Le chaussage Dans le monde agricole
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Institut de pédicure-podologie de Rennes 12 rue Jean-Louis Bertrand, 35000 Rennes Le chaussage Dans le monde agricole Mémoire d’Initiation à la démarche de recherche - Diplôme d’Etat de pédicurie-podologie BROSSET Léa Sous la direction de : LE NORMAND Gilles Mai 2018
PRÉFET DE LA RÉGION BRETAGNE DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS ET DE LA COHÉSION SOCIALE Pôle formation-certification-métier Diplôme d’Etat de Pédicurie-Podologie Travaux de fin d’études : Mémoire d’initiation à la démarche de recherche Conformément à l’article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle du 3 juillet 1992 : « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque ». J’atteste sur l’honneur que la rédaction des travaux de fin d’études, réalisée en vue de l’obtention du diplôme d’Etat de Pédicurie-Podologie est uniquement la transcription de mes réflexions et de mon travail personnel. Et, si pour mon argumentation, je copie, j’emprunte un extrait, une partie ou la totalité de pages d’un texte, je certifie avoir précisé les sources bibliographiques. Le…………….…………. Signature de l’étudiant : BROSSET Léa Fraudes aux examens : CODE PENAL, TITRE IV DES ATTEINTES A LA CONFIANCE PUBLIQUE CHAPITRE PREMIER : DES FAUX Art. 441-1 : Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques. Le faux et l’usage de faux sont punis de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. Loi du 23 décembre 1901, réprimant les fraudes dans les examens et concours publics. Art. 1er : Toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’entrée dans une administration publique ou l’acquisition d’un diplôme délivré par l’Etat constitue un délit.
Remerciement Ce mémoire marque la fin de mes trois années d’études. En préambule, je veux adresser tous mes remerciements aux personnes avec lesquelles j’ai pu échanger et qui m’ont aidé pour la rédaction de ce mémoire. En commençant par remercier Monsieur Le Normand, directeur de ce mémoire, pour sa disponibilité et son écoute. Je tenais également à remercier les podo-orthésistes, l’infirmière de la MSA, l’entrepreneur paysagiste, ainsi que la responsable des visites de l’usine AIGLE® pour m’avoir consacré un peu de leur temps et leur professionnalisme. Je remercie l’ensemble des participants au questionnaire qui ont pris de leur temps libre répondant avec sympathie et efficacité. Merci à mes camarades du groupe 5, Lison, Alexandre et Guillaume, pour ces 3 ans de formation. Je tenais à remercier surtout Albane, Florence, Marietta, Marion, Mathilde, ma maman et ma sœur pour leurs corrections, leurs conseils et leurs soutiens. Enfin, j’adresse mes plus sincères remerciements à ma famille : mes parents, ma petite sœur, mon petit frère, Thibault et tous mes proches et amis, qui m’ont accompagné, aidé, soutenu et encouragé tout au long de ma formation et durant la réalisation de ce mémoire.
Table des matières Introduction .................................................................................................................................. 1 1. Situation agreste ...................................................................................................................... 3 1.1. L’agriculture en chiffres ......................................................................................................3 1.2. Les Milieux agricoles ...........................................................................................................3 1.2.1 Les conditions d’exercices ............................................................................................ 4 1.2.2 Contraintes et postures................................................................................................ 4 1.3. Normes et lois en règle .......................................................................................................6 1.3.1 Les normes CE .............................................................................................................. 6 1.3.2 Les normes ISO ............................................................................................................. 7 1.4. Les chaussures agricoles .....................................................................................................8 1.4.1. Historique des chaussures de sécurité........................................................................ 8 1.4.2. Description des chaussures ......................................................................................... 8 1.4.3 Protections supplémentaires ..................................................................................... 10 1.4.4 Evolution des chaussures de sécurité ........................................................................ 10 1.5. Un regard « critique » du pédicure-podologue sur le chaussant agricole ....................... 11 2. Pathologies rencontrées chez les travailleurs agricoles........................................................ 12 2.1 Tableaux de l’INRS ............................................................................................................. 12 2.2. Les pathologies dermatologiques .................................................................................... 12 2.2.1 Les atteintes unguéales .............................................................................................. 12 2.2.2 Les atteintes cutanées................................................................................................ 13 2.3. Les troubles musculo-squelettiques au niveau des membres inférieurs ........................ 14 2.3.1 Les atteintes traumatiques ........................................................................................ 14 2.3.2 Les atteintes tendineuses .......................................................................................... 15 2.3.3 Les atteintes microtraumatiques du pied .................................................................. 15 2.4. Autres pathologies ........................................................................................................... 16 2.4.1 Atteintes nerveuses ................................................................................................... 16 2.4.2 Déformations ............................................................................................................. 16 2.5 Les actions du pédicure-podologue .................................................................................. 16 3. Enquête auprès des professionnels agricoles ....................................................................... 18 3.1. Explication ........................................................................................................................ 18 3.2. Résultats ........................................................................................................................... 19 3.2.1 Informations complémentaires sur les métiers ......................................................... 19 3.2.2 Diverses chaussures agricoles .................................................................................... 21 3.3. Synthèse ........................................................................................................................... 25 3.4. Analyse ............................................................................................................................. 25
4. Préconisation autour de la prévention, des conseils et de l’éducation ............................... 27 4.1. Organismes et aides ..................................................................................................... 27 4.2. Prévention collective .................................................................................................... 28 4.3. Prévention individuelle ................................................................................................ 28 4.4. Education par le pédicure-podologue.............................................................................. 29 4.5. Préconisations .................................................................................................................. 29 Conclusion ................................................................................................................................... 30 Bibliographie ............................................................................................................................... 31 Table des Annexes....................................................................................................................... 33
Introduction Au début de mon cursus, j’ai été amené à changer de milieu de vie, passant du monde citadin au monde rural. Ce changement m’a permis d’observer de plus près le secteur primaire. Selon l’INSEE1, « Le secteur primaire regroupe l’ensemble des activités ayant une exploitation des ressources naturelles : l’agriculture, la pêche, les forêts, les mines et les gisements. » Pendant plusieurs années, ce secteur, n’a cessé d’évoluer, dû à la modernisation du monde et au développement des secteurs secondaire et tertiaire2. En parallèle de cette évolution, d’autres domaines ont aussi progressé comme la sécurité. Des équipements de protection individuelle (EPI) ont été mis en place, pour faire face aux nouveaux dangers des métiers, faisant suite à cette modernisation. Les écrasements, les brûlures, les infections, les chutes sont certains des risques présents. Les casques, les lunettes, les gants, les pantalons et les chaussures se sont ainsi développés, laissant de côté les tabliers et les sabots. Finalement, le chaussant a également évolué dans le secteur primaire afin de protéger au mieux les membres inférieurs. D’après A. DESCATHA et al (2009, p23)3, « Le pied est une structure anatomique complexe, indispensable à la locomotion et donc mise en jeu dans toutes les activités non sédentaires de travail. » Les pieds, comportant 28 os, de nombreux muscles et ligaments, articulés avec la jambe, permettent l’appui au sol dans la station debout et la marche. Par conséquent, ils supportent tout le poids de notre corps. Grâce à eux, nous pouvons marcher, courir, travailler entre autres. Il est donc important de pouvoir les préserver avec un chaussant de qualité. Chaque profession a des besoins différents concernant le chaussage. En tant que fille d’éleveur, je me suis naturellement intéressée au monde agricole. Les pieds sont les « outils » principaux des agriculteurs. Ils permettent d’aller nourrir les animaux, de semer les terres, de récolter par exemple. Les pieds peuvent être protégés par différents chaussants que l’on trouve sur le marché. Les agriculteurs portent généralement des bottes, chaussures protégeant les pieds et le pantalon de substances étanches. Quelles sont les caractéristiques de ce chaussage utile dans le monde agricole ? Quel autre chaussant est-il possible de choisir ? Les exploitants sont-ils confortables dans leurs chaussures de travail ? La botte est-elle utilisée par tous les travailleurs agricoles ? Conseiller les patients sur leur chaussant personnel aussi bien que sur le chaussant professionnel fait partie des missions professionnelles du pédicure-podologue. C’est pourquoi le chaussage agricole est le thème de mon mémoire de fin d’études. Par ailleurs, lors de mes stages à l’institut et en milieu hospitalier, j’ai remarqué qu’il y a peu d’agriculteurs qui viennent consulter un pédicure-podologue. Est-ce une généralité ? Ont-ils déjà eu des douleurs au niveau des pieds, des genoux, ou du dos ? Pourtant certains professionnels agricoles m’ont fait part de la présence d’hypersudation4 lorsqu’ils portaient des bottes. Lors de la réalisation de soins chez un exploitant, j’ai 1 Institut national de la statistique et des études économiques 2 Industries de transformation des matières premières et industries du service (conseil, formation, assurance…) 3 In Pied, chaussage et pathologies professionnelles sous la direction de FOUQUET et al 4 Transpiration excessive 1
également pu observer différentes pathologies telles que : l’hyperkératose5, et l’onychogriphose6. Ce sont ces dernières qui m’ont amenée à me poser différentes questions : la transpiration fait-elle apparaître des affections épidermiques ? Ces affections sont-elles récurrentes chez tous les agriculteurs ? Peuvent-elles être causées par le chaussage professionnel utilisé ? Grâce à des recherches littéraires et des entretiens exploratoires, une question a émergé : les chaussures utilisées par les agriculteurs sont-elles adaptées à leur bien- être et donc à leur métier ? Ce cheminement m'a permis d'élaborer ma problématique, qui porte sur l’influence du chaussant agricole sur le pied et la posture. Pour répondre à ce questionnement, le travail de recherche réalisé se divise en quatre parties. J’expose, tout d’abord, les différents corps de métiers de l’agriculture à travers leurs milieux et le chaussage agricole utilisé. Puis, j’aborde les pathologies au niveau des membres inférieurs potentiellement rencontrées chez les professionnels agricoles. Ma troisième partie est consacrée à l’exploration et l’analyse d’une enquête que j’ai réalisé auprès des exploitants. Enfin, la prévention et les conseils sont mis en avant afin de pouvoir améliorer le bien-être des professionnels agricoles. 5 Epaississement de la couche cornée de l’épiderme, mécanisme de défense de la peau contre l’excès de frottement ou de pression 6 Augmentation de l’épaisseur de l’ongle 2
1. Situation agreste C’est au VIème millénaire avant notre ère dans les zones du pourtour méditerranéen, et en - 4500 dans le Nord que l’on estime l’apparition de l’agriculture sur notre territoire. Le domaine de l’agriculture fait partie de notre environnement. Celui-ci s’est développé et a évolué en même temps que la société française. Aujourd’hui, nous avons une agriculture moderne ayant progressée dans différentes spécialisations comme l’agriculture biologique. A travers cette première partie, j’expose l’environnement, les postures, les contraintes et le chaussage utilisé dans le monde agricole de nos jours. Connaitre l’ensemble de ces paramètres permettra de comprendre les activités et l’utilité du chaussant. 1.1. L’agriculture en chiffres D’après l’INSEE, en 2013, 854 000 actifs agricoles travaillent sur 452 000 exploitations en France métropolitaine. Parmi eux, on compte 578 000 chefs exploitants et coexploitants dont 27% d’entre eux sont des femmes. Le nombre de femmes a triplé en 40 ans, puisqu’en 1970 il n’y avait que 8% de femmes chefs d’exploitations. La modernisation du secteur primaire et le développement social a permis la féminisation du monde agricole. En parallèle de cette évolution positive, le nombre d’exploitants agricoles a diminué depuis plusieurs années. Cette baisse est la conséquence du développement des secteurs secondaire et tertiaire. Cependant, aujourd’hui, le nombre d’actifs agricoles reste stable. En outre, lorsque l’on regarde la pyramide des âges7, de 2013, selon le ministère de l’agriculture et de l’alimentation, on observe que l’âge des professionnels agricoles est diversifié. Les agriculteurs et agricultrices âgés entre 40 et 60 ans prédominent en France. La formation de jeunes permet le maintien de l’agriculture dans la société. Je m’interroge donc sur les pathologies rencontrées chez les agriculteurs. Sont-elles en lien avec l’âge ? Sont-elles les mêmes chez les hommes et les femmes ? De plus, je me demande si la féminisation du métier a-t-elle entraîné des améliorations au niveau des équipements de protection individuelle (EPI). L’agriculture reste une activité indispensable dans notre société. Aussi il est important de pouvoir la préserver. 1.2. Les Milieux agricoles « L’agriculture, plus généralement, rassemble les activités développées par l’homme dans un milieu biologique et socio-économique donné, pour obtenir les produits végétaux et animaux qui lui sont utiles, en particulier ceux destinés à son alimentation. Cela comprend ainsi les cultures, les élevages, la chasse, la pêche et la sylviculture8. » (LAROUSSE) D’après la définition, le monde agricole ne se définit pas que par une seule profession mais par un ensemble de métiers. La répartition de ces professions est inégale sur le 7 Cf. annexe I - le monde agricole en 2013, quelques chiffres 8 Entretien et exploitation des forêts 3
territoire français.9 Chaque métier est différent en raison de l’activité pratiquée et de l’environnement dans lequel il se trouve. Néanmoins, l’ensemble de l’agriculture est une activité diversifiée dans un milieu naturel. Chaque travailleur agricole exerce de multiples tâches et doit donc avoir des nombreuses connaissances. Il doit pouvoir s’adapter à l’environnement qu’il l’entoure. Aujourd’hui, la taille des exploitations a évolué. Les moyennes et grandes exploitations sont plus nombreuses que les petites. Par conséquent, les exploitants doivent faire face à une plus grande quantité de travail et y remédient grâce à la mécanisation, au développement de l’irrigation et à l’utilisation de substances phytosanitaires10, qui permettent un meilleur rendement. De ce fait, lors d’un entretien informatif avec une infirmière de la MSA 11, j’ai appris que la plupart des professionnels agricoles portaient des chaussures de sécurité. Les bottes quant à elles sont portées plus généralement dans les fermes. Pour mener à bien mes recherches, j’ai sélectionné différents travailleurs agricoles accessibles dans mon entourage comme l’agriculteur, le conducteur d’engins, l’éleveur, le maraicher, le paysagiste et le viticulteur. 1.2.1 Les conditions d’exercices Je vais maintenant vous présenter l’environnement des différents métiers agricoles sélectionnés. L’agriculteur possède l’activité la plus complète, réalisant l’ensemble des actions faites par le conducteur d’engins, l’éleveur et le céréalier. Il cultive ses terres et s’occupe de ses animaux. Le conducteur d’engins de son côté, doit maîtriser la technique, la conduite et veiller au bon fonctionnement de ses machines pour entretenir les cultures. Il passe la plupart de son temps assis. L’éleveur, lui, alimente un nombre important d’animaux rassemblé dans de grands bâtiments adaptés à l’élevage. Il en va de sa responsabilité de préserver les lieux et les bêtes. D’autre part, le maraicher cultive ses légumes et ses fruits pour les vendre. Il gère ses terres et ses cultures. Le paysagiste crée et entretient des espaces verts en utilisant des outils variés. Enfin, le viticulteur, réalise l’ensemble des étapes de la fabrication du vin, de la préparation de la terre, en passant par la vendange jusqu’à l’affinage du vin. 1.2.2 Contraintes et postures La majorité du temps, les travailleurs agricoles sont en mouvements. Ils prennent différentes postures : debout, assis, accroupis, le corps demi-fléchi. Les contraintes physiques s’exerçant sur eux sont nombreuses : manutention de charges lourdes, station debout prolongée, piétinement, secousses et vibrations, exposition au bruit, mouvements fatiguants ou douloureux. De plus, chaque jour, ils doivent faire face à de nombreux risques : mécaniques (chutes d’objets lourds, écrasement par un engin motorisé, plaie, perforation), chimiques (les produits phytosanitaires), infectieux (l’eau, les animaux), électriques, thermiques. Les 9 Cf. annexe I - le monde agricole en 2013, quelques chiffres 10 Appelés également pesticides, produits chimiques conçus pour tuer toutes sortes de parasites 11 Mutualité sociale agricole est le régime de protection sociale obligatoire des personnes salariées et non salariées des professions agricoles 4
risques liés aux déplacements (glissade, chute) ou aux rayonnements sont également à prendre en compte. Sans compter qu’en 2013, l’INSEE estimait que les agriculteurs travaillaient en moyenne 54.7 heures par semaine. Ainsi les professionnels sont exposés aux contraintes physiques et aux risques à long terme. Ils passent la plupart de leur temps à marcher et piétiner pour réaliser l’ensemble des tâches dans un environnement naturel. Le port de charge est également une contrainte principale que l’on trouve dans les activités agricoles. Le conducteur d’engins passe la plupart de son temps assis dans un véhicule, parfois debout, à genoux ou allongé pour la maintenance des engins motorisés. Il doit faire face principalement aux contraintes posturales et articulaires liées aux vibrations et à la manutention. Par conséquent, des complications lombaires et radiculaires12 sont plus fréquentes chez ces professionnels. Le risque traumatique lié à la mécanisation est important (chute, renversement …). En revanche, la station debout prolongée, la marche, les piétinements, la manutention de charges lourdes, comme les barrières, sont les principales postures et contraintes qui s’exercent sur les éleveurs. De plus, celui-ci doit faire attention aux écrasements et coups de pattes par les animaux tels que les bovins. Les jambes sont les plus touchées. De ce fait, cela peut entraîner des contusions, des fractures, des plaies ou des entorses. Les troubles musculo-squelettiques13 du rachis sont nombreux chez ces individus. Le maraicher réalise des tâches répétitives pouvant entrainer des troubles musculo- squelettiques. On observe souvent des troubles lombaires. Les risques de chutes sont possibles lors de la descente de tracteur, d’une échelle, de serres. Les positions à genoux, accroupis et assises chez le paysagiste entrainent principalement des douleurs au niveau des genoux et du dos. La flexion du tronc vers l’avant est également un facteur favorisant les douleurs du dos. Le travail sur des échafaudages et sur les échelles augmente le risque de chutes. 12Atteinte d’une racine nerveuse 13 D’après l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) : « Maladie touchant les tissus mous péri- articulaires. Ils affectent les muscles, les tendons, les ligaments, les nerfs, mais aussi les vaisseaux sanguins, les bourses séreuses ou encore le cartilage. » 5
Le viticulteur souffre principalement de lombalgies aigues puisqu’il passe la plupart de son temps debout, accroupis, ou en flexion du tronc vers l’avant. Les accidents liés à la nature du sol (boueux, non régulier, en pente…) ne sont pas négligeables. Enfin, j’en conclus que l'agriculteur peut être touché par l’ensemble de ces blessures décrites ci-dessus. En effet, il possède une activité très complète auprès des animaux et de la culture de ses terres. L’agriculteur marche et piétine beaucoup. Il peut être en station debout prolongée, assis dans une machine agricole, accroupi, à genoux. Il manipule également les animaux. 1.3. Normes et lois en règle Comme souligné auparavant, la santé des travailleurs est mise à rude épreuve. Pour cela, la santé et la sécurité en milieu professionnel sont associées dans le Code du travail. Afin d’éviter toute blessure, les protections individuelles et collectives sont importantes à mettre en place dans les différents établissements professionnels. Conformément à l’article L. 230-214, l’employeur doit assurer la protection des employés en mettant à place la protection collective et à disposition les équipements de protection individuelle. De ce fait, d’après le Code du Travail, selon l’article R4311-8, « Les équipements de protection individuelle, […], sont des dispositifs ou moyens destinés à être portés ou tenus par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa santé ou sa sécurité. »15 Les EPI doivent être efficaces, confortables et sûrs pour nos travailleurs afin de faire face aux nombreux risques présents suite à la modernisation de la société. Ainsi, d’après l’article L4311-1, « Les équipements de travail destinés à être exposés, mis en vente, vendus, importés, loués, mis à disposition ou cédés à quelque titre que ce soit sont conçus et construits de sorte que leur mise en place, leur utilisation, leur réglage, leur maintenance, dans des conditions conformes à leur destination, n'exposent pas les personnes à un risque d'atteinte à leur santé ou leur sécurité et assurent, le cas échéant, la protection des animaux domestiques, des biens ainsi que de l'environnement. […]».16 Par conséquent, des processus de contrôle ont été mis en place pour vérifier si la fabrication des équipements est réalisée suivant les réglementations. 1.3.1 Les normes CE Faisant face à la modernisation du secteur primaire et l’apparition de nombreux risques, les équipements de protection individuelle sont classés en trois catégories, selon la norme EN 420 : catégorie I (contre les risques mineurs), catégorie II (contre les risques intermédiaires) et catégorie III (contre les risques irréversibles ou mortels). Pour connaitre le risque auquel est confronté l’utilisateur des équipements, il faut savoir identifier les bons pictogrammes de sécurité17. L’ensemble des EPI doit être certifié et marqué par le sigle CE18. Chaque équipement doit contenir une notice en langue 14 Cf. annexe II - code du travail 15 Cf. annexe II - code du travail 16 Cf. annexe II - code du travail 17 Cf. annexe III – pictogrammes de sécurité 18 Conformité aux normes européennes 6
française avec les conditions d’utilisation, de stockage, de nettoyage et le délai de péremption. Il existe de nombreux EPI comme les gants, les lunettes, les masques, les chaussures. La chaussure fait partie de la deuxième catégorie, équipement contre les dangers ayant des conséquences importantes. Ainsi un organisme notifié, réalise un examen CE de type au produit de catégorie II afin de le certifier. L’équipement doit contenir l’inscription CE avec l’année de fabrication. Ces chaussures se distinguent en 3 catégories : - les chaussures de travail, ne possédant pas d’embout de protection contre les chocs et les écrasements. Elles se conforment à la norme E.N.347, et sont marquées par la lettre O. - les chaussures de protection, qui contiennent un embout protégeant contre les chocs d’une énergie de 100 Joules maximum et contre un écrasement de 10kN19. Marquées par la lettre P, elles doivent suivre la norme E.N.346. - les chaussures de sécurité où un embout de protection est également présent, avec les caractéristiques suivantes : protégeant contre un choc de 200 Joules et contre un écrasement de 15kN suivant la norme E.N.345, elles sont marquées par la lettre S. Les 3 normes citées ci-dessus, sont applicables pour toutes les chaussures à usage professionnel depuis le 1er juillet 1995. Il existe des méthodes d’essais pour les chaussures de sécurité regroupées en une norme NF EN 20344. 1.3.2 Les normes ISO Il existe également les normes ISO20, établies par des organismes internationaux depuis 2004. C’est la mise en place de normes techniques, visant à améliorer la qualité des produits. Ces normes sont facultatives. Les exigences de ces dernières se divisent en trois catégories : - les exigences de protection contre les risques mécaniques, chimiques, toxiques, électriques et les intempéries, - les exigences d’ergonomie et de confort, - les exigences de résistances face aux déchirures, à la flexion, à la traction des matériaux et à la non corrosion de l’embout. Ces normes m’ont amené à me questionner sur l’historique et les caractéristiques des chaussures agricoles. 19 Kilonewton 20 Organisation Internationale de Normalisation 7
1.4. Les chaussures agricoles La botte est souvent associée au monde agricole. Comme vu précédemment, on peut observer 3 types de bottes : la botte de travail, de protection et de sécurité. Le marché dispose de nombreux protecteurs des pieds qui se distinguent les uns des autres par leurs formes, leurs matériaux constitutifs et leurs éléments de protections. 1.4.1. Historique des chaussures de sécurité En 1904, la première chaussure de sécurité apparaît dans les fonderies nord- américaines permettant de se protéger des brûlures. Pour faire face aux écrasements des orteils, les premières chaussures de protection à bout renforcé par des fibres, se présentent à Cleveland en 1910. Puis ces chaussures sont améliorées à l’aide d’une coque en acier en 1925. Cette coque ne s’impose en France qu’après la seconde guerre mondiale. Si bien que, la véritable chaussure de sécurité est fabriquée dans les années 50. Par conséquent, la vente des chaussures de sécurité s’est développée proposant ainsi une grande variété. Ce développement a permis de mettre en place des projets de normes en lien aux recommandations du Bureau International du travail, devenu l’Organisation internationale du Travail en 1948. 1.4.2. Description des chaussures D’après GOLDCHER (2005, p1), « la chaussure de sécurité est une orthèse destinée à habiller le pied, comme toute chaussure, mais surtout à le protéger lors d’activités professionnelles, vis-à-vis de risques recensés par les données épidémiologiques » Aujourd’hui, dans le commerce, on peut trouver différentes chaussures de sécurité. Il en existe 5 types, qui se distinguent en fonction de la tige21 : - les chaussures basses - les brodequins - les bottes à mi-hauteur du genou - les bottes à hauteur du genou - les bottes cuissardes 21 Ensemble des parties de la chaussure à l’exclusion de la semelle 8
Les recherches littéraires concernant l’anatomie de la botte de travail étant peu concluantes, j’ai découpé une botte en deux22 pour pouvoir examiner au mieux les différentes parties de cette chaussure. Pour confirmer mes observations et aller plus loin dans mes recherches, j’ai pris rendez- vous chez un fabricant de bottes en caoutchouc, français, courant février 2018. Lors de ma visite de l’usine AIGLE® 23, j’ai pu observer les différentes étapes de fabrication d’une botte en caoutchouc, chaussure de travail sans embout de protection. L’usine utilise seulement le caoutchouc comme matériaux pour leurs produits. Après l’élaboration d’un modèle par le bureau d’étude, la fabrication de la botte se décompose en 6 étapes : - Mélangeage (préparation du caoutchouc) - Calandrage (laminage24 du mélange) - Préparation (des différentes pièces constitutives d’une botte) - Montage à plat ou enveloppant sur une forme25 - Vulcanisation (cuisson du caoutchouc) - Finition Aussi, j’ai appris qu’une période d’essai de 3 mois est requise avant la mise sur le marché d’un nouveau modèle de bottes. Le panel choisi pour l’essai doit remplir un questionnaire, permettant à l’usine de savoir si le produit peut être mise en vente sur le marché. Cette marque met à l’honneur deux critères : confort et durabilité. Le montage des bottes de façon injectée est de plus en plus utilisé, m’informe M. F, podo-orthésiste. La fabrication en injecté permet de faire des bottes en cuirs ou synthétiques avec une doublure et un contrefort puis on injecte du caoutchouc, du PU (polyuréthane) ou du PVC (polychlorure de vinyle), mélange de caoutchouc et de plastique, pour faire les semelles. Enfin, afin de pour pouvoir étudier au mieux le chaussage agricole, j’ai élaboré des tableaux descriptifs comprenant les différentes parties des chaussures utilisées c’est-à- dire la botte de travail, de protection de sécurité. En plus des bottes observées, l’aide d’une podo-orthésiste m’a permis de remplir avec exactitude le tableau suivant. Ces tableaux26 se trouvent en annexe. Ils m’ont permis de comparer les différentes bottes utilisées, et d’observer les différences27 permettant d’identifier les différents types. Certaines informations supplémentaires sont à apportées. En effet, le bout recouvre les orteils. Le contrefort est un renfort rajouté à l’arrière de la tige, permettant le maintien de l’arrière-pied. Enfin, le cambrion est une lamelle en acier ou en plastique dur. Il est rajouté au niveau de la cambrure pour renforcer la semelle. Pour les bottes de protection et de sécurité, des éléments de protections supplémentaires sont ajoutés en fonction des risques encourus. 22 Cf. annexe IV - photos des différentes bottes 23 Usine de bottes en caoutchouc et de textile, créée en 1853 par Hiram Hutchinson 24 Etirer le caoutchouc 25 Forme de chaussure standard fabriquée à partir de mesures, « moule » 26 Cf. annexe V - tableaux comparants les différents types de bottes 27 Cf. annexe IV - photos des différentes bottes 9
1.4.3 Protections supplémentaires Pour faire face aux multiples risques, les chaussures de sécurité contiennent différentes pièces spéciales, comme les embouts de protections cités dans les normes. Ces embouts sont généralement en métal, rajouté au niveau du bout de la chaussure. Cependant, de plus en plus d’entre eux sont fabriqués en plastiques. Le métal a la particularité d’être dur et peut parfois blesser parfois. Une norme au niveau des embouts est à prendre en compte. La longueur minimale doit être entre 34 et 42mm selon la pointure. La définition de la largeur est laissée libre selon le fabricant. Les embouts sont placés au niveau du bout de la botte. Il existe également les protecteurs latéraux contre les coupures, et la protection du métatarse contre les chutes au niveau de l’avant pied. En ce qui concerne les semelles, il existe différentes caractéristiques. Il existe, tout d’abord, la semelle anti-perforante permettant d’éviter les blessures en cas de copeaux métalliques au sol. L’isolation du froid ou de la chaleur peut être une autre caractéristique de la semelle. Cette dernière, antidérapante contre la glissade est aussi fabriquée. Elle peut être conductrice empêchant l’accumulation de charges électriques. Enfin, antistatique réduisant l’accumulation d’électricité statique, résistante à la chaleur de contact ou aux hydrocarbures sont d’autres caractéristiques que l’on peut trouver sur le marché. Au niveau de l’arrière de la chaussure, on peut trouver des protecteurs de malléoles. Le talon absorbeur a été conçu pour amortir l’énergie de choc d’au moins 20 joules lors de sauts ou de chute. Il faut savoir qu’une chaussure de sécurité ne porte pas toutes les protections supplémentaires. 1.4.4 Evolution des chaussures de sécurité L’acceptation des chaussures de sécurité est très discutée. En effet, cette chaussure est lourde et rigide en autre. Aujourd’hui, des améliorations ont été apportées. Tout d’abord, l’arrivée des femmes dans le secteur primaire a permis le développement de l’esthétisme des chaussures de sécurité. Cette arrivée a permis la féminisation des chaussures de travail. De plus, des matériaux diversifiés sont utilisés. Par exemple, le cuir se déforme facilement, et peut donc s’adapter au pied. Le caoutchouc possède la caractéristique d’étanchéité. L’utilisation de matériaux synthétiques pour l’embout de protection diminue le poids du chaussant et étant plus agréable que l’acier. Le caoutchouc, le textile ou divers polymères sont plus légers que le cuir. Ainsi le poids des chaussures est moins important qu’auparavant avec l’utilisation de nouveaux matériaux. Certains de ces derniers sont aussi plus respirants. De plus, lors de l’achat des bottes, on peut observer le taux de perméabilité à la vapeur d’eau. Un taux élevé signifie qu’il y a une bonne évacuation de la transpiration. En revanche, ce taux est antagoniste à l’étanchéité. Il existe également la caractéristique suivante : la capacité d’absorption de la sueur. Enfin, aujourd’hui, on peut acheter des bottes ayant des tiges au niveau du mollet de différentes dimensions. De nombreuses améliorations ont été apportées. Je me demande ainsi si elles sont suffisantes. 10
1.5. Un regard « critique » du pédicure-podologue sur le chaussant agricole D’après le tableau réalisé ci-dessus, il apparaît que la botte de travail ne contient pas d’embout de protection. Ainsi, dans le monde agricole, elle ne devrait pas être portée. En effet, l’environnement des travailleurs agricoles contient de nombreux risques notamment l’écrasement par un objet, par le sabot d’un animal ou par une machine agricole. De plus, on remarque qu’il n’y a pas de cambrion. Ce dernier, est une pièce allongée, placée dans l’épaisseur du semelage, ayant pour rôle de soutenir la voute plantaire. Par conséquent, la voute n’est pas maintenue, et le pied s’affaisse. Les chaussures peuvent donc se déformer sous le poids du corps et selon l’aspect pathologique du pied. Sachant que sans cambrion, le chaussant est trop souple et se tord facilement sur son grand axe. Ensuite, on observe qu’elle ne contient pas de contrefort28. Ainsi, l’arrière pied n’est pas maintenu. La présence, principalement de terrains accidentés dans le monde agricole, peuvent entrainer des entorses, des chutes en conséquence de l’instabilité du pied. La présence d’une tige haute et d’une semelle anti-perforation ne permettent pas le bon déroulement du pas. De plus, la dureté de la semelle anti-perforation peut être gênante voire douloureuse. La hauteur de la tige ne permet pas l’aération du pied. Pourtant, sa longueur protège des fluides et la semelle anti-perforation, des débris métalliques. La zone d’emboitage sans lacets de l’ensemble des bottes peut être contraignante. En effet, il n’y pas de maintien du pied et de la cheville. Ainsi, lors de la marche sur des terrains non lisses, le risque d’entorses est augmenté. En revanche, sans lacets, la chaussure est facilement enfilée, excepté pour les bottes contenant des tiges resserrées au niveau des mollets. La présence de coutures au niveau des chaussures de sécurité peut entrainer une gêne, voire, une blessure. Ces dernières sont dues au frottement entre la couture et le pied, surtout après une journée complète de travail. Le poids des bottes est élevé ce qui entraine une contrainte pour le pied. C’est également signe d’inconfort. Sachant que les agriculteurs marchent, et piétinent beaucoup au cours d’une journée jusqu’à 12h de travail parfois. Sur le marché, il existe différents prix pour les bottes. Ces différences m’interpellent : Quel prix pour quelles bottes ? Pour quelle qualité ? Pour avoir des bottes de qualité, qui dure dans le temps, il faut mettre un prix conséquent ? Le volume chaussant large permet de chausser tous les pieds, même ceux ayant des déformations. Différentes caractéristiques pour une chaussure permettent de protéger au mieux le pied sans le contraindre. 28 Sert à maintenir le talon du pied en place 11
2. Pathologies rencontrées chez les travailleurs agricoles Les pieds sont « les outils » principaux des travailleurs agricoles. Ils sont sollicités en continuité lors de l’activité professionnelle. Par conséquent, les pieds sont importants pour les exploitants. S’ils sont associés à des chaussures non ergonomiques à leur activité, cela peut être dommageable pour le professionnel. En outre, de nombreuses contraintes s’exercent sur l’ensemble du corps et plus particulièrement sur les pieds. Auparavant, j’ai pu observer que l’ensemble des agriculteurs sélectionnés marchent et piétinent beaucoup au cours de leurs activités jusqu’à 12 heures de travail par jour. En outre, les chaussures doivent pouvoir accompagner et protéger au mieux les pieds des exploitants. Comme le disent les médecins BENICHOU et LIBOTTE (2002, p192) « la chaussure vise d’abord à protéger le pied et faciliter la marche, quelles que soient les conditions extérieures. Elle doit donc accompagner les mouvements du pied et les contrarier le moins possible » Pourtant, aujourd’hui, on peut retrouver d’après l’INRS29 des tableaux regroupant des maladies professionnelles touchant les professionnels agricoles. Ces documents démontrent que ces maladies touchent principalement les pieds. A travers cette partie, j’expose les pathologies rencontrées chez les agriculteurs au niveau des membres inférieurs. Ces pathologies sont étudiées et analysées en fonction du milieu agricole et des chaussures utilisées. 2.1 Tableaux de l’INRS L’INRS, association 1901, est un organisme généraliste en santé et sécurité au travail qui intervient en lien avec les autres acteurs institutionnels de la prévention des risques professionnels. Il propose des outils et des services aux entreprises. Cette association a réalisé des tableaux regroupant les maladies dites professionnelles. D’après l’INRS, « Une maladie est dite professionnelle si elle est la conséquence directe de l’exposition d’un travailleur à un risque physique, chimique ou biologique, ou résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité professionnelle et si elle figure dans un des tableaux du régime général ou agricole de la Sécurité sociale. » Chaque tableau comporte la description de la maladie, le délai de prise en charge, les travaux susceptibles de provoquer l’affection en cause, et pour certaines affections la durée d’exposition au risque. Ainsi à l’aide des tableaux 15 et 39 du régime agricole et à l’aide de l’ouvrage Pied, chaussage et pathologies professionnelles (FOUQUET et al, 2009), j’évoque par la suite les différentes pathologies rencontrées dans le milieu agricole. 2.2. Les pathologies dermatologiques 2.2.1 Les atteintes unguéales Tout d’abord au niveau dermatologie, on trouve des onyxis. Ces derniers se caractérisent par des déformations de l’ongle telles que la destruction partielle ou totale, l’épaississement, les striations, les fissurations, l’hyperkératose sous ou péri-unguéale. Ces inflammations ou infections sont dues à des conflits entre le pied et la chaussure ou 29 Institut national de recherche et de sécurité 12
font suite à des déformations du pied. Les mycoses unguéales sont une forme d’onyxis. Ce sont des champignons se développant de préférence dans un milieu humide et grâce à une lésion ou un soulèvement de l’ongle. Ce soulèvement de l’ongle peut être dû aux microtraumatismes répétés sur l’ongle. Les microtraumatismes sont favorisés par la station debout prolongée, l’appui sur l’avant pied et le conflit entre le pied et l’embout de protection rigide. Sachant que les travailleurs agricoles piétinent et marchent énormément. Des microtraumatismes répétés peuvent provoquer le décollement des ongles. De plus, le temps de travail et la fermeture totale du chaussant, provoquent une certaine humidité dans les chaussures, milieu de prédilection des mycoses. L’hématome sous-unguéal, est une lésion qui peut également se rencontrer chez les exploitants agricoles. Il se forme suite à un traumatisme direct, comme l’écrasement par un objet lourd, le sabot d’un animal ou par conséquence de microtraumatismes avec les chaussures lors de la station debout prolongée. L’ongle incarné est à même d’affecter les travailleurs. De nombreux facteurs favorisent son apparition. L’hypercourbure de l’ongle dû à des contraintes statiques est le facteur principal. Associé à des déformations comme l’hallux valgus ou encore la rigidité du chaussant augmente le risque d’incarnation de l’ongle. Le milieu humide ainsi que le conflit entre orteils, selon les différentes déformations des pieds rencontrées, sont également à prendre en compte. Le serrage excessif et la rigidité de la chaussure de sécurité peut avoir des conséquences sur la présence d’un ongle incarné. En revanche, les bottes sont souples et ne contiennent pas de lacets. 2.2.2 Les atteintes cutanées L’eczéma allergique, à un des composants de la chaussure de travail, est susceptible de se développer au niveau de la peau plutôt en dorsal et sur les orteils. Parmi les allergènes, on identifie plus fréquemment les accélérateurs et antioxydants du caoutchouc, les colles néoprènes, le chrome, les agents tannant du cuir, les teintures, les matières plastiques ou encore le nickel. Ces allergies existent, puisqu’aujourd’hui sur le marché nous retrouvons des bottes fabriquées en caoutchouc, en plastique ou en cuir. Les colles néoprènes servent à assembler les semelles. On peut également rencontrer des mycoses au niveau de la peau. Ces champignons sont les mêmes que pour les ongles et se développent ainsi dans les mêmes conditions. Les mycoses au niveau de la peau provoquent des démangeaisons parfois importantes et se localisent surtout au niveau des espaces interdigitaux, espaces resserrés dans les chaussures. On peut souligner, que dans les bottes de protection et de sécurité, la présence d’une coque contribue au conflit entre les orteils et à l’absorption de l’humidité. On retrouve également des hyperkératoses, comme des durillons, des cors ou encore des callosités. Ils se forment suite aux frottements du pied avec la chaussure lors de la marche. Ils sont facilités par les conflits par microtraumatisme répété. Ces hyperkératoses peuvent être douloureux. Lors de la marche, des phlyctènes peuvent se former, conséquence du conflit répété entre le pied et la chaussure. Ainsi l’épiderme, couche superficielle de la peau se décolle. On peut trouver à l’intérieur du liquide séreux. L’humidité et la chaleur favorisent l’apparition des ampoules, ainsi que le gonflement du pied. L’hyperhidrose est une pathologie se caractérisant principalement par une macération et une bromhidrose (odeur nauséabonde). Elle touche plus particulièrement les jeunes hommes, sportifs, portant des chaussures et chaussettes synthétiques, stressé, émotif. 13
D’autres facteurs sont à prendre en compte. Elle entraine eczéma, mycoses, surinfection, gêne sociale. L’hyperhidrose se localise essentiellement en plantaire. Associée au chaussage clos comme les bottes en matière synthétique, elle favorise le développement des champignons. L’ensemble de ces pathologies est à même de se rencontrer chez l’ensemble des agriculteurs sélectionnés puisque la plupart du temps la marche, la station debout prolongée sont les mouvements effectués lors de l’exercice de leurs professions. Ces mouvements entrainent des contraintes entre le pied et la posture. Le conflit par microtraumatisme répété (frottements) est responsable de nombreuses pathologies décrites auparavant. Ainsi, le port de bottes chez les exploitants peut devenir une contrainte. Les travailleurs agricoles peuvent être atteintes par d’autres pathologies. 2.3. Les troubles musculo-squelettiques au niveau des membres inférieurs Dans l’ouvrage Pied, chaussage et pathologies professionnelles (FOUQUET et al, 2009), une étude a été réalisé sur les symptômes musculo-squelettiques des membres inférieurs et du pied chez des salariés de la région Pays de la Loire. Suite à une surveillance épidémiologique faite par les médecins généralistes participants, des tableaux récapitulatifs ont été réalisés. Dans le tableau de la prévalence des symptômes de la cheville et du pied au cours des 7 derniers jours, réalisé en fonction des secteurs d’activité, on dénombre 5.4% de prévalence pour le domaine de l’agriculture. Cette observation n’est pas négligeable. Au niveau du tableau regroupé en fonction des catégories socioprofessionnelles, chez les ouvriers agricoles et assimilés, il y a 9.3% de prévalence des symptômes de la cheville et du pied lors des 7 derniers jours. Ainsi il est important de pouvoir étudier ces troubles musculo-squelettiques et de les prévenir. 2.3.1 Les atteintes traumatiques L’entorse de cheville est l’atteinte traumatique la plus fréquente, due à un ensemble de facteurs favorisants. Un sol accidenté ou un chaussage mal adapté ou large sont certains de ces facteurs. En effet, les travailleurs agricoles exercent dans un milieu naturel ou le sol n’est pas lisse mais boueux, caillouteux par exemple. L’environnement naturel est favorable à un risque de chute et donc aux entorses de chevilles, luxations ou fractures. De plus, les bottes, ont une zone d’emboitage large, sans fermeture comme le laçage ou les boucles. Par conséquent, le pied n’est pas maintenu dans la chaussure. Ce non maintien facilite les entorses. Par ailleurs, l’absence de contrefort dans certaines bottes augmente le risque d’entorses, puisque l’arrière pied n’est pas maintenu en plus de l’avant pied. Un traumatisme au niveau du talon est vite arrivé lors d’une chute d’un tracteur par exemple. Cette chute peut entrainer des fractures du talus ou du calcanéus. Ainsi, la présence d’un talon absorbeur, pièce rajoutée dans une chaussure de sécurité, permet d’éviter ces blessures. Au niveau du médio-pied et de l’avant-pied, les factures, les luxations, ou les entorses sont souvent dues à une chute d’objet. Dans le milieu agricole, les sabots des animaux 14
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