Le polar italien : reflet de la société actuelle - Charlotte Moge Université Lyon 3 - 2AUTA

La page est créée Gérard Perrier
 
CONTINUER À LIRE
Le polar italien : reflet de la société actuelle - Charlotte Moge Université Lyon 3 - 2AUTA
Le polar italien :
reflet de la société actuelle

          Charlotte Moge

          Université Lyon 3
Introduction
è Le « giallo », une collection Mondadori

è Le « noir »
Introduction
è Police / Polis

è L’écriture de polar comme « un acte politique »

è Elisabetta Bacchereti : « hallucinant voyage à la
    découverte des profondeurs du crime comme
    expression métaphorique du cœur des ténèbres de la
    réalité contemporaine »
 Maria Pia De Paulis-Dalembert (dir.), La littérature policière de 1990 à nos
jours. L’Italie en jaune et noir, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2010, p.
21-22.
Introduction
è Giorgio Scerbanenco (années 1960)

« G. Scerbanenco, et après lui tous les auteurs de polars, se
sert donc des nouvelles techniques du roman noir pour
dénoncer avec rage et désenchantement la détérioration du
tissu urbain par l’industrialisation, la spéculation
immobilière. En somme, par le capitalisme. Cueillie dans
son immédiate transformation, la ville, Milan, devient un
espace tentaculaire, désertique et se veut la métaphore des
transformations de la société et de l’homme. »
Laurent Lombard, « Le roman policier italien : entre mystère et silence », in
Mouvements, 2001/3 n°15-16, p. 62.
Introduction
è Leonardo Sciascia : Le jour de la chouette (1961)

è Loriano Macchiavelli : Gruppo 13

« raconter la réalité à travers le filtre du protagoniste-enquêteur,
une action qui se situe dans des lieux de la vie quotidienne, bien
connus et reconnaissables géographiquement, culturellement et
linguistiquement, et dans lequel on raconte l’histoire et la vie de
la ville et de la province, dans ses aspects sociaux,
anthropologiques, historiques et culturels. En somme, c’est l’Italie
qui est représentée. »
Franca Pellegrini, « Il ‘’giallo’’ contemporaneo. Memoria e rappresentazione
dell’identità nazional-regionale », in Monica Jansen & Yasmina Khamal (dir.),
Memoria in noir. Un’indagine pluridisciplinare, Bruxelles, Peter Lang, 2010, p. 204.
1. Le polar italien, véritable kaléidoscope de l’Italie
   contemporaine

2. Le polar comme instrument de dénonciation des
   maux de l’Italie contemporaine
Le polar, véritable kaléidoscope
Antonio Manzini : « Nous parlons des recoins de la province
mais en fait nous parlons du pays, ce sont de petits fragments qui
parlent du territoire. L’Italie est très morcelée du point de vue
linguistique, il est donc important de rapporter cet aspect du pays.
Le dénominateur commun est l’illégalité. Presque personne ne va
en prison en Italie : et ça nous a cassé les bonbons à tous, voilà
pourquoi nous inventons des commissaires casse-couilles. »
Conférence « Storia del giallo, typologies italiennes », Quais du polar,
Lyon, édition 2018.
Le polar, véritable kaléidoscope
è Un pays, des régions, des langues : la
   dimension locale et territoriale
è Des dialectes à l’idiolecte

è Une italianité qui se dessine à travers des
   personnages atypiques?
Un pays, des régions, des langues :
    la dimension locale et territoriale

Gioacchino Criaco : « nous représentons une littérature qui est
volontairement ancrée dans le territoire parce que tu ne peux pas
expliquer le monde d’en haut, tu dois l’expliquer en partant du
bas. »
Conférence « Storia del giallo, typologies italiennes », Quais du polar,
Lyon, édition 2018.
Un pays, des régions, des langues :
   la dimension locale et territoriale
è La Vallée d’Aoste
Un pays, des régions, des langues :
     la dimension locale et territoriale
Antonio Manzini : « J’écris parce que je suis en colère. Et je
crois qu’on voit bien, du moins dans les livres de Rocco où réside
ma colère. La Vallée d’Aoste est une région qui vit grâce à l’argent
de l’État, parce que c’est une région à statut spécial. Dans le Val
d’Aoste, on trouve le seul casino d’Europe qui est en faillite. Il
perd de l’argent ! Et chaque année, ils prennent 50 millions à
l’État, c’est-à-dire à nous, pour les redonner au casino. Savoir que
mes impôts servent à combler le déficit du casino, ça me rend fou.
Donc je voulais ruiner un peu la réputation de leur police. Même
si j’y vais depuis longtemps et que j’adore le Val d’Aoste. »
Conférence « Storia del giallo, typologies italiennes », Quais du
polar, Lyon, édition 2018.
Un pays, des régions, des langues :
    la dimension locale et territoriale
è Milan

Gianni Biondillo : « Milan est le creuset de grandes
contradictions. Il y a de désir de regarder vers le nord, l’envie de
grandir (avec l’Expo, les gratte-ciel, la mode), c’est une ville
tournée vers le futur, mais il y a une autre ville qui souffre, qui
n’arrive pas à la fin du mois. »
Conférence « Storia del giallo, typologies italiennes », Quais du polar,
Lyon, édition 2018.

è Quarto Oggiaro
Un pays, des régions, des langues :
    la dimension locale et territoriale
« À Milan, la chaleur est renversante, l’humidité fait fusionner la
poussière sur la peau en suffoquant tous les pores, tu
commences à te gratter, à souffler, tu halètes… »

« Sur le trottoir, il y avait désormais un mélange de bouillasse et
de couches de glaces. Cela faisait vingt-quatre heures qu’il ne
neigeait plus mais le ciel promettait des tempêtes scandinaves.
Quoi qu’il en soit, la ville ne se reposait pas. Ivres de leur esprit
de contre-réforme, les Milanais défiaient les dieux en continuant
à aller au travail comme s’il s’agissait d’une banale journée de
printemps. »
Gianni Biondillo, Per cosa si uccide, Milan, Tea, 2004, p. 8 & 91
Un pays, des régions, des langues :
    la dimension locale et territoriale
è Le Nord-Est (Massimo Carlotto)

•    L’Alligator

« Comprendre les développements de la criminalité
internationale en Italie après la chute du mur de Berlin et
l’effondrement du système soviétique. »
Maria Pia De Paulis-Dalembert, « Nordest de Massimo Carlotto :
ascension et déclin du capitalisme entre crimes de sang et mystères de
famille », in Histoire et réalités dans le roman policier italien contemporain,
Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2014, p. 200.
Un pays, des régions, des langues :
    la dimension locale et territoriale
è Bologne

Loriano Macchiavelli : « Bologne est une ville étrange, si tu la
regardes bien à l’intérieur, tu te rends compte qu’elle te trompe.
Elle te donne l’illusion de te protéger sous ses portiques, comme si
tu étais dans le ventre de ta mère, et elle ne te permet pas de
regarder dans les coulisses. Où il se passe justement les choses les
plus importantes. »
http://www.loriano-macchiavelli.it/interviste/la-scuola-emiliana-del-
noir/
Un pays, des régions, des langues :
    la dimension locale et territoriale
è Calabre

Gioacchino Criaco : « racconter non seulement l’évolution
criminelle mais aussi mon peuple, un peuple qui a une histoire
millénaire ».
Conférence « Storia del giallo, typologies italiennes », Quais du polar,
Lyon, édition 2018.

è Africo / Milan

è L’Aspromonte
Un pays, des régions, des langues :
    la dimension locale et territoriale
è Sicile (Andrea Camilleri)

•   Commissaire Salvo Montalbano

•   Vigàta

•   Romans historiques
Des dialectes à l’idiolecte

è Parlers régionaux et dialectes : une représentation de
l’italianité
Gianni Biondillo : « Pour comprendre l’Italie, il faut
comprendre Milan. C’est la seule ville où il n’y a pas de dialecte.
Depuis Bonvesin della Riva (XIIIe), la moitié de la population
n’est pas née à Milan. Dans ma rue, il y avait 50 ou 60 ethnies
différentes, c’est une ville cosmopolite. Mon père vient de
Camapanie et ma mère de Sicile. La grande contradiction de
Milan, c’est que tu entends plein de langues mais tu n’en parles
aucune. Le dialecte milanais n’existe pratiquement plus. »
Conférence « Storia del giallo, typologies italiennes », Quais du polar,
Lyon, édition 2018.
Des dialectes à l’idiolecte
è Parlers régionaux et dialectes : une représentation de
    l’italianité
« Les grands immeubles se remplirent en très peu de temps. Les
Milanais expulsés de Brera et de Porta Garibaldi arrivèrent, puis
les habitants de Bari, de Foggia, de Lecce, quelques Sardes,
certains du Frioul, les Calabrais et beaucoup de Siciliens au
dialecte incompréhensible. Tous essayaient désespérément de
communiquer dans ces cours d’immeuble semblables à la Tour
de Babel. Naissait alors une nouvelle langue, peut-être
artificielle, qui aurait fait s’étouffer plus d’un linguiste, si jamais
il y en avait eu dans le coin. Les Milanais non, évidemment.
Mais pas plus les Vénitiens qui arrivaient par bandes et les
Napolitains. Eux continuaient à parler leurs langues, archi-
convaincus qu’il ne s’agissait pas d’un dialecte. »
Gianni Biondillo, Per cosa si uccide, Milan, Tea, 2004, p. 121-122.
Des dialectes à l’idiolecte
è L’idiolecte de Camilleri

« Le « camillerien » n’est pas la transcription pure et simple
d’un idiome par un linguiste, mais la création personnelle
d’un écrivain, à partir du parler de la région d’Agrigente. »
Serge Quadruppani, « Avertissement du traducteur », in Andrea
Camilleri, L’odeur de la nuit, Paris, Fleuve noir, 2003, p. 6.

•   « Montalbano sono » > « Montalbano, je suis »

•   Pinsare > pinser (= penser)

•   Arribisbigliare > s’aréveiller (= se réveiller)
Des enquêteurs atypiques
è Bouleversement de la typologie du polar

•   Duca Lamberti (Giorgio Scerbanenco)

•   Sergent Antonio Sarti (Loriano Macchiavelli)

•   Inspecteur Ferraro (Gianni Biondillo)
Des enquêteurs atypiques
è Commissaire Salvo Montalbano (Andrea Camilleri)

•   26 romans, 5 recueils de nouvelles, vendus à 25
    millions d’exemplaires

•   34 films

•   Mimì Augello

•   Fazio

•   Catarella
Des enquêteurs atypiques
      - Dottori, qu’est-ce que je fis ? Je vous réveillai ?
      - Catarè, six heures du matin il est. Pile.
      - En virité, ma montre marque six heures trois minutes.
      - Ça veut dire qu’elle avance un peu.
      - Vous êtes sûr, dottori ?
      - Tout à fait sûr.
      - Alors je l’aretarde de trois minutes. Merci, dottori.
      - De rien.
 Cattarella raccrocha, Montalbano aussi et il commença à retourner vers la
 chambre. À mi-chemin, il s’arrêta en jurant. Mais putain, c’était quoi ce coup
 de téléphone ? Catarella l’appelait à six heures du matin pour voir si sa
 montre était à l’heure ? À ce moment, le téléphone sonna nouvellement, le
 commissaire fut prompt à soulever le combiné.
      - Dottori, je vous demande de me pirdonner, mais la quistion de l’heure
      m’a fait oublier de vous dire la raison du coup de tiliphone pour lequel
      je passai le susdit appel. »
Andrea Camilleri, La patience de l’araignée, Paris, Fleuve noir, 2006, p. 27.
Des enquêteurs atypiques
è Rocco Schiavone (Antonio Manzini)

« La seule colline qu’un romain a vue, c’est le Monte Mario, à
150m d’altitude donc les gens qui vivent là haut, à 1500m
d’altitude, c’est très curieux pour un romain. Il ne comprend pas
ce qu’ils font là haut, à 1500m. Et il ne veut pas le comprendre.
En effet, il se balade dans la neige avec des Clarks aux pieds et un
loden. Le romain pense que vu que le loden est fait à Merano, au-
dessus de Bolzano, il s’agit d’un gros manteau. Le romain ne sait
pas qu’à Bolzano, on porte le loden en août parce que c’est aussi
épais que du papier Bible. »
Conférence « Storia del giallo, typologies italiennes », Quais du polar, Lyon,
édition 2018.
Des enquêteurs atypiques
è Rocco Schiavone (Antonio Manzini)

« Il a sa propre éthique qui n’a rien à voir avec celle que devrait
avoir un policier. Fondamentalement c’est une personne, pas un
héros. Il est humain. Il est plein de défauts, de zones d’ombre, de
contradictions. Il a grandi dans un milieu pauvre et tous ses amis
sont délinquants. Il était dans l’illégalité avant d’étudier et de
devenir policier. Il attaque rarement des gens faibles. Il a un sens
de la justice, ce qui est différent de la loi. Il ne se cache pas, et se
fait beaucoup d’ennemis en disant ce qu’il pense. Ce n’est pas un
policier exemplaire. »
Abel Mestre, « Antonio Manzini : ‘’Le polar surligne les failles de la
société’’ », Le Monde, 17 août 2017.
Des enquêteurs atypiques
è Rocco Schiavone (Antonio Manzini)

« deux messieurs de droite qui détestaient l’idée que mon
personnage se fume un joint à la télévision. En voilà une chose de
grave. Le fait qu’il vole, ça passait… la morale des hommes
politiques italiens est très curieuse »
 Conférence « Storia del giallo, typologies italiennes », Quais du polar, Lyon,
édition 2018.

•    Piste noire (2015), Froid comme la mort (2016), Maudit
     printemps (2017), Un homme seul (2018)
Des enquêteurs atypiques
è L’Alligator (Massimo Carlotto)

« Tout le monde savait que la seule façon de me trouver
était de faire la tournée des bars »
Massimo Carlotto, La vérité de l’Alligator, Paris, Gallimard, 1998, p. 9.

« Détective privé, spécialiste d’affaires qui nécessitent un
certain doigté et une conception élastique de la légalité »
Lise Bossi, « Gendarmes et voleurs à l’heure de la globalisation dans les romans
noirs de Massimo Carlotto », in Cahiers d’études italiennes, n°7, 2008, p. 174.
Des enquêteurs atypiques
è L’Alligator (Massimo Carlotto)

•   Beniamino Rossini

•   Max La Memoria
Le polar comme
       instrument de dénonciation

èDénonciation d’un rapport problématique à l’histoire
et à la mémoire des événements tragiques

è Dénonciation de la réalité criminelle

è Dénonciation de la réalité socio-économique
Dénonciation d’un rapport problématique à
l’histoire et à la mémoire des événements tragiques

 èLoriano Macchiavelli : l’analyse des années de plomb

 •   Gruppo 13

 12 décembre 1969 : une bombe explose à la Banque Nationale
 de l'Agriculture de Milan, piazza Fontana = 16 morts, 84 blessés

 28 mai 1974 : piazza della Loggia a Brescia = 8 morts, 103 blessés

 4 août 1974 : bombe dans un train Florence-Bologne = 12 morts,
 41 blessés

 2 août 1980 : attentat à la gare de Bologne = 85 morts, 100
 blessés
Dénonciation d’un rapport problématique à
l’histoire et à la mémoire des événements tragiques

 èLoriano Macchiavelli : l’analyse des années de plomb

 •   « Stratégie de la tension » = attentats réalisés par les
     groupes d’extrême-droite de matrice néofasciste

 •   Terrorisme d’extrême-gauche à partir de 1974

 •   Enlèvement et assassinat d’Aldo Moro par les Brigades
     Rouges (1978)
Dénonciation d’un rapport problématique à
l’histoire et à la mémoire des événements tragiques

 èLoriano Macchiavelli : l’analyse des années de plomb

 « J’analyse un lieu à travers son histoire mystérieuse, policière, en
 donnant un bout de son histoire. »
 Marco Oberti, « Le polar italien : un genre qui a du mal à se faire
 reconnaître », in Mouvements, 2001/3, n°15-16, p. 56.

 •   Antonio Sarti
Dénonciation d’un rapport problématique à
l’histoire et à la mémoire des événements tragiques

 èLoriano Macchiavelli : l’analyse des années de plomb
 •    Strage (1990)

 « Fonction de dénonciation et de recherche de la vérité »
 Maria Pia De Paulis-Dalembert, La littérature policière de 1990 à nos jours. L’Italie
 en jaune et noir, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2010, p. 20.

 « Recomposer les faits, les indices et les informations afin de
 parvernir à une vérité autrement niée »
 Maria Pia De Paulis-Dalembert, « L’Italie du XXe siècle et ses mystères », in
 Histoire et réalités dans le roman policier italien contemporain, Toulouse, Presses
 universitaires du Mirail, 2014, p. 157
Dénonciation d’un rapport problématique à
l’histoire et à la mémoire des événements tragiques

 èVincenzo Mantovani : la reconstruction historique pour
 éclairer l’actualité
 •    Il cattivo maestro (1997)
 « Il parvient enfin à reconstituer le contexte qui a entraîné la
 désintégration des Brigades Rouges et la victoire du terrorisme
 noir. La vérité se fait jour en 1995, au moment où on assiste à la
 légitimation politique de la droite. La reconstruction du passé
 récent laisse entrevoir les desseins cachés de la classe politique
 italienne. Ce qui inquiète dans le roman, c’est justement le fil
 continu entre le virage à droite des années 1970 et le retour
 d’une droite parlementaire à la fin du XXe siècle. »
 Maria Pia De Paulis-Dalembert, « L’Italie du XXe siècle et ses mystères », in
 Histoire et réalités dans le roman policier italien contemporain, Toulouse, Presses
 universitaires du Mirail, 2014, p. 163
Dénonciation d’un rapport problématique à
l’histoire et à la mémoire des événements tragiques

 èVincenzo Mantovani : la reconstruction historique
 pour éclairer l’actualité

 •   Il cattivo maestro (1997)

 « Pour comprendre l’histoire de l’Italie – celle de l’après-
 guerre, j’entends – il ne faut pas des instruments trop
 raffinés. Il est une clé qui ouvre toutes les portes : le passe-
 partout de l’anticommunisme. »
 Vincenzo Mantovani, Il cattivo maestro, Florence, Giunti, 1997, p. 306.
Dénonciation d’un rapport problématique à
l’histoire et à la mémoire des événements tragiques

 èGiancarlo De Cataldo : représenter les alliances au
 service des projets subversifs

 « s’insinuer dans les zones d’ombres que l’historiographie
 n’a pas réussi à éclaircir faute de preuves et (…) construire
 la structure d’une narration qui essaie de donner des
 réponses vraisemblables à des questions sans réponses de
 l’histoire récente. »
 Marco Amici, « Dall’epopea criminale all’ambiguità dei giorni nostri. Alcune
 considerazioni su Romanzo criminale e Nelle mani giuste di Giancarlo De
 Cataldo », in Monica Jansen & Yasmina Khamal (dir.), Memoria in noir.
 Un’indagine pluridisciplinare, Bruxelles, Peter Lang, 2010, p. 78.
Dénonciation d’un rapport problématique à
l’histoire et à la mémoire des événements tragiques

 èGiancarlo De Cataldo : représenter les alliances au
 service des projets subversifs

 •   Romanzo criminale (2002) : Banda della Magliana

 « Se sentant à l’aise dans la zone grise et peu illuminée qui
 existe entre la politique et les secrets d’État, ce personnage
 consacre toutes ses forces à mettre en place des stratégies de
 déstabilisation. »
 Gert Sorensen, « Letteratura noi e storiografia. Le voci del doppio
 Stato in Romanzo criminale di De Cataldo », in Monica Jansen &
 Yasmina Khamal (dir.), Memoria in noir. Un’indagine pluridisciplinare,
 Bruxelles, Peter Lang, 2010, p. 98.
Dénonciation d’un rapport problématique à
l’histoire et à la mémoire des événements tragiques

 èGiancarlo De Cataldo : représenter les alliances au
 service des projets subversifs

 •   La saison des massacres (2007)

 « Ce roman ne trahit pas l’histoire, il l’interprète en représentant
 des événements réels sous le signe de la Métaphore ».
 Giancarlo De Cataldo, Nelle mani giuste, Turin, Einaudi, 2007, p. 2.
Dénonciation d’une réalité criminelle

èUne réalité criminelle protéiforme

•   De Cataldo : Banda della Magliana (Romanzo criminale)

•   Carlotto : Mafia del Brenta (Nessuna cortesia all’uscita)

•   Camilleri : La pyramide de boue (2016)

•   Manzini : Maudit printemps (2017) et Un homme seul
    (2018)
Dénonciation d’une réalité criminelle

èRoberto Saviano : le « roman n’est plus une fiction »

•    Gomorra (2006) : 1,2 millions d’exemplaires vendus en
     Italie ; traduit dans 43 langues

« Enquête entendue au sens de recherche/investigation
journalistico-politique. Aussi la frontière de l’imaginaire
s’estompe-t-elle. L’imaginé et le réel se confondent dans une
recréation réciproque. »
Maria Pia De Paulis-Dalembert, La littérature policière de 1990 à nos jours. L’Italie
en jaune et noir, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2010, p. 21.
Dénonciation d’une réalité criminelle

èRoberto Saviano : le « roman n’est plus une fiction »
•    Gomorra (2006) : 1,2 millions d’exemplaires vendus en
     Italie ; traduit dans 43 langues
« Saviano-enquêteur-écrivain explore le territoire en Vespa et le
raconte de manière crue, réaliste et documentée. (Il) alterne sur
une même page l’expérience vécue d’un événement, d’un lieu,
d’une dégénération sociale de sa terre et le récit objectif de
situations, de personnes et d’événements, étaillés par des
statistiques et des chiffres qui en confirment la véracité et lui
donnent plus de substance. »
Franca Pellegrini, « Il ‘’giallo’’ contemporaneo. Memoria e rappresentazione
dell’identità nazional-regionale », in Monica Jansen & Yasmina Khamal (dir.),
Memoria in noir. Un’indagine pluridisciplinare, Bruxelles, Peter Lang, 2010, p. 212.
Dénonciation d’une réalité socio-économique

è Le polar social défini par les auteurs

Carlotto : « Raconter une histoire criminelle qui se déroule dans
un lieu déterminé, à un moment déterminé, est de plus en plus
une excuse pour raconter autre chose. »
O. Morro, « Entretien avec Massimo Carlotto », in C. Milanesi, Roman
policier et histoire, p. 290
Dénonciation d’une réalité socio-économique

è Le polar social défini par les auteurs

Manzini : « C’est raconter un pays parcellisé, divisé et très
complexe. La littérature policière italienne est divisée par région.
Que l’on parle du Val d’Aoste ou de la Sicile, de Rome ou de
Trieste, on retombe toujours sur le même problème : la profonde
crise sociale que traverse l’Italie. C’est ce qui fait naître les
mouvements populistes, qui renforce la droite la plus extrême et lui
permet de revenir au premier plan. »
Dénonciation d’une réalité socio-économique

è Le polar social défini par les auteurs

Manzini :« Je n’y avais jamais pensé. Mais c’est vrai ce que vous
dites. La comédie italienne racontait une société en mutation et
les signes de ce changement. A la différence près qu’aujourd’hui les
auteurs de polars surlignent les failles de la société. C’est pour ça
qu’à l’époque c’étaient des comédies et qu’aujourd’hui ce sont des
policiers. Dans les années 1960, il y avait de l’optimisme, la
volonté de reconstruire un pays, une envie de futur. Aujourd’hui il
y a de la colère et de la peur. »
Abel Mestre, « Antonio Manzini : ‘’Le polar surligne les failles de la
société’’ », Le Monde, 17 août 2017.
Dénonciation d’une réalité socio-économique

è L’immigration

•    Andrea Camilleri, L’autre bout du fil (2016)

•    Antonio Manzini, Piste noire (2015)
Dénonciation d’une réalité socio-économique

è Nordest de Massimo Carlotto et Marco Videtta (2005)

Carlotto : « Depuis longtemps je me demandais ce qu’il était
important de raconter aujourd’hui de cette Italie. Dans notre pays
il y a une très grande production de romans noirs, mais il manque
une réponse à cette question. (…) Selon nous, il est important
d’utiliser le roman noir pour construire des histoires de longue
haleine qui puissent documenter les transformations de cette Italie
aujourd’hui profondément bouleversée. »
Maria Pia De Paulis-Dalembert, « Nordest de Massimo Carlotto : ascension et déclin du
capitalisme entre crimes de sang et mystères de famille », in Histoire et réalités dans le roman
policier italien contemporain, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2014, p. 198.
Dénonciation d’une réalité socio-économique

è Nordest de Massimo Carlotto et Marco Videtta (2005)

« Carlotto présente une région saccagée, une atmosphère livide
plongée dans un brouillard constant, une indisutrie abandonnée
aux Chinois ou destinée à être délocalisée en Roumanie, qui
laisse derrière elle des hangars utilisés pour les rave party des
jeunes héritiers sans perspectives, des décharges de déchets
ensevelis par ces mêmes familles d’industriels dans les terrains de
la zone – en une sorte d’auto-empoisonnement momentané –
dans l’attente de les faire traiter dans le sud de l’Italie. »
Maria Pia De Paulis-Dalembert, « Nordest de Massimo Carlotto : ascension et déclin
du capitalisme entre crimes de sang et mystères de famille », in Histoire et réalités dans
le roman policier italien contemporain, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2014,
p. 205.
Dénonciation d’une réalité socio-économique

è Nordest de Massimo Carlotto et Marco Videtta (2005)

« Les gens tombaient malades et mouraient parce que
quelques industriels vénitiens voulaient économiser sur les
coûts du traitement des déchets ».
Massimo Carlotto & Marco Videtta, Nordest, Rome, e/o, 2005, p. 185.

« La résolution du crime de Giovanna clôt l’intrigue privée et familiale
du roman, mais n’apporte aucune lueur d’espoir pour envisager
l’avenir du Nord-Est italien. »

Yannick Gouchan, « L’Italie contemporaine en noir : Massimo Carlotto et
Marco Videtta, Nordest », in Cahier d’études romanes, N°15, 2006, p. 226.
Dénonciation d’une réalité socio-économique

è Nordest de Massimo Carlotto et Marco Videtta (2005)

« C’est le bon endroit pour blanchir l’argent sale dans des
activités légales. Il suffit d’aller au bar pour trouver des
chefs d’entreprises prêts à faire des affaires sans se soucier
du casier judiciaire de leurs associés. »
Massimo Carlotto & Marco Videtta, Nordest, Rome, e/o, 2005, p. 173.
Dénonciation d’une réalité socio-économique

è Nordest de Massimo Carlotto et Marco Videtta (2005)

« La noirceur du climat psychologique et des événements
souterrains directement liés au meurtre donne naissance à la
noirceur du portrait d’une société infectée par le vide moral, les
intérêts strictement individuels et le manque d’ambition pour la
collectivité. Le roman le plus noir de Carlotto part de la
dénonciation des trafics illégaux, du racisme et du cynisme
médiatique pour dresser un bilan pessimiste sur l’Italie
contemporaine. »
Yannick Gouchan, « L’Italie contemporaine en noir : Massimo Carlotto et
Marco Videtta, Nordest », in Cahier d’études romanes, N°15, 2006, p. 235.
Vous pouvez aussi lire