ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion

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ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion
habitats

             STRATÉGIE DE
             CONSERVATION
            DE LA FLORE ET
           DES HABITATS

                                                   La Réu nion
f lo re

               île

                                str a té g ie de
                                conser v a tion

               ÎLE DE
          LA RÉUNION

           2013 > 2020
ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion
Cadre technique et contributeurs à l’élaboration
                  de la stratégie de conservation de la flore et des habitats de La Réunion

Commanditaires/maîtres d’ouvrage                                           Liste des contributeurs

  Dans le cadre du programme des activités scientifiques du CBN-CPIE        ABONNENC José, ADOLPHE Michèle, ADOLPHE Patrick, ALBRECHT
Mascarin sur la période 2009-2011, la DEAL et le Parc national de La       J.-Philippe, ANAMPARELA Bernard, BARET Stéphane, BAZIL Samantho,
Réunion ont mandaté et financé une démarche dont l’objectif est            BERNET Patrice, BERTOGLI Régis, BIALECKI Anne, BOULLET Vincent,
l’élaboration d’une stratégie de conservation de la flore et des habi-     BREUIL Philippe, BRILLANT Stéphanie, CALICHIAMA Laurent, CHEVALLIER
tats à La Réunion (CPO 2009-2011 - Axe 2. Action 1 intitulée « Animation   Marie-Hélène, COUDERT Joelle, CRESCENCE Stéphanie, CRESTEY
et coordination de la stratégie globale de conservation des espèces        Nicole, DEBENAY Bruno, DUGAIN Martine, DULAU Jérôme, DUPONT Joël,
et des habitats menacés »). Ce projet entre dans les missions pérennes     FÉLICITÉ Max, FERARD Johnny, FONTAINE Antoine, FONTAINE Christian,
de la Convention Pluriannuelle d’Objectif (CPO) signée entre le MED-       GERMAIN Valérie, GIGORD Danièle, GIGORD Luc, GIGORD Pierre,
DTL, relayé par sa représentation régionale la DEAL, et le CBN-CPIE        GILSON Sandrine, GIRARD Magali, GIRARD-VALENCIENNES Emmanuelle,
Mascarin. La stratégie de conservation de la flore et des habitats de La   GOSSARD Christophe, GRANGAUD Edmond, GROSSET Lauricourt,
Réunion a pour vocation d’être intégrée à la Stratégie Réunionnaise        HIVERT Jean, HOARAU Gilbert, HOARAU Marylène, HOARAU Nathalie,
pour la Biodiversité (SRB).                                                HOAREAU Armand, HOUIN Hervé, INSA Guillaume, JUBAULT Alain, JULLIOT
                                                                           Catherine, JURQUET Isabelle, KICHENIN Monique, KOWALCZYK Jean-
                                                                           Luc, LACOSTE Marie, LASNE Agnès, LATREILLE Catherine, LAUZEL Liza,
Comité de pilotage et partenaires                                          LAVERGNE Christophe, LAVERGNE Roger, LE PECHON Thimotée, LEQUETTE
                                                                           Benoît, LIN Joël, LUCAS Daniel, LUCAS Raymond, LUCAS-LECLIN Olivier,
 Comité de pilotage : CBN-CPIE Mascarin, Parc national de La Réun-         MAILLOT Mickaël, MARQUET Jocelyne, MERLE Caroline, MEYER Jean-Yves,
ion (PnRun), Direction de l’Environnement, de l’Amégament et du            MONGIN Philippe, MULLER Serge, NAIM-GESBERT Éric, PASTOU Didier ,
Logement de la Réunion (DEAL)                                              PATERNOSTER Monique, PAUSÉ Jean-Bernard, PAUSÉ Jean-Marie, PAYET
 Partenaires institutionnels : Conseil Régional, Conseil Général, Office   Denis, PICOT Frédéric, PRIANON Jacky, PROBST Jean-Michel, PROVOT
National des Forêts, Conservatoire du Littoral, Gestionnaires d’Espaces    Laurence, RADJASSEGARANE Soudjata, RIBES Sonia, ROBERT Yannis,
Naturels Sensibles                                                         ROBINET Olivier, SALIMAN Matthieu, SIGALA Pierre, SMADJA Jacqueline,
                                                                           SOUPRAYEN-CAVERY Nila, SQUARZONI René, SZELENGOWICZ Michel,
                                                                           TAMON Jean-Maurice, TARNUS Gisèle, THOMAS Hermann, THUEUX Pierre,
Comité rédactionnel                                                        TRIOLO Julien, TRUONG Pascal, TURQUET Vincent, VITRY Nicolas.
 Coordination et synthèse : Luc GIGORD (CBN-CPIE Mascarin)
 Co-rédacteurs : Christophe LAVERGNE, Monique PATERNOSTER,
Frédéric PICOT (CBN-CPIE Mascarin), Jérôme DULAU, Caroline MERLE,
Laurence PROVOT (DEAL), Stéphane BARET, Valérie GERMAIN, Benoît
LEQUETTE (Parc national)
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STRATEGIE
de CONSERVATION
        de la FLORE
    et des HABITATS
    de LA REUNION

      SCFHR
      2013 - 2020
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ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion
SOMMAIREStratégie de Conservation de la Flore et des Habitats de La Réunion

1       Contexte mondial, européen, national et régional                                     4
1.1     Une stratégie mondiale pour la conservation des plantes                              4
1.2     Une stratégie européenne pour la conservation des plantes                            4
1.3     Une stratégie nationale pour la biodiversité (SNB)                                   5
1.4     Une stratégie réunionnaise pour la conservation de la biodiversité (SRB)             5
2       Un constat : défaut d’opérationnalité des stratégies                                 5
3       Une volonté : décliner et adapter localement les orientations stratégiques           5
4       Pourquoi une stratégie de conservation de la flore et des habitats de La Réunion ?   6
4.1     Des espèces en danger d’extinction                                                   6
4.2     Des habitats menacés de disparition                                                  7
5       Historique de l’élaboration de la stratégie                                          7
5.1     Cahier des charges : objectifs poursuivis et produits attendus de la stratégie       7
5.2     Etapes d’élaboration de la stratégie                                                 7
5.2.1 Organisation d’ateliers thématiques de travail fédérateurs et participatifs            7
5.2.2 Conférence sur la flore menacée des territoires français de l’Outre-Mer                8
5.2.3 Rédaction de la stratégie : définition des objectifs et des actions associées          8
5.2.4 Procédures de validation et d’évaluation                                               8
6       La stratégie de conservation de la flore et des habitats de La Réunion               8
6.1     Contexte biogéographique et géopolitique                                             8
6.2.    Une opérationnalité basée sur une priorisation des espèces et des habitats           8
6.2.1 Évaluation des habitats prioritaires                                                   9
6.2.2 Évaluation des espèces prioritaires                                                    9
        ■   Tableau de synthèse des 5 grands AXES, déclinés en 15 OBJECTIFS et 27 ACTIONS,
                                                                                             10
            de la stratégie de conservation de la flore et des habitats de La Réunion
        ■   Tableau récapitulatif des priorités d’actions de connaissance                    12

        Axes & Fiches Action

Axe 1   Connaissance                                                                         13
Axe 2   Conservation                                                                         21
Axe 3   Recherche                                                                            31
Axe 4   Éducation                                                                            37
Axe 5   Gouvernance                                                                          43

        Références bibliographiques                                                          49

        Annexes                                                                              55

        Tables des illustrations                                                             64

                                                                                                  3
ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion
1. Contexte mondial, européen,                                                                               ■ Objectif 6 : conservation de la biodiversi-
   national et régional                                                                                   té dans des terres agricoles
                                                                                                             ■ Objectif 12 : utilisation durable des pro-
  La seconde moitié du 20ème siècle voit                                                                  duits à base de plantes
naître le concept de biodiversité et une prise                                                               ■ Objectif 15 : formation à la conservation
de conscience des mécanismes à l’origine                                                                  des plantes
de son émergence et de son maintien ainsi
que de son rôle central dans les grands équi-                                                              En particulier, des investissements importants
libres écosystémiques. Parallèlement, sur des                                                             concernant l’Objectif 15 étaient considérés
échelles de temps réduites, on constate un                                                                comme cruciaux pour la réalisation de tous
inexorable déclin de cette biodiversité dans           En 2009, un rapport du secrétariat de la           les objectifs à l’horizon 2010.
un contexte d’expansion sans précédent des           convention sur la diversité biologique analyse
                                                     les progrès accomplis dans la mise en œuvre           ■ Les changements climatiques représentent
activités humaines. Face à ce constat, des
                                                     de la Stratégie Mondiale de la Conservation          une menace supplémentaire pour la conser-
stratégies à différents niveaux ont été élabo-
                                                     des Plantes (CDB 2009). Les principaux mes-          vation et l’utilisation durable de la diversité
rées afin d’enrayer, autant que possible, la
                                                     sages de ce rapport sont résumés ci-dessous :        végétale. Ils pourraient compromettre les
perte de diversité biologique à la surface du
                                                       ■ Les plantes constituent un élément cen-          gains réalisés jusqu’ici et doivent être pris en
globe terrestre.
                                                     tral de la biodiversité et des écosystèmes.          compte de manière urgente. Une hausse de
 La volonté d’élaborer de telles stratégies          Elles offrent un éventail de services écosysté-      la température mondiale conduira inexora-
émerge suite au premier sommet mondial or-           miques, tels que la production de l’oxygène          blement vers une augmentation des taux
ganisé sur le thème de la Biodiversité à Rio de      et l’élimination des émissions de dioxydes de        d’extinction des espèces aussi bien végétales
Janeiro en 1992. Lors de ce premier « sommet         carbone atmosphériques, la création et la            qu’animales (THOMASet al. 2004).
de la Terre », 168 États approuvèrent la pre-        stabilisation des sols, la protection des bas-
mière Convention sur la Diversité Biologique         sins hydrographiques et la fourniture de res-        1.2. Une stratégie européenne pour la
des Nations Unies (dite CDB). A la suite de la       sources naturelles impliquées dans l’alimen-              conservation des plantes
signature de cette convention, les États et les      tation, l’habillement, l’énergie, la construction
communautés d’États ont élaboré des straté-          et les médicaments.                                   Dans le sillon de la précédente initiative, l’Eu-
gies dont l’un des objectifs majeurs est d’en-         ■ Les deux tiers des espèces végétales mon-
                                                                                                          rope a adopté une stratégie partagée (  « A
rayer la perte de biodiversité.                      diales sont aujourd’hui en danger d’extinction       sustainable future for Europe: The European
                                                     du fait de la pression croissante des popula-        Strategy for Plant Conservation », 2008 ) pilo-
                                                     tions humaines, de la modification de l’habi-        tée par Planta Europa (http://www.plantaeu-
                                                     tat, de la déforestation, de la surexploitation,     ropa.org/) et le Conseil de l’Europe.
                                                     de la propagation des espèces exotiques               La première priorité du réseau Planta Europa
                                                     envahissantes, de la pollution et de l’impact        (Programme européen de « Plantlife Interna-
                                                     croissant des changements climatiques.               tional » dont la principale mission est la conser-
                                                       ■ La stratégie mondiale pour la conserva-
                                                                                                          vation de la flore et de ses habitats à l’échelle
                                                     tion des plantes (« Global Strategy for Plant        européenne) était de mettre en œuvre la stra-
                                                     Conservation », GSPC), dont l’objectif est de        tégie européenne pour la conservation des
                                                     mettre fin à la perte constatée de leur diver-       plantes (ESPC 2002-2010) reconnue comme
                                                     sité, a fourni une base pertinente pour réaliser     une contribution à la stratégie mondiale de la
 Il existe par conséquent plusieurs stratégies, à
                                                     des progrès dans le domaine de la conserva-          Convention sur la Diversité Biologique (CBD).
différentes échelles géopolitiques, dont nous
allons succinctement rappeler les grandes            tion des plantes à travers le monde. La mise
orientations et les objectifs de manière à           en œuvre de cette stratégie a démontré l’im-
contextualiser la stratégie de conservation de       portance des divers réseaux et différentes col-
la flore et des habitats proposée pour le terri-     laborations ainsi que le rôle crucial joué par les
toire de La Réunion.                                 partenariats intersectoriels dans le contexte
                                                     de la CDB.
                                                       ■ La stratégie fournit, en outre, une opportu-
1.1.Une stratégie mondiale
    pour la conservation des plantes                 nité pour aborder les questions de lutte contre
                                                     la pauvreté et favoriser la réalisation des Ob-         Les deux stratégies, mondiale et euro-
 Une stratégie mondiale pour la conservation         jectifs du Millénaire pour le développement à        péenne, proposent des objectifs clairs, ambi-
des plantes a été adoptée lors de la 6ème            l’échelle nationale et mondiale. L’objectif est      tieux mais réalistes, classés sous 5 thèmes com-
Conférence des Parties (COP6) de la CDB à            de continuer à tirer des avantages de la di-         muns. Quarante-deux objectifs devaient être
La Haye le 19 avril 2002 (décision VI/9). Cette      versité biologique tout en assurant son main-        atteints par l’Europe en 2007 et contribuer à
stratégie comporte 16 objectifs (ANNEXE 1)           tien. Ce besoin a été clairement identifié par       la réalisation des 16 objectifs mondiaux à l’ho-
qui devaient être atteints à l’horizon 2010. Elle    les récentes conclusions de l’Évaluation des         rizon 2010. Planta Europa a conduit le travail
propose des mesures concertées visant à fa-          écosystèmes pour le Millénaire (« Millenium          destiné à atteindre les objectifs européens.
ciliter l’harmonisation des initiatives existantes   Ecosystem Assesment » 2005).
                                                                                                            L’évaluation de la stratégie européenne en
en matière de conservation des plantes. La
                                                     ■   Alors que dans certains cas une approche         2007 a montré la nécessité :
stratégie mondiale pour la conservation des
                                                     nationale pour la mise en œuvre de la stra-            ■ d’adopter une nouvelle stratégie, avec
plantes est conçue comme un cadre d’ac-
                                                     tégie a été, par défaut, l’option la plus prag-      un nombre réduit d’objectifs, en cohérence
tion au niveau régional, national et mondial.
                                                     matique, dans d’autres cas une approche ré-          avec la stratégie mondiale
 Les 16 objectifs sont classés en cinq thèmes        gionale s’est avérée être plus opérationnelle.         ■ d’inclure davantage d’actions intégrant les
principaux :                                         Dans les deux cas, il a été souligné la néces-       changements climatiques, les notions de cor-
 ■ Connaitre et recenser la diversité des            sité d’aller au-delà des jardins botaniques et       ridors écologiques, une approche à l’échelle
plantes                                              des communautés en charge de la conser-              des écosystèmes et la notion de gestion du-
 ■ Conserver la diversité des plantes                vation en intégrant l’agriculture, la foresterie     rable
 ■ Utiliser la diversité des plantes de manière      et les politiques de gestion des espaces natu-         ■ d’être plus transparente sur les modalités
durable                                              rels terrestres dans la stratégie.                   d’exécution nationale
 ■ Promouvoir l’éducation et la sensibilisation       ■ Bien que des progrès importants aient été
                                                                                                           Par ailleurs, il est apparu urgent de créer une
à la diversité des plantes                           constatés pour huit des seize objectifs, ils se
                                                                                                          plate-forme en ligne pour suivre l’avance-
 ■ Renforcer les moyens de conservation de           sont avérés limités pour d’autres, notamment:
                                                                                                          ment des actions et identifier les bonnes pra-
la diversité des plantes.                             ■ Objectif 2 : évaluation préliminaire de l’état
                                                                                                          tiques et méthodologies. La coordination de
                                                     de conservation des plantes
                                                                                                          la stratégie européenne, effectuée par Plan-
                                                      ■ Objectif 4 : conservation effective de ré-
                                                                                                          ta Europa, doit être sensiblement renforcée.
                                                     gions écologiques

4
ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion
Des partenariats avec d’autres organismes           1.4. Une stratégie réunionnaise pour la 		            ■ Les changements climatiques ont des
de conservation doivent également être dé-                conservation de la biodiversité (SRB)           conséquences directes et indirectes sur la
veloppés.                                                                                                 biodiversité (perturbation des cycles de vie,
                                                      Dans le sillage de la déclinaison pour l’outre-     décalages saisonniers, etc.)
 Une nouvelle stratégie européenne de                mer de la SNB, les acteurs réunionnais ont            ■ La diminution de la diversité des pratiques
conservation des plantes a été élaborée              élaboré en 2006 une Stratégie Réunionnaise           agricoles conduit parfois à la banalisation des
pour la période 2008-2014 (ANNEXE 2)1. Les           pour la Biodiversité (SRB–2006-2010) dont la         paysages et à la perte de biodiversité
objectifs de cette stratégie concernent tous         mise en œuvre a fait l’objet d’une évaluation         ■ La crise économique engendre une surex-
les types d’habitat européens : habitats litto-      en 2010. La révision de la SRB a été initiée en      ploitation des ressources naturelles
raux,tourbières, marais, marécages, fleuves,         2011, en intégrant :                                  ■ Le déficit des démarches d’éducation à la
forêts, prairies, terres agricoles et montagnes.      ■ le Plan Opérationnel de Lutte contre les es-
                                                                                                          biodiversité et à ses enjeux ainsi que l’absence
Cette stratégie est composée de 16 objec-            pèces Invasives (POLI –2010)                         de perception globale limitent l’impact positif
tifs et de 41 actions (ANNEXE 2). Il est à noter      ■ la présente Stratégie de Conservation de
                                                                                                          des actions de préservation ponctuelles mises
qu’aucune orientation particulière/spécifique        la Flore et des Habitats de La Réunion (SCFHR        en œuvre.
aux régions ultrapériphériques d’Europe n’est        –2013-2020)
envisagée dans cette stratégie.                       ■ la Stratégie Nationale pour la Biodiversité        Par conséquent, malgré l’existence de ces
                                                     (SNB –2011-2020)                                     stratégies, force est de constater, tant au ni-
                                                      Le document relatif à la nouvelle SRB (2012-        veau mondial que régional et local, que l’éro-
                                                     2020), en cours d’élaboration, s’est enrichi à       sion de la biodiversité n’a pas été enrayée et
                                                     la lumière des résultats de sa mise en œuvre         a continué à se manifester dans le monde
                                                     depuis 2006 et des documents de références           entier, en France et dans ses territoires d’Outre
                                                     cités ci-dessus.                                     Mer. Ce constat a été fait lors de la dernière
                                                                                                          Conférence mondiale qui s’est déroulée à
                                                      Le document établit, par ailleurs, des corres-      Nagoya (Japon) du 18 au 29 octobre 2010 et
                                                     pondances dans les objectifs poursuivis avec :       qui fût l’événement majeur de l’Année inter-
                                                      ■ les Orientations Régionales de Gestion et
                                                                                                          nationale de la biodiversité. Dix huit mille par-
                                                     de conservation de la Faune sauvage et de            ticipants, selon l’ONU, représentaient près de
1.3. Une stratégie nationale pour la 		              ses Habitats (ORGFH, 2004)                           193 pays signataires de la CDB.
     biodiversité (SNB)                               ■ le Plan d’Action Outre-Mer (2008-2010)
                                                      ■ le Schéma Directeur d’Aménagement et
 La France a élaboré sa première Stratégie           de Gestion des Eaux (SDAGE, 2010-2015)
Nationale pour la Biodiversité (SNB) en 2004,
intégrée à la stratégie globale proposée lors          La SRB 2012-2020 comprend désormais 6
de la première conférence de Nagoya. Suite           axes, déclinés en 12 grands objectifs et 38
à un bilan concernant la période 2004-2010,          fiches-action (ANNEXE 4) :
cette stratégie a été reformulée en 2011 pour
une mise en œuvre sur la période 2011-2020           Axe 1 – Observation et connaissance
avec 6 orientations stratégiques et 20 objec-        Axe 2 – Protection, confortement et gestion
tifs (ANNEXE 3.1).                                           de la biodiversité remarquable
                                                     Axe 3 – Intégration des enjeux de la 		               La Conférence a adopté le protocole de
                                                             biodiversité dans les politiques             Nagoya, qui a permis quatre avancées ju-
                                                             publiques et les projets                     gées majeures pour enrayer la perte consta-
                                                     Axe 4 – Promotion d’une culture commune              tée de biodiversité :
                                                             de la biodiversité
                                                                                                           ■ Un meilleur accès aux ressources géné-
                                                     Axe 5 – Mise en œuvre de la Stratégie de
                                                                                                          tiques et un partage plus équitable des avan-
                                                             lutte contre les espèces invasives
                                                                                                          tages issus de leur utilisation (lutte contre la
                                                     Axe 6 – Gouvernance et animation
                                                                                                          « Biopiraterie »)
                                                                                                           ■ L’adoption d’un plan stratégique 2011-
                                                     2. Un constat : défaut 			                           2020, avec 20 objectifs quantifiés, dont :
  La France, ayant une partie significative de
                                                        d’opérationnalité des stratégies                   ■ la suppression en 2020 des subventions
sa biodiversité remarquable dans ses terri-           Malgré les engagements internationaux, eu-          pour la réalisation de projets dommageables
toires d’Outre Mer, s’était dotée d’un cadre         ropéens, nationaux et locaux, la biodiversité        à la biodiversité
d’objectifs et d’actions (ANNEXE 3.2) pour                                                                 ■ la création d’un réseau d’espaces proté-
                                                     décline fortement. Les objectifs fixés par la
conserver et gérer durablement la biodiversi-        CDB à Rio de Janeiro en 1992 et ceux fixés           gés couvrant au moins 17 % de la surface ter-
té de l’Outre Mer français (cf. version 2004 de      par l’Union européenne dans le cadre de son          restre et 10 % de la surface des océans
la stratégie nationale). Ce cadre d’objectifs                                                              ■ Un accord pour la création d’un IPBES
                                                     plan d’action pour stopper la perte de biodi-
a été refondu dans la version 2011-2020 dans         versité avant 2010 n’ont pas été atteints.           (« International Platform for Biodiversity and
la stratégie nationale sans déclinaison spéci-        La crise écologique qui touche l’ensemble           Ecosystem Services »), équivalent pour la bio-
fique pour l’Outre Mer Français.                     des territoires résulte de multiples pressions qui   diversité du Groupe d’experts Intergouverne-
                                                     peuvent interagir :                                  mental sur l’Évolution du Climat (GIEC)
 Les nouvelles orientations stratégiques de la                                                             ■ Une mobilisation de ressources financières
                                                      ■ La destruction, la fragmentation et l’altéra-
SNB se déclinent ainsi :                                                                                  pour mettre en œuvre cette stratégie
                                                     tion des habitats réduisent les milieux de vie
   ● Orientation stratégique A - Susciter l’en-
                                                     disponibles pour les espèces et leurs possibili-
vie d’agir pour la biodiversité                                                                           3. Une volonté : décliner et adapter
                                                     tés de déplacement
   ● Orientation stratégique B - Préserver le
                                                      ■ Les pollutions de l’air, des sols, des cours         localement les orientations
vivant et sa capacité à évoluer                                                                              stratégiques
                                                     d’eaux et des océans entraînent la perturba-
   ● Orientation stratégique C - Investir dans
                                                     tion de nombreux écosystèmes et posent des
un bien commun, le capital écologique                                                                      L’augmentation des pressions est très forte-
                                                     problèmes de santé publique
   ● Orientation stratégique D - Assurer un                                                               ment liée aux évolutions démographiques et
                                                      ■ L’exploitation des espèces à un rythme
usage durable et équitable de la biodiversité                                                             à des modes de production et de consomma-
                                                     supérieur à la vitesse de renouvellement de
   ● Orientation stratégique E - Assurer la cohé-                                                         tion. De plus, leur importance relative varie selon
                                                     leurs populations entraîne leur déclin
rence des politiques et l’efficacité de l’action                                                          les contextes géographique, humain et écolo-
                                                      ■ L’arrivée et l’exportation d’espèces exo-
   ● Orientation stratégique F - Développer,                                                              gique. Les atolls du Pacifique sont, par exemple,
                                                     tiques envahissantes dans des écosystèmes,
partager et valoriser les connaissances                                                                   sensibles à la hausse du niveau des mers cau-
                                                     souvent déjà fragilisés par d’autres pressions,
                                                                                                          sée par les changements climatiques.
                                                     constituent un problème récurrent
1 La version communiquée en Annexe 2 est en langue
anglaise car la version française n’existe pas !

                                                                                                                                                         5
ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion
L’impact des espèces exotiques envahis-             L’île de La Réunion :                                  Des experts internationaux mandatés par
santes sur la biodiversité est particulièrement                                                           l’UICN, suite à une demande formulée par
                                                      ■ bénéficie d’une situation biogéographique
important dans les milieux insulaires no-                                                                 l’Etat (MEDDE, DEAL et Parc national de La
tamment dans les territoires de l’Outre-Mer          exceptionnelle, insulaire et tropicale               Réunion), ont estimé sur la base de critères
                                                      ■ relève d’une colonisation humaine récente
Français. La surexploitation des espèces de                                                               scientifiques que la biodiversité de La Réunion
                                                      ■ appartient à une entité étatique bénéfi-
poissons pêchées en mer et la dégrada-                                                                    méritait d’être élevée au rang de patrimoine
tion des milieux ont déjà entraîné l’effondre-       ciant d’un cadre de gouvernance et d’éco-            mondial de l’Humanité (label UNESCO obte-
ment de certains stocks. Malgré une prise de         nomie favorable par rapport à la majorité des        nu à Brasilia en août 2010). En effet la flore et
conscience croissante, en particulier dans le        surfaces terrestres tropicales                       les habitats de La Réunion revêtent des ca-
                                                      ■ possède une diversité biologique unique
cadre de la précédente stratégie nationale                                                                ractéristiques qui démontrent leur unicité à
pour la biodiversité, les menaces et pressions       au monde, incluse dans un des « hotspots »           l’échelle mondiale (Boullet, 2007).
anthropiques sur la biodiversité sont pour la        mondiaux de la biodiversité                            La biodiversité végétale est néanmoins extrê-
                                                      ■ est élevée au rang de Patrimoine Mondial
plupart en augmentation. De nombreuses                                                                    mement menacée. La première mission Liste
actions ont été mises en œuvre pour inverser         de l’Humanité par l’UNESCO depuis 2010               Rouge UICN dans une collectivité d’Outre
la tendance : délimitation d’aires protégées,         L’argumentaire développé dans le dossier            Mer a été menée à La Réunion en 2010 et
plans d’action pour les espèces, stratégies de       UNESCO a clairement démontré l’unicité               s’est soldée par la publication de la Liste
lutte contre les espèces envahissantes, diffu-       mondiale de la flore de l’île et de son orga-        Rouge de la flore vasculaire de La Réunion
sion de pratiques favorables à la biodiversité,      nisation en de nombreux habitats tout aussi          (ANNEXE 6). Cette Liste Rouge montre que
sensibilisation, etc.                                uniques (Boullet, 2007).                             311 espèces (34  %) de plantes vasculaires, sur
                                                      Partant de ce constat, La Réunion s’impose          905, sont dans un état de conservation jugé
  L’existence de grandes orientations de conser-     naturellement comme candidate à un pro-              préoccupant à différents degrés. Cepen-
vation de la flore et de ses habitats à l’échelle    jet ambitieux de conservation de sa flore et         dant seules 32 espèces ont fait l’objet d’un
mondiale (« Stratégie Mondiale pour la Conser-       de ses habitats. Les enjeux sont d’autant plus       Plan Directeur de Conservation et 5 d’un Plan
vation des Plantes », CDB, 2002), européenne         considérables que la surface de son territoire       National d’Action soit 12 % seulement des 311
(« A sustainable future for Europe : The Eu-         est réduite, sa population en expansion et les       espèces considérées comme menacées ou
ropean Strategy for Plant Conservation »,            pressions liées à son aménagement toujours           quasiment menacées. La liste des espèces
Planta Europa & Conseil de l’Europe, 2008),          plus fortes (développement de logements,             protégées datant de 1987 est actuellement
nationale (« Plan d’action outre-mer - Straté-       d’infrastructures, d’équipements publics,            inadaptée et devrait très prochainement in-
gie Nationale pour la Biodiversité », MEEDDM,        d’activités économiques…).                           clure la vaste majorité des taxons menacés.
2009) et sur des secteurs plus restreints tels
que certaines îles de la Zone Océan Indien             À La Réunion, seuls 30 % des systèmes de
(e.g. Maurice et Seychelles), devrait faciliter      végétations présents avant l’arrivée de
l’élaboration d’une stratégie conservatoire          l’Homme au cours du 17ème siècle, sont en-
opérationnelle pour la flore et les habitats         core présents (Strasberg et al. 2005). Du fait de
de La Réunion. Concernant les aspects de             la forte diminution de la surface de certains
recherche scientifique, fondamentaux en              habitats, la flore de l’île est aujourd’hui extrê-
matière de préservation de la biodiversité tro-      mement menacée, notamment par les inva-
picale du fait d’une méconnaissance de la            sions biologiques qui contribuent fortement à
systématique, de la biologie et de l’écologie        la perte de la biodiversité dans les îles océa-
de très nombreuses espèces, il apparaît es-          niques (Loope & Mueller-dombois, 1989 ; Mac-
sentiel de s’appuyer sur la Fondation pour la        Donald et al.,1991 ; Meyer & Florence, 1996 ;
Recherche sur le Biodiversité (FRB) et ses orien-    Lavergne & al., 1999 ; Kueffer & Lavergne, 2004
tations (ANNEXE 5).                                  ; Meyer, 2004 ; Frenot & al. , 2005 ; Baret & al.,
  Par conséquent, étant donné l’insuffisance         2006 ; Beauvais & al., 2006 ; Donlan & Wilcox,
des résultats des grandes stratégies, il appa-       2008 ; Kueffer et al., 2010 ; Kiehn, 2011 ; Barbe
raît plus que jamais nécessaire que le territoire    & al., 2012a). Face à ce contexte il parait pri-
de La Réunion, exceptionnel en matière de            mordial d’alimenter et d’animer une réflexion
                                                                                                            Il paraît opportun de signaler que 16% des
diversité biologique, se dote d’une stratégie,       pour une stratégie globale, commune et
                                                                                                          espèces au statut de conservation préoccu-
localement adaptée et opérationnelle, de             concertée pour la conservation des espèces
                                                                                                          pant sont endémiques de l’archipel des Mas-
conservation de sa flore et des ses habitats         et des habitats menacés.
                                                                                                          careignes et donc partagées par Maurice,
terrestres. La stratégie de conservation de la         A ce titre, La Réunion constitue un terrain
                                                                                                          Rodrigues et La Réunion. Ainsi, à La Réunion,
flore et des habitats de La Réunion doit être        idéal d’expérimentation, d’étude et de diffu-
                                                                                                          19 espèces sont en catégorie UICN1 CR (sur
une déclinaison adaptée, partagée et opé-            sion des méthodes et des outils de protection
                                                                                                          91 ; 21%), 8 en catégorie EN (sur 80 ; 10 %), 15
rationnelle des stratégies nationale (SNB) et        de la biodiversité.
                                                                                                          en catégorie VU (sur 104 ; 14 %) et 8 en caté-
régionale (SRB). Elle constitue notamment le                                                              gorie NT (sur 36 ; 22 %) sont endémiques des
volet Flore et Habitats terrestres de la Stratégie   4.1.Des espèces en danger d’extinction               Mascareignes. Il est donc essentiel d’élargir
Réunionnaise pour la Biodiversité (SRB).                                                                  l’application de la stratégie à une échelle ré-
                                                       Les enjeux sont d’autant plus importants que
                                                     La Réunion est un territoire d’exception en          gionale élargie, en associant les îles de l’archi-
4. Pourquoi une stratégie de 		                      matière de biodiversité terrestre. Sa flore et sa    pel des Mascareignes, et plus largement les
   conservation de la flore                          faune contiennent un taux élevé d’espèces            pays du sud-ouest de l’Océan Indien inclus
   et des habitats de La Réunion ?                   endémiques. Certains groupes ont connu des           au sein d’un hotspot mondial de biodiversité.

 Le concept de biologie de la conservation           radiations adaptatives accompagnées de                A l’instar des plantes vasculaires, il sera es-
a émergé dans les années 1950 alors que              forts taux de spéciation in situ et les espèces      sentiel d’inclure dans la stratégie la bryoflore
certains biologistes, écologistes et naturalistes    ont acquis des traits d’histoire de vie origi-       de La Réunion dont une partie des espèces a
soulevaient timidement les premiers signes de        naux et uniques à l’échelle mondiale (Strijk         récemment fait l’objet d’une évaluation Liste
la diminution de biodiversité à l’échelle pla-       et al., 2012). Globalement, la flore indigène        Rouge (Ah-Peng & al., 2010, 2012). En effet,
nétaire. Avec la mondialisation et les chan-         de La Réunion possède un potentiel évolutif          ce groupe de plantes comporte pas moins
gements écosystémiques profonds qui l’ont            conséquent, signe d’une expansion évolutive          de 776 taxons indigènes sur le territoire de La
accompagnée, la perte nette de biodiversité          récente dans l’île, et, plus largement dans          Réunion et joue un rôle fondamental au sein
planétaire s’est considérablement accélérée          l’archipel des Mascareignes. L’enjeu n’est           des communautés végétales tant sur le plan
en quelques décennies seulement.                     pas seulement de conserver les espèces mais          de la contribution à une diversité biologique
                                                     de conserver leur dynamique évolutive socle          exceptionnelle et à l’assemblage de com-
                                                     indispensable à toute évolution dans un envi-        munautés végétales originales que sur le plan
                                                     ronnement changeant.                                 des services écosystémiques rendus.

                                                                                                          1 CR : en danger critique d’extinction ; EN : en danger
                                                                                                          d’extinction ; VU : vulnérable ; NT : quasi-menacée.

6
ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion
4.2. Des habitats menacés de disparition                actions entreprises par les différents parte-          Ces axes sont les suivants:
                                                        naires et de leurs champs de compétences
 Suite à l’adoption de la Directive 92-43/CEE           associés. La présente stratégie définit, hiérar-       1. Axe CONNAISSANCE
de 1992 dite « Natura 2000 », un programme              chise et propose des priorités d’intervention          2. Axe CONSERVATION
de connaissance intitulé « Cahiers d’Habitats »         ou d’approche en termes de connaissance,               3. Axe RECHERCHE
a été mis en place au niveau national. Or une           de conservation, de recherche, d’éducation             4. Axe EDUCATION
ordonnance présidentielle du 11avril 2001 ex-           et de gouvernance en intégrant les menaces             5. Axe GOUVERNANCE
clut les Départements d’Outre Mer de l’appli-           et les opportunités économiques et socié-
cation de cette directive et des dispositions                                                                   Dans ce cadre thématique, une approche
                                                        tales.                                                 participative et ascendante a été privilégiée
de nature législative qui ont été déclinées en
France métropolitaine. De plus le programme               Les principaux objectifs de la stratégie             de manière à construire une stratégie locale-
de cartographie nationale des habitats (CA-             peuvent donc se résumer ainsi :                        ment adaptée et partagée par l’ensemble
RHAB) lancé en 2011 dans le cadre de la SNB               ■ Assurer le maintien (ou restaurer si néces-
                                                                                                               des partenaires.
2011-2020 ne sera pas appliqué en outre-mer             saire) du bon état de conservation de la flore
avant l’horizon 2020. Il est donc essentiel que         et des habitats naturels de La Réunion : dia-          5.2.1.Organisation d’ateliers thématiques de
la dimension « habitats » soit très clairement          gnostic et synthèse des connaissances, sensibi-              travail fédérateurs et participatifs
prise en considération dans la stratégie de             lité/vulnérabilité, veille/observatoire, pressions/
                                                                                                                Pour mener cette réflexion, des ateliers thé-
conservation de la flore et des habitats de             menaces, compétences techniques et mé-
                                                                                                               matiques2 ont été organisés. L’objectif des
La Réunion qui dénombre pas moins de 239                thodologiques, actions conservatoires priori-
                                                                                                               ateliers thématiques de travail qui se sont dé-
postes typologiques (Lacoste & al., 2011) dont          taires, etc.
                                                                                                               roulés les 31 mai et 1er juin 2010 au CBN-CPIE
la plupart n’ont pas été caractérisés à une               ■ Identifier, hiérarchiser et proposer des priori-
                                                                                                               Mascarin était de recueillir les avis de l’en-
échelle typologique fine.                               tés d’actions en termes de connaissance, de
                                                                                                               semble des acteurs et partenaires associés
 De nombreux espaces naturels et habitats               conservation, de recherche et d’éducation
                                                                                                               directement ou indirectement à la conserva-
ont fait l’objet d’une demande de statut de               ■ Fédérer l’ensemble des acteurs qui contri-
                                                                                                               tion de la flore et des habitats de l’île. Cette
protection renforcé ces dernières années.               buent à la mise en œuvre de la stratégie et
                                                                                                               démarche participative a également permis
Ceci démontre à la fois la très grande valeur           mettre en place une gouvernance et un pi-
                                                                                                               d’identifier clairement les objectifs et priorités
patrimoniale de nombreux habitats mais aussi            lotage efficients
                                                                                                               pour les années à venir et de mettre en place
les menaces pesant sur leur existence sur le              ■ Coordonner les politiques publiques et l’ac-
                                                                                                               une plate-forme d’échange pour réévaluer à
long terme. Ainsi, à l’issue d’un long travail de       tion de l’ensemble des partenaires institution-
                                                                                                               mi-parcours les enjeux de la stratégie conser-
mission, le Parc national de La Réunion a été           nels, associatifs, privés et indépendants
                                                                                                               vatoire opérationnelle.
créé en 2007. Parallèlement, en dehors des                ■ Concentrer les moyens financiers, humains
                                                                                                                Ces ateliers se sont déroulés selon le schéma
zones de cœur de Parc national, une Réserve             et d’ingénierie technique pour la réalisation
                                                                                                               ci-dessous :
Naturelle Nationale a été créée à l’Étang de            des objectifs et actions associées
Saint Paul. Plus récemment, certains habitats             Cette stratégie concerne uniquement les                ■ Thématique 1 : « Comprendre et documen-
uniques et exceptionnels ont bénéficié d’un             espèces végétales terrestres et l’originalité          ter la diversité de la flore et des habitats indi-
classement par Arrêté de Protection Biotope             de la présente démarche consiste à élargir             gènes »
(APB) telles que par exemple la Pandanaie               la réflexion aux habitats naturels des espèces           Pilotes coordonnateurs : Frédéric PICOT (CBN-
de la Plaine des Palmistes. Au delà, 36 Es-             patrimoniales. La stratégie est élaborée pour          CPIE Mascarin) et Benoît LEQUETTE (Parc natio-
paces Naturels Sensibles (ENS) représentants            une durée de huit ans conformément à la                nal de La Réunion)
une surface cummulée de 47 km2 (2 % surface             Stratégie Réunionnaise pour la Biodiversité              ■ Thématique 2 : « Conserver et utiliser dura-
de La Réunion) ont été créés sur le territoire          (SRB). L’animation et la coordination de la            blement la diversité de la flore et des habitats
sous la gourvernance du Département et la               stratégie sera réalisée par un comité de pilo-         indigènes »
gestion d’associations dont le CEN-GCEIP1.              tage intégré à celui de la SRB et des comités            Pilotes coordonnateurs : Stéphane BARET
De même le Conservatoire du littoral a acquis           de travail thématiques rassemblant les diffé-          (Parc national de La Réunion) & Christophe
15,39 km2 répartis sur 17 sites dont la vocation        rents acteurs concernés.                               LAVERGNE (CBN-CPIE Mascarin)
est de conserver et/ou retrouver une natu-                En termes de produits attendus, le docu-               ■ Thématique 3 : « Déterminer le rôle des ac-
ralité au sein des habitats littoraux indigènes.        ment doit être élaboré de manière collégiale,          teurs de la recherche scientifique dans la mise
Enfin, l’ONF mène depuis plus de 10 ans une             en partenariat avec l’ensemble des acteurs             en œuvre de la stratégie »
politique de gestion conservatoire de la flore          locaux, notamment à travers l’organisation               Pilotes coordonnateurs : Luc GIGORD (CBN-
et des habitats sur de nombreux espaces dé-             d’un atelier de travail participatif coordon-          CPIE Mascarin) & Marie LACOSTE (CBN-CPIE
partemento-domaniaux.                                   né par le CBN-CPIE Mascarin, le PnRun et la            Mascarin)
 Face à ces enjeux et disposant d’outils ré-            DEAL. Les enjeux et les axes stratégiques sont           ■ Thématique 4 : « Création d’un réseau d’in-
glementaires et d’aide à la décision, il paraît         donc partagés dans leur globalité. L’élabora-          formation et de partage sur l’éducation à
essentiel de décliner une stratégie de conser-          tion de la stratégie doit s’appuyer sur un dia-        l’environnement et en particulier à la flore et
vation opérationnelle de la flore et des habi-          gnostic initial, notamment une analyse des             aux habitats de La Réunion »
tats de La Réunion en s’assurant d’une articu-          menaces, et inclure une estimation du bud-               Pilotes coordonnateurs : Valérie GERMAIN
lation cohérente entre les différentes actions          get pour sa mise en œuvre en tenant compte             (Parc national de La Réunion) & Monique PA-
proposées. Cette stratégie s’inscrit naturelle-         du nombre de jours homme de travail néces-             TERNOSTER (CBN-CPIE Mascarin)
ment dans le cadre de la Stratégie Réunion-             saire. Chaque action sera animée par un pi-              ■ Thématique 5 : « Gouvernance de la mise
naise pour la Biodiversité (SRB). Les objectifs         lote référent et des partenaires associés. Des         en œuvre de la stratégie conservatoire »
poursuivis et les produits attendus sont décrits        indicateurs de suivis de réalisation de l’action         Pilotes coordonnateurs : Caroline MERLE
dans les paragraphes ci-après.                          seront également proposés.                             (DEAL) & Soudjata RADJASSEGARANE (Ré-
                                                                                                               gion Réunion)
5. Historique de l’élaboration de la                    5.2. Etapes d’élaboration de la stratégie                La synthèse de ces ateliers thématiques, ré-
   stratégie                                                                                                   digée sous forme de « fiches thématiques »,
                                                         A partir de ce cahier des charges et de la            a permis de définir les objectifs et d’élaborer
                                                        consultation et l’analyse des stratégies de ni-        les grandes lignes des « fiches actions » de la
5.1. Cahier des charges : objectifs poursuivis          veau supérieur (cf. paragraphe 1) et de leur
     et produits attendus de la stratégie                                                                      stratégie de conservation de la flore et des
                                                        récente évaluation, cinq grands axes thé-              habitats de La Réunion.
  La stratégie de conservation de la flore et           matiques transversaux et interactifs ont été
des habitats de La Réunion vise à conserver             pré-identifiés pour la réflexion sur la définition
la flore et les habitats indigènes menacés de           d’une stratégie de conservation de la flore et
l’île et les fonctionnalités écologiques qui leurs      des habitats de La Réunion.
sont associées. Pour cela, il est important de                                                                 2 Une présentation et une validation du contenu
                                                                                                               thématique des ateliers de travail visant à définir les
mettre en place un outil de coordination des                                                                   grandes orientations de la stratégie pour La Réunion
                                                                                                               ont été réalisées lors de la réunion du groupe technique
1 Conservatoire d’Espaces Naturels et Groupement pour                                                          « habitat » élargi du Conseil Scientifique Régional du Pa-
l’Environnement et l’Insertion Professionnelle                                                                 trimoine Naturel (CSRPN) qui s’est tenue le 29 avril 2010.

                                                                                                                                                                     7
ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion
5.2.2. Conférence sur la flore menacée               court, moyen et long terme                           conservation de la flore et des habitats. D’une
       des territoires français de l’Outre-Mer        ■ un budget estimé par action                       part,elle bénéficie d’un exceptionnel statut
                                                      ■ une identification, une désignation et un         géopolitique avec son rattachement à la
 Dans le cadre de l’année internationale             engagement des structures pilotes pour les           France et plus largement à l’Europe, d’autre
de la biodiversité en 2010, le MEDDE et son          différentes actions à entreprendre                   part, pour des raisons historiques et topogra-
service instructeur, la DEAL de La Réunion,           ■ des indicateurs de suivi de la mise en            phiques, elle a conservé environ un tiers de sa
en collaboration avec le Parc national, ont          œuvre de la stratégie permettant d’effectuer         surface en habitats indigènes. Ainsi, conserver
confié au CBN-CPIE Mascarin l’organisation           une évaluation progressive et objective de           durablement la flore et les habitats de La Ré-
d’une conférence internationale sur « Les            celle-ci (devoir de résultats selon des engage-      union, c’est conserver une partie significative
enjeux de conservation de la flore menacée           ments établis)                                       de la biodiversité de ce point chaud.
des territoires français d’Outre-Mer » (13-17
décembre 2010).                                                                                             Dans le contexte récent et exceptionnel de
                                                     5.2.4. Procédures de validation et d’évaluation      la classification d’une partie significative de
                                                                                                          notre patrimoine naturel au rang de patri-
                                                     Validation                                           moine mondial de l’humanité par l’UNESCO,
                                                      Les orientations stratégiques du document           il paraît plus que jamais primordial d’œuvrer
                                                     ont été présentées et approuvées par le              pour l’amélioration des connaissances de la
                                                     Conseil Scientifique du CBN-CPIE Mascarin le         biodiversité et mettre en place une stratégie
                                                     25 novembre 2011. Le document a ensuite              globale et opérationnelle de conservation de
                                                     été soumis en juillet 2012 à ce même conseil         la flore et des habitats de La Réunion (SCFHR).
                                                     pour sa validation finale en septembre 2012.         Cette stratégie se veut être le reflet d’une
                                                      La stratégie a été présentée au CSRPN en            concertation entre l’ensemble des parte-
 Les orientations et les objectifs de la straté-     formation plénière pour une validation tech-         naires de l’île, et elle a pour objectifs de faire
gie de conservation de la flore et des habi-         nique et scientifique le 30 octobre 2012. Le         apparaître les priorités partagées en matière
tats de La Réunion ont été présentés à cette         CSRPN a approuvé à l’unanimité la stratégie.         de connaissance, de conservation, de re-
conférence. Les expériences conduites sur les         La stratégie est actuellement soumise pour          cherche, d’éducation et de gouvernance.
autres territoires ultra-marins, les contributions   une consultation élargie à l’ensemble des            Comme nous le verrons elle revêt un carac-
aux actes de la conférence ( Les enjeux de           partenaires et des acteurs locaux.                   tère fondamentalement transversal à travers
conservation de la flore menacée de l’outre-          L’objectif final sera de présenter la stratégie     des nécessités d’interactions permanentes
mer français, 2012), les publications au sein du     aux élus dans la perspective d’obtenir une           entre les différents champs thématiques
numéro spécial de la revue « Terre & Vie » ( La      adhésion de l’ensemble des institutions et des       pré-cités.
conservation de la flore menacée de l’outre-         collectivités.                                         Cette stratégie est issue d’un travail de ré-
mer français, 2012 ) et les échanges entre les                                                            flexion collective partagée par le plus grand
conférenciers ont permis d’enrichir le contenu                                                            nombre, qu’il s’agisse d’institutions, d’associa-
                                                     Évaluation                                           tions ou de personnes. Il était important que
de la stratégie de conservation de la flore et
des habitats de La Réunion.                                                                               cette stratégie soit issue d’un travail de concer-
                                                       Une réactualisation de ce document de pla-
 Dans le cadre de l’animation des ateliers thé-                                                           tation de l’ensemble des acteurs locaux.
                                                     nification peut être envisagée à mi-parcours
matiques de la conférence, la participation          à l’horizon 2016 et des réorientations straté-
d’experts extérieurs à La Réunion a permis un        giques pourront être adoptées en fonction de         6.2. Une opérationnalité basée sur une
élargissement des choix stratégiques à adop-         l’évolution des connaissances et des résultats            priorisation des espèces et des habitats
ter.                                                 obtenus sur la base des indicateurs de suivis         La définition des objectifs et des actions dé-
 Par ailleurs, cette démarche d’ouverture a          inscrits dans le document de référence.              coule d’un travail de synthèse sur les straté-
permis d’envisager une coopération régio-              Une carte des enjeux de conservation de            gies pré-existantes à différentes échelles mais
nale avec des États voisins de la Zone Océan         la flore et des habitats naturels, comme sup-        aussi d’un travail de réflexion local basé sur la
Indien qui ont acquis des compétences re-            port spatial de travail, pourra être élaborée        prise en compte d’un certain nombre d’en-
connues en matière de conservation d’une             à cette occasion. Celle-ci permettra une ré-         trées/critères dont la liste est la suivante :
biodiversité partagée. Dans l’optique de cette       évaluation des menaces sur les espèces et les         ■ Entrée « habitat » : choix des critères ob-
coopération régionale qui s’impose, une coor-        habitats, en particulier les plus menacés, ainsi     jectifs et pertinents pour identifier les habitats
dination régionale de la stratégie de conser-        qu’une évaluation de la fragmentation et de          prioritaires.
vation devra autant que possible être prise en       la régression des habitats, par rapport à leur        ■ Entrée « espèce » : choix de critères ob-
compte dans un esprit de complémentarité             surface d’origine.                                   jectifs et pertinents pour identifier les espèces
des compétences et des ressources.                     Un premier bilan des différentes actions mises     prioritaires.
                                                     en oeuvre sera présenté aux acteurs locaux à          ■ Entrée « secteur géographique » : choix de
5.2.3. Rédaction de la stratégie : définition        l’horizon 2016. Ce premier bilan identifiera les     critères objectifs et pertinents pour identifier
       des objectifs et des actions associées        points forts et les points faibles de la stratégie   des secteurs géographiques prioritaires en
                                                     adoptée et permettra une réactualisation de          prenant en compte les limites de cette en-
 Sur la base de ces travaux, de ces échanges,        la stratégie dans sa globalité.
des contributions des divers partenaires ainsi                                                            trée.
                                                                                                           ■ Entrée « multi-critères » : espèce x habitat x
que des synthèses des ateliers de travail et
des actes de la conférence sur la flore mena-        6. La stratégie de conservation de                   secteur géographique.
cée d’Outre-Mer, le travail de rédaction de             la flore et des habitats                           La stratégie se voulant opérationnelle en
la stratégie de conservation de la flore et des         de La Réunion                                     terme de mise en œuvre, conformément
habitats de La Réunion a été réalisée par le                                                              aux recommandations récentes du MEDDE
CBN-CPIE Mascarin, la DEAL et le Parc natio-         6.1. Contexte biogéographique                        (séminaire national PNA de Bordeaux, 1-2
nal de La Réunion.                                        et géopolitique                                 décembre 2011), un travail de priorisation des
  La démarche a consisté à établir :                                                                      habitats et des espèces doit impérativement
                                                      L’archipel des Mascareignes est compris
    un diagnostic général de la situation de                                                              être entrepris.
■                                                    dans l’un des 34 points chauds de la biodi-
conservation de la biodiversité végétale et                                                                Pour ce qui relève des espèces de plantes
                                                     versité reconnus à l’échelle mondiale (Myers
de ses habitats à La Réunion                                                                              vasculaires, l’évaluation conduite dans le
                                                     & al., 2000). Face à la situation dramatique
  ■ une identification objective, puis une hié-
                                                                                                          cadre de l’élaboration de la Liste Rouge UICN
                                                     en termes de conservation de la flore et des
rarchisation des menaces pesant sur cette                                                                 en 2010 a servi de support pour définir
                                                     habitats des territoires de ce point chaud de
biodiversité                                         la biodiversité, tout particulièrement en ce
  ■ une définition des priorités de conservation     qui concerne Madagascar et les Comore-
de cette biodiversité à la lumière des expé-         set, dans une moindre mesure, les Seychelles,
riences acquises, notamment proposer des             Mayotte et Maurice, le territoire de La Réunion
fiches action qui seront mises en œuvre à            a une responsabilité dans le domaine de la

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