Le nouveau porte avions américain prend enfin la mer

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Le nouveau porte avions américain prend enfin la mer
13/04/2017                          Le nouveau porte­avions américain prend enfin la mer | Mer et Marine

Le nouveau porte­avions américain prend enfin la mer
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Le plus grand bâtiment de guerre construit jusqu’ici a pris la mer le 8 avril. Sept ans et demi après sa
mise sur cale et 41 mois après sa mise à l’eau au chantier Huntington Ingalls Industries de Newport News, l’USS
Gerald R. Ford (CVN 78) réalise une première campagne au large des côtes de Virginie. Ces "essais
constructeur" visent notamment à tester la propulsion, la manœuvrabilité et les systèmes de navigation et de
communication du bâtiment.

Long de 337 mètres pour une largeur de 41 mètres à la ligne de flottaison et jusqu’à 78 mètres au niveau de son
pont d’envol, le CVN 78 affichera un déplacement d'environ 100.000 tonnes en charge. C’est le premier porte­
avions complètement nouveau conçu pour la flotte américaine depuis l’USS Nimitz, mis sur cale en 1968 et entré
en service en 1975 (bâtiment suivi par deux sisterships puis cinq unités dérivées du type Theodore Roosevelt et
deux du type Ronald Reagan).

L'USS Gerald R. Ford partant en essais mer (© US NAVY)

Equipage réduit de 25%
L’USS Gerald R. Ford se caractérise par de nombreuses nouveautés. Très automatisé par rapport à ses aînés, il
bénéficie d’une réduction significative de l’équipage, qui sera limité à 4660 marins (groupe aérien embarqué
compris) contre 5600 à 6100 sur les précédents porte­avions de l’US Navy. Avec 25% de personnel en moins, la
marine américaine entend économiser 4 milliards de dollars en coûts d’exploitation sur les 50 ans de service du
navire.
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Nouveaux réacteurs nucléaires
Doté d’une nouvelle carène plus hydrodynamique et conçu pour dépasser la vitesse de 30 nœuds, le CVN 78 est
équipé de quatre lignes d’arbres et deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération, des Bechtel A1B. Plus
compactes que les A4W équipant les Nimitz, ces chaufferies ont été développées pour fonctionner normalement
pendant tout le cycle de vie du bâtiment, sans avoir besoin d’être rechargées. Avec là aussi comme objectif de
réduire les coûts de maintenance et la durée des arrêts techniques majeurs.

Les A1B sont également nettement plus puissants que les A4W, avec une capacité de production électrique trois
fois supérieure, soit une puissance de 300 MW pour chaque réacteur. De quoi répondre aux importants besoins
liés aux nouvelles technologies, par exemple au niveau des senseurs toujours plus gourmands en énergie, ou
encore à des systèmes d’armes et d’autodéfense futurs, comme les lasers ou encore le concept d’armure
électrique. Mais pour l’heure, il s’agit d’abord d’assurer le fonctionnement des nouvelles catapultes
électromagnétiques équipant le bâtiment.

L'USS Gerald R. Ford partant en essais mer (© US NAVY)

Catapultes électromagnétiques
Les Electromagnetic Aircraft Launch Systems constituent l’une des principales innovations du nouveau fleuron de
la marine américaine. Au nombre de quatre et longues chacune de 93 mètres, les EMALS succèdent aux
traditionnelles catapultes à vapeur, technologie en vigueur sur les porte­avions depuis les années 50.

Equipements critiques, ces catapultes ont fait l’objet d’importants investissements de R&D et de nombreux essais,
les premiers tests de catapultage à quai ayant été réalisés en 2015 avec des chariots simulant le poids des
avions (jusqu’à 36 tonnes) que le CVN 78 embarquera (F­35C, F/A­18 Super Hornet, EA/18­G Growler, E­2D
Hawkeye, C­2 Greyhound et drones). Il s’agit pour mémoire de propulser les appareils à près de 300 km/h. L’USS
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Gerald R. Ford dispose également d’un nouveau système de brins d’arrêt pour la récupération des aéronefs,
l’AAG (Advanced Arresting Gear).

Une plateforme repensée et un nouvel îlot
Doté des technologies les plus récentes, en particulier dans le domaine de l’électronique et des automatismes, le
bâtiment dispose de 3000 kilomètres de câbles électriques et 1200 kilomètres de fibres optiques. Alors que la
plateforme a été totalement repensée par rapport aux Nimitz, avec une amélioration sensible des flux à bord et
une gestion plus efficiente de la mise en œuvre du groupe aérien embarqué, qui sera composé de 70 aéronefs,
l’USS Gerald R. Ford arbore un nouvel ilot. Totalement différent de celui des Nimitz, il est toujours déporté vers
l’arrière mais est moins long et adopte un design furtif. Avec le CVN 78, l’US Navy disposera d’ailleurs pour la
première fois d’un porte­avions équipé de senseurs à faces planes intégrés à la structure de l’îlot, contribuant à
réduire la surface équivalente radar et assurer une veille permanente à 360 degrés. Il s’agit notamment du radar
multifonctions à antenne active SPY­3. On notera que la coque a également été redessinée pour plus de furtivité.

(© HII)

Plus de 17 milliards de dollars
Une fois les essais de plateforme réalisés sous la supervision des équipes d’HII, l’USS Gerald R. Ford sera
réceptionné par l’US Navy, qui pilotera avec les industriels concernés la mise au point du système de combat, des
systèmes d’armes et l’intégration de l’aviation embarquée.

Un long chemin reste à parcourir avant que le CVN 78 puisse mener des missions de combat. Son premier
déploiement n’est en tous cas pas prévu avant 2020/2021, à l’issue d’une période très délicate au cours de
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laquelle les Américains vont devoir rendre opérationnel un porte­avions comme on l’a vu entièrement nouveau et
extrêmement complexe, avec des technologies innovantes qu’il va falloir éprouver et fiabiliser.

Très ambitieux, ce programme a d’ailleurs été déjà confronté à d’importants surcoûts et retards liés à des
difficultés techniques. Les essais qui viennent de débuter accusent ainsi huit mois de retard par rapport à ce qui
était prévu il y a un an. A eux seuls, les coûts de développement du CVN 78 d’élèvent à 4.7 milliards de dollars,
alors que le prix de la construction était évalué en 2013 à 12.8 milliards de dollars, soit 22% de plus que ce qui
était prévu au moment de la signature du contrat en 2008.

Le CVN 79 en construction fin 2016 (© HII)

Deux premiers sisterships attendus en 2022 et 2025
Ces dépassements et les contraintes budgétaires ont obligé l’US Navy à étaler la réalisation des bâtiments
suivants. Mis sur cale à Newport News en août 2015, le futur USS John F. Kennedy (CVN 79) est en cours
d’assemblage en vue d’une mise à l’eau d’ici 2019 et d’une livraison à l’US Navy vers 2022. Le troisième bâtiment
de la série, qui sera baptisé USS Enterprise (CVN 80), doit être mis sur cale en 2018 en vue d’une livraison en
2025. Huit autres unites sont ensuite prévues d’ici 2060 afin de succéder aux actuels porte­avions américains. Du
moins selon le format actuel de la flotte américaine, fixé à 11 navires de ce type, mais que Donald Trump, en
visite sur l’USS Gerald R. Ford le 2 mars, souhaite voir repasser à 12.

Alors que le CVN 78 va remplacer l’ancien USS Enterprise (CVN 69 retiré du service en 2012), le CVN 79
succèdera à l’USS Nimitz et le CVN 80 à l’USS Dwight D. Eisenhower (CVN 69), qui date de 1977.
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Pour mémoire, l’US Navy aligne pour le moment 10 porte­avions, dont quatre ont atteint ou dépassé les 30 ans.
La classe Nimitz compte un troisième bâtiment, l’USS Carl Vinson (CVN 70, 1982). S’y ajoutent cinq unités du
type Theodore Roosevelt (TR, Abraham Lincoln, George Washington, John C. Stennis et Harry S. Truman),
entrées en service entre 1986 et 1998. Les deux plus récents porte­avions américains, qui constituent l’ultime
évolution de cette génération, sont l’USS Ronald Reagan et l’USS George H.W. Bush, livrés en 2003 et 2009.

L'USS Ronald Reagan (© US NAVY)
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