Les combattants de la guerre 14 - 18 au cimetière communal de Bobigny - Jean Joubert
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SOMMAIRE 1 ère partie L’inhumation des premières victimes dans le cimetière communal 1- Les inhumations durant la période des hostilités 1914-1918, Page 6 consignées sur les registres. 2- Les inhumations après la fin de la guerre, consignées sur les Page 13 registres. 3- Les inhumations à partir de 1923 en dehors de la division Page 16 militaire, consignées sur les registres. 4- Les autres inhumations, non consignées sur le registre. Page 17 2 eme partie La division 20, réservée aux militaires 1- Les 24 inhumations de combattants de la guerre Page 12 2- Des évocations de la dureté des combats. Page 27 3- La division 20, première division militaire, hier et aujourd’hui. Page 28 4- La division 23, nouveau carré militaire Page 30 5-Situation des tombes des combattants 14-18 dans le cimetière Page 31 6- Au-delà des sépultures, d’autres traces de la « Grande Page 34 guerre » au cimetière communal Annexes Liste des victimes de la guerre 14-18 inhumées dans le cimetière Page 36 de Bobigny -2-
Travail réalisé dans le cadre de la Commission d’histoire locale, Ville de Bobigny Grand merci à Alain Milord, pour sa disponibilité et sa gentillesse -3-
Avertissement Ecrire l’histoire repose sur l’étude des sources. Pour les combattants Balbyniens de la guerre 14 -18 les sources sont multiples : étude des registres d’état civil où sont consignées les déclarations de décès, lecture des registres du cimetière où sont listées les inhumations, recherches de traces visibles : tombes, plaques commémoratives, lecture des journaux de l’époque notamment le Journal de Saint-Denis et surtout consultation du site du Ministère de la défense : le Mémorial Mémoire des Hommes où sont déposées les fiches des soldats Morts pour la France. Toutes ces sources méritent d’être analysées car elles ne sont pas exemptes d’erreur, sur l’orthographe des noms, sur la nature des prénoms et sur les dates voire sur les lieux. Ceci rend parfois difficile l’affirmation de certains faits. Devant un nom identique et des prénoms différents, s’agit-il de la même personne ? Ajoutons à ces difficultés le fait que, durant les années de guerre, l’administration locale balbynienne a probablement dû faire face à des difficultés importantes, d’où des oublis, par exemple un nombre important de tombes sont retrouvées dans le cimetière mais elles ne figurent pas sur le registre des inhumations ! De plus l’appellation Mort pour la France, retrouvée régulièrement sur les registres, obéit à des règles strictes. Dans les écrits cette qualification est souvent lue sans que la preuve de la qualification Mort pour la France puisse être donnée. De tout cela il ressort que cette étude est probablement entachée d’erreurs. Que le lecteur veuille bien nous en excuser tout comme les familles des combattants qui font l’objet de ce travail. Jean Joubert Mars 2008 -4-
Dans tout l’est et le nord de la France, là où se sont déroulés les combats de la « Grande guerre », de nombreux cimetières parsèment le paysage. Un grand nombre de victimes du conflit y sont enterrées, mais quelques unes ont été inhumées dans leur village d’origine. Soit parce que le corps a été récupéré par la famille, soit parce que le combattant, blessé, est venu mourir dans un hôpital de l’arrière. Quatre vingt-dix ans après l’armistice, le cimetière communal de Bobigny conserve encore le souvenir d’une cinquantaine de sépultures de combattants de la guerre 14 – 18. A travers elles, c’est un lien direct qu’il est permis d’établir avec nos anciens. Cette étude, qui complète « Sur les Traces des Balbyniens Morts pour la France 14-18 », évoque quelques uns d’entre eux qui reposent toujours près de nous.1 1 L’Etude de Jean Joubert, « Sur les traces des Balbyniens Morts pour la France 14 – 18 », octobre 2007,est consultable aux Services de archives communales de la ville de Bobigny. -5-
Il existe deux façons, naturellement complémentaires, pour retrouver la trace des balbyniens victimes de la Guerre de 14 - 18 enterrés dans le cimetière communal : soit rechercher les tombes portant des inscriptions évocatrices : noms des Morts pour la France (MPF) lorsqu’ils sont connus ou gravure de cette qualification MPF sur les pierres tombales, soit étudier les registres des inhumations. Au cimetière communal de Bobigny ces registres permettent de retrouver le nom du défunt, quelquefois le prénom, la date de la mort, celle de l’inhumation, parfois l’âge de la victime, exceptionnellement son adresse, la localisation de la tombe (numéro de la division et de la fosse) et la durée de la concession. Figure également, source précieuse, l’inscription MPF. Celle-ci est notamment visible pour les soldats enterrés après la fin du conflit. Durant cette étude nous évoquerons souvent la plaque commémorative dédiée aux Morts au Champ d’Honneur érigée vers 1923 par une souscription lancée par le curé de Bobigny, l’abbé Canet, en partenariat avec l’Union Nationale des Combattants. Dans le texte cette plaque sera appelée « plaque commémorative », « plaque » ou encore « plaque du souvenir ». Il sera fait état également du Journal de Saint Denis qui couvrait l’actualité communale pour la banlieue nord est de Paris. On y trouve de nombreuses informations concernant Bobigny et, pendant les années de guerre, une importante source d’informations. Enfin nous évoquerons régulièrement le site Internet 2, du Ministère de la défense « Mémoire des Hommes » que nous nommerons, « site », ou « Mémorial » qui recense les 1 300 000 soldats (et quelques civils) ayant reçu la mention Morts pour la France. Chaque soldat possède une fiche, librement consultable, source d’informations très précieuse. Durant les combats, lorsqu’ils étaient retrouvés, les corps des victimes étaient enterrés sur place de façon provisoire. Par la suite, les familles se battront pour récupérer le corps de leurs proches. Pour beaucoup de disparus, il faudra souvent attendre des jugements pour que la victime soit officiellement reconnue « morte pour la France » par les pouvoirs publics. Les registres d’état civil et les fiches du mémorial « Mémoire des Hommes » portent la trace de ces jugements intervenus des années après la fin des hostilités. Dans le cimetière il existe trois « catégories »s de sépultures. Celles, peu nombreuses, ayant accueilli des victimes durant les années du conflit et celles les ayant accueilli après les années de guerre dans des caveaux de famille ou dans des concessions propriétés des familles et enfin des sépultures spécialement dédiées à l’accueil des MPF dans une division « militaire » spécialement créée. 2 http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/ -7-
1- Les inhumations durant la période des hostilités 1914-1918, consignées sur les registres. Pour Bobigny, les victimes (plus de 190 recensées au travers de l’étude de Jean Joubert) étaient, soit des Balbyniens issus de familles anciennes et dont certaines disposaient d’un caveau de famille, soit des Balbyniens plus récents voire des Balbyniens simplement employés sur la commune. Durant les premières années de guerre les inhumations de combattants sont rares dans le cimetière. Elles concernent surtout des soldats blessés au combat et morts au cours de leur traitement dans un hôpital de l’arrière et qui disposent d’un caveau de famille. La plus ancienne connue est celle d’Hippolyte Javoy, premier mort Balbynien à la guerre ayant eu droit à des funérailles dans la commune. Il repose depuis le 30 novembre 1914 dans le caveau de famille, dans la division 6, une des plus anciennes divisions du cimetière. Pour son enterrement la population de la commune s’était rassemblée autour du Conseiller général, M. Collardeau, du Maire et de tout le Conseil municipal. Le député M. Laval, s’était fait excuser. Hippolyte Eugène Javoy avait été blessé par un obus allemand près de Dixmude et évacué vers l’hôpital militaire de Beauvais où il décède le 28 novembre. Il avait 25 ans et était maraîcher. Cet évènement dramatique a été couvert par le Journal de Saint-Denis dans son édition du 20 décembre 1914. Son nom figure sur la plaque commémorative érigée à l’initiative du curé de Bobigny, l’abbé Canet, qui, après la démolition de l’église où elle se trouvait, a été réinstallée depuis le milieu des années 80 sous le préau du cimetière. Elle comporte 160 noms de « Balbyniens Morts au Champ d’Honneur ». Dans l’étude précédemment citée nous avons remarqué que de nombreux Balbyniens MPF ne figuraient pas sur cette plaque et que d’autres noms y figurant n’ont jamais été retrouvés, ni à l’état civil, ni sur les registres du cimetière ni sur le site du Ministère « Mémoire des hommes ». Avant Hyppolite Eugène Javoy, d’autres Balbyniens étaient déjà morts aux combats dans les quatre premiers mois du conflit ; notamment Georges Jean premier tué Balbynien connu, mort le 22 août après seulement trois semaines de combat. Aucun n’a eu droit à des funérailles dans le cimetière communal. Dans la furie des combats, récupérer le corps d’une victime était une tâche très difficile et même parfois impossible. De nombreuses fiches de victimes portent l’inscription « disparu au combat », le corps n’ayant jamais pu être retrouvé. A Bobigny, les familles des victimes ne disposant pas de concession et voulant faire enterrer leur(s) proche(s) au cimetière communal vont se trouver devant une difficulté locale : le manque de place -8-
Depuis le début du vingtième siècle, la population de Bobigny augmente régulièrement3 et de façon très sensible. Dès le début du conflit le petit cimetière communal est plein. A la fin du conflit, le Conseil municipal étudie l’agrandissement du cimetière, agrandissement rendu encore plus nécessaire depuis que la Loi du 31 juillet 1920 précise que les familles de soldats « Morts pour la France » sont autorisées à faire revenir aux frais de l’Etat les corps de leurs parents décédés. Le 18 novembre 1920, le Conseil municipal délibère : » Vu l’exiguïté actuelle du cimetière et en raison de l’agrandissement projeté il sera accordé pour les soldats de Bobigny « Morts pour la France » une concession de cinq ans avec la faculté donnée pour la famille et sur sa demande de renouvellement par période de cinq années. Pour les sépultures dont le renouvellement ne sera pas demandé, les ossements seront exhumés et placés dans un caveau commun à installer dans le cimetière projeté. Cette délibération du Conseil municipal ressemble fort à un service minimum. Pour la majorité de l’époque, la guerre constitue avant tout un drame qui n’a fait que des victimes. Il n’y a pas trace d’appellation de Morts pour la France ou Morts au champ d’honneur mais seulement des appellations « victimes de la guerre ». Le Maire de l’époque, Jean-Marie Clammamus refuse même de faire un discours à l’occasion des cérémonies de la Toussaint ; ainsi à l’occasion des cérémonies de 1922 : M le Maire déclare qu’il entend ne pas prononcer de discours, ne tenant pas à prononcer sur la tombe de ceux qui reposent au cimetière, des paroles qui ne seraient peut être pas l’expression de ces derniers lorsqu’ils étaient existants. En 1922, un débat agite les Balbyniens depuis la fin du conflit, celui du retour des corps des militaires du front. Face aux légitimes demandes des familles, le Maire a évoqué le manque de place au cimetière pour autoriser ce retour des corps, mais la situation s’améliore grâce à l’agrandissement du cimetière. Ainsi lors de la séance du 13 novembre 1922 : Sujet : Retour des corps de militaires du front – Inhumation au cimetière communal : Monsieur le Maire indique au Conseil que lors des demandes des familles pour le retour des corps de militaires du front, il n’a pas été possible, pour des raisons de manque de place, d’autoriser ces retours. Mais maintenant que l’agrandissement du cimetière est presque terminé, il y a lieu de donner satisfaction et d’envisager l’attribution aux familles d’une concession renouvelable de cinq années. Cette pratique du renouvellement des concessions gratuites par périodes de cinq années permettrait, en cas de disparition des familles, à la municipalité de procéder à la translation des restes dans un ossuaire Il indique que d’autre part, comme il a été décidé antérieurement sur les grosses économies réalisées sur les travaux d’agrandissement du cimetière par la suppression d’un étage au pavillon du conservateur, de la marquise abris et de différents autres petits travaux, l’érection d’un monument était envisagé et que dans la construction de ce dernier, un emplacement de capacité suffisante serait réservé pour recevoir dans un temps plus ou moins éloigné des boites contenant les ossements de soldats dont les sépultures ne continueraient pas à être entretenues par les familles. Le Conseil Ouï l’exposé de Monsieur le Maire Vu l’agrandissement du cimetière communal 3 1946 habitants recensés en 1901, 3665 en 1911 et 6757 en 1921 -9-
Délibère Un emplacement de deux mètres superficiel sera concédé aux familles des militaires morts à la guerre, pour l’inhumation des restes des dits militaires ramenés du front. Cet emplacement sera concédé pour une période de cinq années renouvelable au gré des familles, En cas d’abandon par les familles des dites concessions, la Municipalité fera procéder à l’exhumation des restes pour leur ré inhumation dans un ossuaire spécial que le Conseil se propose d’ériger au cimetière communal. Pour accueillir ces nouveaux corps une division spéciale est crée : la division 20, réservée aux fosses militaires sur le plan d’époque du cimetière. Dès 1923 elle accueillera les premiers corps. Détail du plan du cimetière agrandi, la légende cite les 36 fosses militaires de la division 20. A partir du registre des inhumations, il est possible de reconstituer l’occupation de ce « carré militaire » dont les premières inhumations de combattants de 14 - 18 remontent à 1923 Elles se prolongeront avec d’autres militaires morts en dehors de la « Grande guerre ». Entre temps les familles disposant d’un caveau ont déjà fait ensevelir leurs proches. Nous détaillerons dans la seconde partie l’occupation de la division 20, division des fosses militaires. A l’occasion de l’agrandissement du cimetière, les divisions sont rebaptisées L’ancienne signalétique appelant les divisions par des lettres (division A, division L, M etc.) est remplacée par une numérotation toujours en vigueur aujourd’hui. C’est celle qui figure sur ce plan4, probablement établi à l’occasion de l’agrandissement. A l’administration du cimetière, n’y a pas trace de la correspondance entre la désignation par lettres et celle par chiffres des divisions, ce qui complique le repérage des sépultures anciennes. Chronologiquement, le second mort Balbynien MPF, Vaugelade Auguste, est décédé à Niort dans les Deux-Sèvres le 13 décembre 1914 et enterré le 17 décembre. Cette mort loin 4 Voir page suivante et détail ci-dessus. - 10 -
du front évoque une mort suite « aux blessures de guerre ». Par la suite deux autres Vaugelade, Eugène et Louis viendront rejoindre leur frère, réunis dans la mort. La plaque annonce : les trois fils Vaugelade ! Leur belle tombe en granit rouge se trouve dans la division 5. Une plaque discrète, actuellement posée à même le sol au pied de la tombe est dédiée : A NOS TROIS FILS, EUGENE, AUGUSTE ET LOUIS VAUGELADE MORTS POUR LA PATRIE. Plan sur lequel figure la nouvelle division 20, celle des « fosses militaires » - 11 -
Le troisième « Mort pour la France » enregistré sur les registres est « Réfé » le 26 février 1915, sans autre détail. Il s’agit d’Henri Réfé, du 147e régiment d’infanterie, né à Bobigny le 24 octobre 1893 et inscrit comme MPF sur le registre d’état civil de la commune bien que son nom ne soit pas retrouvé sur le site du mémorial. Il a été inhumé dans la division M, place 225 (actuelle division 12) Le 17 février 1918 est enterré un « Chaperon » mort à Bobigny à l’âge de 22 ans. Dans le recensement des Balbyniens MPF il existe un Chaperon Louis Désiré dont la fiche du mémorial est masquée5 et nous indique seulement sa date de naissance 12 avril 1896, ce qui correspond bien à l’âge de 22 ans, mais ne nous indique pas les circonstances de la mort. Par ailleurs Chaperon Louis figure sur la plaque commémorative. Son corps sera déplacé dans une autre tombe le 2 décembre 1919 (division L, 11e fosse). Un cinquième MPF est enterré avant la fin de la guerre, il s’agit de Boireau Jules inhumé le 29 août 1918, mort des suites de maladie à Levallois (Seine). Il est inhumé le 29 août 1918 à la place 58 de la division K, actuelle division 3. A notre connaissance, seuls cinq combattants, morts des suites de blessures ou de maladies, loin du front, et pour lesquels on retrouve une inscription sur le registre des inhumations, ont été enterrés dans le cimetière durant les années de guerre. Dès la fin de celle-ci de nombreuses autres inhumations vont avoir lieu. 5 La personne recherchée a bien obtenu la mention 'Mort pour la France'. Toutefois, conformément aux dispositions de la loi du 3 janvier 1979 sur les archives, la fiche le concernant comportant des informations à caractère médical ne peut être communiquée sur Internet. - 12 -
2- Les inhumations après la fin de la guerre, consignées sur les registres. La première concerne Adrien Foudriat dont la fiche du Mémorial est masquée. Mort à Paris le 24 mars 1919, probablement des suites de blessures. Inhumé en première instance dans la fosse commune le 27 mars 1919, il sera réinhumé dans la fosse 17 de la division militaire le 21 juillet 1924 et à nouveau déplacé en 1953 dans le nouveau (et actuel) carré militaire, où sa tombe est visible avec l’inscription Adrien FOUDRIAT 1881 – 1919, Mort pour la France. A l’été 1919, les deux autres frères Vaugelade sont enterrés. Eugène Vaugelade mort à Bois le Prêtre dans la Marne le 9 avril 1915 et Louis Vaugelade, mort à l’hôpital de Chaumont le 3 janvier 1917. Eugène est enterré le 4 juillet et Louis le 10 août. Ils reposent ensemble dans la division 5, jadis division E, une des plus anciennes du cimetière. Les enfants Vaugelade étaient né à Massy et étaient venus vivre à Bobigny. Le 16 avril 1920, un soldat au nom de Salaün est enterré dans la fosse commune. Il a 28 ans. Le registre ne nous apprend rien de plus sauf que le 30 août 1925 son corps est déplacé dans la division militaire n° 20 dans la 19e fosse (il sera a nouveau déplacé dans la division 21 le 28 avril 1934). Lors de la première exhumation, le registre signale « MPF ». Ce qui semble confirmé par la place faite dans le carré militaire. Il n’y a aucune fiche à ce nom sur le site du Mémorial, ni à l’état civil de Bobigny. Un autre soldat, Vincon, signalé comme « militaire » mort dans la Marne sur le registre a été enterré le 13 avril 1921 dans l’ancienne division J. Aucune trace de lui n’est retrouvée sur le site du ministère ni sur les registres d’état civil de Bobigny. Trois ans après l’armistice, les familles commencent à faire rapatrier les corps de leurs proches. Ainsi le 19 juin 1921, Ludet Victor, mort des suites de blessures le 16 juillet 1918 à Verteuil dans la Marne, est enterré dans la division L. Il était né à Bobigny et son nom figure sur la plaque du cimetière. Dans la division 3, dans le caveau de famille repose Georges Lemaître, né à Bobigny le 30 décembre 1887 et mort dans les Ardennes le 28 août 1914 « disparu » au combat. Son inhumation a eu lieu le 6 novembre 1921, preuve que son corps a été retrouvé. Auparavant le 20 octobre 1920, son décès avait été enregistré par l’état civil, six ans après sa « disparition ». Son nom figure sur la plaque commémorative. Sur le registre du cimetière il est le premier à être cité comme MPF, cependant le registre inscrit un « Lemaître », sans prénom qui serait mort en 1915 ! Une erreur de transcription a-t-elle été commise? En 1922, ce sont six inhumations qui auront lieu, toutes dans des caveaux de famille en attendant l’agrandissement du cimetière. Le 1 mars est enterré Jean Rose, soldat non signalé dans le Journal de Saint-Denis, non trouvé au registre de l’état civil de Bobigny et dont le nom ne figure pas sur la plaque du cimetière. C’est uniquement grâce au registre des inhumations que ce « nouveau » MPF Balbynien a pu être retrouvé. De ce fait, il n’a pas été pris en compte dans l’étude précédemment citée. Jean Rose est mort, selon la fiche du mémorial « d’un coup de feu reçu au combat, tué à l’ennemi » le 15 juillet 1918 dans la Marne. - 13 -
Il repose dans la division L, au numéro 307 dans un caveau de famille Une plaque à son nom, inspirée de celles que portaient les militaires de militaire, est connue. Elle évoque la date et le lieu de sa mort. Le 7 mai 1922 deux soldats seront enterrés le même jour. Un Lambert, dont on ne possède que l’inscription MPF sur le registre du cimetière et qui est inhumé dans le caveau « Marcq-Lambert » et Victor Cantillon, qui figure sur la plaque. « Tué à l’ennemi » le 10 octobre 1918 à un mois seulement de l’armistice à Saint-Martin l’Heureux dans la Marne. Il repose dans le caveau de famille où est gravé l’inscription Morts pour la France. Le caveau est orné d’une photographie de lui en uniforme. Il était né dans le 10e arrondissement de Paris le 21 juillet 1896 et exerçait en tant que second canonnier conducteur au 224e régiment d’artillerie de campagne. Médaillon de Victor CANTILLON Un autre MPF inscrit sur le registre est Castanet Ludovic Henri mort des suites de blessures de guerre dans la Meuse le 29 octobre 1916. Son décès a été enregistré par l’état civil de Bobigny dès le 28 février 1917. Il ne figure pas sur la plaque commémorative mais il possède une fiche au mémorial Mémoire des hommes. Il repose dans le caveau de famille. Le 3 juillet 1922 est enterré dans le caveau de famille : « Fournillon, MPF selon le registre des inhumations. Fournillon Léon était né à Bobigny le 26 janvier 1895. Il était « soldat » au 147e régiment d’infanterie. Il est mort le 1er juillet 1915 à l’hôpital militaire de Verdun. Curieusement, son acte de décès, a été transcrit aux Pavillons-sous-Bois. Médaillon de Léon FOURNILLON Sur le caveau, la famille a fait placer un médaillon de lui en uniforme où est visible le « 147 » de son régiment. - 14 -
La dernière victime enterrée en 1922 est un peu particulière puisqu’il s’agit de la seule victime civile ayant été considérée MPF connue pour Bobigny : Wauquier, mort dans l’Aisne à 59 ans et qui repose dans le caveau de la famille dans la division 6. L’inscription MPF figure sur le registre des inhumations avec le qualificatif « civil ». Il est à noter que les inscriptions gravées sur la tombe ne correspondent pas. Il est fait mention de Wauquier Eugène comme MPF (1882-1918). Il existe aussi sur le site du Ministère un Wauquier Eugène mort dans l’Aisne en 1918 et dont les dates sont différentes. En 1923, enfin, le cimetière s’agrandit. Une division spéciale est prévue pour accueillir les militaires. Pour eux, le Conseil municipal a prévu une concession gratuite pour cinq années. Passé ce délai, sans entretien de la part des familles, il était prévu de mettre les restes mortuaires dans un ossuaire qui devait être construit avec le monument aux morts. Sur le plan ancien, au bout de la division 20, figure le tracé d’un ossuaire. A notre connaissance jamais ces ossuaires n’ont été réalisés. La division « militaire » comporte, dès sa création 36 emplacements. - 15 -
3- Les inhumations à partir de 1923 en dehors de la division militaire, consignées sur les registres. A partir de 1923, grâce à l’agrandissement du cimetière de nouvelles divisions sont créées notamment la division 20 réservée aux fosses militaires. Malgré la création de cette division spécialisée quelques familles ont utilisé leur caveau personnel ou une autre concession. Ainsi le 27 janvier 1923, Hecq Armand, né au Bourget, zouave au premier régiment de marche « tué à l’ennemi » le 7 septembre 1914 à Soizy-aux-Bois dans la Marne est inhumé dans le caveau des familles Hecq – Jollin. Ce caveau n’a pas été retrouvé. Daumont Paul, né à Drancy, en 1877, seconde classe au 5e régiment d’infanterie « tué à l’ennemi » le 2 septembre 1918 à 41 ans est enterré le 1er juin 1923 dans la première fosse de la division 19. A coté de lui, dans la fosse 2 de cette même 19e division, le 4 juillet 1923 est enterré Filippi qui d’après le registre du cimetière serait un MPF tué le 24 novembre 1915. Nous n’avons aucun autre détail le concernant. Une tombe gravée à ce nom existe toujours à cet emplacement. Ce 4 juillet 1923 est enterré dans la concession Lafosse, division 26, première ligne, Franquet, mort à Neuville Saint-Vaast dans le Pas-de-Calais selon l’information donnée par le registre qui précise MPF. Aucun soldat portant ce nom et mort dans cette commune n’est retrouvé sur le site du ministère. Quelques années plus tard, le 16 juillet 1926 est enterré dans la division 28, concession 420, Félix Piault, dont le nom figure sur la plaque. Le caporal Piault, du 117e régiment d’infanterie était né à Bobigny le 14 août 1893. Il est mort dès novembre 1914 à Vienne le Château dans la Marne. Sur la pierre tombale est gravé FELIX PIAULT MORT POUR LA FRANCE LE 17 9BRE 1914 A L’AGE DE 21 ANS - 16 -
4- Les autres inhumations, non consignées sur le registre. Les informations consignées sur le registre des inhumations du cimetière sont parfois succinctes : un nom (sans prénom), une date et l’emplacement de la fosse. En parcourant le cimetière, en particulier sa partie la plus ancienne, on retrouve des tombes en lien direct avec la guerre de 14-18 pour lesquelles il n’a pas été retrouvé d’inscription dans les registres. Sans exclure une faute d’inattention dans la lecture de ceux-ci, est-il possible qu’il y ait eu des enterrements dont « l’administration » n’ait pas la trace ? Près d’une dizaine de tombes de combattants ont été ainsi retrouvées. Henri, Eugène, Fontaine est né à Bobigny le 10 juin 1885, il était simple soldat au 147e régiment d’infanterie. Il est mort le 3 octobre 1918, des suites de blessures à l’ambulance 9/5 à Auve dans la Marne. Son décès a été enregistré par l’état civil de Bobigny le 20 juin 1919. Son corps repose dans une sépulture familiale dans la partie la plus ancienne du cimetière, dans la division 4, le long du mur. Sa famille a eu l’idée de le représenter avec une photographie dans sa tenue de militaire. Sur la stèle, une sobre inscription : M HENRI FONTAINE MORT POUR LA FRANCE LE 3 OCTOBRE 1918 A L’AGE DE 35 ANS Un parent, père ou mère a fait poser une plaque de bronze dédié « à mon fils » avec un médaillon le représentant en militaire au repos. Cliché sûrement pris à l’arrière, loin des combats ou avant la mobilisation. Henri Fontaine appartenait au 147e régiment d’infanterie comme Léon Fournillon. - 17 -
Les Fontaine sont une ancienne famille Balbynienne. L’un d’eux fût conseiller municipal. La célèbre boulangerie à l’angle de la rue de la République et de la rue Jean Jaurès porte le nom Fontaine Le nom de Henri Fontaine figure sur la plaque du cimetière. Sa fiche est retrouvée sur le site Mémoire des Hommes. Un autre Balbynien, né à Bobigny le 15 avril 1892 Lefèvre Louis Julien Denis, mort le 10 avril 1915 à Vienne le Châteaux, dans la Marne, repose dans la division 6. Sur sa tombe figure une plaque DENIS JULIEN LEFEVRE, MORT AU CHAMP D’HONNEUR A L’AGE de 25 ANS A VIENNE LE CHATEAU, ornée de sa photo et de sa médaille militaire. Comme nous le rappelle le Journal de Saint-Denis, l’appellation « Mort au champ d’honneur » sera souvent employée pour désigner les victimes avant que la qualification « Mort pour la France » ne devienne officielle. Portrait de Lefèvre Denis Julien - 18 -
Dans cette même ancienne division une tombe discrète, couverte de mousse laisse entrevoir une plaque qui nous révèle la présence de Roussel Marcel né à Bobigny le 21 décembre 1892. Deuxième classe au 91e régiment d’infanterie, il a été tué le 30 septembre 1914 au combat de Servay dans la Marne. Son décès sera officiellement consigné le 27 novembre 1917 sur les registres de Pantin. Marcel Roussel figure sur le site du ministère et, bien qu’étant né à Bobigny, son nom ne figure pas sur la plaque commémorative. Le long du mur bordant la rue Pierre Semard, dans la divisons 12, une division existant depuis le cimetière primitif (autrefois division M), on retrouve plusieurs sépultures de soldats morts à la guerre 14-18. Dans le caveau de la famille Dameron reposent très vraisemblablement les corps de trois frères, tous nés à Bobigny. L’aîné, Dameron Edouard Auguste, né en 1884 a été tué le 23 septembre 1914 à la Neuville Corniey dans l’Aisne. Le plus jeune, né en 1892, Dameron Henr, Marie est mort un mois avant son frère le 31 août 1914, dès le premier mois du conflit. Le cadet, Dameron Michel Léon, sapeur au 10e régiment du génie est mort des suites de blessures de guerre le 30 septembre 1915 après des combats dans la forêt d’Argonne dans la Meuse. Il faut penser à la douleur de la famille qui a perdu trois enfants durant les 13 premiers mois de la guerre. Avec la famille Vaugelade, il s’agit d’une seconde famille balbynienne qui a perdu trois fils. Non loin de cette tombe se trouve celle de Guénot Jean, lui aussi sapeur au 10e régiment du génie, né dans la Nièvre et mort le 19 avril 1915 dans le Pas de Calais. Son nom figure sur la plaque du souvenir. Jean Guénot est inhumé dans le caveau Guénot – Castanet qui a accueillit le 18 juin 1922 Castanet Ludovic Henri mort le 26 octobre à Soilly dans la Meuse des suites de blessures de guerre. Quel était leur lien de parenté ? Un peu plus loin se dresse la tombe du sergent major Lenoir Louis (1877 – 1916) dont la fiche du mémorial nous apprend qu’il a été déclaré à l’état civil de Pantin, ville où il était né. Probablement avait-il de la famille sur Bobigny. Georges Ponton est enterré dans la division 25. Né dans le 7e arrondissement de Paris le 14 septembre 1877, il est mort le 12 décembre 1916 à Versailles. Il a été déclaré à l’état civil de Bobigny. ICI REPOSE GEORGES PONTON MORT AU CHAMP D’HONNEUR le 12 Xbre 1916 DANS SA 38e ANNEE. Dans la division 28 sur la tombe de Colignon Auguste est inscrit MPF 14-18. Il n’est pas connu sur le site du mémorial, ni à l’état civil, ni sur la plaque commémorative. - 19 -
Dans la division 11, une grande tombe surmontée d’une croix abrite la dépouille de Rousseau Armand, dont le nom est gravé sur la plaque du souvenir. Né à Issy les Moulineaux, il est mort le 8 juin 1916 devant Douaumont dans la Meuse à l’âge de 29 ans comme nous le rappelle l’inscription gravée sur le caveau. La division 11 semble avoir été une division active au moment de la guerre. On y retrouve également, à coté de la tombe de Jean Rose, une pierre où est gravé Jollin César, 1898 - 1919 MORT POUR LA FRANCE Il n’y a aucune trace de Jollin sur les registres ni sur le site du Mémorial ni sur la plaque commémorative du cimetière. Dans la division 26, une plaque est dédiée à Chiantaretto Gaston. Dont le nom figure sur la plaque du cimetière. Né dans le Doubs, à Chatillon-le-Duc le 11 mars 1895, il faisait partie du 20e bataillon de chasseurs alpins. Il a trouvé la mort le 31 mai 1916 dans sa vingt deuxième année comme nous le rappelle la plaque. Sur celle-ci figure un portrait de lui et une reproduction d’une de ses médailles. Tous ces soldats, certains déjà connus comme MPF et Balbyniens ont été enterrés dans la partie ancienne du cimetière, là où les familles disposaient d’un caveau ou d’une concession. Même s’il est difficile d’expliquer pourquoi on ne retrouve pas trace de ces inhumations dans les registres du cimetière ils appartiennent bien aux Chiantaretto Gaston combattants victimes de la « Grande guerre ». A la fin de celle-ci, la question du retour des corps des victimes se pose avec acuité. Grâce à l’extension du cimetière en 1923, celui-ci peut enfin accueillir les dépouilles des MPF dans une division spécialement créée pour eux la division 20 - 20 -
Deuxième partie La division 20, réservée aux militaires - 21 -
1- Les 24 inhumations de combattants de la guerre Le registre du cimetière indique seulement : 1923, Miège, MPF, division 20 fosse 1. Il n’ y a pas de précision sur la date, ni sur le prénom. Il n’y a aucune fiche à ce nom sur le site du ministère et ce nom n’a pas été retrouvé sur le registre d’état civil. Malgré cela cet homme est le premier inhumé dans la nouvelle division militaire mise au service des familles désireuses de rapatrier les corps de leurs proches. L’emplacement de la fosse 1 existe toujours sous forme d’un espace de terre nue. Avec lui, en 1923, 17 autres soldats seront inhumés dans le cimetière, dont 14 dans la seule division 20. L’aspect actuel de cette division montre qu’un certain nombre d’emplacements ont été repris et réutilisés pour des inhumations plus récentes. Malgré cela il reste des tombes d’origine où encore des emplacements avec de discrètes plaques de ciment voire un simple espace de terre nue. Sur ces emplacements il n’est pas possible d’affirmer qu’il reste des dépouilles. Selon la réglementation votée par le Conseil municipal, les emplacements étaient mis gracieusement à la disposition des familles pour cinq ans après quoi, à défaut de reprise par les familles, les restes devaient être regroupés dans un ossuaire. Sur le registre du cimetière, il est possible de retrouver la trace d’une prolongation de la concession pour au moins quatre sépultures à l’issue du délai de cinq ans (5e, 7e, 11e et 20e fosse) et pour certaines tombes des concessions trentenaires ont été souscrites. Dans la fosse 2 repose Sautour Jules Léonard mort en Alsace le 29 septembre 1916 et inhumé le 23 mars 1923. L’aspect actuel de la tombe est sobre, un espace de terre nue, une stèle cubique surmontée d’une colonne brisée. Sur le socle est apposée une plaque difficilement lisible mais qui, après nettoyage est évocatrice de l’état d’esprit de certaines familles à l’issue du conflit : Jules Léonard Sautour était né à Paris dans le 11e, le 10 décembre 1884. Il avait été recensé avec la classe 1904, et rappelé pour participer à la guerre. Fantassin au 24e régiment - 22 -
d’infanterie il a trouvé la mort à Hartmannswillerkopf, en Alsace, un des enjeux de cette première guerre mondiale. Son décès a été transcrit à l’état civil de Bobigny dès le 29 décembre 1916. Dans la fosse 3, le 29 avril 1923 a été enterré Robert Paul Antony, première classe au 21e régiment d’infanterie coloniale (compagnie non précisée) mort le 25 septembre 1915 à Massiges dans la Marne. Depuis son corps a été transféré dans le nouveau carré militaire où sa tombe est toujours visible. L’emplacement de la division 20 a été réutilisé par une autre famille. Le même jour dans la fosse voisine, la fosse 4, est transféré le corps du caporal Saffrey Léon, lui aussi tué à Massiges dans la Marne le 24 septembre 1915, la veille de la mort de Robert Paul Antony. Ils étaient tous les deux dans le 21e régiment d’infanterie coloniale, lui dans la 8e compagnie. En général un régiment d’infanterie était divisé en trois bataillons eux mêmes répartis en quatre compagnies. Les deux Balbyniens étaient-ils affectés à la même compagnie ? La veille de sa propre mort, Paul Antony Robert a-t-il vu mourir Léon Saffrey ? Le caveau de la famille Saffrey existe toujours dans la division 20. Médaillon de Saffrey, Léon, Henry Lambert André, repose de puis le 14 mai 1923 dans la fosse 5, dans le caveau de famille. Mort à 18 ans le 18 août 1918. Il appartenait à la classe 1920. Avait- il devancé l’appel ? Né à Epinal, c’est dans cette commune que son décès a été enregistré par l’état civil selon la fiche du mémorial. Le 24 mai 1928, cinq ans après, la concession a été prolongée. Le caveau existe toujours. Les fosses 6 et 7 ont la particularité d’avoir accueillies deux frères. Le 18 mai 1923, c’est Sénéchal Lucien qui est transféré dans la fosse 6. Mort le 8 octobre 1916 à Bouchavesne dans la Somme, il était au 31e régiment d’infanterie. Trois mois après, le 11 août, son frère Sénéchal Emile est inhumé dans la fosse 7. Mort des suites de blessures de guerre à Sonain dans la Marne il était 2e canonnier au 25e régiment d’artillerie. Sur le registre on note que la concession a été prolongée le 23 novembre 1928. Par la suite, les reste des deux frères ont été rassemblés et transférés dans - 23 -
le nouveau carré militaire (division 23) où ils reposent toujours dans la même tombe La fosse 8 a accueilli le 25 juin 1923 le corps de Valtin Albert dont le nom figure sur la plaque du cimetière et qui, à deux reprises, a été cité par le Journal de Saint-Denis. Né dans le 11e arrondissement de Paris le 29 septembre 1877, il est mort des suites de ses blessures le 20 août 1915 à Saprincourt dans la Marne. Sa tombe existe toujours à l’emplacement 8. Extraits du Journal de Saint-Denis Un autre soldat dont le nom figure sur la plaque commémorative est Legrand Robert, 9e fosse. « tué à l’ennemi » le 8avril 1917, il était né au Bourget le 26 octobre 1895. Il avait 22 ans. Aujourd’hui une grille rouillée posée sur un discret muret de ciment entoure l’espace de la fosse 9. Il y a-t-il toujours un corps en ce lieu ? Le 8 juillet 1923, le corps de Collin est inhumé dans la fosse11. Le registre précise qu’il est mort à Versigny, dans l’Aisne et qu’il avait 33 ans. Sur le site du ministère, nous n’avons pas retrouvé de soldat mort à Versigny et s’appelant Collin. La concession sera prolongée le 11 juillet 1928. Sur sa tombe est érigée une stèle portant une plaque qui après nettoyage a pu être lue. LOUIS COLLIN RETOUR DU FRONT MORT ASSASSINE AU COURS DE LA BOUCHERIE 1914 1918 REGRET Le 3 juillet Véron Constant est inhumé dans la fosse 10. Actuellement l’emplacement existe sous forme d’un rectangle de terre nue. Constant Véron y est-il toujours ? Son nom figure sur - 24 -
la plaque. Il a été tué au Bois de la Gruerie dans la Marne, le 8 mars 1915. Triste bois où quatre autres Balbyniens sont morts. La fosse 12 a accueilli Lemeunier Désiré le 12 juillet 1923. Son nom est retrouve sur l’état civil de Bobigny. Il est mort le 25 septembre 1915. L’emplacement actuel comporte une grille métallique entourant un espace en terre. Le caporal Fourcade Jean Marie occupe la 13e fosse. Né le 4 avril 1894 dans les Hautes Pyrénées, il a été « tué à l’ennemi » à Haute Chevauchée dans la Meuse le 14 septembre 1915. Son inhumation dans la division 20 date du 12 juillet 1923. Jean Marie Fourcade figure sur la plaque commémorative. Sa tombe est toujours présente, couverte de mousse mais ornée d’une plaque évoquant son souvenir. Extrait du Journal de Saint-Denis du 6 novembre 1915 annonçant quatre Morts pour la France dont Robert Paul, inhumé dans la fosse 3 de la division 20 et Jean- Marie Fourcade, dans la fosse 13. Contrairement à ce qui est indiqué par le journal, Jean-Marie Fourcade est mort le 14 septembre (source mémorial Mémoire des Hommes). Dans la fosse 14, un Millet inhumé le 12 novembre 1923, MPF selon le registre. Il doit s’agir de Milet Albert dont le nom figure sur la plaque du souvenir et dont le corps a été transféré dans le nouveau carré militaire (division 23) en 1951 où il demeure. Pour la première année d’existence, la division militaire n° 20 a accueilli 14 corps. Au total pour l’année 1923 ce sont 18 soldats qui ont été rapatriés des zones de combat vers le petit cimetière communal. Dans les années suivantes, le rythme des inhumations va décroître. Le 29 mars 1924 la fosse 15 est occupée par Barbey dont le registre mentionne qu’il est MPF le 3 novembre 1918 – à 8 jours de l’armistice – à Bobigny. Son nom n’a pas été retrouvé ni sur la plaque, ni à l’état civil, ni sur le site du Mémorial Mémoire des Hommes. L’emplacement de la fosse 15 est aujourd’hui une surface en terre nue. - 25 -
La fosse 16 est occupée le 5 mai 1924 par un nommé Beauregard dont le registre ne précise pas MPF et inique une mort le 17 août 1919. Etait il un combattant ? L’emplacement existe toujours avec un entourage en ciment sans indication. La fosse 17 a été occupée par Foudriat Adrien qui depuis a été transféré au nouveau carré militaire. L’emplacement a été repris et utilisé par une famille. Le 25 juin 1925, dans la fosse 18 est inhumé le corps de Hoffmann Michel Léon, le registre indique MPF, Brène. Il est connu au travers de l’état civil et de sa fiche du ministère. Selon celle-ci il est mort le 28 mai 1918 à Condé sur Aisne. Il était deuxième classe au 156e régiment d’infanterie. Le registre précise que la concession a été prolongée en septembre 1941 en trentenaire. Une pierre en ciment, sans inscription existe toujours à l’emplacement de la fosse 18. La fosse 19 a été occupée par Salaün, venant de la fosse commune, avant son déplacement dans la division 21, concession 389 le 28 avril 1934 où l’on retrouve un Emmanuel Salaün 1882 -1920. Le fait d’avoir transité par la division militaire prouve qu’il s’agissait d’un soldat mais sa mort en 1920 en fait elle une victime de la guerre 14-18 ? Il reste un espace de terre nue au niveau de la fosse 19 de la division 20. Un jeune mort à 22 ans en Belgique, Lhuillier Marcel occupe la fosse 20. Son nom figure sur la plaque commémorative. Il était sergent au 13e régiment d’infanterie. Il est mort « sur le terrain » à Verton le 22 août 1914. Son décès a été enregistré à l’état civil du Pré-Saint- Gervais. Le registre du cimetière indique que la concession a été renouvelée sur place le 27 juin 1931. L’emplacement est toujours visible : de la terre nue, entourée d’une grille métallique. Les 21e (Gallois), 22e (Souchard) et 23e (Jeanneau) fosses sont occupées par des MPF dont deux sont morts à Bobigny mais à des dates qui les excluent pour être des combattants de la guerre de 14-18. La 21e est toujours occupée par un caveau de la famille. La 23e a été réutilisée par une autre famille. La 24e fosse, dont l’espace est utilisée comme allée, a accueilli le 27 juillet 1927, Hall Henri, dont on ne retrouve aucune trace, ni au Mémorial, ni à l’état civil. Dans la 26e fosse a été inhumé Parisot André, mort en août 1914 à Vienne le Château à 28 ans d’après le registre chronologique des inhumations. Sur le site du ministère il existe un nommé Parisot André, né à Pantin et mort au Bois de la Gruerie le 18 décembre 1914, enregistré à l’état civil du 19 e arrondissement de Paris. S’agit il de lui ? Le 1er février 1930, dans la même fosse 27 son enterrés deux Bajard. Un Bajard Henri mort, selon le registre le 2 septembre 1919, soit dix mois après la fin de la guerre, et Bajard Jean, dont le nom figure sur la plaque commémorative, né à Pantin le 8 juillet 1893 et mort le 23 avril 1918 à Econville dans l’Oise. Il était sous lieutenant au 2e groupe d’aviation, escadrille 210. Le registre indique qu’ils ont été ensemble réinhumés pour 30 ans en 1977 sans précision du lieu. A l’emplacement 27, il reste une simple dalle en ciment. - 26 -
Les autres fosses « militaires » semblent avoir été affectées à d’autres personnes que les combattants de la guerre 14-18 à une exception semble-t-il. Sur la fosse 29 une pierre en ciment porte une plaque nous indiquant que Lordereau Louis y a été transféré en 1935. LOUIS LORDERAU NE EN 1880 DISPARU EN 1914 ET INHUME A BOBIGNY EN 1935 Avec lui s’achève la description des inhumations liées à la guerre de 14 - 18 dans la division 20. 2- Des évocations de la dureté des combats. Deux tombes attirent l’attention. A l’origine elles semblaient constituées d’une stèle cubique surmontée d’une colonne et sur la stèle une plaque gravée. Les deux plaques, redevenues lisibles après nettoyage, témoignent d’un fort sentiment anti guerre probablement en phase avec l’opinion de la municipalité de l’époque. Sur la plaque de Louis Collin (fosse 11) est gravé : LOUIS COLLIN RETOUR DU FRONT MORT ASSASSINE AU COURS DE LA BOUCHERIE 1914 1918 De même sur la plaque de Jules Sautour (fosse 2) est inscrit : ICI REPOSE JL SAUTOUR CLASSE 1904 ASSASSINE EN 1916 PAR LA REACTION CAPITALISTE - 27 -
3- La division 20, première division militaire, hier et aujourd’hui. Lors de sa création, 36 emplacements étaient prévus ainsi qu’un ossuaire qui figure sur le plan et qui n’existe plus (ou bien qui n’a jamais été construit). Sur les 29 premières fosses, 24 ont été utilisées pour des combattants de la guerre de 14-18. Cinq emplacements ont été libérés du fait du transfert des corps dans le nouveau carré militaire (division 23) à partir de 1951. Ces 5 fosses ont été réutilisées par d’autres familles Fosse 3 Robert Paul Antony Fosse 6 Sénéchal Lucien Fosse 7 Sénéchal Emile Fosse 14 Milet Albert Fosse 17 Foudriat Adrien Soldats ré inhumés dans le nouveau carré militaire Sur les 24 tombes initialement utilisées pour les victimes de la guerre 14-18 il reste actuellement 8 tombes avec un monument ou des traces écrites de l’identité des personnes, sur des plaques, par exemple. Fosse 2 Sautour Jules Fosse 4 Saffey Léon Fosse 5 Lambert André Fosse 8 Valtin Albert Fosse 11 Collin Louis Fosse 13 Fourcade Jean Marie Fosse 26 Parisot André Fosse 29 Lordereau Soldats dont les tombes existent toujours Enfin il reste 11 emplacements, parfois simple espace de terre nue, parfois quelques restes en ciment, plaque ou modeste entourage et à deux reprises une grille métallique rouillée. Fosse 1 Miège Terre nue Fosse 9 Legrand Robert Grille métallique Fosse 10 Véron Constant Terre nue Fosse 12 Lemeunier Stèle et grille Fosse 15 Barbey Terre nue Fosse 16 Beauregard Entourage ciment Fosse 18 Hoffmann Pierre en ciment Fosse 19 * Terre nue Fosse 20 Lhuillier Grille métallique Fosse 24 Hall Terre nue Fosse 27 Bajard Henri et Jean Plaque en ciment Soldats dont les emplacements existent toujours * Salaün transféré division 21 Visiblement ces fosses n’ont pas été réutilisées pour des inhumations. A l’exception de la 19 (transfert) les corps des combattants y sont-ils toujours ? - 28 -
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