1940 ou
1950. Cet enduit très lourd a tendance à se séparer du mur en
entraînant avec lui le premier rang de brique du riche parement
original de la façade de l'édifice. Les ingénieurs Nicolet, Char-                            Le sauvetage et la réhabilitation du théâtre Corona demeure
trand, Knoll ont dirigé des travaux provisoires pour arrêter le pro-                 un cas isolé. Des 68 salles que comptait encore Montréal en 1940,
cessus d'effondrement. Ils ont aussi participé avec les architectes                  48 ont changé de vocation ou ont été démolies. En excluant les 9
Beaupré et Michaud à la conception d'une solution à long terme qui                   salles vacantes et en danger, approximativement 11 salles servent
tienne compte du principe d'interventions minimales et du maintien                   encore de cinéma. Faute de temps et de ressources financières, il
de l'intégrité du mur. Le motif original de la façade sera respecté.                 est peu probable que la démarche de développement du théâtre
                                                              ,                      Corona puisse être reprise dans chacun de ces cas.
                                                                                             Il faudra sans doute trouver dans l'avenir une solution plus
                                                                                     globale, qui demande un degré d'intervention plus léger et qui
aux écoles du quartier portant             3. Groupe de travail sur l'exploita-      s'accorde davantage avec la fonction cinématographique originale
sur l'histoire, le patrimoine, le             tion des salles de cinémas,            des anciennes salles. En 1988, le Groupe de travail sur l'exploita-
t h é â t r e et le c i n é m a p e r -       L'exploitation cinématographique       tion des salles de cinéma recommandait que soit conservée et pré-
p é t u e r o n t la m é m o i r e de la      au Québec. Que sont nos cinémas        servée la vocation cinématographique des établissements ayant
scène montréalaise en récom-                  devenus ?, ministère des Affaires      encore une valeur patrimoniale. Le milieu québécois du cinéma
pensant le travail des artisans               culturelles du Québec, novembre        s'apprête à célébrer son centenaire et il est très préoccupé par la fai-
qui ont cru à l'impossible.                   1988.                                  ble diffusion des films québécois ; il songerait même à créer un
                                           4. « Les images de la scène, théorie et   nouveau réseau de distribution qui serait indépendant des majors.
       Gérald McNichols                       pratique sémiotiques », Protée, vol.   La SIMPA demandera au milieu du cinéma québécois de partici-
       Tétreault                              17, n" 1, hiver 1989 ; « Une épine     per l'automne prochain à une réflexion commune sur la possibilité
       Architecte                             dans l'œil », de Rodrigue Ville-       de d'acquérir les anciens cinémas dont l'avenir est incertain.
                                              neuve, et « Conversation d'amou-               Transformer un ancien cinéma de 1000 places en salle de
1. J. Martineau, Cinémas. Les salles          reuses », de Martha Flemming et        spectacle peut coûter de 5 à 10 millions de dollars. Y rétablir la
   de cinémas construites avant 1940          Lyne Lapointe, Les petites filles      fonction de cinéma pourrait se faire, dans certains cas, pour cinq
   sur le territoire de la Communauté         aux allumettes.                        fois moins d'argent. Les Rendez-vous du cinéma le démontrent, il
   urbaine de montréal. Analyse, syn-      5. Entente sur la mise en valeur du       existe une production cinématographique québécoise (courts et
   thèse et évaluation patrimoniale,          patrimoine entre le ministère de la    longs métrages, vidéos, films d'animation, documentaires, etc.) qui
   ministère des Affaires culturelles,        Culture du Québec et une ville.        ne demande qu'à être découverte. Ce ne sont pas seulement les
   Direction du patrimoine de                                                        anciens cinémas qu'il faut réhabiliter, c'est le cinéma lui-même
   Montréal, août 1987-février 1988.                                                 qu'il faut ramener au cœur des quartiers densément urbanisés. Les
2. Serge Grunberg, « Hollywood,                                                      salles abandonnées s'y trouvent déjà...
   histoires secrètes », Globe Hebdo,
   n°28, 18 au 24 août 1993, p. 7.

                                                                                                                                    NUMÉRO 61 CONTINUITÉ
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