Lèpre / Épidémiologie - Leprosy Information

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Lèpre / Épidémiologie

■ Le point sur l’épidémiologie de la lèpre dans le monde
en 2017
                                                         Données de l’Organisation Mondiale de la Santé

Résumé : pour l’ensemble du texte, se rapporter à l’article princeps : Weekly Epidemiological Record 2018 ; 93 : 445-56.

Situation de la lèpre dans            le    enfants. La Stratégie mondiale de lutte      autorise la discrimination à l’encontre
monde, 2017 : réduction de            la    contre la lèpre 2016-2020, intitulée         des personnes touchées par la lèpre.
charge de morbidité due à la lèpre          « Parvenir plus rapidement à un monde        C’est la première fois qu’une cible est
                                            exempt de lèpre », a été adoptée par la      fixée pour mesu­rer la réduction de la
Toutes les stratégies mondiales de lutte    majorité des pays d’endémie de la lèpre      discrimination envers les personnes
contre la lèpre élaborées par l’OMS         qui ont élaboré des plans nationaux de       atteintes de lèpre.
au cours des 3 dernières décennies          mise en œuvre conformément à cette           Le manuel opérationnel de la Stratégie
reposent sur une approche visant            stratégie.                                   mondiale de lutte contre la lèpre 2016-
à détecter tous les cas et à assurer        La Stratégie mondiale de lutte contre la     2020 définit différentes approches
un traitement rapide par la polychi­        lèpre 2016-2020 s’articule autour de 3       pouvant être adoptées dans les zones
miothérapie (PCT). Étant donné que          piliers : 1) renforcer l’appropriation par   de forte et de faible endémicité pour
tous les pays, à de rares exceptions        les gouverne­ments, la coordination et       améliorer la détection précoce des cas
près, ont atteint la cible mondiale         le partenariat ; 2) mettre fin à la lèpre    et réduire la charge des incapacités.
qui avait été fixée, la stratégie la plus   et à ses complications ; et 3) mettre        Afin de renforcer la mise en œuvre
récente cible des objectifs qui ne sont     fin à la discrimination et promou­voir       de la stratégie et de suivre les progrès
plus axés sur « l’élimination de la         l’inclusion. Les 3 principales cibles à      accomplis, un ensemble d’indicateurs
lèpre en tant que problème de santé         l’horizon 2020 sont les suivantes : zéro     a été défini dans le guide de suivi et
publique », mais sur la réduction de la     nouveau cas pédiatrique présentant une       d’évaluation publié en complément de
charge de morbidité, mesurée par une        incapacité de degré 2 ; < 1 nouveau cas      la stratégie.
baisse du taux d’incapacité de degré 2      de lèpre présentant une incapacité de
parmi les nouveaux cas et par le déclin     degré 2 pour un million d’habitants ;
du nombre de nouveaux cas chez les          et zéro pays ayant une législation qui

                  Tableau 1. Nombre de nouveaux cas de lèpre dépistés en 2017 (par région de l’OMS)

     1. Taux de dépistage = nombre de cas/100 000 habitants.

                                                                                                                                1
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Lèpre / Épidémiologie

        Tableau 2. Nombre de nouveaux cas dépistés : tendances observées par Région de l’OMS de 2009 à 2017

    Tableau 3. Nombre de cas de lèpre (pour 100 000 habitants) présentant des incapacités de niveau 2 parmi les nou-
                               veaux cas dépistés par Région de l’OMS de 2010 à 2017

                      Figure 1. Tendances observées dans le dépistage de nouveaux cas de lèpre par Région
                      OMS, 2000-2017.

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                                                                                                    Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
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■ LÈPRE DANS LES DOM TOM
Détection de la lèpre (nouveaux cas et rechutes) et prévalence dans les DOM TOM en
2018
                                                                                                              G.-Y. de Carsalade1

                              Tableau récapitulatif des cas de lèpre dans les DOM TOM en 2018

(a) pour 100 000 habitants,
(b) pour 10 000 habitants                   Dr A Leoture pour la Martinique              tés et autres institutions nous adressent
NC non connu                                (a.leoture@wanadoo.fr). À noter,             leur population pour dépistage de la
                                            comme depuis plusieurs années, l’ab-         lèpre. Il conviendrait de renforcer ce
Commentaires                                sence de toute donnée de la Guyane et        dépistage en l’associant à des actions
                                            de la Nouvelle-Calédonie malgré des          de prévention, à une sensibilisation
Les informations concernant la situa-       sollicitations répétées.                     orientée vers le grand public compor-
tion dans les DOM TOM nous ont été                                                       tant une information sur les premiers
communiquées par les différents res-        Par ailleurs, le Dr A. Leoture a sou-        signes de lèpre. »
ponsables des programmes lèpre. Nous        haité nous transmettre ce texte concer-
vous communiquons, avec leur ac-            nant l’activité du centre de dépistage       1. georges-yves.de-carsalade@ch-mdm.fr
cord, leurs adresses mail afin de pou-      de la Martinique : « La diminution du
voir échanger des informations sur          nombre de cas depuis des années fait
des patients : Dr Isabelle Fabre (isa-      que la lutte contre la lèpre n’est plus
belle.fabre@chu.guadeloupe.fr) pour         un problème de santé publique en
la Guadeloupe, Dr D. M. Oussaid             Martinique ; elle sert à justifier l’arrêt
(d.mohand-oussaid@chmayotte.fr)             des crédits dédiés au dépistage, ce qui
pour Mayotte, Dr Nguyen Ngoc Lam            entraîne une perte d’expertise. La fré-
(lam.nguyen@cht.pf ou nnlam.tahi-           quentation du centre de santé pour le
ti@gmail.com) pour la Polynésie fran-       dépistage actif de la lèpre reste impor-
çaise, Dr Bertolotti (antoine.bertolot-     tante (2 545 personnes vues en 2018).
ti@chu-reunion.fr) pour la Réunion          Ce dépistage est ancré dans les habi-
sud, Dr Anne Gerber (anne.gerber@           tudes eu égard au travail de sensibilisa-
chu-reunion.fr) pour la Réunion Nord,       tion fait antérieurement. Les collectivi-

                                                                                                                                3
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■ ÉVIDENCE D’UNE FORTE ENDÉMICITÉ DE LA LÈPRE ET DU PIAN DANS LA
COMMUNE DE BALE LOKO EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
                                                                     Um Boock A.*, Ntozo J.-P.*, Boua B.**, Vander Plaetse B.*

Introduction                                Matériel et méthodes                          Résultats et discussion

La République Centrafricaine (RCA)          Il s’agissait d’une enquête transver-         Presque toutes les MTN à expression
est un pays d’Afrique endémique pour        sale se déroulant au village de Scad,         cutanée ont été dépistées au cours de
plusieurs maladies tropicales négligées     dans la commune de Bale Loko, dis-            cette enquête.
(MTN), dont la lèpre. Dans sa straté-       trict de santé de Mbaiki et préfecture
gie de lutte contre les MTN, la RCA a       de la Lobaye, pendant la période du 11        Pian
mis en place des programmes de lutte        au 20 juin 2017. Le village de la Scad        Cent trente-sept cas de pian ont été
ciblant certaines maladies, à savoir la     était choisi parce qu’il disposait des in-    diagnostiqués cliniquement, et 102 ont
lèpre, l’onchocercose, le trachome et le    frastructures pouvant accueillir cette        été confirmés aux tests biologiques ra-
ver de Guinée. Une coordination des         enquête (écoles, case de passage, for-        pides ; 79 % des cas étaient des formes
différentes MTN a été mise en place,        mation sanitaire, restaurant). De plus,       considérées comme contagieuses.
mais sans ressource propre1. Malgré         c’est un village dans lequel on peut          La prévalence du pian trouvée dans
tout, depuis fin 2005, la RCA a atteint     rencontrer tous les groupes de popula-        cette étude (22,24 %) est supérieure
le seuil de l’élimination de la lèpre       tions de la RCA (autochtones, Bantous,        à celle trouvée par Kazadi en 2012
comme problème de santé publique.           étrangers). Le village de Scad, avec ses      qui était de 11,3 % dans la région de
Cette élimination cachait cependant         8 566 habitants, est le plus grand vil-       la Lobaye3. Ces travaux étaient basés
certaines disparités car la maladie était   lage de la commune de Bale Loko. Il           sur des données hospitalières, sous-
encore confinée à des régions bien pré-     abrite quatre écoles, à savoir une école      estimant probablement l’ampleur de
cises, comme la Lobaye.                     maternelle, une école privée (catho-          la charge de morbidité. Environ 71 %
Le contexte sécuritaire instable persis-    lique), et deux écoles publiques. Une         des cas étaient des ulcères, formes très
tant et le manque de ressources n’ont       autorisation préalable au déroulement         contagieuses traduisant une grande
pas permis la mise à jour de ces pro-       de l’enquête a été obtenue auprès du          propagation de la maladie.
grammes pour prendre en compte              Ministère de la santé.
d’autres maladies nouvelles ou ré-          L’enquête a couvert trois des quatre          Lèpre
émergentes, comme l’ulcère de Buruli        écoles du village. Il s’agissait de l’école   Cinquante-sept cas de lèpre ont été dé-
et le pian. Depuis le déclenchement         catholique et des deux écoles pu-             pistés. Le taux de dépistage des nou-
des multiples crises militaires et poli-    bliques. L’école maternelle n’a pas par-      veaux cas dans notre série a donc été
tiques, le secteur santé a payé l’un des    ticipé à l’étude parce que les enfants        de 9,25 %. Bien que les données du
plus lourds tributs, jusqu’à son quasi-     étaient en congé. Tous les enfants pré-       taux de dépistage au niveau national
effondrement : destruction des infras-      sents dans les trois écoles et qui l’ont      ne soient pas disponibles, le taux trou-
tructures sanitaires, pillage des médi-     accepté ont systématiquement été exa-         vé dans notre étude semblait largement
caments et équipements, déplacement         minés. Les ménages abritant les en-           supérieur à celui des 121 pays et terri-
du personnel y compris ceux chargés         fants diagnostiqués aussi bien de lèpre       toires de la région OMS ; 68 % (n = 39)
de la gouvernance, baisses de finan-        que du pian ont été systématiquement          des cas étaient des formes MB, indi-
cement du secteur santé, rupture de la      visités.                                      quant une importante réserve de ba-
chaîne d’approvisionnement des médi-        L’enquête ciblait toutes les maladies         cille de Hansen dans l’environnement.
caments et autres intrants médicaux2.       tropicales négligées qui affectent la         Cette prédominance des formes MB
Cependant, la sécurité revient progres-     peau. Le diagnostic et la classification      augmente les risques de contagiosité de
sivement et la reconstruction s’amorce.     de la lèpre ont été réalisés sur la base      la maladie. Par ailleurs, 51 % des cas
Il nous est paru important de faire le      des algorithmes de l’OMS. Pour ce qui         dépistés lors de l’enquête étaient déjà
point sur les maladies tropicales né-       est du pian, tous les cas suspectés clini-    connus des services de santé. Ceci tra-
gligées afin qu’elles soient prises en      quement dans les écoles ont été contrô-       duit l’incapacité du système à la prise en
compte précocement dans la recons-          lés sérologiquement ; deux tests ont été      charge des cas, conduisant à l’abandon
truction du pays. C’est dans ce contexte    utilisés : le TPHA et la RPR. Pour l’ul-      du traitement par les patients (augmen-
que le Ministère de la santé, en colla-     cère de Buruli, tous les cas clinique-        tation des perdus de vue), et contribue
boration avec l’ONG FAIRMED, a lan-         ment suspects ont été prélevés pour           à la propagation de la maladie voire à
cé cette enquête.                           confirmation par PCR.                         la survenue des formes résistantes.
                                            Le logiciel Epi info a été utilisé pour       Nous avons identifié pendant l’enquête
                                            l’analyse des données de l’enquête.           un cas de réaction lépreuse de type 2.

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                                                                                                      Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
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Lèpre / Épidémiologie

Il s’agissait d’un patient dépisté trois     là de deux MTN liées à l’hygiène et à       Références
ans plus tôt dont le traitement n’a été      la promiscuité.                             1. Ministère de la santé et de la population :
disponible que pendant 3 mois. La prise                                                  plan de transition du secteur santé en RCA
en charge des cas n’est plus effective,      Conclusion                                  2015-2016.
mettant ainsi en péril le devenir des                                                    2. OCHA : Plan opérationnel de la réponse
malades.                                     La présente étude montre une grande         du secteur santé à la crise en République
Huit enfants de moins de 15 ans ont          endémicité de plusieurs maladies tro-       Centrafricaine, décembre 2016.
présenté des infirmités de catégorie 2,      picales négligées à expression cutanée      3. Kazadi W.M., Asiedu K.B., Agana N.,
soit un taux de 14 % (8/57). Ce taux         dans la zone de l’étude. Elle montre        Mitja O. Epidemiology of Yaws : an up-
d’infirmité renforce à la fois l’idée        aussi les difficultés du système de san-    date. Clin. Epidemiol. 2014 ; 6:119-28.
d’un diagnostic tardif et d’une prise en     té à contrôler la situation. Malgré ses
charge retardée des cas de lèpre.            insuffisances, cette étude indique que
                                             la crise a exacerbé la multiplication des
Ulcère de Buruli                             MTN. La présence simultanée de plu-
Trois cas cliniquement suspects d’ulcère     sieurs MTN, qui probablement se su-
de Buruli ont été identifiés. Ils ont été    perposent parfois, suggère fortement
prélevés et l’échantillon envoyé au centre   l’abandon de l’approche de lutte à tra-
pasteur de Yaoundé pour confirmation         vers des programmes verticaux ciblés
par PCR. Cette enquête vient confirmer       sur une maladie, et incite plutôt à une
la présence de l’ulcère de Buruli en RCA.    intégration des programmes de lutte
Des enquêtes plus approfondies de-           contre les MTN.
vraient être menées pour évaluer la pré-
valence réelle de cette maladie en RCA.                                * FAIRMED
                                             ** Ministère de la Santé et de la popu-
Autres MTN                                       lation République Centrafricaine.
Cinquante-deux cas de gale et 37 de
tungose ont été diagnostiqués. Il s’agit

                                                                                                                                     5
                                                                                             Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
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Lèpre / Organisation des soins

■ Dépistage de la lèpre en stratégie avancée dans les régions du
Centre Ouest et du Centre Nord du Burkina Faso
N. Amina Ouédraogo *, **, L. W. Ilboudo***, M. Sermé****, L. Mariam Sanou*****, B. Marcellin6*, N. Yacouba7*, N. Kaboret***,
            Ch. Nassa****, M. Sidnoma Ouédraogo*, **, P. Tapsoba*, **, I. Diallo**, 8*, A. Sondo/Ouedraogo**, 8*, F. Traore9*,
                                    N. Korsaga/Somé*, **, F. Barro/Traore**, 10*, Ch. Kafando***, B. Clarisse****, A. Traoré*, **

Résumé
Introduction : depuis 2017, le programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées (PN MTN) du Burkina
Faso a initié, avec l’appui de partenaires techniques et financiers, des campagnes de dépistage de la lèpre en stratégie avan-
cée. Le but de cette campagne était de contribuer à l’amélioration de la détection précoce des cas de lèpre et de permettre
ainsi la réduction du taux d’infirmité chez les nouveaux cas.
Méthode et patients : une étude transversale à visée descriptive était menée dans deux régions, le Centre Ouest et le Centre
Nord du 24 au 28 septembre 2018. Des consultations foraines de dermatologie étaient organisées, précédées d’une séance
de sensibilisation. Étaient incluses toutes les personnes qui s’étaient présentées aux équipes de consultation, ainsi que les
sujets contacts des cas de lèpre suivis dans la région. Les critères cliniques recommandés par l’OMS pour le diagnostic de
la lèpre étaient utilisés pour la définition des cas.
Résultats : un total de 798 personnes était examiné durant cette étude, dont 63,4 % de sexe féminin et 36,6 % de sexe mas-
culin. La moyenne d’âge était de 32,9 ans avec des extrêmes de 6 mois et 87 ans. Il y avait 28,4 % d’enfants de moins de
15 ans. Nous avons diagnostiqué 6 nouveaux cas de lèpre. Il y avait 5 cas de lèpre multibacillaire (MB) et un cas de lèpre
paucibacillaire (PB). Il y avait 3 enfants âgés de 11, 15 et 16 ans. Tous les nouveaux cas provenaient du DS de Koudougou.
Les sujets contacts des nouveaux cas étaient les grands-parents en majorité. Sur le plan clinique, les nouveaux cas de lèpre
présentaient des lésions dermatologiques et neurologiques à type de lésions maculeuses hypochromiques hypoesthésiques
ou anesthésiques, variant de 4 à 20 cm, siégeant sur le tronc et les membres chez cinq patients, réalisant des formes tuber-
culoïdes. Et à type des lésions papulo-nodulaires infiltrées douloureuses, du tronc, des membres, du visage donnant un
faciès léonin associées à des troubles de la sensibilité à type d’hypoesthésie, réalisant une réaction lépreuse de type reverse
inaugurale sur une lèpre lépromateuse chez la patiente de 16 ans.
Conclusion : la présence d’enfants parmi les nouveaux cas témoigne de la persistance de la circulation du bacille de Hansen
dans la communauté. Et l’intérêt de la mise à disposition d’un traitement préventif des sujets contacts, notamment dans le
cas des enfants, se pose.

Introduction                                l’amélioration de la détection précoce       gion sanitaire du Centre Nord. Les DS
                                            des cas de lèpre, et permettre ainsi la      de Koudougou et Sabou étaient choi-
Maladie longtemps endémique au              réduction du taux d’infirmité chez les       sis dans la région sanitaire du Centre
Burkina Faso, avec une prévalence de        nouveaux cas. Cette stratégie était cou-     Ouest. Les villages de Pissila (DS de
36,7 pour 1 000 dans les années 1965,       plée à une supervision formative des         Kaya) et de Yalgo (DS de Tougouri)
la lèpre a été progressivement éliminée     infirmiers « référents lèpre » des struc-    pour la région du Centre Nord, les
en tant que problème de santé publique      tures de santé visitées, permettant de       villages de Bouloum Nabyrii (DS
du pays depuis 1994 (192 nouveaux           renforcer leur capacité à poser le dia-      de Koudougou) et de Bourou (DS de
cas en 2017)1, 2, 3. Depuis 2017, le pro-   gnostic et prendre en charge des infir-      Sabou) pour la région du Centre Ouest
gramme national de lutte contre les ma-     mités associées.                             étaient retenus.
ladies tropicales négligées (PN MTN) a                                                   Des consultations foraines de dermato-
initié, avec l’appui de partenaires tech-   Méthode et patients                          logie étaient organisées dans chaque vil-
niques et financiers tels la fondation                                                   lage, précédées d’une séance de sensibi-
Raoul Follereau, des campagnes de dé-       Une étude transversale à visée descrip-      lisation sur les pathologies de la peau en
pistage de la lèpre en stratégie avancée.   tive était menée dans deux régions du        général et sur la lèpre en particulier. Des
En fonction de la disponibilité des res-    Burkina Faso du 24 au 28 septembre           affiches de sensibilisation sur la lèpre
sources financières allouées à cette ac-    2018.                                        étaient mises à la disposition de l’équipe
tivité, des régions différentes du pays     Les sites de l’étude (régions, dis-          de santé du Centre de Santé Primaire
sont visitées chaque année. Ainsi, après    tricts sanitaires, villages) étaient choi-   et Sociale (CSPS) afin d’informer la
les régions du Centre Est, de l’Est et      sis de manière raisonnée, selon la pré-      population de cette consultation. Les
du Nord en 20174, ce sont les régions       somption d’existence de cas rapportée        équipes de consultation comprenaient
du Centre Nord et du Centre Ouest           par les agents de santé. Ainsi, les dis-     chacune un dermatologue, un infirmier
qui étaient visitées en 2018. Le but de     tricts sanitaires (DS) de Kaya et celui      référent « lèpre » et les agents de santé
cette campagne était de contribuer à        de Tougouri étaient retenus dans la ré-      du CSPS du village.

6
                                                                                                     Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
Lèpre / Épidémiologie - Leprosy Information
Lèpre / Organisation des soins

Étaient incluses dans l’échantillon                  Tableau 1 : répartition des sujets examinés selon les régions
toutes les personnes qui s’étaient pré-
sentées aux équipes de consultation,
ainsi que les sujets contacts des cas de
lèpre suivis dans la région. Le consen-
tement verbal des patients était re-
quis avant leur inclusion dans l’étude.
Les critères cliniques recomman-
dés par l’OMS pour le diagnostic de
la lèpre étaient utilisés pour la défini-
tion des cas : moins de 5 lésions hy-
pochromiques, hypo ou anesthésiques
définissant une lèpre paucibacillaire
(PB) ; plus de 5 lésions hypochro-
miques, hypo ou anesthésiques dé-
finissant une lèpre multibacillaire
(MB). Les consultations avaient lieu                  Tableau 2 : répartition des nouveaux cas de lèpre dépistés
dans les CSPS des villages de la ré-
gion du Centre Nord et dans les écoles
primaires des villages de la région du
Centre Ouest en raison de l’affluence
plus grande. L’organisation pratique
de la campagne consistait en la mise
en place d’un site d’enregistrement
des patients, de deux salles de consul-
tations et d’une salle de dispensation
gratuite des médicaments de la poly-        Parmi les sujets examinés dans ces
chimiothérapie (PCT) antilépreuse et        deux régions, nous avons diagnostiqué
autres molécules de prise en charge         9 cas de lèpre dont 3 anciens cas et 6
des dermatoses courantes (antifon-          nouveaux cas. Il y avait 5 cas de lèpre
gique, anti-parasitaire, dermocorti-        multibacillaire (MB) et un cas de lèpre
coïde, antiseptique etc.).                  paucibacillaire (PB) parmi les nou-
Le choix raisonné des sites, la durée       veaux cas. Les 3 anciens cas avaient
réduite de la consultation (une journée)    déjà été diagnostiqués dans les CSPS
dans chaque village constituaient les li-   de leurs villages respectifs et mis sous
mites de cette étude.                       traitement. Parmi les 6 nouveaux cas,
                                            il y avait 3 enfants âgés de 11, 15 et
Résultats                                   16 ans (tableau 2). Tous les nouveaux
                                            cas provenaient du DS de Koudougou.
Un total de 798 personnes était exami-      Les sujets contacts des nouveaux cas           Figure 1. Vastes macules
né durant cette étude, dont 63,41 % de      étaient les grands-parents en majori-          hypochromiques.
sexe féminin et 36,59 % de sexe mascu-      té. La PCT antilépreuse était instaurée
lin. La moyenne d’âge était de 32,9 ans     chez tous les nouveaux cas. Les per-
avec des extrêmes de 6 mois et 87 ans.      sonnes porteuses d’une autre patho-
Il y avait 28,36 % d’enfants de moins       logie dermatologique avaient reçu un
de 15 ans. Le tableau 1 nous renseigne      traitement adapté, et celles ayant be-
sur le détail des données en fonction       soin d’un suivi dermatologique étaient
des districts sanitaires. Le nombre de      référées dans la structure la plus proche
personnes examinées (452) dans la ré-       disposant d’un dermatologue.
gion du Centre Ouest était supérieur de     Sur le plan clinique, les nouveaux cas
celui du Centre Nord (346). Le nombre       de lèpre présentaient des lésions der-
de personnes examinées était supérieur      matologiques et neurologiques variées :            Figure 2. Lèpre
à 200 dans tous les DS, sauf celui de       – des lésions maculeuses hypochro-                 lépromateuse
Kaya où il était de 91.                     miques cuivrées en placards (fig. 1),              réactionnelle.

                                                                                                                           7
                                                                                        Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
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Lèpre / Organisation des soins

                                                                                       nées, soit 0,75 %. Quand nous compa-
                                                                                       rons ces données à celles des nouveaux
                                                                                       cas de lèpre diagnostiqués en routine
                                                                                       dans les mêmes districts sur une année,
                                                                                       elles sont nettement plus élevées, ce-
                                                                                       pendant cela n’est pas statistiquement
                                                                                       significatif (tableau 3). On peut consi-
                                                                                       dérer que la sensibilisation faite du-
                                                                                       rant les campagnes de dépistage avan-
         Figure 3.                                                                     cée amène la population à aller vers les
         Lagophtalmie par                                                              équipes de consultation, ce qui peut ex-
         paralysie faciale                                                             pliquer le nombre élevé de nouveaux
         droite.                                Figure 4. Séquelles neurologiques      cas détectés. Dans la vie quotidienne,
                                                           graves des deux mains.
                                                                                       les lésions indolores de la lèpre n’in-
                                                                                       quiètent peut-être pas les patients et ils
       Tableau 3 : Comparaison entre les données de routine et celles                  sont moins enclins à recourir aux soins.
              de la stratégie avancée dans les mêmes régions                           Ainsi, la sensibilisation peut constituer
                                                                                       une source supplémentaire de motiva-
                                                                                       tion, incitant les patients à recourir aux
                                                                                       soins même devant des signes qu’ils
                                                                                       jugent non inquiétants.
                                                                                       Le nombre d’enfants dépistés parmi
                                                                                       les nouveaux cas, trois soit la moi-
                                                                                       tié des nouveaux cas, est assez remar-
                                                                                       quable. Cela est le témoin de la persis-
                                                                                       tance de la transmission de la maladie
                                                                                       dans ces communautés. Les grands-
                                                                                       parents étaient la source de contami-
                                                                                       nation probable dans la majorité des
                                                                                       cas. Des investigations (notamment
hypoesthésiques ou anesthésiques           Discussion                                  dans les villages où les nouveaux cas
grossièrement arrondies, mal limitées                                                  étaient enregistrés) pourraient être
de dimensions variant de 4 à 20 cm, de     Nous avons examiné 798 personnes            envisagées afin de mieux cerner les
nombre variant de trois à plus de dix,     dont 63,41 % de sexe féminin et             circonstances de contamination de ces
siégeant sur le tronc et les membres       36,59 % de sexe masculin. Ce même           enfants.
chez cinq patients ;                       constat était fait lors du dépistage en     Par ailleurs, un traitement préventif
– des lésions papulonodulaires infil-      stratégie avancée en 20174, où nous no-     des sujets contacts des nouveaux cas,
trées, récemment turgescentes et oe-       tions une prépondérance féminine. Il        surtout des enfants, pourrait être aus-
dematiées du visage donnant un faciès      en est de même du recours aux soins         si discuté afin de circonscrire la cir-
léonin, du tronc et des membres asso-      d’une manière générale dans les struc-      culation du bacille de Hansen dans les
ciées à des troubles de la sensibilité à   tures de santé du pays. L’âge moyen         communautés. Cette éventualité pour-
type d’hypoesthésie, avec une hyper-       des patients de notre étude était de        rait être l’objet d’une réflexion, afin
trophie douloureuse des troncs nerveux     32,92 ans avec des extrêmes de 6 mois       de définir le type de médicament ain-
évoquant une réaction lépreuse reverse     et 87 ans. Il y avait 28,36 % d’enfants     si que la durée de prise pour les sujets
inaugurale sur une lèpre lépromateuse      de moins de 15 ans, contrairement à         contacts ; étant entendu que le Burkina
chez la patiente de 16 ans (fig. 2).       la campagne précédente où il y avait        Faso est également un pays d’endémie
Les anciens cas de lèpre présentaient      moins d’enfants (14,28 %)4. La pré-         tuberculeuse, utilisant des molécules
des atteintes séquellaires plus sévères    sence plus importante des enfants dans      communes telle la rifampicine dans
à type de :                                cette campagne s’expliquerait par le        sa prise en charge7, 8, 9. Par ailleurs, les
– lagophtalmie gauche, mutilations des     fait qu’elle se soit déroulée pendant les   nouvelles lignes directrices 2019 de
doigts des mains droites et gauches        vacances scolaires, notamment pour la       l’OMS autorisent l’utilisation de la ri-
(fig. 3 et 4) ;                            région du Centre Nord.                      fampicine à dose unique comme trai-
– maux perforants plantaires bilatéraux    Six nouveaux cas de lèpre étaient dé-       tement prophylactique chez les sujets
chez la même personne.                     pistés sur les 798 personnes exami-         contacts.

8
                                                                                                    Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
Lèpre / Épidémiologie - Leprosy Information
Lèpre / Organisation des soins

Pour ce qui est de l’aspect clinique, les   Conclusion                                  Références
atteintes dermatologiques et cliniques                                                  1. Rapport de la validation des données
étaient classiques à type de macules        Au terme de cette étude, six nouveaux       de prise en charge de la lèpre de l’année
hypochromiques, hypoesthésiques ou          cas de lèpre étaient dépistés sur les 798   2018, Burkina Faso, Ministère de la Santé,
anesthésiques pour cinq nouveaux cas,       personnes examinées dans les deux ré-       février 2019, 14 p.
et à type de réaction lépreuse inaugu-      gions visitées. Au-delà du nombre de        2. Cauchoix B., Rajaonarisoa H.,
rale sur une lèpre lépromateuse pour        nouveaux cas de lèpre dépistés lors         Ramarolahy E.B., Arandrianandrasana S.B.
un cas. Même si la macule hypochro-         de cette stratégie avancée, les besoins     et al. Mise en œuvre à Madagascar d’une
mique de la lèpre n’est pas doulou-         réels de prise en charge et de préven-      stratégie de dépistage avancée de la lèpre
reuse, sa multiplication sur le tégument    tion des infirmités se posent avec acui-    en milieu rural. BALLF 2017 ; 32:15-21.
devrait inciter le patient à recourir aux   té pour les patients ayant terminé la       3. De Carsalade G.Y., Receveur M.C.,
soins. Une éducation de la population       PCT anti lépreuse et étant supposés         Ezzedine K., Saget J., Achirafi A., Bobin P.
en vue de cultiver le réflexe de recourir   « guéris de la lèpre ».                     Malvy D. Dépistage actif intra-domiciliaire
précocement aux soins pourrait contri-      Parmi ces six nouveaux, on dénom-           différé de la lèpre : expérience de l’équipe
buer au diagnostic précoce des patho-       brait trois enfants. La présence d’en-      de dépistage sur l’île de Mayotte. Bull. Soc.
logies d’une manière générale, et de        fants parmi les nouveaux cas témoigne       Pathol. Exot. 2008 ; 101:32-35.
la lèpre en particulier. S’il y a un seul   de la persistance de la circulation du      4. Ouedraogo N.A., Ouedraogo M.S.,
message à véhiculer tant dans la com-       bacille de Hansen dans la communau-         Tapsoba, G.P., Traore F., Bassole A.M.,
munauté que chez les agents de san-         té. La question d’une révision des di-      Zeba/Lompo S. et al. Dépistage de la lèpre
té, ce serait de penser à la lèpre devant   rectives nationales du pays, notamment      en stratégie avancée au Burkina Faso.
toute macule hypochromique hypo             celles sur la chimioprophylaxie des su-     BALLF 2018 ; 33:4-7.
ou anesthésique « jusqu’à preuve du         jets contacts, se pose également.           5. Mahé A. Controverse autour de la pro-
contraire ». De même, le renforcement                                                   phylaxie de la lèpre par la rifampicine
des capacités des agents de santé à pou-    * Service de Dermatologie-Vénéréolo-        administrée en dose unique. Notes de la
voir diagnostiquer correctement les cas                  gie du Centre Hospitalier      rédaction. BALLF 2018 ; 33:38.
de lèpre reste d’actualité.                     Universitaire Yalgado Ouédraogo,        6. Tapsoba G.P, Ouédraogo M.S., Korsaga-
Quant aux réactions lépreuses, qu’elles                              Ouagadougou        Somé N., Ouédraogo A.N., Barro-Traoré F.,
soient inaugurales, au décours du trai-                ** Unité de Formation et de      Niamba P., Traoré A. Mésusage de la cor-
tement antilépreux ou après celui-ci,           Recherche en Sciences de la Santé,      ticothérapie avec complications iatrogènes
leur diagnostic et leur prise en charge              Université Ouaga I Pr Joseph       chez un patient atteint d’un érythème noueux
restent problématiques pour nos agents                                    Ki-Zerbo      lépreux. BALLF 2018 ; 33:15-17.
de santé. Plusieurs raisons peuvent ex-                *** Centre Raoul Follereau       7. Richardus J.H. Protecting people against
pliquer cela : l’inexistence d’un pro-                               Ouagadougou        leprosy: chemoprophylaxis and immuno-
gramme opérationnel de détection et              **** Programme national de lutte       prophylaxis. Clinic in Dermatology 2015 ;
prise en charge des infirmités et inva-             contre les Maladies Tropicales      33:19-25.
lidités de la lèpre jusqu’à une période                         Négligées PNMTN         8. Tiwari A., Mieras L., Dhakal K., Arif M.,
récente ; la mise à disposition insuffi-        ***** Centre Hospitalier Régional       Dandel S., Richardus J.H. et al. Introducing
sante de certaines molécules tels les                                      de Kaya      leprosy post-exposure prophylaxis into
corticoïdes pour le traitement des ré-       6* Service rhumatologie de l’Hôpital       the health systems of India, Nepal and
actions ; l’absence d’alternative théra-                  de District de Bogodogo       Indonesia: a case study. BMC health ser-
peutique aux corticoïdes (telle la tha-          7* Centre Hospitalier Régional de      vices Research 2017 ; 17:684 doi 10.1186/
lidomide dans l’ENL) en cas d’échec                                    Koudougou        s12913-017-2611-7.
thérapeutique.                                8* Service des Maladies Infectieuses      9. Mieras L., Anthony R., Wim Van Brakel,
Cette carence est notamment confirmée          du Centre Hospitalier Universitaire      Bratschi M.W., Broek J.V.D., Cambau E. et
par la présence d’anciens malades lors         Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou           al. Negligibled risk of inducing resistance
de campagnes de dépistage, car non          9* Service de Dermatologie Vénérolo-        in mycobacterium tuberculosis with sin-
pris en compte et en charge dans un                      gie du Centre Hospitalier      gle-dose rifampicin as post-exposure pro-
programme spécifique pour leurs inva-          Universitaire Régional Ouahigouya        phylaxis for leprosy. Infectious Diseases
lidités et infirmités. Ces sujets présen-         10* Service de Dermatologie-Vé-       of Poverty (2016) 5:46 doi 10.1186/
taient des lésions cliniques témoignant           néréologie du Centre Hospitalier      s40249-016-0140-y.
des différentes atteintes de la maladie,              Universitaire de Tingandogo
à l’origine de lésions handicapantes                        Auteur correspondant :      Remerciements : Cette étude a été rendue
telles des maux perforants plantaires,            Dr Ouedraogo Nomtondo Amina           possible grâce au soutien de la Fondation
des mutilations, une lagophtalmie, etc.                  nomtondo2000@yahoo.fr          Raoul Follereau.

                                                                                                                                   9
                                                                                            Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
Lèpre / Épidémiologie - Leprosy Information
Lèpre / Organisation des soins

■ Bilan des activités médicales au service de léprologie du Centre
Hospitalier de l’Ordre de Malte (CHOM) de Dakar de 2013 à 2018
                      Fall L.*, Guèye A.B.*, Ndoye G.F.*, Niane M.M.*, Kinkpé C.V.A.*, Ly F.***, Faucompret S.**, Chaise F.**

Résumé
Au Sénégal, depuis plus de 10 ans, un chiffre constant d’environ 250 nouveaux cas de lèpre est enregistré chaque année. Il
s’agit essentiellement de cas multibacillaires, avec de nombreux cas présentant une infirmité de grade 2 de l’OMS. Le Centre
Hospitalier de l’Ordre de Malte (CHOM) de Dakar, héritier de l’Institut de Léprologie Appliquée de Dakar (ILAD), est une
structure de santé privée à vocation de santé publique, installée depuis 1967 au Sénégal. C’est une émanation de l’Ordre
de Malte avec une mission hospitalière de soins, de traitements aux plus démunis et de formation. Le CHOM au cours de
son évolution a connu de profondes transformations structurelles et organisationnelles, avec une offre de soins étendue à la
chirurgie du handicap locomoteur non lépreux depuis 2011. La prise en charge des malades affectés par la lèpre au CHOM
de Dakar comprend les soins et traitements médico-chirurgicaux, le soutien et l’accompagnement psychosocial des malades
et/ou de leurs familles. Le service de léprologie enregistre chaque année environ 140 hospitalisations et 1 600 consultations
concernant tous les profils de malades. Les services de réadaptation contribuent à la prise en charge des malades porteurs
de séquelles. Des activités médicales décentralisées appelées « missions de Prévention des Invalidités et de Réadaptation
Physique » (PIRP) sont organisées dans l’ensemble du territoire national, en raison de 6 à 8 missions l’année, sous la coor-
dination des équipes sanitaires et autorités locales. Parfois quelques nouveaux cas peuvent être dépistés au cours de ces
missions, ce qui concerne surtout les contacts de multibacillaires. Le CHOM, un des plus anciens partenaires techniques et
financiers dans la lutte contre la lèpre dans le pays, reste aujourd’hui le centre de référence national dans le domaine de la
léprologie au Sénégal.

Introduction                                sur 1’apparition des mutilations et         Pavillon de Malte dédié à la lutte contre
                                            devait être administré pendant de lon-      la lèpre. Le Président de la République
La lèpre, maladie très ancienne, dé-        gues années, parfois à vie. Grâce à ces     du Sénégal à l’époque exprimait alors
crite dans la littérature des civilisa-     avancées, il y a eu un changement du        son souhait que ce Pavillon d’une
tions anciennes, continue toujours à sé-    concept de « léproserie » en « village      trentaine de lits soit un centre de ré-
vir de nos jours, surtout dans les pays     de reclassement social » (VRS), de fa-      férence. En 1971, du fait d’une pré-
pauvres. Historiquement, au Sénégal,        çon à continuer à assurer une assistance    valence élevée de la lèpre au Sénégal
avant les indépendances, une loi avait      médicosociale à toutes les personnes        (jusqu’à 13 cas pour 10 000 habi-
été votée obligeant les personnes at-       atteintes par la lèpre et où les pension-   tants), un second accord a eu lieu vi-
teintes de lèpre à se regrouper dans        naires jouiraient de tous leurs droits et   sant à promouvoir les soins et la forma-
des léproseries loin des villes. Les pre-   devoirs civiques. Avec l’introduction       tion des professionnels de santé dans
miers lazarets du Sénégal furent ainsi      de la polychimiothérapie (PCT) anti-        le domaine de la lèpre, concrétisé par
construits entre 1916 et 1955 à Dakar       lépreuse de l’OMS en 1982 à base de         la création de l’Institut de Léprologie
et à Saint-Louis du Sénégal. Dès que        rifampicine, le nombre de nouveaux          Appliquée de Dakar (ILAD). Cet
la maladie lépreuse était diagnosti-        cas de lèpre est progressivement pas-       établissement de référence avait éga-
quée, une autorisation d’admission          sé dans le monde de 5 millions à moins      lement comme mission de développer
dans la léproserie était signée par un      de 250 000 de nouveaux cas par année.       des programmes de recherche en lépro-
médecin et les malades ne pouvaient         En 2000, l’OMS proclamait « l’élimi-        logie. L’ILAD comportait à l’époque
en sortir que sur autorisation spé-         nation de la lèpre en tant que problème     14 bâtiments sur un hectare, avec 37
ciale. Après l’accession à l’indépen-       de santé publique dans le monde »           agents (fig. 1). Chaque année, plus de
dance vers les années 1960, la lutte        (soit une prévalence de moins d’un cas
contre la lèpre s’est mieux organisée       pour 10 000 habitants). Depuis 2010, le
avec la création de Services Nationaux      Sénégal notifie de manière constante
des Grandes Endémies (SNGE) rat-            entre 250 et 300 nouveaux cas de lèpre
tachés au Ministère de la Santé et la       par année. Aujourd’hui, nous consta-
mise en place d’un programme natio-         tons cependant un échec à l’éradica-
nal de lutte contre la lèpre (PNL) ap-      tion de la maladie, un objectif fixé par
puyé par l’Organisation Mondiale de         l’OMS en 2020, puis en 2030.
la Santé (OMS). L’avènement des sul-        L’Ordre Souverain de Malte s’est ins-
famides (Dapsone) a permis d’ob-            tallé au Sénégal en 1967 suite à un
tenir un certain succès, même si ce         premier accord avec la République
médicament n’avait pas de réel impact       du Sénégal, avec la construction du         Figure 1. L’ILAD dans les années 1970.

10
                                                                                                    Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
Lèpre / Organisation des soins

Figure 2.

                                            Figure 4. Décompression chirurgicale d’un nerf.

Figure 3.

200 malades étaient hospitalisés, dont
une centaine bénéficiant d’une inter-
vention chirurgicale correctrice des dé-
formations liées à la lèpre. Plus de 500
médecins Sénégalais ou originaires
d’autres pays d’Afrique, de Français,
de Vietnamiens, de Cambodgiens ont
été formés à la Léprologie. Il en va de
                                            Figure 5.                                    Figure 6.
même pour le personnel paramédical
(infirmiers, aides infirmiers, kinésithé-
rapeutes, etc.).                            réalisées dans la lutte contre la lèpre     quement de la lèpre, les cas de lèpre
Vu le recul objectif de cette maladie       entre 2013 et 2018. Le CHOM s’étend         sous PCT, et les cas de complications
et la demande croissante en soins or-       aujourd’hui sur 8 520 m² et com-            réactionnelles nécessitant des soins
thopédiques, une nouvelle stratégie         prend 20 bâtiments abritant les dif-        spécialisés médico-chirurgicaux.
a été mise en place en janvier 2009         férents services. Les activités se font
entre la République du Sénégal et           en étroite collaboration avec le niveau     Les missions décentralisées appe-
l’Ordre Souverain de Malte, condui-         central et les différentes unités régio-    lées « Prévention des Invalidités et
sant au changement de dénomination          nales de traitement anti-lépreux du         Réadaptation Physique » (PIRP) sont
de l’ILAD en Centre Hospitalier de          pays. Les activités se composent de         planifiées chaque année dans toutes les
l’Ordre de Malte (CHOM) (fig. 2), avec      plusieurs volets : médical, chirurgi-       régions médicales du pays (14 au to-
en pratique l’extension de l’activité       cal, réadaptation, prévention des infir-    tal) sous la supervision et la coordina-
médicale à la chirurgie orthopédique et     mités (fig. 4, 5 et 6), suivi et accom-     tion du PNEL (tableau 2). Les zones
réparatrice du handicap locomoteur. Le      pagnement psychosocial, formation et        cibles concernent tous les anciens vil-
CHOM de Dakar œuvre aujourd’hui             recherche opérationnelle.                   lages de reclassement social VRS qui
ainsi dans deux domaines spécifiques :                                                  abritent encore d’anciens malades por-
la lèpre, son activité historique et la     Résultats                                   teurs de séquelles, parfois très mutilés,
chirurgie orthopédique réparatrice,                                                     mais aussi certaines régions d’endémie
dans une approche plus innovante            Près du quart des nouveaux cas au           lépreuse plus forte. Ces missions per-
(fig. 3).                                   Sénégal est dépisté au service de           mettent ainsi d’améliorer l’accès aux
                                            Léprologie du CHOM. Entre 1 500 et          soins des plus défavorisés et sont no-
Méthodes                                    1 700 consultations sont effectuées         tamment l’occasion d’effectuer des ac-
                                            chaque année et concernent toutes les       tivités de dépistage autour des contacts
Dans ce travail, il s’agissait de faire     catégories de malades (tableau 1) : les     multibacillaires.
le bilan de l’ensemble des activités        anciens patients guéris bactériologi-

                                                                                                                                 11
                                                                                              Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
Lèpre / Organisation des soins

     Tableau 1 : Rapport d’activité du service de     ment bien codifié, très         charge, le dépistage de la lèpre reste
              Médecine de 2013 à 2017                 efficace et disponible,         tardif, ce qui semble lié à plusieurs
                                                      qui permet de guérir de         facteurs : le retrait de certains parte-
                                                     la maladie. Le paradoxe          naires techniques et financiers, la for-
                                                     est que le dépistage reste       mation insuffisante des agents de san-
                                                     souvent trop tardif, à un        té, le manque de sensibilisation de la
                                                     stade de lésions neurolo-        communauté visant à réduire stigmati-
                                                     giques irréversibles.            sation et préjugés autour de l’une des
                                                     Le CHOM dispose d’un             plus « vieilles » maladies au monde.
                                                     plateau technique de qua-        L’action doit être portée sur ces pro-
                                                     lité permettant de prendre       blèmes afin d’arriver à un monde
                                                     en charge toutes les com-        exempt de lèpre.
                                                      plications liées à la lèpre.
Tableau 2 : Missions PIRP réalisées de 2012 à 2017 Les activités se font en               * Centre Hospitalier de l’Ordre de
                par le CHOM de Dakar                  étroite       collaboration              Malte, Fann, Dakar, Sénégal
                                                      avec le Ministère de la               ** Direction Internationale et de
                                                      Santé via le Programme            l’Outre Mer, Ordre de Malte France
                                                      National d’Élimination              *** Service Dermatologie, Institut
                                                      de la Lèpre, les autres          d’Hygiène Sociale de Dakar, Sénégal
                                                      partenaires techniques
                                                      ou financiers, et tous les           Correspondance : Dr Fall Lahla,
                                                      acteurs sociosanitaires.             Centre Hospitalier de l’Ordre de
                                                      Cependant, malgré tous                 Malte, Fann, Dakar, Sénégal.
                                                      ces efforts, des difficul-       BP 11023 Dakar CD Sénégal, email :
                                                      tés sont souvent rencon-                       lahlafall@gmail.com
                                                      trées sur le terrain du fait
                                                      d’un manque de forma-           Références
                                                      tion des équipes sani-          1. Aubry P., Gaüz B.-A. Médecine
Dans le cadre de la recherche opé- taires et d’une faible sensibilisation et          Tropicale. Lèpre ou Maladie de Hansen
rationnelle, le CHOM a participé à implication des organisations commu-               (2015).
quelques études épidémiologiques du- nautaires de base.                               2. Adhikari B., Kaehler N., Chapman R.S.,
rant ces dernières années.              Le Sénégal notifie aujourd’hui envi-          Raut S., Roche P. Facteurs influant sur la
Sur le plan de la formation, le CHOM rons 250 nouveaux cas par année, dont            stigmatisation perçue chez les personnes
a participé à l’encadrement d’une quin- près du quart dépisté au CHOM. Par            atteintes de lèpre dans l’ouest du Népal.
zaine de médecins en spécialisation ailleurs, le centre accueille tous les ma-        PLOS Neglected Tropical Disease, 2014 ;
dermatologique chaque année, en rap- lades présentant des complications ai-           8:e2940.
port avec l’Université de Dakar ; à la guës ou chroniques secondaires à la            3. Archives du Ministère de la Santé et
formation des Infirmiers spécialistes maladie lépreuse. Ces résultats obte-           de l’Action Sociale du Sénégal (Direction
Lèpre (ISL) en appui technique au nus lors de ces six dernières années                de Lutte contre la Maladie/Programme
Programme National de Lutte contre d’activité montrent la place importante            National d’Élimination de la Lèpre).
la Lèpre (PNEL) du Ministère de la qu’occupe le CHOM dans le dispositif               4. Badiane G. La problématique de l’in-
Santé et de l’Action Sociale ; et enfin sanitaire du pays. Aujourd’hui, grâce         tégration des villages de reclassement
à la formation d’autres médecins de la au service social, la prise en charge          social (VRS) du Sénégal dans leur col-
sous-région.                            d’un malade affecté par la lèpre est          lectivité locale. Mémoire de Recherche
                                        beaucoup plus globale et complète.            Département de Service Social. Faculté des
Discussion                                                                            Lettres et Sciences Humaines. Université
                                           Conclusion                                 de Sherbrooke, 2008.
La lèpre est une maladie méconnue, ou                                                 5. Relevé épidémiologique hebdomadaire
même parfois « oubliée » par les pro-      Le CHOM, « bras technique » du             sur la lèpre 2017 ; 92:501–520, http://www.
fessionnels de la santé. La maladie per-   PNEL, reste le centre de référence         who.int/wer
siste encore dans de nombreux pays,        où les malades affectés par la lèpre       6. Reibel F., Cambau E., Aubry A. Mise à
malgré un diagnostic relativement fa-      bénéficient de soins et d’assistance en    jour sur l’épidémiologie, le diagnostic et le
cile et accessible basé sur des signes     toute confiance et en toute sécurité.      traitement de la lèpre. Médecine Maladies
cliniques essentiellement, et un traite-   Malgré tous les efforts dans la prise en   Infectieuses 2015 ; 45:383-93.

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                                                                                                   Bull. de l’ALLF n° 34, juin 2019
Lèpre / Organisation des soins

■ La lèpre dans le Gbeke : une étude menée dans le district sanitaire
de Bouaké Nord-Ouest portant sur les facteurs associés à un
dépistage tardif de la lèpre
                                                                                            Pr Ouffoue KRA*, Kouadio YEBOUE**

Introduction                                  tages actifs dans les zones d’endémie et      des malades traités dans le service
                                              la création des Centres d’Orientation et      lèpre du District BNO ; apprécier le sta-
La lèpre est une maladie infectieuse,         de Recours (COR 2) pour la prévention         tut des malades suivis au service lèpre
transmissible, polymorphe due à               des infirmités. Bien que le seuil d’élimi-    du District Sanitaire de BNO ; préciser
Mycobacterium leprae ou bacille de            nation ait été franchi depuis peu (0.29       les croyances des malades de la lèpre
Hansen. Elle atteint préférentiellement       pour 10 000 habitants), des nouveaux cas      et apprécier leurs itinéraires de soins ;
la peau, les muqueuses, le système ner-       sont dépistés chaque année avec pour          identifier les déterminants du dépis-
veux périphérique, les yeux, et réa-          particularité le nombre élevé de ma-          tage tardif des malades de la lèpre ; et
lise en fonction de l’immunité cellu-         lades présentant des infirmités de degré      formuler des recommandations perti-
laire du sujet infecté différentes formes     2. Ainsi, en 2015, 891 nouveaux cas de        nentes en vue d’un dépistage précoce.
cliniques1. Un cas de lèpre selon             lèpre ont été déclarés avec 184 cas d’in-
l’OMS est « un malade qui présente            firmité de degré 2, soit 20.7 % (PNEL,        Matériel et méthodes
des signes évocateurs de lèpre, avec          2015)3 contre 210 758 nouveaux cas dans
ou sans confirmation bactériologique          le monde avec 14 059 cas d’infirmité de       La présente étude s’est déroulée dans
et qui a besoin de suivre un traitement       degré 2, soit 6.7 %7. Dans le département     le District Sanitaire de Bouaké Nord-
spécifique ». La contamination est inte-      de Bouaké, de 2010 à 2015, 239 malades        Ouest appartenant à la région sanitaire
rhumaine, par contact intime, direct et       ont été dépistés dont 89 de degré 2, soit     de Gbeke, elle-même située au centre
répété à travers la voie aérienne ou une      37.0 %, avec pour le District Bouaké          de la Côte d’Ivoire à 370 km d’Abidjan,
peau préalablement traumatisée d’un           Nord-Ouest dans la même période, 158          la capitale économique, et à 100 km de
sujet malade à un sujet sain. Maladie         malades dont 60 de degré 2, soit 38.0 %,      Yamoussoukro, la capitale politique,
de l’Antiquité (600 ans avant Jésus-          largement au-dessus du taux national et       sur l’axe Abidjan - Ouagadougou.
Christ), elle demeure encore un pro-          mondial.                                      Cette région compte 1 311 525 habi-
blème de santé publique dans certaines        Sachant qu’un malade de la lèpre qui pré-     tants (RGPH-2014) et renferme cinq
régions du monde où elle sévit de fa-         sente une infirmité de degré 2 est un su-     districts sanitaires.
çon endémique, notamment dans les             jet qui développera tôt ou tard une inca-     Étaient inclus tous les malades de la
régions intertropicales, malgré son éli-      pacité ou un handicap définitif propre à      lèpre dépistés et pris en charge dans
mination en tant que problème de santé        M. leprae, ceci constitue la source prin-     le service de léprologie du district sa-
publique au plan mondial. En effet, se-       cipale du problème du malade de la lèpre      nitaire de Bouaké Nord-Ouest de 2010
lon l’OMS, en 2014, 213 899 nouveaux          qui se voit devenir « lépreux » passive-      à 2015, et dont le dossier médical était
cas ont été notifiés dans le monde soit       ment et graduellement, de jour en jour,       complet pour les paramètres étudiés.
3.78 pour 100 000 habitants.                  avec la détérioration de son corps. Les lé-   N’étaient pas inclus dans l’étude les
Le souci permanent de l’OMS de par-           prologues admettent pourtant qu’un dé-        malades venus d’autres districts, les
venir à un monde sans lèpre a suscité         pistage précoce et un traitement complet      anciens malades venant pour des soins,
plusieurs stratégies de luttes : les cam-     à la PCT permettent une guérison sans         les reprises de traitement pour inadé-
pagnes d’élimination de la lèpre (CEL),       séquelle. Devenir un « lépreux visible »      quation ou traitement incomplet, les
les dépistages des cas index MB, la           n’est donc pas une fatalité.                  dossiers égarés.
mise à disposition gratuite de la PCT-        Cette problématique nous a poussés à          Il s’agissait d’une étude transversale ré-
OMS depuis 1982… Malgré tous ces              mener cette étude visant à rechercher         trospective à visée descriptive et ana-
efforts, la lèpre n’est pas encore élimi-     les déterminants du dépistage tardif          lytique. Les paramètres étudiés étaient
née dans certaines régions du monde.          de la lèpre, cause de l’apparition des        les suivants : données sociodémogra-
Le problème majeur de la lèpre ré-            infirmités et invalidités. Pour mener à       phiques (année de dépistage, sexe, oc-
side dans ses atteintes neurologiques.        bien cette étude, nous nous sommes            cupation, lieu de provenance, situa-
Sa gravité est manifeste du fait des sé-      fixé des objectifs :                          tion matrimoniale), distance du lieu
quelles motrices ou sensitives muti-          – Au plan général : contribuer à la ré-       de résidence par rapport au centre de
lantes. Ceci est objectivé par un dépis-      duction des infirmités de la lèpre par un     dépistage, données liées au statut des
tage tardif de la maladie.                    dépistage précoce des malades.                malades (forme de la maladie, de-
En Côte d’Ivoire, toutes ces stratégies ont   –Au plan spécifique : décrire les             gré d’invalidité, contact lèpre connu,
été mises en place, y compris les dépis-      caractéristiques sociodémographiques          maladie en activité, mode de présen-

                                                                                                                                   13
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