ÎLE DE LA RÉUNION - STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS 2013 2020 - DEAL Réunion
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habitats STRATÉGIE DE CONSERVATION DE LA FLORE ET DES HABITATS La Réu nion f lo re île str a té g ie de conser v a tion ÎLE DE LA RÉUNION 2013 > 2020
Cadre technique et contributeurs à l’élaboration de la stratégie de conservation de la flore et des habitats de La Réunion Commanditaires/maîtres d’ouvrage Liste des contributeurs Dans le cadre du programme des activités scientifiques du CBN-CPIE ABONNENC José, ADOLPHE Michèle, ADOLPHE Patrick, ALBRECHT Mascarin sur la période 2009-2011, la DEAL et le Parc national de La J.-Philippe, ANAMPARELA Bernard, BARET Stéphane, BAZIL Samantho, Réunion ont mandaté et financé une démarche dont l’objectif est BERNET Patrice, BERTOGLI Régis, BIALECKI Anne, BOULLET Vincent, l’élaboration d’une stratégie de conservation de la flore et des habi- BREUIL Philippe, BRILLANT Stéphanie, CALICHIAMA Laurent, CHEVALLIER tats à La Réunion (CPO 2009-2011 - Axe 2. Action 1 intitulée « Animation Marie-Hélène, COUDERT Joelle, CRESCENCE Stéphanie, CRESTEY et coordination de la stratégie globale de conservation des espèces Nicole, DEBENAY Bruno, DUGAIN Martine, DULAU Jérôme, DUPONT Joël, et des habitats menacés »). Ce projet entre dans les missions pérennes FÉLICITÉ Max, FERARD Johnny, FONTAINE Antoine, FONTAINE Christian, de la Convention Pluriannuelle d’Objectif (CPO) signée entre le MED- GERMAIN Valérie, GIGORD Danièle, GIGORD Luc, GIGORD Pierre, DTL, relayé par sa représentation régionale la DEAL, et le CBN-CPIE GILSON Sandrine, GIRARD Magali, GIRARD-VALENCIENNES Emmanuelle, Mascarin. La stratégie de conservation de la flore et des habitats de La GOSSARD Christophe, GRANGAUD Edmond, GROSSET Lauricourt, Réunion a pour vocation d’être intégrée à la Stratégie Réunionnaise HIVERT Jean, HOARAU Gilbert, HOARAU Marylène, HOARAU Nathalie, pour la Biodiversité (SRB). HOAREAU Armand, HOUIN Hervé, INSA Guillaume, JUBAULT Alain, JULLIOT Catherine, JURQUET Isabelle, KICHENIN Monique, KOWALCZYK Jean- Luc, LACOSTE Marie, LASNE Agnès, LATREILLE Catherine, LAUZEL Liza, Comité de pilotage et partenaires LAVERGNE Christophe, LAVERGNE Roger, LE PECHON Thimotée, LEQUETTE Benoît, LIN Joël, LUCAS Daniel, LUCAS Raymond, LUCAS-LECLIN Olivier, Comité de pilotage : CBN-CPIE Mascarin, Parc national de La Réun- MAILLOT Mickaël, MARQUET Jocelyne, MERLE Caroline, MEYER Jean-Yves, ion (PnRun), Direction de l’Environnement, de l’Amégament et du MONGIN Philippe, MULLER Serge, NAIM-GESBERT Éric, PASTOU Didier , Logement de la Réunion (DEAL) PATERNOSTER Monique, PAUSÉ Jean-Bernard, PAUSÉ Jean-Marie, PAYET Partenaires institutionnels : Conseil Régional, Conseil Général, Office Denis, PICOT Frédéric, PRIANON Jacky, PROBST Jean-Michel, PROVOT National des Forêts, Conservatoire du Littoral, Gestionnaires d’Espaces Laurence, RADJASSEGARANE Soudjata, RIBES Sonia, ROBERT Yannis, Naturels Sensibles ROBINET Olivier, SALIMAN Matthieu, SIGALA Pierre, SMADJA Jacqueline, SOUPRAYEN-CAVERY Nila, SQUARZONI René, SZELENGOWICZ Michel, TAMON Jean-Maurice, TARNUS Gisèle, THOMAS Hermann, THUEUX Pierre, Comité rédactionnel TRIOLO Julien, TRUONG Pascal, TURQUET Vincent, VITRY Nicolas. Coordination et synthèse : Luc GIGORD (CBN-CPIE Mascarin) Co-rédacteurs : Christophe LAVERGNE, Monique PATERNOSTER, Frédéric PICOT (CBN-CPIE Mascarin), Jérôme DULAU, Caroline MERLE, Laurence PROVOT (DEAL), Stéphane BARET, Valérie GERMAIN, Benoît LEQUETTE (Parc national)
SOMMAIREStratégie de Conservation de la Flore et des Habitats de La Réunion 1 Contexte mondial, européen, national et régional 4 1.1 Une stratégie mondiale pour la conservation des plantes 4 1.2 Une stratégie européenne pour la conservation des plantes 4 1.3 Une stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) 5 1.4 Une stratégie réunionnaise pour la conservation de la biodiversité (SRB) 5 2 Un constat : défaut d’opérationnalité des stratégies 5 3 Une volonté : décliner et adapter localement les orientations stratégiques 5 4 Pourquoi une stratégie de conservation de la flore et des habitats de La Réunion ? 6 4.1 Des espèces en danger d’extinction 6 4.2 Des habitats menacés de disparition 7 5 Historique de l’élaboration de la stratégie 7 5.1 Cahier des charges : objectifs poursuivis et produits attendus de la stratégie 7 5.2 Etapes d’élaboration de la stratégie 7 5.2.1 Organisation d’ateliers thématiques de travail fédérateurs et participatifs 7 5.2.2 Conférence sur la flore menacée des territoires français de l’Outre-Mer 8 5.2.3 Rédaction de la stratégie : définition des objectifs et des actions associées 8 5.2.4 Procédures de validation et d’évaluation 8 6 La stratégie de conservation de la flore et des habitats de La Réunion 8 6.1 Contexte biogéographique et géopolitique 8 6.2. Une opérationnalité basée sur une priorisation des espèces et des habitats 8 6.2.1 Évaluation des habitats prioritaires 9 6.2.2 Évaluation des espèces prioritaires 9 ■ Tableau de synthèse des 5 grands AXES, déclinés en 15 OBJECTIFS et 27 ACTIONS, 10 de la stratégie de conservation de la flore et des habitats de La Réunion ■ Tableau récapitulatif des priorités d’actions de connaissance 12 Axes & Fiches Action Axe 1 Connaissance 13 Axe 2 Conservation 21 Axe 3 Recherche 31 Axe 4 Éducation 37 Axe 5 Gouvernance 43 Références bibliographiques 49 Annexes 55 Tables des illustrations 64 3
1. Contexte mondial, européen, ■ Objectif 6 : conservation de la biodiversi- national et régional té dans des terres agricoles ■ Objectif 12 : utilisation durable des pro- La seconde moitié du 20ème siècle voit duits à base de plantes naître le concept de biodiversité et une prise ■ Objectif 15 : formation à la conservation de conscience des mécanismes à l’origine des plantes de son émergence et de son maintien ainsi que de son rôle central dans les grands équi- En particulier, des investissements importants libres écosystémiques. Parallèlement, sur des concernant l’Objectif 15 étaient considérés échelles de temps réduites, on constate un comme cruciaux pour la réalisation de tous inexorable déclin de cette biodiversité dans En 2009, un rapport du secrétariat de la les objectifs à l’horizon 2010. un contexte d’expansion sans précédent des convention sur la diversité biologique analyse les progrès accomplis dans la mise en œuvre ■ Les changements climatiques représentent activités humaines. Face à ce constat, des de la Stratégie Mondiale de la Conservation une menace supplémentaire pour la conser- stratégies à différents niveaux ont été élabo- des Plantes (CDB 2009). Les principaux mes- vation et l’utilisation durable de la diversité rées afin d’enrayer, autant que possible, la sages de ce rapport sont résumés ci-dessous : végétale. Ils pourraient compromettre les perte de diversité biologique à la surface du ■ Les plantes constituent un élément cen- gains réalisés jusqu’ici et doivent être pris en globe terrestre. tral de la biodiversité et des écosystèmes. compte de manière urgente. Une hausse de La volonté d’élaborer de telles stratégies Elles offrent un éventail de services écosysté- la température mondiale conduira inexora- émerge suite au premier sommet mondial or- miques, tels que la production de l’oxygène blement vers une augmentation des taux ganisé sur le thème de la Biodiversité à Rio de et l’élimination des émissions de dioxydes de d’extinction des espèces aussi bien végétales Janeiro en 1992. Lors de ce premier « sommet carbone atmosphériques, la création et la qu’animales (THOMASet al. 2004). de la Terre », 168 États approuvèrent la pre- stabilisation des sols, la protection des bas- mière Convention sur la Diversité Biologique sins hydrographiques et la fourniture de res- 1.2. Une stratégie européenne pour la des Nations Unies (dite CDB). A la suite de la sources naturelles impliquées dans l’alimen- conservation des plantes signature de cette convention, les États et les tation, l’habillement, l’énergie, la construction communautés d’États ont élaboré des straté- et les médicaments. Dans le sillon de la précédente initiative, l’Eu- gies dont l’un des objectifs majeurs est d’en- ■ Les deux tiers des espèces végétales mon- rope a adopté une stratégie partagée ( « A rayer la perte de biodiversité. diales sont aujourd’hui en danger d’extinction sustainable future for Europe: The European du fait de la pression croissante des popula- Strategy for Plant Conservation », 2008 ) pilo- tions humaines, de la modification de l’habi- tée par Planta Europa (http://www.plantaeu- tat, de la déforestation, de la surexploitation, ropa.org/) et le Conseil de l’Europe. de la propagation des espèces exotiques La première priorité du réseau Planta Europa envahissantes, de la pollution et de l’impact (Programme européen de « Plantlife Interna- croissant des changements climatiques. tional » dont la principale mission est la conser- ■ La stratégie mondiale pour la conserva- vation de la flore et de ses habitats à l’échelle tion des plantes (« Global Strategy for Plant européenne) était de mettre en œuvre la stra- Conservation », GSPC), dont l’objectif est de tégie européenne pour la conservation des mettre fin à la perte constatée de leur diver- plantes (ESPC 2002-2010) reconnue comme sité, a fourni une base pertinente pour réaliser une contribution à la stratégie mondiale de la Il existe par conséquent plusieurs stratégies, à des progrès dans le domaine de la conserva- Convention sur la Diversité Biologique (CBD). différentes échelles géopolitiques, dont nous allons succinctement rappeler les grandes tion des plantes à travers le monde. La mise orientations et les objectifs de manière à en œuvre de cette stratégie a démontré l’im- contextualiser la stratégie de conservation de portance des divers réseaux et différentes col- la flore et des habitats proposée pour le terri- laborations ainsi que le rôle crucial joué par les toire de La Réunion. partenariats intersectoriels dans le contexte de la CDB. ■ La stratégie fournit, en outre, une opportu- 1.1.Une stratégie mondiale pour la conservation des plantes nité pour aborder les questions de lutte contre la pauvreté et favoriser la réalisation des Ob- Les deux stratégies, mondiale et euro- Une stratégie mondiale pour la conservation jectifs du Millénaire pour le développement à péenne, proposent des objectifs clairs, ambi- des plantes a été adoptée lors de la 6ème l’échelle nationale et mondiale. L’objectif est tieux mais réalistes, classés sous 5 thèmes com- Conférence des Parties (COP6) de la CDB à de continuer à tirer des avantages de la di- muns. Quarante-deux objectifs devaient être La Haye le 19 avril 2002 (décision VI/9). Cette versité biologique tout en assurant son main- atteints par l’Europe en 2007 et contribuer à stratégie comporte 16 objectifs (ANNEXE 1) tien. Ce besoin a été clairement identifié par la réalisation des 16 objectifs mondiaux à l’ho- qui devaient être atteints à l’horizon 2010. Elle les récentes conclusions de l’Évaluation des rizon 2010. Planta Europa a conduit le travail propose des mesures concertées visant à fa- écosystèmes pour le Millénaire (« Millenium destiné à atteindre les objectifs européens. ciliter l’harmonisation des initiatives existantes Ecosystem Assesment » 2005). L’évaluation de la stratégie européenne en en matière de conservation des plantes. La ■ Alors que dans certains cas une approche 2007 a montré la nécessité : stratégie mondiale pour la conservation des nationale pour la mise en œuvre de la stra- ■ d’adopter une nouvelle stratégie, avec plantes est conçue comme un cadre d’ac- tégie a été, par défaut, l’option la plus prag- un nombre réduit d’objectifs, en cohérence tion au niveau régional, national et mondial. matique, dans d’autres cas une approche ré- avec la stratégie mondiale Les 16 objectifs sont classés en cinq thèmes gionale s’est avérée être plus opérationnelle. ■ d’inclure davantage d’actions intégrant les principaux : Dans les deux cas, il a été souligné la néces- changements climatiques, les notions de cor- ■ Connaitre et recenser la diversité des sité d’aller au-delà des jardins botaniques et ridors écologiques, une approche à l’échelle plantes des communautés en charge de la conser- des écosystèmes et la notion de gestion du- ■ Conserver la diversité des plantes vation en intégrant l’agriculture, la foresterie rable ■ Utiliser la diversité des plantes de manière et les politiques de gestion des espaces natu- ■ d’être plus transparente sur les modalités durable rels terrestres dans la stratégie. d’exécution nationale ■ Promouvoir l’éducation et la sensibilisation ■ Bien que des progrès importants aient été Par ailleurs, il est apparu urgent de créer une à la diversité des plantes constatés pour huit des seize objectifs, ils se plate-forme en ligne pour suivre l’avance- ■ Renforcer les moyens de conservation de sont avérés limités pour d’autres, notamment: ment des actions et identifier les bonnes pra- la diversité des plantes. ■ Objectif 2 : évaluation préliminaire de l’état tiques et méthodologies. La coordination de de conservation des plantes la stratégie européenne, effectuée par Plan- ■ Objectif 4 : conservation effective de ré- ta Europa, doit être sensiblement renforcée. gions écologiques 4
Des partenariats avec d’autres organismes 1.4. Une stratégie réunionnaise pour la ■ Les changements climatiques ont des de conservation doivent également être dé- conservation de la biodiversité (SRB) conséquences directes et indirectes sur la veloppés. biodiversité (perturbation des cycles de vie, Dans le sillage de la déclinaison pour l’outre- décalages saisonniers, etc.) Une nouvelle stratégie européenne de mer de la SNB, les acteurs réunionnais ont ■ La diminution de la diversité des pratiques conservation des plantes a été élaborée élaboré en 2006 une Stratégie Réunionnaise agricoles conduit parfois à la banalisation des pour la période 2008-2014 (ANNEXE 2)1. Les pour la Biodiversité (SRB–2006-2010) dont la paysages et à la perte de biodiversité objectifs de cette stratégie concernent tous mise en œuvre a fait l’objet d’une évaluation ■ La crise économique engendre une surex- les types d’habitat européens : habitats litto- en 2010. La révision de la SRB a été initiée en ploitation des ressources naturelles raux,tourbières, marais, marécages, fleuves, 2011, en intégrant : ■ Le déficit des démarches d’éducation à la forêts, prairies, terres agricoles et montagnes. ■ le Plan Opérationnel de Lutte contre les es- biodiversité et à ses enjeux ainsi que l’absence Cette stratégie est composée de 16 objec- pèces Invasives (POLI –2010) de perception globale limitent l’impact positif tifs et de 41 actions (ANNEXE 2). Il est à noter ■ la présente Stratégie de Conservation de des actions de préservation ponctuelles mises qu’aucune orientation particulière/spécifique la Flore et des Habitats de La Réunion (SCFHR en œuvre. aux régions ultrapériphériques d’Europe n’est –2013-2020) envisagée dans cette stratégie. ■ la Stratégie Nationale pour la Biodiversité Par conséquent, malgré l’existence de ces (SNB –2011-2020) stratégies, force est de constater, tant au ni- Le document relatif à la nouvelle SRB (2012- veau mondial que régional et local, que l’éro- 2020), en cours d’élaboration, s’est enrichi à sion de la biodiversité n’a pas été enrayée et la lumière des résultats de sa mise en œuvre a continué à se manifester dans le monde depuis 2006 et des documents de références entier, en France et dans ses territoires d’Outre cités ci-dessus. Mer. Ce constat a été fait lors de la dernière Conférence mondiale qui s’est déroulée à Le document établit, par ailleurs, des corres- Nagoya (Japon) du 18 au 29 octobre 2010 et pondances dans les objectifs poursuivis avec : qui fût l’événement majeur de l’Année inter- ■ les Orientations Régionales de Gestion et nationale de la biodiversité. Dix huit mille par- de conservation de la Faune sauvage et de ticipants, selon l’ONU, représentaient près de 1.3. Une stratégie nationale pour la ses Habitats (ORGFH, 2004) 193 pays signataires de la CDB. biodiversité (SNB) ■ le Plan d’Action Outre-Mer (2008-2010) ■ le Schéma Directeur d’Aménagement et La France a élaboré sa première Stratégie de Gestion des Eaux (SDAGE, 2010-2015) Nationale pour la Biodiversité (SNB) en 2004, intégrée à la stratégie globale proposée lors La SRB 2012-2020 comprend désormais 6 de la première conférence de Nagoya. Suite axes, déclinés en 12 grands objectifs et 38 à un bilan concernant la période 2004-2010, fiches-action (ANNEXE 4) : cette stratégie a été reformulée en 2011 pour une mise en œuvre sur la période 2011-2020 Axe 1 – Observation et connaissance avec 6 orientations stratégiques et 20 objec- Axe 2 – Protection, confortement et gestion tifs (ANNEXE 3.1). de la biodiversité remarquable Axe 3 – Intégration des enjeux de la La Conférence a adopté le protocole de biodiversité dans les politiques Nagoya, qui a permis quatre avancées ju- publiques et les projets gées majeures pour enrayer la perte consta- Axe 4 – Promotion d’une culture commune tée de biodiversité : de la biodiversité ■ Un meilleur accès aux ressources géné- Axe 5 – Mise en œuvre de la Stratégie de tiques et un partage plus équitable des avan- lutte contre les espèces invasives tages issus de leur utilisation (lutte contre la Axe 6 – Gouvernance et animation « Biopiraterie ») ■ L’adoption d’un plan stratégique 2011- 2. Un constat : défaut 2020, avec 20 objectifs quantifiés, dont : La France, ayant une partie significative de d’opérationnalité des stratégies ■ la suppression en 2020 des subventions sa biodiversité remarquable dans ses terri- Malgré les engagements internationaux, eu- pour la réalisation de projets dommageables toires d’Outre Mer, s’était dotée d’un cadre ropéens, nationaux et locaux, la biodiversité à la biodiversité d’objectifs et d’actions (ANNEXE 3.2) pour ■ la création d’un réseau d’espaces proté- décline fortement. Les objectifs fixés par la conserver et gérer durablement la biodiversi- CDB à Rio de Janeiro en 1992 et ceux fixés gés couvrant au moins 17 % de la surface ter- té de l’Outre Mer français (cf. version 2004 de par l’Union européenne dans le cadre de son restre et 10 % de la surface des océans la stratégie nationale). Ce cadre d’objectifs ■ Un accord pour la création d’un IPBES plan d’action pour stopper la perte de biodi- a été refondu dans la version 2011-2020 dans versité avant 2010 n’ont pas été atteints. (« International Platform for Biodiversity and la stratégie nationale sans déclinaison spéci- La crise écologique qui touche l’ensemble Ecosystem Services »), équivalent pour la bio- fique pour l’Outre Mer Français. des territoires résulte de multiples pressions qui diversité du Groupe d’experts Intergouverne- peuvent interagir : mental sur l’Évolution du Climat (GIEC) Les nouvelles orientations stratégiques de la ■ Une mobilisation de ressources financières ■ La destruction, la fragmentation et l’altéra- SNB se déclinent ainsi : pour mettre en œuvre cette stratégie tion des habitats réduisent les milieux de vie ● Orientation stratégique A - Susciter l’en- disponibles pour les espèces et leurs possibili- vie d’agir pour la biodiversité 3. Une volonté : décliner et adapter tés de déplacement ● Orientation stratégique B - Préserver le ■ Les pollutions de l’air, des sols, des cours localement les orientations vivant et sa capacité à évoluer stratégiques d’eaux et des océans entraînent la perturba- ● Orientation stratégique C - Investir dans tion de nombreux écosystèmes et posent des un bien commun, le capital écologique L’augmentation des pressions est très forte- problèmes de santé publique ● Orientation stratégique D - Assurer un ment liée aux évolutions démographiques et ■ L’exploitation des espèces à un rythme usage durable et équitable de la biodiversité à des modes de production et de consomma- supérieur à la vitesse de renouvellement de ● Orientation stratégique E - Assurer la cohé- tion. De plus, leur importance relative varie selon leurs populations entraîne leur déclin rence des politiques et l’efficacité de l’action les contextes géographique, humain et écolo- ■ L’arrivée et l’exportation d’espèces exo- ● Orientation stratégique F - Développer, gique. Les atolls du Pacifique sont, par exemple, tiques envahissantes dans des écosystèmes, partager et valoriser les connaissances sensibles à la hausse du niveau des mers cau- souvent déjà fragilisés par d’autres pressions, sée par les changements climatiques. constituent un problème récurrent 1 La version communiquée en Annexe 2 est en langue anglaise car la version française n’existe pas ! 5
L’impact des espèces exotiques envahis- L’île de La Réunion : Des experts internationaux mandatés par santes sur la biodiversité est particulièrement l’UICN, suite à une demande formulée par ■ bénéficie d’une situation biogéographique important dans les milieux insulaires no- l’Etat (MEDDE, DEAL et Parc national de La tamment dans les territoires de l’Outre-Mer exceptionnelle, insulaire et tropicale Réunion), ont estimé sur la base de critères ■ relève d’une colonisation humaine récente Français. La surexploitation des espèces de scientifiques que la biodiversité de La Réunion ■ appartient à une entité étatique bénéfi- poissons pêchées en mer et la dégrada- méritait d’être élevée au rang de patrimoine tion des milieux ont déjà entraîné l’effondre- ciant d’un cadre de gouvernance et d’éco- mondial de l’Humanité (label UNESCO obte- ment de certains stocks. Malgré une prise de nomie favorable par rapport à la majorité des nu à Brasilia en août 2010). En effet la flore et conscience croissante, en particulier dans le surfaces terrestres tropicales les habitats de La Réunion revêtent des ca- ■ possède une diversité biologique unique cadre de la précédente stratégie nationale ractéristiques qui démontrent leur unicité à pour la biodiversité, les menaces et pressions au monde, incluse dans un des « hotspots » l’échelle mondiale (Boullet, 2007). anthropiques sur la biodiversité sont pour la mondiaux de la biodiversité La biodiversité végétale est néanmoins extrê- ■ est élevée au rang de Patrimoine Mondial plupart en augmentation. De nombreuses mement menacée. La première mission Liste actions ont été mises en œuvre pour inverser de l’Humanité par l’UNESCO depuis 2010 Rouge UICN dans une collectivité d’Outre la tendance : délimitation d’aires protégées, L’argumentaire développé dans le dossier Mer a été menée à La Réunion en 2010 et plans d’action pour les espèces, stratégies de UNESCO a clairement démontré l’unicité s’est soldée par la publication de la Liste lutte contre les espèces envahissantes, diffu- mondiale de la flore de l’île et de son orga- Rouge de la flore vasculaire de La Réunion sion de pratiques favorables à la biodiversité, nisation en de nombreux habitats tout aussi (ANNEXE 6). Cette Liste Rouge montre que sensibilisation, etc. uniques (Boullet, 2007). 311 espèces (34 %) de plantes vasculaires, sur Partant de ce constat, La Réunion s’impose 905, sont dans un état de conservation jugé L’existence de grandes orientations de conser- naturellement comme candidate à un pro- préoccupant à différents degrés. Cepen- vation de la flore et de ses habitats à l’échelle jet ambitieux de conservation de sa flore et dant seules 32 espèces ont fait l’objet d’un mondiale (« Stratégie Mondiale pour la Conser- de ses habitats. Les enjeux sont d’autant plus Plan Directeur de Conservation et 5 d’un Plan vation des Plantes », CDB, 2002), européenne considérables que la surface de son territoire National d’Action soit 12 % seulement des 311 (« A sustainable future for Europe : The Eu- est réduite, sa population en expansion et les espèces considérées comme menacées ou ropean Strategy for Plant Conservation », pressions liées à son aménagement toujours quasiment menacées. La liste des espèces Planta Europa & Conseil de l’Europe, 2008), plus fortes (développement de logements, protégées datant de 1987 est actuellement nationale (« Plan d’action outre-mer - Straté- d’infrastructures, d’équipements publics, inadaptée et devrait très prochainement in- gie Nationale pour la Biodiversité », MEEDDM, d’activités économiques…). clure la vaste majorité des taxons menacés. 2009) et sur des secteurs plus restreints tels que certaines îles de la Zone Océan Indien À La Réunion, seuls 30 % des systèmes de (e.g. Maurice et Seychelles), devrait faciliter végétations présents avant l’arrivée de l’élaboration d’une stratégie conservatoire l’Homme au cours du 17ème siècle, sont en- opérationnelle pour la flore et les habitats core présents (Strasberg et al. 2005). Du fait de de La Réunion. Concernant les aspects de la forte diminution de la surface de certains recherche scientifique, fondamentaux en habitats, la flore de l’île est aujourd’hui extrê- matière de préservation de la biodiversité tro- mement menacée, notamment par les inva- picale du fait d’une méconnaissance de la sions biologiques qui contribuent fortement à systématique, de la biologie et de l’écologie la perte de la biodiversité dans les îles océa- de très nombreuses espèces, il apparaît es- niques (Loope & Mueller-dombois, 1989 ; Mac- sentiel de s’appuyer sur la Fondation pour la Donald et al.,1991 ; Meyer & Florence, 1996 ; Recherche sur le Biodiversité (FRB) et ses orien- Lavergne & al., 1999 ; Kueffer & Lavergne, 2004 tations (ANNEXE 5). ; Meyer, 2004 ; Frenot & al. , 2005 ; Baret & al., Par conséquent, étant donné l’insuffisance 2006 ; Beauvais & al., 2006 ; Donlan & Wilcox, des résultats des grandes stratégies, il appa- 2008 ; Kueffer et al., 2010 ; Kiehn, 2011 ; Barbe raît plus que jamais nécessaire que le territoire & al., 2012a). Face à ce contexte il parait pri- de La Réunion, exceptionnel en matière de mordial d’alimenter et d’animer une réflexion Il paraît opportun de signaler que 16% des diversité biologique, se dote d’une stratégie, pour une stratégie globale, commune et espèces au statut de conservation préoccu- localement adaptée et opérationnelle, de concertée pour la conservation des espèces pant sont endémiques de l’archipel des Mas- conservation de sa flore et des ses habitats et des habitats menacés. careignes et donc partagées par Maurice, terrestres. La stratégie de conservation de la A ce titre, La Réunion constitue un terrain Rodrigues et La Réunion. Ainsi, à La Réunion, flore et des habitats de La Réunion doit être idéal d’expérimentation, d’étude et de diffu- 19 espèces sont en catégorie UICN1 CR (sur une déclinaison adaptée, partagée et opé- sion des méthodes et des outils de protection 91 ; 21%), 8 en catégorie EN (sur 80 ; 10 %), 15 rationnelle des stratégies nationale (SNB) et de la biodiversité. en catégorie VU (sur 104 ; 14 %) et 8 en caté- régionale (SRB). Elle constitue notamment le gorie NT (sur 36 ; 22 %) sont endémiques des volet Flore et Habitats terrestres de la Stratégie 4.1.Des espèces en danger d’extinction Mascareignes. Il est donc essentiel d’élargir Réunionnaise pour la Biodiversité (SRB). l’application de la stratégie à une échelle ré- Les enjeux sont d’autant plus importants que La Réunion est un territoire d’exception en gionale élargie, en associant les îles de l’archi- 4. Pourquoi une stratégie de matière de biodiversité terrestre. Sa flore et sa pel des Mascareignes, et plus largement les conservation de la flore faune contiennent un taux élevé d’espèces pays du sud-ouest de l’Océan Indien inclus et des habitats de La Réunion ? endémiques. Certains groupes ont connu des au sein d’un hotspot mondial de biodiversité. Le concept de biologie de la conservation radiations adaptatives accompagnées de A l’instar des plantes vasculaires, il sera es- a émergé dans les années 1950 alors que forts taux de spéciation in situ et les espèces sentiel d’inclure dans la stratégie la bryoflore certains biologistes, écologistes et naturalistes ont acquis des traits d’histoire de vie origi- de La Réunion dont une partie des espèces a soulevaient timidement les premiers signes de naux et uniques à l’échelle mondiale (Strijk récemment fait l’objet d’une évaluation Liste la diminution de biodiversité à l’échelle pla- et al., 2012). Globalement, la flore indigène Rouge (Ah-Peng & al., 2010, 2012). En effet, nétaire. Avec la mondialisation et les chan- de La Réunion possède un potentiel évolutif ce groupe de plantes comporte pas moins gements écosystémiques profonds qui l’ont conséquent, signe d’une expansion évolutive de 776 taxons indigènes sur le territoire de La accompagnée, la perte nette de biodiversité récente dans l’île, et, plus largement dans Réunion et joue un rôle fondamental au sein planétaire s’est considérablement accélérée l’archipel des Mascareignes. L’enjeu n’est des communautés végétales tant sur le plan en quelques décennies seulement. pas seulement de conserver les espèces mais de la contribution à une diversité biologique de conserver leur dynamique évolutive socle exceptionnelle et à l’assemblage de com- indispensable à toute évolution dans un envi- munautés végétales originales que sur le plan ronnement changeant. des services écosystémiques rendus. 1 CR : en danger critique d’extinction ; EN : en danger d’extinction ; VU : vulnérable ; NT : quasi-menacée. 6
4.2. Des habitats menacés de disparition actions entreprises par les différents parte- Ces axes sont les suivants: naires et de leurs champs de compétences Suite à l’adoption de la Directive 92-43/CEE associés. La présente stratégie définit, hiérar- 1. Axe CONNAISSANCE de 1992 dite « Natura 2000 », un programme chise et propose des priorités d’intervention 2. Axe CONSERVATION de connaissance intitulé « Cahiers d’Habitats » ou d’approche en termes de connaissance, 3. Axe RECHERCHE a été mis en place au niveau national. Or une de conservation, de recherche, d’éducation 4. Axe EDUCATION ordonnance présidentielle du 11avril 2001 ex- et de gouvernance en intégrant les menaces 5. Axe GOUVERNANCE clut les Départements d’Outre Mer de l’appli- et les opportunités économiques et socié- cation de cette directive et des dispositions Dans ce cadre thématique, une approche tales. participative et ascendante a été privilégiée de nature législative qui ont été déclinées en France métropolitaine. De plus le programme Les principaux objectifs de la stratégie de manière à construire une stratégie locale- de cartographie nationale des habitats (CA- peuvent donc se résumer ainsi : ment adaptée et partagée par l’ensemble RHAB) lancé en 2011 dans le cadre de la SNB ■ Assurer le maintien (ou restaurer si néces- des partenaires. 2011-2020 ne sera pas appliqué en outre-mer saire) du bon état de conservation de la flore avant l’horizon 2020. Il est donc essentiel que et des habitats naturels de La Réunion : dia- 5.2.1.Organisation d’ateliers thématiques de la dimension « habitats » soit très clairement gnostic et synthèse des connaissances, sensibi- travail fédérateurs et participatifs prise en considération dans la stratégie de lité/vulnérabilité, veille/observatoire, pressions/ Pour mener cette réflexion, des ateliers thé- conservation de la flore et des habitats de menaces, compétences techniques et mé- matiques2 ont été organisés. L’objectif des La Réunion qui dénombre pas moins de 239 thodologiques, actions conservatoires priori- ateliers thématiques de travail qui se sont dé- postes typologiques (Lacoste & al., 2011) dont taires, etc. roulés les 31 mai et 1er juin 2010 au CBN-CPIE la plupart n’ont pas été caractérisés à une ■ Identifier, hiérarchiser et proposer des priori- Mascarin était de recueillir les avis de l’en- échelle typologique fine. tés d’actions en termes de connaissance, de semble des acteurs et partenaires associés De nombreux espaces naturels et habitats conservation, de recherche et d’éducation directement ou indirectement à la conserva- ont fait l’objet d’une demande de statut de ■ Fédérer l’ensemble des acteurs qui contri- tion de la flore et des habitats de l’île. Cette protection renforcé ces dernières années. buent à la mise en œuvre de la stratégie et démarche participative a également permis Ceci démontre à la fois la très grande valeur mettre en place une gouvernance et un pi- d’identifier clairement les objectifs et priorités patrimoniale de nombreux habitats mais aussi lotage efficients pour les années à venir et de mettre en place les menaces pesant sur leur existence sur le ■ Coordonner les politiques publiques et l’ac- une plate-forme d’échange pour réévaluer à long terme. Ainsi, à l’issue d’un long travail de tion de l’ensemble des partenaires institution- mi-parcours les enjeux de la stratégie conser- mission, le Parc national de La Réunion a été nels, associatifs, privés et indépendants vatoire opérationnelle. créé en 2007. Parallèlement, en dehors des ■ Concentrer les moyens financiers, humains Ces ateliers se sont déroulés selon le schéma zones de cœur de Parc national, une Réserve et d’ingénierie technique pour la réalisation ci-dessous : Naturelle Nationale a été créée à l’Étang de des objectifs et actions associées Saint Paul. Plus récemment, certains habitats Cette stratégie concerne uniquement les ■ Thématique 1 : « Comprendre et documen- uniques et exceptionnels ont bénéficié d’un espèces végétales terrestres et l’originalité ter la diversité de la flore et des habitats indi- classement par Arrêté de Protection Biotope de la présente démarche consiste à élargir gènes » (APB) telles que par exemple la Pandanaie la réflexion aux habitats naturels des espèces Pilotes coordonnateurs : Frédéric PICOT (CBN- de la Plaine des Palmistes. Au delà, 36 Es- patrimoniales. La stratégie est élaborée pour CPIE Mascarin) et Benoît LEQUETTE (Parc natio- paces Naturels Sensibles (ENS) représentants une durée de huit ans conformément à la nal de La Réunion) une surface cummulée de 47 km2 (2 % surface Stratégie Réunionnaise pour la Biodiversité ■ Thématique 2 : « Conserver et utiliser dura- de La Réunion) ont été créés sur le territoire (SRB). L’animation et la coordination de la blement la diversité de la flore et des habitats sous la gourvernance du Département et la stratégie sera réalisée par un comité de pilo- indigènes » gestion d’associations dont le CEN-GCEIP1. tage intégré à celui de la SRB et des comités Pilotes coordonnateurs : Stéphane BARET De même le Conservatoire du littoral a acquis de travail thématiques rassemblant les diffé- (Parc national de La Réunion) & Christophe 15,39 km2 répartis sur 17 sites dont la vocation rents acteurs concernés. LAVERGNE (CBN-CPIE Mascarin) est de conserver et/ou retrouver une natu- En termes de produits attendus, le docu- ■ Thématique 3 : « Déterminer le rôle des ac- ralité au sein des habitats littoraux indigènes. ment doit être élaboré de manière collégiale, teurs de la recherche scientifique dans la mise Enfin, l’ONF mène depuis plus de 10 ans une en partenariat avec l’ensemble des acteurs en œuvre de la stratégie » politique de gestion conservatoire de la flore locaux, notamment à travers l’organisation Pilotes coordonnateurs : Luc GIGORD (CBN- et des habitats sur de nombreux espaces dé- d’un atelier de travail participatif coordon- CPIE Mascarin) & Marie LACOSTE (CBN-CPIE partemento-domaniaux. né par le CBN-CPIE Mascarin, le PnRun et la Mascarin) Face à ces enjeux et disposant d’outils ré- DEAL. Les enjeux et les axes stratégiques sont ■ Thématique 4 : « Création d’un réseau d’in- glementaires et d’aide à la décision, il paraît donc partagés dans leur globalité. L’élabora- formation et de partage sur l’éducation à essentiel de décliner une stratégie de conser- tion de la stratégie doit s’appuyer sur un dia- l’environnement et en particulier à la flore et vation opérationnelle de la flore et des habi- gnostic initial, notamment une analyse des aux habitats de La Réunion » tats de La Réunion en s’assurant d’une articu- menaces, et inclure une estimation du bud- Pilotes coordonnateurs : Valérie GERMAIN lation cohérente entre les différentes actions get pour sa mise en œuvre en tenant compte (Parc national de La Réunion) & Monique PA- proposées. Cette stratégie s’inscrit naturelle- du nombre de jours homme de travail néces- TERNOSTER (CBN-CPIE Mascarin) ment dans le cadre de la Stratégie Réunion- saire. Chaque action sera animée par un pi- ■ Thématique 5 : « Gouvernance de la mise naise pour la Biodiversité (SRB). Les objectifs lote référent et des partenaires associés. Des en œuvre de la stratégie conservatoire » poursuivis et les produits attendus sont décrits indicateurs de suivis de réalisation de l’action Pilotes coordonnateurs : Caroline MERLE dans les paragraphes ci-après. seront également proposés. (DEAL) & Soudjata RADJASSEGARANE (Ré- gion Réunion) 5. Historique de l’élaboration de la 5.2. Etapes d’élaboration de la stratégie La synthèse de ces ateliers thématiques, ré- stratégie digée sous forme de « fiches thématiques », A partir de ce cahier des charges et de la a permis de définir les objectifs et d’élaborer consultation et l’analyse des stratégies de ni- les grandes lignes des « fiches actions » de la 5.1. Cahier des charges : objectifs poursuivis veau supérieur (cf. paragraphe 1) et de leur et produits attendus de la stratégie stratégie de conservation de la flore et des récente évaluation, cinq grands axes thé- habitats de La Réunion. La stratégie de conservation de la flore et matiques transversaux et interactifs ont été des habitats de La Réunion vise à conserver pré-identifiés pour la réflexion sur la définition la flore et les habitats indigènes menacés de d’une stratégie de conservation de la flore et l’île et les fonctionnalités écologiques qui leurs des habitats de La Réunion. sont associées. Pour cela, il est important de 2 Une présentation et une validation du contenu thématique des ateliers de travail visant à définir les mettre en place un outil de coordination des grandes orientations de la stratégie pour La Réunion ont été réalisées lors de la réunion du groupe technique 1 Conservatoire d’Espaces Naturels et Groupement pour « habitat » élargi du Conseil Scientifique Régional du Pa- l’Environnement et l’Insertion Professionnelle trimoine Naturel (CSRPN) qui s’est tenue le 29 avril 2010. 7
5.2.2. Conférence sur la flore menacée court, moyen et long terme conservation de la flore et des habitats. D’une des territoires français de l’Outre-Mer ■ un budget estimé par action part,elle bénéficie d’un exceptionnel statut ■ une identification, une désignation et un géopolitique avec son rattachement à la Dans le cadre de l’année internationale engagement des structures pilotes pour les France et plus largement à l’Europe, d’autre de la biodiversité en 2010, le MEDDE et son différentes actions à entreprendre part, pour des raisons historiques et topogra- service instructeur, la DEAL de La Réunion, ■ des indicateurs de suivi de la mise en phiques, elle a conservé environ un tiers de sa en collaboration avec le Parc national, ont œuvre de la stratégie permettant d’effectuer surface en habitats indigènes. Ainsi, conserver confié au CBN-CPIE Mascarin l’organisation une évaluation progressive et objective de durablement la flore et les habitats de La Ré- d’une conférence internationale sur « Les celle-ci (devoir de résultats selon des engage- union, c’est conserver une partie significative enjeux de conservation de la flore menacée ments établis) de la biodiversité de ce point chaud. des territoires français d’Outre-Mer » (13-17 décembre 2010). Dans le contexte récent et exceptionnel de 5.2.4. Procédures de validation et d’évaluation la classification d’une partie significative de notre patrimoine naturel au rang de patri- Validation moine mondial de l’humanité par l’UNESCO, Les orientations stratégiques du document il paraît plus que jamais primordial d’œuvrer ont été présentées et approuvées par le pour l’amélioration des connaissances de la Conseil Scientifique du CBN-CPIE Mascarin le biodiversité et mettre en place une stratégie 25 novembre 2011. Le document a ensuite globale et opérationnelle de conservation de été soumis en juillet 2012 à ce même conseil la flore et des habitats de La Réunion (SCFHR). pour sa validation finale en septembre 2012. Cette stratégie se veut être le reflet d’une La stratégie a été présentée au CSRPN en concertation entre l’ensemble des parte- Les orientations et les objectifs de la straté- formation plénière pour une validation tech- naires de l’île, et elle a pour objectifs de faire gie de conservation de la flore et des habi- nique et scientifique le 30 octobre 2012. Le apparaître les priorités partagées en matière tats de La Réunion ont été présentés à cette CSRPN a approuvé à l’unanimité la stratégie. de connaissance, de conservation, de re- conférence. Les expériences conduites sur les La stratégie est actuellement soumise pour cherche, d’éducation et de gouvernance. autres territoires ultra-marins, les contributions une consultation élargie à l’ensemble des Comme nous le verrons elle revêt un carac- aux actes de la conférence ( Les enjeux de partenaires et des acteurs locaux. tère fondamentalement transversal à travers conservation de la flore menacée de l’outre- L’objectif final sera de présenter la stratégie des nécessités d’interactions permanentes mer français, 2012), les publications au sein du aux élus dans la perspective d’obtenir une entre les différents champs thématiques numéro spécial de la revue « Terre & Vie » ( La adhésion de l’ensemble des institutions et des pré-cités. conservation de la flore menacée de l’outre- collectivités. Cette stratégie est issue d’un travail de ré- mer français, 2012 ) et les échanges entre les flexion collective partagée par le plus grand conférenciers ont permis d’enrichir le contenu nombre, qu’il s’agisse d’institutions, d’associa- Évaluation tions ou de personnes. Il était important que de la stratégie de conservation de la flore et des habitats de La Réunion. cette stratégie soit issue d’un travail de concer- Une réactualisation de ce document de pla- Dans le cadre de l’animation des ateliers thé- tation de l’ensemble des acteurs locaux. nification peut être envisagée à mi-parcours matiques de la conférence, la participation à l’horizon 2016 et des réorientations straté- d’experts extérieurs à La Réunion a permis un giques pourront être adoptées en fonction de 6.2. Une opérationnalité basée sur une élargissement des choix stratégiques à adop- l’évolution des connaissances et des résultats priorisation des espèces et des habitats ter. obtenus sur la base des indicateurs de suivis La définition des objectifs et des actions dé- Par ailleurs, cette démarche d’ouverture a inscrits dans le document de référence. coule d’un travail de synthèse sur les straté- permis d’envisager une coopération régio- Une carte des enjeux de conservation de gies pré-existantes à différentes échelles mais nale avec des États voisins de la Zone Océan la flore et des habitats naturels, comme sup- aussi d’un travail de réflexion local basé sur la Indien qui ont acquis des compétences re- port spatial de travail, pourra être élaborée prise en compte d’un certain nombre d’en- connues en matière de conservation d’une à cette occasion. Celle-ci permettra une ré- trées/critères dont la liste est la suivante : biodiversité partagée. Dans l’optique de cette évaluation des menaces sur les espèces et les ■ Entrée « habitat » : choix des critères ob- coopération régionale qui s’impose, une coor- habitats, en particulier les plus menacés, ainsi jectifs et pertinents pour identifier les habitats dination régionale de la stratégie de conser- qu’une évaluation de la fragmentation et de prioritaires. vation devra autant que possible être prise en la régression des habitats, par rapport à leur ■ Entrée « espèce » : choix de critères ob- compte dans un esprit de complémentarité surface d’origine. jectifs et pertinents pour identifier les espèces des compétences et des ressources. Un premier bilan des différentes actions mises prioritaires. en oeuvre sera présenté aux acteurs locaux à ■ Entrée « secteur géographique » : choix de 5.2.3. Rédaction de la stratégie : définition l’horizon 2016. Ce premier bilan identifiera les critères objectifs et pertinents pour identifier des objectifs et des actions associées points forts et les points faibles de la stratégie des secteurs géographiques prioritaires en adoptée et permettra une réactualisation de prenant en compte les limites de cette en- Sur la base de ces travaux, de ces échanges, la stratégie dans sa globalité. des contributions des divers partenaires ainsi trée. ■ Entrée « multi-critères » : espèce x habitat x que des synthèses des ateliers de travail et des actes de la conférence sur la flore mena- 6. La stratégie de conservation de secteur géographique. cée d’Outre-Mer, le travail de rédaction de la flore et des habitats La stratégie se voulant opérationnelle en la stratégie de conservation de la flore et des de La Réunion terme de mise en œuvre, conformément habitats de La Réunion a été réalisée par le aux recommandations récentes du MEDDE CBN-CPIE Mascarin, la DEAL et le Parc natio- 6.1. Contexte biogéographique (séminaire national PNA de Bordeaux, 1-2 nal de La Réunion. et géopolitique décembre 2011), un travail de priorisation des La démarche a consisté à établir : habitats et des espèces doit impérativement L’archipel des Mascareignes est compris un diagnostic général de la situation de être entrepris. ■ dans l’un des 34 points chauds de la biodi- conservation de la biodiversité végétale et Pour ce qui relève des espèces de plantes versité reconnus à l’échelle mondiale (Myers de ses habitats à La Réunion vasculaires, l’évaluation conduite dans le & al., 2000). Face à la situation dramatique ■ une identification objective, puis une hié- cadre de l’élaboration de la Liste Rouge UICN en termes de conservation de la flore et des rarchisation des menaces pesant sur cette en 2010 a servi de support pour définir habitats des territoires de ce point chaud de biodiversité la biodiversité, tout particulièrement en ce ■ une définition des priorités de conservation qui concerne Madagascar et les Comore- de cette biodiversité à la lumière des expé- set, dans une moindre mesure, les Seychelles, riences acquises, notamment proposer des Mayotte et Maurice, le territoire de La Réunion fiches action qui seront mises en œuvre à a une responsabilité dans le domaine de la 8
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