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Les agriculteurs
prennent la parole:
vision et recommandations des
organisations paysannes africaines
pour le Programme détaillé pour le
développement de l’agriculture africaine
Oeuvrer pour que les
populations rurales pauvres
se libèrent de la pauvretéCouverture: Cette nouvelle variété de piments a été cultivée grâce au support d’un projet d’irrigation à petite échelle dans le village de Launi, Aguié, Niger. © FIDA/David Rose
Les agriculteurs
prennent la parole:
vision et recommandations des
organisations paysannes africaines
pour le Programme détaillé pour le
développement de l’agriculture africaine
Oeuvrer pour que les
populations rurales pauvres
se libèrent de la pauvretéSommaire
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Acronymes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Chapitre 1: Les organisations paysannes (OP) régionales
en Afrique subsaharienne
Contexte historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
ROPPA – Réseau des organisations paysannes et de producteurs
de l’Afrique de l’Ouest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
SACAU – Confédération des syndicats agricoles d’Afrique australe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
EAFF – Fédération des agriculteurs d’Afrique orientale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
PROPAC – Plateforme sous-régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale . . . . . . 15
Agricultrices et OP régionales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Collaboration entre les OP régionales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Chapitre 2: Le Programme détaillé pour le développement
de l’agriculture africaine
Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
État de la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement
de l’agriculture africaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Chapitre 3: Le processus de mobilisation des réseaux d’agriculteurs
Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Chapitre 4: Profils régionaux de l’agriculture en Afrique par les OP
Profils agricoles sous-régionaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Chapitre 5: Vues et recommandations des agriculteurs
Vues sur la politique agricole du NEPAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Vision de l’avenir de l’agriculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Domaines dans lesquels il conviendrait de reformuler les politiques
agricoles et les programmes de développement rural en Afrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Engagements et recommandations des ruraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Chapitre 6: Conclusions et suite à donner
Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Suite à donner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Annexe: Déclarations produites par les ateliers sous-régionaux
I. Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles de l’Afrique
de l’Ouest (ROPPA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Communiqué final de l’atelier sous-régional ROPPA/ECOWAS sur la politique
agricole du NEPAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Déclaration des organisations paysannes d’Afrique de l’Ouest sur le programme
agricole du NEPAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
II. Réunion consultative des organisations paysannes et de producteurs
de l’Afrique centrale sur le programme agricole du NEPAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
III. Déclaration des organisations de producteurs de l’Afrique de l’Est sur
le programme agricole du NEPAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
IV. Atelier sous-régional de l’Afrique australe sur le programme agricole du NEPAD . . . . . . 48
3Avant-propos
L’
Union africaine s’est fixé l’objectif d’un taux de croissance agricole de 6% dans la
composante agricole du Nouveau Partenariat pour le développement économique
de l’Afrique (NEPAD). Pour y parvenir, et réduire de moitié le nombre de personnes
qui souffrent de la pauvreté et de la faim d’ici à 2015, il faudrait que les organisations
paysannes prennent part à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques agricoles. Les
organisations de producteurs jouent un rôle central dans l’agriculture et le secteur du
développement rural en tant que partenaires stratégiques.
De fait, en vue de relever les défis qu’elles rencontrent en matière de gouvernance et de
politiques de développement agricole, les organisations paysannes africaines se sont
regroupées en réseaux régionaux de manière à interagir avec les entités économiques
régionales. Ces dernières années, les réseaux régionaux ont travaillé à la mise en place
d’une plate-forme de dialogue avec l’Union africaine et le Programme détaillé pour le
développement de l’agriculture africaine (PDDAA) du NEPAD, élaboré en juin 2002.
Les organisations paysannes estiment que la réalisation du potentiel de l’Afrique en
termes de développement agricole suppose d’internaliser comme il convient le processus
consistant à élaborer et mettre en œuvre les politiques agricoles. Le présent document
traite de la perception du programme agricole du NEPAD par les organisations paysannes
africaines. Il dresse une synthèse des résultats d’une initiative consultative rassemblant
les organisations de producteurs africains, les donateurs et les organisations régionales
du continent.
Le fait d’établir des partenariats avec les organisations de producteurs et de petits
exploitants s’inscrit dans le droit fil du premier objectif du Cadre stratégique du FIDA, à
savoir renforcer les capacités des ruraux pauvres et de leurs organisations. La contribution
en cours la plus significative du Fonds au processus du NEPAD et aux préparatifs en vue
de la mise en œuvre du PDDAA est de donner aux ruraux pauvres et à leurs organisations
les moyens de faire connaître leurs besoins et de participer à la concertation sur les
politiques touchant leur bien-être et leur avenir.
4Je tiens à remercier le Gouvernement italien d’avoir financé les consultations
nécessaires. Grâce à ces fonds supplémentaires, le FIDA a pu favoriser des échanges entre
les organisations paysannes nationales et sous-régionales afin de leur permettre de
s’accorder sur une vision commune du développement agricole de l’Afrique. Les délégués
se sont ainsi trouvés bien préparés pour exposer les perspectives et priorités des
agriculteurs dans le cadre d’une série de réunions de planification de la mise en œuvre
régionale du PDDAA, tenues par le NEPAD en 2005.
Je voudrais également remercier la FAO d’avoir facilité les consultations entre les
différentes plates-formes et le NEPAD. Le FIDA a aidé l’organisation paysanne régionale
d’Afrique occidentale et centrale – le Réseau des organisations paysannes et de producteurs
de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) –, à mettre au point la version finale du document intitulé
«Les agriculteurs prennent la parole: vision et recommandations des organisations paysannes
africaines pour le PDDAA» qui a été élaboré à des fins de publication et de diffusion.
J’ai le plaisir de présenter la version finale du document énonçant la vision commune
des organisations paysannes africaines au sujet du développement de l’agriculture en
Afrique. J’espère que vous apprécierez cette publication.
Mohamed Béavogui
Directeur
Division Afrique occidentale et centrale
5Acronymes
BAD Banque africaine de développement
CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CEMAC Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
EAFF Fédération des agriculteurs d’Afrique orientale
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
FIDA Fonds international pour le développement agricole
KENFAP Fédération nationale kényane des producteurs agricoles
NEPAD Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique
PDDAA Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine
PRIA Programme régional d’investissement agricole
PROPAC Plate-forme sous-régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale
OMC Organisation mondiale du commerce
OP Organisation paysanne
PFR Point focal régional
ROPPA Réseau des organisations paysannes et de producteurs
de l’Afrique de l’Ouest
SACAU Confédération des syndicats agricoles d’Afrique australe
SADC Communauté de développement de l’Afrique australe
UA Union Africaine
7Introduction
É
tant donné son attachement à appuyer le rôle des organisations paysannes à la
fois dans l’exécution des programmes qu’il finance et dans le partage de
l’expérience qui en découle à la faveur de débats de politique générale, le FIDA a
fait un don pour favoriser la participation des organisations paysannes au processus du
Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) du
Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Plus précisément, le
don a financé l’assistance fournie aux organisations paysannes régionales pour qu’elles
prennent contact avec les représentants de leurs communautés économiques régionales
respectives et qu’elles définissent leurs priorités concernant le développement agricole
équitable des petits exploitants en Afrique subsaharienne.
Ce qui suit rend compte du processus et des résultats d’une série d’ateliers organisés en
2005 pour favoriser la contribution des organisations paysannes au processus du PDDAA.
Tandis que cinq ans ont passé depuis les ateliers, la récente accélération du processus, en
particulier dans les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO), exige d’accorder une attention renouvelée aux niveaux régional et mondial du
Programme. Par conséquent, le FIDA publie l’annexe jointe exposant les vues des
agriculteurs, qui sont les voix essentielles et les opinions à prendre en considération pour
définir les priorités des gouvernements et des partenaires en matière d’investissements et
de budgets nationaux. Le rôle des organisations paysannes est de plus en plus reconnu
dans le contexte du PDDAA , y compris une fonction centrale dans le cadre du Pilier 2 pour
l’amélioration de l’infrastructure rurale et des activités liées au commerce en vue d’un
meilleur accès aux marchés, et, de manière plus explicite et encourageante, dans le
contexte de la politique agricole régionale de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) et du Pacte
régional connexe de la CEDEAO.
8Au-delà de son importance directe pour le processus du PDDAA, les consultations dont
il est question dans le présent document ont constitué la première activité conjointe des
réseaux régionaux d’organisations paysannes. Elles ont été suivies d’autres démarches de
plaidoyer à l’échelle du continent qui ont abouti à la création prévue d’une plate-forme
panafricaine des organisations paysannes et des producteurs (afin d’inclure le réseau
d’agriculteurs du Maghreb) en 2010, et à la proposition d’une reconnaissance formelle de
cette plate-forme par l’Union africaine et le NEPAD.
Le FIDA continue d’encourager les organisations paysannes à jouer un rôle central en
Afrique – tant par l’intermédiaire d’un programme continental de renforcement des
capacités financé par la Commission européenne qu’à travers des dons et des activités de
projet aux niveaux sous-régional et national. Le Fonds est fermement convaincu que la
réalisation d’un développement agricole inclusif, efficace et effectif en Afrique suppose de
donner aux petits exploitants les moyens et l’espace nécessaires pour s’associer au
processus à la fois comme acteurs du secteur privé et comme défenseurs des politiques
menées, en s’appuyant sur leur expérience de terrain et sur leurs besoins. Il est tout aussi
important de soutenir le rôle des organisations paysannes dans la facilitation d’un retour
d’information direct des agriculteurs aux mécanismes de suivi et d’évaluation nationaux
et régionaux afin que les politiques et investissements donnent vraiment aux femmes et
hommes pauvres des zones rurales les moyens d’acquérir les compétences et de
constituer les organisations dont ils ont besoin pour s’assurer des revenus plus élevés et
une plus grande sécurité alimentaire. À cet égard, le FIDA entend maintenir et élargir son
appui aux organisations paysannes durant les années qui viennent et favoriser leur
participation à la concertation sur le développement agricole aux échelons local, national,
régional et mondial.
9Chapitre 1
Les organisations
paysannes (OP)
régionales en Afrique
subsaharienne
©FIDA/David RoseContexte historique
L’organisation et le regroupement d’agriculteurs sous différentes formes est un phénomène
ancien en Afrique, et les groupes traditionnels d’entraide villageoise existent encore dans
les communautés locales. La notion moderne et juridique d’organisation paysanne est
apparue durant l’ère coloniale et a pris des formes variées en fonction des différents
contextes de gouvernance. La plus commune d’entre elles a été celle d’un outil de
développement employé pour la mise en œuvre de politiques gouvernementales qui étaient
souvent biaisées au profit de certaines cultures et régions de production, ce qui se traduisait
par un niveau de développement inégal des organisations de producteurs.
Dès les premières années de la décolonisation et, surtout, dans les années 1970, de
nombreuses organisations ont commencé à œuvrer en faveur des communautés rurales à
travers des objectifs de développement, en créant par exemple des systèmes de crédit rural
ou en promouvant le jardinage à visée lucrative. Les projets étaient généralement menés
par un groupe de villageois formés à cet effet, ce qui a conduit à la création d’un grand
nombre d’organisations paysannes autonomes.
À mesure que les politiques d’ajustement structurel des années 1980 ont fait leur
apparition, les autorités chargées du développement agricole ont vu leur champ d’action
se réduire. Les organisations paysannes libéralisées occupaient partiellement leur place,
mais sans bénéficier de mesures d’accompagnement pour soutenir leur rôle émergent.
Diverses associations et structures issues d’anciennes « coopératives libéralisées » ont
ouvert la voie à nombre d’organisations paysannes d’aujourd’hui; afin de renforcer leur
aptitude à servir leurs membres, elles ont ensuite franchi un pallier supplémentaire en
formant des plates-formes nationales (telles que le Conseil national de concertation et de
coopération des ruraux (CNCR) au Sénégal en 1993, la Concertation nationale des
organisations paysannes (CNOP) au Cameroun en 2000, ou encore l’Union National
Farmers Federation en Ouganda en 1992. En devenant plus fortes, les fédérations et
organisations paysannes nationales de divers pays africains ont souvent gagné leur place
de partenaire reconnu dans les initiatives de conception et d’exécution des programmes de
développement et dans la concertation nationale sur les politiques de développement
agricole et rural.
Dans les années 1990, les OP ont commencé à s’organiser au niveau régional en réponse
à l’accélération de la mondialisation des grands défis de l’agriculture familiale tels que ceux
liés à l’intégration régionale et à la libéralisation du commerce. En Afrique, des fédérations
nationales d’OP se sont créées pour mieux se positionner dans le dialogue politique avec les
communautés économiques régionales émergentes (CEDEAO, SADC, COMESA et
CEMAC). Les principaux réseaux d’OP en Afrique subsaharienne, qui représentent les
regroupements nationaux d’OP de premier plan dans les pays de leurs sous-régions, sont le
Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA)
en Afrique de l’Ouest; la Fédération des agriculteurs d’Afrique orientale (EAFF) en
Afrique de l’Est; la Confédération des syndicats agricoles d’Afrique australe (SACAU) en
Afrique australe; et la Plate-forme sous-régionale des organisations paysannes d’Afrique
centrale (PROPAC) en Afrique centrale. Ces réseaux régionaux travaillent de plus en plus
avec une certaine autonomie grâce aux contributions de leurs membres et sont entièrement
12Chapitre 1 Les organisations paysannes (OP) régionales en Afrique subsaharienne
dirigés par des représentants élus. Les plates-formes nationales affiliées leur permettent
d’être la voix des organisations paysannes de 30 pays d’Afrique subsaharienne et de millions
de petits exploitants – le ROPPA représente, à lui seul, 45 millions d’agriculteurs en Afrique
de l’Ouest. Plus de 40% des membres des quatre réseaux sont des agricultrices et des
organisations de productrices.
ROPPA – Réseau des organisations paysannes
et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest
Le ROPPA, créé en 2000, est le réseau des OP nationales de dix1 des quinze pays de la
CEDEAO; il collabore régulièrement avec certaines des plus grandes organisations
nationales de trois autres pays – à savoir le Nigéria, le Ghana et la Sierra Leone. Il
représente quelque 45 millions de petits fermiers, d’éleveurs de bétail et de pêcheurs, à qui
les organisations nationales fournissent des conseils, un appui et divers services pour la
promotion de leurs activités et afin de leur donner plus de poids dans les délibérations de
politique générale.
Le ROPPA a pour objectif de renforcer les capacités des OP africaines à défendre les
intérêts de leurs membres et à influencer les politiques liées à l’agriculture, au
développement rural et à la sécurité alimentaire. Il entend y parvenir i) en promouvant les
valeurs d’une agriculture compétitive et durable basée sur l’exploitation familiale et la
production; ii) en appuyant la création et la structuration d’organisations de producteurs
dans chaque pays; iii) en formant et informant les organismes socioprofessionnels
agricoles grâce au partage des expériences de leurs membres et des autres acteurs du
développement; iv) en favorisant la solidarité interafricaine; et v) en représentant les
organisations paysannes et les producteurs agricoles aux niveaux sous-régional, régional
et international.
Le ROPPA défend activement les intérêts de l’agriculture familiale et de la petite
agriculture dans la sous-région et au niveau international, en vue de promouvoir des
politiques agricoles et commerciales qui profitent à tous les producteurs. Il a un rôle
fondamental dans l’appui aux initiatives des organisations nationales et dans le
renforcement de leurs capacités. Le ROPPA assume également une fonction de
coordination dans les diverses activités panafricaines entreprises conjointement par les
réseaux d’OP régionales africaines.
Le partenariat du ROPPA avec la CEDEAO, renforcé durant l’élaboration et l’adoption
de la politique agricole de la Communauté (ECOWAP) en 2005, se reflète depuis lors dans
la participation régulière du Réseau à la mise en œuvre de la politique en question. Le
ROPPA dirige la mise au point de la composante de renforcement institutionnel du
Programme régional d’investissement agricole (PRIA). Il a également contribué au
processus de définition des produits sensibles pour la région de la CEDEAO durant les
accords de partenariat économique.
1
Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
13SACAU – Confédération des syndicats agricoles
d’Afrique australe
La SACAU est une fédération de syndicats d’agriculteurs nationaux à laquelle peuvent
adhérer toutes les organisations des pays d’Afrique australe qui représentent des paysans
sur la base du volontariat, ainsi qu’à celles qui sont autonomes, gérées par des agriculteurs
et sans affiliation politique. Elle compte actuellement 13 membres – des organisations de
l’Afrique du Sud, du Botswana, de Madagascar, du Malawi, de la Namibie, de la Zambie et
du Zimbabwe. De plus, l’organisation est liée à une OP nationale du Mozambique par un
mémorandum d’entente.
La SACAU n’a eu de cesse de promouvoir la collaboration et l’entente régionales entre
les organisations paysannes et la communauté agricole de la région de la Communauté de
développement de l’Afrique australe (SADC). Elle soutient les OP nationales dans leur
dialogue avec les gouvernements nationaux et les autres parties prenantes pour améliorer
le bien-être de tous les paysans et favoriser la viabilité générale de l’agriculture dans la
région. La SACAU s’est déjà positionnée comme un acteur majeur du développement
agricole de la région en facilitant l’appui au développement et en fournissant des
renseignements précieux aux OP, de même qu’en constituant une plate-forme afin de faire
entendre les vues des exploitants sur les questions de politique agricole aux niveaux
régional, continental et international.
La SACAU est reconnue à la fois par la SADC et le COMESA comme représentant les
fermiers à l’échelon régional. Un mémorandum d’entente a été signé avec le COMESA en
janvier 2006, et la Confédération négocie actuellement un accord formel avec la SADC. En
outre, elle participe activement aux processus de cette dernière, en collaboration étroite
avec le NEPAD. Ces dernières années, la SACAU s’est concentrée sur la consolidation de
son réseau et des services qu’elle peut fournir aux OP qui en sont membres avec l’aide de
différents donateurs. L’expérience montre qu’elle occupe une position stratégique pour
apporter à ces derniers un appui efficace et axé sur la demande concernant le
renforcement de leurs capacités. En mai 2008, le Président de la SACAU a également été
élu Président de la Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA), la plus
grande organisation paysanne internationale du monde, qui représente 600 millions de
familles d’exploitants agricoles.
EAFF – Fédération des agriculteurs d’Afrique orientale
L’EAFF est un réseau d’agriculteurs apolitique, démocratique et à but non lucratif qui a été
créé en Afrique de l’Est en 2001, bien que les échanges entre ses membres fondateurs
remontent à 1994. Elle compte actuellement 12 organisations membres, qui opèrent au
Burundi, au Kenya, en Ouganda, en République démocratique du Congo, au Rwanda et en
Tanzanie, et représente environ 570 000 exploitants. Elle relaie les préoccupations et
défend les intérêts de tous les agriculteurs de la région, dans le but de favoriser la cohésion
régionale et le développement socioéconomique des paysans. La Fédération cherche
également à promouvoir l’intégration régionale par l’intermédiaire du commerce et des
14Chapitre 1 Les organisations paysannes (OP) régionales en Afrique subsaharienne
réseaux, à intensifier les échanges d’informations entre les organisations nationales de
producteurs et en leur sein, à améliorer les filières commerciales des agriculteurs et à
rationaliser la distribution et le prix des marchandises dans la région. Elle mène des
programmes variés au bénéfice de ses membres, en partenariat avec les institutions et les
partenaires de développement.
PROPAC – Plate-forme sous-régionale des organisations
paysannes d’Afrique centrale
La PROPAC, créée en 2005, est la principale plate-forme regroupant les organisations
nationales de 10 pays de la sous-région d’Afrique centrale, formée par la CEEAC et la
CEMAC2. Elle représente quelque 35 000 membres, dont plus de 52% de femmes. Les
organisations membres présentent un éventail varié, allant de groupes professionnels
s’occupant d’agroforesterie et d’autres activités rurales à des groupements sociaux tels que
des organisations de jeunes entrepreneurs ruraux ou des minorités autochtones.
La PROPAC se propose de raffermir sa position institutionnelle, de renforcer les
capacités de ses organisations membres, d’accroître la compétitivité de la petite agriculture
et de promouvoir les intérêts spécifiques de l’agriculture familiale dans l’élaboration, la
mise en œuvre et l’évaluation de stratégies et politiques de développement pertinentes pour
les régions rurales d’Afrique centrale. Récemment, la PROPAC a participé à la définition du
Programme régional pour la sécurité alimentaire, avec les pouvoirs publics de la CEEAC;
elle a par ailleurs été admise au Conseil d’administration du Conseil ouest et centre
africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) et participé à la mise au
point de son plan stratégique pour la période 2008-2015.
Des quatre réseaux, la PROPAC est le dernier – né et connaît encore des difficultés à se
faire entendre dans le dialogue agricole régional, lequel était dominé, jusqu’à récemment,
par les ONG. Néanmoins, elle a déjà réussi à nouer des alliances avec les autres réseaux
d’OP régionales et certains partenaires de développement.
Agricultrices et OP régionales
S’agissant de l’égalité des sexes, il faut savoir que les femmes représentent plus de 40% des
membres des quatre réseaux d’OP régionales. Ceux-ci sont tous attachés à accentuer la
participation des femmes dans les processus de décision et à leur donner les moyens de
faire entendre leurs préoccupations. Des programmes particulièrement intéressants à cet
effet ont par exemple été élaborés par certains membres de la PROPAC (la plate-forme
nationale du Cameroun). Le ROPPA a créé un espace spécifique (le Collège des femmes)
où les agricultrices peuvent partager leurs expériences et formuler des propositions en vue
de les soumettre au Comité exécutif du Réseau. Cet échange d’expériences entre les
membres femmes de quatre réseaux régionaux offre des perspectives intéressantes, étant
donné que les vécus sont très complémentaires. La création d’organisations de
2
Angola, Burundi, Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République du
Congo, République démocratique du Congo, Tchad, Sao-Tomé-et-Principe.
15productrices a souvent constitué, outre un moyen d’améliorer les revenus, une tentative
d’obtenir une reconnaissance sociale dans une société dominée par les hommes. Les
groupes de producteurs composés de femmes et dirigés par des femmes sont souvent les
plus dynamiques. Ce plus grand engagement des femmes dans la vie économique entraîne
des effets multiples, étant donné qu’elles tendent à investir le complément de revenus ainsi
obtenu dans le bien-être de leur famille et de leur communauté.
Collaboration entre les OP régionales
Les quatre réseaux d’OP régionales ont pris des mesures fortes pour approfondir leur
collaboration au cours des cinq dernières années. En 2003-2004, elles ont entrepris un
processus consultatif visant à formuler la vision des paysans africains au sujet de la
composante agricole du NEPAD (le Programme détaillé pour le développement de
l’agriculture africaine), dont les résultats sont l’objet du présent document. Cette première
initiative majeure a été suivie, en 2006-2007, d’une démarche collaborative en vue de
permettre aux organisations paysannes de réaliser des évaluations autonomes de l’impact
des organismes de protection de l’environnement sur la petite agriculture et la sécurité
alimentaire. Quatre évaluations régionales ont été élaborées et présentées aux
commissions économiques régionales respectives et un document de synthèse a été
soumis au Secrétariat du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) en
décembre 2006. Les efforts des réseaux d’OP régionales ont été grandement appréciés par
les commissions et par le Secrétariat ACP, qui a accueilli un représentant des OP régionales
au sein du groupe d’experts chargé de préparer les positions sur les organismes de
protection de l’environnement pour les ministres ACP. En mai 2008, les quatre réseaux se
sont réunis à Addis-Abeba pour échanger des informations et tenter de remédier à la crise
alimentaire. Lors de cette réunion, la décision de créer une « plate-forme panafricaine
d’organisations paysannes et de producteurs agricoles » a été acceptée par les quatre
réseaux afin de lutter contre la crise continentale causée par les prix élevés de
l’alimentation et ses conséquences sur la sécurité alimentaire.
16Chapitre 2
Le Programme détaillé
pour le développement
de l’agriculture
africaine 3
©FIDA/Susan Beccio
3
Ce profil du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine s’inspire directement de
documents publiés par la division Agriculture du Secrétariat du NEPAD: http://www.nepad-caadp.net/.Contexte
Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est né d’un mandat
confié par l’UA aux chefs d’État de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, de l’Égypte, du Nigéria et
du Sénégal, à savoir d’élaborer un cadre de développement socioéconomique intégré pour
l’Afrique. Le cadre produit a été adopté par l’OUA en juillet 2001. Le NEPAD est ancré dans
la détermination des Africains à s’extraire – et le continent avec eux – du malaise du sous-
développement et de l’exclusion dans un monde en cours de globalisation. Les grands
objectifs du NEPAD sont les suivants:
1. créer les conditions d’un développement durable (paix et sécurité; démocratie et
bonne gouvernance politique, économique et commerciale; coopération et
intégration régionales; renforcement des capacités);
2. encourager des réformes politiques et des investissements accrus dans les secteurs
prioritaires (agriculture, développement humain, infrastructure, environnement,
etc.);
3. mobiliser des ressources (hausse de l’épargne et de l’investissement à l’échelle
nationale; gestion des dépenses et des recettes publiques; part de l’Afrique dans le
commerce mondial; investissement étranger direct).
L’ordre du jour spécifique du développement agricole a été entériné par les chefs d’État et
de gouvernement, en tant que Programme détaillé pour le développement de l’agriculture
africaine, (PDDAA) dans la Déclaration de Maputo de l’Union africaine le 23 juin 2003 à
Maputo (Mozambique). Ce programme a pour principal objectif d’aider les pays africains
à obtenir une meilleure croissance économique grâce à un développement axé sur
l’agriculture – pour, ce faisant, éliminer la faim, réduire la pauvreté et l’insécurité
alimentaire, permettre une hausse des exportations et favoriser la résilience écologique. Le
Programme est un cadre commun, reflété dans un ensemble de principes et d’objectifs clés,
qui vise: à orienter les stratégies et les plans d’investissement d’un pays; à stimuler et
soutenir la concertation et l’examen des politiques, le développement organisationnel et le
renforcement des capacités, l’apprentissage par les pairs (régionaux), la mobilisation du
secteur privé ainsi que la création et la croissance d’un entrepreneuriat agricole; et à
faciliter un alignement et une harmonisation accrus des efforts déployés par les
partenaires de développement, les institutions internationales et locales, les centres de
connaissances et les groupes de réflexion.
La Déclaration de Maputo de l’Union africaine spécifie deux objectifs intermédiaires
cruciaux:
• obtenir 6% de taux de croissance annuel moyen pour le secteur agricole au niveau
national; et
• allouer 10% des budgets nationaux au développement du secteur agricole.
Dans le cadre du PDDAA, les gouvernements africains ont en outre identifié quatre points
d’entrée, ou piliers, à l’échelle du continent, pour l’investissement et les mesures en faveur
d’une productivité accrue et durable de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de
l’élevage de bétail:
• Pilier 1 – Étendre les superficies exploitées en gestion durable des terres et des eaux.
• Pilier 2 – Améliorer l’accès aux marchés en renforçant les infrastructures rurales
et les interventions liées au commerce.
18Chapitre 2 Le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine
• Pilier 3 – Augmenter l’approvisionnement alimentaire et réduire la faim dans
l’ensemble de la région en élevant la productivité des petits exploitants et en
améliorant les dispositions prises en cas d’urgence alimentaire.
• Pilier 4 – Améliorer la recherche et les systèmes agricoles afin de diffuser de
nouvelles technologies appropriées et dynamiser les moyens permettant d’aider
les agriculteurs à adopter ces nouvelles possibilités.
Bien qu’il soit de portée continentale, le PDDAA est mis en œuvre par l’intermédiaire
d’initiatives nationales et régionales intégrées pour promouvoir la croissance du secteur
agricole. Ces initiatives sont axées sur le processus des tables rondes nationales qui porte
sur les activités suivantes:
• exploiter les synergies et mener des débats intégrateurs fondés sur les faits
observés concernant les goulets d’étranglement socio-économiques, et prendre les
mesures qui conviennent sur ces questions;
• repérer les déficiences dans les financements fournis par les bailleurs de fonds et
nécessaires pour mener à bien les priorités convenues;
• engager des travaux de suivi et d’évaluation des progrès du programme aux
niveaux national, régional et continental;
• aligner les politiques des États sur les priorités régionales et les quatre piliers; et
• développer des engagements à long terme pour financer des programmes
d’investissement agricole alignés sur les principes et objectifs du programme.
Au cœur de l’approche du PDDAA réside la conviction que les problèmes de
développement de l’Afrique peuvent uniquement être réglés de façon durable par l’Afrique
elle-même, à la faveur d’une mobilisation – aussi bien de la volonté politique que des
ressources nationales – et d’une action concertée par le biais d’approches inclusives et de
partenariats entre les parties prenantes africaines.
État de la mise en œuvre du Programme détaillé pour
le développement de l’agriculture africaine
La mise en œuvre de ce programme peut être évaluée selon trois indicateurs clés:
• les pays qui ont atteint l’objectif de 6% de croissance annuelle moyenne pour la
production agricole;
• les pays qui consacrent plus de 10% de leurs dépenses nationales à l’agriculture; et
• les pays qui ont signé les pactes du programme suite au processus des tables
rondes nationales.
À l’échéance 2007, les progrès étaient prometteurs en termes de croissance agricole et de
dépenses budgétaires. Onze pays avaient dépassé l’objectif de 6% de croissance – plus de
deux fois le résultat de 2003 – et quatre au moins étaient au-delà de 5%. S’agissant des
dépenses budgétaires pour l’agriculture, le nombre de pays qui y consacraient plus de 10%
de leur budget total était passé de trois en 2003 à huit en 2007, et 16 autres pays dépassaient
les 5% à cet égard4.
4
Fan, Shenngen; Babatunde Omilola et Melissa Lambert: Public Spending for Agriculture in Africa: Trends
and Composition. ReSAKSS, document de travail n° 28, IFPRI, Washington, D.C., avril 2009.
19Les avancées enregistrées au niveau du processus des tables rondes étaient moins
encourageantes au départ. Des faiblesses notables, identifiées par le NEPAD lui-même,
touchaient les communications et la coordination avec les États membres, les
communautés économiques régionales et les parties prenantes telles que les organisations
paysannes, le secteur privé, les ONG et les partenaires donateurs. En conséquence, l’appui
au processus des tables rondes nationales manquait de vigueur, de sorte qu’entre 2003 et
2008 seul un pacte du PDDAA a été conclu – au Rwanda en 2007 – et, même dans ce cas,
il n’y a initialement eu qu’une réaction limitée en matière de suite donnée ou de fourniture
d’un appui supplémentaire par le gouvernement ou ses partenaires techniques et
financiers. En même temps, l’expérience du Rwanda a clairement mis en lumière
l’importance du processus des tables rondes pour susciter la participation active du
Ministère des finances et des autres ministères complémentaires dont le rôle est critique
dans le développement agricole.
Plus récemment, la situation en Afrique de l’Ouest a fait ressortir le potentiel du PDDAA,
s’agissant d’encourager des activités aux niveaux national et régional en faveur du
développement agricole et, en particulier, la fonction importante des communautés
économiques régionales. En 2008, la Communauté économique des États de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) s’est portée à l’avant-garde de l’appui à ce programme parmi ses États
Membres, aidant à harmoniser la compréhension des objectifs et du processus, à mobiliser
et coordonner l’analyse technique et le renforcement des capacités et à stimuler
l’engagement des donateurs. Il en a résulté l’achèvement du processus des tables rondes et
la signature de pactes du PDDAA dans neuf pays avant la fin de l’année 2009. De plus, sur
la base de sa politique agricole de 2007 (ECOWAP), la CEDEAO a signé en novembre 2009
son propre pacte régional avec les parties prenantes, dont les organisations paysannes, le
secteur privé, les ONG et les partenaires techniques et financiers, en faveur de priorités
régionales telles que la souveraineté alimentaire et une meilleure intégration des marchés
régionaux d’intrants et de produits agricoles.
Fin 2009, outre le Rwanda et les neuf pays d’Afrique de l’Ouest cités plus haut, des pactes
du PDDAA avaient été signés au Burundi et en Éthiopie, portant le total à 12 pays.
À ce stade, on peut dire que, même si les progrès ont été inégaux – tant en ce qui
concerne les initiatives des États et des communautés économiques régionales pour mettre
en œuvre le processus du PDDAA qu’en ce qui regarde la croissance agricole spécifique et
les résultats des dépenses –, la dynamique va croissant, en particulier à mesure que les
hausses attendues au niveau du financement disponible pour le développement agricole
en Afrique sont alignées de manière à soutenir l’exécution de ce programme. En tous les
cas, le maintien et l’accélération de cette dynamique dépendront clairement de la
traduction des priorités en programmes d’investissement concrets et en appui financier
d’une façon qui produise des résultats sur le terrain pour les agriculteurs.
20Chapitre 3
Le processus
de mobilisation des
réseaux d’agriculteurs
©FIDA/Susan BeccioMéthodologie
L’approche adoptée était fondée sur l’objectif d’une participation plus large et sur la volonté
des producteurs africains de contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques
agricoles du NEPAD. Cette méthodologie tourne autour de quatre axes majeurs, qui sont
examinés ci-dessous.
Dans la gestion d’ensemble du processus, les sous-régions du continent ont été
identifiées et le concept de point focal régional (PFR) a été adopté. Un PFR a été chargé de
la coordination du processus au niveau de chaque bloc sous-régional. Le PFR appartient à
un cadre régional (réseau ou institution) qui regroupe des organisations paysannes et est
considéré comme représentatif à deux égards: il est établi dans le pays et il entretient des
partenariats avec d’autres organisations de producteurs de la région. Le PFR du bloc sous-
régional de l’Afrique de l’Ouest est le Réseau des organisations paysannes et de producteurs
de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA). Le bloc sous-régional de l’Afrique centrale est représenté
par le point focal des organisations paysannes du Cameroun, qui a dirigé le processus. La
Fédération nationale kényane des producteurs agricoles (KENFAP) agit au nom du bloc
sous-régional de l’Afrique australe et orientale.
Au début du processus, un plan de communication a été adopté conformément aux
objectifs poursuivis et à la nécessité d’une gestion efficace du processus de consultation.
Des visites d’information ont été organisées par les PFR avec l’aide de consultants. Lors de
ces visites, les autorités nationales et les organisations de la société civile ont entendu des
exposés sur le champ d’action et les difficultés du NEPAD concernant le développement
rural de l’Afrique. En conséquence, les points focaux ont pu obtenir l’appui et la
participation des institutions et des parties prenantes sous-régionales pour organiser des
ateliers consultatifs. Les consultants participant à ces travaux ont aidé à exécuter le plan
en préparant des notes de synthèse d’une page ou plus énonçant les concepts de base et
arguments fondamentaux des producteurs s’agissant de la politique agricole du NEPAD.
Comme indiqué, chaque sous-région a mené son propre processus consultatif par
l’intermédiaire d’ateliers sous-régionaux. Il s’est agi de l’Afrique de l’Ouest (atelier à
Niamey, au Niger, du 24 au 26 juin 2003), de l’Afrique centrale (atelier à Yaoundé, au
Cameroun, du 9 au 11 juillet 2003) et de l’Afrique de l’Est (atelier à Nairobi, au Kenya, du
24 au 26 juillet 2003). En Afrique australe, un atelier consultatif a été organisé à Lusaka,
la capitale zambienne, du 20 au 22 janvier 2004. Les unions économiques sous-régionales
qui doivent assurer la coordination des initiatives du NEPAD ont collaboré autour de la
préparation et de la tenue des ateliers.
Dans chaque bloc sous-régional, l’atelier consultatif a été l’occasion de découvrir le
NEPAD: ses visions, ses stratégies et ses orientations programmatiques. Après une
discussion et un débat en profondeur ainsi que des exposés d’experts sur le profil agricole
de chaque sous-région et la nature des politiques agricoles mises en œuvre par les États et
les unions économiques, les participants sont parvenus à un accord sur les forces du
NEPAD, ses faiblesses actuelles et les conditions requises pour atteindre ses objectifs de
développement agricole et rural. Les ateliers ont également donné aux participants la
possibilité de s’accorder sur des plates-formes de politique générale, des incitations et des
mesures pour créer un climat institutionnel propice au programme agricole du NEPAD.
22Chapitre 3 Le processus de mobilisation des réseaux d’agriculteurs
Les ateliers consultatifs sous-régionaux ont permis aux organisations paysannes
d’énoncer et de valider leurs positions sur la politique agricole du NEPAD devant les
représentants des États et des communautés économiques régionales. Les déclarations
finales, adoptées à l’unanimité à l’issue de chaque atelier sous-régional, rendent compte
du consensus auquel sont parvenus tous les participants.
La réunion de synthèse a eu lieu à Pretoria (Afrique du Sud), du 23 au 25 février 2004.
Le but en était de partager et d’examiner les analyses et propositions produites par les
ateliers sous-régionaux. L’occasion s’est ainsi présentée d’un dialogue avec le Secrétariat
du NEPAD autour de l’engagement croissant des organisations paysannes, du secteur privé
et de la société civile africaine en général dans la mise en œuvre du NEPAD. L’atelier de
synthèse a également permis aux dirigeants du mouvement paysan du continent entier de
se mettre d’accord sur des positions communes vis-à-vis des autorités nationales et
régionales et de leurs partenaires de développement, afin que soient élaborées des
politiques agricoles favorables qui protègent les intérêts des populations africaines.
Des experts ont été mobilisés pour encadrer les consultations tout au long du processus.
Chaque PFR a eu accès aux services d’un consultant qui a fourni une assistance
méthodologique au cours du processus consultatif de la région concernée, de même que
pour la préparation des documents. Afin d’aider les consultants sous-régionaux et
d’assurer la cohérence d’ensemble des consultations menées dans les diverses régions, un
chef consultant a été nommé, chargé de définir la méthodologie globale et l’approche de
formation et de superviser l’exécution. Le chef consultant a également été chargé de
préparer et d’animer l’atelier de synthèse final et d’aider à la finalisation des plans d’action
des organisations paysannes aux niveaux régional, sous-régional et national. Une unité
technique ayant pour mission d’élaborer des propositions de programme sur la base des
plates-formes agricoles sous-régionales et interrégionales a aussi travaillé sous la
supervision du chef consultant.
23Chapitre 4
Profils régionaux de
l’agriculture en Afrique
par les OP
©FIDA/David RoseProfils agricoles sous-régionaux
Chaque sous-région a produit, à l’issue de son atelier, une déclaration finale résumant les
résultats obtenus. L’essentiel des travaux a consisté en des présentations et des discussions
préliminaires sur les grands traits des secteurs agricole et rural. Ces profils contextuels
serviront ensuite de base à l’évaluation des propositions et programmes relevant des
politiques agricoles du NEPAD.
Afrique de l’Ouest
Dans cette partie du continent, l’agriculture repose principalement sur les exploitations
familiales – tant à des fins lucratives que pour la subsistance du foyer. Ces exploitations
sont à l’origine de plus de 90% de la production agricole, emploient plus de 60% de la
population et contrôlent plus de 95% des terres cultivées, selon plusieurs études.
Les exploitations familiales pratiquent principalement l’agriculture de subsistance,
cruciale pour l’alimentation des foyers ruraux. Toute production supplémentaire est
vendue sur les marchés locaux. Cela forme le cœur des activités de transformation à petite
échelle qui génèrent des revenus supplémentaires pour les ménages, lesquels revenus
servent à d’autres activités économiques rurales. L’agriculture familiale est également la
première source d’aliments de base et de produits artisanaux pour les centres urbains. On
observe cependant, ces dernières années – avec l’épuisement des ressources naturelles
locales –, une tendance marquée: l’agriculture familiale est de moins en moins en mesure
de répondre aux besoins des populations rurales et urbaines. Les pays du Sahel, par
exemple, importent une part croissante de leurs aliments de base, ce qui entraîne des
changements au niveau des habitudes alimentaires, rend les économies nationales
volatiles et contribue à perpétuer la pauvreté.
Le caractère extensif de l’agriculture familiale, combiné à la pression démographique
et à des choix politiques malheureux, a eu un effet dévastateur sur les sols, causant de
graves pertes de productivité et des litiges fonciers. La surexploitation des forêts a
considérablement accentué la désertification et appauvri les sols et la faune. Des
sécheresses récurrentes, associées à la déforestation et aux méthodes de l’agriculture
extensive, aboutissent à l’envasement et à l’assèchement de certains cours d’eau dans les
plaines et en fond de vallée. Compte tenu du déclin constant des ressources locales,
beaucoup de jeunes ruraux ne voient aucun avenir dans leurs villages ni dans l’agriculture
et ne rêvent que de quitter le pays, ou au moins de rejoindre les centres urbains. Les
activités non agricoles deviennent la première source de revenus pour un nombre
croissant de paysans. Les mécanismes de crédit conventionnels sont structurellement
déficients et plongent les agriculteurs dans l’endettement: le financement à long terme est
inexistant et les taxes sur les prix des intrants font grimper le coût du crédit agricole,
réduisant ainsi la solvabilité des exploitants.
Afrique centrale
En Afrique centrale, l’agriculture se caractérise par une faible productivité des cultures et
des rendements médiocres. Les racines et tubercules sont les principaux aliments de base
cultivés, et la production décline du fait que la taille des parcelles exploitées reste limitée.
S’agissant des céréales (maïs, millet, riz et sorgho, notamment), les surfaces plantées
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